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Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

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VII.2. La pluie<br />

La pluie est l’élément fécondant. El<strong>le</strong> féconde la terre, la rend<br />

ferti<strong>le</strong> et se présente ainsi comme <strong>le</strong> symbo<strong>le</strong> de la procréation.<br />

Porteuse d’espoir, el<strong>le</strong> apaise <strong>le</strong>s effets accablants de la cha<strong>le</strong>ur qui<br />

gril<strong>le</strong>, assoiffe et tue. La pluie apporte un sentiment de gaieté et de<br />

joie. A côté de la déesse terre, « <strong>le</strong> faiseur et empêcheur de pluie » jouit<br />

d’un grand respect <strong>dans</strong> <strong>le</strong>s sociétés traditionnel<strong>le</strong>s. C’est lui qui<br />

provoque la pluie, qui la fait descendre pour qu’el<strong>le</strong> féconde la terre. Il<br />

intervient aussi pour « empêcher » la pluie de p<strong>le</strong>uvoir aux cours des<br />

diverses cérémonies ou lors des funérail<strong>le</strong>s. Nous privilégions <strong>dans</strong> ce<br />

sous-titre l’analyse de la pluie non seu<strong>le</strong>ment en tant qu’image de la<br />

production mais <strong>dans</strong> ses acceptions métaphoriques.<br />

Dans The Interpreters de Wo<strong>le</strong> Soyinka en particulier, l’eau<br />

revient sous diverses formes. Ses représentations anthropomorphes<br />

font d’el<strong>le</strong> à la fois un circonstant et un actant <strong>dans</strong> <strong>le</strong> récit. Soit c’est<br />

<strong>le</strong> f<strong>le</strong>uve qui accompagne <strong>le</strong>s protagonistes <strong>dans</strong> <strong>le</strong>ur voyage chargé<br />

de méditation sur <strong>le</strong> caractère éternel et renouvelab<strong>le</strong> de l’eau et donc<br />

de la vie, soit c’est la pluie qui inonde toute une vil<strong>le</strong>, ail<strong>le</strong>urs et cela<br />

plus fréquemment, c’est encore la pluie qui chasse des noceurs <strong>dans</strong><br />

des boîtes de nuit.<br />

La représentation du f<strong>le</strong>uve au début du <strong>roman</strong> lui donne tous<br />

<strong>le</strong>s caractères mythiques et initiatiques 560. Le premier épisode décrit<br />

un voyage qu’effectuent quatre protagonistes : Egbo, Sagoe, Kola, et<br />

Bande<strong>le</strong> au « pays » des Osa, un peup<strong>le</strong> riverain qui a la réputation de<br />

détenir <strong>le</strong>s secrets des eaux et des forces mystiques de la Nature.<br />

560 On retrouve un traitement similaire du f<strong>le</strong>uve <strong>dans</strong> Le Feu des origines<br />

d’Emmanuel Dongala. Appliqué au « comp<strong>le</strong>xe de swinburne » que Gaston<br />

Bachelard met en relief au travers de l’image de la nage, <strong>le</strong> f<strong>le</strong>uve <strong>dans</strong> cette<br />

œuvre a une va<strong>le</strong>ur initiatique, car il inflige à l’enfant, l’un des protagonistes<br />

du récit une défaite formatrice, et exacerbe par la même circonstance son<br />

goût du défi et de la conquête, (progrès, ritualisé, progrès intérieur) comme on<br />

<strong>le</strong> perçoit <strong>dans</strong> <strong>le</strong> passage suivant : « Pour marquer ce grand passage, <strong>le</strong> soir<br />

de sa découverte il prit un bain tout nu <strong>dans</strong> <strong>le</strong> grand f<strong>le</strong>uve Nzadi avec <strong>le</strong>quel<br />

ce fut l’occasion d’une grande réconciliation. Il nagea jusqu’au milieu et y jeta<br />

<strong>le</strong>s vieux vêtements qu’il n’avait cessés de porter pendant toute sa quête : l’eau<br />

<strong>le</strong>s engloutit ».<br />

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