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Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

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des Dieux resta illimité et des génies innombrab<strong>le</strong>s continuaient de<br />

hanter la nature. L’expansion de la religion judéo-chrétienne vers <strong>le</strong><br />

monde européen révè<strong>le</strong> qu’el<strong>le</strong> a contribué à la rupture de la<br />

représentation de l’espace sacré en Occident.<br />

Mais en Afrique, à la différence des nations européennes qui<br />

avaient une certaine avance – en Grèce par exemp<strong>le</strong>, avant Christ, on<br />

pouvait discuter en public sur des questions sensib<strong>le</strong>s comme<br />

l’existence et la non-existence des dieux – la religion judéo-chrétienne<br />

trouve des personnes non psychologiquement préparées à se libérer<br />

de l’emprise de croyances traditionnel<strong>le</strong>s codifiées par la religion 407.<br />

407 Très souvent, on désigne <strong>le</strong>s religions <strong>africain</strong>es comme « des religions<br />

animistes ». Cette appellation tire ses sources probab<strong>le</strong>ment des théories de<br />

l’anthropologue anglais Edward Tylor (1832-1917) qui proposa la théorie dite<br />

de l’animisme. D’après Tylor, l’expérience des rêves, des visions, des<br />

hallucinations et <strong>le</strong> constat de l’inactivité des cadavres amenèrent <strong>le</strong>s peup<strong>le</strong>s<br />

primitifs à croire qu’une âme (latin anima ) habitait <strong>le</strong> corps. Selon cette<br />

théorie, puisque l’on rêve souvent des êtres chers que l’on a perdus, c’est que<br />

l’âme survit, qu’el<strong>le</strong> quitte <strong>le</strong> corps et s’en va résider <strong>dans</strong> <strong>le</strong>s arbres, <strong>le</strong>s<br />

rochers, <strong>le</strong>s rivières, etc. Par la suite, on en vint à diviniser et à rendre un<br />

culte aux morts et aux objets censés abriter une âme. Ces théories qui<br />

semb<strong>le</strong>nt très plausib<strong>le</strong>s ne rendent pas parfaitement compte de tout <strong>le</strong><br />

comp<strong>le</strong>xe religieux <strong>africain</strong>. Nous considérons <strong>le</strong>s cultes traditionnels comme<br />

une façon d’enseigner à l’homme qu’il ne se suffit pas, et ne peut se suffire, à<br />

lui-même. Un lien vital <strong>le</strong> relie, l’assujettit aux forces qui, à l’extérieur de lui,<br />

animent la Nature et la Société. <strong>Les</strong> rites appuyés par des croyances amènent<br />

l’homme à prendre conscience qu’il n’est pas une force autonome capab<strong>le</strong><br />

d’exister indépendamment du monde et de sa société. C’est pour cette raison<br />

que Talal Asad objecte <strong>dans</strong> son ouvrage Genealogies of religion (Baltimore,<br />

Johns Hopkins, University Press, 1993), sur l’idée de « traduction culturel<strong>le</strong> »<br />

et de réduction de la religion, par <strong>le</strong>s sciences socia<strong>le</strong>s qui pourrait voir en el<strong>le</strong><br />

« une traduction » du réel. La religion peut se définir comme une forme de<br />

culte qui comprend un ensemb<strong>le</strong> d’attitudes, de croyances qui sont soit<br />

personnel<strong>le</strong>s, soit préconisées par une organisation. El<strong>le</strong> implique<br />

habituel<strong>le</strong>ment la croyance en un Dieu unique ou en plusieurs divinités. En<br />

plaçant <strong>le</strong>s religions <strong>africain</strong>es <strong>dans</strong> un tel contexte définitionnel, on<br />

s’aperçoit qu’el<strong>le</strong>s enseignent à l’homme qu’il a besoin de la Société qui<br />

implique <strong>le</strong> passé et <strong>le</strong> présent, donc <strong>le</strong>s ancêtres morts et <strong>le</strong>s vivants. Dans <strong>le</strong><br />

sillage des chercheurs qui ont tenté de trouver un nom à donner aux religions<br />

d’Afrique noire figurent Max Mul<strong>le</strong>r qui a proposé naturalisme et Parrinder,<br />

qui <strong>le</strong>s désigne par <strong>le</strong> terme polythéisme. Hubert Deschamps <strong>dans</strong> son livre<br />

<strong>Les</strong> religions de l’Afrique noire (op. cit., p. 74), après avoir constaté<br />

l’impossibilité de ramener <strong>le</strong>s religions traditionnel<strong>le</strong>s <strong>africain</strong>es à un seul<br />

principe, propose un terme général qui est <strong>le</strong> paganisme, souvent utilisé pour<br />

désigner <strong>le</strong>s croyances loca<strong>le</strong>s traditionnel<strong>le</strong>s en <strong>le</strong>s distinguant des religions<br />

nouvel<strong>le</strong>s œucuméniques.<br />

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