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Allocution du Président d'Irlande Monsieur Michael D. Higgins

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Baptisée « la dernière des villes humaines » par James Joyce, Paris était au<br />

début <strong>du</strong> vingtième siècle l’un des meilleurs emplacements à partir desquels<br />

observer son propre peuple au prisme de l’exil, mais des écrivains aussi<br />

révolutionnaires que James Joyce n’étaient pas les seuls à mettre à profit<br />

l’expérience de l’exil, ainsi que la liberté et la compagnie que leur offraient la<br />

présence d’autres expatriés à Paris. Car la communauté si diverse des<br />

intellectuels dissidents que l’on trouvait à Paris ne se limitait pas à la<br />

littérature. Dans l’histoire de la pensée et de l’action politique irlandaise,<br />

Paris a souvent été source d’inspiration pour les idées et les actions radicales<br />

qui mèneraient à l’indépendance.<br />

Comme c’est clairement le cas de James Joyce et de Samuel Beckett, la<br />

présence d’exilés à Paris a pu être le fait d’un choix délibéré, attirés qu’ils<br />

étaient par tout ce que la ville et sa communauté avaient à offrir, ce qu’elles<br />

leur apportaient en termes de créativité littéraire, et tout particulièrement<br />

une atmosphère leur donnant la liberté d’expérimenter, sur fond de débats<br />

théoriques et de circulation d’idées. Mais Paris a aussi servi de laboratoire<br />

d’idées politiques : les Féniens, par exemple, mais également des<br />

intellectuels isolés, s’inspirèrent alors des idées radicales qui émergeaient des<br />

murs des universités, mais provenaient bien plus souvent encore de<br />

l’extérieur de leur enceinte.<br />

Les échanges d’idées dans les cafés, les caves et les bars visaient à définir le<br />

sens d’une république, à débattre des conditions de sa mise en œuvre et, une<br />

fois accomplie, à imaginer ce qu’apporterait l’indépendance, promesse de<br />

liberté, de dignité, de créativité, de solidarité, d’humanité enfin tenue et<br />

concrétisée.<br />

Pour les penseurs <strong>du</strong> monde entier et de toutes les époques, jeunes et moins<br />

jeunes, le nom de Paris évoque l’héritage laissé par ses intellectuels, leurs<br />

idées, leurs livres, leurs discours, à l’intérieur et l’extérieur de l’université,<br />

leur goût pour la confrontation des idées et leur attachement à la<br />

communauté savante. Qu’il s’agisse de Jean-Paul Sartre, de Simone de<br />

Beauvoir, de Michel Foucault, de Paul Ricœur, de Gertrude Stein, de Vladimir<br />

Nabokov, de James Joyce, de Samuel Beckett ou plus récemment de Julia<br />

Kristeva – la liste est longue de ceux qui ont suscité tant de curiosité, voire<br />

d’envie pour cet espace de pensée, d’action et de parole, cet héritage unique<br />

qu’est la vie intellectuelle parisienne.

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