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L'activation au sein des CPAS Belges - Enquête de parcours ...

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L’ACTIVATION AU SEIN DES<br />

<strong>CPAS</strong> BELGES<br />

En quête <strong>de</strong> <strong>parcours</strong> durables et <strong>de</strong> bonnes pratiques<br />

Peter Raeymaeckers<br />

L<strong>au</strong>rent Nisen<br />

Danielle Dierckx<br />

Dounia Chaoui Mezabi<br />

Jan Vranken<br />

Marie Thérèse Casman<br />

Novembre 2009<br />

Étu<strong>de</strong> commanditée par le SPP Intégration Sociale


INTRODUCTION ET QUESTIONS D’ÉTUDE<br />

Depuis les années nonante, l’activation semble avoir pénétré tous les nive<strong>au</strong>x <strong>de</strong><br />

pouvoir en tant qu’outil par excellence <strong>de</strong> lutte contre la p<strong>au</strong>vreté. Au nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> la<br />

politique fédérale, nous <strong>de</strong>vons <strong>au</strong> Droit à l’Intégration Sociale d’avoir rendu ses lettres <strong>de</strong><br />

noblesse à l’activation du bénéficiaire du revenu d’intégration. La Loi relative <strong>au</strong> DIS a<br />

quant à elle eu d’importantes conséquences <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> local et plus spécifiquement sur la<br />

mission <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong>. Tandis que l’ancienne Loi sur le Minimex prêtait déjà attention à la<br />

volonté réelle <strong>de</strong> travailler du bénéficiaire, la Loi relative <strong>au</strong> DIS a mis les <strong>CPAS</strong> davantage<br />

sous pression afin qu’ils fournissent une trajectoire ayant pour objectif l’activation du<br />

bénéficiaire.<br />

Le sens du terme activation semble toutefois être sujet <strong>au</strong>x changements. Il peut <strong>de</strong><br />

manière variable, revêtir une idée <strong>de</strong> rigueur, <strong>de</strong> discipline à l’égard du bénéficiaire ou<br />

d’émancipation <strong>de</strong> celui-ci. Les premières notions placent les <strong>de</strong>voirs du bénéficiaire <strong>au</strong><br />

centre. La <strong>de</strong>rnière notion reporte la responsabilité <strong>de</strong> l’individu sur la société prise dans<br />

son ensemble. Au nive<strong>au</strong> européen, la Commission européenne semble dans le cadre <strong>de</strong><br />

l’inclusion active approuver la <strong>de</strong>uxième visée émancipatrice. Le système <strong>de</strong> la Métho<strong>de</strong><br />

ouverte <strong>de</strong> Coordination est en effet exploité pour inciter les États membres à concrétiser<br />

l’inclusion active <strong><strong>de</strong>s</strong> groupes à risques sur le marché du travail. Le système Peer Review<br />

permet effectivement d’évaluer les États membres quant à leurs efforts à réaliser<br />

l’inclusion (ou insertion) active <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes qui sont très à l’écart du marché du travail<br />

(Commission européenne, 2009). De même, la Loi relative <strong>au</strong> DIS repose plutôt sur la<br />

<strong>de</strong>uxième visée émancipatrice. Cela signifie que le bénéficiaire n’est pas le seul à <strong>de</strong>voir<br />

fournir <strong><strong>de</strong>s</strong> efforts. Les <strong>CPAS</strong> ont l’obligation <strong>de</strong> stimuler l’activation du bénéficiaire du<br />

revenu d’intégration.<br />

Au cours <strong>de</strong> ce projet d’étu<strong>de</strong>, nous abordons le rôle <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> belges dans l’une <strong>de</strong><br />

leurs principales missions, à savoir promouvoir l’activation durable du bénéficiaire du<br />

revenu d’intégration. Tel que nous le décrirons dans le présent rapport, les Centres Publics<br />

d’Action Sociale (abrégé : <strong>CPAS</strong>) disposent <strong>de</strong> différents outils pour activer les<br />

bénéficiaires. Hermans (2005) démontre toutefois que les <strong>CPAS</strong> les exploitent <strong>de</strong> manière<br />

diverse. Il développe une typologie <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> que nous abor<strong>de</strong>rons plus loin dans le cadre<br />

théorique <strong>de</strong> ce rapport. Il nous restera à découvrir quelles bonnes pratiques permettent<br />

d’effectuer l’activation d’une manière durable.<br />

Dans une première question d’étu<strong>de</strong>, nous examinons <strong>de</strong> quelle manière les experts<br />

belges, tant <strong>au</strong> nord qu’<strong>au</strong> sud du pays, définissent l’activation <strong>au</strong>x différents nive<strong>au</strong>x <strong>de</strong><br />

pouvoir et face à une gran<strong>de</strong> diversité d’organismes. Nous relions leur définition à la<br />

littérature disponible et nous examinons s’ils sont unanimes quant <strong>au</strong> contenu <strong>de</strong><br />

l’activation. La question d’étu<strong>de</strong> se pose donc en ces termes : quelle définition les experts<br />

belges appliquent-ils pour définir l’activation ?<br />

Dans une secon<strong>de</strong> étape, nous abordons l’activation durable et la manière <strong>de</strong> rendre ce<br />

concept opérationnel. Nous utilisons les données <strong>de</strong> la Banque Carrefour (la<br />

datawarehouse marché du travail et protection sociale) et nous reconstituons les carrières<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires du <strong>CPAS</strong> à l’issue d’une mesure d’activation. Nous déterminons à notre<br />

tour une typologie <strong><strong>de</strong>s</strong> carrières. Quels modèles professionnels caractérisent les<br />

bénéficiaires activés <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> belges ?<br />

Enfin, nous i<strong>de</strong>ntifions les bonnes pratiques <strong>au</strong> <strong>sein</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> belges. Nous effectuons<br />

une sélection <strong>de</strong> <strong>CPAS</strong> en nous basant sur la typologie <strong><strong>de</strong>s</strong> carrières et nous examinons <strong>au</strong><br />

nive<strong>au</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong>, les bonnes pratiques capables <strong>de</strong> favoriser l’activation durable du<br />

2


énéficiaire. Deux questions s’imposent à nous. De quelle manière les <strong>CPAS</strong> belges<br />

organisent-ils leur politique d’activation ? Quelles actions stratégiques sont présentées<br />

comme bonnes pratiques ?<br />

Nous procédons comme suit. Dans la première partie, nous examinons le contexte<br />

politique <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong>. Plus concrètement, nous abordons brièvement l’historique <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> et<br />

l’ai<strong>de</strong> financière octroyée par le <strong>CPAS</strong> (DIS et ai<strong>de</strong> sociale). Nous nous focalisons en outre<br />

sur les conditions d’activation, les différentes définitions <strong>de</strong> l’activation et le point <strong>de</strong> vue<br />

<strong>de</strong> nos experts. Ensuite, nous nous penchons sur la trajectoire d’activation. Nous analysons<br />

la datawarehouse marché du travail et protection sociale, et nous i<strong>de</strong>ntifions une typologie<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> carrières. Sur base <strong>de</strong> celle-ci, nous proposons une sélection <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> dont, dans une<br />

<strong>de</strong>rnière phase qualitative, nous décrivons la politique d’activation. Dans un <strong>de</strong>rnier<br />

chapitre, nous abordons les résultats <strong>de</strong> cette réflexion. Nous clôturons par une conclusion<br />

et quelques recommandations <strong>au</strong>x politiques.<br />

3


Dans cette première partie, nous commençons par passer en revue le contexte politique<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong>. Nous nous intéressons à l’historique <strong>de</strong> la Loi relative <strong>au</strong> DIS et nous examinons<br />

différentes définitions et visions relatives à l’activation. Par ailleurs, nous examinons le<br />

point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> quelques experts belges en la matière. Dans un <strong>de</strong>rnier chapitre, nous<br />

traitons quelques notions sociologiques <strong>au</strong> sujet du fonctionnement <strong><strong>de</strong>s</strong> organisations en<br />

général et nous appliquons celles-ci <strong>au</strong> fonctionnement <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong>.<br />

1.1 Historique<br />

PARTIE 1 : CONTEXTE<br />

POLITIQUE, CADRE<br />

THÉORIQUE ET<br />

INTERVIEWS<br />

D’EXPERTS<br />

L’organisation, la structure et la mission <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> tels que nous les connaissons<br />

actuellement sont le fruit d’une évolution historique. Nous pouvons considérer les Hospices<br />

civils et les Bure<strong>au</strong>x <strong>de</strong> Bienfaisance du dix-huitième siècle comme <strong><strong>de</strong>s</strong> précurseurs,<br />

chacun dans leur genre. Bien que les <strong>au</strong>torités communales <strong>de</strong> cette époque jouissent<br />

d’une certaine forme <strong>de</strong> liberté pour organiser ou non ces prestations, l’assistance publique<br />

ne revêtira toutefois un caractère obligatoire pour la toute première fois qu’à partir <strong>de</strong><br />

l’introduction <strong>de</strong> la Loi communale du 30 mars 1836. Cette loi prévoyait dans chaque<br />

commune, la création d’un Bure<strong>au</strong> <strong>de</strong> Bienfaisance et donnait à ce <strong>de</strong>rnier un pouvoir très<br />

large tout en interdisant à l’administration communale <strong>de</strong> se mêler directement <strong>de</strong><br />

l’assistance publique (Luyten, 2008). Environ un siècle plus tard, le 10 mars 1925, les<br />

Hospices civils et les Bure<strong>au</strong>x <strong>de</strong> Bienfaisance furent remplacés par les CAP (Commission<br />

d’Assistance Publique). La mission <strong>de</strong> ces CAP était stipulée légalement en ces termes :<br />

toute assistance est octroyée sous la forme et dans la mesure qui conviennent le mieux à<br />

remettre la personne indigente en état <strong>de</strong> pourvoir à son entretien et à celui <strong>de</strong> sa<br />

famille (W.O.O, art 68, alinéa 2). Cette disposition a eu <strong>de</strong>ux conséquences importantes.<br />

La première étant <strong>de</strong> faire clairement référence à l’obligation <strong>de</strong> travailler <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes<br />

précarisées (Vranken, 2005). On insistait effectivement sur l’obligation du bénéficiaire à<br />

pourvoir à son propre entretien. La <strong>de</strong>uxième conséquence <strong>de</strong> cette loi étant que les CAP<br />

disposent d’une gran<strong>de</strong> liberté d’action pour accomplir cette mission. La légitimité du<br />

bénéficiaire et la mesure dans laquelle il pouvait faire appel <strong>au</strong>x services <strong><strong>de</strong>s</strong> CAP<br />

dépendaient en effet <strong>de</strong> l’offre et <strong>de</strong> la manière selon laquelle les commissions évaluaient<br />

la situation du bénéficiaire.<br />

La décision <strong>de</strong> créer <strong><strong>de</strong>s</strong> Centres Publics d’Action Sociale a été prise en 1976 par la Loi<br />

du 8 juillet. Elle repose sur la <strong><strong>de</strong>s</strong>cription <strong><strong>de</strong>s</strong> tâches souvent citée et telle que stipulée à<br />

l’article 1 : toute personne a droit à l’ai<strong>de</strong> sociale. Celle-ci a pour but <strong>de</strong> permettre à<br />

chacun <strong>de</strong> mener une vie conforme à la dignité humaine. Les Centres Publics d’Action<br />

Sociale sont créés avec pour mission, <strong>au</strong>x conditions stipulées par cette loi, d’assurer ce<br />

service. Selon Hermans (2005), cette loi représentait un triple changement. Tout d’abord,<br />

4


le service était considéré du point <strong>de</strong> vue du <strong>CPAS</strong>, comme un droit exigible. Secundo,<br />

cette loi élargissait la mission du <strong>CPAS</strong> <strong>de</strong> la lutte traditionnelle contre la p<strong>au</strong>vreté à la<br />

promotion du bien-être <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong> la population. Enfin, le service s’est<br />

professionnalisé puisque les <strong>CPAS</strong> ont été obligés d’engager <strong>au</strong> moins un travailleur social.<br />

Par ailleurs, le législateur a investi les <strong>CPAS</strong> d’une mission exécutive concernant la Loi sur<br />

le Minimex. Le minimex, inst<strong>au</strong>ré <strong>de</strong>ux ans avant la création <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong>, prévoit, pour la<br />

première fois, la garantie d’un revenu minimum pour chacun.<br />

Comme l’avait fait la Loi relative <strong>au</strong> <strong>CPAS</strong>, la Loi <strong>de</strong> 1974 sur le Minimex marquait selon<br />

Geldof et <strong>au</strong>tres (1998) <strong>au</strong>ssi un tournant historique crucial dans la lutte contre la<br />

p<strong>au</strong>vreté. Tandis que la création du <strong>CPAS</strong> représentait un aboutissement important <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

réformes <strong>de</strong> l’assistance publique, la Loi sur le Minimex quant à elle était une étape<br />

importante prise en matière <strong>de</strong> finalisation <strong>de</strong> la sécurité sociale. Pour la première fois, en<br />

effet, un revenu minimum était prévu pour chaque citoyen.<br />

L’inst<strong>au</strong>ration du minimex exerçait une importante influence sur l’<strong>au</strong>tonomie du <strong>CPAS</strong>.<br />

Tandis que la Loi relative <strong>au</strong> <strong>CPAS</strong> accordait une gran<strong>de</strong> liberté <strong>au</strong>x <strong>CPAS</strong>, ceux-ci l’ont vue<br />

se restreindre fameusement lors <strong>de</strong> l’introduction <strong>de</strong> la Loi sur le Minimex. Ainsi, les<br />

montants, les conditions et les groupes-cibles étaient désormais stipulés légalement. Le<br />

rôle du <strong>CPAS</strong> se limitant dès lors à une fonction simplement exécutive. La Loi relative <strong>au</strong><br />

<strong>CPAS</strong> octroyait <strong>au</strong>x centres (à l’instar <strong><strong>de</strong>s</strong> CAP) la compétence <strong>de</strong> fournir à leurs<br />

bénéficiaires d’<strong>au</strong>tres formes <strong>de</strong> service encore. Ce service peut adopter différentes formes<br />

: ai<strong>de</strong> financière complémentaire (ai<strong>de</strong> sociale), ai<strong>de</strong> en nature (mazout, charbon,<br />

nourriture, …), ou la fourniture d’un service ou prestation (repas ch<strong>au</strong>ds, service <strong>de</strong><br />

nettoyage, gar<strong>de</strong> d’enfant et ai<strong>de</strong> familiale). Ces <strong>de</strong>rnières formes <strong>de</strong> service reposent sur<br />

le principe <strong>de</strong> la subsidiarité. Chaque <strong>CPAS</strong> peut en effet déterminer lui-même les<br />

conditions d’octroi <strong>de</strong> ce service.<br />

Outre les changements sur le plan <strong>de</strong> l’<strong>au</strong>tonomie <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong>, une <strong>de</strong>uxième évolution<br />

importante se met en place concernant les <strong>de</strong>voirs du bénéficiaire. Associer le droit à l’ai<strong>de</strong><br />

financière <strong>au</strong> droit d’activation <strong>de</strong>vient en effet une pratique prioritaire. Ce faisant, la thèse<br />

proposée notamment par le sociologue français Pierre Rosanvallon (1995), est celle<br />

prétendant que le système actuel <strong>de</strong> la sécurité sociale favorise l’exclusion <strong>de</strong> certains<br />

groupes en contribuant trop peu à une activation <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes intéressées. Pour<br />

satisfaire à cette obligation d’activation, les <strong>CPAS</strong> ont à leur disposition <strong>de</strong> plus en plus<br />

d’outils. Geldof et <strong>au</strong>tres (1998) mentionnent à ce sujet l’importance du programme<br />

d’urgence pour une société plus solidaire et <strong><strong>de</strong>s</strong> contrats d’intégration sociale pour jeunes<br />

minimexés (entre 18 et 25 ans) qui en découlent. Il s’agit à chaque fois <strong>de</strong> tenter <strong>de</strong><br />

prévenir ledit comportement <strong>de</strong> complaisance. On souhaite effectivement inciter les<br />

minimexés à s’intégrer à la société, l’acquisition d’une position sur le marché du travail<br />

étant désormais prioritaire.<br />

Est-ce que l’introduction <strong>de</strong> la Loi sur le Minimex et la Loi organique sur la création du<br />

<strong>CPAS</strong> représentaient l’aboutissement d’une évolution caractérisée par une régulation<br />

toujours plus poussée <strong>de</strong> l’assistance publique ? Au contraire, <strong>au</strong> cours <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rnières<br />

années, les différents nive<strong>au</strong>x <strong>de</strong> pouvoir ont en effet réexaminé la formule du <strong>CPAS</strong>.<br />

L’évolution la plus récente a été mise en place par l’introduction <strong>de</strong> la Loi sur le Droit à<br />

l’Intégration Sociale. Au paragraphe suivant, nous nous penchons sur cette loi. Nous<br />

poursuivons ensuite par la plus importante évolution que cette loi ait engendrée, à savoir<br />

l’objectif d’activation.<br />

5


1.2 Droit à l’Intégration Sociale et <strong>au</strong>tre ai<strong>de</strong><br />

financière<br />

La Loi sur le Droit à l’Intégration Sociale (abrégé : DIS) remplace <strong>de</strong>puis 2002<br />

l’ancienne Loi sur le Minimex. Le DIS comprend le revenu d’intégration ou un emploi en<br />

vertu <strong>de</strong> l’article 60§7 ou <strong>de</strong> l’article 61 <strong>de</strong> la Loi relative <strong>au</strong> <strong>CPAS</strong> ou par le biais d’une<br />

<strong>au</strong>tre mesure d’activation. Les conditions pour y faire appel sont restées en gran<strong>de</strong> partie<br />

les mêmes que celles <strong>de</strong> la Loi sur le Minimex. À savoir, la condition <strong>de</strong> séjour (habiter en<br />

Belgique), une condition d’âge (être majeur ou y être assimilé) et une condition<br />

d’indigence. Cette <strong>de</strong>rnière condition est constatée par une enquête sociale sur les sources<br />

<strong>de</strong> revenus. En outre, le <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur doit être soit Belge, soit ressortissant <strong>de</strong> l’UE, ou jouir<br />

du statut d’étranger inscrit <strong>au</strong> registre <strong>de</strong> la population, ou être apatri<strong>de</strong> ou réfugié.<br />

L’ayant-droit doit également avoir épuisé ses droits à d’<strong>au</strong>tres allocations dont il peut<br />

bénéficier selon la législation sociale belge ou étrangère. Enfin, la condition d’emploi est<br />

<strong>au</strong>ssi accentuée. Ainsi, le bénéficiaire du revenu d’intégration doit être prêt à travailler à<br />

moins que cela ne lui soit impossible pour <strong><strong>de</strong>s</strong> raisons <strong>de</strong> santé ou d’équité (De Boyser,<br />

2006). Ce qui diffère toutefois comparé à la Loi initiale sur le Minimex, c’est l’insistance sur<br />

l’obligation <strong>de</strong> travailler dans le chef du jeune <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 25 ans. Pour les jeunes <strong>de</strong><br />

moins <strong>de</strong> 25 ans, l’accent est mis sur l’insertion par l’emploi. Le <strong>CPAS</strong> doit en effet après<br />

trois mois présenter un contrat <strong>de</strong> travail <strong>au</strong> jeune. Si cela s’avère impossible, alors le<br />

jeune a droit à un revenu d’intégration qui est associé à un projet individuel d’intégration<br />

sociale. Cela signifie que pour le jeune en question, un emploi est réglé selon l’article 60§7<br />

et l’article 61 <strong>de</strong> la Loi relative <strong>au</strong> <strong>CPAS</strong> ou dans le cadre <strong>de</strong> la resociabilisation par une<br />

mise <strong>au</strong> travail dans l’économie sociale (voir plus loin) 1 . Il est clair qu’avec l’introduction<br />

du Droit à l’Intégration Sociale, les <strong>CPAS</strong> ont subi une grosse pression afin qu’ils activent<br />

leurs bénéficiaires dans les plus brefs délais. Au paragraphe suivant, nous abordons plus<br />

en détail les définitions <strong>de</strong> l’activation.<br />

1.3 Activation<br />

Dans ce paragraphe, en nous basant sur la littérature, nous présentons les différentes<br />

définitions <strong>de</strong> l’activation. Nous comparons ces définitions <strong>au</strong>x avis <strong><strong>de</strong>s</strong> experts et en nous<br />

basant sur cette comparaison, nous donnons un contenu propre à l’activation.<br />

Dans les paragraphes précé<strong>de</strong>nts, nous avons insisté sur l’importance du discours relatif<br />

à l’activation qui sous-tendait déjà celui <strong><strong>de</strong>s</strong> anciens CAP. À partir <strong><strong>de</strong>s</strong> années nonante, le<br />

discours relatif à l’activation était regroupé sous le dénominateur d’état social actif ou<br />

d’État-Provi<strong>de</strong>nce actif. Cette attention renouvelée à l’égard <strong>de</strong> l’activation <strong><strong>de</strong>s</strong> allocataires<br />

est apparue en réaction à la sécurité sociale et à l’ai<strong>de</strong> sociale classiques qui selon<br />

1 Outre le DIS, le <strong>CPAS</strong> fournit encore d’<strong>au</strong>tres ai<strong><strong>de</strong>s</strong> sociales. Une première forme qui s’apparente le plus <strong>au</strong> DIS est l’ai<strong>de</strong><br />

sociale équivalente. Cette ai<strong>de</strong> financière est octroyée <strong>au</strong>x bénéficiaires qui ne satisfont pas à une ou plusieurs <strong><strong>de</strong>s</strong> conditions <strong>de</strong> la<br />

Loi sur le DIS, mais qui sont bel et bien nécessiteux. Dans ces cas, le montant octroyé est <strong>au</strong>ssi élevé que celui du revenu<br />

d’intégration. Cette forme d’ai<strong>de</strong> financière est déterminée par la Loi du 2 avril 1965. Par ailleurs, le <strong>CPAS</strong> est chargé <strong>de</strong> fournir<br />

une ai<strong>de</strong> complémentaire dans le but principal d’ai<strong>de</strong>r les bénéficiaires ayant une allocation trop faible (revenu d’intégration,<br />

garantie <strong>de</strong> revenus pour les personnes âgées etc…). Les <strong>CPAS</strong> octroient une large gamme diversifiée <strong>de</strong> services qui peuvent<br />

être tant financiers que matériels, ponctuels (garanties locatives), systématiques (prime du fonds carburant) ou temporaires<br />

(h<strong>au</strong>sse <strong><strong>de</strong>s</strong> loyers). Il f<strong>au</strong>t mentionner que ces services ne représentent pas un droit exigible, mais dépen<strong>de</strong>nt toujours <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

possibilités financières <strong>de</strong> la politique locale. Les <strong>CPAS</strong> disposent en d’<strong>au</strong>tres mots d’une gran<strong>de</strong> flexibilité dans la détermination<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> conditions d’octroi, l’importance et le nive<strong>au</strong> du service (De Boyser, 2006).<br />

6


Rosanvallon (1995) engendraient surtout une dépendance ultérieure du bénéficiaire. Dans<br />

ce paragraphe, nous examinons différentes définitions <strong>de</strong> l’activation. Nous nous appuyons<br />

sur une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la littérature d’Hermans (2005). Il distingue quatre manières <strong>de</strong> légitimer<br />

le discours relatif à l’activation. Tout d’abord, l’activation est perçue comme un remè<strong>de</strong> à la<br />

dépendance à l’allocation. Ce contenu est mieux connu <strong>au</strong>x États-Unis sous le nom <strong>de</strong><br />

workfare et concerne un discours disciplinaire sur l’activation. Cette approche a en gran<strong>de</strong><br />

partie été influencée par Murray (1984) qui par la notion the culture of<br />

<strong>de</strong>pen<strong>de</strong>ncy dénonçait ledit fonctionnement d’<strong>au</strong>torenforcement <strong>de</strong> la dépendance à<br />

l’allocation. Selon Murray les services soci<strong>au</strong>x favorisent la culture <strong>de</strong> dépendance <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

bénéficiaires du <strong>CPAS</strong> en veillant à ce que les allocataires soci<strong>au</strong>x se complaisent dans leur<br />

situation. Selon lui, il ne f<strong>au</strong>t plus mettre l’accent sur les droits soci<strong>au</strong>x, mais sur les<br />

obligations qui relèvent <strong>de</strong> la citoyenneté, à savoir le travail en échange <strong>de</strong> l’obtention<br />

d’ai<strong>de</strong>. La solution à la culture <strong>de</strong> dépendance doit selon Murray être cherchée dans la<br />

stimulation <strong>de</strong> la participation <strong>au</strong> marché du travail par un discours impérativement<br />

disciplinaire concernant l’activation. Le chômeur est incité, <strong>de</strong> manière restrictive, à fournir<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> efforts pour obtenir un emploi professionnel.<br />

Ces efforts du bénéficiaire dans le cadre d’un discours disciplinaire peuvent être<br />

interprétés tant <strong>au</strong> sens étroit qu’<strong>au</strong> sens large (Hermans, 2005). La variante étroite<br />

concerne le travail commun<strong>au</strong>taire, le bénévolat et d’<strong>au</strong>tres activités utiles <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> la<br />

commun<strong>au</strong>té. Si l’allocataire refuse <strong>de</strong> les prester, il perd une partie ou l’entièreté <strong>de</strong> son<br />

allocation. Les efforts <strong>au</strong> sens large concernent <strong><strong>de</strong>s</strong> initiatives <strong>de</strong> formation, <strong><strong>de</strong>s</strong> formations<br />

sur le lieu <strong>de</strong> travail et un accompagnement lors <strong>de</strong> la recherche d’un emploi. Selon<br />

Hermans, la p<strong>au</strong>vreté est individualisée dans cette conception <strong><strong>de</strong>s</strong> choses. On s’attend à ce<br />

que tout le mon<strong>de</strong> puisse atteindre l’indépendance économique par le biais du marché.<br />

Ceux qui ne satisfont pas à cette condition sont jugés personnellement responsables <strong>de</strong><br />

leur situation. Dans les propos <strong>de</strong> Vranken et <strong>au</strong>tres (1997-2008), nous pouvons affirmer<br />

que le modèle <strong>de</strong> culpabilité individuelle sous-tend, en tant qu’explication <strong>de</strong> p<strong>au</strong>vreté,<br />

cette définition <strong>de</strong> l’activation.<br />

Une <strong>de</strong>uxième définition considère l’activation comme une partie d’une politique macroéconomique<br />

plus large. Cette idée provient <strong>de</strong> l’OCDE et s’intègre à l’image <strong>de</strong> l’homo<br />

œconomicus. L’individu recherche sans cesse la maximalisation <strong>de</strong> ses propres intérêts et<br />

évalue quelle opération est la plus avantageuse. Cette conception <strong><strong>de</strong>s</strong> choses considère<br />

qu’un milieu entrepreneurial favorable est une priorité absolue. Il se crée <strong>au</strong> détriment <strong>de</strong><br />

la qualité <strong><strong>de</strong>s</strong> emplois, <strong>de</strong> la rupture <strong>de</strong> la p<strong>au</strong>vreté, <strong><strong>de</strong>s</strong> limites <strong>de</strong> la flexibilisation et<br />

d’<strong>au</strong>tres considérations sociales (Hermans, 2005). Nous sommes <strong>au</strong>ssi face à un modèle <strong>de</strong><br />

culpabilité individuelle (Vranken et <strong>au</strong>tres 1997) jugeant l’individu personnellement<br />

responsable <strong>de</strong> ses échecs sur le marché du travail.<br />

Selon une troisième approche, l’activation contribue <strong>au</strong> renforcement <strong>de</strong> la cohésion<br />

sociale. Trouver un emploi rémunéré équiv<strong>au</strong>t, selon cette définition, à l’intégration<br />

sociale. Si une personne est touchée par le chômage, alors la participation sociale est<br />

garantie par l’octroi d’une allocation. Si quelqu’un est encore en mesure <strong>de</strong> travailler, alors<br />

une formation peut être proposée afin <strong>de</strong> garantir la réinsertion <strong>de</strong> la personne en<br />

question. Nous pouvons affirmer que selon cette définition la réussite <strong>de</strong> l’activation<br />

dépend du t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> participation sociale atteint.<br />

Une <strong>de</strong>rnière définition définit l’activation comme un projet émancipateur permettant <strong>de</strong><br />

réaliser les droits soci<strong>au</strong>x fondament<strong>au</strong>x <strong>de</strong> chaque individu. Selon cette vision <strong><strong>de</strong>s</strong> choses,<br />

chaque individu éprouvant <strong><strong>de</strong>s</strong> difficultés à se maintenir sur le marché du travail doit<br />

pouvoir bénéficier d’un accompagnement individualisé pour obtenir une place dans la<br />

société. Nous distinguons <strong>de</strong>ux importantes différences par rapport <strong>au</strong>x définitions<br />

précé<strong>de</strong>ntes. La première se situe <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> du processus qui précè<strong>de</strong> l’activation finale.<br />

La <strong>de</strong>uxième concerne l’objectif final : l’activation durable.<br />

7


1.3.1 Processus : la trajectoire d’activation<br />

Selon les partisans <strong>de</strong> l’approche émancipatrice, la société se charge <strong>de</strong> la réinsertion<br />

<strong>de</strong> l’individu. Ces trajectoires d’activation doivent correspondre <strong>au</strong>x besoins, <strong>au</strong>x capacités<br />

et <strong>au</strong>x souhaits <strong>de</strong> l’individu. En raison <strong>de</strong> sa considération plus structurelle <strong>de</strong> la p<strong>au</strong>vreté<br />

et <strong>de</strong> sa mise en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> la trajectoire individuelle personnalisée du bénéficiaire, la<br />

définition émancipatrice contraste énormément avec les <strong>de</strong>ux premières définitions <strong>de</strong><br />

l’activation. Ces définitions partent du principe que l’individu doit veiller lui-même à une<br />

solution. Dans la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> cas, on souhaite inciter l’individu en imposant <strong><strong>de</strong>s</strong> sanctions<br />

(voir <strong>au</strong>ssi : Dalrymple, 2001). Toute une série d’étu<strong><strong>de</strong>s</strong> empiriques, partant surtout <strong>de</strong> la<br />

perspective économique, telles que celles <strong>de</strong> Meyer (1995), Van <strong>de</strong>n Berg et al. (2004) et<br />

Graversen et Ours (2008) arrivent <strong>au</strong> constat que l’on peut, en sanctionnant les<br />

bénéficiaires, obtenir <strong><strong>de</strong>s</strong> résultats plus concrets qu’avec un accompagnement intensif. Ou<br />

comme Graversen et Ours (2008 : 2032) le formulent : from this we conclu<strong>de</strong> that the<br />

effectiveness of the activation programs is driven more by the stick than by the carrot.<br />

La définition émancipatrice s’y oppose. La tension entre d’une part une vision<br />

émancipatrice et d’<strong>au</strong>tre part un discours disciplinaire sur l’activation, est décrit en ces<br />

termes par Matthijssen (2008 : 273):<br />

La pru<strong>de</strong>nce est <strong>de</strong> mise lorsque les mesures d’activation s’adressent uniquement <strong>au</strong>x<br />

allocataires et partent du modèle <strong>de</strong> culpabilité individuelle. Ainsi, l’exclusion est attribuée<br />

<strong>au</strong> dysfonctionnement personnel, tandis que les obstacles structurels ne sont pas<br />

considérés comme problématiques. Les problèmes soci<strong>au</strong>x <strong>de</strong> p<strong>au</strong>vreté et <strong>de</strong> chômage<br />

sont ainsi réduits à <strong><strong>de</strong>s</strong> problèmes individuels d’inadaptation qui peuvent être résolus par<br />

un changement <strong>de</strong> comportement et <strong>de</strong> mentalité ainsi que par la formation.<br />

Selon les partisans <strong>de</strong> cette approche, la création <strong>de</strong> trajectoires d’activation<br />

personnalisées utiles relève <strong>de</strong> la responsabilité <strong>de</strong> la société et non <strong>de</strong> celle <strong>de</strong> l’individu.<br />

Par ailleurs, elle insiste sur le fait que l’individu doit fournir <strong><strong>de</strong>s</strong> efforts pour faire réussir<br />

son projet d’intégration. Les efforts sont cependant intégrés à cette trajectoire<br />

individualisée et ils doivent dès lors <strong>au</strong>ssi être déterminés en fonction <strong><strong>de</strong>s</strong> capacités <strong>de</strong><br />

l’individu. Il y a donc une différence par rapport à la troisième approche qui insiste sur la<br />

cohésion sociale en tant qu’objectif d’activation. La définition <strong>de</strong> l’activation qui insiste sur<br />

l’importance <strong>de</strong> la cohésion sociale, insiste par contre moins sur la trajectoire qui doit<br />

précé<strong>de</strong>r l’activation et consacre moins d’attention à faire correspondre les trajectoires <strong>au</strong>x<br />

possibilités <strong>de</strong> l’individu.<br />

Cette définition <strong>de</strong> la trajectoire personnalisée est <strong>au</strong>ssi soulignée par Van<strong>de</strong>rmeerschen<br />

