23.06.2013 Views

Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

III.1. Le haut et sa symbolique<br />

L’espace des laissés-pour-compte et l’espace valorisé<br />

s’inscrivent <strong>dans</strong> la logique de la distanciation de forces centrifuges et<br />

de forces centripètes. Autrement dit, nous avons d’une part un espace<br />

qui attire, d’autre part un espace qui repousse. Le quartier résidentiel<br />

est construit <strong>dans</strong> l’espace d’en haut, lieu axiologique de la<br />

bourgeoisie, comme <strong>le</strong> quartier des laissés-pour-compte est l’espace<br />

d’en bas, lieu de la misère. <strong>Les</strong> œuvres d’Alioum Fantouré (Le Cerc<strong>le</strong><br />

des Tropiques), d’Ahmadou Kourouma (<strong>Les</strong> So<strong>le</strong>ils des Indépendances)<br />

et de Ayi Kwei Armah (The Beautiful Ones Are Not Yet Born) vont nous<br />

permettre de mettre en relief la topographie de deux mondes<br />

diamétra<strong>le</strong>ment opposés par <strong>le</strong>s modes de vie de chacun de <strong>le</strong>urs<br />

représentants.<br />

Alioum Fantouré recense en deux blocs la population de Porte<br />

Océane, la capita<strong>le</strong> des Marigots du Sud. El<strong>le</strong> est composée de deux<br />

groupes d’individus bien distincts : d’un côté <strong>le</strong>s nouveaux princes et<br />

<strong>le</strong>s nouveaux riches, et de l’autre côté, <strong>le</strong>s misérab<strong>le</strong>s victimes du<br />

pouvoir, abandonnés à eux-mêmes qui s’imaginent noyer <strong>le</strong>ur<br />

amertume et <strong>le</strong>ur angoisse profonde <strong>dans</strong> l’alcool et <strong>le</strong> sexe. Entre ces<br />

deux groupes d’individus, la barrière est infranchissab<strong>le</strong>. Avant de<br />

voir comment vivent ces nouveaux princes, il faut d’abord voir<br />

comment <strong>le</strong>s images de ces deux espaces s’opposent. Dans L’Etat<br />

honteux, la topographie de la vil<strong>le</strong>-capita<strong>le</strong> du président Martillimi<br />

Lopez s’inscrit en ces termes :<br />

« putain comme la vil<strong>le</strong> est bel<strong>le</strong> à cette heure […]. Tu<br />

comprends Vauban ? ici c’est la village de Satan, ne peut te<br />

trahir que celui que tu aimes […]. Zamba-Town, vil<strong>le</strong> du Sud,<br />

plus chaude à minuit qu’à midi, avec ses eaux pourries, ses<br />

nids de moustiques, ceux qui ont fui la cha<strong>le</strong>ur <strong>dans</strong> <strong>le</strong>s cases<br />

font l’amour dehors c’est ainsi que <strong>le</strong>s pénombres gémissent,<br />

sanglotent, toussent. Zamba-Town, placée sous <strong>le</strong> signe du<br />

104

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!