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Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

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« Rien en soi n’est bon, rien en soi n’est mauvais. C’est la paro<strong>le</strong><br />

qui transfigure un fait en bien ou <strong>le</strong> tourne en mal. Et <strong>le</strong><br />

malheur qui doit suivre la transgression d’une coutume<br />

intervient toujours, intervient sûrement, si par la paro<strong>le</strong> <strong>le</strong> fautif<br />

avait été prévenu de l’existence de la coutume, surtout quand il<br />

s’agit de la coutume d’un village de brousse. » 518<br />

Ce phénomène s’est généralisé à Togobala où tout <strong>le</strong> monde se<br />

dit musulman. On y pratique la divination, et « pas uniquement avec<br />

<strong>le</strong>s méthodes prescrites par Allah. Parce musulmans <strong>dans</strong> <strong>le</strong> cœur,<br />

<strong>dans</strong> <strong>le</strong>s ablutions, <strong>le</strong> fétiche koma <strong>le</strong>ur devait être interdit. Mais <strong>le</strong><br />

fétiche prédisait plus loin que <strong>le</strong> Coran » 519. Face aux exigences de<br />

l’espace social, ils passent outre la loi d’Allah qui <strong>le</strong>ur interdit <strong>le</strong><br />

fétiche koma. C’est pourquoi,<br />

« chaque harmattan, <strong>le</strong> koma <strong>dans</strong>ait sur la place publique pour<br />

dévoi<strong>le</strong>r l’avenir et indiquer <strong>le</strong>s sacrifices. Et quel village<br />

malinké n’avait pas ses propres devins ? Togobala la capita<strong>le</strong><br />

de tout <strong>le</strong> Hourodougou, entretenait deux orac<strong>le</strong>s : une hyène et<br />

un serpent boa. » 520<br />

L’ensemb<strong>le</strong> des lieux sacrés que nous avons présentés au<br />

début de notre analyse montre une intimité entre <strong>le</strong>s personnages et<br />

<strong>le</strong> Sacré qui est partout. Il est <strong>dans</strong> <strong>le</strong> temp<strong>le</strong> d’Agbala, au cœur du<br />

village, <strong>dans</strong> la concession familia<strong>le</strong>, au sommet du mont Tougbé,<br />

<strong>dans</strong> la case du féticheur et <strong>dans</strong> tout l’espace familier. Mais ces<br />

espaces sacrés ont été désacralisés par la colonisation qui a introduit<br />

de nouvel<strong>le</strong>s va<strong>le</strong>urs socia<strong>le</strong>s et culturel<strong>le</strong>s. Ainsi, on a en<strong>le</strong>vé <strong>le</strong> Sacré<br />

parmi <strong>le</strong>s hommes pour <strong>le</strong> retrancher <strong>dans</strong> <strong>le</strong>s églises, <strong>le</strong>s temp<strong>le</strong>s et<br />

<strong>le</strong>s mosquées. Il a alors cessé d’avoir la même influence sur <strong>le</strong>s<br />

personnages.<br />

518 A. Kourouma, <strong>Les</strong> So<strong>le</strong>ils des Indépendances, op. cit., p. 106.<br />

519 Idem, p. 154-155.<br />

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