(2007) dans un rapport du rése<strong>au</strong> flamand <strong><strong>de</strong>s</strong> associations (Vlaams Netwerk van<br />

Verenigingen) qui donne la parole <strong>au</strong>x p<strong>au</strong>vres. L’<strong>au</strong>teur insiste sur le fait qu’une<br />

trajectoire d’activation doit avant tout s’atteler à motiver l’individu en question. Tandis que<br />

les <strong>de</strong>ux premières définitions mettent l’accent sur l’individu qui doit fournir lui-même <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

efforts pour (vouloir) améliorer sa situation, Van<strong>de</strong>rmeerschen affirme quant à lui qu’avant<br />

<strong>de</strong> pouvoir parler <strong>de</strong> la volonté du bénéficiaire, certaines conditions fondamentales doivent<br />

être satisfaites afin <strong>de</strong> stimuler la motivation <strong>de</strong> la personne. Cela doit s’opérer <strong>de</strong> manière<br />

personnalisée en renforçant la confiance en soi, en sortant <strong>de</strong> l’isolement, en résolvant<br />

d’<strong>au</strong>tres problèmes liés <strong>au</strong> bien-être, en proposant <strong><strong>de</strong>s</strong> perspectives et en supprimant les<br />

risques et d’<strong>au</strong>tres mécanismes pénalisants. Il s’agit là <strong>de</strong> la création d’un premier terre<strong>au</strong><br />

fertile pour renforcer le pouvoir vouloir.<br />

La définition émancipatrice <strong>de</strong> la trajectoire d’activation est résumée par Steenssens et<br />

<strong>au</strong>tres (2008), W² Werk- en Welzijns<strong>parcours</strong>en op maat. Les <strong>au</strong>teurs <strong>de</strong> ce rapport<br />

8


développent un concept global sur l’allure que doivent avoir la trajectoire professionnelle et<br />

la trajectoire sur le plan du bien-être. Ils aboutissent à la définition suivante :<br />

W² est un concept global <strong>de</strong> trajectoires d’insertion professionnelle largement<br />

soutenues, tant sur le plan du travail que du bien-être. Cette trajectoire d’insertion<br />

professionnelle s’effectue <strong>de</strong> manière personnalisée et vise, à long terme, la<br />

participation (professionnelle) active. Ce concept fonctionne sur six principes <strong>de</strong> base. Il<br />

s’agit d’une trajectoire d’insertion professionnelle inclusive, intégrale, axée sur le<br />

renforcement, participatif, structuré et coordonné. (Steenssens et <strong>au</strong>tres 2008:127)<br />

Ces trajectoires W² sont inclusives. On ne peut se focaliser sur un nombre restreint <strong>de</strong><br />

catégories. Les trajectoires sociale et professionnelle doivent s’adresser à ceux qui sont<br />

fortement écartés du marché du travail. Par ailleurs, tous les acteurs imaginables pouvant<br />

jouer un rôle dans la réalisation <strong>de</strong> la participation <strong>au</strong> marché du travail du groupe-cible<br />

doivent être impliqués. Ces trajectoires sont <strong>au</strong>ssi globales, axées sur le renforcement et<br />

participatives car outre l’activation <strong>de</strong> l’intéressé, elles doivent <strong>au</strong>ssi atteindre son bienêtre<br />

général. Cela en lui proposant support et accompagnement dans les différents<br />

domaines <strong>de</strong> la vie, en veillant <strong>au</strong> développent <strong>de</strong> la confiance en soi et en stimulant une<br />

relation <strong>de</strong> confiance. Par ailleurs, ces trajectoires ne sont pas linéaires, mais dynamiques<br />

car les coups durs <strong>de</strong> la vie doivent <strong>au</strong>ssi être pris en compte. Il est indispensable <strong>de</strong><br />

donner plusieurs chances en cas d’échecs successifs. Les trajectoires W² proposent par<br />

ailleurs une perspective à long terme qui attache toute son importance à une participation<br />

qualitative <strong>au</strong> marché du travail. De plus les W² sont structurées car outre l’activation,<br />

elles doivent <strong>au</strong>ssi répondre <strong>au</strong>x <strong>au</strong>tres besoins soci<strong>au</strong>x. Il convient <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r d’une<br />

manière structurée par la prise d’une fonction tant <strong>de</strong> confiance, <strong>de</strong> coach,<br />

d’accompagnateur que <strong>de</strong> médiateur. Une <strong>de</strong>rnière caractéristique <strong>de</strong> ces trajectoires est la<br />

collaboration coordonnée avec d’<strong>au</strong>tres organisations.<br />

La façon dont Steenssens et al. (2008) perçoivent les trajectoires d’activation coïnci<strong>de</strong><br />

avec ce que Matthijssen (2008) définit comme étant l’attitu<strong>de</strong> d’accompagnement<br />

réfléchie. Cette attitu<strong>de</strong> implique que les agents d’insertion transmettent d’une manière<br />

habile les valeurs, les normes et les compétences qui sont nécessaires pour participer <strong>au</strong><br />

marché du travail. Simultanément, ils doivent tenir compte du mon<strong>de</strong> complexe dans<br />

lequel vivent les personnes précarisées, dont le chômage n’est qu’un seul <strong><strong>de</strong>s</strong> aspects. Les<br />

personnes précarisées sont en effet confrontées à une foule <strong>de</strong> problèmes à multiples<br />

facettes. Les agents d’insertion doivent dès lors avoir l’œil sur <strong>de</strong> nombreux problèmes<br />

personnels, soci<strong>au</strong>x, émotionnels et matériels qui déterminent la trajectoire d’une<br />

activation durable et ils ne peuvent s’arrêter uniquement à l’aspect isolé pour lequel ils<br />

sont en mesure <strong>de</strong> proposer <strong><strong>de</strong>s</strong> solutions concrètes. C’est <strong>au</strong>ssi ce qu’affirme Lacourt<br />

(2007) dans une enquête sur les <strong>CPAS</strong> bruxellois. Une partie cruciale <strong>de</strong> la trajectoire<br />

d’insertion professionnelle consiste à accompagner les bénéficiaires durant leur projet<br />

individuel. Il ne s’agit pas uniquement <strong>de</strong> fournir <strong><strong>de</strong>s</strong> informations administratives, mais<br />

d’une évaluation continue afin <strong>de</strong> vérifier si la trajectoire à suivre correspond encore <strong>au</strong>x<br />

besoins du bénéficiaire : c’est évaluer la consistance d’un projet, c’est rechercher les<br />

écoles <strong>de</strong> formation, c’est ai<strong>de</strong>r le bénéficiaire à rédiger <strong><strong>de</strong>s</strong> lettres <strong>de</strong> motivation, et ainsi<br />

<strong>de</strong> suite (Lacourt, 2007:14). Lacourt complète en disant que le besoin <strong>de</strong> reconstituer le<br />

récit <strong>de</strong> vie <strong>de</strong> l’individu peut avoir pour conséquence que le bénéficiaire amplifiera ou<br />

reformulera son récit afin d’obtenir l’accompagnement nécessaire.<br />

Dans la pratique, il semble difficile d’endosser un rôle d’accompagnateur <strong>au</strong> <strong>sein</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong>CPAS</strong> belges. Peeters et <strong>au</strong>tres (2007) écrivent dans une enquête sur le travail qualitatif<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> belges que les travailleurs soci<strong>au</strong>x d’un <strong>CPAS</strong> jugent cruciale une relation <strong>de</strong><br />

confiance accompagnatrice. Toutefois, il semble simultanément qu’eux-mêmes adoptent<br />

un rôle d’assistant en tant que s<strong>au</strong>veteur ou en tant que ritualiste. Ils ont le sentiment <strong>de</strong><br />

surtout travailler à court terme et en situations <strong>de</strong> crise. Une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> leur tâche<br />

9


consiste en outre à proposer une ai<strong>de</strong> matérielle et à octroyer <strong><strong>de</strong>s</strong> dispositions minimales.<br />

Les <strong>au</strong>teurs affirment qu’à c<strong>au</strong>se <strong>de</strong> cela, ils s’investissent peu dans la réintégration et<br />

l’<strong>au</strong>tonomie du bénéficiaire (voir <strong>au</strong>ssi : van Dijck, 2009). On retrouve une c<strong>au</strong>se<br />

importante dans leur charge <strong>de</strong> travail élevée due en gran<strong>de</strong> partie <strong>au</strong>x tâches<br />

administratives. C’est pour cette raison que <strong>de</strong> nombreux travailleurs soci<strong>au</strong>x disent avoir<br />

trop peu <strong>de</strong> temps dans un <strong>CPAS</strong> pour faire leur travail à savoir, proposer une ai<strong>de</strong> sociale<br />

<strong>de</strong> qualité. Les premières activités à disparaître à c<strong>au</strong>se <strong>de</strong> cela sont l’accompagnement<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> problèmes psychosoci<strong>au</strong>x et l’écoute <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs d’ai<strong>de</strong>.<br />

1.3.2 L’objectif : l’activation durable<br />

La visée émancipatrice <strong>de</strong> l’activation présente un contenu très large <strong>de</strong> ce qui peut être<br />

atteint grâce à la trajectoire d’activation. Tandis que les <strong>au</strong>tres approches considèrent<br />

toujours qu’obtenir un emploi sur le marché du travail régulier est le sommet, en revanche<br />

les partisans <strong>de</strong> la quatrième approche pensent qu’une activation durable s’obtient <strong>au</strong>ssi en<br />

<strong>de</strong>hors du marché du travail régulier. Van<strong>de</strong>rmeerschen (2007) affirme tout d’abord qu’une<br />

activation durable doit être faisable pour la personne en question. Cela signifie que son<br />

contenu doit être personnalisé avec et pour les personnes précarisées. Toute forme<br />

d’activité peut être perçue comme une activation, tant que celle-ci tient compte <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

capacités et <strong><strong>de</strong>s</strong> besoins <strong>de</strong> la personne en question. Par ailleurs, l’<strong>au</strong>teur affirme que <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

revenus suffisants sont indispensables pour représenter une solution à la p<strong>au</strong>vreté.<br />

Steenssens et al. (2008) assimilent une activation durable à une participation sociale<br />

utile dans laquelle un emploi qualitatif est un moyen puissant pour l’intégration sociale.<br />

Ceci est <strong>au</strong>ssi confirmé par Lemaître (2002) à l’issue d’une enquête <strong>au</strong>près <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

bénéficiaires <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> wallons. Il affirme que les répondants estiment que leur retour sur<br />

le marché du travail n’est pas la seule chose importante. L’activation représente <strong>au</strong>ssi pour<br />

la plupart d’entre eux une large intégration dans la société. Une condition cruciale pour<br />

obtenir l’activation durable consiste, selon Steenssens et <strong>au</strong>tres (2008), à mettre l’accent<br />

durant la trajectoire tant sur le suivi que sur l’apprentissage permanent. Ensuite, il f<strong>au</strong>t<br />

selon les <strong>au</strong>teurs <strong>de</strong> la place pour la mobilité durant la carrière. Steenssens et <strong>au</strong>tres<br />

(2008) distinguent différentes formes d’activation durable.<br />

La forme la plus courante que chaque approche relie à l’activation durable concerne un<br />

emploi rémunéré dans le circuit économique régulier (Steenssens et <strong>au</strong>tres (2008). Les<br />

emplois dans ce circuit peuvent varier tant en fonction du contrat <strong>de</strong> travail (temps<br />

partiel/temps plein, durée déterminée/durée indéterminée) qu’en fonction du statut<br />

professionnel (emploi salarié ou travail indépendant).<br />

Par ailleurs, un emploi rémunéré dans l’économie sociale peut <strong>au</strong>ssi représenter une<br />

activation durable. On entend par là tant un emploi dans <strong><strong>de</strong>s</strong> ateliers protégés, soci<strong>au</strong>x ou<br />

<strong>de</strong> quartier, dans <strong><strong>de</strong>s</strong> services <strong>de</strong> proximité qu’un emploi <strong>au</strong>près <strong><strong>de</strong>s</strong> agences locales pour<br />

l’emploi (ALE). De même, l’emploi dans le cadre <strong>de</strong> toutes sortes <strong>de</strong> mesures d’emploi<br />

telles que l’article 60§7 est placé sous ce dénominateur. Il semble pourtant selon<br />

Van<strong>de</strong>rmeerschen (2007) que l’économie sociale ne semble pas toujours avoir un impact<br />

positif dans tous les secteurs. Il affirme ainsi que dans certains cas la charge <strong>de</strong> travail<br />

dans les ateliers protégés peut être élevée et que le travail est parfois perçu comme peu<br />

valorisant. De même, l’emploi dans les services <strong>de</strong> quartier et <strong>de</strong> proximité est parfois<br />

vécu négativement. Ainsi, quelques répondants signalent qu’il y a peu <strong>de</strong> différence avec le<br />

travail dans le secteur régulier et que la qualité <strong><strong>de</strong>s</strong> emplois laisse parfois à désirer.<br />

Une troisième forme d’activation durable est un emploi non-rémunéré dans le cadre <strong>de</strong><br />

l’insertion par le travail. Ce secteur peut <strong>au</strong> départ <strong>de</strong> différents secteurs (soins <strong>de</strong> santé<br />

psychologique, personnes ayant un handicap, le travail social en général et les ateliers<br />

10


soci<strong>au</strong>x) proposer une perspective <strong>au</strong>x <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs d’emploi qui ne peuvent pas (encore)<br />

exercer un emploi rémunéré officiellement (voir <strong>au</strong>ssi : Vranken et Frans (2000).<br />

Une <strong>de</strong>rnière forme d’emploi durable est définie par Steenssens et <strong>au</strong>tres (2008) en<br />

tant que connexion et développement soci<strong>au</strong>x. Selon l’approche W², cette forme<br />

d’activation durable peut être remplie dans le cadre d’un équilibre entre ressources et<br />

charges. Cela signifie que l’on doit tenir compte <strong><strong>de</strong>s</strong> capacités et <strong><strong>de</strong>s</strong> besoins <strong>de</strong> la<br />

personne en question. Les <strong>au</strong>teurs mentionnent différentes formes <strong>de</strong> bénévolat, les<br />

activités dans les centres <strong>de</strong> jour, l’affiliation à une ou plusieurs associations. Par ailleurs,<br />

ils classent <strong>au</strong>ssi sous ce dénominateur le fait d’effectuer <strong><strong>de</strong>s</strong> fonctions sanitaires dans leur<br />

propre contexte social. Après avoir questionné les bénéficiaires <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> <strong>de</strong> Wallonie,<br />

Lemaître (2002) constate une gran<strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’offre diversifiée d’activités telles que<br />

réunions d’information, activités socioculturelles, rencontres et <strong>au</strong>tres formes d’expression.<br />

Par ailleurs, s’occuper <strong>de</strong> plusieurs enfants en bas âge, d’un enfant handicapé ou <strong>de</strong><br />

parents nécessitant <strong><strong>de</strong>s</strong> soins sont <strong><strong>de</strong>s</strong> formes importantes <strong>de</strong> l’activation durable<br />

(Steenssens et <strong>au</strong>tres, 2008). Cette <strong>de</strong>rnière forme d’activation semble toutefois selon<br />

Lemaître (2002) avoir une valeur sociale restreinte. Les bénéficiaires qui pour <strong><strong>de</strong>s</strong> motifs<br />

psychologiques ou physiques ne peuvent exercer un emploi sur le marché du travail<br />

régulier ou social, semblent en revanche apprécier ces activités comme une occupation<br />

utile. Simultanément, ils éprouvent <strong><strong>de</strong>s</strong> sentiments <strong>de</strong> frustration car ils ne peuvent<br />

exercer un véritable emploi.<br />

1.4 Que disent les experts ?<br />

Dans ce paragraphe, nous examinons les définitions <strong>de</strong> l’activation durable données par<br />

les experts. Nous avons interviewé douze experts, six en Flandre et six en Wallonie. Nous<br />

débutons par les définitions qu’ils appliquent à l’activation durable et nous poursuivons par<br />

le sens qu’ils donnent à l’emploi durable. Pour conclure, nous abordons le rôle du <strong>CPAS</strong>.<br />

Globalement, nous ne remarquons que peu <strong>de</strong> différences entre les experts flamands et les<br />

experts wallons. Lorsque c’est le cas, nous le mentionnons clairement dans le texte.<br />

1.4.1 Définitions <strong>de</strong> l’activation durable<br />

Dans une première partie, nous avons interviewé les experts flamands et wallons quant<br />

à leur manière <strong>de</strong> définir et/ou <strong>de</strong> délimiter l’activation durable. Bien que les experts<br />

interrogés soient liés <strong>au</strong>x différents nive<strong>au</strong>x <strong>de</strong> pouvoir et/ou <strong>au</strong>x organisations, il est<br />

toutefois possible sur base <strong><strong>de</strong>s</strong> interviews <strong>de</strong> constituer une définition commune <strong>de</strong><br />

l’activation. Notons tout d’abord que les experts sont tous d’accord pour dire que<br />

l’activation doit être définie <strong>au</strong> sens large. L’activation n’est selon eux pas uniquement une<br />

affaire d’emploi dans le circuit professionnel régulier, mais concerne différents domaines<br />

<strong>de</strong> la vie en société. Quelques experts wallons signalent que l’activation doit contribuer à<br />

réaliser les droits fondament<strong>au</strong>x <strong>de</strong> l’individu.<br />

Selon cette perception <strong><strong>de</strong>s</strong> choses, l’activation est assimilée à l’intégration sociale. Cela<br />

signifie que l’activation doit contribuer à l’inclusion sociale <strong>de</strong> l’individu, et ce dans<br />

plusieurs domaines tels que la promotion <strong>de</strong> la participation culturelle, une participation à<br />

la vie associative, le bénévolat et la construction <strong>de</strong> rése<strong>au</strong>x soci<strong>au</strong>x. Par ailleurs, l’un <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

répondants flamands a également souligné le fait que l’activation doit en outre cicatriser la<br />

blessure intérieure <strong>de</strong> l’individu. Ce répondant affirme qu’avant <strong>de</strong> pouvoir parler d’une<br />

activation réussie, il convient <strong>de</strong> travailler à une confiance en soi forte, une image <strong>de</strong> soi<br />

positive et <strong>au</strong> bien-être émotionnel.<br />

R1 : l’activation signifie pour nous que les gens participent activement à la société. Il<br />

peut s’agir d’emploi, il peut <strong>au</strong>ssi s’agir <strong>de</strong> différentes formes. Je pense que l’emploi,<br />

11


parce qu’en dépen<strong>de</strong>nt forcément <strong><strong>de</strong>s</strong> revenus un peu plus élevés, est <strong>au</strong>ssi considéré<br />

pratiquement par tout le mon<strong>de</strong> comme une finalité en soi. C’est pour cela que tout le<br />

mon<strong>de</strong> souhaite inciter à en faire les démarches. Mais il s’agit en premier lieu <strong>de</strong> partir<br />

<strong>de</strong> la blessure intérieure <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes, celle qui fait que <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes éprouvent<br />

tant <strong>de</strong> difficultés à trouver une connexion <strong>au</strong> reste <strong>de</strong> la société. Et par conséquent<br />

pour pouvoir activer ou ai<strong>de</strong>r <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes, faire en sorte qu’elles s’activent ellesmêmes,<br />

c’est à cela qu’il f<strong>au</strong>t prioritairement travailler. I : Que voulez-vous dire par<br />

renforcer ? R1 : Il n’y a pas que cela qui fait le lien avec l’activation, il ne s’agit pas <strong>de</strong><br />

renforcer uniquement un certain nombre d’aspects orientés sur le marché du travail,<br />

car je pense si nous activons durablement qu’il est <strong>au</strong>ssi très important d’accor<strong>de</strong>r <strong>de</strong><br />

l’attention tant <strong>au</strong> bien-être émotionnel, bien entendu <strong>au</strong>ssi à la confiance en soi, qu’à<br />

l’image <strong>de</strong> soi <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes. Nous <strong>de</strong>vons <strong>au</strong>ssi renforcer ces aspects.<br />

R3 : l’activation porte sur les éléments qui organisent la vie, qui organisent la vie dans<br />

une société, qui doivent assurer une base financière suffisante, et par conséquent elle<br />

porte <strong>au</strong>ssi sur les terrains soci<strong>au</strong>x où les gens se rassemblent et collaborent. Que ce<br />

soit par la culture ou par l’énergie, que ce soit par le sport. Les aspects qui permettent<br />

non seulement <strong>de</strong> donner <strong><strong>de</strong>s</strong> moyens <strong>au</strong>x gens et <strong>de</strong> les faire évoluer, mais <strong>au</strong>ssi <strong>de</strong><br />

s’intégrer dans la collectivité. Les droits soci<strong>au</strong>x fondament<strong>au</strong>x sont très directeurs<br />

pour nous. Et elle porte <strong>au</strong>ssi sur <strong><strong>de</strong>s</strong> domaines où la dépendance est plutôt élevée. Le<br />

secteur médical par exemple, la santé, où l’on est dépendant <strong>de</strong> l’expertise technique<br />

en présence. Mais même dans ces domaines, nous estimons qu’il f<strong>au</strong>t travailler d’une<br />

manière activatrice et émancipatrice.<br />

L’un <strong><strong>de</strong>s</strong> répondants affirme que tout ce qui renforce les gens peut être rangé sous le<br />

dénominateur <strong>de</strong> l’activation :<br />

I : je pense que face à quelqu’un, prenons les clichés, quelqu’un qui se trouve dans<br />

une grave situation <strong>de</strong> p<strong>au</strong>vreté, je pense qu’il y a <strong>de</strong> très nombreuses trajectoires<br />

possibles, mais qu’il y a surtout, disons la participation active à toutes les formes <strong>de</strong> la<br />

société. Tout ce qui renforce les gens.<br />

R5 : l’activation va pour nous bien <strong>au</strong>-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> l’emploi proprement dit. Pour nous,<br />

l’activation représente en fait tout ce qui peut y mener, qu’il s’agisse <strong>de</strong> quelqu’un qui<br />

se trouve dans une situation <strong>de</strong> p<strong>au</strong>vreté, qui s’en sorte et cela ne signifie pas<br />

uniquement avoir un emploi et un revenu convenable, mais cela peut <strong>au</strong>ssi déjà se<br />

produire à un nive<strong>au</strong> très bas. Simplement déjà en essayant <strong>de</strong> nouer <strong><strong>de</strong>s</strong> contacts<br />

avec les <strong>au</strong>tres. Il ne doit pas s’agir nécessairement d’un emploi rémunéré. Ou du<br />

moins pas directement. Cela doit en revanche rester le but, mais lorsqu’on voit d’où les<br />

gens doivent venir, à quel point ils sont écartés du marché du travail, il y a souvent<br />

tout un chemin à parcourir avant qu’ils puissent effectivement aboutir à un emploi<br />

rémunéré. Pour nous, toutes les étapes intermédiaires qui peuvent mener à un emploi,<br />

et même si nous savons à la limite que celles-ci ne mèneront pour certaines personnes<br />

jamais à un emploi, mais qui cependant contribuent à poursuivre le développement et<br />

l’épanouissement <strong>de</strong> la personne, tout cela pour nous c’est OK.<br />

L’activation reste malgré ce point <strong>de</strong> départ large <strong>au</strong>ssi défini par les experts en termes<br />

d’une finalité définitive, à savoir l’emploi.<br />

R6 : l’activation durable mène à un emploi qui est adapté <strong>au</strong>x possibilités, <strong>au</strong>x<br />

capacités et <strong>au</strong>x intérêts <strong>de</strong> l’intéressé, qui <strong>de</strong> plus offre <strong><strong>de</strong>s</strong> chances d’émancipation,<br />

et <strong>de</strong> développement, et qui est durable dans le temps et garantit une certaine<br />

stabilité. Donc, un emploi qualitatif assorti d’un salaire raisonnable.<br />

Les experts wallons ajoutent à cela que l’activation doit contribuer <strong>au</strong> dynamisme d’un<br />

individu. Ils veulent dire par là qu’en cas d’apparition <strong>de</strong> coups durs <strong>de</strong> la vie, l’on dispose<br />

<strong>de</strong> compétences suffisantes pour se (ré)orienter soi-même sur le marché du travail. Une<br />

activation durable doit contribuer <strong>au</strong> développement <strong>de</strong> compétences que l’on puisse<br />

utiliser pour après un échec pouvoir s’engager dans une nouvelle direction.<br />

12


Outre un contenu large <strong>de</strong> l’activation, nous trouvons <strong>au</strong>ssi chez les experts une<br />

unanimité <strong>au</strong> sujet <strong>de</strong> la thèse affirmant que la trajectoire d’activation doit correspondre à<br />

la situation du bénéficiaire. Chez les experts wallons, nous ne trouvons pas <strong>de</strong> consensus<br />

<strong>au</strong> sujet <strong>de</strong> l’importance <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> personnalisée. Certains d’entre eux affirment que le point<br />

final d’une trajectoire doit toujours être l’insertion professionnelle du bénéficiaire. Les<br />

<strong>au</strong>tres répondants wallons insistent sur l’importance d’une trajectoire d’activation<br />

personnalisée. Ils estiment qu’il est important que l’activation contribue à un projet <strong>de</strong> vie<br />

qui tient compte <strong><strong>de</strong>s</strong> attentes et <strong><strong>de</strong>s</strong> besoins <strong>de</strong> l’individu.<br />

Pour les partisans flamands et wallons d’une activation personnalisée, la trajectoire doit<br />

tenir compte <strong><strong>de</strong>s</strong> capacités, compétences, besoins spécifiques du bénéficiaire. Une<br />

première étape <strong>de</strong> cette trajectoire est <strong>de</strong> travailler <strong>au</strong>x conditions fondamentales. Les<br />

personnes précarisées affrontent souvent <strong><strong>de</strong>s</strong> obstacles qui entravent largement<br />

l’activation. Évacuer ces obstacles est donc une première condition pour créer les<br />

possibilités qui peuvent rendre possible une activation durable. Il importe dans ce cas<br />

d’obtenir une vue détaillée <strong>de</strong> ce que certains répondants appellent le contexte du<br />

bénéficiaire. Avant <strong>de</strong> travailler <strong>au</strong>x obstacles, on doit en effet analyser <strong>de</strong> manière<br />

approfondie quels sont ces obstacles et <strong>de</strong> quelle manière pouvoir les écarter. Le contenu<br />

exact <strong>de</strong> ces obstacles dépend <strong>de</strong> l’individu en question. La plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> répondants citent<br />

les problèmes <strong>de</strong> logement, mais <strong>au</strong>ssi les problèmes famili<strong>au</strong>x, la présence d’enfants et<br />

enfin, les problèmes médic<strong>au</strong>x et/ou psychologiques. L’un <strong><strong>de</strong>s</strong> répondants flamands définit<br />

cela comme un angle d’inci<strong>de</strong>nce holistique sur l’activation :<br />

R3 : c’est une approche assez holistique, lorsqu’une problématique est la situation<br />

familiale, alors la santé y est entièrement intégrée. Si cela mène à un emploi, avec<br />

qualité et satisfaction garantie. Ensuite, pour progresser, dans nos mesures nous<br />

accordons <strong>au</strong>ssi be<strong>au</strong>coup d’attention à l’encadrement, pour les choses qui préparent<br />

l’accès à cette activation. Si on a simplement un revenu d’intégration et que l’on doit<br />

travailler après un certain temps et alors le cordon est coupé. Alors il s’avère que le<br />

résultat est moins durable, que lorsque la trajectoire est intégrée d’une manière<br />

presque <strong>de</strong> rapprochement. S’il y a <strong><strong>de</strong>s</strong> enfants, il f<strong>au</strong>t les insérer dans un schéma.<br />

Ces conditions fondamentales sont considérées par certains répondants comme<br />

conditions instrumentales <strong>au</strong>xquelles il f<strong>au</strong>t satisfaire pour rendre l’activation possible. Par<br />

ailleurs, on insiste <strong>au</strong>ssi sur la composante expressive. Celle-ci concerne ce qui est plutôt<br />

défini comme étant la blessure intérieure. Outre le travail <strong>au</strong>x conditions fondamentales, il<br />

est en effet crucial <strong>de</strong> favoriser le bien-être émotionnel du bénéficiaire. L’ensemble formé<br />

par cette composante expressive et instrumentale, a selon quelques répondants pour<br />

conséquence <strong>de</strong> renforcer le pouvoir vouloir du bénéficiaire.<br />

R1 : nous sommes <strong>au</strong>ssi très durement confrontés à <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes qui sont dans une<br />

situation très difficile, dans une extrême p<strong>au</strong>vreté ou certainement dans une p<strong>au</strong>vreté<br />

générationnelle. Le pouvoir vouloir est très difficile. Il est évi<strong>de</strong>nt que vous <strong>de</strong>vez faire<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> choix, par exemple pouvoir rêver d’un emploi, cela ne concerne pas uniquement<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> compétences, cela concerne l’espace que <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes n’ont pas. Avoir une<br />

perspective. Il n’y a pas d’options, ne pas voir d’options, vous <strong>de</strong>vez d’abord pouvoir<br />

les voir. C’est la première étape d’une activation durable.<br />

L’un <strong><strong>de</strong>s</strong> répondants flamands évoque à ce sujet une ancienne expérience<br />

professionnelle en tant qu’agent d’insertion professionnelle dans un <strong>CPAS</strong>. Il pense que la<br />

discussion sur les bénéficiaires qui souhaitent/peuvent ou non s’activer, est révolue. La<br />

motivation du bénéficiaire dépend avant tout <strong>de</strong> son contexte social. Lorsque les obstacles<br />

<strong>de</strong> ce contexte sont écartés, alors seulement le vouloir ou le pouvoir du bénéficiaire peut<br />

être favorisé.<br />

13


R2 : je suis en revanche convaincu que <strong>de</strong> très nombreuses personnes et j’ai<br />

personnellement <strong>au</strong>ssi travaillé comme travailleur d’insertion. Je suis convaincu que les<br />

personnes que j’ai reçues <strong>au</strong> cours <strong>de</strong> ces quatre <strong>de</strong>rnières années dans mon bure<strong>au</strong>,<br />

le nombre <strong>de</strong> personnes qui disent « je ne veux pas travailler et je ne veux pas faire<br />

d’effort pour améliorer la situation ». Je pense que comme ça, je peux en énumérer un<br />

certain nombre, elles sont si limitées, on arrive vite dans cette discussion, celle <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

droits et <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>voirs qui y sont <strong>au</strong>ssi associés. Je pense qu’on tient trop peu compte du<br />

fait <strong>de</strong> : vous savez, il y a <strong>de</strong> nombreuses personnes qui sont venues me dire « je ne<br />

veux pas travailler », c’est vrai mais alors si vous écoutez leur récit, il en ressort que le<br />

fait d’avoir peu <strong>de</strong> contacts soci<strong>au</strong>x, le fait <strong>de</strong> ne pas vouloir travailler, n’ont souvent<br />

rien avoir avec ne pas vouloir, mais plutôt avec ne pas pouvoir. Je trouve <strong>au</strong>ssi que<br />

dans les <strong>CPAS</strong>, je l’ai souvent entendu <strong><strong>de</strong>s</strong> collègues, on fait souvent une distinction<br />

entre vouloir et ne pas vouloir et pouvoir et ne pas pouvoir. Mais j’ai toujours en<br />

pratique su qu’il s’agissait en fait d’une distinction qui dépasse le bénéficiaire<br />

proprement dit et qu’il ne peut dépasser. La ligne entre penser que quelqu’un ne<br />

souhaite pas et ne peut pas est si mince, et difficile à évaluer qu’il est à vrai dire<br />

impossible <strong>de</strong> la franchir.<br />

Nous en concluons que concernant les définitions <strong>de</strong> l’activation, nos experts appliquent<br />

l’approche émancipatrice <strong>de</strong> l’activation. Bien que selon les répondants wallons cela soit le<br />

contenu idéal <strong>de</strong> l’activation, certains affirment que dans la pratique l’activation prend vite<br />

la forme d’un emploi professionnel. Ils pensent que l’activation <strong>de</strong>vient un but en soi, sans<br />

tenir compte <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>au</strong>tres domaines problématiques <strong>de</strong> l’individu. Dans le pire <strong><strong>de</strong>s</strong> cas,<br />

quelqu’un est activé par le <strong>CPAS</strong> pour satisfaire <strong>au</strong> quota statistique concernant le départ<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires vers le marché du travail.<br />

