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Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

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surnaturel. Lui seul est capab<strong>le</strong> d’accomplir des actes impossib<strong>le</strong>s au<br />

reste des humains. Personnifié par <strong>le</strong>s fées, il est l’élément de gloire et<br />

de glorification. Dans notre monde, <strong>le</strong> héros de la cheva<strong>le</strong>rie est aussi<br />

merveil<strong>le</strong>ux que <strong>le</strong> monde : « merveil<strong>le</strong>uses sont son origine, <strong>le</strong>s<br />

circonstances de sa naissance, de son enfance, de son ado<strong>le</strong>scence ;<br />

merveil<strong>le</strong>use est sa nature physique, et ainsi de suite. » 322<br />

Le portrait physique de Bwakamabé Na Sakkadé <strong>dans</strong> Le<br />

P<strong>le</strong>urer-rire d’Henri Lopès est à cette image un modè<strong>le</strong> d’équilibre<br />

physique. Il mesure « un mètre soixante-dix », et pèse « soixante-quinze<br />

kilos » 323 . A ce portrait harmonieux s’ajoute une biographie officiel<strong>le</strong><br />

très élogieuse qui fait de lui un être de très grandes qualités<br />

intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>s. Très vite à l’éco<strong>le</strong> primaire, il s’était distingué « à<br />

l’attention de ses moniteurs par des qualités exceptionnel<strong>le</strong>s […]. Il<br />

n’aurait jamais fait une faute d’orthographe à ses dictées. Il aurait<br />

toujours été <strong>le</strong> plus rapide en calcul mental et <strong>le</strong> meil<strong>le</strong>ur en<br />

problèmes. » 324 Sur <strong>le</strong> plan professionnel, sa carrière militaire est bien<br />

remplie et ne ressemb<strong>le</strong> en rien à cel<strong>le</strong>s des « jeunes officiers lavés au<br />

savon parfumé de Saint-Cyr. » 325 D’ail<strong>le</strong>urs, il garde une cicatrice d’un<br />

éclat d’obus à la cuisse, signe de bravoure exceptionnel<strong>le</strong>. Puisque<br />

<strong>dans</strong> la plupart des religions, on croit que Dieu est adoré <strong>dans</strong> son<br />

temp<strong>le</strong> cé<strong>le</strong>ste par <strong>le</strong>s séraphins et <strong>le</strong>s archanges, il n’est donc pas<br />

étonnant que <strong>le</strong> palais, espace où trône la figure emblématique du<br />

pouvoir recouvre <strong>le</strong>s mêmes symbolismes d’un espace sublime et<br />

exaltant, doué de fonctions d’un lieu de culte 326 .<br />

Camara Laye <strong>dans</strong> son <strong>roman</strong> Le Regard du roi 327 , a donné<br />

l’aperçu du caractère sublime du palais du roi. Lorsque <strong>le</strong> narrateur<br />

322 M. Bakhtine, Esthétique et théorie du <strong>roman</strong>, op. cit., p. 300.<br />

323 H. Lopes, Le P<strong>le</strong>urer-rire, Paris, Présence Africaine, 1982, p. 25.<br />

324 Idem, p. 25-26.<br />

325 Ibidem.<br />

326 Il s’agit bien <strong>dans</strong> ces textes d’un culte de la personnalité qui s’apparente à<br />

de l’idolâtrie. Un homme ne peut pas devenir dictateur sans être aidé par <strong>le</strong><br />

peup<strong>le</strong>, du moins par ceux parmi <strong>le</strong> peup<strong>le</strong> qui est manipulé et manipu<strong>le</strong> <strong>le</strong><br />

reste. C’est à travers <strong>le</strong>urs regards, <strong>le</strong>urs propres gestes, que <strong>le</strong> dictateur se<br />

construit. Il n’est jamais seul, mais toujours entouré d’un groupe de<br />

personnes qui <strong>le</strong> soutiennent.<br />

327 L. Camara, Le Regard du roi [1954], Paris, Plon, 1975.<br />

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