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Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

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Diouldé, Alfa Bakar pour guérir sa mère devenue fol<strong>le</strong> après<br />

l’arrestation de son fils.<br />

Malgré ses multip<strong>le</strong>s prières et recettes, ce marabout ne<br />

réussira jamais à guérir la mère de Diouldé. Comb<strong>le</strong> de stupéfaction,<br />

Râhi découvrira par la suite que cet homme trop pieux boit en<br />

cachette. Il la vio<strong>le</strong>ra avant d’être arrêté et emprisonné par la milice<br />

de Sâ-Matrak.<br />

Le marabout Karamoko Lamine n’est pas <strong>dans</strong> <strong>le</strong> <strong>roman</strong><br />

<strong>africain</strong> <strong>le</strong> seul exemp<strong>le</strong> de Marabout 500 pratiquant de la religion<br />

musulmane qui se révè<strong>le</strong> incompétent à guérir <strong>le</strong>ur malade ou à<br />

apporter des solutions à ceux qui <strong>le</strong>s consultent. L’efficacité du<br />

marabout est vivement remise en question <strong>dans</strong> bon nombre de<br />

<strong>roman</strong>s des auteurs <strong>africain</strong>s.<br />

Nous re<strong>le</strong>vons la même inefficacité chez Hadj Abdoulaye <strong>dans</strong><br />

<strong>Les</strong> So<strong>le</strong>ils des indépendances. C’est d’ail<strong>le</strong>urs <strong>dans</strong> sa case que sont<br />

piétinés tous <strong>le</strong>s mythes qui faisaient jusque-là la grandeur de la<br />

religion musulmane <strong>dans</strong> la capita<strong>le</strong> de la Côte des Ebènes. D’abord,<br />

<strong>le</strong>s pratiques du marabout devin Hadj Abdoulaye réalisent un<br />

mélange d’éléments pris <strong>dans</strong> <strong>le</strong> Sacré du terroir conjugués avec <strong>le</strong>s<br />

éléments du Sacré à vocation universel<strong>le</strong> qu’est l’Islam. On peut<br />

l’apercevoir quand <strong>le</strong> narrateur <strong>le</strong> présente en activité : « traçage des<br />

500 Dans Maïmouna, Paris, Présence Africaine, 1958, Abdoulaye Sadji donne<br />

ce portrait du marabout : « Il s’entoure de livres saints, de chape<strong>le</strong>ts aux gros<br />

grains. Et pour prouver sa modestie et son désintéressement, il est<br />

perpétuel<strong>le</strong>ment assis sur une peau de bouc ou de mouton. » (p. 58). Le<br />

maraboutisme dérive de la pratique du marabout, voyant et devin et qui<br />

excel<strong>le</strong> particulièrement <strong>dans</strong> la fabrication des talismans. Ce personnage qui<br />

emprunte ses pratiques aussi bien des traditions <strong>africain</strong>es qu’à l’Islam ne<br />

serait pas un pur produit ni l’apanage des sociétés <strong>africain</strong>es. Pour Vincent<br />

Monteil, <strong>le</strong> maraboutisme serait « un phénomène général <strong>dans</strong> <strong>le</strong> monde<br />

musulman, où, sous divers noms, on rencontre ces personnages religieux, plus<br />

ou moins <strong>le</strong>ttrés, plus ou moins magiciens, ou guérisseurs, parfois mystiques<br />

authentiques, souvent affiliés à une confrérie. » (p. 153). L’étude de Mathieu<br />

René Sanvée du marabout comme figure dégénérée de l’Islam <strong>dans</strong> <strong>le</strong> <strong>roman</strong><br />

<strong>africain</strong> démontre que l’objectif du marabout est l’exploitation conséquente<br />

des personnages poursuivis par la misère et <strong>le</strong> dénuement : misère matériel<strong>le</strong>,<br />

mais aussi mora<strong>le</strong> et spirituel<strong>le</strong>. Le Coran apparaît <strong>dans</strong> son « métier » en très<br />

bonne place ; mais c’est un paravent derrière <strong>le</strong>quel il se réfugie. Son véritab<strong>le</strong><br />

pouvoir réside <strong>dans</strong> la maîtrise de quelques recettes et ingrédients qu’il<br />

échange contre de l’argent. René Luc Moreau emploie à son sujet l’expression<br />

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