L’approche émancipatrice à laquelle nos répondants souscrivent va à l’encontre <strong>de</strong> ce<br />

développement. Tel que décrit dans les paragraphes précé<strong>de</strong>nts, cette définition met<br />

l’accent sur la responsabilité <strong>de</strong> la société. Il f<strong>au</strong>t constituer une trajectoire individuelle<br />

personnalisée qui correspon<strong>de</strong> à la situation spécifique <strong>de</strong> l’individu. On doit tenir compte<br />

tant <strong><strong>de</strong>s</strong> composantes instrumentales qu’expressives (logement, enfants, problèmes<br />

famili<strong>au</strong>x, etc.). L’un <strong><strong>de</strong>s</strong> experts résume encore en ces termes :<br />

R7 : il est important <strong>de</strong> vérifier l’équilibre entre bien-être et travail. Et le bien-être doit<br />

être interprété <strong>au</strong> sens très large. Il s’agit tant du logement, que <strong><strong>de</strong>s</strong> revenus, ainsi que<br />

<strong>de</strong> la santé etc. Et le travail concerne tant l’emploi régulier que d’<strong>au</strong>tres formes<br />

d’activité humaine.<br />

L’activation est prise comme un large concept qui concerne différents domaines <strong>de</strong> la<br />

vie en société.<br />

Nous poursuivons par un domaine important <strong>de</strong> l’activation, à savoir l’emploi durable.<br />

1.4.2 Emploi durable<br />

Les experts flamands et wallons conviennent que, bien que l’activation soit perçue<br />

comme un concept vaste, trouver un emploi rémunéré y occupe une place importante. L’un<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> experts flamands affirme à ce sujet qu’un emploi rémunéré, en supposant que celui-ci<br />

puisse être considéré comme durable, combine tant la fonction instrumentale que la<br />

fonction expressive d’une activation durable.<br />

R3 : instrumentale non seulement sur différents terrains, mais <strong>au</strong>ssi la manière selon<br />

laquelle le travail permet <strong>de</strong> s’intégrer socialement. Et donc <strong>au</strong>ssi <strong>de</strong> contribuer par le<br />

contact <strong>au</strong> développement personnel et <strong>de</strong> développer <strong>au</strong> maximum les possibilités que<br />

l’on a en soi. Il (l’emploi) permet donc <strong>de</strong> réaliser différents objectifs. Primo, vous<br />

14


prenez part à la société et vous entrez en contact avec d’<strong>au</strong>tres personnes. Par<br />

ailleurs, vous créez <strong><strong>de</strong>s</strong> revenus. L’emploi crée <strong><strong>de</strong>s</strong> chances et vous permet <strong>de</strong><br />

concrétiser ces opportunités. Vous créez une plus-value en acquérant <strong><strong>de</strong>s</strong> revenus et<br />

vous produisez <strong>au</strong>ssi quelque chose qui est une plus-value pour vous et pour les<br />

<strong>au</strong>tres. L’emploi durable est donc un pilier très important <strong>de</strong> l’activation durable. Car<br />

par lui vous entrez dans la société et vous vous développez personnellement ainsi que<br />

vos possibilités. Par ailleurs, il est durable car il vous propose <strong>au</strong>ssi une perspective<br />

dans le temps. Car il permet <strong>de</strong> planifier et d’organiser votre avenir.<br />

Une question importante que nous pouvons poser concerne les caractéristiques<br />

durables d’un emploi. Les experts mentionnent d’abord qu’une expérience positive<br />

subjective est surtout cruciale.<br />

R3 : l’expérience subjective est importante, car la réussite ou la non-réussite en<br />

dépen<strong>de</strong>nt quand même fortement. Car si la qualité est m<strong>au</strong>vaise, alors l’activation<br />

risque d’être peu durable. Et vous pouvez alors intégrer la juridiction du travail et la<br />

sécurité <strong>au</strong> travail. Mais en dépend <strong>au</strong>ssi la connotation critique du réussi et du non<br />

réussi.<br />

R5 : ce qui prime pour moi c’est ce que l’intéressé en pense lui-même. Pour un parent<br />

isolé avec <strong>de</strong>ux enfants par exemple, un emploi à temps partiel peut être plus<br />

intéressant, car dans cette pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> sa vie il est plus simple et plus facile à combiner<br />

avec la famille. Tout cela revient à ce que la plus-value représente pour la personne<br />

intéressée et vous ne pouvez déterminer cela <strong>de</strong> manière linéaire.<br />

Un <strong>au</strong>tre expert appelle cela les fonctions latentes du travail.<br />

R7 : nous <strong>de</strong>vons <strong>au</strong>ssi étendre le concept <strong>de</strong> l’objectif <strong>de</strong> l’emploi en un concept plus<br />

large d’activité humaine. Il f<strong>au</strong>t pour cela donner plus <strong>de</strong> poids <strong>au</strong>x fonctions latentes<br />

du travail, <strong>au</strong> lieu <strong>de</strong> le donner <strong>au</strong>x fonctions directes <strong>de</strong> celui-ci.<br />

I : pouvez-vous spécifier ce que vous enten<strong>de</strong>z par ces fonctions latentes ?<br />

R7 : il s’agit par exemple <strong>de</strong> rompre l’isolement social, estime <strong>de</strong> soi, bien-être<br />

psychique, ce genre d’aspects.<br />

Un emploi qualitatif doit contribuer <strong>au</strong> bien-être émotionnel et permet une combinaison<br />

avec la sphère privée. Un emploi durable contribue en outre <strong>au</strong> développement <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

compétences. Les personnes doivent bénéficier <strong>de</strong> possibilités <strong>de</strong> progresser dans leur<br />

emploi. Ensuite, certains experts soulignent qu’un bon emploi tient compte <strong><strong>de</strong>s</strong> limites <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

personnes. Celles-ci peuvent être tant physiques, psychiques qu’intellectuelles. Les experts<br />

wallons mettent l’accent sur la promotion <strong><strong>de</strong>s</strong> compétences afin <strong>de</strong> renforcer le dynamisme<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> personnes face à un marché du travail incertain.<br />

Une <strong>de</strong>uxième caractéristique importante d’un emploi durable, ce sont les conditions <strong>de</strong><br />

travail. Les experts sont d’accord pour dire qu’un emploi à temps plein avec un contrat à<br />

durée indéterminée est une caractéristique importante <strong>de</strong> la carrière idéale. Il semble<br />

toutefois selon les experts wallons que dans certains cas <strong><strong>de</strong>s</strong> exceptions doivent être<br />

faites. Pour certaines personnes, un emploi à temps plein n’est en effet par atteignable en<br />

raison <strong>de</strong> problèmes liés à la situation privée. Pour ce groupe, il est dès lors important<br />

qu’elles puissent durant une certaine pério<strong>de</strong> réduire leur régime <strong>de</strong> travail ou insérer une<br />

pério<strong>de</strong> d’inactivité limitée dans le temps. Pourtant, même les contrats à temps partiel font<br />

face à d’importants désavantages. Il est établi qu’un emploi à temps partiel ne peut<br />

procurer à quelqu’un les moyens financiers suffisants pour se construire une existence<br />

digne <strong>de</strong> ce nom.<br />

R2 : je pense que travailler à temps partiel est une bonne chose et est intéressant<br />

pour <strong>de</strong> nombreuses personnes. Mais nous faisons face également <strong>au</strong>x aspects <strong>de</strong><br />

personnes qui se trouvent dans le bas <strong>de</strong> l’échelle sociale. L’emploi à temps partiel est<br />

fantastique, mais à la fin du mois elles doivent quand même s’en sortir. Si l’on crée<br />

15


<strong><strong>de</strong>s</strong> conditions fondamentales pour promouvoir l’emploi à temps partiel et s’il y a un<br />

équilibre entre travail et vie privée, alors cette forme d’emploi est importante dans le<br />

cadre <strong>de</strong> cette durabilité. Mais à ce jour, il est toutefois difficile concernant l’emploi à<br />

temps partiel <strong>de</strong> parler <strong>de</strong> durabilité.<br />

R3 : le système idéal est le contrat à durée indéterminée et à temps plein. C’est l’idéal.<br />

Il f<strong>au</strong>t, je crois, nuancer en fonction <strong>de</strong> la situation et <strong>de</strong> la phase <strong>de</strong> vie <strong>de</strong> cette<br />

personne, et même l’emploi à temps partiel peut être une solution. Surtout <strong>au</strong>ssi la<br />

situation familiale. La présence d’enfants sera alors subjectivement idéale pour cette<br />

personne. Mais il f<strong>au</strong>t donc <strong>au</strong>ssi <strong><strong>de</strong>s</strong> revenus complets pour garantir une vie<br />

humainement digne. Le contrat doit alors offrir <strong><strong>de</strong>s</strong> garanties afin d’y parvenir.<br />

R6 : dans le contexte <strong>de</strong> l’activation durable, je trouve qu’un contrat à durée<br />

indéterminée est essentiel. Il vous suffit d’examiner ce qui s’est passé <strong>au</strong> cours <strong>de</strong> ces<br />

<strong>de</strong>rniers mois : les personnes souhaitent un peu <strong>de</strong> sécurité et un contrat à durée<br />

indéterminée est une sorte <strong>de</strong> sécurité. La crise le démontre : qui prend la porte ?<br />

Tous les intérimaires sont supprimés, les personnes qui ont un contrat à durée<br />

déterminée qui n’est pas prolongé et seulement enfin les personnes ayant un contrat à<br />

durée indéterminée. Cela ne procure pas une sécurité absolue, mais quand même un<br />

plus <strong>de</strong> stabilité et <strong>de</strong> perspective.<br />

Par ailleurs, la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> experts flamands et wallons s’accor<strong>de</strong>nt pour dire que les<br />

contrats flexibles sous la forme d’emploi intérimaire ou d’<strong>au</strong>tres statuts à durée déterminée<br />

ne constituent pas un véritable emploi durable car ils ne proposent <strong>au</strong>cune perspective à<br />

court terme. On les considère souvent comme un but ou une étape intermédiaire, dont<br />

l’objectif final est plus idéalement une forme plus régulière d’emploi.<br />

R7 : je ferai une distinction entre but final et buts intermédiaires. Lorsque vous<br />

l’examinez du point <strong>de</strong> vue <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes précarisées, le but final est, neuf chances<br />

sur dix, un emploi régulier. (…) Nous savons bien qu’à court terme ce n’est pas faisable<br />

pour <strong>de</strong> nombreuses personnes. C’est pourquoi, il f<strong>au</strong>t prendre en considération toute<br />

forme <strong>de</strong> citoyenneté active ou d’inclusion active – il peut s’agir <strong>de</strong> bénévolat formel ou<br />

informel, sous la forme par exemple <strong>de</strong> soins médico-soci<strong>au</strong>x, voire même dans le cas<br />

extrême lorsque quelqu’un participe à l’un ou l’<strong>au</strong>tre rése<strong>au</strong>.<br />

L’un <strong><strong>de</strong>s</strong> experts flamands pense que ces contrats à durée déterminée représentent <strong>de</strong><br />

courtes vacances en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> la p<strong>au</strong>vreté. On se construit un certain nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> vie durant<br />

une certaine pério<strong>de</strong>, mais à l’issue <strong>de</strong> cette pério<strong>de</strong> on retombe dans une situation<br />

d’incertitu<strong>de</strong>.<br />

Une <strong>de</strong>rnière caractéristique d’un emploi durable relève du type d’emploi. Tout d’abord,<br />

les experts affirment qu’un emploi durable peut être réalisé dans plusieurs secteurs. Ainsi,<br />

l’on trouve outre les emplois sur le marché du travail régulier, également l’emploi social<br />

dans le cadre <strong>de</strong> l’économie sociale (atelier protégé, emploi social et intégration par le<br />

travail). Par ailleurs, les services <strong>de</strong> quartier et <strong>de</strong> proximité semblent <strong>au</strong>ssi remplir<br />

d’importantes fonctions. Le travail intérimaire obtient une connotation plutôt négative.<br />

Bien que ces emplois puissent selon certains experts flamands représenter une solution<br />

temporaire généralement pour les jeunes et leur assurer l’acquisition d’expérience, ils<br />

affirment que ce type d’emploi ne peut créer <strong>de</strong> durabilité à long terme. Quelques experts<br />

wallons mentionnent à ce sujet que certains secteurs doivent être évités. Ainsi, il semble<br />

qu’un emploi dans le secteur <strong>de</strong> l’horeca ne peut représenter une activation durable.<br />

I : où vous situez-vous par rapport <strong>au</strong> travail intérimaire ?<br />

R3 : comme première étape, je pense qu’il peut avoir son utilité. Si vous êtes jeune et<br />

vous envisagez d’avoir votre diplôme, alors ce type d’emploi vous permet <strong>de</strong> gagner<br />

quelques années d’expérience. Mais si vous avez déjà quarante ans et que vous avez<br />

16


trois enfants. Et si vous êtes isolé, mais dépendant <strong>de</strong> l’intérim, alors les options sont<br />

be<strong>au</strong>coup plus limitées. Alors il ne s’agit certainement pas d’un emploi durable. Nous<br />

<strong>de</strong>vons examiner cela <strong>de</strong> manière plus nuancée que le travail intérimaire. Ce secteur<br />

ne coïnci<strong>de</strong> certainement pas à une activation durable ou un emploi durable.<br />

R6 : pour moi, l’activation durable ne peut se clôturer par un travail intérimaire. Il<br />

pourrait en revanche représenter une halte intermédiaire <strong><strong>de</strong>s</strong>tinée à acquérir <strong>de</strong><br />

l’expérience, et cela ne me dérange pas à condition qu’il soit bien encadré.<br />

Sur base <strong><strong>de</strong>s</strong> interviews, nous concluons qu’un emploi durable peut être perçu comme<br />

une activité à long terme tant sur le marché du travail social que régulier. Une importante<br />

condition étant que cet emploi remplisse tant une fonction expressive qu’instrumentale. La<br />

composante expressive concerne une expérience positive subjective. Quant à la<br />

composante instrumentale, un emploi durable doit procurer <strong><strong>de</strong>s</strong> revenus suffisants pour<br />

garantir une existence humaine digne <strong>de</strong> ce nom. La carrière la plus idéale est un emploi à<br />

temps plein avec un contrat à durée indéterminée, mais uniquement si celle-ci propose<br />

<strong>au</strong>ssi à l’intéressé le scénario idéal compte tenu <strong>de</strong> sa situation.<br />

1.4.3 Rôle du <strong>CPAS</strong><br />

Le rôle et la mission du <strong>CPAS</strong> en termes d’activation peuvent d’abord être considérés en<br />

termes <strong>de</strong> mission <strong>de</strong> base, à savoir la réalisation <strong>de</strong> la dignité humaine et <strong><strong>de</strong>s</strong> droits<br />

soci<strong>au</strong>x fondament<strong>au</strong>x qui s’y rapportent.<br />

R6 : en premier lieu, la mission du <strong>CPAS</strong> est d’ai<strong>de</strong>r à réaliser les droits soci<strong>au</strong>x<br />

fondament<strong>au</strong>x. Cela implique <strong>au</strong>ssi le droit à l’emploi et à une trajectoire en vue<br />

d’obtenir un emploi. C’est le cœur <strong>de</strong> la mission <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong>.<br />

Les experts flamands et wallons s’accor<strong>de</strong>nt pour dire que le <strong>CPAS</strong> peut jouer un rôle<br />

important dans l’accompagnement vers l’activation durable. Ils le justifient par le fait que<br />

le <strong>CPAS</strong> peut, davantage encore que les services région<strong>au</strong>x pour l’emploi<br />

(VDAB/FOREM/ACTIRIS), proposer un accompagnement qui concerne plusieurs domaines<br />

<strong>de</strong> la vie.<br />

R7 : ce que les <strong>CPAS</strong> peuvent faire mieux qu’un organisme <strong>de</strong> placement classique,<br />

comme le VDAB par exemple, c’est <strong>de</strong> proposer une ai<strong>de</strong> intégrale à l’individu. Le<br />

VDAB n’en a ni l’expertise, ni le temps. Vous remarquez qu’un bénéficiaire moyen est<br />

plus aidé <strong>au</strong> <strong>CPAS</strong> qu’<strong>au</strong> VDAB. Cette ai<strong>de</strong> intégrale est l’une <strong><strong>de</strong>s</strong> conditions<br />

essentielles d’une bonne trajectoire.<br />

Selon les experts, les mesures d’activation disponibles <strong>au</strong>x <strong>CPAS</strong> constituent un premier<br />

outil pour garantir l’activation durable. Pourtant les trajectoires proposées par le <strong>CPAS</strong><br />

semblent, selon la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> experts, introduire d’une manière insatisfaisante le passage<br />

à un emploi sur le marché du travail régulier. Le bénéficiaire doit avant tout être<br />

accompagné avant la fin d’une mesure d’activation afin <strong>de</strong> faire le pas vers un emploi<br />

ultérieur. Certains répondants plai<strong>de</strong>nt en l’occurrence pour proposer <strong><strong>de</strong>s</strong> stages<br />

permettant <strong>au</strong> bénéficiaire d’essayer différentes possibilités :<br />

R3 : et sans oublier, cet article 60, certaines personnes semblent après un temps être<br />

prêtes pour le marché du travail régulier. Et cet article 60, n’offre <strong>au</strong>cune possibilité <strong>de</strong><br />

passer temporairement dans une <strong>au</strong>tre entreprise afin d’y effectuer éventuellement un<br />

stage pouvant <strong>au</strong>gmenter ses chances <strong>de</strong> réussite.<br />

R7 : il y a surtout la problématique du passage <strong>de</strong> l’article 60 vers un statut plus<br />

définitif ou <strong>de</strong> transition. Je pense que le point sensible numéro un rési<strong>de</strong> dans<br />

l’ensemble <strong>de</strong> la problématique <strong>de</strong> l’activation <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires du <strong>CPAS</strong>.<br />

17


Secundo, l’un <strong><strong>de</strong>s</strong> experts flamands affirme que la trajectoire proposée par les <strong>CPAS</strong><br />

n’admet <strong>au</strong>cun échec. Dans le cas où un emploi dans le cadre <strong>de</strong> l’article 60, d’une <strong>au</strong>tre<br />

mesure d’activation ou sur le marché du travail régulier échoue, il est important que le<br />

bénéficiaire n’ait pas l’impression qu’il doit tout recommencer <strong>de</strong>puis le début. La personne<br />

en question ne peut aboutir à une situation d’inactivité l’obligeant à re<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r un revenu<br />

d’intégration ou une allocation <strong>de</strong> chômage. Dans le meilleur <strong><strong>de</strong>s</strong> cas, elle revient chez<br />

l’accompagnateur professionnel qui peut débuter une trajectoire <strong>de</strong> (ré)orientation.<br />

R1 : il f<strong>au</strong>t un accompagnement plus intensif, qui varie d’une personne à l’<strong>au</strong>tre et<br />

dépend <strong><strong>de</strong>s</strong> compétences, mais bien avant que le contrat n’expire, je le dis à titre<br />

personnel, on pourrait imaginer un article 60 avec <strong><strong>de</strong>s</strong> prolongations jusqu’à ce qu’il y<br />

ait une <strong>au</strong>tre perspective. Cela ne fonctionne pourtant pas dans certains cas. Un<br />

accompagnement intensif, une réorientation, il f<strong>au</strong>t que les personnes n’aient pas le<br />

sentiment une fois tombées <strong>au</strong> fond du puits, <strong>de</strong> <strong>de</strong>voir recommencer à zéro. Il f<strong>au</strong>t<br />

que les personnes puissent toujours continuer à construire, ça c’est une chose. Cette<br />

ai<strong>de</strong> doit dépendre d’un emploi et <strong>de</strong> l’individu. Il f<strong>au</strong>t que cet article 60 fasse partie <strong>de</strong><br />

la trajectoire que les personnes ont développée, mais il peut s’agir d’une ai<strong>de</strong> sur le<br />

plan personnel, émotionnel et psychologique, mais <strong>au</strong>ssi <strong>de</strong> cours à suivre, et si les<br />

personnes découvrent qu’elles s’intéressent à quelque chose, alors il f<strong>au</strong>t y travailler,<br />

donc en réalité il f<strong>au</strong>t vraiment personnaliser.<br />

Troisièmement, quelques experts affirment que si le bénéficiaire trouve quand même un<br />

emploi sur le marché du travail régulier, alors certains incitants financiers tels qu’un loyer<br />

réduit ou une h<strong>au</strong>sse <strong><strong>de</strong>s</strong> allocations familiales sont supprimés du jour <strong>au</strong> len<strong>de</strong>main. L’un<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> experts plai<strong>de</strong> en faveur d’un scénario d’extinction progressive :<br />

R2 : ce qui, je pense, est <strong>au</strong>ssi important, c’est <strong>de</strong> laisser nombre <strong>de</strong> ces mesures se<br />

dérouler dans une sorte <strong>de</strong> scénario d’extinction. Car actuellement, il y a <strong>de</strong> véritables<br />

cloisons. À partir du moment où vous vous retrouvez face à une nouvelle mesure, alors<br />

vous ne pouvez plus revenir à la précé<strong>de</strong>nte. Les avantages <strong>de</strong> l’article 60 s’arrêtent<br />

les uns après les <strong>au</strong>tres, par exemple les garanties locatives etc., qui s’arrêtent lorsque<br />

les personnes entrent sur le marché du travail régulier. Il n’est dès lors plus<br />

avantageux <strong>de</strong> chercher un véritable emploi.<br />

Outre la présentation <strong>de</strong> mesures d’activation, les experts flamands et wallons sont<br />

convaincus que les rése<strong>au</strong>x et les structures <strong>de</strong> coopération <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> sont d’importants<br />

outils. Pour les travailleurs soci<strong>au</strong>x du <strong>CPAS</strong>, il est impossible d’accompagner<br />

intégralement les bénéficiaires caractérisés par une problématique multidimensionnelle. En<br />

créant <strong><strong>de</strong>s</strong> rése<strong>au</strong>x avec d’<strong>au</strong>tres organismes, il est possible, en collaboration avec les<br />

travailleurs soci<strong>au</strong>x concernés, <strong>de</strong> favoriser le bien-être général du bénéficiaire dans<br />

différents domaines <strong>de</strong> la vie. Cela permet <strong>de</strong> poser les premières fondations pour<br />

atteindre l’activation d’une manière durable. Les experts wallons insistent à ce sujet sur<br />

l’importance <strong>de</strong> la possibilité <strong>de</strong> pouvoir confier la trajectoire d’insertion professionnelle<br />

<strong>au</strong>x ASBL locales.<br />

Rx : Il est important que les acteurs qui s’occupent <strong>de</strong> bien-être s’alignent les uns sur<br />

les <strong>au</strong>tres. Cela ressemble parfois à une bouta<strong>de</strong> et le virage est serré. Mais il est<br />

logique que dans une même commune un CSS prévoit un accompagnement <strong>de</strong> budget,<br />

tandis que le <strong>CPAS</strong> s’en occupe <strong>au</strong>ssi. D’<strong>au</strong>tre part, je le constate <strong>au</strong>ssi <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> du<br />

bénéficiaire, selon moi il s’agit <strong>de</strong> créer <strong><strong>de</strong>s</strong> partenariats pour mieux répondre <strong>au</strong>x<br />

problèmes qui se présentent <strong>au</strong> bénéficiaire. (…)<br />

Certains experts affirment <strong>au</strong>ssi que les trajectoires d’activation ne s’arrêtent pas dès<br />

l’instant que quelqu’un se met à travailler.<br />

R5 : vous avez <strong>au</strong>ssi les <strong>CPAS</strong> qui se chargent <strong>de</strong> l’encadrement, assurent la<br />

formation, l’accompagnement et le coaching individuel, et qui disent le faire en outre<br />

18


sur le lieu <strong>de</strong> travail et essayer <strong>de</strong> tenir le coup à le faire durant <strong>au</strong> moins six mois. Et<br />

c’est selon moi, pour le groupe-cible dont nous parlons, absolument nécessaire.<br />

L’enquête européenne le révèle également : dès que les personnes quittent ce cocon<br />

protecteur et bien encadré, alors elles se retrouvent confrontées entièrement seules <strong>au</strong><br />

mon<strong>de</strong> du travail exigeant et souvent menaçant.<br />

Quelques experts soulignent à ce sujet que le <strong>CPAS</strong> ne doit pas <strong>au</strong>tomatiquement endosser<br />

la fonction <strong>de</strong> régisseur <strong>de</strong> ces rése<strong>au</strong>x. Il f<strong>au</strong>t qu’il soit possible d’attribuer le rôle <strong>de</strong><br />

personne <strong>de</strong> confiance à un assistant social d’un <strong>au</strong>tre organisme.<br />

Outre les rése<strong>au</strong>x avec d’<strong>au</strong>tres organismes, quelques experts mentionnent que conclure<br />

également <strong><strong>de</strong>s</strong> structures <strong>de</strong> coopération avec d’<strong>au</strong>tres <strong>CPAS</strong> peut être un outil important.<br />

Ainsi, les <strong>CPAS</strong> concernés peuvent unir leurs moyens financiers et le développement d’une<br />

vision commune peut être stimulé. Quelques experts wallons trouvent que les <strong>CPAS</strong> plus<br />

petits, en raison <strong>de</strong> leurs moyens limités, en profitent lors <strong>de</strong> la formation <strong>de</strong> clusters avec<br />

les <strong>CPAS</strong> voisins.<br />

La plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> répondants conviennent enfin pour dire que les <strong>CPAS</strong> exercent leur mission<br />

d’activation <strong>de</strong> différentes manières. En nous basant sur les étu<strong><strong>de</strong>s</strong> disponibles, nous<br />

poursuivrons cette question dans un prochain paragraphe.<br />

R5 : on voit que les <strong>CPAS</strong> dépen<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> celui qui se trouve à l’administration, <strong>de</strong> la<br />

vision qu’ils ont, à court ou à long terme, fondée oui plutôt que non, sinon agissent<br />

<strong>au</strong>trement. Il reste toujours <strong>de</strong> nombreux <strong>CPAS</strong> qui se servent <strong><strong>de</strong>s</strong> mesures<br />

d’activation <strong>de</strong> manière très fonctionnelle et restrictive, <strong>au</strong> sens où utiliser une mesure<br />

permet <strong>de</strong> se débarrasser <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes qui se retrouvent alors <strong>au</strong> chômage. Donc, ils<br />

s’en servent plutôt en fonction <strong>de</strong> l’accès <strong>au</strong> système <strong>de</strong> la sécurité sociale et ça n’a<br />

rien avoir avec <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong>. Cela n’a jamais été le but.<br />

R7 : il existe <strong>de</strong> gran<strong><strong>de</strong>s</strong> différences entre les visions <strong><strong>de</strong>s</strong> membres du conseil, <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

prési<strong>de</strong>nts et <strong>au</strong>ssi <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes du service social. On a besoin <strong>de</strong> vision et<br />

d’expertise. Si ces <strong>de</strong>ux éléments font déf<strong>au</strong>t, alors ça ne fonctionne pas.<br />

1.5 Entre organisation et stratégie<br />

Dans la littérature sociologique, différentes conceptions et définitions circulent <strong>au</strong> sujet<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> organismes. Depuis les toutes premières étu<strong><strong>de</strong>s</strong> sur les organismes datant <strong><strong>de</strong>s</strong> années<br />

60, on convenait toutefois que les organismes soci<strong>au</strong>x ont en vue un certain objectif.<br />

Lammers et <strong>au</strong>tres adoptent, après une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la littérature, la définition suivante :<br />

Les organismes soci<strong>au</strong>x ayant un caractère plus ou moins hiérarchique fonctionnent sur<br />

base d’un concept formel-rationnel quant à leurs processus <strong>de</strong> fonctionnalisation, <strong>de</strong><br />

coordination et <strong>de</strong> finalisation. (Lammers, et al.,1997:35)<br />

Selon cette définition, un organisme social hiérarchisé se concentre sur la coordination<br />

et la finalisation d’un ou <strong>de</strong> plusieurs objectifs. Tandis que la sociologie <strong>de</strong> l’organisme <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

années 60 souhaitait étudier <strong>de</strong> l’extérieur le fonctionnement <strong>de</strong> l’organisme, les étu<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

plus récentes quant à elles se concentrent sur le caractère contingent <strong><strong>de</strong>s</strong> organismes.<br />

Cela signifie qu’elles partent du fait que le fonctionnement <strong><strong>de</strong>s</strong> organismes dépend en<br />

gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> l’environnement (voir Ansoff, 1988). L’institutionnalisme offre à cet égard<br />

un angle d’inci<strong>de</strong>nce important. Les fondateurs <strong>de</strong> ce paradigme tels que Dimaggio et<br />

Powell (1983) affirment que les organismes sont surtout structurés par leur contexte<br />

institutionnel, définis comme valeurs dominantes qui sont imposées par l’ensemble <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

lois, règles et classifications par l’État ou sont transmises par le biais d’<strong>au</strong>tres organismes<br />

(voir <strong>au</strong>ssi : Hasenfeld, 1992; 2000). Dans le cas d’un <strong>CPAS</strong>, nous pouvons en nous<br />

19


appuyant sur ces <strong>au</strong>teurs affirmer que son fonctionnement et son objectif sont en gran<strong>de</strong><br />

partie stipulés par la Loi sur le DIS et par la Loi sur la création <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong>.<br />

Les fondateurs <strong>de</strong> ce courant ont pour point <strong>de</strong> départ le fait que les institutions<br />

peuvent réaliser une certaine homogénéité <strong><strong>de</strong>s</strong> organismes. Cela signifie que les<br />

organismes qui se trouvent sous l’influence du même contexte institutionnel présentent les<br />

mêmes caractéristiques. Une importante critique à l’encontre <strong>de</strong> l’institutionnalisme est<br />

toutefois que ces <strong>au</strong>teurs ne tiennent pas compte <strong>de</strong> l’interaction entre l’institution et<br />

l’acteur (l’organisme). La mesure dans laquelle les institutions ont un effet homogénéisant<br />

sur les organismes dépend en effet <strong>de</strong> la mesure dans laquelle ces institutions sont<br />

acceptées par la collectivité (Barley et Tolbert, 1997 ; Hasenfeld, 1992;2000). Ainsi, Barley<br />

et Tolbert (1997) soulignent l’importance d’une approche qui tienne compte du fait que les<br />

organismes diffèrent les uns <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>au</strong>tres concernant la manière selon laquelle les<br />

institutions sont réparties ou remplies.<br />

Ces notions ont été appliquées et vérifiées par Hasenfeld (200) <strong>au</strong>près <strong><strong>de</strong>s</strong> organismes<br />

soci<strong>au</strong>x ou plus communément définis comme Human Service Organisations. Il arrive à la<br />

conclusion que les institutions peuvent, en matière d’ai<strong>de</strong> et <strong>de</strong> valeur attribuée <strong>au</strong><br />

bénéficiaire, être déterminées et influencées à quatre nive<strong>au</strong>x. Le premier nive<strong>au</strong> se<br />

compose <strong>de</strong> groupes d’intérêt et d’élites politiques qui développent les mesures politiques<br />

composant la politique sociale. Le <strong>de</strong>uxième nive<strong>au</strong> est celui <strong>de</strong> la politique locale qui est<br />

caractérisée par différents plans <strong>de</strong> bien-être ou <strong>de</strong> p<strong>au</strong>vreté. Ensuite, Hasenfeld (2000)<br />

affirme que l’organisme développe à son nive<strong>au</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> méthodologies et <strong><strong>de</strong>s</strong> procédures qui<br />

peuvent introduire <strong><strong>de</strong>s</strong> jugements <strong>de</strong> valeur et influencer <strong>de</strong> ce fait l’exécution d’une<br />

mesure politique introduite par les nive<strong>au</strong>x supérieurs (voir <strong>au</strong>ssi : Hermans, 2005). Le<br />

quatrième et <strong>de</strong>rnier nive<strong>au</strong> concerne les travailleurs soci<strong>au</strong>x exécutants. Selon Hasenfeld<br />

(2000), ce <strong>de</strong>rnier nive<strong>au</strong> exerce <strong>au</strong>ssi une importante influence sur les institutions et les<br />

systèmes mor<strong>au</strong>x <strong><strong>de</strong>s</strong> nive<strong>au</strong>x supérieurs. Étant donné qu’ils sont directement en contact<br />

avec le véritable groupe-cible, l’exécution <strong>de</strong> la politique dépend <strong>au</strong>ssi <strong>de</strong> la manière selon<br />

laquelle les travailleurs soci<strong>au</strong>x interprètent et appliquent les règles <strong>de</strong> l’organisme à la<br />

situation problématique du bénéficiaire (voir <strong>au</strong>ssi : Lipsky, 1980). Ou dans les termes<br />

d’Hasenfeld : no matter how many rules the organisation promulgates, it is left to the line<br />

staff to gather and interpret the information about their clients (Hasenfeld, 2000).<br />

