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Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

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s’acheminer vers lui. Le parcours paraissait sans fin, l’espace<br />

environnant lui en<strong>le</strong>vait ses moyens. Le Messie-koï attendait,<br />

observait. Son visage de granit ne reflétait aucune expression,<br />

aucune mobilité, seuls ses yeux étincelaient. D’un geste de la<br />

tête il désigna un fauteuil à la visiteuse. A cet instant Mariam<br />

devait se dire que <strong>le</strong> pouvoir avait remodelé, métamorphosé,<br />

durci comme l’acier trempé <strong>le</strong> chef Baré Koulé. El<strong>le</strong> avait pris<br />

place <strong>dans</strong> <strong>le</strong> fauteuil, attendait un mot, un seul mot pour lui<br />

faciliter la démarche. Rien ne vint. El<strong>le</strong> remuait la langue,<br />

cherchait une introduction, son cerveau s’obstruait. Soudain,<br />

el<strong>le</strong> éclata en sanglots. Baré Koulé ne plaça pas un mot de<br />

réconfort, lorsqu’il se décida à par<strong>le</strong>r, ce fut pour dire :<br />

– C’est tout Madame ?<br />

Mariam parut sortir de la nuit. » 334<br />

La présence de Messie-koï et sa majesté contribuent à<br />

renforcer <strong>le</strong>s caractères mystiques du palais, un espace impérial. El<strong>le</strong><br />

provoque en Mariam des sentiments mêlés de colère, de révolte, de<br />

peur et d’impuissance. Ce sont <strong>le</strong>s courtisans du pouvoir qui<br />

jouissent <strong>dans</strong> cet espace de terreur pour <strong>le</strong> commun des mortels de<br />

tous <strong>le</strong>s honneurs. Plus on s’écarte de la sphère du pouvoir, c’est-à-<br />

dire plus on va vers ceux qui ne partagent pas <strong>le</strong>s mêmes points de<br />

vue du Messie-koï, du Guide Providentiel ou du Rédempteur, plus on<br />

va vers <strong>le</strong>s étrangers, <strong>le</strong>s ennemis du pouvoir, autrement dit, ceux qui<br />

s’opposent aux desseins du « Bienfaiteur » et du « Sauveur ».<br />

Toute opposition est alors littéra<strong>le</strong>ment diabolisée. Considérés<br />

comme des mécréants ou aporétiques, <strong>le</strong>s opposants doivent avoir à<br />

cet égard <strong>le</strong>ur place <strong>dans</strong> un espace de damnation. C’est <strong>dans</strong> cette<br />

logique que la prison, un monde sans issue, caractérisé par la<br />

vio<strong>le</strong>nce, apparaît comme espace diabolique, réservé à tous <strong>le</strong>s<br />

infidè<strong>le</strong>s au régime. Ceux-ci sont condamnés aux souffrances sous <strong>le</strong><br />

333 A. Fantouré, Le Cerc<strong>le</strong> des Tropiques, op. cit., p. 204.<br />

334 Idem, p. 205-206.<br />

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