23.06.2013 Views

Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

dépasser, la misère. Et pour un miséreux, en<strong>le</strong>ver cette chose-là, en<br />

être privé, c’est comme lui fermer la porte du paradis, tu<br />

comprends ? » 201 Célèbre est l’insistance avec laquel<strong>le</strong> François<br />

explique à Joseph que <strong>le</strong>s amants à Brazza n’ont pas davantage<br />

d’amour à l’endroit de <strong>le</strong>urs amantes et réciproquement. Il ne s’agit<br />

pas d’amour mais de craquement, une accalmie qui apaise pour<br />

quelques instants dérisoires l’âme angoissée, correspondant mieux à<br />

l’instinct à travers la déchéance mora<strong>le</strong> et l’effondrement des mœurs.<br />

Dans <strong>le</strong>s circonstances historiques et socia<strong>le</strong>s de son genre de<br />

vie, l’instinct cherche l’objet qui correspond : <strong>le</strong> vin, l’argent, la<br />

femme. A Brazza – <strong>dans</strong> l’espace des laissés-pour-compte – il ne s’agit<br />

nul<strong>le</strong>ment de sentiment, encore moins d’amour. Le besoin effréné de<br />

jouissance sexuel<strong>le</strong>, la sexualité débridée de même que l’alcoolisme,<br />

expriment <strong>le</strong>ur condition historique de vie, <strong>le</strong>ur seu<strong>le</strong> manière<br />

d’endurer une condition de vie à laquel<strong>le</strong> ils sont soumis. Le taux<br />

galopant et ahurissant de la croissance démographie est intelligib<strong>le</strong><br />

par ces pressions :<br />

« Le Messie-koï n’avait rien à craindre pour l’évolution<br />

démographique de sa masse de serfs, il pouvait être fier de la<br />

capacité de reproduction de ses sujets, car depuis<br />

l’indépendance, ils se multipliaient comme ils pissaient. <strong>Les</strong><br />

femmes accouchaient à tout moment, et partout selon <strong>le</strong>s<br />

nécessités […]. Le processus de multiplication était simp<strong>le</strong>, pas<br />

besoin d’être expert pour <strong>le</strong> comprendre : <strong>le</strong>s sujets entrent<br />

<strong>dans</strong> <strong>le</strong>ur taudis, ils s’ennuient, "bagatel<strong>le</strong>" ; ils veu<strong>le</strong>nt<br />

dominer la peur du Messie-koï et de son Parti, "bagatel<strong>le</strong>" ; ils<br />

ont faim et veu<strong>le</strong>nt trouver un petit moment de bonheur,<br />

"bagatel<strong>le</strong>" ; <strong>le</strong> chômeur découragé qui veut sa petite évasion,<br />

"bagatel<strong>le</strong>". Il n’y avait que ça <strong>dans</strong> <strong>le</strong>s clairières, <strong>le</strong>s champs,<br />

<strong>le</strong>s taudis comme <strong>dans</strong> <strong>le</strong>s villas, il fallait se payer du bon<br />

temps, du plaisir de quelques minutes qui donnaient des fruits<br />

201 D. Biyaoula, L’Impasse, op. cit. p. 110.<br />

96

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!