Ces conclusions d’Hasenfeld démontrent que les différents nive<strong>au</strong>x hiérarchiques <strong>de</strong><br />

pouvoir exercent chacun leur propre influence sur la promulgation (outcome) d’une mesure<br />

politique développée <strong>au</strong>x nive<strong>au</strong>x supérieurs. Appliqué à notre étu<strong>de</strong>, cela veut dire que la<br />

condition d’activation <strong>au</strong>x différents nive<strong>au</strong>x peut avoir un <strong>au</strong>tre contenu. Cette étu<strong>de</strong><br />

place en son centre le nive<strong>au</strong> organisationnel du <strong>CPAS</strong>. Au paragraphe suivant, nous<br />

approfondissons cet aspect.<br />

1.6 Comment l’activation est-elle exécutée par les<br />

<strong>CPAS</strong> ?<br />

Dans le paragraphe précé<strong>de</strong>nt, nous avons vu que les organismes soci<strong>au</strong>x et les<br />

travailleurs soci<strong>au</strong>x peuvent disposer d’un important pouvoir discrétionnaire. Ces acteurs<br />

développent <strong><strong>de</strong>s</strong> stratégies opérationnelles tant <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> méso qu’<strong>au</strong> micro nive<strong>au</strong> afin <strong>de</strong><br />

faire face <strong>au</strong>x difficultés <strong>au</strong>xquelles ils sont confrontés <strong>au</strong> cours <strong>de</strong> leurs activités<br />

quotidiennes (Lipsky, 1980). Différentes étu<strong><strong>de</strong>s</strong> ont examiné ces stratégies et essaient<br />

d’en décrire les variantes en développant <strong><strong>de</strong>s</strong> typologies. Nous distinguons grosso modo<br />

<strong>de</strong>ux approches. Une première approche se focalise sur les travailleurs soci<strong>au</strong>x individuels<br />

et décrit les différentes manières selon lesquelles ils exécutent leur rôle d’assistants. Un<br />

20


exemple <strong>de</strong> cette approche est l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Driessens (2003). Elle place sous la loupe le<br />

nive<strong>au</strong> micro <strong>de</strong> la relation d’ai<strong>de</strong> et examine les modèles <strong>de</strong> rôle que développent tant les<br />

travailleurs soci<strong>au</strong>x que les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs d’ai<strong>de</strong>. L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Casman et al. (2007) se<br />

focalise également sur les perceptions individuelles <strong><strong>de</strong>s</strong> travailleurs soci<strong>au</strong>x attachés à un<br />

<strong>CPAS</strong> concernant le travail social <strong>de</strong> qualité. D’<strong>au</strong>tres étu<strong><strong>de</strong>s</strong> évaluent la relation entre<br />

l’assistant social et l’organisme et examinent comment les travailleurs soci<strong>au</strong>x utilisent leur<br />

pouvoir discrétionnaire afin <strong>de</strong> donner leur propre interprétation <strong>au</strong>x prescriptions et <strong>au</strong>x<br />

règles <strong>de</strong> l’organisme. L’étu<strong>de</strong> d’Engbersen (2006) en est un exemple important. Cet<br />

<strong>au</strong>teur examine les différentes cultures d’organisme que développent les travailleurs<br />

soci<strong>au</strong>x lorsqu’ils sont confrontés à la tension entre la réalité du bénéficiaire d’une part et<br />

la réalité <strong>de</strong> l’organisme d’<strong>au</strong>tre part. Raeymaeckers et Vranken (2009) expliquent cette<br />

typologie et l’appliquent <strong>au</strong> <strong>CPAS</strong> d’Anvers. Un <strong>de</strong>uxième angle d’inci<strong>de</strong>nce se focalise sur<br />

le nive<strong>au</strong> méso. Ces <strong>au</strong>teurs examinent les variantes <strong>de</strong> choix stratégique <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong><br />

l’organisme social (voir Hasenfeld, 1992;2000). L’étu<strong>de</strong> d’Hermans (2005) peut également<br />

être rangée sous ce dénominateur. Il examine la manière dont les <strong>CPAS</strong> flamands donnent<br />

forme <strong>au</strong> discours <strong>de</strong> l’État-Provi<strong>de</strong>nce actif. Étant donné que dans la présente enquête,<br />

nous souhaitons expliquer les variantes dans les modèles professionnels <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires<br />

du <strong>CPAS</strong> en nous basant sur le contexte politique <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> du <strong>CPAS</strong>, nous utilisons dès<br />

lors les notions d’Hermans afin <strong>de</strong> signaler les différences entre les <strong>CPAS</strong>. Mais entrons à<br />

présent plus en détail dans l’étu<strong>de</strong> d’Hermans (2005).<br />

Hermans (2005) distingue sept dimensions sur base <strong><strong>de</strong>s</strong>quelles il décrit la politique<br />

d’activation <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> flamands. Nous utilisons ces dimensions pour décrire dans cette<br />

étu<strong>de</strong> la situation <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> belges. La première dimension est la vision que les <strong>CPAS</strong> se<br />

font <strong>de</strong> l’activation <strong>de</strong> leurs bénéficiaires. Hermans (2005) distingue à cet égard six<br />

objectifs possibles <strong>au</strong> sujet <strong>de</strong> l’activation : l’insertion sur le marché du travail régulier, un<br />

emploi adapté sur un marché du travail pris <strong>au</strong> sens large, <strong>au</strong>gmenter l’intégration sociale<br />

et l’<strong>au</strong>tonomie, l’accélération du flux sortant <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires, la création d’emploi bon<br />

marché et discipliner les bénéficiaires. Une <strong>de</strong>uxième dimension est la spécialisation <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

tâches <strong>au</strong> <strong>sein</strong> du <strong>CPAS</strong> qui s’opère avec pour objectif l’activation d’un bénéficiaire. Une<br />

<strong>au</strong>tre dimension est l’ampleur <strong>de</strong> l’uniformité. Hermans la définit comme étant la mesure<br />

dans laquelle <strong>au</strong> <strong>sein</strong> du <strong>CPAS</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> mécanismes <strong>de</strong> coordination sont développés pour<br />

veiller à ce que les travailleurs soci<strong>au</strong>x appliquent une interprétation uniforme <strong><strong>de</strong>s</strong> lois et<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> règles. Il en distingue quatre : les règles internes, règles écrites, le chef <strong>de</strong> service du<br />

service social et la concertation d’équipe. La quatrième dimension est définie comme étant<br />

la manière selon laquelle les <strong>CPAS</strong> appréhen<strong>de</strong>nt la durée <strong>de</strong> l’octroi et les conditions <strong>de</strong><br />

l’allocation. La durée <strong>de</strong> l’allocation dépend <strong>de</strong> l’interprétation du <strong>CPAS</strong>. Plus le <strong>CPAS</strong><br />

estime que la chance du bénéficiaire à échapper <strong>au</strong> minimum vital est petite, plus longue<br />

sera la durée <strong>de</strong> l’octroi (Hermans, 2005). Par ailleurs, l’utilisation <strong><strong>de</strong>s</strong> mesures<br />

d’activation peut <strong>au</strong>ssi varier d’un <strong>CPAS</strong> à l’<strong>au</strong>tre. Bien que les centres puissent disposer<br />

d’un grand nombre <strong>de</strong> mesures 2 , Hermans constate qu’ils peuvent les appliquer <strong>de</strong><br />

2 Nous expliquons ces mesures brièvement. Tout d’abord, un emploi sous l’article 60§7 <strong>de</strong> la Loi<br />

organique du 8 juillet 1976 relative <strong>au</strong>x Centres Publics d’Assistance Sociale. Cette mesure a pour<br />

objectif <strong>de</strong> réintégrer les personnes sorties du marché du travail, dans un système <strong>de</strong> sécurité sociale<br />

et dans le processus du travail. Le <strong>CPAS</strong> permet à la personne d’acquérir une expérience<br />

professionnelle et / ou veille à ce qu’elle puisse refaire appel à une allocation sociale. Une secon<strong>de</strong><br />

mesure est la contribution accrue du gouvernement fédéral <strong>au</strong>x <strong>CPAS</strong> pour l’emploi en<br />

application <strong>de</strong> l’article 60§7 <strong>de</strong> la Loi organique du 8 juillet 1976. C’est comparable <strong>au</strong> simple<br />

emploi sous l’article 60§7 avec pour seule différence que le <strong>CPAS</strong> peut obtenir une contribution accrue<br />

<strong>de</strong> l’État si la personne est mise à disposition d’une initiative d’économie sociale. La troisième mesure<br />

est un article 61 <strong>de</strong> la même Loi organique. Elle assure une contribution <strong>au</strong> <strong>CPAS</strong> si le bénéficiaire<br />

trouve un emploi dans le secteur privé. Il s’agit d’un programme <strong>de</strong> promotion <strong>de</strong> l’emploi <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs d’emploi <strong>de</strong> longue durée. Outre un programme Activa, le <strong>CPAS</strong> peut disposer <strong><strong>de</strong>s</strong> dites<br />

Initiatives d’Économie Sociale pour réintégrer les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs d’emploi difficilement employables sur<br />

le marché du travail et les programmes d’activation qui répon<strong>de</strong>nt <strong>au</strong>x besoins <strong>de</strong> la société dans le<br />

secteur socioculturel, du sport et <strong><strong>de</strong>s</strong> loisirs. Une <strong>de</strong>rnière trajectoire d’activation est une collaboration<br />

avec le secteur intérimaire permettant à l’agence d’intérim d’engager un temps plein légal sous<br />

21


différentes façons. Une avant-<strong>de</strong>rnière dimension se concentre sur l’opposition <strong>de</strong>man<strong>de</strong>offre<br />

<strong>de</strong> l’emploi social. Une stratégie axée sur la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> part <strong><strong>de</strong>s</strong> emplois existants en<br />

interne ou en externe. Ce qui prime c’est l’importance <strong><strong>de</strong>s</strong> besoins <strong>de</strong> l’employeur et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

besoins du bénéficiaire. Une stratégie axée sur l’offre tient compte <strong><strong>de</strong>s</strong> besoins et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

souhaits du bénéficiaire et essaie tant que possible d’y faire correspondre le contenu <strong>de</strong><br />

l’emploi. Une <strong>de</strong>rnière dimension est la collaboration avec les partenaires externes. En se<br />

basant sur ces diverses dimensions, Hermans i<strong>de</strong>ntifie trois types <strong>de</strong> <strong>CPAS</strong> : le type inertie,<br />

le type discipline et le type intégration. Dans le type inertie, les conditions d’activation sont<br />

écartées et l’on met l’accent sur une stratégie d’allocation plutôt passive. Dans ces <strong>CPAS</strong>,<br />

ce qui prime, c’est le droit à une allocation et le bénéficiaire est à peine interpelé quant à<br />

ses <strong>de</strong>voirs. Ces <strong>CPAS</strong> n’ont <strong>au</strong>cune offre structurelle d’ai<strong><strong>de</strong>s</strong> à l’emploi et/ou d’emploi, et il<br />

y est peu question <strong>de</strong> spécialisation <strong><strong>de</strong>s</strong> tâches. Hermans (2005: 253) affirme en outre que<br />

dans ces <strong>CPAS</strong>, ce qui prime surtout, c’est la réalité sur papier permettant <strong>de</strong> tester la<br />

volonté réelle <strong>de</strong> travailler. La collaboration avec d’<strong>au</strong>tres organismes s’effectue<br />

uniquement à l’initiative du travailleur social.<br />

Les <strong>CPAS</strong> caractérisés par une activation disciplinaire utilisent surtout la mesure <strong>de</strong><br />

l’article 60§7. L’importance <strong>de</strong> cette mesure est toujours définie dans ces <strong>CPAS</strong> comme un<br />

emploi bon marché qui peut servir à tester la volonté réelle <strong>de</strong> travailler et peut surtout<br />

constituer un important service <strong>de</strong> retour à la société. Pour ces <strong>CPAS</strong>, ce qui prime c’est le<br />

flux sortant <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires et non pas l’insertion durable. Hermans souligne en outre que<br />

dans ces <strong>CPAS</strong>, les intérêts <strong>de</strong> l’employeur sont plus importants que les besoins du<br />

bénéficiaire.<br />

Les <strong>CPAS</strong> du type intégration sont caractérisés par une offre <strong>CPAS</strong> diversifiée. Ces <strong>CPAS</strong><br />

essayent <strong>de</strong> travailler selon une trajectoire d’insertion professionnelle du bénéficiaire<br />

davantage personnalisée. Ils partent d’une large définition <strong>de</strong> l’activation et placent surtout<br />

<strong>au</strong> centre la promotion <strong>de</strong> l’intégration sociale. Selon Hermans (2005), la distinction<br />

fondamentale par rapport <strong>au</strong>x <strong>au</strong>tres types se situe surtout sur le plan <strong><strong>de</strong>s</strong> droits et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong>de</strong>voirs <strong>de</strong> l’allocataire. Dans le type intégration, les bénéficiaires sont en effet incités à<br />

fournir eux-mêmes <strong>au</strong>ssi <strong><strong>de</strong>s</strong> efforts. En contrepartie, l’organisme doit quant à lui <strong>au</strong>ssi<br />

fournir certains efforts pour faire réussir l’intégration du bénéficiaire. Hermans (2005)<br />

souligne que ces <strong>CPAS</strong> correspon<strong>de</strong>nt à un contenu émancipateur <strong>de</strong> l’État-Provi<strong>de</strong>nce actif<br />

car tant les <strong>de</strong>voirs <strong>de</strong> l’individu que les <strong>de</strong>voirs <strong>de</strong> la société sont soulignés. Concernant<br />

l’organisation entre les organismes, ces <strong>CPAS</strong> sont caractérisés par une attitu<strong>de</strong> proactive<br />

face <strong>au</strong>x acteurs loc<strong>au</strong>x du marché du travail (VDAB, intérim, …) car ils prennent euxmêmes<br />

l’initiative en main.<br />

La présente étu<strong>de</strong> va opposer les perspectives théoriques évoquées <strong>au</strong>x pratiques<br />

relatives à l’activation durable <strong>au</strong> <strong>sein</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> belges.<br />

contrat à durée indéterminée et <strong>de</strong> veiller à ce que cette personne acquière une expérience<br />

professionnelle et garantisse dans le meilleur <strong><strong>de</strong>s</strong> cas un emploi permanent.<br />

22


CHAPITRE 1 AU SUJET DES<br />

TRANSITIONS, PARCOURS DE VIE ET TRAJECTOIRES<br />

VERS LE MARCHÉ DU TRAVAIL<br />

1.1 Introduction<br />

PARTIE 2 :<br />

TRAJECTOIRES APRÈS<br />

ACTIVATION<br />

Dans cette partie, nous nous focalisons sur notre variable indépendante, à savoir les<br />

trajectoires <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires <strong>de</strong> <strong>CPAS</strong> à l’issue d’une mesure d’activation. Nous optons<br />

pour une métho<strong>de</strong> longitudinale sur base <strong>de</strong> laquelle nous reconstituons et décrivons cette<br />

trajectoire. L’analyse longitudinale, selon les modèles <strong>de</strong> carrière, s’intègre à l’analyse<br />

générale du <strong>parcours</strong> <strong>de</strong> vie. La sociologie considère la notion <strong>de</strong> <strong>parcours</strong> <strong>de</strong> vie comme<br />

l’un <strong><strong>de</strong>s</strong> concepts les plus réussis <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>rnières décennies (Dewil<strong>de</strong>, 2004a). Tout cela<br />

dépend gran<strong>de</strong>ment du point <strong>de</strong> départ <strong>de</strong> ces étu<strong><strong>de</strong>s</strong>. Quelques grands changements<br />

soci<strong>au</strong>x cruci<strong>au</strong>x (individualisation, séparation entre la sphère publique et celle <strong>de</strong> la vie<br />

privée, etc.) généralement définis comme étant le résultat du processus <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rnisation,<br />

ont transformé le <strong>parcours</strong> <strong>de</strong> vie préindustriel formaté en une vie multiple, imprévisible et<br />

incertaine.<br />

Il f<strong>au</strong>t entendre par <strong>parcours</strong> <strong>de</strong> vie, l’ensemble <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>parcours</strong> interdépendants qu’une<br />

personne suit durant sa vie ainsi que les trajectoires sociales qui y sont liées. Ces<br />

trajectoires concernent différents domaines <strong>de</strong> la vie : la formation et la dissolution d’une<br />

famille, le <strong>parcours</strong> pédagogique, le <strong>parcours</strong> professionnel et le <strong>parcours</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> revenus<br />

(Dewil<strong>de</strong>, 2004b). Le <strong>parcours</strong> se caractérise, dans ces différents domaines, par <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

changements plus ou moins soudains. Ceux-ci sont parfois considérés comme <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

transitions. L’ordre du jour <strong><strong>de</strong>s</strong> étu<strong><strong>de</strong>s</strong> consacrées <strong>au</strong> <strong>parcours</strong> <strong>de</strong> vie se focalise surtout<br />

sur l’explication <strong>de</strong> ces transitions (voir <strong>au</strong>ssi : Kalmijn, 2002).<br />

De même, la partie <strong>de</strong> cette analyse du <strong>parcours</strong> <strong>de</strong> vie qui est appliqué à cette étu<strong>de</strong>,<br />

à savoir celle <strong><strong>de</strong>s</strong> trajectoires sur le marché du travail, se focalise surtout sur une analyse<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> transitions. Les chercheurs semblent à cet égard <strong>au</strong>ssi être inspirés par l’idée que les<br />

trajectoires sur le marché du travail ne sont pas (ne sont plus) prévisibles. Buchman<br />

(1989) impute ce développement à trois facteurs structurels. Il constate tout d’abord une<br />

forte baisse du nombre d’emplois dès les années septante, ce qui a conduit <strong>au</strong> chômage<br />

structurel. Ce processus est renforcé par l’intégration croissante <strong>de</strong> l’économie mondiale.<br />

Les gran<strong><strong>de</strong>s</strong> entreprises ou les multinationales qui sont actives sur le marché international<br />

du travail sont en effet plus enclines à déplacer leur production dans <strong><strong>de</strong>s</strong> pays où les coûts<br />

sont plus faibles. Buchman (1989) impute <strong>de</strong>uxièmement le développement évoqué <strong>au</strong><br />

développement toujours plus rapi<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> nouvelles technologies. C’est lui qui oblige les<br />

salariés à mettre à nive<strong>au</strong> leurs qualifications à un rythme toujours plus rapi<strong>de</strong>.<br />

Simultanément, une spécialisation poussée est pénalisée en raison du besoin d’une main<br />

d’œuvre qui soit à tout instant employable <strong>de</strong> manière flexible. L’appréciation <strong>de</strong> certaines<br />

23


formations dépend en effet toujours <strong>de</strong> facteurs externes instables tels que la conjoncture<br />

économique et la concurrence internationale. Un troisième groupe <strong>de</strong> facteurs relève <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

changements sectoriels et <strong>de</strong> l’<strong>au</strong>gmentation du nombre <strong>de</strong> nouve<strong>au</strong>x métiers tels que le<br />

secteur TIC. Ces nouve<strong>au</strong>x métiers ne sont pas (encore) caractérisés par un <strong>parcours</strong><br />

professionnel clairement défini.<br />

Il est évi<strong>de</strong>nt que toute étu<strong>de</strong> consacrée <strong>au</strong>x <strong>parcours</strong> professionnels doit, en raison <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

développements évoqués ci-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus, et à l’instar <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>au</strong>tres domaines du <strong>parcours</strong> <strong>de</strong> vie,<br />

tenir compte d’un grand nombre <strong>de</strong> transitions que les individus peuvent traverser <strong>au</strong><br />

cours <strong>de</strong> leur vie. Dans la présente étu<strong>de</strong>, nous nous focalisons sur la situation consécutive<br />

à une seule transition, à savoir à l’issue d’une mesure d’activation du <strong>CPAS</strong>. Étant donné la<br />

situation très précaire <strong>de</strong> notre population sur le marché du travail et les macrocaractéristiques<br />

générales évoquées par Buchman, nous nous attendons à ce que les<br />

modèles <strong>de</strong> carrière présentent un canevas très instable. Au prochain paragraphe, nous<br />

abordons quelques étu<strong><strong>de</strong>s</strong> consacrées à la trajectoire <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> sociale.<br />

Ensuite, nous abordons les mesures d’activation que nous reprenons sous le volet<br />

quantitatif <strong>de</strong> la présente étu<strong>de</strong>.<br />

1.2 Caractéristiques <strong><strong>de</strong>s</strong> trajectoires<br />

En Flandre, l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Dehaes (1994) représente un point <strong>de</strong> départ idéal à toute étu<strong>de</strong><br />

longitudinale <strong>de</strong> la trajectoire <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> sociale. Elle prête attention à la<br />

dimension temporelle <strong>de</strong> la dépendance à l’allocation, <strong>au</strong>x chances d’<strong>au</strong>tonomie, <strong>de</strong><br />

rechute ou <strong>de</strong> continuation <strong>de</strong> la dépendance. Par ailleurs, elle étudie comment les<br />

transitions du cycle <strong>de</strong> vie peuvent contribuer à la dépendance ou à l’<strong>au</strong>tonomie et<br />

comment les caractéristiques du groupe à risques peuvent influencer ces transitions. En ce<br />

qui concerne la persistance <strong>de</strong> la dépendance à l’ai<strong>de</strong>, Dehaes (1994) conclut qu’un<br />

bénéficiaire sur <strong>de</strong>ux <strong>de</strong> l’échantillon étudié présente <strong><strong>de</strong>s</strong> signes <strong>de</strong> dépendance persistante<br />

à l’ai<strong>de</strong>. Elle en conclut que plus une personne reste dépendante d’une allocation, plus ses<br />

chances d’<strong>au</strong>tonomie définitive s’amenuisent. Les constats <strong>de</strong> Dehaes (1994) démontrent<br />

que pour une personne restée plus <strong>de</strong> trois ans en continu ou avec interruptions<br />

bénéficiaire <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> sociale, la possibilité d’ascension sociale est plus petite que la<br />

possibilité <strong>de</strong> rester ou <strong>de</strong> se retrouver une nouvelle fois dépendante <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> sociale.<br />

Le fait que <strong>de</strong> nombreux bénéficiaires se voient obligés <strong>de</strong> réintroduire une <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

d’allocation après une brève pério<strong>de</strong> d’<strong>au</strong>tonomie sans ai<strong>de</strong> sociale est confirmé par <strong>de</strong><br />

nombreuses étu<strong><strong>de</strong>s</strong> internationales. Ainsi, Hofferth et <strong>au</strong>tres (2005) semblent démontrer<br />

que près <strong>de</strong> la moitié <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires réintègrent l’ai<strong>de</strong> sociale après une <strong>au</strong>tonomie <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>ux ans. De même, Harris (1993) conclut dans une étu<strong>de</strong> sur les femmes isolées que<br />

ledit returns into welfare est rencontré par la moitié <strong>de</strong> cette population. Gottschalk et<br />

Moffitt (1994) plai<strong>de</strong>nt donc <strong>au</strong>ssi pour que toute étu<strong>de</strong> consacrée à la trajectoire <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

bénéficiaires <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> sociale accor<strong>de</strong> <strong>au</strong>ssi <strong>de</strong> l’attention à la possibilité que peuvent avoir<br />

les bénéficiaires ou les ex-bénéficiaires <strong>de</strong> dépendre à nouve<strong>au</strong> <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> sociale après une<br />

brève pério<strong>de</strong> d’<strong>au</strong>tonomie. De même, Gustaffson et <strong>au</strong>tres (2002) font une distinction<br />

entre d’une part les petits et les longs épiso<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> dépendance et d’<strong>au</strong>tre part ladite<br />

trajectoire interrompue.<br />

Outre l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la durée, <strong>de</strong> la persistance et <strong>de</strong> la présence ou non <strong>de</strong> trajectoire<br />

interrompue durant la dépendance à l’ai<strong>de</strong>, sont également étudiées en profon<strong>de</strong>ur, les<br />

caractéristiques démographiques et socio-économiques <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> sociale.<br />

Walker et Shaw (1998) constatent à cet égard que les bénéficiaires caractérisés par une<br />

longue trajectoire d’ai<strong>de</strong> sociale présentent quelques caractéristiques <strong>au</strong>gmentant le risque<br />

<strong>de</strong> persistance <strong>de</strong> la dépendance, peu importe que l’on se trouve <strong>au</strong> début, <strong>au</strong> milieu ou à<br />

24


la fin d’une trajectoire (voir <strong>au</strong>ssi : Bane et Ellwood, 1986). Dehaes (1994) constate parmi<br />

les nouve<strong>au</strong>x bénéficiaires <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> sociale une proportion élevée <strong>de</strong> divorcés et <strong>de</strong><br />

célibataires. Un petit nombre <strong>de</strong> ses répondants sont cohabitants ou mariés. Ce sont<br />

surtout les personnes isolées qui présentent un risque élevé <strong>de</strong> dépendance à l’allocation.<br />

En générale, nous pouvons affirmer que les bénéficiaires ayant <strong><strong>de</strong>s</strong> caractéristiques<br />

démographiques et socio-économiques favorables connaissent <strong><strong>de</strong>s</strong> pério<strong><strong>de</strong>s</strong> d’ai<strong>de</strong> sociale<br />

plus courtes que les personnes présentant lesdites caractéristiques à risques. Les<br />

princip<strong>au</strong>x bénéficiaires présentant un risque élevé <strong>de</strong> dépendance sont les infrascolarisés,<br />

les familles monoparentales, les bénéficiaires ayant <strong><strong>de</strong>s</strong> problèmes<br />

psychologiques et physiques et les bénéficiaires d’origine étrangère (Moffitt, 1992 ;<br />

San<strong>de</strong>fur et Cook, 1998 ; Bane et Ellwood, 1986).<br />

Dehaes (1994) s’interroge par ailleurs <strong>au</strong>ssi sur les pério<strong><strong>de</strong>s</strong> transitoires qui peuvent<br />

signifier un mouvement <strong>de</strong> dépendance à l’ai<strong>de</strong> sociale ou d’<strong>au</strong>tonomie. La perte d’emploi<br />

est selon elle le principal risque <strong>de</strong> dépendance. Dehaes (1994) constate à cet égard que<br />

seulement 20 % <strong>de</strong> la population réussit à trouver un emploi et échappe ainsi à une<br />

position <strong>de</strong> dépendance. Outre cette transition professionnelle, une transition familiale<br />

semble <strong>au</strong>ssi avoir d’importantes conséquences. La séparation d’un conjoint qui apportait<br />

un revenu <strong>au</strong> ménage est, outre la perte d’un emploi, le <strong>de</strong>uxième plus grand risque <strong>de</strong><br />

dépendance à l’ai<strong>de</strong>. Par ailleurs, il semble pour une partie limitée <strong>de</strong> la population qu’un<br />

nouve<strong>au</strong> conjoint apportant un revenu <strong>au</strong> ménage permette d’échapper à la dépendance à<br />

l’ai<strong>de</strong>.<br />

Outre l’importance <strong><strong>de</strong>s</strong> caractéristiques individuelles, les caractéristiques<br />

environnementales semblent <strong>au</strong>ssi jouer un rôle important dans la prévision d’une<br />

dépendance à l’ai<strong>de</strong>. Ainsi, Garcia et Kazepov (2002) affirment que d’une part, les facteurs<br />

liés <strong>au</strong> contexte socio-économique tels que les possibilités d’emploi et le t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> chômage,<br />

et d’<strong>au</strong>tre part, les facteurs propres à la stratégie d’ai<strong>de</strong> dans une relation complexe<br />

influencent les risques <strong>de</strong> dépendance à l’ai<strong>de</strong>. Hofferth et <strong>au</strong>tres (2002) constatent tout<br />

d’abord que lorsqu’une allocation est limitée dans le temps, les chances d’<strong>au</strong>tonomie<br />

<strong>au</strong>gmentent. Ils soulignent par ailleurs qu’un climat économique favorable est un facteur<br />

crucial qui peut faciliter les chances d’échapper à l’ai<strong>de</strong>. Dans un <strong>de</strong>rnier article, les mêmes<br />

<strong>au</strong>teurs constatent toutefois que ce sont surtout les circonstances économiques qui<br />

donnent à l’ai<strong>de</strong> son caractère durable. Un t<strong>au</strong>x élevé <strong>de</strong> chances d’emploi garantit en effet<br />

un faible risque <strong>de</strong> retour à la dépendance <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong>.<br />

Nous concluons que toute étu<strong>de</strong> consacrée à la trajectoire d’ai<strong>de</strong> doit refléter tant la<br />

dépendance et l’<strong>au</strong>tonomie que le retour à l’ai<strong>de</strong> sociale. Bien que dans le cadre du présent<br />

projet nous n’abordions pas les trajectoires d’ai<strong>de</strong> typiques telles qu’elles sont étudiées<br />

dans la littérature évoquée ci-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus, nous pouvons en revanche appuyer notre étu<strong>de</strong> sur<br />

leurs résultats. Nous nous focalisons en effet sur la transition à l’issue d’une mesure<br />

d’activation et nous examinons les carrières que développe cette population. Nous<br />

accordons à cet égard une attention plus particulière <strong>au</strong>x personnes qui rechutent après<br />

une mesure d’activation ou une allocation. Au paragraphe suivant, nous abordons la<br />

métho<strong>de</strong> que nous utilisons pour reconstituer les <strong>parcours</strong> professionnels <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires<br />

du <strong>CPAS</strong> à l’issue d’une mesure d’activation.<br />

25


CHAPITRE 2 MÉTHODE<br />

Dans ce chapitre, nous abordons la métho<strong>de</strong> sur base <strong>de</strong> laquelle nous reconstituons les<br />

<strong>parcours</strong> professionnels <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires <strong>de</strong> <strong>CPAS</strong>. Nous commençons par les données ; la<br />

datawarehouse marché du travail et protection sociale. Ensuite, abordons en détail<br />

l’Optimal Matching Analyse et abordons plus brièvement l’analyse <strong>de</strong> clusters.<br />

2.1 La datawarehouse marché du travail et<br />

protection sociale<br />

Nous utilisons la datawarehouse marché du travail et protection sociale. Nous disposons<br />

<strong>de</strong> données sur quinze trimestres. Nous analysons les carrières <strong><strong>de</strong>s</strong> individus qui ont<br />

achevé une mesure d’activation du <strong>CPAS</strong> entre le premier trimestre <strong>de</strong> 2003 et le <strong>de</strong>rnier<br />

trimestre <strong>de</strong> 2006. Les données concernent <strong><strong>de</strong>s</strong> individus qui ont achevé une mesure<br />

d’activation du SPP IS entre 2003 et 2006. Un individu termine une mesure d’activation en<br />

pério<strong>de</strong> T s’il ne fait plus l’objet d’une mesure d’activation <strong>au</strong> cours du trimestre suivant<br />

(T+1). Dans le cas où un individu a achevé une mesure d’activation en trimestre T1, alors<br />

nous disposons <strong>de</strong> données concernant :<br />

1. La mesure d’activation achevée en trimestre T1. Il s’agit <strong>de</strong> données spécifiques <strong>au</strong><br />

sujet <strong>de</strong> la nature <strong>de</strong> la mesure d’activation.<br />

2. Les données générales relatives <strong>au</strong> trimestre T1.<br />

3. Les données générales (par trimestre) concernant les <strong>au</strong>tres trimestres entre T1 et le<br />

<strong>de</strong>rnier trimestre <strong>de</strong> 2007.<br />

4. Les données professionnelles (par trimestre) concernant les <strong>au</strong>tres trimestres entre<br />

T1 et le <strong>de</strong>rnier trimestre <strong>de</strong> 2007.<br />

Cela signifie plus spécifiquement que notre premier point d’observation est fixé <strong>au</strong><br />

<strong>de</strong>uxième trimestre <strong>de</strong> 2003. Nous en analysons les personnes qui ont achevé leur mesure<br />

d’activation <strong>au</strong> cours du premier trimestre <strong>de</strong> 2003. Notre <strong>de</strong>rnier point d’observation est<br />

le <strong>de</strong>rnier trimestre <strong>de</strong> 2006. Nous en observons les individus qui ont achevé une mesure<br />

d’activation entre le premier trimestre <strong>de</strong> 2003 et le troisième trimestre <strong>de</strong> 2006. Au total,<br />

nous disposons <strong><strong>de</strong>s</strong> données relatives à 28548 personnes.<br />

