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Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

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jeune Egbo <strong>le</strong>s secrets de la vie. Il déclare lui-même : « J’aimais la vie<br />

si<strong>le</strong>ncieuse et mystérieuse. Pendant <strong>le</strong>s vacances, j’apportais mes<br />

livres au bord de l’eau pour <strong>le</strong>s lire. » 562<br />

Le f<strong>le</strong>uve, symbo<strong>le</strong> de si<strong>le</strong>nce et de mystère, est aussi <strong>dans</strong> ses<br />

fonctions ambiva<strong>le</strong>ntes, un élément mortifier. Dès la mise en relief du<br />

f<strong>le</strong>uve comme espace de l’initiation, un passage s’interpose pour<br />

illustrer la collusion entre l’eau et la mort. Et c’est au travers de ces<br />

doub<strong>le</strong>s fonctions que se prête la <strong>le</strong>cture de l’eau <strong>dans</strong> The<br />

Interpreters. « Je suppose que je ne pourrai jamais échapper à l’eau »,<br />

affirme Egbo et de conclure, « mais je n’aime pas <strong>le</strong>s choses de la<br />

mort. » 563 Cette collusion entre la mort et l’eau est surtout perceptib<strong>le</strong><br />

par l’image de la pluie qui représente <strong>le</strong> deuxième pô<strong>le</strong> matériel de<br />

l’imagination de la représentation de l’eau.<br />

Au début des deux chapitres qui ouvrent la première et la<br />

deuxième partie du <strong>roman</strong>, la pluie s’interpose à deux reprises de<br />

façon inattendue. El<strong>le</strong> oblige <strong>dans</strong> un premier temps <strong>le</strong>s musiciens<br />

<strong>dans</strong> une fameuse boite de nuit à déguerpir. Et au début de la<br />

deuxième partie du <strong>roman</strong>, ce sont des pluies torrentiel<strong>le</strong>s du mois de<br />

juil<strong>le</strong>t qui nettoient tout sur <strong>le</strong>ur passage, inondant toute une vil<strong>le</strong> en<br />

rendant la circulation pratiquement impossib<strong>le</strong>, et transforment <strong>le</strong>s<br />

rues en torrent. La surabondance de l’eau de pluie aboutit fina<strong>le</strong>ment<br />

à une noyade inéluctab<strong>le</strong>.<br />

Cependant, <strong>le</strong> jeu avec l’image de la pluie reste très subtil. Le<br />

narrateur évoque la pluie surtout au moment où <strong>le</strong>s principaux<br />

protagonistes sont <strong>dans</strong> des boîtes de nuit (p. 16, 17,19, 22, 23-24,<br />

32, 35). Ainsi, la pluie, l’un des personnages centraux du récit, se<br />

présente d’abord comme un ennemi. A la tendance à la réjouissance,<br />

à l’évasion <strong>dans</strong> <strong>le</strong>s boîtes de nuit qui constituent la préoccupation<br />

première de Sagoe, Bandè<strong>le</strong>, et Dehinwa, la pluie se présente comme<br />

nuit, j’allais appe<strong>le</strong>r et je plaçais mon oreil<strong>le</strong> tout contre l’eau à la limite de la<br />

berge. »<br />

562 W. Soyinka, The Interpreters, op. cit., p. 9. « I loved life to be still<br />

mysterious. I took my books down there to read, during the holidays. »<br />

563 Idem, p. 8. «‘I suppose I can never wholly escape water, but I do not love<br />

things of death’. »<br />

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