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Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

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« Un dernier mot, Diouldé. Si tu épouses cette fil<strong>le</strong>, alors,<br />

Diouldé, considère que je ne suis plus pour toi qu’un étranger,<br />

plus un père ; que la parenté qui nous liait est devenue cel<strong>le</strong> du<br />

singe et de la pierre. Je dis, si tu épouses cette fil<strong>le</strong>, ne me<br />

tends plus la main, je ne la prendrai pas, ne m’écris plus, je te<br />

lirai pas, ne me fais plus de cadeau de rien, ce serait une<br />

insulte. » 497<br />

Le dogmatisme d’Alfâ Bakar ne s’arrête pas seu<strong>le</strong>ment là. Il<br />

interdit à sa femme d’assister au mariage de son fils. Néanmoins, sa<br />

femme, « partagée entre l’irrésistib<strong>le</strong> appel d’un fils enseveli sous <strong>le</strong>s<br />

dal<strong>le</strong>s du déshonneur que crée la faute et l’indiscutab<strong>le</strong> désir fort de la<br />

raison des principes coutumiers » 498, accepte d’assister à ce mariage<br />

proscrit. Au fond, « el<strong>le</strong> n’avait pas su choisir entre ces deux pô<strong>le</strong>s<br />

d’une même dou<strong>le</strong>ur. Ce n’était peut-être pas el<strong>le</strong> qui était venue à ce<br />

mariage proscrit, mais la fibre principa<strong>le</strong> de sa poitrine, la personne<br />

profonde de son être. » 499<br />

Intransigeant, ignorant et dur d’esprit, car ne faisant aucune<br />

concession, Alfa Bâkar refuse de rendre visite à son fils même aux<br />

pires moments de la vie de ce dernier. Il ne mettra jamais <strong>le</strong> pied <strong>dans</strong><br />

la capita<strong>le</strong> quand son fils sera arrêté par <strong>le</strong>s forces de répression du<br />

régime de Sâ-Matrak.<br />

Karamoko Lamine est, <strong>dans</strong> <strong>le</strong> registre des personnages de<br />

l’œuvre, l’élément qui permet de mettre à nu l’indécence et<br />

l’hypocrisie des soi-disant pratiquants de la religion musulmane. Il<br />

surgit juste au moment où Diouldé est en prison. Râhi, la femme de<br />

Diouldé et sa mère sont pendant ces moments pénib<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s seu<strong>le</strong>s<br />

locataires de la maison. C’est avec un « coq rouge » et un baluchon,<br />

que <strong>le</strong> marabout Karamoko Lamine se présente chez Diouldé. Il se dit,<br />

d’après la <strong>le</strong>ttre qu’il remet à Râhi, avoir été envoyé par <strong>le</strong> père de<br />

496 O. Sembène, O Pays, mon beau peup<strong>le</strong>, Paris, Buchet-Chastel, 1957.<br />

497 T. Monénembo, <strong>Les</strong> Crapauds-brousse, op. cit., p. 51.<br />

498 Ibidem.<br />

499 T. Monénembo, <strong>Les</strong> Crapauds-brousse, op. cit., p. 51.<br />

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