Nous définissons une mesure d’activation comme étant une mesure qui souhaite insérer<br />

sur le marché du travail social et/ou régulier, un <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur d’emploi ou un bénéficiaire du<br />

revenu d’intégration. Les mesures du SPP IS évoquées concernent toutes les mesures<br />

d’activation <strong>de</strong> nos analyses. Nous basant sur les données du SPP IS, nous distinguons les<br />

mesures d’activation suivantes : article 60§7, article 61, SINE, ACTIVA, les programmes <strong>de</strong><br />

transition professionnelle (PTP), les ai<strong><strong>de</strong>s</strong> à l’intégration sociale et l’intérim d’insertion.<br />

2.2 Optimal Matching Analyse<br />

Dans la présente étu<strong>de</strong>, nous utilisons l’Optimal Matching Analyse (abrégée : OMA) afin<br />

<strong>de</strong> reconstituer une typologie <strong><strong>de</strong>s</strong> carrières. Cette typologie doit refléter conformément à la<br />

réalité les carrières <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires <strong>de</strong> <strong>CPAS</strong> à l’issue d’une mesure d’activation. Pourquoi<br />

l’OMA est-elle la technique qui convient le mieux en la matière ? Cette technique d’analyse<br />

26


nous permet en effet d’étudier la carrière dans son ensemble (Abbott, 1990). À l’ai<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

étu<strong><strong>de</strong>s</strong> nationales mais <strong>au</strong>ssi internationales, nous avons en effet démontré que les<br />

bénéficiaires <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> sociale se caractérisent par un grand nombre <strong>de</strong> transitions <strong>de</strong><br />

dépendance et d’<strong>au</strong>tonomie par rapport à l’ai<strong>de</strong> sociale, d’acquisition et <strong>de</strong> perte <strong>de</strong><br />

différentes formes d’emploi, mais <strong>au</strong>ssi <strong>de</strong> dépendance et d’<strong>au</strong>tonomie par rapport à<br />

d’<strong>au</strong>tres formes d’allocation et d’inactivité. Une bonne analyse longitudinale <strong>de</strong> ces<br />

carrières doit dès lors tenir compte <strong><strong>de</strong>s</strong> différentes transitions et <strong>de</strong> la succession <strong>de</strong><br />

statuts. OMA nous permet d’analyser différentes séquences par individu (in casu les<br />

carrières). Ces séquences se composent <strong>de</strong> séries d’observations qui font l’objet <strong>de</strong><br />

l’analyse. Il ne s’agit donc pas d’un point d’observation isolé, mais <strong>de</strong> toute une série<br />

d’observations par individu.<br />

Par individu, nous déterminons une ligne du temps jalonnée <strong>de</strong> n points <strong>de</strong> mesure, t 1,<br />

t 2, …, t n. À chaque pério<strong>de</strong>, nous mesurons une variable X. Cela permet <strong>de</strong> reconstituer<br />

une série d’observations permettant pour chaque répondant en pério<strong>de</strong> t <strong>de</strong> mesurer une<br />

variable X : X1, X2, …, Xn. Ce faisant, nous obtenons pour chaque individu <strong>de</strong> notre fichier<br />

<strong>de</strong> données, une séquence comportant n éléments. Chacun <strong>de</strong> ces éléments se compose<br />

d’une observation <strong>de</strong> variable X en pério<strong>de</strong> t. Pour chaque individu, cette séquence est<br />

fixée. Nous utilisons OMA en raison <strong>de</strong> sa possibilité à reprendre dans son entièreté chaque<br />

série temporelle par individu. Les observations sur <strong><strong>de</strong>s</strong> pério<strong><strong>de</strong>s</strong> séparées forment<br />

ensemble une seule séquence qui est analysée en tant qu’ensemble cohérent. Le caractère<br />

longitudinal <strong>de</strong> nos données et la succession <strong><strong>de</strong>s</strong> différentes transitions dans le temps sont<br />

donc préservés.<br />

Une première étape consiste donc à adapter notre fichier <strong>de</strong> données <strong>au</strong> format <strong>au</strong>quel<br />

nous allons appliquer l’analyse OMA. Nous créons en d’<strong>au</strong>tres mots un fichier <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong><br />

la personne attribuant une valeur à chacun <strong>de</strong> nos individus par pério<strong>de</strong> et par variable.<br />

Cela nous permet pour chacun <strong>de</strong> nos individus d’étudier la succession <strong>de</strong> positions sur la<br />

variable retenue.<br />

Dans une secon<strong>de</strong> étape, nous exécutons l’analyse OMA. OMA calcule un étalon qui<br />

reflète la mesure dans laquelle les séquences se distancent l’une <strong>de</strong> l’<strong>au</strong>tre ou se<br />

rapprochent l’une <strong>de</strong> l’<strong>au</strong>tre. Cette mesure peut être calculée pour chaque combinaison<br />

possible <strong>de</strong> séquences parmi les données. Nous considérons cet étalon comme une échelle<br />

<strong>de</strong> référence <strong>de</strong> la transformation. Plus le score obtenu sur cette échelle <strong>de</strong> transformation<br />

est faible, plus les carrières en question sont rapprochées les unes <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>au</strong>tres. Plus le score<br />

est élevé, plus les séquences sont distantes les unes <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>au</strong>tres. Le résultat est une<br />

matrice <strong>de</strong> données dans laquelle nous comparons entre elles chaque séquence <strong>de</strong> chaque<br />

individu.<br />

Dans une troisième étape, nous exécutons une analyse <strong>de</strong> clusters sur cette matrice <strong>de</strong><br />

données nous permettant d’analyser quelles séquences sont comparables et lesquelles ne<br />

le sont pas. Ce faisant, nous arrivons à composer une typologie <strong><strong>de</strong>s</strong> clusters selon laquelle<br />

la distance <strong><strong>de</strong>s</strong> séquences dans un même cluster est plus petite que la distance <strong>au</strong>x<br />

séquences d’un <strong>au</strong>tre cluster.<br />

Le choix <strong>de</strong> logiciel pour l’Optimal Matching Analyse s’est porté sur TDA 3 . Ce progiciel<br />

offre <strong>de</strong> nombreuses possibilités pour exécuter l’OMA et pour comparer les séquences<br />

entre elles. Il offre en d’<strong>au</strong>tres mots une large gamme <strong>de</strong> techniques analytiques pour<br />

reconstituer les carrières. Nous avons mené l’analyse <strong>de</strong> clusters à l’ai<strong>de</strong> du programme<br />

Clustan Graphics. Étant donné que nous disposions d’un gros fichier <strong>de</strong> données (n=28548<br />

voir paragraphe 2.1.) il fut impossible d’exécuter cette analyse <strong>de</strong> clusters en SPSS.<br />

3 Le programme peut être téléchargé gratuitement sur ce site Internet : http://steinh<strong>au</strong>s.stat.ruhr-<br />

uni-bochum.<strong>de</strong>/tda.html<br />

27


Clustan Graphics offre la possibilité <strong>de</strong> placer en clusters un grand nombre <strong>de</strong> cas ou<br />

d’individus sur base <strong>de</strong> plusieurs indicateurs.<br />

Le programme TDA présente l’important inconvénient <strong>de</strong> ne pouvoir analyser qu’un<br />

nombre limité <strong>de</strong> comparaisons ou scores <strong>de</strong> transformation. Dans la cadre <strong>de</strong> notre étu<strong>de</strong>,<br />

dans laquelle nous <strong>de</strong>vons analyser un fichier <strong>de</strong> données <strong>de</strong> 25845 individus, cela<br />

constitue un problème important. Étant donné que tous les individus doivent être<br />

comparés entre eux, nous obtenions une matrice <strong>de</strong> données excédant les 407.000.000 <strong>de</strong><br />

comparaisons. Nous avons vite constaté que ce fichier n’était plus en mesure d’être<br />

analysé. Les concepteurs du programme étaient cependant conscients <strong>de</strong> cette<br />

problématique et indiquaient dans leur mo<strong>de</strong> d’emploi quelques conseils pour réduire le<br />

nombre <strong>de</strong> comparaisons. L’un d’eux consiste à comparer chaque séquence à quelques<br />

séquences stéréotypes. Ainsi, le chercheur peut opter pour comparer chaque carrière à une<br />

ou plusieurs carrières. Nous avons décidé d’utiliser cette métho<strong>de</strong>. Au paragraphe 3, dans<br />

lequel nous abordons nos résultats, nous détaillons <strong>au</strong>ssi notre métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> travail. Avant<br />

cela, nous abordons brièvement la métho<strong>de</strong> d’analyse <strong>de</strong> clusters.<br />

2.3 À propos <strong>de</strong> l’analyse <strong>de</strong> clusters<br />

Le terme analyse <strong>de</strong> clusters comprend une large gamme <strong>de</strong> techniques et <strong>de</strong><br />

procédures pour classer les objets étudiés. Nous pouvons plus spécifiquement décrire<br />

l’analyse <strong>de</strong> clusters comme une technique statistique à variables multiples que nous<br />

utilisons pour réorganiser en catégories relativement homogènes, une série <strong>de</strong> données se<br />

composant d’informations sur certaines entités ou objets comme <strong><strong>de</strong>s</strong> individus, organismes<br />

ou quartiers ; dans notre cas, <strong><strong>de</strong>s</strong> catégories <strong>de</strong> <strong>CPAS</strong> présentant <strong><strong>de</strong>s</strong> caractéristiques<br />

relativement i<strong>de</strong>ntiques. Selon Al<strong>de</strong>n<strong>de</strong>rfer et Blashfield (1984), cette métho<strong>de</strong> est la plus<br />

fréquemment utilisée pour élaborer <strong><strong>de</strong>s</strong> typologies sur base <strong><strong>de</strong>s</strong>quelles <strong><strong>de</strong>s</strong> analyses<br />

ultérieures sont exécutées. Comme n’importe quelle <strong>au</strong>tre procédure statistique, une<br />

analyse <strong>de</strong> clusters nous place <strong>au</strong>ssi face à quelques choix importants.<br />

Un premier choix est la sélection <strong>de</strong> variables que nous utilisons pour répartir en<br />

clusters nos objets ou entités. Ce choix doit concerner the concept of similarity un<strong>de</strong>r<br />

which the study operates (Al<strong>de</strong>n<strong>de</strong>rfer et Blashfield, 1984:20). Nos variables doivent en<br />

d’<strong>au</strong>tres mots refléter le concept sur lequel repose notre étu<strong>de</strong> et sur base <strong>de</strong> cela mener à<br />

une clustérisation. Un <strong>de</strong>uxième choix concerne la mesure <strong>de</strong> la ressemblance entre les<br />

objets. Quelle technique appliquons-nous pour évaluer la ressemblance entre les <strong>CPAS</strong> sur<br />

base <strong><strong>de</strong>s</strong> variables sélectionnées ? Les techniques qui apparaissent le plus fréquemment en<br />

sociologie pour mesurer le lien entre <strong>de</strong>ux variables, sont les mesures <strong>de</strong> corrélation et<br />

d’association 4 . Celles-ci présentent toutefois différents inconvénients. Un coefficient <strong>de</strong><br />

corrélation permet en effet <strong>de</strong> mesurer uniquement la forme ou la direction du lien, mais<br />

pas la distance entre les variables. Les mesures d’association sont surtout utilisées pour les<br />

variables binaires. Il s’agit <strong>de</strong> variables se composant <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux catégories. Une technique<br />

particulièrement utile est celle <strong><strong>de</strong>s</strong> mesures qui calculent la distance entre <strong>de</strong>ux objets ; la<br />

plus utilisée est l’étalon euclidien.<br />

Une fois que nous avons sélectionné les variables pertinentes et choisi une technique<br />

pour mesurer la distance entre <strong>de</strong>ux variables, nous <strong>de</strong>vons examiner comment distinguer<br />

les différents groupes les uns <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>au</strong>tres. La métho<strong>de</strong> la plus diffusée et également la plus<br />

simple est la métho<strong>de</strong> agglomérative hiérarchique. L’interprétation du <strong>de</strong>ndrogramme est<br />

importante à cet égard. Ce type <strong>de</strong> diagramme présente les clusters étape par étape dans<br />

un graphique dans lequel <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> le plus bas, chaque objet forme un cluster séparé et<br />

4 Pour une explication plus détaillée <strong><strong>de</strong>s</strong> avantages et <strong><strong>de</strong>s</strong> inconvénients <strong>de</strong> ces techniques, nous vous<br />

renvoyons à Al<strong>de</strong>n<strong>de</strong>rfer et Blashfield (1984).<br />

28


<strong>au</strong> nive<strong>au</strong> le plus h<strong>au</strong>t, on retrouve tous les objets d’un même cluster. Le nombre total<br />

d’étapes s’élève à n-1, où n est égal <strong>au</strong> nombre d’objets. La métho<strong>de</strong> selon laquelle les<br />

objets sont à chaque étape attribués à un cluster est définie comme Average Linkage. Pour<br />

évaluer la relation d’un objet par rapport à un cluster, on se base sur la distance moyenne<br />

<strong>de</strong> tous les objets qui appartiennent à ce cluster 5 .<br />

Un <strong>de</strong>rnier problème concerne le choix du nombre <strong>de</strong> clusters sur lequel nous baserons<br />

notre typologie. Il n’existe à ce jour <strong>au</strong>cune procédure statistique sur base <strong>de</strong> laquelle nous<br />

pouvons déterminer <strong>de</strong> manière optimale le nombre <strong>de</strong> clusters. Al<strong>de</strong>n<strong>de</strong>rfer et Blashfield<br />

(1974) recomman<strong>de</strong>nt dès lors une métho<strong>de</strong> subjective sur base d’un diagramme<br />

d’arborescence ou <strong>de</strong>ndrogramme (voir plus loin). Plus la ligne verticale est longue, plus la<br />

distance entre les clusters qui se forment dans une prochaine étape est gran<strong>de</strong>. En<br />

d’<strong>au</strong>tres mots, nous <strong>de</strong>vons en fait déterminer visuellement le nombre idéal <strong>de</strong> clusters,<br />

sur base <strong>de</strong> la distance entre les clusters qui sont formés dans les différentes étapes.<br />

5 Outre la métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’« average linkage », il existe encore d’<strong>au</strong>tres métho<strong><strong>de</strong>s</strong> telles que la « single<br />

linkage » et la « complete linkage ». Une classification sur base du « single linkage » groupe les objets<br />

sur base <strong>de</strong> leur relation avec un seul <strong>au</strong>tre objet appartenant à un cluster. Si nous utilisons la<br />

métho<strong>de</strong> du « complete linkage » alors la relation entre l’objet et le cluster est évaluée sur base <strong>de</strong> la<br />

distance entre l’objet et chaque membre du cluster. La première métho<strong>de</strong> aboutit à un petit nombre<br />

<strong>de</strong> clusters, tandis que la secon<strong>de</strong> métho<strong>de</strong> applique <strong><strong>de</strong>s</strong> conditions plus rigoureuses et aboutit à un<br />

nombre <strong>de</strong> clusters plus élevé. La métho<strong>de</strong> que nous appliquons dans cette étu<strong>de</strong> est dès lors<br />

idéalement à « mi-chemin » entre les <strong>de</strong>ux approches (Al<strong>de</strong>n<strong>de</strong>rfer et Blashfield, 1984).<br />

29


CHAPITRE 3 RÉSULTATS<br />

Dans ce paragraphe, nous abordons les résultats <strong>de</strong> notre analyse longitudinale. Nous<br />

débutons par quelques analyses <strong><strong>de</strong>s</strong>criptives générales <strong>de</strong> la population <strong>de</strong> notre fichier <strong>de</strong><br />

données. Ensuite, nous passons <strong>au</strong>x analyses longitudinales et nous abordons la typologie<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> modèles <strong>de</strong> carrière. Dans une étape ultérieure, nous abordons pour chaque type<br />

quelques pério<strong><strong>de</strong>s</strong> importantes <strong>de</strong> la carrière et nous abordons la composition<br />

démographique <strong><strong>de</strong>s</strong> individus caractérisés par les types <strong>de</strong> carrière distingués.<br />

3.1 Quelques données préliminaires<br />

Tel que déjà précisé ci-avant, nous disposons <strong><strong>de</strong>s</strong> données <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong> la<br />

population <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires <strong>de</strong> <strong>CPAS</strong> qui , entre 2003 à 2006 ont achevé une mesure<br />

d’activation. Cela concerne un total <strong>de</strong> 28548 individus. Dans ce paragraphe, nous<br />

examinons quelques données <strong><strong>de</strong>s</strong>criptives <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong> la population en pério<strong>de</strong> T1 qui<br />

est le trimestre suivant directement la fin <strong>de</strong> la mesure d’activation. Nous commençons par<br />

les données relatives <strong>au</strong>x caractéristiques individuelles. Nous avons à notre disposition, les<br />

variables suivantes : sexe, âge, type <strong>de</strong> ménage et nationalité. Les données individuelles<br />

sont directement suivies par les informations relatives à la carrière.<br />

3.1.1 Caractéristiques individuelles<br />

En ce qui concerne les caractéristiques individuelles <strong>de</strong> notre population, le sexe est une<br />

première variable importante. Le Table<strong>au</strong> 1 présente la proportion d’hommes et <strong>de</strong><br />

femmes <strong>de</strong> la population totale. Nous concluons que le nombre d’hommes et <strong>de</strong> femmes<br />

est réparti <strong>de</strong> manière environ similaire. Le pourcentage d’hommes s’élève à 47,2 % et<br />

celui <strong>de</strong> femmes à 52,8 %.<br />

Table<strong>au</strong> 1 : sexe<br />

Sexe % du total<br />

Homme 47,2 %<br />

Femme 52,8 %<br />

En ce qui concerne l’âge, nous voyons <strong>au</strong> Table<strong>au</strong> 2 qu’une gran<strong>de</strong> proportion <strong>de</strong> notre<br />

population se trouve dans la classe d’âge 30 à 49 ans (52,6 %). Le <strong>de</strong>uxième plus grand<br />

groupe est celui <strong><strong>de</strong>s</strong> individus <strong>de</strong> 18 à 29 ans. Une petite minorité <strong>de</strong> notre population a<br />

plus <strong>de</strong> 50 ans ou n’a pas encore 18 ans. Nous concluons que la plus gran<strong>de</strong> proportion<br />

d’individus <strong>de</strong> notre population a entre 18 et 64 ans. Cela n’a rien d’étonnant étant donné<br />

que cette classe d’âge concerne l’âge <strong>de</strong> la population professionnelle active.<br />

30


Table<strong>au</strong> 2 : classe d’âge<br />

Âge % du total<br />

0 à 18 ans 0,3 %<br />

18 à 29 ans 33,0 %<br />

30 à 49 ans 52,6 %<br />

50 à 64 ans 13,0 %<br />

> 64 ans 0,1 %<br />

Inconnu 1,1 %<br />

Une troisième caractéristique est la nationalité. Nous pouvons uniquement effectuer<br />

une distinction entre individus belges, européens et d’une nationalité <strong>de</strong> la catégorie <strong>au</strong>tre.<br />

Les données obtenues concernant la nationalité concernent uniquement la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> 2003<br />

à 2005. Pour les individus qui ont achevé une mesure d’activation durant les trimestres <strong>de</strong><br />

2006, il nous manque les informations relatives à la nationalité. Nous constatons qu’une<br />

très gran<strong>de</strong> proportion, près <strong>de</strong> 80 %, <strong>de</strong> notre population possè<strong>de</strong> la nationalité belge.<br />

Ensuite, 13 % se caractérisent par une nationalité <strong>de</strong> type <strong>au</strong>tre et environ 8 % sont<br />

originaires d’un pays <strong>de</strong> l’Union européenne.<br />

Table<strong>au</strong> 3 : nationalité<br />

Nationalité % du total<br />

Belge 79,8 %<br />

Européen 7,7 %<br />

Autre 12,5 %<br />

Ces valeurs concernent uniquement les individus qui ont achevé une mesure d’activation durant les<br />

trimestres <strong>de</strong> 2003 à 2005.<br />

Outre l’âge, le sexe et la classe d’âge, nous disposons <strong>au</strong>ssi <strong>de</strong> données concernant le<br />

type <strong>de</strong> ménage. Au Table<strong>au</strong> 4, nous récapitulons la répartition <strong><strong>de</strong>s</strong> types <strong>de</strong> ménage <strong>de</strong><br />

notre population. Nous faisons une distinction entre couple marié avec et sans enfants,<br />

couple célibataire avec et sans enfants, famille monoparentale, ménages composés d’une<br />

seule personne, <strong>au</strong>tres et ménages collectifs. Notons que le groupe <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes isolées<br />

est fortement représenté dans notre population. Environ 40 % <strong>de</strong> notre population se<br />

caractérise en effet <strong>de</strong> ménages composés d’une seule personne. Par ailleurs, nous<br />

constatons que les parents isolés forment proportionnellement <strong>au</strong>ssi un grand groupe.<br />

Environ 30 % <strong><strong>de</strong>s</strong> individus semblent faire partie d’une famille monoparentale. Enfin, nous<br />

voyons que les individus caractérisés comme couple marié avec enfants occupent une<br />

proportion significative comparé à la population totale (13 %).<br />

Table<strong>au</strong> 4 : ménages<br />

Ménages % du total<br />

Couple marié avec enfants 13,2 %<br />

Couple marié sans enfants 3,6 %<br />

Couple non marié avec enfants 6,3 %<br />

Couple non marié sans enfants 4,3 %<br />

Famille monoparentale 29,2 %<br />

Ménages composés d’une seule personne 37,7 %<br />

Autre 5,2 %<br />

31


Ménage collectif 0,7 %<br />

3.1.2 Mesure d’activation achevée<br />

Dans ce paragraphe, nous examinons les données relatives à une mesure d’activation<br />

achevée par nos individus. Ces données concernent la pério<strong>de</strong> T-1, à savoir le trimestre<br />

durant lequel notre population a arrêté une mesure d’activation. Tel que déjà précisé ciavant,<br />

nous considérons qu’une trajectoire d’activation est achevée lorsqu’un individu<br />

n’effectue plus <strong>de</strong> trajectoire d’activation durant un trimestre. Notre observation débute<br />

par les individus qui <strong>au</strong> premier trimestre <strong>de</strong> 2003 ont arrêté leur trajectoire. Nous<br />

finissons par ceux qui, <strong>au</strong> troisième et avant-<strong>de</strong>rnier trimestre <strong>de</strong> 2006 ont achevé leur<br />

activation. Comment se comporte notre population durant le trimestre d’expiration <strong>de</strong> leur<br />

mesure d’activation ? Au Table<strong>au</strong> 5, nous constatons que notre population est répartie <strong>de</strong><br />

manière quasiment similaire sur les quinze trimestres. Le plus petit nombre d’individus<br />

achève sa mesure d’activation <strong>au</strong> premier trimestre <strong>de</strong> 2003. L’avant-<strong>de</strong>rnier et troisième<br />

trimestre <strong>de</strong> 2006 présente le plus grand nombre d’individus qui achèvent une trajectoire<br />

d’activation d’un <strong>CPAS</strong>.<br />

Table<strong>au</strong> 5 : trimestre d’achèvement<br />

Trimestre % du total<br />

20031 5,6 %<br />

20032 6,0 %<br />

20033 6,4 %<br />

20034 6,1 %<br />

20041 6,1 %<br />

20042 6,8 %<br />

20043 6,9 %<br />

20044 7,8 %<br />

20051 6,4 %<br />

20052 6,8 %<br />

20053 6,8 %<br />

20061 6,9 %<br />

20062 6,9 %<br />

20063 7,6 %<br />

20064 7,0 %<br />

20XXY avec XX=nombre et Y=trimestre<br />

Quelles mesures d’activation sont achevées ? Nous faisons une distinction entre article<br />

60§7, article 61, ai<strong>de</strong> à l’emploi en économie sociale, partenariats et mesure d’activation<br />

<strong>de</strong> type <strong>au</strong>tre. Nous constatons que la plus gran<strong>de</strong> proportion <strong>de</strong> notre population achève<br />

un article 60§7 (80 %). En <strong>de</strong>uxième place vient une <strong>au</strong>tonomie par le biais d’une ai<strong>de</strong> à<br />

l’emploi en économie sociale (10,3 %). Il s’agit d’un emploi sous article 60§7 dans une<br />

entreprise d’économie sociale. L’activation <strong>de</strong> type <strong>au</strong>tre occupe la troisième place. La<br />

catégorie partenariats présente le plus petit nombre <strong>de</strong> bénéficiaires sortants.<br />

32


Table<strong>au</strong> 6 : mesure d’activation en trimestre T-1<br />

Mesure d’activation % du total<br />

Article 60 80,3 %<br />

Article 61 1,0 %<br />

Ai<strong>de</strong> à l’emploi dans l’économie sociale 10,3 %<br />

Partenariats 0,4 %<br />

Autre<br />

7,9 %<br />

Si nous approfondissons la catégorie <strong>au</strong>tre, nous distinguons alors l’allocation<br />

d’emb<strong>au</strong>che, les programmes <strong>de</strong> transition professionnelle (PTP), SINE, ACTIVA, postes <strong>de</strong><br />

travail reconnus et intérim d’insertion. Sur le nombre total d’individus qui s’en sortent par<br />

une mesure d’activation <strong>de</strong> type <strong>au</strong>tre, il s’avère que la plus gran<strong>de</strong> proportion se<br />

caractérise par un emploi ACTIVA (47,2 %). La <strong>de</strong>uxième et la troisième place sont<br />

occupées par les programmes <strong>de</strong> transition professionnelle (31,5 %) et l’intérim d’insertion<br />

(10,1 %). L’allocation d’emb<strong>au</strong>che et les postes <strong>de</strong> travail reconnus se caractérisent par les<br />

plus petits pourcentages (respectivement 0,1 % et 3,2 %).<br />

Table<strong>au</strong> 7 : catégorie <strong>au</strong>tre<br />

Type activation % du total<br />

Allocation d’emb<strong>au</strong>che 0,1 %<br />

Programme <strong>de</strong> transition professionnelle<br />

(PTP)<br />

31,5 %<br />

SINE 7,6 %<br />

ACTIVA 47,2 %<br />

Postes <strong>de</strong> travail reconnus 3,2 %<br />

Intérim d’insertion 10,1 %<br />

3.2 Résultats <strong>de</strong> l’analyse longitudinale : une<br />

typologie <strong><strong>de</strong>s</strong> carrières<br />

Tel que mentionné dans la méthodologie, nous avons mené une Optimal Matching<br />

Analyse pour reconstituer une typologie <strong><strong>de</strong>s</strong> carrières. Cette typologie repose sur dix<br />

statuts que notre population peut intégrer durant la carrière qui suit la fin d’une mesure<br />

d’activation. Ces statuts sont :<br />

1. emploi à temps plein<br />

2. emploi à temps partiel<br />

3. indépendant<br />

4. <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur d’emploi<br />

33


5. intérim<br />

6. travailleur et revenu d’intégration<br />

7. revenu d’intégration<br />

8. activation ONEM<br />

9. activation <strong>CPAS</strong><br />

10. inactif<br />

La catégorie inactif concerne l’interruption <strong>de</strong> carrière complète, le crédit temps<br />

complet, pensionné sans emploi, entièrement prépensionné et invalidité.<br />

Au Table<strong>au</strong> 8, nous récapitulons la répartition <strong>de</strong> notre population selon le statut en<br />

pério<strong>de</strong> T1 (le trimestre suivant la fin <strong>de</strong> la mesure d’activation). Nous constatons qu’une<br />

gran<strong>de</strong> proportion <strong>de</strong> la population se caractérise par un statut <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur d’emploi<br />

(42,8 %). La <strong>de</strong>uxième place est occupée par les individus qui débutent par un emploi à<br />

temps plein. 15,3 % <strong>de</strong> notre population est engagé en T1 avec un contrat à temps plein.<br />

Le groupe ayant un statut <strong>de</strong> type <strong>au</strong>tre, à savoir les inactifs caractérisés par une pension,<br />

l’invalidité ou une interruption <strong>de</strong> carrière, occupe une proportion quasiment <strong>au</strong>ssi gran<strong>de</strong><br />

que la catégorie <strong><strong>de</strong>s</strong> emplois à temps plein (14,7 %). Les pourcentages <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>au</strong>tres<br />

catégories fluctuent entre 0,8 % (indépendants) et 5,7 % (emplois à temps partiel).<br />

Table<strong>au</strong> 8 : statut en pério<strong>de</strong> T1<br />

Statut % du total<br />

Emploi à temps plein 15,3 %<br />

Emploi à temps partiel 5,7 %<br />

Indépendant 0,8 %<br />

Deman<strong>de</strong>ur d’emploi 42,8 %<br />

Intérim 2,6 %<br />

Travailleur et revenu d’intégration 3,4 %<br />

Revenu d’intégration 10,1 %<br />

Activation ONEM 4,7 %<br />

Activation <strong>CPAS</strong> 0 %<br />

Autre 14,7 %<br />

Outre ces dix statuts à retenir, il fallait effectuer l’étape suivante <strong>de</strong> l’OMA et sur base<br />

<strong>de</strong> celle-ci effectuer l’analyse <strong>de</strong> clusters. Au paragraphe relatif à la métho<strong>de</strong>, nous<br />

affirmions déjà que nous comparions les séquences <strong>de</strong> chacun <strong>de</strong> nos individus à celles <strong>de</strong><br />

quelques carrières-stéréotypes. Nous l’avons fait avec les individus qui sur quinze<br />

trimestres ont été i<strong>de</strong>ntifiés comme relevant d’une <strong><strong>de</strong>s</strong> catégories suivantes : emploi à<br />

temps plein, emploi à temps partiel, indépendant, <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur d’emploi, revenu<br />

d’intégration, activation ONEM et inactif. Ces carrières constituaient sept points <strong>de</strong><br />

comparaison.<br />

Ce faisant, nous pouvons former <strong><strong>de</strong>s</strong> clusters d’individus qui présentent une petite ou<br />

une gran<strong>de</strong> distance par rapport à ces carrières. Les personnes qui durant un grand<br />

34


nombre <strong>de</strong> pério<strong><strong>de</strong>s</strong> d’observation se caractérisent par un emploi à temps plein seront<br />

placées dans le cluster <strong><strong>de</strong>s</strong> individus ayant <strong><strong>de</strong>s</strong> carrières similaires etc.<br />

Pour les <strong>au</strong>tres catégories telles qu’intérim, travailleur et revenu d’intégration, et<br />

activation <strong>CPAS</strong>, ce fut impossible car <strong>au</strong>cun <strong><strong>de</strong>s</strong> répondants ne se caractérise par un<br />

statut <strong>de</strong> ce genre durant les quinze trimestres.<br />

Le résultat <strong>de</strong> cette analyse <strong>de</strong> clusters est illustré en Figure 1. Cette figure est le<br />

<strong>de</strong>ndrogramme sur base duquel nous pourrons établir <strong>de</strong> manière optimale quelques<br />

clusters. Nous en distinguons dix. Le contenu exact <strong>de</strong> ces clusters peut être établi en les<br />

reliant <strong>au</strong>x données et à la succession <strong>de</strong> statuts à étudier dans chaque cluster. Sur base<br />

<strong>de</strong> ces analyses, nous retenons une typologie <strong>de</strong> carrières se composant <strong>de</strong> sept types.<br />

Nous répartissons la première catégorie en trois sous-catégories.<br />

1. Carrière durable (temps plein, temps partiel, indépendant)<br />

2. Carrière durable interrompue<br />

3. Carrière non durable<br />

4. Carrière non durable interrompue<br />

5. Revenu d’intégration<br />

6. Inactif<br />

7. Activation ONEM<br />

35


Figure 1 : <strong>de</strong>ndrogramme sur base <strong>de</strong> l’analyse <strong>de</strong> clusters à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> la matrice <strong>de</strong><br />

données <strong>de</strong> l’OMA<br />

Nous constatons <strong>de</strong> manière générale que les bénéficiaires <strong>de</strong> <strong>CPAS</strong> se caractérisent par <strong>de</strong><br />

gran<strong><strong>de</strong>s</strong> fluctuations ou transitions durant leur carrière. Ces carrières sont loin d’être<br />

stables et se caractérisent par plusieurs passages à différents statuts. En nous basant sur<br />

l’Optimal Matching Analyse, il a été possible d’effectuer une distinction entre différents<br />

types <strong>de</strong> carrière. Nous <strong>de</strong>vons constater qu’une minorité <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires se caractérise<br />

par un seul statut durant l’ensemble <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> observée. Notre technique analytique<br />

effectuait une distinction entre les carrières sur base d’un statut dominant, soit travailleur<br />

