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Allocution du Président d'Irlande Monsieur Michael D. Higgins

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souvent à s’interrompre, hésiter, nuancer.<br />

Toussaint, lui, pouvait défendre sans réserve la<br />

liberté des Noirs et cela donnait à son discours une<br />

force et une détermination rarement égalées dans<br />

les grands textes de l’époque. La bourgeoisie<br />

française était incapable de comprendre que<br />

l’éloquence de Toussaint ne relevait ni de la<br />

grandiloquence ni de la rhétorique, mais qu’il<br />

écrivait la vérité pure et simple. » (Edward Saïd,<br />

Culture et Impérialisme)<br />

Aujourd’hui plus que jamais, nous avons besoin d’intellectuels qui nous<br />

aideront à envisager cette vérité émancipatrice simple et généreuse dont<br />

nous avons tant besoin, et qui pourra nourrir notre fragile démocratie sans<br />

lui nuire.<br />

Dans les circonstances qui sont les nôtres aujourd’hui, le temps est venu<br />

d’une pensée forte, qui fixe des règles, qui soit démocratique et fédératrice.<br />

L’avenir de l’Europe peut-il être envisagé correctement dans le cadre d’une<br />

doctrine bâtie sur l’intérêt particulier ?<br />

Je ne le crois pas et, d’ailleurs, même dans le cas contraire, les dégâts qui<br />

s’ensuivraient ne se limiteraient pas à l’Europe mais s’étendraient au monde<br />

entier. Le langage lui-même doit recouvrer ses vertus libératrices. Il faut que<br />

nous parvenions de nouveau à parler au nom de notre humanité, de ses<br />

capacités encore inexploitées et de ce qu’il nous est possible d’accomplir,<br />

plutôt que de se résigner à ce que le langage ne soit utilisé que comme un<br />

outil grossier au service d’intérêts discordants. Telle est la conclusion qu’un<br />

grand Européen, Vaclav Havel, tira dans son journal à son retour d’une visite<br />

des institutions de l’Union européenne il y a quelques années.<br />

Lorsque, en 1971, Noam Chomsky prononça son discours à Cambridge en<br />

l’honneur de Bertrand Russell, il cita la « version <strong>du</strong> monde auquel nous<br />

devons aspirer » proposée par Russell :<br />

« Un monde où l’esprit créatif est vivant, où la vie<br />

est une aventure pleine de joie et d’espoir, fondée<br />

sur le désir de construire plutôt que celui de<br />

conserver ce que nous possédons ou de prendre à<br />

autrui ce qui lui appartient. Ce doit être un monde

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