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Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

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vermine, de maladie, et de souffrance qu’ils font subir aux<br />

prisonniers. Mis <strong>dans</strong> un espace de perversion absolue, <strong>le</strong>s geôliers se<br />

remarquent par la puissance et la vio<strong>le</strong>nce brute. L’instinct primaire<br />

<strong>le</strong>s pousse à tout acte de barbarie. C’est pourquoi <strong>le</strong>s séances de<br />

tortures s’organisent en véritab<strong>le</strong>s rituels sadiques, au cours desquels<br />

victimes et bourreaux <strong>dans</strong>ent une chorégraphie macabre. Etres sans<br />

âme comme Ibrahim Ly nous en donne un aperçu <strong>dans</strong> Toi<strong>le</strong>s<br />

d’araignées,<br />

« Nos hôtes, des soldats de l’armée nationa<strong>le</strong>, sautaient,<br />

<strong>dans</strong>aient et criaient, faisaient cerc<strong>le</strong> autour de nous […] sans<br />

perdre de temps, l’on nous disposa en fi<strong>le</strong> indienne devant une<br />

doub<strong>le</strong> haie de soldats armés chacun d’une cravache […]. Nous<br />

avancions, mal assurés, sur nos quatre pattes, au milieu de<br />

cette funeste mâchoire qui nous lacérait <strong>le</strong> corps,<br />

impitoyab<strong>le</strong>ment […]. Nous tombions sous <strong>le</strong>s volées de coups et<br />

nous nous re<strong>le</strong>vions, chaque fois, couverts de poussière, sous<br />

<strong>le</strong>s rires bestiaux et mécaniques de nos sinistres bourreaux. » 340<br />

Une définition du terme enfer tirée du Dictionnaire historique<br />

de la langue française explique que ce mot « vient de l’adjectif latin<br />

classique infernus, du bas, d’un lieu inférieur » 341 . Aussi paradoxal que<br />

cela puisse paraître, <strong>le</strong>s tortionnaires qui pourtant travail<strong>le</strong>nt pour <strong>le</strong><br />

compte du dictateur sont eux aussi considérés comme des damnés,<br />

d’où <strong>le</strong>ur présence <strong>dans</strong> ces lieux inférieurs. Ils sont conditionnés<br />

pour ne produire que des actes de barbarie d’une cruauté absolue. A<br />

se demander donc en raison de ce qu’on produit <strong>dans</strong> cet espace de<br />

torture, qui est esclave et qui ne l’est pas ?<br />

Même <strong>dans</strong> <strong>le</strong> cas où certains prisonniers mériteraient <strong>le</strong>ur<br />

peine, l’ensemb<strong>le</strong> des personnages torturés et ceux qui <strong>le</strong>s torturent<br />

340 I. Ly, Toi<strong>le</strong>s d’araignées, op. cit, p. 329.<br />

341 Dictionnaire historique de la langue française, Paris, Larousse, 1992, vol.1,<br />

p. 169.<br />

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