(temps plein, temps partiel, indépendant), <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur d’emploi, revenu d’intégration,<br />

allocation, ou activation ONEM. Ces carrières furent à chaque fois caractérisées par un seul<br />

statut dominant et un ou plusieurs statuts qui apparaissent moins dans ces clusters. Nous<br />

qualifions ceux-ci <strong>de</strong> statuts secondaires.<br />

Par ailleurs, nous avons constaté parmi les carrières durables et non durables que les<br />

individus diffèrent quant <strong>au</strong> nombre <strong>de</strong> leurs transitions ou <strong>au</strong>trement dit, leurs<br />

changements <strong>de</strong> statut. C’est pourquoi nous avons attribué une variable interruption <strong>au</strong>x<br />

36


carrières durables et non durables. Nous avons en effet effectué une distinction ultérieure<br />

entre les carrières durables interrompues et les carrières non durables interrompues. Dans<br />

les prochains paragraphes, nous nous focalisons sur la typologie <strong><strong>de</strong>s</strong> modèles<br />

professionnels et nous essayons sur base <strong>de</strong> plusieurs indicateurs <strong>de</strong> décrire la succession<br />

<strong>de</strong> statuts dominants et secondaires. Enfin, nous abordons <strong>au</strong>ssi les différences parmi les<br />

caractéristiques individuelles <strong><strong>de</strong>s</strong> différents types <strong>de</strong> carrière.<br />

Au Table<strong>au</strong> 9, nous présentons la répartition <strong>de</strong> notre population sur ces sept types. Le<br />

groupe le plus grand est celui <strong><strong>de</strong>s</strong> répondants ayant une carrière non durable. Ainsi, nous<br />

constatons que 28 % <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes qui ont achevé une mesure d’activation du <strong>CPAS</strong> se<br />

caractérisent par une carrière <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur d’emploi. Notons toutefois que près <strong>de</strong> 20 %<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> répondants sont en revanche activés d’une manière durable. Nous <strong>de</strong>vons souligner<br />

que cette activation durable concerne un emploi à temps plein, à mi-temps ou<br />

d’indépendant. Nous constatons que 7 % <strong>de</strong> la population se caractérise par une carrière<br />

durable interrompue. Dans les prochains paragraphes, nous examinons plus en détail les<br />

transitions <strong><strong>de</strong>s</strong> individus caractérisés par cette carrière.<br />

19 % <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes qui achèvent une trajectoire d’activation du <strong>CPAS</strong> aboutissent dans<br />

une variable interruption <strong><strong>de</strong>s</strong> carrières non durables. Cela signifie que sur la pério<strong>de</strong><br />

observée <strong>de</strong> maximum quinze trimestres, elles se caractérisent par une gran<strong>de</strong> alternance<br />

<strong>de</strong> statuts, mais que le statut dominant est défini comme étant celui du <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur<br />

d’emploi. Un nombre plus petit (13 %) aboutit à l’une <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>au</strong>tres formes d’inactivité. Il<br />

peut s’agir <strong>de</strong> pension, d’invalidité ou d’interruption <strong>de</strong> carrière.<br />

Environ 8 % <strong>de</strong> la population se caractérise par une carrière <strong>au</strong> cours <strong>de</strong> laquelle les<br />

personnes occupent essentiellement le statut <strong>de</strong> bénéficiaire du revenu d’intégration. Le<br />

groupe le plus petit débouche sur une carrière dans le cadre <strong><strong>de</strong>s</strong> mesures d’activation <strong>de</strong><br />

l’ONEM. Environ 5 % <strong>de</strong> la population débutera, à l’issue d’une mesure d’activation du<br />

<strong>CPAS</strong>, une activation à l’ONEM.<br />

Table<strong>au</strong> 9 : carrières durables<br />

Typologie <strong><strong>de</strong>s</strong> carrières % du total<br />

Carrière durable 19,3 %<br />

Carrière durable interrompue 7,2 %<br />

Carrière non durable 28,3 %<br />

Carrière non durable interrompue 18,8 %<br />

Revenu d’intégration 8,2 %<br />

Allocation 12,9 %<br />

Activation ONEM 5,3 %<br />

Dans les prochains paragraphes, nous approfondirons ces types. Nous décrivons chaque<br />

carrière sur base <strong>de</strong> quelques indicateurs et nous abordons enfin les différentes<br />

composantes démographiques <strong>de</strong> la typologie <strong><strong>de</strong>s</strong> carrières. Nous commençons par les<br />

carrières durables.<br />

37


3.2.1 Carrières durables analysées<br />

Tel que mentionné <strong>au</strong> paragraphe précé<strong>de</strong>nt, les carrières durables représentent un<br />

premier type. Nous décrivons celles-ci comme étant les carrières durant lesquelles le statut<br />

dominant est un emploi à temps plein, à temps partiel ou d’indépendant. Nous examinons<br />

<strong>au</strong> Table<strong>au</strong> 10 la répartition selon le type emploi, et nous constatons dès lors qu’une<br />

majorité <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes activées <strong>de</strong> manière durable exercent un emploi à temps plein.<br />

Environ 62 % se caractérisent par une carrière sous un régime <strong>de</strong> travail à temps plein. 32<br />

% <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes travaillent à temps partiel et le groupe le plus petit, environ 6 %, est<br />

indépendant.<br />

Table<strong>au</strong> 10 : type d’emplois durables<br />

Type d’emplois % du total<br />

Emploi à temps plein 62,4 %<br />

Emploi à temps partiel 32,0 %<br />

Emploi d’indépendant 5,7 %<br />

Pour chacune <strong>de</strong> ces carrières, nous abordons dans les prochains paragraphes les<br />

statuts <strong>de</strong> départ <strong>au</strong> premier trimestre, <strong>au</strong> <strong>de</strong>rnier trimestre et <strong>au</strong> trimestre qui se trouve<br />

<strong>au</strong> milieu <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> observée. Par ailleurs, nous abordons <strong>au</strong>ssi la situation <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

personnes qui débutent leur carrière <strong>au</strong> trimestre T1 comme travailleur et comme<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur d’emploi.<br />

3.2.1.1 Carrières ayant l’emploi à temps plein comme statut<br />

dominant<br />

Au Table<strong>au</strong> 11, nous présentons la répartition <strong>de</strong> la population caractérisée par une<br />

carrière du type emploi à temps plein comme statut en pério<strong>de</strong> T1. Il s’avère que la plus<br />

gran<strong>de</strong> majorité, près <strong>de</strong> 72 %, se caractérise <strong>au</strong> trimestre suivant la fin d’une mesure<br />

d’activation <strong>de</strong> carrière, par un emploi à temps plein. Notons toutefois qu’un nombre<br />

relativement important <strong>de</strong> carrières à temps plein débute par un statut <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur<br />

d’emploi (10 %). Pour les <strong>au</strong>tres statuts, nous constatons que les pourcentages varient<br />

entre 0,2 % d’indépendants et 5 % ayant comme statut <strong>de</strong> départ le type <strong>au</strong>tre<br />

(inactivité).<br />

Table<strong>au</strong> 11 : % d’emplois à temps plein comme statut <strong>de</strong> départ<br />

Statut % du total<br />

Emploi à temps plein 71,7 %<br />

Emploi à temps partiel 2,6 %<br />

Indépendant 0,2 %<br />

Deman<strong>de</strong>ur d’emploi 10,4 %<br />

Intérim 3,4 %<br />

Travailleur et revenu d’intégration 2,9 %<br />

Revenu d’intégration 1,9 %<br />

Activation ONEM 2,1 %<br />

Activation <strong>CPAS</strong> 0 %<br />

Autre 5,0 %<br />

38


Nous nous focalisons à présent sur le milieu <strong>de</strong> la carrière observée, en pério<strong>de</strong> Tm,<br />

nous constatons alors que la proportion d’emplois à temps plein monte <strong>de</strong> 71,7 % à un<br />

pourcentage <strong>de</strong> près <strong>de</strong> 91 %. Le pourcentage <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs d’emploi <strong><strong>de</strong>s</strong>cend <strong>de</strong> 10,4<br />

% à 1,7 %.<br />

Table<strong>au</strong> 12 : % d’emplois à temps plein comme statut Tm (<strong>au</strong> milieu <strong>de</strong> la carrière<br />

observée)<br />

Statut % du total<br />

Emploi à temps plein 90,9 %<br />

Emploi à temps partiel 1,8 %<br />

Indépendant 0,1 %<br />

Deman<strong>de</strong>ur d’emploi 1,7 %<br />

Intérim 1,4 %<br />

Travailleur et revenu d’intégration 0,3 %<br />

Revenu d’intégration 0,1 %<br />

Activation ONEM 1,0 %<br />

Activation <strong>CPAS</strong> 0,5 %<br />

Autre 1,5 %<br />

Le Table<strong>au</strong> 13 signale la proportion d’emplois à temps plein en pério<strong>de</strong> Te, c’est-à-dire le<br />

trimestre se situant à la fin <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> observée. Nous constatons que la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

personnes (85 %) exercent toujours un emploi à temps plein. En comparaison <strong>au</strong> trimestre<br />

T1, il s’avère que la proportion <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs d’emploi <strong><strong>de</strong>s</strong>cend à 5,2 %. En comparaison<br />

à la pério<strong>de</strong> Tm, nous rencontrons une légère h<strong>au</strong>sse. Les <strong>au</strong>tres pourcentages fluctuent<br />

entre 3,7 % (<strong>au</strong>tre) et 0,7 % (intérim).<br />

Table<strong>au</strong> 13 : % d’emplois à temps plein à la fin <strong>de</strong> la carrière observée (Te)<br />

Statut % du total<br />

Emploi à temps plein 85,3 %<br />

Emploi à temps partiel 2,9 %<br />

Indépendant 0,4 %<br />

Deman<strong>de</strong>ur d’emploi 5,2 %<br />

Intérim 0,7 %<br />

Travailleur et revenu d’intégration 0,4 %<br />

Revenu d’intégration 0,3 %<br />

Activation ONEM 0,7 %<br />

Activation <strong>CPAS</strong> 0,5 %<br />

39


Autre 3,7 %<br />

Nous pouvons constater que même si les individus <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong> carrières en T1<br />

aboutissent à un statut <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur d’emploi, ceux-ci présentent une gran<strong>de</strong> chance<br />

d’exécuter un emploi à temps plein durant une pério<strong>de</strong> ultérieure. Ces pronostics se<br />

confirment lorsque nous examinons la situation <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes qui débutent par un statut<br />

<strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur d’emploi. Des analyses complémentaires démontrent que 86,6 % <strong>de</strong> ce<br />

<strong>de</strong>rnier groupe exercent un emploi à temps plein <strong>au</strong> milieu <strong>de</strong> la carrière observée. À la fin<br />

<strong>de</strong> la carrière observée, nous constatons une h<strong>au</strong>sse montant jusqu’à 91 %.<br />

Table<strong>au</strong> 14 : <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs d’emploi en T1 comparé à la situation en Tm et Te<br />

Statut % du total en pério<strong>de</strong> Tm % du total en pério<strong>de</strong> Te<br />

Emploi à temps plein 86,6 % 91,3 %<br />

Emploi à temps partiel 2,0 % 1,4 %<br />

Indépendant 0 % 0 %<br />

Deman<strong>de</strong>ur d’emploi 2,3 % 2,8 %<br />

Intérim 3,1 % 0,8 %<br />

Travailleur et revenu<br />

d’intégration<br />

0 % 0 %<br />

Revenu d’intégration 0 % 0 %<br />

Activation ONEM 2,0 % 0,3 %<br />

Activation <strong>CPAS</strong> 0 % 0 %<br />

Autre 4,2 % 3,4 %<br />

3.2.1.2 Carrières ayant un emploi à temps partiel comme statut<br />

dominant<br />

Nous examinons les statuts <strong><strong>de</strong>s</strong> individus caractérisés par une carrière ayant un emploi<br />

à temps partiel comme statut dominant (voir Table<strong>au</strong> 15). Nous analysons cette fois<br />

encore la situation en T1, Tm et Te. En pério<strong>de</strong> T1, nous constatons qu’environ 60 % se<br />

caractérise par un régime <strong>de</strong> travail à temps partiel. Ce pourcentage monte à 87 % en<br />

pério<strong>de</strong> Tm et à 81 % en pério<strong>de</strong> Te. Une proportion relativement gran<strong>de</strong> débute comme<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur d’emploi (15 %). Ce pourcentage baisse toutefois considérablement jusqu’à<br />

3,4 % en Tm et présente à nouve<strong>au</strong> une légère h<strong>au</strong>sse en pério<strong>de</strong> Te (5,3 %). Le nombre<br />

d’individus qui débutent comme <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur d’emploi à temps plein est <strong>au</strong>ssi relativement<br />

élevé (8,2 %). La proportion d’emplois à temps plein <strong><strong>de</strong>s</strong>cend toutefois à 2,3 % en Tm et à<br />

5,1 % en Te.<br />

Table<strong>au</strong> 15 : % d’emplois à temps partiel comme situation en T1, Tm et Te<br />

Statut % du total en<br />

pério<strong>de</strong> T1<br />

% du total en<br />

pério<strong>de</strong> Tm<br />

% du total en<br />

pério<strong>de</strong> Te<br />

40


Emploi à temps plein 8,2 % 2,3 % 5,1 %<br />

Emploi à temps partiel 59,6 % 87,4 % 81,3 %<br />

Indépendant 0,3 % 0,2 % 0,5 %<br />

Deman<strong>de</strong>ur d’emploi 15,5 % 3,4 % 5,3 %<br />

Intérim 2,3 % 1,0 % 0,8 %<br />

Travailleur et revenu<br />

d’intégration<br />

3,1 % 0,5 % 0,3 %<br />

Revenu d’intégration 1,6 % 0,2 % 0,1 %<br />

Activation ONEM 2,3 % 1,5 % 0,6 %<br />

Activation <strong>CPAS</strong> 0 % 0,5 % 0,5 %<br />

Autre 6,9 % 2,8 % 5,7 %<br />

Nous nous focalisons <strong>au</strong> Table<strong>au</strong> 16 sur les individus ayant une carrière d’emploi à<br />

temps partiel, mais sont <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs d’emploi en T1, et nous constatons dès lors qu’une<br />

gran<strong>de</strong> proportion aboutissent en Tm et en Te à un emploi à temps partiel. Le t<strong>au</strong>x <strong>de</strong><br />

chance d’aboutir à un statut <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur d’emploi reste faible (environ 5,1 %).<br />

Table<strong>au</strong> 16 : <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs d’emploi en T1 comparé à la situation en Tm et Te<br />

Statut % du total en pério<strong>de</strong> Tm % du total en pério<strong>de</strong> Te<br />

Emploi à temps plein 3,7 % 5,8 %<br />

Emploi à temps partiel 81,0 % 80,0 %<br />

Indépendant 0,4 % 0,4 %<br />

Deman<strong>de</strong>ur d’emploi 5,1 % 5,8 %<br />

Intérim 1,8 % 0,7 %<br />

Travailleur et revenu<br />

d’intégration<br />

0 % 0 %<br />

Revenu d’intégration 0 % 0,4 %<br />

Activation ONEM 3,7 % 1,1 %<br />

Activation <strong>CPAS</strong> 0,4 % 0,0 %<br />

Autre 4,0 % 5,1 %<br />

3.2.1.3 Carrières ayant comme statut dominant : emploi<br />

d’indépendant<br />

Concernant les indépendants, nous constatons que dans ce groupe <strong>au</strong>ssi, plus <strong>de</strong> la<br />

moitié (55 %) débute comme indépendant. Ce pourcentage monte à 83 % en Tm et à 82<br />

% en Te. Ces individus ont en T1 une chance relativement gran<strong>de</strong> <strong>de</strong> débuter comme<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur d’emploi (17,6 %). Nous constatons toutefois que la proportion <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs<br />

d’emploi baisse fortement à 5,5 % en Tm et à 4,5 % en Te. De même, la proportion<br />

41


d’emplois à temps plein <strong><strong>de</strong>s</strong>cend <strong>de</strong> 7,7 % à 1,3 % en Tm et à 4,2 % en Te. Nous<br />

constatons une tendance à la baisse similaire pour les <strong>au</strong>tres statuts.<br />

Table<strong>au</strong> 17 : % d’indépendants comme situation en T1, Tm et Te<br />

Statut % du total en<br />

pério<strong>de</strong> T1<br />

% du total en<br />

pério<strong>de</strong> Tm<br />

Emploi à temps plein 7,7 % 1,3 % 4,2 %<br />

Emploi à temps partiel 4,8 % 1,9 % 0,3 %<br />

Indépendant 55,1 % 82,7 % 82,1 %<br />

Deman<strong>de</strong>ur d’emploi 17,6 % 5,5 % 4,5 %<br />

Intérim 1,0 % 0,6 % 0,6 %<br />

Travailleur et revenu<br />

d’intégration<br />

4,8 % 1,6 % 1,3 %<br />

Revenu d’intégration 2,6 % 0,3 % 2,2 %<br />

Activation ONEM 0 % 1,0 % 1,3 %<br />

Activation <strong>CPAS</strong> 0 % 1,6 % 1,0 %<br />

Autre 6,4 % 3,5 % 2,6 %<br />

Table<strong>au</strong> 18 : <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs d’emploi en T1 comparé à la situation en Tm et Te<br />

% du total en<br />

pério<strong>de</strong> Te<br />

Statut % du total en pério<strong>de</strong> Tm % du total en pério<strong>de</strong> Te<br />

Emploi à temps plein 3,6 % 1,8 %<br />

Emploi à temps partiel 1,8 % 0 %<br />

Indépendant 70,9 % 92,7 %<br />

Deman<strong>de</strong>ur d’emploi 21,8 % 5,5 %<br />

Intérim 0 % 0 %<br />

Travailleur et revenu<br />

d’intégration<br />

1,8 % 0 %<br />

Revenu d’intégration 0 % 0 %<br />

Activation ONEM 0 % 0 %<br />

Activation <strong>CPAS</strong> 0 % 0 %<br />

Autre 0 % 0 %<br />

Nous nous focalisons sur la situation du <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur d’emploi en pério<strong>de</strong> T1 caractérisé par<br />

une carrière ayant un emploi d’indépendant comme statut dominant, et nous constatons<br />

dès lors que la plus gran<strong>de</strong> proportion <strong>de</strong> ce groupe en Tm possè<strong>de</strong> un statut<br />

d’indépendant. Par ailleurs, nous constatons qu’un groupe encore relativement grand (21,8<br />

%) reste <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur d’emploi. Ce <strong>de</strong>rnier pourcentage baisse toutefois à environ 5,5 % en<br />

Te. Le pourcentage d’indépendants en pério<strong>de</strong> Te <strong>au</strong>gmente jusqu’à quasiment 93 %.<br />

3.2.2 Carrières durables interrompues<br />

42


Nous définissons les carrières durables interrompues comme <strong><strong>de</strong>s</strong> carrières qui se<br />

caractérisent par une succession élevée <strong>de</strong> transitions ou <strong>de</strong> passages à différents statuts.<br />

Ce sont les bénéficiaires qui durant une même pério<strong>de</strong> observée ne se caractérisent pas<br />

par une succession <strong>de</strong> différents statuts. En nous basant sur l’Optimal Matching Analyse,<br />

nous n’avons pu faire ressortir <strong>de</strong> modèles uniformes <strong>au</strong> <strong>sein</strong> <strong>de</strong> ce groupe. Le Table<strong>au</strong><br />

repris ci-<strong><strong>de</strong>s</strong>sous confirme ce constat. Le Table<strong>au</strong> 19 permet <strong>de</strong> constater que ce groupe<br />

aboutit en T1 à différents statuts. Notons qu’une proportion élevée <strong>de</strong> ce groupe possè<strong>de</strong><br />

un emploi soit sous statut d’emploi à temps plein (12,7 %), travail intérimaire (13,5 %),<br />

soit combine un emploi avec un revenu d’intégration (19,1 %). Par ailleurs, nous<br />

constatons <strong>au</strong>ssi qu’un grand nombre d’individus sont <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs d’emploi (16,8 %) ou<br />

se caractérisent par une forme d’inactivité. En pério<strong>de</strong> Tm, le pourcentage d’intérimaires<br />

monte à 17,5 % et nous remarquons <strong>au</strong>ssi un grand nombre d’individus qui retournent à<br />

une trajectoire d’activation du <strong>CPAS</strong> (25,7 %). De même, le pourcentage <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs<br />

d’emploi reste élevé (15,5 %). À la fin <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> observée (Te), nous constatons que ce<br />

groupe possè<strong>de</strong> une gran<strong>de</strong> chance d’aboutir à un statut <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur d’emploi (21,7 %)<br />

ou à une trajectoire d’activation du <strong>CPAS</strong> (17,0 %). Par ailleurs, nous constatons que les<br />

groupes se caractérisant <strong>au</strong>ssi par un emploi à temps plein ou par un emploi intérimaire<br />

restent relativement importants (11,4 %).<br />

Nous concluons que ce type <strong>de</strong> carrières ne se caractérise pas par un seul statut<br />

dominant. Nous constatons que la plupart débutent comme travailleurs par un emploi à<br />

temps plein, un emploi intérimaire ou encore combiné à un revenu d’intégration, mais que<br />

ceux-ci bénéficient d’une gran<strong>de</strong> chance <strong>de</strong> changer <strong>de</strong> statut <strong>au</strong> cours <strong><strong>de</strong>s</strong> trimestres<br />

suivants. La transition la plus fréquente <strong>de</strong> ce groupe est le retour à une trajectoire <strong>au</strong><br />

<strong>CPAS</strong> ou <strong>au</strong> passage à un statut <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur d’emploi.<br />

Table<strong>au</strong> 19 : % <strong>de</strong> carrières durables interrompues comme situation en T1, Tm et Te<br />

Statut % du total en<br />

pério<strong>de</strong> T1<br />

% du total en<br />

pério<strong>de</strong> Tm<br />

Emploi à temps plein 12,7 % 14,6 % 11,4 %<br />

Emploi à temps partiel 3,9 % 2,9 % 6,0 %<br />

Indépendant 0,3 % 0,1 % 0,8 %<br />

Deman<strong>de</strong>ur d’emploi 16,8 % 15,5 % 21,7 %<br />

Intérim 13,5 % 17,5 % 13,7 %<br />

Travailleur et revenu<br />

d’intégration<br />

19,1 % 14,6 % 7,9 %<br />

Revenu d’intégration 19,6 % 5,4 % 3,2 %<br />

Activation ONEM 2,6 % 3,5 % 7,7 %<br />

Activation <strong>CPAS</strong> 0 % 25,7 % 17,0 %<br />

Autre 11,6 % 7,7 % 10,6 %<br />

% du total en<br />

pério<strong>de</strong> Te<br />

Nous pouvons confirmer ce constat si nous analysons en Te et Tm les statuts <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

personnes ayant une carrière durable interrompue et qui en T1 travaillent dans un emploi<br />

à temps plein, comme intérimaire ou combinent travail avec revenu d’intégration. Ainsi, il<br />

s’avère qu’une série d’emplois à temps plein <strong>de</strong> ce groupe <strong><strong>de</strong>s</strong>cend <strong>de</strong> 13,4 % en Tm à 9,2<br />

% en Te. Le pourcentage <strong>de</strong> travailleurs intérimaires <strong><strong>de</strong>s</strong>cend d’environ 27 % à 17 %. De<br />

même, la proportion d’individus ayant un emploi combiné à un revenu d’intégration<br />

43


<strong><strong>de</strong>s</strong>cend <strong>de</strong> 26,7 % à 17,3 %. Nous constatons une h<strong>au</strong>sse pour le statut <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur<br />

d’emploi. Parmi les individus qui débutent comme travailleurs en T1, il s’avère que 5 %<br />

sont inscrits en Tm comme <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur d’emploi. Ce pourcentage monte en Te à 20 %. Le<br />

plus grand groupe <strong>de</strong> travailleurs en T1 effectue toutefois en Tm la transition à une<br />

trajectoire d’activation du <strong>CPAS</strong> (20 %). En Te, ce pourcentage reste relativement élevé<br />

(15 %).<br />

Table<strong>au</strong> 20 : travailleurs en T1 (temps plein, intérim, combinaison travail et revenu<br />

d’intégration) comparé à la situation en Tm et en Te<br />

Statut % du total en pério<strong>de</strong> Tm % du total en pério<strong>de</strong> Te<br />

Emploi à temps plein 13,4 % 9,2 %<br />

Emploi à temps partiel 1,4 % 5,2 %<br />

Indépendant 0 % 0,7 %<br />

Deman<strong>de</strong>ur d’emploi 5,3 % 20 %<br />

Intérim 26,6 % 17,3 %<br />

Travailleur et revenu<br />

d’intégration<br />

26,7 % 13,3 %<br />

Revenu d’intégration 4,3 % 1,8 %<br />

Activation ONEM 0,8 % 3,5 %<br />

Activation <strong>CPAS</strong> 19,6 % 15,0 %<br />

Autre 4,5 % 12,5 %<br />

3.2.3 Carrières non durables<br />

Un troisième type <strong>de</strong> carrières est celui <strong><strong>de</strong>s</strong> carrières non durables. Nous y distinguons<br />

clairement un statut dominant, celui du <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur d’emploi. En pério<strong>de</strong> T1, il s’avère que<br />

91 % <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes <strong>de</strong> ce groupe sont inscrites comme <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs d’emploi, tandis que<br />

ce pourcentage monte à 96 % en Tm et effectue une légère baisse en revenant en Te à 91<br />

%. Les pourcentages <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>au</strong>tres statuts restent logiquement sous les 3 %. Une petite<br />

minorité débute par un emploi à temps plein (2,8 %). Ce sous-groupe se réduit très vite<br />

en <strong><strong>de</strong>s</strong>cendant à 0,2 % en Tm et à 0,1 % en Te. Nous constatons clairement que le<br />

pourcentage <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs d’emploi reste <strong>au</strong>ssi constant après T1. Une petite minorité<br />

aboutit <strong>au</strong> cours <strong><strong>de</strong>s</strong> trois pério<strong><strong>de</strong>s</strong> d’observation à une <strong>au</strong>tre forme d’inactivité. Par<br />

ailleurs, nous constatons <strong>au</strong>ssi une légère h<strong>au</strong>sse <strong>de</strong> la proportion d’individus qui en Te<br />

effectuent le passage à une trajectoire d’activation <strong>de</strong> l’ONEM (2,0 %). Nous concluons que<br />

ce groupe dispose, à la fin d’une trajectoire d’activation du <strong>CPAS</strong>, d’une gran<strong>de</strong> chance <strong>de</strong><br />

rester exclu d’un statut <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur d’emploi.<br />

Table<strong>au</strong> 21 : % <strong>de</strong> carrières non durables comme situation en T1, Tm et Te<br />

Statut % du total en<br />

pério<strong>de</strong> T1<br />

% du total en<br />

pério<strong>de</strong> Tm<br />

Emploi à temps plein 2,8 % 0,2 % 0,1 %<br />

Emploi à temps partiel 0,9 % 0,8 % 1,3 %<br />

% du total en<br />

pério<strong>de</strong> Te<br />

44


Indépendant 0,1 % 0 % 0,1 %<br />

Deman<strong>de</strong>ur d’emploi 91,0 % 96 % 91 %<br />

Intérim 0,5 % 0,6 % 0,2 %<br />

Travailleur et revenu<br />

d’intégration<br />

0,7 % 0,1 % 0,1 %<br />

Revenu d’intégration 0,1 % 0,1 % 0,2 %<br />

Activation ONEM 0,4 % 0,4 % 2,0 %<br />

Activation <strong>CPAS</strong> 0 % 0 % 0,0 %<br />

Autre 3,0 % 2,1 % 2,0 %<br />

3.2.4 Carrières non durables interrompues<br />

Outre les carrières durables, les carrières durables interrompues et les carrières non<br />

durables, nous distinguons <strong>au</strong>ssi les carrières non durables interrompues. Ces carrières<br />

présentent un statut dominant évi<strong>de</strong>nt, celui du <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur d’emploi, mais se caractérisent<br />

simultanément par un nombre plus grand <strong>de</strong> transitions vers d’<strong>au</strong>tres statuts en<br />

comparaison <strong>au</strong>x carrières non durables. En T1, nous constatons que plus <strong>de</strong> la moitié <strong>de</strong><br />

ce groupe, après une trajectoire d’activation <strong>au</strong> <strong>CPAS</strong>, aboutit à un statut <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur<br />

d’emploi, environ 57 %. Ce nombre monte en Tm à 63 %, mais <strong><strong>de</strong>s</strong>cend en Te à environ<br />

49 %. Notons que sur les trois pério<strong><strong>de</strong>s</strong> d’observation, le <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur d’emploi peut être<br />

considéré comme le groupe le plus important. Ces pourcentages sont toutefois plus faibles<br />

que ceux du type précé<strong>de</strong>nt (carrières non durables). Cela s’explique notamment par le fait<br />

qu’outre une gran<strong>de</strong> chance d’aboutir <strong>au</strong> statut <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur d’emploi, ces individus se<br />

caractérisent durant leur carrière par une chance (un peu plus faible) d’effectuer une<br />

transition vers un <strong>au</strong>tre statut. En effet, nous constatons qu’il y a en T1 un pourcentage<br />

relativement grand d’emplois à temps plein (15,2 %). Ce pourcentage <strong><strong>de</strong>s</strong>cend toutefois à<br />

5,1 % en Tm et à 8,6 % en Te. De même, le nombre d’individus qui durant l’une <strong><strong>de</strong>s</strong> trois<br />

pério<strong><strong>de</strong>s</strong> observées, exerce un emploi à temps partiel, est relativement plus grand que<br />

dans le groupe précé<strong>de</strong>nt. Ainsi, il s’avère que 3,8 % en T1 aboutissent à un emploi à<br />

temps partiel. En Tm, le nombre monte à 15,2 %, mais re<strong><strong>de</strong>s</strong>cend à 6,1 % en Te. Par<br />

ailleurs, nous constatons qu’environ 13 % <strong><strong>de</strong>s</strong> carrières non durables interrompues en T1<br />

se caractérisent par une forme d’inactivité. Ce pourcentage présente une h<strong>au</strong>sse en Tm à<br />

15,2 % et en Te à 22,2 %.<br />

Table<strong>au</strong> 22 : % <strong><strong>de</strong>s</strong> carrières non durables interrompues comme situation en T1, Tm et Te<br />

Statut % du total en<br />

pério<strong>de</strong> T1<br />

% du total en<br />

pério<strong>de</strong> Tm<br />

Emploi à temps plein 15,2 % 5,1 % 8,6 %<br />

Emploi à temps partiel 3,8 % 15,2 % 6,1 %<br />

Indépendant 0,3 % 0,1 % 0,9 %<br />

Deman<strong>de</strong>ur d’emploi 57,5 % 62,7 % 48,8 %<br />

Intérim 3,4 % 4,9 % 4,8 %<br />

Travailleur et revenu<br />

d’intégration<br />

2,6 % 0,3 % 0,2 %<br />

% du total en<br />

pério<strong>de</strong> Te<br />

45


Revenu d’intégration 2,2 % 0,7 % 0,9 %<br />

Activation ONEM 2,2 % 3,3 % 7,2 %<br />

Activation <strong>CPAS</strong> 0 % 3,0 % 0,3 %<br />

Autre 12,9 % 15,2 % 22,2 %<br />

Nous concluons que bien que ces individus présentent durant leur carrière une gran<strong>de</strong><br />

chance d’aboutir à un statut <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur d’emploi, ils présentent simultanément une<br />

chance relativement gran<strong>de</strong> <strong>de</strong> passer à d’<strong>au</strong>tres statuts. Ainsi, une pério<strong>de</strong> d’emploi (à<br />

temps partiel ou à temps plein) semble apparaître relativement fréquemment <strong>au</strong> <strong>sein</strong> <strong>de</strong> ce<br />

groupe. Nous constatons en revanche que la chance d’aboutir à un emploi sur cette<br />

pério<strong>de</strong> est certes instable et présente un <strong>parcours</strong> houleux. Nous illustrons ce <strong>parcours</strong> en<br />

examinant l’évolution <strong><strong>de</strong>s</strong> statuts <strong><strong>de</strong>s</strong> individus caractérisés par une carrière non durable<br />

interrompue et par un emploi en T1. Le Table<strong>au</strong> 20 permet <strong>de</strong> conclure qu’une minorité<br />

arrive à gar<strong>de</strong>r cet emploi. 68 % aboutissent à un statut <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur d’emploi et ce tant<br />

en Tm qu’en Te. Par ailleurs, une proportion relativement gran<strong>de</strong> <strong>de</strong> ce groupe a effectué<br />

le passage à une trajectoire d’activation du <strong>CPAS</strong> ou se caractérise par une transition à une<br />

forme d’inactivité.<br />

Table<strong>au</strong> 23 : emploi en T1 (temps plein, temps partiel) comme situation en Tm et en Te<br />

