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Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

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qu’el<strong>le</strong> n’eût poussé trois cris, se dispersèrent, se débandèrent<br />

<strong>dans</strong> <strong>le</strong> marché comme une volée de mangé-mil <strong>dans</strong> <strong>le</strong>s<br />

fourrés. Ils abandonnèrent Salimata seu<strong>le</strong> au so<strong>le</strong>il, seu<strong>le</strong> <strong>dans</strong><br />

la poussière, <strong>le</strong>s bras croisés sur la tête, <strong>le</strong> pagne tiré, <strong>le</strong>s<br />

fesses nues, <strong>le</strong>s cuisses serrées, <strong>le</strong>s seins découverts. El<strong>le</strong><br />

s’empressa de renouer <strong>le</strong> pagne, de rentrer <strong>le</strong>s seins, de<br />

s’arranger. » 297<br />

Espace repoussant et nauséabond, répugnant au corps et à<br />

l’esprit, <strong>le</strong> marché devient l’espace où la vio<strong>le</strong>nce prend origine et<br />

prend corps, et celui de Salimata a fini par ressemb<strong>le</strong>r à tous <strong>le</strong>s<br />

autres espaces qui ont même appellation : « maintenant naissaient<br />

<strong>dans</strong> <strong>le</strong>s rues et <strong>le</strong>s feuillages <strong>le</strong>s vents appelant la pluie […]. Le<br />

marché était <strong>le</strong>vé mais persistaient des odeurs malgré <strong>le</strong> vent. Odeurs<br />

de tous <strong>le</strong>s grands marchés d’Afrique : Dakar, Bamako, Bobo,<br />

Bouaké » 298 , auxquels on peut ajouter des vil<strong>le</strong>s anglophones comme<br />

Morovia, Accra, Lagos, Banjul, etc. Le texte de Kourouma s’arrête<br />

longuement sur l’aspect repoussant de ceux qui viennent au marché,<br />

comme pour insister sur <strong>le</strong> fait que <strong>le</strong> marché est devenu un espace <strong>le</strong><br />

plus anti-humain possib<strong>le</strong>, et pour <strong>le</strong> fréquenter, il faut d’abord<br />

vaincre son imaginaire, et donc renier ce qui pourrait <strong>le</strong> sublimer ou<br />

l’exalter. Il est l’espace des « sans logis » et de tous <strong>le</strong>s êtres<br />

marginalisés de la société.<br />

La description du marché par Sembene Ousmane <strong>dans</strong> <strong>Les</strong><br />

Bouts de bois de Dieu bien qu’el<strong>le</strong> date de plus de quarante, est<br />

encore d’actualité. <strong>Les</strong> principaux habitués du marché aux vivres de<br />

Thiès sont :<br />

« <strong>Les</strong> mendiants et <strong>le</strong>s mouches. <strong>Les</strong> uns et <strong>le</strong>s autres<br />

pullulaient. Des mendiants, il y en avait des tous <strong>le</strong>s âges qui<br />

clamaient <strong>le</strong>ur misère ; quant aux mouches, des grosses<br />

297 A. Kourouma, <strong>Les</strong> So<strong>le</strong>ils des Indépendances, op. cit., p. 61-62.<br />

298 Idem, p. 22.<br />

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