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Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

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glorification.<br />

En dernier ressort, la mort de Fama lors de son ascension est<br />

une réussite puisqu’il s’éteint <strong>dans</strong> une ambulance qui <strong>le</strong> ramène à<br />

Togobala, son village et sa terre nata<strong>le</strong>. Naître et mourir <strong>dans</strong> un<br />

même lieu, c’est s’inscrire <strong>dans</strong> sa lignée, se reconnaître et se fixer<br />

<strong>dans</strong> la mémoire des aïeux. C’est aussi s’affirmer comme un être<br />

accompli. Dans Le Prix de l’âme de Moussa Konaté, <strong>le</strong> chef du village<br />

rappel<strong>le</strong> à tout <strong>le</strong> monde qu’il « s’agit là d’un devoir fondamental, et<br />

maudit vio<strong>le</strong>mment ceux qui s’en dérobent. » 539<br />

La case roya<strong>le</strong> <strong>dans</strong> <strong>le</strong> Horodougou est en rapport avec cette<br />

vision ethnocentrique <strong>le</strong> lieu central. Cette case, située <strong>dans</strong> un<br />

monde originel, est en même temps l’espace identitaire, avec en son<br />

sein un ordre moral, éthique et politique préétabli en société. Ce lieu<br />

situé au cœur de la terre nata<strong>le</strong> vient renforcer <strong>le</strong> réseau thématique<br />

et prosodique construit autour de la trinité : Doumbouya,<br />

Horodougou, Togobala. Il s’agit, en d’autres termes, de la « race », du<br />

« territoire » et de la « capita<strong>le</strong> » qui est située au centre de ces déités.<br />

Dans l’axe temporel, <strong>le</strong> retour de Fama, lors de son premier<br />

voyage à destination de Togobala fait revivre <strong>le</strong> temps éternel du<br />

Horodougou. Au chapitre quatre de la deuxième partie du <strong>roman</strong>,<br />

Fama se trouve à Togobala <strong>dans</strong> <strong>le</strong> Horodougou. C’est l’occasion pour<br />

des retrouvail<strong>le</strong>s du dernier prince de la dynastie des Doumbouya<br />

avec Diamourou et Balla, proche de lui, et symbo<strong>le</strong>s de la continuité<br />

historique du peup<strong>le</strong> malinké. Balla <strong>le</strong> féticheur et grand chasseur<br />

d’antan ainsi que Diamourou <strong>le</strong> griot rapportent <strong>dans</strong> ce chapitre qui<br />

a pour titre: « <strong>Les</strong> so<strong>le</strong>ils sonnant l’harmattan et Fama, avec des nuits<br />

hérissées de punaises et de Mariam, furent tous pris au piège ; mais<br />

la bâtardise ne gagna pas », <strong>le</strong>s témoignages de cette époque à la fois<br />

révolue et présente <strong>dans</strong> la narration.<br />

Un matin, après <strong>le</strong> <strong>le</strong>ver du so<strong>le</strong>il, un vent très fort se met à<br />

souff<strong>le</strong>r, suivi automatiquement des tourbillons puis de lointains feux<br />

538 A. Kourouma, <strong>Les</strong> So<strong>le</strong>ils des Indépendances, op. cit., p. 9-10.<br />

539 M. Konaté, Le Prix de l’âme, Paris, Présence Africaine, 1981, p. 122-123.<br />

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