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Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

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La plongée de l’analyse d’un extrait relativement long comme<br />

celui-ci ne laisse pas d’inquiétude. Quelques mots donc, pour<br />

commencer, sur l’organisation du fragment : <strong>le</strong> jeu des temps<br />

verbaux, l’enchaînement des propositions indépendantes après une<br />

phrase nomina<strong>le</strong> reliée par des conjonctions de causalité, justifie<br />

l’extraction que nous avons opérée et impose <strong>le</strong> passage comme un<br />

ensemb<strong>le</strong> homogène. Le temps, en général, l’imparfait et <strong>le</strong> plus-que-<br />

parfait marquent l’aspect duratif et itératif d’un travail fait à la va-vite<br />

au début. L’interrogation, « comment avait-on pu trouver de la beauté<br />

à cette construction ? », qui suit <strong>le</strong>s deux propositions qui donnent<br />

une vue globa<strong>le</strong> de la gare, indique que <strong>dans</strong> <strong>le</strong> meil<strong>le</strong>ur des cas, on<br />

aurait détruit l’immeub<strong>le</strong> pour en construire un nouveau. Une<br />

restriction permet de comprendre que si l’on entretenait bien la gare,<br />

el<strong>le</strong> ne présenterait pas son aspect lugubre actuel.<br />

D’un autre côté, <strong>le</strong> contenu d’ensemb<strong>le</strong> correspond au schéma<br />

du « regard descripteur » 259 proposé par Philippe Hamon puisque <strong>le</strong>s<br />

éléments descriptifs constituent un inventaire des différentes parties<br />

du bâtiment (la position des murs, la forme et la cou<strong>le</strong>ur des briques,<br />

<strong>le</strong>s motifs des f<strong>le</strong>urs) pour aboutir à une vue panoramique de l’édifice.<br />

Le bâtiment de la gare est ici représentatif d’un monde en parfaite<br />

régression, avec une classe dirigeante vouée à faire perdurer un<br />

système dégradé et anarchique. L’insistance du début, « La gare.<br />

C’était la gare », présente l’édifice comme un immeub<strong>le</strong> imposant,<br />

mais par sa laideur.<br />

Ensuite <strong>dans</strong> <strong>le</strong> texte se dégage un discours pédagogique<br />

d’une part réitérant inlassab<strong>le</strong>ment ses repères et situant <strong>le</strong> bâtiment<br />

dénouement n’intéressait probab<strong>le</strong>ment personne. Il restait encore <strong>le</strong>s<br />

rainures entre <strong>le</strong>s briques, mais presque partout el<strong>le</strong>s semblaient se<br />

désagréger en une sorte de cire mol<strong>le</strong>. <strong>Les</strong> motifs de f<strong>le</strong>urs avaient eux aussi<br />

reçu <strong>le</strong>ur couche de peinture, tant et si bien qu’en fin de compte l’édifice<br />

faisait songer à un gros pâté informe. Même en p<strong>le</strong>in jour, on conservait cette<br />

impression, renforcée par la hardiesse dérisoire de l’inscription étalant ses<br />

<strong>le</strong>ttres en relief sur <strong>le</strong> fronton :<br />

ADMINISTRATION DU PORT ET DES CHEMINS DE FER<br />

MCMXXVII. »<br />

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