Statut % du total en pério<strong>de</strong> Tm % du total en pério<strong>de</strong> Te<br />

Emploi à temps plein 5,5 % 5,0 %<br />

Emploi à temps partiel 7,3 % 4,5 %<br />

Indépendant 0 % 0,5 %<br />

Deman<strong>de</strong>ur d’emploi 68,3 % 68,9 %<br />

Intérim 2,4 % 3,5 %<br />

Travailleur et revenu<br />

d’intégration<br />

0,1 % 0,1 %<br />

Revenu d’intégration 0,2 % 0,7 %<br />

Activation ONEM 1,2 % 4,8 %<br />

Activation <strong>CPAS</strong> 8,8 % 11,7 %<br />

Autre 6,3 % 0,7 %<br />

3.2.5 Revenu d’intégration<br />

Un cinquième type <strong>de</strong> carrières est celui <strong><strong>de</strong>s</strong> carrières qui se caractérisent<br />

essentiellement par un statut <strong>de</strong> bénéficiaire du revenu d’intégration. Au table<strong>au</strong> 24, nous<br />

constatons que 80 % <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes <strong>de</strong> ce groupe reçoivent un revenu d’intégration en T1.<br />

Ce pourcentage monte en Tm à environ 87 % et re<strong><strong>de</strong>s</strong>cend à 74 %. Le statut <strong>au</strong>tre<br />

indiquant l’inactivité s’avère être le <strong>de</strong>uxième plus grand groupe pour les trois pério<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

observées.<br />

Table<strong>au</strong> 24 : % <strong>de</strong> carrières en tant que bénéficiaire du revenu d’intégration comme<br />

situation en T1, Tm et Te<br />

Statut % du total en % du total en % du total en<br />

46


pério<strong>de</strong> T1 pério<strong>de</strong> Tm pério<strong>de</strong> Te<br />

Emploi à temps plein 1,2 % 0,5 % 1,7 %<br />

Emploi à temps partiel 1,0 % 0,4 % 1,0 %<br />

Indépendant 0,0 % 0,0 % 0,3 %<br />

Deman<strong>de</strong>ur d’emploi 0,2 % 0,3 % 1,0 %<br />

Intérim 0,6 % 0,3 % 0,6 %<br />

Travailleur et revenu<br />

d’intégration<br />

4,4 % 2,4 % 2,2 %<br />

Revenu d’intégration 80,2 % 86,7 % 74,3 %<br />

Activation ONEM 0 % 0 % 0,1 %<br />

Activation <strong>CPAS</strong> 0 % 2,3 % 6,5 %<br />

Autre 12,3 % 7,1 % 12,4 %<br />

3.2.6 Inactif<br />

Un sixième type <strong>de</strong> carrières est celui <strong><strong>de</strong>s</strong> carrières qui se caractérisent essentiellement<br />

par un statut d’inactif. Tel que précisé précé<strong>de</strong>mment, nous pouvons considérer ce groupe<br />

comme étant celui <strong>de</strong> l’invalidité, la pension ou une interruption <strong>de</strong> carrière. Au table<strong>au</strong> 22,<br />

nous constatons que 63,8 % <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes <strong>de</strong> ce groupe débutent par le statut inactif. Ce<br />

pourcentage monte en Tm à 86,1 % et en Te à 81,4 %. En T1, nous constatons ensuite<br />

que les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs d’emploi représentent <strong>au</strong>ssi un groupe relativement grand. Cette<br />

proportion se réduit durant chaque pério<strong>de</strong> d’observation et finit à 4,2 % en Te. De même,<br />

la proportion d’emplois à temps plein diminue <strong>au</strong> fil du temps. En T1, nous constatons un<br />

pourcentage <strong>de</strong> 7,5 % et en Te, il s’avère que 3 % sont encore <strong>au</strong> travail. Nous constatons<br />

une évolution similaire pour le statut du revenu d’intégration. Tandis que 9,3 % en T1<br />

reçoivent un revenu d’intégration, il s’avère que ce nombre <strong><strong>de</strong>s</strong>cend à 4,3 %. Bien que ce<br />

groupe présente en T1 <strong>de</strong> nombreux changements <strong>de</strong> statut, nous constatons que la<br />

chance d’aboutir à un statut d’inactif <strong>au</strong>gment <strong>au</strong> fil du temps.<br />

Table<strong>au</strong> 25 : % <strong>de</strong> carrières ayant un statut d’inactif comme situation en T1, Tm et Te<br />

Statut % du total en<br />

pério<strong>de</strong> T1<br />

% du total en<br />

pério<strong>de</strong> Tm<br />

Emploi à temps plein 7,5 % 2,6 % 2,9 %<br />

Emploi à temps partiel 2,0 % 1,4 % 2,2 %<br />

Indépendant 0,4 % 0,1 % 0,5 %<br />

Deman<strong>de</strong>ur d’emploi 12,6 % 3,1 % 4,3 %<br />

Intérim 1,4 % 1,7 % 2,0 %<br />

Travailleur et revenu<br />

d’intégration<br />

2,3 % 0,6 % 0,3 %<br />

% du total en<br />

pério<strong>de</strong> Te<br />

47


Revenu d’intégration 9,3 % 3,1 % 4,2 %<br />

Activation ONEM 0,7 % 0,4 % 2,1 %<br />

Activation <strong>CPAS</strong> 0 % 1,1 % 1,4 %<br />

Autre 63,8 % 86,1 % 81,4 %<br />

3.2.7 Activation ONEM<br />

Le <strong>de</strong>rnier mais <strong>au</strong>ssi le plus petit <strong><strong>de</strong>s</strong> groupes est celui <strong><strong>de</strong>s</strong> individus ayant comme<br />

statut dominant l’activation <strong>de</strong> l’ONEM. Le Table<strong>au</strong> 23 présente la carrière <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

représentants <strong>de</strong> ce groupe. Nous y constatons que le statut dominant, à savoir l’activation<br />

ONEM, présente une proportion élevée sur les trois pério<strong><strong>de</strong>s</strong> observées. Notons toutefois<br />

qu’il y a une gran<strong>de</strong> baisse <strong>de</strong> 92 % en Tm à 64,2 % en Te. Celle-ci s’accompagne d’une<br />

gran<strong>de</strong> h<strong>au</strong>sse <strong>de</strong> la proportion d’emplois à temps plein et d’emplois à temps partiel. Le<br />

premier groupe présente une h<strong>au</strong>sse <strong>de</strong> 1,9 % en Tm et <strong>de</strong> 15,4 % en Te. Les emplois à<br />

temps partiel présentent une proportion <strong>de</strong> 1,9 % et <strong>de</strong> 0,7 % respectivement en T1 et<br />

Tm, mais montent à 8,1 % en Te. Il s’avère simultanément que la proportion <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs d’emploi <strong>au</strong>gmente entre Tm (3,0 %) et Te (7,5 %). Cette donnée se<br />

confirme lorsque nous examinons <strong>au</strong> Table<strong>au</strong> 26 la succession <strong>de</strong> statuts sur la pério<strong>de</strong><br />

pour les individus qui à partir <strong>de</strong> T1 aboutissent à une trajectoire d’activation <strong>de</strong> l’ONEM.<br />

Table<strong>au</strong> 26 : % <strong>de</strong> carrières ayant un statut d’inactif comme situation en T1, Tm et Te<br />

Statut % du total en<br />

pério<strong>de</strong> T1<br />

% du total en<br />

pério<strong>de</strong> Tm<br />

Emploi à temps plein 7,5 % 1,9 % 15,4 %<br />

Emploi à temps partiel 1,9 % 0,7 % 8,1 %<br />

Indépendant 0,3 % 0,1 % 0,4 %<br />

Deman<strong>de</strong>ur d’emploi 18,5 % 3,0 % 7,5 %<br />

Intérim 0,9 % 0,1 % 0,6 %<br />

Travailleur et revenu<br />

d’intégration<br />

1,6 % 0,1 % 0 %<br />

Revenu d’intégration 0,1 % 0,1 % 0,1 %<br />

Activation ONEM 65,3 % 92,0 % 64,2 %<br />

Activation <strong>CPAS</strong> 0 % 0,7 % 0 %<br />

Autre 4,0 % 1,5 % 3,8 %<br />

% du total en<br />

pério<strong>de</strong> Te<br />

Ce table<strong>au</strong> démontre clairement que la proportion <strong>de</strong> travailleurs entre Tm et Te<br />

présente une h<strong>au</strong>sse élevée. Pour les emplois à temps plein <strong>de</strong> 1,2 % à 16,8 % et pour les<br />

emplois à temps partiel <strong>de</strong> 0,5 % à 8,1 %. De même, la proportion <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs<br />

d’emploi s’avère monter <strong>de</strong> 1,9 % à 7,7 %. Nous pouvons conclure que les individus qui<br />

débutent par une trajectoire d’activation à l’ONEM durant la pério<strong>de</strong> observée présentent<br />

une chance relativement élevée d’aboutir soit à un emploi (temps plein, temps partiel),<br />

soit à un statut <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur d’emploi.<br />

Table<strong>au</strong> 27 : activation ONEM comme situation en Tm et Te<br />

48


Statut % du total en pério<strong>de</strong> Tm % du total en pério<strong>de</strong> Te<br />

Emploi à temps plein 1,2 % 16,8 %<br />

Emploi à temps partiel 0,5 % 8,1 %<br />

Indépendant 0,1 % 0,3 %<br />

Deman<strong>de</strong>ur d’emploi 1,9 % 7,7 %<br />

Intérim 0,1 % 0,4 %<br />

Travailleur et revenu<br />

d’intégration<br />

0 % 0 %<br />

Revenu d’intégration 0 % 0 %<br />

Activation ONEM 95,7 % 62,4 %<br />

Activation <strong>CPAS</strong> 0 % 0 %<br />

Autre 0 % 0 %<br />

3.2.8 Typologie <strong><strong>de</strong>s</strong> carrières et caractéristiques<br />

individuelles<br />

Quelle est la composition démographique <strong><strong>de</strong>s</strong> sept types <strong>de</strong> carrière ? Trouvons-nous plus<br />

<strong>de</strong> femmes que d’hommes dans certains types <strong>de</strong> carrière ? Au Table<strong>au</strong> 28, nous<br />

examinons la répartition selon le sexe. Concernant les carrières durables, nous constatons<br />

que les femmes (55 %) présentent un petit avantage par rapport <strong>au</strong>x hommes (45 %).<br />

Lorsque nous effectuons une répartition selon l’emploi à temps plein, à temps partiel et<br />

d’indépendant, nous constatons alors que ce sont surtout les emplois à temps partiel qui<br />

présentent un pourcentage élevé <strong>de</strong> femmes. 80 % <strong>de</strong> femmes contre 20 % d’hommes<br />

travaillent sous un régime <strong>de</strong> travail à temps partiel. Les hommes sont mieux représentés<br />

dans l’emploi à temps plein et l’emploi d’indépendant. Il s’avère par ailleurs que les<br />

carrières durables interrompues concernent davantage les hommes (52 %) que les<br />

femmes (48 %). Parmi les types <strong>de</strong> carrière définis comme non durable ou non durable<br />

interrompue, nous comptons plus <strong>de</strong> femmes que d’hommes. Les hommes semblent être<br />

davantage présents dans les types <strong>de</strong> carrière « revenu d’intégration » et « inactif ». Dans<br />

le <strong>de</strong>rnier type <strong>de</strong> carrière, activation ONEM, les femmes sont plus nombreuses que les<br />

hommes. La répartition selon la classe d’âge, dans le Table<strong>au</strong> 29, démontre que dans tous<br />

les types <strong>de</strong> carrière, les 30 à 49 ans et les 18 à 29 ans apparaissent le plus. Un<br />

pourcentage exceptionnellement élevé <strong>de</strong> 30 à 49 ans est également présent pour l’emploi<br />

à temps partiel (62 %) et d’indépendant (63 %).<br />

Le Table<strong>au</strong> 30 reprend la répartition selon le type <strong>de</strong> ménage. Les catégories les plus<br />

gran<strong><strong>de</strong>s</strong> sont celles <strong><strong>de</strong>s</strong> familles monoparentales et <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes isolées (ménages ne<br />

comptant qu’une seule personne). Dans la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> types <strong>de</strong> carrière, les ménages ne<br />

comptant qu’une seule personne sont les plus représentés. Une importante exception est<br />

la catégorie <strong>de</strong> l’emploi à temps partiel. 41 % <strong><strong>de</strong>s</strong> individus ayant un emploi à temps<br />

partiel proviennent d’un ménage ne comptant qu’une seule personne. Dans cette<br />

catégorie, nous constatons 25 % <strong>de</strong> ménages ne comptant qu’une seule personne. Par<br />

ailleurs, nous constatons que les types <strong>de</strong> carrière « emploi à temps plein » et<br />

« indépendant » comptent le plus <strong>de</strong> couples mariés avec enfants, environ 18 %.<br />

Outre le sexe, l’âge, le type <strong>de</strong> ménage, nous abordons encore une quatrième<br />

caractéristique, à savoir la nationalité (Table<strong>au</strong> 31). Tel que l’on pouvait s’y attendre, nous<br />

49


constatons dans les sept typologies <strong>de</strong> carrière un pourcentage élevé <strong>de</strong> <strong>Belges</strong>. Notons<br />

que le pourcentage d’individus ayant une nationalité européenne ou une <strong>au</strong>tre nationalité<br />

est relativement plus élevé dans la catégorie <strong><strong>de</strong>s</strong> carrières non durables. De plus, nous<br />

constatons une proportion élevée d’individus d’une <strong>au</strong>tre nationalité parmi les travailleurs<br />

indépendants (15 %).<br />

Dans cet avant-<strong>de</strong>rnier table<strong>au</strong>, le Table<strong>au</strong> 32, nous examinons la répartition <strong><strong>de</strong>s</strong> types <strong>de</strong><br />

carrière selon la mesure d’activation achevée. Ce faisant, nous pouvons déduire <strong>de</strong> quelle<br />

mesure d’activation les individus <strong>de</strong> chacun <strong><strong>de</strong>s</strong> sept types <strong>de</strong> carrière proviennent.<br />

Dans tous les types <strong>de</strong> carrière, nous constatons une surreprésentation du pourcentage <strong>de</strong><br />

l’article 60§7. Les pourcentages varient <strong>de</strong> 72 % (revenu d’intégration) à 83,7 % (non<br />

durable). Les types <strong>de</strong> carrière non durable, non durable interrompue et activation ONEM<br />

se caractérisent par le pourcentage le plus élevé d’individus issus du circuit <strong>de</strong> l’article 60.<br />

Dans les trois types, nous constatons un pourcentage d’environ 83 %. De même, les<br />

personnes bénéficiant d’une ai<strong>de</strong> à l’emploi dans l’économie sociale possè<strong>de</strong>nt une<br />

représentation élevée dans ces <strong>de</strong>rniers types <strong>de</strong> carrière. Environ 10 % à 12 % <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

individus provenant d’une ai<strong>de</strong> à l’emploi dans l’économie sociale se caractérisent par une<br />

carrière non durable (interrompue, non interrompue), activation ONEM ou en tant<br />

qu’inactif. Notons que les carrières durables (temps plein, temps partiel et indépendant)<br />

présentent le pourcentage le plus élevé <strong>de</strong> carrières du type « <strong>au</strong>tre », environ 12 %. Ce<br />

pourcentage se répartit presque uniformément sur les carrières à temps plein, à temps<br />

partiel et indépendant. De même, dans les catégories <strong>de</strong> l’emploi durable interrompu et du<br />

revenu d’intégration, nous constatons un pourcentage relativement élevé. Pour les<br />

carrières <strong>de</strong> type non durable, non durable interrompu ou activation ONEM, nous<br />

observons un pourcentage relativement plus petit d’environ 4 % à 5 %. Cette donnée se<br />

confirme lorsque nous examinons la répartition du type <strong>de</strong> mesure d’activation <strong>de</strong>puis son<br />

achèvement jusqu’<strong>au</strong> type <strong>de</strong> carrière. Nous remarquons dès lors que les personnes qui<br />

achèvent une trajectoire d’activation article 60 présentent les chances les plus élevées,<br />

environ 30 %, d’aboutir à un emploi non durable. Les chances d’aboutir à une carrière<br />

durable sont relativement plus faibles, 19 %. En revanche, ce sont toutefois les mesures<br />

d’activation <strong>de</strong> type <strong>au</strong>tre (Allocation d’emb<strong>au</strong>che, Programmes <strong>de</strong> transition<br />

professionnelle (PTP), SINE, ACTIVA, Postes <strong>de</strong> travail reconnus ou intérim d’insertion) qui<br />

présentent les chances les plus élevées d’aboutir à un emploi durable (30 %). Les chances<br />

d’aboutir à un emploi non durable dans cette catégorie sont plus petites et s’élèvent à 12<br />

%.<br />

50


Table<strong>au</strong> 28 : type <strong>de</strong> carrières selon le sexe<br />

Sexe Durable Temps Temps Indépendant Durable Non<br />

Non durable Revenu Inactif Activation<br />

plein partiel<br />

interrompue durable interrompue d’intégration<br />

ONEM<br />

Homme 45,1% 56,3% 20,1% 62,5% 51,6% 44,2% 46,9% 54,5% 53,6% 40,8<br />

Femme 54,9% 43,7% 79,9% 37,5% 48,4% 55,8% 53,1% 45,5% 46,4% 59,2<br />

Total 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100%<br />

Table<strong>au</strong> 29 : type <strong>de</strong> carrières selon l’âge<br />

Âge Durable Temps Temps Indépendant Durable Non<br />

Non durable Revenu Inactif Activation<br />

plein partiel<br />

interrompue durable interrompue d’intégration<br />

ONEM<br />

0 à 18 ans 0,1% 0,1% 0,1% 0,0% 0,3% 0,0% 0,2% 1,1% 0,7% 0,0%<br />

18<br />

ans<br />

à 29 30,9% 33,9% 26,8% 21,2% 38,6% 26,9% 40,4% 42,8% 35,6% 19,0%<br />

30<br />

ans<br />

à 49 56,2% 52,8% 61,5% 63,2% 48,8% 58,4% 50,4% 43,9% 42,9% 57,5%<br />

50<br />

ans<br />

à 64 12,3% 12,5% 11,3% 15,1% 11,4% 14,2% 7,9% 10,2% 17,4% 23,2%<br />

> 64 ans 0,01% 0,7% 0,1% 0,6% 0,9% 0,6% 1,0% 0,1% 0,3% 0,3%<br />

Total 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100%<br />

Table<strong>au</strong> 30 : type <strong>de</strong> carrières selon le type <strong>de</strong> ménages<br />

Type <strong>de</strong> ménages Durable Temps Temps Indépendant Durable Non Non durable Revenu Inactif Activation<br />

plein partiel<br />

interrompue durable interrompue d’intégration<br />

ONEM<br />

Couple<br />

enfants<br />

marié avec 16,3% 17,7% 13,3% 17,2% 11,9% 11,8% 14,1% 7,0% 12,5% 16,2%<br />

Couple<br />

enfants<br />

marié sans 4,3% 4,4% 3,8% 5,4% 2,7% 3,6% 3,8% 1,9% 3,8% 3,7%<br />

Couple non marié avec<br />

enfants<br />

7,4% 6,8% 8,9% 6,3% 6,6% 5,2% 6,6% 3,3% 8,4% 4,8%<br />

Couple non marié sans<br />

enfants<br />

5,3% 5,6% 5,2% 2,5% 4,5% 3,0% 4,5% 2,6% 5,6% 5,1%<br />

Famille monoparentale 30,0% 24,8% 40,8% 24,3% 28,4% 33,9% 28,0% 28,3% 20,4% 31,5%<br />

Ménage d’une personne 32,4% 35,5% 24,7% 41,4% 39,8% 38,4% 38,2% 48,9% 37,2% 34,9%<br />

Autre 4,2% 5,0% 3,0% 2,9% 4,8% 3,9% 4,4% 6,2% 10,7% 3,3%<br />

Ménage collectif 0,3% 0,3% 0,3% 0,0% 1,3% 0,3% 0,5% 1,7% 1,4% 0,5%<br />

Total 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100%<br />

51


Table<strong>au</strong> 31 : type <strong>de</strong> carrières selon la nationalité<br />

Nationalité Durable Temps Temps Indépendant Durable Non<br />

Non durable Revenu Inactif Activation<br />

plein partiel<br />

interrompue durable interrompue d’intégration<br />

ONEM<br />

Belge 81,9% 80,7% 84,8% 78,7% 80,4% 79,5% 77,3% 81,5% 78,5% 83,7%<br />

Européen 6,7% 6,8% 6,5% 6,3% 7,0% 11,9% 8,0% 6,7% 8,2% 6,5%<br />

Autre 11,5% 12,5% 8,8% 15,1% 12,5% 12,0% 14,7% 11,9% 13,3% 9,8%<br />

Total 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100%<br />

Table<strong>au</strong> 32 : type <strong>de</strong> carrières selon la mesure d’activation en T-1<br />

Type <strong>de</strong> ménage Durable Temps Temps Indépendant Durable Non Non durable Revenu Inactif Activation<br />

plein partiel<br />

interrompue durable interrompue d’intégration<br />

ONEM<br />

Article 60§7 78,7% 77,9% 80,8% 75,6% 73,5% 83,7% 82,8% 72,0% 79,0% 83,2%<br />

Article 61 2,0% 2,4% 1,2% 2,2% 2,0% 0,4% 1,0% 1,0% 1,0% 0,2%<br />

Partenariats 0,1% 0,2% 0,2% 0% 0,8% 0,3% 0,2% 2,4% 0,3% 0,1%<br />

Ai<strong>de</strong> à l’emploi dans 7,3% 7,6% 6,5% 9,0% 10,0% 10,7% 10,9% 9,8% 12,8% 12,3%<br />

l’économie sociale<br />

Autre 11,9% 12,1% 11,3% 13,1% 13,8% 4,9% 5,2% 14,8% 6,9% 4,2%<br />

Total 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100%<br />

Table<strong>au</strong> 33 : mesure d’activation selon le type <strong>de</strong> carrières<br />

Type <strong>de</strong> ménage Article 60§7 Article 61 Partenariats Ai<strong>de</strong> à l’emploi Autre<br />

dans<br />

sociale<br />

l’économie<br />

Durable 19,0% 36,8% 6,3% 13,7% 28,9%<br />

Durable interrompue 6,6% 13,5% 12,6% 6,9% 12,4%<br />

Non durable 29,6% 10,1% 19,7% 29,4% 17,4%<br />

Non durable interrompue 19,3% 17,9% 8,7% 19,8% 12,1%<br />

Revenu d’intégration 7,4% 7,8% 44,1% 7,8% 15,3%<br />

Inactif 12,7% 12,8% 7,8% 16,0% 11,2%<br />

Activation ONEM 5,5% 1,0% 0,8% 6,3% 2,8%<br />

Total 100% 100% 100% 100% 100%<br />

52


3.3 Sélection <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong><br />

Tel que mentionné, la typologie <strong><strong>de</strong>s</strong> carrières obtenue sert <strong>de</strong> base, étayée <strong>de</strong> manière<br />

empirique, à la sélection <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> que nous interrogerons lors d’une phase ultérieure.<br />

Pour cette sélection, nous utilisons (une fois encore) une analyse <strong>de</strong> clusters effectuée à<br />

l’ai<strong>de</strong> du programme Clustan Graphics. Nous procédons <strong>de</strong> cette manière car nous ne nous<br />

basons pas uniquement sur la typologie <strong><strong>de</strong>s</strong> carrières, mais reprenons également d’<strong>au</strong>tres<br />

variables dans l’analyse. Dans l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> littérature évoquée ci-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus <strong>au</strong> sujet <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

trajectoires d’ai<strong>de</strong> (cf. supra), nous avons effectivement constaté que la réussite d’une<br />

trajectoire d’activation dépend en gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> la situation locale du <strong>CPAS</strong>. C’est<br />

pourquoi outre la typologie <strong><strong>de</strong>s</strong> carrières, nous reprenons <strong>au</strong>ssi dans notre analyse <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

indicateurs relatifs <strong>au</strong> t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> chômage, <strong>au</strong> t<strong>au</strong>x d’emploi et à la charge. Nous<br />

commençons par abor<strong>de</strong>r les résultats <strong>de</strong> l’analyse et ensuite nous abordons la sélection<br />

proprement dite.<br />

Une première étape consiste à retenir <strong><strong>de</strong>s</strong> indicateurs pour l’analyse <strong>de</strong> clusters. Nous en<br />

utilisons cinq :<br />

• Le pourcentage <strong>de</strong> personnes activées <strong>de</strong> manière durable, <strong>au</strong>ssi dénommé<br />

t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> durabilité, par rapport <strong>au</strong> nombre total <strong>de</strong> bénéficiaires du <strong>CPAS</strong>. Pour<br />

cet indicateur, nous avons pris la proportion <strong>de</strong> bénéficiaires activés <strong>de</strong> manière<br />

durable (temps plein, temps partiel et indépendant) par rapport <strong>au</strong> nombre<br />

moyen total d’ayants-droit <strong>au</strong> DIS <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> allant <strong>de</strong> 2003 à 2007.<br />

• Le t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> chômage : nous avons calculé la proportion du nombre total <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs d’emploi sans emploi par rapport à la population totale <strong><strong>de</strong>s</strong> actifs<br />

(15 à 64 ans). (moyennes chiffrées <strong>de</strong> 2003 à 2006. (Source : Point d’appui<br />

WSE, nos propres calculs).<br />

• T<strong>au</strong>x d’emploi : nombre total d’emplois par rapport à la population totale active.<br />

(Moyenne <strong>de</strong> 2003 à 2006) (Source : Steunpunt WSE, nos propres calculs).<br />

• Charge moyenne : proportion du nombre total d’ayants-droit DIS par rapport à<br />

la population totale (Source : nos propres calculs).<br />

• Nombre d’ayants-droit <strong>au</strong> DIS.<br />

Dans une secon<strong>de</strong> étape nous avons, sur base <strong>de</strong> ces indicateurs, effectué une analyse<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> clusters. Les résultats <strong>de</strong> celle-ci sont présentés à la Figure 2 ci-<strong><strong>de</strong>s</strong>sous.<br />

53


Figure 2 : <strong>de</strong>ndrogramme sur base <strong>de</strong> l’analyse <strong><strong>de</strong>s</strong> clusters <strong>de</strong> <strong>CPAS</strong><br />

Sur base <strong>de</strong> cette Figure, nous pouvons i<strong>de</strong>ntifier une solution optimale se composant<br />

<strong>de</strong> huit clusters ou huit groupes.<br />

Table<strong>au</strong> 35 : valeur moyenne par indicateur selon le cluster<br />

Durable/nombre charge Nombre T<strong>au</strong>x <strong>de</strong> chômage T<strong>au</strong>x d’emploi<br />

total d’ayants-<br />

moyen <strong>de</strong><br />

droit <strong>au</strong> DIS<br />

bénéficiaires<br />

Cluster 1<br />

(2003 à 2006)<br />

2,11 % 35,40 % 80,58 4,99 % 53,47 %<br />

Cluster 2 4,03 % 97,41 % 208,20 10,60 % 42,65 %<br />

Cluster 3 11,34 % 28,24 % 69,68 5,05 % 51,90 %<br />

Cluster 4 2,79 % 47,27 % 69,10 8,64 % 41,03 %<br />

Cluster 5 5,45 % 93,44 % 917,19 6,77 % 89,76 %<br />

Cluster 6 3,34 % 2,47 % 6854,15 14,67 % 116,14 %<br />

Cluster 7 2,78 % 3,28 % 2391,0 15,68 % 87,32 %<br />

Cluster 8 10,36 % 34,57 % 62,36 7,56 % 35,72 %<br />

Nous pouvons répartir ces huit clusters en quatre quadrants, ce qui permet <strong>de</strong> faciliter<br />

l’interprétation. Nous effectuons une distinction entre une charge <strong>de</strong> travail élevée et<br />

faible, et entre un t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> chômage élevé et faible. La charge <strong>de</strong> travail est mesurée par<br />

54


l’indicateur <strong>de</strong> charge et par le nombre total d’ayants-droit <strong>au</strong> DIS. Dans le premier<br />

quadrant, nous trouvons les <strong>CPAS</strong> caractérisés par un t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> chômage relativement<br />

faible. Ce quadrant regroupe les clusters 1 et 3. Les <strong>CPAS</strong> du cluster 1 se caractérisent par<br />

une proportion relativement faible du nombre <strong>de</strong> personnes activées <strong>de</strong> manière durable<br />

par rapport <strong>au</strong> nombre total d’ayants-droit <strong>au</strong> DIS (<strong>de</strong> 2003 à 2006). Pour ces <strong>CPAS</strong>, nous<br />

trouvons un pourcentage <strong>de</strong> 2,11 %. Notons que dans le cluster 3, bien que caractérisé<br />

par un t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> chômage comparable, la charge et le t<strong>au</strong>x d’emploi présentent une<br />

proportion plus élevée <strong>de</strong> personnes activées <strong>de</strong> manière durable (11,34 %). Le <strong>de</strong>uxième<br />

quadrant regroupe le cluster 4 et le cluster 5. Ces <strong>CPAS</strong> présentent une charge <strong>de</strong> travail<br />

élevée, mais un t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> chômage relativement faible. Dans le cluster 2, nous constatons<br />

que les <strong>CPAS</strong> présentent un t<strong>au</strong>x d’activation durable <strong>de</strong> 4,03 %. Dans le cluster 5, nous<br />

rencontrons un pourcentage plus élevé <strong>de</strong> personnes activées <strong>de</strong> manière durable, environ<br />

6 %. Le cluster 5 (93,44 %) présente également un t<strong>au</strong>x d’emploi plus élevé que le cluster<br />

2 (42,65 %).<br />

Le troisième quadrant comporte les clusters ayant un t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> chômage élevé, mais une<br />

charge <strong>de</strong> travail faible. Une <strong>de</strong>uxième caractéristique <strong>de</strong> ce quadrant est le fait que le<br />

t<strong>au</strong>x d’emploi est faible. Ainsi, nous trouvons dans le cluster 4 un pourcentage <strong>de</strong> 41,03 %<br />

et dans le cluster 8 <strong>de</strong> 35,72 %. Par ailleurs, nous constatons que le cluster 4 présente un<br />

t<strong>au</strong>x d’activation relativement faible. Environ 3 % du nombre total <strong>de</strong> bénéficiaires<br />

présente une activation durable. Dans le cluster 8, le pourcentage est plus élevé. La<br />

proportion du nombre <strong>de</strong> personnes activées <strong>de</strong> manière durable par rapport <strong>au</strong> nombre<br />

total <strong>de</strong> bénéficiaires s’élève à environ 10 %. Le quadrant 4 contient les clusters ou les<br />

<strong>CPAS</strong> ayant une charge élevée et un t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> chômage élevé voire très élevé. Dans ces<br />

clusters, nous le t<strong>au</strong>x d’emploi est également élevé voire très élevé. Dans le cluster 6,<br />

celui-ci est <strong>de</strong> 116,74 % et dans le cluster 7 <strong>de</strong> 87,32 %. Les <strong>de</strong>ux clusters présentent un<br />

t<strong>au</strong>x d’activation relativement faible. La proportion <strong>de</strong> personnes activées <strong>de</strong> manière<br />

durable par rapport <strong>au</strong> nombre total <strong>de</strong> bénéficiaires s’élève dans le cluster 6 à 3,34 % et<br />

dans le cluster 7 à 2,78 %.<br />

Table<strong>au</strong> 36 : <strong><strong>de</strong>s</strong>cription <strong><strong>de</strong>s</strong> clusters<br />

Faible<br />

Charge<br />

Élevé<br />

Faible Quadrant 1<br />

Quadrant 2<br />

T<strong>au</strong>x <strong>de</strong> chômage<br />

Cluster1<br />

(Durable=2,11%)<br />

(CT=53,47%)<br />

(N=158)<br />

Cluster3<br />

(Durable=11,34%)<br />

(CT=51,90%)<br />

(N=198)<br />

Élevé Quadrant 3<br />

Cluster4<br />

(Durable= 2,79%)<br />

(CT=41,03%)<br />

(N=26)<br />

Cluster8<br />

(Durable=10,36%)<br />

(CT=35,72%)<br />

(N=23)<br />

Cluster2<br />

(Durable=4,03%)<br />

(CT=42,65%)<br />

(N=145)<br />

Cluster 5<br />

(Durable=5,45%)<br />

(CT=93,44%)<br />

(N=12)<br />

Quadrant 4<br />

Cluster6<br />

(Durable=3,34%)<br />

(CT=116,14%)<br />

(N=5)<br />

Cluster7<br />

(Durable=2,78%)<br />

(CT=87,32%)<br />

(N=12)<br />

55


Quels sont les <strong>CPAS</strong> que nous reprenons dans notre analyse qualitative ?<br />

