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Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

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VI.3. L’Islam et <strong>le</strong> terrain <strong>africain</strong><br />

Dans <strong>Les</strong> So<strong>le</strong>ils des Indépendances, la foi indéfectib<strong>le</strong> en<br />

Allah équilibre la vie de Fama, prince déchu du Horodougou. C’est la<br />

foi en Allah qui rassure Fama vivotant <strong>dans</strong> la misère que seul Dieu<br />

est « comptab<strong>le</strong> du mal et du bien » 489 , ou encore, c’est Lui qui « gratifie<br />

de la grande chance » 490 . Ces paro<strong>le</strong>s apparaissent comme un baume<br />

au cœur de Fama qui peut toujours croire en des jours meil<strong>le</strong>urs.<br />

Quand ce personnage traverse <strong>le</strong>s rues de la capita<strong>le</strong> de la Côte des<br />

Ebènes ou lorsqu’il se trouve <strong>dans</strong> <strong>le</strong>s lieux des funérail<strong>le</strong>s, tout est<br />

sujet à enflammer sa colère. Ces espaces autrefois sacrés sont<br />

tota<strong>le</strong>ment désacralisés, au point que c’est à travers eux que la<br />

négation des va<strong>le</strong>urs traditionnel<strong>le</strong>s se sent <strong>le</strong> plus vio<strong>le</strong>mment. En<br />

même temps que la « bêtise intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong> des so<strong>le</strong>ils des<br />

indépendances » s’affirme <strong>le</strong> plus tragiquement : <strong>le</strong>s hiérarchies<br />

traditionnel<strong>le</strong>s sont bafouées, <strong>le</strong>s princes sont assimilés aux vautours<br />

<strong>dans</strong> la capita<strong>le</strong>. Ce qui explique pratiquement la manière bruta<strong>le</strong><br />

avec laquel<strong>le</strong> éclate la colère sourde de Fama, lors des funérail<strong>le</strong>s de<br />

Koné Ibrahima :<br />

« Fama se <strong>le</strong>va et tonna à faire vibrer l’immeub<strong>le</strong>. Le malingre<br />

griot, décontenancé, ne savait plus par quel vent se laisser<br />

balancer, il demandait aux assis d’écouter, d’ouvrir <strong>le</strong>s oreil<strong>le</strong>s<br />

pour entendre <strong>le</strong> fils des Doumbouya offensé et honni, totem<br />

panthère, panthère lui-même et qui ne sait pas dissimu<strong>le</strong>r furie<br />

et colère […]. Enhardi par <strong>le</strong> troub<strong>le</strong> du griot, Fama se crut sans<br />

limites ; il avait <strong>le</strong> palabre, <strong>le</strong> droit et un parterre d’auditeurs.<br />

Dites-moi, en bon Malinké que pouvait-il chercher encore ? Il<br />

dégagea sa gorge par un hur<strong>le</strong>ment de panthère, se déplaça,<br />

ajusta <strong>le</strong> bonnet, descendit <strong>le</strong>s manches du boubou, se pavana<br />

489 A. Kourouma, <strong>Les</strong> So<strong>le</strong>ils des Indépendances, op. cit., p. 59.<br />

490 Ibidem.<br />

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