23.06.2013 Views

Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

salut et de la paix, rue Gaza, avec ses traces du dernier couvre-<br />

feu (seize mois de couvre-feu). Et sur l’autre rive du lac Oufa : la<br />

Cité-du-Pouvoir, bel<strong>le</strong> comme un rêve d’amour […]. Je <strong>le</strong>ur ai<br />

construit ce monument : trente cinq millions de dollars<br />

transformés en bien de l’Etat, ils <strong>le</strong>s ont aujourd’hui, ils <strong>le</strong>s<br />

auront devant eux, quand ma hernie se sera éteinte. Bravo la<br />

Nation. » 223<br />

L’évocation pittoresque et trucu<strong>le</strong>nte des deux espaces<br />

essentiels de la vil<strong>le</strong>-capita<strong>le</strong> du pays de Martillimi Lopez, colonel de<br />

son état : Zamba-Town, n’est pas sans rappe<strong>le</strong>r Sodome et Gomorrhe<br />

où triomphent <strong>le</strong> sexe et la misère. Mais ici, il s’agit plus<br />

particulièrement d’une opposition entre Zamba-Town (vil<strong>le</strong> du Sud) et<br />

<strong>le</strong> monument budgétivore (la cité du pouvoir), dont la construction a<br />

nécessité un budget de trente cinq millions de dollars, nommé « la<br />

Cité-du-Pouvoir ». Ce qui est frappant <strong>dans</strong> l’évocation de ces deux<br />

espaces est <strong>le</strong> contraste fort entre la beauté de la cité du pouvoir,<br />

« bel<strong>le</strong> comme un rêve d’amour », et la laideur de l’espace de la couche<br />

populaire Zamba-Town, « avec ses eaux purries, ses nids de<br />

moustiques », où <strong>le</strong>s hommes croupissent <strong>dans</strong> la fange du sexe et<br />

des moustiques, et subissent <strong>le</strong> couvre-feu militaire, synonyme de la<br />

tyrannie à ajouter au lot de souffrances quotidiennes. Il y a<br />

premièrement une séparation entre ces deux espaces : <strong>le</strong> lac Oufa.<br />

Deuxièmement une tentative impossib<strong>le</strong> d’union : <strong>le</strong> pont. <strong>Les</strong> deux<br />

espaces s’inscrivent <strong>dans</strong> une dualité du rapprochement et de la<br />

séparation entre Zamba-Town et la cité du pouvoir dominant et<br />

imposant.<br />

Ainsi, aux images d’entassement, du laisser-al<strong>le</strong>r,<br />

d’écrasement et d’étouffement de l’espace des laissés-pour-compte,<br />

répondent des images d’élévation vers <strong>le</strong> ciel, de pouvoir sur <strong>le</strong><br />

monde, contraste intensifié par <strong>le</strong> symbolisme des cou<strong>le</strong>urs et de la<br />

lumière de l’espace valorisé tel que nous l’avons <strong>dans</strong> la vision<br />

223 S. Labou Tansi, L’Etat honteux, op. cit., p. 21.<br />

105

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!