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Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

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Cette présentation objective fait de la pluie l’élément<br />

conjurateur qui apaise <strong>le</strong>s effets dévastateurs du so<strong>le</strong>il pour permettre<br />

à la terre de donner <strong>le</strong> fruit du travail de l’homme. L’attente de la<br />

pluie met en effet Okonkwo <strong>dans</strong> l’angoisse car il sait que sans el<strong>le</strong>,<br />

ses ignames ne peuvent pas pousser. Après avoir planté ses ignames,<br />

« il [Okonkwo] examinait <strong>le</strong> ciel toute la journée y cherchant des signes<br />

de nuages et de pluie et restait éveillé toute la nuit. » 528<br />

Dans <strong>le</strong>s sociétés modernes, pour mesurer <strong>le</strong> temps et<br />

connaître <strong>le</strong> temps qu’il fera <strong>dans</strong> <strong>le</strong>s jours à venir, <strong>le</strong>s gens se<br />

servent d’instruments d’invention humaine : pendu<strong>le</strong>s, angélus qui<br />

est sonné, bul<strong>le</strong>tin de météo, etc. On prend alors des mesures qui<br />

s’imposent lors des intempéries. La temporalité des sociétés modernes<br />

s’appuie sur des objets <strong>dans</strong> <strong>le</strong>squels <strong>le</strong> temps trouve une incarnation<br />

palpab<strong>le</strong>. En revanche, <strong>dans</strong> <strong>le</strong>s sociétés traditionnel<strong>le</strong>s non envahi<br />

par <strong>le</strong>s signes de la technologie moderne, <strong>le</strong>s seu<strong>le</strong>s références sont<br />

<strong>le</strong>s phénomènes de la nature. Ce sont des « objets » qui<br />

n’appartiennent à personne et sur <strong>le</strong>squels l’être humain n’a pas de<br />

prise. Son seul recours est l’invocation des dieux qui seuls sont<br />

capab<strong>le</strong>s de <strong>le</strong>s maîtriser. L’excès de l’eau de la pluie, pourtant<br />

germinative et fécondante, est vite perçu comme une catastrophe, et<br />

interprété comme une colère et une punition divine.<br />

<strong>Les</strong> moments de joie et de gaieté sont aussi évoqués par ces<br />

mêmes éléments. Ainsi sont <strong>le</strong>s bel<strong>le</strong>s journées qui préludent la fête<br />

de la Nouvel<strong>le</strong> Igname, évoquées <strong>dans</strong> Things Fall Apart :<br />

« Gradually the rains became lighter and <strong>le</strong>ss frequent, and the<br />

earth and sky once again became separate. The rain fell in thin,<br />

slanting showers through sunshine and quiet breeze. Children<br />

no longer stayed indoors but ran about singing:<br />

‘ The rain is falling, the sun is shining,<br />

528 C. Achebe, Things Fall Apart, op.cit., p.19. « He watched the sky all day for<br />

signs of rain clouds and lay awake all night. »<br />

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