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Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

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positives, et devient <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> de l’emblème identitaire.<br />

Dans <strong>Les</strong> So<strong>le</strong>ils des Indépendances, deux principaux espaces<br />

constituent <strong>le</strong>s toposèmes autour desquels se focalise l’aventure de<br />

Fama. Articulé autour des principes de régression, <strong>le</strong>s deux espaces :<br />

terre nata<strong>le</strong> et la capita<strong>le</strong>, constituent une chaîne paradigmatique sur<br />

laquel<strong>le</strong> s’articu<strong>le</strong> la chronologie <strong>dans</strong> <strong>le</strong> <strong>roman</strong> d’Ahmadou<br />

Kourouma. La terre nata<strong>le</strong> est l’espace naturel de filiation légitime de<br />

Fama. Cet espace où <strong>le</strong>s hiérarchies sont respectées, s’oppose à la<br />

capita<strong>le</strong>, espace de bâtardise introduite par la colonisation.<br />

La colonisation se caractérise ainsi par la déconstruction de<br />

l’ordre établi par <strong>le</strong>s ancêtres depuis des millénaires. El<strong>le</strong> introduit<br />

une société n’ayant aucun sens de l’honneur car el<strong>le</strong> promeut<br />

paradoxa<strong>le</strong>ment des va<strong>le</strong>urs antisocia<strong>le</strong>s comme l’arrivisme et la<br />

corruption. La capita<strong>le</strong>, siège de ce nouvel ordre est aux yeux de<br />

Fama une « terre lointaine et étrangère » 538 , où l’âme du Malinké<br />

défunt, malheureuse, ne peut demeurer auprès du corps. En<br />

opposition avec la vil<strong>le</strong>, siège du pouvoir corrompu, Togobala, la<br />

capita<strong>le</strong> du Horodougou, vue sous l’ang<strong>le</strong> ethnocentrique, est (et doit<br />

<strong>le</strong> demeurer éternel<strong>le</strong>ment) une oasis <strong>dans</strong> <strong>le</strong> désert, un espace<br />

paisib<strong>le</strong> créé pour assurer aux Malinkés <strong>le</strong>ur sécurité et <strong>le</strong>ur<br />

quiétude.<br />

Après ses déboires et bien des illusions <strong>dans</strong> la capita<strong>le</strong> de la<br />

Côte des Ebènes, <strong>le</strong> désir de mourir sur la terre nata<strong>le</strong> prend chez<br />

Fama, à la fin du récit, une allure quasi obsessionnel<strong>le</strong>. Le voyage<br />

final qu’il effectue en direction de Togobala prend ainsi la forme<br />

spatia<strong>le</strong> vers une expression euphémisée. Son déplacement n’est pas<br />

ici géographique (de la capita<strong>le</strong> au village), mais prend la forme d’une<br />

ascension socia<strong>le</strong>, et a pour motif premier la volonté de Fama de<br />

réaliser l’idéal d’un Malinké : l’accomplissement de soi <strong>dans</strong> <strong>le</strong><br />

processus de distinction et de glorification. Vivre ces derniers jours et<br />

mourir dignement <strong>dans</strong> sa terre nata<strong>le</strong> est en soi un acte de<br />

537 C. Achebe, Things Fall Apart, op. cit., p. 58. « What you have done will not<br />

p<strong>le</strong>ase the Earth. »<br />

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