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Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

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développement économique.<br />

Il n’est pas aussi banal de rappe<strong>le</strong>r que lorsqu’on aborde la<br />

question de la gestion des biens publics et des ressources humaines<br />

<strong>dans</strong> <strong>le</strong> <strong>roman</strong> <strong>africain</strong>, on doit signa<strong>le</strong>r que la plupart des<br />

productions littéraires <strong>africain</strong>es, notamment <strong>le</strong> <strong>roman</strong>, apparaissent<br />

comme une entreprise de dénonciation du système colonial dont el<strong>le</strong>s<br />

ont fait <strong>le</strong> procès en tant que système d’oppression et d’exploitation<br />

économique et culturel<strong>le</strong> du peup<strong>le</strong> noir. C’est la trame que l’on<br />

retrouve en particulier <strong>dans</strong> <strong>le</strong>s productions <strong>roman</strong>esques de la<br />

première génération (Mongo Beti, Bernard Dadié, Ferdinand Oyono,<br />

Sembene Ousmane). Dans <strong>le</strong>s œuvres de ces auteurs, <strong>le</strong> procès du<br />

pouvoir colonial s’organise sur un mode que l’on peut appe<strong>le</strong>r binaire,<br />

opposant d’un côté <strong>le</strong>s détenteurs du pouvoir colonial et de l’autre, la<br />

col<strong>le</strong>ctivité d’hommes et de femmes qui subissent ce pouvoir.<br />

<strong>Les</strong> victimes de cette oppression sont naturel<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s<br />

Africains tandis que <strong>le</strong>s oppresseurs sont constitués de Blancs, à<br />

savoir : commissaires, gouverneurs, administrateurs, commandants,<br />

missionnaires, mais aussi des auxiliaires de l’administration<br />

colonia<strong>le</strong>. Il s’agit des interprètes, des gardes territoriaux de la police,<br />

du garde cerc<strong>le</strong>, etc. C’est <strong>dans</strong> ce contexte et cet état d’esprit que l’on<br />

peut se rappe<strong>le</strong>r la vio<strong>le</strong>nte diatribe de Mongo Beti contre L’Enfant<br />

noir 244 de Camara Laye. Dans un artic<strong>le</strong> intitulé « Afrique noire,<br />

littérature rose ? » 245, signé de son patronyme d’A<strong>le</strong>xandre Biyidi,<br />

l’écrivain camerounais connu sous <strong>le</strong> pseudonyme de Mongo Beti s’en<br />

prend vio<strong>le</strong>mment à son confrère guinéen. Il lui reproche notamment<br />

d’avoir dépeint <strong>dans</strong> son <strong>roman</strong> une Afrique plutôt idyllique et<br />

paradisiaque, occultant ainsi à son avis <strong>le</strong>s abus et <strong>le</strong>s exactions du<br />

pouvoir colonial et <strong>le</strong>s tristes et dures réalités d’une Afrique dominée,<br />

exploitée et brimée car dit-il, « la réalité actuel<strong>le</strong> de l’Afrique noire, sa<br />

seu<strong>le</strong> réalité profonde, c’est avant tout la colonisation et ses méfaits<br />

243 J. Ki-Zerbo, Histoire de l’Afrique noire d’hier à demain, op. cit., p. 402.<br />

244 L. Camara, L’Enfant noir [1953], Paris, Pocket, 2003.<br />

245 A. Biyidi, « Afrique noire, littérature rose ? », in Présence Africaine, n° 1, 2,<br />

Avril-juil<strong>le</strong>t, 1955.<br />

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