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Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

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de Fama renforce <strong>le</strong>s caractères éternels de la prison. Contrairement<br />

à ses tendances stylistiques chez qui <strong>le</strong>s itinéraires des personnages<br />

sont d’habitude largement exploités sur <strong>le</strong> plan descriptif,<br />

psychologique ou symbolique, où parfois <strong>le</strong> détail prend amp<strong>le</strong>ment<br />

de l’importance (comme nous l’avons souligné <strong>dans</strong> la description du<br />

marché et du village où l’essentiel est <strong>dans</strong> <strong>le</strong> détail), lorsque <strong>le</strong><br />

narrateur de ce récit évoque la prison, la narration se caractérise par<br />

l’ellipse. Le chemin parcouru par Fama, son arrestation la nuit, puis<br />

un interrogatoire <strong>dans</strong> <strong>le</strong>s caves de la présidence sont évoqués en un<br />

sommaire. La description du camp où Fama a été fina<strong>le</strong>ment conduit<br />

repose sur la négation sous sa forme rhétorique comme pour<br />

souligner <strong>le</strong> caractère universel et éternel de ce lieu. Le texte décrit,<br />

mais il décrit une absence et un vide. Il tente de dire l’indicib<strong>le</strong>, de<br />

nommer l’innommab<strong>le</strong>, de décrire une réalité qu’on ne pourrait<br />

localiser ni nommer, d’où en premier lieu l’interrogation : « comment<br />

s’appelait ce camp ? » Mais en réalité :<br />

« Il ne possédait pas de nom, puisque <strong>le</strong>s geôliers eux-mêmes<br />

ne <strong>le</strong> savaient pas. Et c’était bien ainsi […]. D’abord on y<br />

perdait la notion de la durée. Un matin, on comptait qu’on y<br />

avait vécu depuis des années ; <strong>le</strong> soir on trouvait qu’on y était<br />

arrivé depuis des semaines seu<strong>le</strong>ment […]. Puis on y passait<br />

des jours plus longs que des mois, et des saisons plus courtes<br />

que des semaines. En p<strong>le</strong>ine nuit <strong>le</strong> so<strong>le</strong>il éclatait ; en p<strong>le</strong>in jour<br />

la lune apparaissait. On ne réussissait pas à dormir la nuit, et<br />

toute la journée on titubait, ivre de sommeil. » 337<br />

Le temps devenu magique <strong>dans</strong> une certaine mesure introduit<br />

<strong>le</strong> narrataire de cet épisode <strong>dans</strong> une hypertrophie fabu<strong>le</strong>use de la<br />

temporalité. Car <strong>le</strong>s heures et <strong>le</strong>s jours s’étirent, <strong>le</strong>s semaines, <strong>le</strong>s<br />

mois et <strong>le</strong>s années se rétrécissent, deviennent des instants. Tout cet<br />

ensorcel<strong>le</strong>ment du temps participe aux caractéristiques éternel<strong>le</strong>s de<br />

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