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Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

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individual concerned is treated as a <strong>le</strong>ader. » 317<br />

Cette domination se caractérise par <strong>le</strong> dévouement de tout <strong>le</strong><br />

personnel et par la soumission à sa seu<strong>le</strong> personne puisque cette<br />

dernière est remarquab<strong>le</strong> par ces qualités extraordinaires et<br />

prodigieuses, par l’héroïsme et d’autres qualités qui font de lui <strong>le</strong><br />

Chef 318 . L’illustration de cette déification est la description que l’on<br />

retrouve <strong>dans</strong> « l’Accra morning » lors des é<strong>le</strong>ctions présidentiel<strong>le</strong>s de<br />

l’un des premiers pays <strong>africain</strong>s à accéder à l’indépendance que Ayi<br />

Kwei Armah a pris bien soin de décrire <strong>dans</strong> The Beautiful Ones Are<br />

Not Yet Born. Lors de la campagne é<strong>le</strong>ctora<strong>le</strong> qui vit <strong>le</strong> triomphe de<br />

Nkrumah. Un journaliste observe :<br />

« Il [NKrumah] a été virtuel<strong>le</strong>ment déifié par <strong>le</strong> peup<strong>le</strong> qui lui<br />

accorde la vertu de l’immanence universel<strong>le</strong> d’un esprit<br />

317 M. Weber, On charisma and institution building, Chicago, The University of<br />

Chicago press, 1968, p. 48. « La qualité extraordinaire d’un personnage qui<br />

est pour ainsi dire, doué de forces ou de caractères surnaturels ou<br />

surhumains ou tout au moins en dehors de la vie quotidienne, inaccessib<strong>le</strong>s<br />

au commun des mortels. Ou encore qui est considéré comme envoyé de Dieu<br />

ou comme exemplaire et en conséquence comme chef. » (Notre traduction).<br />

318 Dans sa thèse de doctorat intitulée Réalité politiques nouvel<strong>le</strong>s et écriture<br />

<strong>roman</strong>esque chez trois <strong>roman</strong>ciers <strong>africain</strong>s contemporains : Tierno Monénembo<br />

(<strong>Les</strong> Crapauds-brousse), Sony Labou Tansi (La Vie et demie), Henri Lopès (Le<br />

P<strong>le</strong>urer-rire), Oualhassane Idrissa Cissé a fait une analyse de Le P<strong>le</strong>urer-rire<br />

d’Henri Lopès où il explique comment Bwakamabé na sakadé était vu par son<br />

peup<strong>le</strong>. Il établit un tab<strong>le</strong>au où il montre <strong>le</strong>s différents titres conférés à<br />

Bwakamabé na Sakadé. Tour à tour, <strong>le</strong> président Bwakamabé na Sakadé est<br />

appelé : « excel<strong>le</strong>nce président », « chef », « président so<strong>le</strong>il », « président<br />

recréateur de la nation », « père créateur du pays », « auteur intel<strong>le</strong>ctuel de la<br />

résurrection culturel<strong>le</strong> », « Nouvel Auguste Nègre », « Napoléon », « <strong>le</strong><br />

sauveur ». Dans cette atmosphère euphorique de déification du chef, son nom<br />

est pareil<strong>le</strong>ment donné à presque tous <strong>le</strong>s édifices du pays : la Grande-Place,<br />

<strong>le</strong> Port, <strong>le</strong> Stade, l’Aéroport et quelques éco<strong>le</strong>s. De même <strong>dans</strong> La Vie et demie,<br />

on assiste à une invasion de la vie privée par <strong>le</strong>s signes du pouvoir. Par<br />

exemp<strong>le</strong>, on avait demandé de « peintre <strong>le</strong>s artic<strong>le</strong>s de la Constitution du<br />

peup<strong>le</strong> <strong>dans</strong> toutes <strong>le</strong>s chambres, à la cuisine, partout. Ceux qui laissèrent<br />

passer <strong>le</strong>s neuf jours de délai établis par <strong>le</strong> guide, virent <strong>le</strong>urs cases ravagées<br />

par <strong>le</strong>s coups de crosses ou soufflées à la dynamite par <strong>le</strong>s éléments des<br />

Forces spécia<strong>le</strong>s ». Pareil<strong>le</strong>ment, <strong>le</strong> président Martillimi Lopez <strong>dans</strong> L’Etat<br />

honteux se vante de l’argent que la vente de son image physique a rapporté à<br />

la banque de l’Etat : « moi qui ai obligé tous <strong>le</strong>s commerçants et consorts à<br />

acheter des exemplaires de mon portrait quel argent vous auriez <strong>dans</strong> <strong>le</strong>s<br />

caisses de la nation en ce moment, sans moi qui <strong>le</strong>s ai obligés à acheter <strong>le</strong><br />

portrait de Maman Nationa<strong>le</strong> au prix que vous connaissez […] qu’est-ce que<br />

vous auriez <strong>dans</strong> <strong>le</strong>s caisses du pays », (p. 139).<br />

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