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Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

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de ce <strong>roman</strong> signa<strong>le</strong> l’apparition du roi sur la grande esplanade, cel<strong>le</strong>-<br />

ci prend forme et vit. Tout gagne en effet en consistance et en<br />

puissance, devient extraordinaire et absolu. Et comme surgie du<br />

néant, l’existence du roi s’impose à la vue et à la conscience. Le<br />

fantastique se conjugue à la réalité pour donner l’image du roi en<br />

personnage éblouissant.<br />

A l’inverse, lorsque <strong>le</strong> narrateur évoque <strong>le</strong> moment où <strong>le</strong> roi se<br />

retire, <strong>le</strong> même espace s’efface, se dégrade pour devenir neutralité et<br />

vacuité avant de sombrer <strong>dans</strong> <strong>le</strong> néant absolu. Comme <strong>le</strong> remarque<br />

René Mathieu Sanvée, « c’est la présence du roi-dieu qui matérialise ici<br />

l’espace, <strong>le</strong> projette <strong>dans</strong> un grand rayonnement, <strong>le</strong> sanctifie pour en<br />

faire la seu<strong>le</strong> et unique réalité » 328, comme on peut <strong>le</strong> percevoir <strong>dans</strong> <strong>le</strong><br />

passage suivant :<br />

« Le palais dressait sa formidab<strong>le</strong> masse rouge contre <strong>le</strong> ciel<br />

[…]. Et bientôt, il n’y eut plus, au-dessus du mur d’enceinte, que<br />

<strong>le</strong> donjon avec ses marches nues. Puis <strong>le</strong> donjon même paru<br />

s’effacer, devenir on ne sait quoi de vaporeux et d’anonyme et,<br />

comme une chose qui a servi et ne servira plus, rentrer <strong>dans</strong> <strong>le</strong><br />

néant. » 329<br />

<strong>Les</strong> coup<strong>le</strong>s oppositionnels « "fou<strong>le</strong> – clameur" / "si<strong>le</strong>nce",<br />

"présence" / "absence", "lumière" / "obscurité" » 330 comme l’a bien<br />

expliqué ce critique, symbolisent bien <strong>le</strong> passage d’un espace « fort » à<br />

un espace « amorphe ». La présence du roi attire la fou<strong>le</strong> et dès que<br />

cette présence ne se manifeste plus, la fou<strong>le</strong> s’évapore.<br />

De même que <strong>dans</strong> Le Regard du roi, la présence du roi donne<br />

au palais toutes ses fonctions, de même <strong>dans</strong> La Vie et demie, quinze<br />

328 M.R. Sanvée, « Espace sacré, espace qualifié : la réalité absolue », in<br />

Littérature et espaces, sous la direction de Juliette Vion-Dury, Jean-Marie<br />

Grassin, Bertrand Westphal, Limoges, PULIM, 2003, p.142.<br />

329 L. Camara, Le Regard du roi, op. cit., pp. 30 ; 35-36.<br />

330 M.R. Sanvée, « Espace sacré, espace qualifié : la réalité absolue », art. cit.,<br />

p. 142.<br />

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