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Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

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egard impavide des bourreaux du pouvoir. Dans <strong>le</strong> corpus, la prison,<br />

espace de servitude, de souffrance, apparaît comme un enfer où sont<br />

jetés <strong>le</strong>s opposants au pouvoir tout comme <strong>dans</strong> <strong>le</strong>s diverses religions,<br />

on présente l’enfer comme l’espace <strong>dans</strong> <strong>le</strong>quel sont jetés <strong>le</strong> diab<strong>le</strong> et<br />

ses ordres à savoir démons et humains ayant désobéi aux principes et<br />

lois du Tout-Puissant.<br />

Après la disparition d’un personnage qui n’a pas sa langue<br />

<strong>dans</strong> la poche, et qui racontait à qui voulait l’entendre avoir vu<br />

comment <strong>le</strong>s prisonniers souffrent <strong>dans</strong> une caverne qu’il appel<strong>le</strong><br />

métaphoriquement <strong>le</strong> tombeau, <strong>le</strong>s habitants de ce quartier popu<strong>le</strong>ux<br />

renchérissent avec un cynisme accablant pour conclure que « c’est<br />

Dieu qui a maudit ce fils de malchance, sinon il aurait fermé sa<br />

gueu<strong>le</strong>. » 335<br />

En parfaite opposition avec la vie des élus du pouvoir et ceux<br />

qui bénéficient des faveurs du « Guide » et de ses acolytes, sont<br />

relégués <strong>dans</strong> <strong>le</strong>s caves ou des lieux infernaux tous <strong>le</strong>s gêneurs et<br />

opposants au régime. La prison, <strong>dans</strong> <strong>le</strong> corpus, est l’endroit où<br />

l’individu souffre, où il subit des humiliations de toutes sortes ; <strong>le</strong>s<br />

contraintes, <strong>le</strong>s privations et des servitudes : ces contraintes et<br />

humiliations peuvent être d’ordre moral ou physique.<br />

Dans Le P<strong>le</strong>urer-rire d’Henri Lopès, un personnage qui en a<br />

fait l’expérience à différentes époques de l’histoire de son pays,<br />

raconte que « l’enfer de Lucifer ne pouvait être pire que la prison de<br />

Bangoura. » 336 L’expérience de la prison en raison de tout ce que <strong>le</strong>s<br />

personnages y vivent <strong>le</strong>s renvoie directement à un espace mythique :<br />

l’enfer, tel qu’il est présenté <strong>dans</strong> diverses religions. Cet espace où<br />

s’exerce la force répressive et arbitraire, renforce <strong>le</strong>s diverses<br />

présentations d’hommes, de femmes et d’enfants : tous mains et<br />

pieds liés, opprimés, humiliés, torturés sans aucune possibilité d’un<br />

appel au secours.<br />

Chez Ahmadou Kourouma, la narration de l’épisode carcéral<br />

335 T. Monénembo, <strong>Les</strong> Crapauds-brousse, op. cit., p. 144.<br />

336 H. Lopès, Le P<strong>le</strong>urer-rire, op. cit., p. 62.<br />

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