Table<strong>au</strong> 37 : sélection <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong><br />

Charge<br />

Faible Élevé<br />

Faible Quadrant 1<br />

Quadrant 2<br />

T<strong>au</strong>x <strong>de</strong> chômage<br />

FL=29<br />

WL=20<br />

BXL=11<br />

Cluster1<br />

Wuustwezel (FL)<br />

E<strong>de</strong>gem (FL)<br />

Beersel (FL)<br />

Walhain (WL)<br />

Mortsel (FL)<br />

Lasnes (WL)<br />

Kontich (FL)<br />

Cluster 3<br />

Hove (FL)<br />

Rumst (FL)<br />

Haacht (FL)<br />

Sprimont (WL)<br />

Schoten (FL)<br />

Schil<strong>de</strong> (FL)<br />

Grez-Doice<strong>au</strong> (WL)<br />

Villers-la-Ville(WL)<br />

Herk-<strong>de</strong>-Stad (FL)<br />

Bornem (FL)<br />

FL=12<br />

WL=5<br />

Élevé Quadrant 3<br />

Cluster 4 :<br />

Berlaar (FL)<br />

Bever (FL)<br />

Waremme (WL)<br />

Phillippeville (WL)<br />

Fleurus (WL)<br />

Cluster 8 :<br />

Be<strong>au</strong>mont (WL)<br />

Vielsalm (WL)<br />

Hulshout (FL)<br />

Waarschoot (FL)<br />

Zwevegem (FL)<br />

Sint-L<strong>au</strong>reins (FL)<br />

Ganshoren (BXL)<br />

WL=5<br />

FL=6<br />

BXL=1<br />

Cluster 2<br />

Willebroek (FL)<br />

Jette (BXL)<br />

Court Saint-Etienne (WL)<br />

Chastre (WL)<br />

Nassogne (WL)<br />

Ronse (FL)<br />

Cluster 5<br />

Courtrai (FL)<br />

Oosten<strong>de</strong> (FL)<br />

Alost (FL)<br />

Bruges (FL)<br />

Hasselt (FL)<br />

Leuven (FL)<br />

Malines (FL)<br />

Ottignies Louvain-la-Neuve(WL)<br />

Woluwé Saint-Lambert (BXL)<br />

FL=9<br />

WL=4<br />

BXL=2<br />

Cluster 6<br />

Anvers (FL)<br />

Bruxelles (BXL)<br />

Charleroi (WL)<br />

Gand (FL)<br />

Liège (WL)<br />

Quadrant 4<br />

Cluster 7<br />

An<strong>de</strong>rlecht (BXL)<br />

Ixelles (BXL)<br />

Etterbeek (BXL)<br />

Evère (BXL)<br />

Huy (WL)<br />

Mons (WL)<br />

Namur (WL)<br />

Schaarbeek (BXL)<br />

Molenbeek Saint-Jean (BXL)<br />

Saint-Joost-ten-Noo<strong>de</strong> (BXL)<br />

Verviers (WL)<br />

FL=2<br />

BXL=8<br />

WL=6<br />

56


PARTIE 3 RÉSULTATS<br />

Dans les chapitres précé<strong>de</strong>nts, nous avons développé un cadre théorique et nous avons<br />

analysé la trajectoire <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires du <strong>CPAS</strong> à l’issue d’une mesure d’activation du<br />

<strong>CPAS</strong>. Sur base <strong><strong>de</strong>s</strong> analyses <strong>de</strong> la datawarehouse marché du travail et protection sociale<br />

et sur base <strong>de</strong> quelques données contextuelles telles que le t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> chômage, le<br />

pourcentage <strong>de</strong> bénéficiaires du revenu d’intégration et le t<strong>au</strong>x d’emploi, nous avons<br />

sélectionné les <strong>CPAS</strong> dont nous approfondissons l’analyse <strong>de</strong> la politique d’activation. Nous<br />

définissons la politique d’activation d’un <strong>CPAS</strong> <strong>au</strong> sens large. Nous nous inspirons d’une<br />

étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Dierckx (2007). Dans sa thèse <strong>de</strong> doctorat, elle analyse la politique flaman<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

lutte contre la p<strong>au</strong>vreté en se basant sur l’approche stratégique <strong>de</strong> configuration. Cette<br />

approche analyse comment un certain champ <strong>de</strong> la politique sociale (dans ce cas, la<br />

politique d’activation <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> belges) se classe en termes <strong>de</strong> thèmes (discours politique),<br />

d’organisation (structures <strong>de</strong> coordination) et <strong>de</strong> type d’administration (acteurs et leurs<br />

interactions). Cette large définition <strong>de</strong> la politique est conceptualisée par les partisans <strong>de</strong><br />

cette approche dans le cadre du concept d’institutionnalisation. Ce concept renvoie à<br />

l’existence <strong>de</strong> définitions relativement stables <strong><strong>de</strong>s</strong> problèmes et à <strong><strong>de</strong>s</strong> pistes <strong>de</strong> solution<br />

dans le cadre <strong>de</strong> la politique, selon <strong><strong>de</strong>s</strong> modèles plus ou moins fixes <strong>de</strong> répartition <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

tâches et d’interaction entre acteurs, selon <strong><strong>de</strong>s</strong> processus stratégiques développés<br />

conformément à <strong><strong>de</strong>s</strong> règles plus ou moins fixes. Cette définition met l’accent sur une<br />

analyse stratégique qui, outre la manière <strong>de</strong> percevoir et <strong>de</strong> formuler le problème, tient<br />

<strong>au</strong>ssi compte <strong>de</strong> la manière <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r réellement sur base <strong>de</strong> cette vision <strong><strong>de</strong>s</strong> choses.<br />

Comment la politique va-t-elle abor<strong>de</strong>r certains problèmes ? Comment interagissent les<br />

acteurs politiques avec les acteurs du terrain ? Quelles actions sont menées ?<br />

Nous appliquons cette conception <strong>de</strong> l’analyse politique en analysant sous un angle large la<br />

politique d’activation <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> belges. Nous décrivons la politique d’activation comme<br />

étant la manière selon laquelle la vision et la définition <strong>de</strong> l’activation sont transposées <strong>au</strong><br />

<strong>sein</strong> du <strong>CPAS</strong> en actions concrètes sur le terrain. Nous consacrons à cet égard une<br />

attention supplémentaire à la trajectoire que le bénéficiaire effectue <strong>au</strong> <strong>sein</strong> du <strong>CPAS</strong>. Nous<br />

examinons cette trajectoire <strong>au</strong> départ <strong>de</strong> l’organisation interne du <strong>CPAS</strong> : la répartition<br />

spécifique <strong><strong>de</strong>s</strong> tâches, l’utilisation <strong>de</strong> mesures d’activation et l’accompagnement. Par<br />

ailleurs, nous nous focalisons <strong>au</strong>ssi sur l’organisation externe. Les structures <strong>de</strong><br />

coopération avec les partenaires externes sont primordiales dans ce contexte.<br />

Dans le premier paragraphe, nous développons un cadre d’analyse qui nous permette<br />

d’étudier la politique d’activation <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> <strong>de</strong> près. Ensuite, nous appliquons le cadre<br />

d’analyse <strong>au</strong>x <strong>CPAS</strong> sélectionnés. Nous utilisons pour cela les quatre quadrants que nous<br />

avons développés <strong>au</strong> chapitre précé<strong>de</strong>nt.<br />

CHAPITRE 1 VERS UN CADRE D’ANALYSE<br />

Dans ce chapitre, nous développons un cadre d’analyse que nous utilisons pour décrire et<br />

comparer la politique d’activation <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> belges. Nous partons <strong>de</strong> la vision qu’ont les<br />

<strong>CPAS</strong> <strong>de</strong> l’activation et ensuite, nous abordons la manière selon laquelle cette conception<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> choses est appliquée. Nous décrivons quelques principes génér<strong>au</strong>x que nous<br />

retrouvons dans tous les <strong>CPAS</strong> interrogés. Dans les chapitres suivants, nous analysons la<br />

manière selon laquelle chaque phase <strong>de</strong> la trajectoire d’activation est concrétisée <strong>au</strong> <strong>sein</strong><br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> sélectionnés. Nous utilisons ce cadre d’analyse pour décrire la politique<br />

d’activation <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> sélectionnés <strong>au</strong> <strong>sein</strong> <strong>de</strong> chacun <strong><strong>de</strong>s</strong> quatre quadrants.<br />

Dans le paragraphe ci-<strong><strong>de</strong>s</strong>sous, nous débutons par la perception <strong>de</strong> l’activation et nous<br />

examinons ensuite la manière selon laquelle la trajectoire d’activation se concrétise <strong>au</strong> <strong>sein</strong><br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> interrogés.<br />

Dans un <strong>de</strong>rnier paragraphe, nous abordons l’influence éventuelle <strong>de</strong> caractéristiques<br />

contextuelles.<br />

57


1.1 Vision sur l’activation<br />

De quelle manière l’activation est-elle définie <strong>au</strong> <strong>sein</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> belges ? Quelle définition<br />

ou vision <strong>de</strong> l’activation est appliquée <strong>au</strong> <strong>sein</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> interrogés ? Il s’agit à cet égard <strong>de</strong><br />

la définition et <strong>de</strong> la vision du répondant ; dans la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong>, c’est le secrétaire.<br />

Dans les <strong>CPAS</strong> plus grands, c’est le responsable du service insertion.<br />

Nous en avons à chaque fois déduit la tendance ou l’ambiance dominante pour l’ensemble<br />

du <strong>CPAS</strong>. Nous constatons dès lors à titre subsidiaire qu’il peut exister <strong>au</strong> <strong>sein</strong> d’un même<br />

<strong>CPAS</strong>, <strong><strong>de</strong>s</strong> nuances différentes concernant la définition <strong>de</strong> l’activation (voir à ce sujet<br />

Raeymaeckers et Vranken, 2009). Dans le paragraphe ci-<strong><strong>de</strong>s</strong>sous, nous abordons les<br />

principes génér<strong>au</strong>x que nous retrouvons dans chaque <strong>CPAS</strong>.<br />

1.1.1 Caractéristiques <strong>de</strong> l’activation<br />

Notons avant tout que le discours relatif à l’activation fait la part belle à l’emploi du<br />

bénéficiaire. Presque tous les répondants soulignent que l’emploi sur le marché du travail<br />

régulier doit être la priorité absolue <strong>de</strong> la politique d’activation. En atteste la réponse<br />

suivante :<br />

Nous effectuons l’activation d’abord <strong>au</strong> sens strict <strong>de</strong> l’activation c’est-à-dire sous<br />

forme d’un emploi régulier. C’est certainement le cas pour chaque <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, mais<br />

<strong>au</strong>ssi pour les dossiers d’allocataires existants, et lorsqu’ils sont évalués en vue<br />

d’être prolongés, alors nous examinons à chaque fois s’il existe une possibilité<br />

d’emploi.<br />

Le répondant du <strong>CPAS</strong> A évoqué ci-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus affirme que l’activation est d’abord interprétée<br />

sous sa forme la plus restrictive. L’activation est assimilée à un emploi sur le marché du<br />

travail régulier. Selon la quasi-totalité <strong><strong>de</strong>s</strong> répondants, chaque nouve<strong>au</strong> bénéficiaire est<br />

évalué sur base <strong>de</strong> ses capacités ou possibilités à entrer sur le marché du travail régulier.<br />

L’objectif final étant que le bénéficiaire puisse <strong>de</strong> sa propre volonté et d’une manière<br />

<strong>au</strong>tonome pourvoir à la sécurité <strong>de</strong> ses moyens <strong>de</strong> subsistance. Nous sommes<br />

toutefois convaincus que cet objectif n’est pas réalisable ou du moins pas directement pour<br />

certains bénéficiaires.<br />

C’est pourquoi nous affirmons que, outre une définition restrictive, il convient <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r<br />

à l’activation personnalisée du bénéficiaire. Nous retrouvons cette idée <strong>de</strong> personnalisation<br />

dans chacun <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong>. Il est en effet indéniable que la réussite d’une activation doit tenir<br />

compte <strong><strong>de</strong>s</strong> souhaits, <strong><strong>de</strong>s</strong> limites et <strong><strong>de</strong>s</strong> capacités du bénéficiaire. Le répondant<br />

suivant fait une comparaison avec ce qui se faisait avant :<br />

Nous savons que nous sortons d’une pério<strong>de</strong> où seul l’article 60 servait d’activation. Et<br />

ensuite, nous avons, quand même <strong>de</strong> manière très restrictive, considéré les limites <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

travailleurs pris pour eux-mêmes. Il y a un groupe d’entre eux pour lequel un simple<br />

emploi sur le circuit régulier <strong>de</strong> 8h à 16h est impossible et dans ce cas, nous <strong>de</strong>vons<br />

chercher d’<strong>au</strong>tres solutions. Nous personnalisons vraiment dans ce cas.<br />

À l’intérieur <strong>de</strong> cette vision plus large <strong>de</strong> l’activation, presque tous les répondants visent la<br />

(ré)intégration sociale du bénéficiaire. Ce qui prime, c’est <strong>de</strong> garantir une existence<br />

digne. Ces objectifs sont fortement liés à la stimulation <strong>de</strong> la confiance en soi. Elle est,<br />

selon la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> répondants, cruciale pour rendre possible l’emploi ou plus<br />

généralement, l’intégration sociale. Lorsque nous avons <strong>de</strong>mandé quelles étaient les<br />

théories qui correspon<strong>de</strong>nt le plus à la vision du <strong>CPAS</strong> C, le répondant <strong>de</strong> ce <strong>CPAS</strong> nous a<br />

répondu ce qui suit :<br />

Nous sommes plus proches <strong>de</strong> la cinquième proposition qui concerne la stimulation <strong>de</strong><br />

la confiance en soi du bénéficiaire. Les <strong>au</strong>tres propositions comme l’intégration sociale<br />

et la dignité humaine en font partie.<br />

58


Un <strong>au</strong>tre répondant répond ce qui suit :<br />

Favoriser la confiance en soi est un moyen, mais pas un but en soi. C’est l’ultime<br />

condition connexe pour favoriser l’activation du bénéficiaire. La confiance en soi est un<br />

moyen pour aboutir <strong>au</strong> travail. Nous <strong>de</strong>vons la stimuler et la gonfler à bloc, et c’est<br />

tout un travail que d’ai<strong>de</strong>r les personnes à dépasser ce seuil.<br />

1.1.2 Cinq types <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs d’ai<strong>de</strong><br />

La définition plus large <strong>de</strong> l’activation personnalisée du bénéficiaire débute en d’<strong>au</strong>tres<br />

mots en favorisant la confiance en soi. Le début d’une trajectoire personnalisée s’avère<br />

crucial à cet égard. Chaque répondant convient qu’une trajectoire idéale est toujours<br />

adaptée <strong>au</strong>x souhaits, <strong>au</strong>x besoins, <strong>au</strong>x possibilités et <strong>au</strong>x capacités du bénéficiaire. Bien<br />

que nous soyons convaincus qu’il faille déterminer une trajectoire unique pour chaque<br />

bénéficiaire, nous faisons toutefois une distinction entre cinq groupes <strong>de</strong> bénéficiaires en<br />

fonction <strong>de</strong> leurs possibilités d’activation.<br />

Le premier groupe est celui <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires indépendants. Ce sont <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs<br />

d’ai<strong>de</strong> qui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt un revenu d’intégration, mais qui simultanément font tout pour<br />

retrouver un travail dans les plus brefs délais. Ils entreprennent <strong>de</strong> manière <strong>au</strong>tonome les<br />

démarches nécessaires pour trouver une issue sur le marché du travail régulier et qui<br />

souhaitent le moins possible être accompagnés par le <strong>CPAS</strong>. L’exemple le plus fréquent <strong>de</strong><br />

ce groupe est celui d’ex-indépendants qui après une faillite se voient obligés <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r<br />

un revenu d’intégration. Ces individus possè<strong>de</strong>nt suffisamment <strong>de</strong> capacités pour intégrer<br />

le marché du travail et n’ont, selon nos répondants, besoin d’<strong>au</strong>cun accompagnement<br />

intensif. Ils ont juste besoin d’un petit coup <strong>de</strong> pouce. Ce groupe va réussir dans les plus<br />

brefs délais à regagner rapi<strong>de</strong>ment le statut d’indépendant perdu.<br />

Un <strong>de</strong>uxième groupe est celui <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires confrontés <strong>au</strong>x problèmes qui compliquent<br />

temporairement l’activation. Les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs d’ai<strong>de</strong> confrontés à un problème <strong>de</strong> logement<br />

en sont un exemple. Par ailleurs, les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs d’ai<strong>de</strong> qui souhaitent suivre une<br />

formation relèvent <strong>au</strong>ssi <strong>de</strong> ce groupe. Il s’agit généralement d’une formation <strong><strong>de</strong>s</strong>tinée à<br />

développer <strong><strong>de</strong>s</strong> compétences pratiques telles qu’une formation horeca, une formation<br />

administrative et une formation dans le secteur <strong>de</strong> la construction. Enfin, <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs<br />

d’ai<strong>de</strong> d’origine étrangère qui suivent une formation en langue semblent <strong>au</strong>ssi appartenir à<br />

ce groupe.<br />

Ensuite, nous distinguons un troisième groupe dont l’accompagnement se déroule avec<br />

difficulté. Il s’agit <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs d’ai<strong>de</strong> <strong>au</strong>xquels il manque les comportements<br />

professionnels requis pour obtenir tant un emploi sur le marché du travail régulier qu’un<br />

emploi social. L’objectif final est encore incertain car pour ces bénéficiaires nous pouvons<br />

difficilement estimer l’emploi pour lequel ils entrent en considération. Ces bénéficiaires ont<br />

besoin d’un accompagnement intensif sur le plan <strong><strong>de</strong>s</strong> attitu<strong><strong>de</strong>s</strong> telles que la ponctualité, le<br />

comportement face à l’<strong>au</strong>torité et l’apprentissage <strong>de</strong> la collaboration avec les collègues.<br />

Un quatrième groupe est celui <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires ayant une problématique grave qui rend<br />

l’activation impossible à court terme. L’exemple-type est celui <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs d’ai<strong>de</strong><br />

ayant un problème <strong>de</strong> toxicomanie. Pour ces bénéficiaires, nous mettons en place un<br />

projet émancipateur dans le cadre duquel l’activation est assimilée à l’action<br />

d’entreprendre activement <strong><strong>de</strong>s</strong> démarches afin d’améliorer sa propre situation. Dans le cas<br />

du problème <strong>de</strong> toxicomanie, une visite régulière <strong>au</strong>près d’un organisme d’assistance<br />

spécialisé peut représenter une partie importante du projet émancipateur.<br />

Un cinquième groupe est celui <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs d’ai<strong>de</strong> pour lesquels l’activation sous la<br />

forme d’un emploi social ou d’un emploi sur le marché du travail régulier s’avère<br />

impossible, et ce en raison <strong>de</strong> graves problèmes ment<strong>au</strong>x ou physiques. Dans la plupart<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> cas, ces bénéficiaires sont dispensés juridiquement <strong>de</strong> l’obligation d’être activés et ne<br />

solution tenant compte <strong><strong>de</strong>s</strong> problèmes spécifiques <strong>de</strong> la personne concernée est<br />

recherchée. Il s’avère toutefois que même pour ce groupe la porte du marché du travail<br />

reste entrouverte. En atteste le témoignage suivant :<br />

59


Nous avons eu un bénéficiaire souffrant d’<strong>au</strong>tisme, qui était très fortement écarté du<br />

marché du travail. Nous avons tenté <strong>de</strong> l’intégrer progressivement sur le marché du<br />

travail en lui faisant d’abord essayer un travail à temps partiel et ça a réussi.<br />

1.1.3 Discipline<br />

Chaque répondant semble être convaincu qu’une trajectoire d’activation doit <strong>au</strong>tant que<br />

possible être personnalisée. Cela signifie que nous tenons compte le plus possible et le<br />

mieux possible <strong><strong>de</strong>s</strong> capacités et <strong><strong>de</strong>s</strong> problèmes du bénéficiaire. Face à l’accompagnement<br />

du bénéficiaire, il existe toutefois <strong>au</strong>ssi une composante répressive ou disciplinaire. Bien<br />

que la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> répondants soient convaincus que le bénéficiaire doit se voir proposer<br />

une trajectoire personnalisée, nous soulignons par ailleurs que le bénéficiaire doit<br />

entreprendre les démarches nécessaires. Ainsi, le répondant du <strong>CPAS</strong> D mentionne qu’un<br />

bénéficiaire doit avant tout vouloir l’activation. Par ailleurs, il doit fournir les efforts afin<br />

d’améliorer sa situation. Cependant, le répondant constate qu’il y a peu <strong>de</strong> bénéficiaires<br />

dits <strong>de</strong> m<strong>au</strong>vaise volonté.<br />

Ce (l’activation) n’est pas souvent considéré(e) comme un test. Mais si nous<br />

remarquons que quelqu’un n’est pas prêt à collaborer. Le bénéficiaire doit avant tout<br />

souhaiter et vouloir faire quelque chose à sa situation et il peut s’agir <strong>de</strong> tout et <strong>de</strong><br />

n’importe quoi. Mais je trouve que cela arrive peu, cela dépend <strong>de</strong> ce que nous offrons.<br />

Chacun est en fait prêt à faire quelque chose, mais nous <strong>de</strong>vons l’adapter <strong>au</strong>x<br />

possibilités. Si nous débutons par <strong><strong>de</strong>s</strong> objectifs trop élevés, alors ils vont décrocher.<br />

Mais si nous les construisons, alors nous ne rencontrons jamais personne qui dise « ça<br />

je n’en veux pas ».<br />

Outre la volonté <strong>de</strong> changer quelque chose à sa situation, il importe que le bénéficiaire<br />

respecte les dispositions requises. Dans la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> cas, ces dispositions font partie <strong>de</strong><br />

la trajectoire que le bénéficiaire doit effectuer et elles dépen<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la situation<br />

problématique spécifique.<br />

Nous concluons que dans le cadre du discours sur l’activation <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> interrogés, nous<br />

pouvons distinguer quelques principes génér<strong>au</strong>x qui sont formulés par chaque répondant.<br />

Pour chaque répondant, le premier objectif, essentiel et prioritaire, avancé c’est l’emploi du<br />

bénéficiaire, et ce <strong>de</strong> préférence sur le marché du travail régulier. Par ailleurs, ils semblent<br />

convaincus que cette carte n’est pas jouable pour la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires. C’est<br />

pourquoi ils estiment qu’il est important <strong>de</strong> déterminer une trajectoire d’activation<br />

personnalisée. Un composant disciplinaire évi<strong>de</strong>nt reste toutefois présent. Chaque<br />

bénéficiaire doit en effet être prêt à fournir un effort pour améliorer sa situation. Par<br />

ailleurs, il f<strong>au</strong>t s’en tenir <strong>au</strong>x dispositions qui sont dépendantes <strong>de</strong> la trajectoire<br />

déterminée. Dans le prochain paragraphe, nous abordons la trajectoire d’activation qui est<br />

mise <strong>au</strong> point dans les <strong>CPAS</strong> belges. Nous développons un cadre analytique qui nous<br />

permet ensuite d’analyser la trajectoire dans chaque <strong>CPAS</strong>. Tel que déjà stipulé, nous<br />

examinons les différences entre les <strong>CPAS</strong>.<br />

1.2 Détermination d’une trajectoire d’activation<br />

Tel que nous le mentionnions <strong>au</strong> paragraphe précé<strong>de</strong>nt, nous constatons que les <strong>CPAS</strong><br />

interrogés tentent <strong>de</strong> personnaliser dans une plus ou moins gran<strong>de</strong> mesure l’activation du<br />

bénéficiaire. Dans chaque <strong>CPAS</strong>, nous retrouvons en effet l’une ou l’<strong>au</strong>tre forme <strong>de</strong><br />

trajectoire. Cette trajectoire se définit <strong>au</strong> mieux comme étant une succession d’étapes que<br />

le bénéficiaire peut parcourir. Cela ne signifie pas que le bénéficiaire doit parcourir toutes<br />

les étapes. La trajectoire dépend en effet <strong>de</strong> ses capacités, <strong>de</strong> ses problèmes, <strong>de</strong> ses<br />

attitu<strong><strong>de</strong>s</strong> et <strong>de</strong> ses compétences.<br />

La manière selon laquelle cette trajectoire est remplie diffère d’un <strong>CPAS</strong> à l’<strong>au</strong>tre. Avant<br />

d’abor<strong>de</strong>r ces différences, nous développons un cadre analytique nous permettant<br />

d’analyser la trajectoire proposée par les <strong>CPAS</strong>. Nous déterminons une trajectoire<br />

d’activation et nous analysons <strong>de</strong> quelle manière les <strong>CPAS</strong> remplissent les différentes<br />

étapes ou phases. Ci-<strong><strong>de</strong>s</strong>sous, nous abordons chaque phase ainsi que quelques questions<br />

<strong>au</strong>xquelles nous souhaitons répondre pour chacune <strong>de</strong> ces phases.<br />

60


Une première étape consiste à écarter les obstacles qui empêchent le bénéficiaire <strong>de</strong><br />

(déjà) entrer dans la trajectoire d’activation proprement dite. Quelques-unes <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

conditions fondamentales les plus fréquentes sont les problèmes <strong>de</strong> logement. Nos<br />

répondants sont convaincus qu’avant <strong>de</strong> parler <strong>de</strong> l’activation du bénéficiaire, celui-ci doit<br />

disposer d’un logement décent. Par ailleurs, d’<strong>au</strong>tres conditions fondamentales entrent<br />

<strong>au</strong>ssi en compte comme la crèche, les problèmes éducatifs, les problèmes <strong>de</strong> toxicomanie,<br />

le manque <strong>de</strong> connaissance <strong>de</strong> la langue locale et les problèmes <strong>de</strong> nature physique ou<br />

psychologique. Dans la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong>, ces problèmes sont traités en détail lors <strong><strong>de</strong>s</strong> tout<br />

premiers entretiens préliminaires. Ces premiers entretiens servent à compléter le dossier<br />

qui est soumis à l’approbation <strong><strong>de</strong>s</strong> membres du conseil.<br />

Une secon<strong>de</strong> étape est entreprise si les princip<strong>au</strong>x obstacles à la trajectoire d’activation<br />

ultérieure sont écartés. Lorsque le bénéficiaire peut disposer d’un logement décent, que la<br />

situation éducative est stabilisée et/ou que la crèche nécessaire est prévue, alors la<br />

trajectoire d’activation proprement dite débute. Dès cet instant, dans la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong>,<br />

une sorte <strong>de</strong> screening a lieu pour évaluer les capacités, les objectifs et les éventuels<br />

problèmes sur le plan <strong>de</strong> l’activation.<br />

À l’issue du screening, l’activation proprement dite débute. Nous faisons une distinction<br />

entre activation sociale, expérience professionnelle et formation et activation<br />

professionnelle. L’activation sociale peut signifier tant un premier pas vers un emploi à<br />

part entière qu’un point final. De nombreux répondants mentionnent qu’ils sont confrontés<br />

à <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires qui ne disposent pas (encore) <strong><strong>de</strong>s</strong> comportements professionnels requis<br />

pour intégrer un emploi social ou un emploi sur le marché du travail régulier. Une<br />

activation sociale offre la chance <strong>de</strong> fournir <strong>au</strong> bénéficiaire un accompagnement<br />

personnalisé lui permettant d’apprendre pas à pas les comportements professionnels<br />

requis. Nous <strong>de</strong>vons constater à cet égard que certains répondants mentionnent<br />

explicitement que cette forme d’activation est un point final pour certains bénéficiaires.<br />

Cela signifie que ce groupe est plutôt <strong><strong>de</strong>s</strong>tiné à une activité utile <strong>au</strong> <strong>sein</strong> d’un<br />

environnement <strong>de</strong> travail très abordable et protégé (insertion par le travail). Le<br />

bénéficiaire n’y est pas mis sous pression pour ultérieurement intégrer un emploi ultérieur<br />

dans le circuit social ou sur le marché du travail régulier.<br />

La mesure dans laquelle les <strong>CPAS</strong> interrogés proposent ce type d’accompagnement dépend<br />

fortement <strong><strong>de</strong>s</strong> moyens dont ils disposent, <strong>de</strong> l’intérêt et <strong><strong>de</strong>s</strong> structures <strong>de</strong> coopération<br />

éventuelles. Tandis que certains <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> essaient à cette fin <strong>de</strong> libérer <strong><strong>de</strong>s</strong> moyens sur<br />

leurs propres effectifs en recourant par exemple <strong>au</strong>x projets FSE, d’<strong>au</strong>tres <strong>CPAS</strong> quant à<br />

eux concluent <strong><strong>de</strong>s</strong> structures <strong>de</strong> coopération avec <strong><strong>de</strong>s</strong> centres pour l’insertion par le travail<br />

et <strong><strong>de</strong>s</strong> Kringwinkels (boutiques d’articles <strong>de</strong> secon<strong>de</strong> main) afin <strong>de</strong> proposer ce type <strong>de</strong><br />

trajectoires d’activation sociale. Nous constatons par ailleurs <strong>au</strong>ssi <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> très créatifs<br />

qui ont créé la possibilité <strong>de</strong> personnaliser une trajectoire dans le cadre du circuit à<br />

l’emploi existant sous l’article 60§7. Par ailleurs, nous constatons <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> qui ne peuvent<br />

proposer ce type <strong>de</strong> pré-trajets, en raison d’un manque d’intérêt <strong>de</strong> la direction, d’un<br />

manque <strong>de</strong> moyens et/ou <strong>de</strong> structures <strong>de</strong> coopération.<br />

La quatrième étape <strong>de</strong> la trajectoire d’activation est l’offre d’expérience professionnelle<br />

et/ou <strong>de</strong> formation. Dans cette phase, les bénéficiaires se voient proposer une première<br />

chance d’acquérir <strong>de</strong> l’expérience professionnelle. Par ailleurs, cette phase consiste <strong>au</strong>ssi à<br />

proposer <strong><strong>de</strong>s</strong> formations <strong><strong>de</strong>s</strong>tinées à développer <strong><strong>de</strong>s</strong> compétences techniques. Dans la<br />

plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong>, les bénéficiaires occupent durant cette phase un emploi sous l’article<br />

60§7. Cet article 60§7 est considéré par certains <strong>CPAS</strong> comme une activation abordable<br />

dans un cadre protégé pour lequel le <strong>CPAS</strong> peut encore prévoir l’accompagnement<br />

nécessaire. Nos répondants sont quant à eux convaincus qu’une activation personnalisée<br />

n’est vraiment possible que dans le cadre d’une large gamme <strong>de</strong> secteurs et <strong>de</strong> possibilités<br />

d’emploi. Nous constatons à cet égard <strong>de</strong> gran<strong><strong>de</strong>s</strong> différences entre les <strong>CPAS</strong> quant à la<br />

diversité <strong><strong>de</strong>s</strong> emplois qu’ils peuvent proposer. Dans certains <strong>CPAS</strong>, nous constatons donc<br />

<strong>au</strong>ssi une très importante diversité d’emplois parmi une multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> secteurs. Les emplois<br />

peuvent être disponibles dans <strong><strong>de</strong>s</strong> services tant internes qu’externes. Certains <strong>CPAS</strong><br />

arrivent <strong>au</strong>ssi à prévoir un accompagnement intensif, tant sur le lieu <strong>de</strong> travail qu’en<br />

<strong>de</strong>hors. D’<strong>au</strong>tres <strong>CPAS</strong> estiment qu’ils ne peuvent disposer tant en interne qu’en externe<br />

que <strong>de</strong> trop peu d’opportunités pour créer dans leur environnement proche une offre<br />

diversifiée d’emplois.<br />

61


Outre un emploi dans le circuit <strong>de</strong> l’article 60§7, certains répondants estiment crucial que<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires obtiennent la possibilité <strong>de</strong> stimuler <strong><strong>de</strong>s</strong> compétences techniques, dans<br />

différents secteurs (construction, horeca, service <strong><strong>de</strong>s</strong> espaces verts, etc.). Tandis que<br />

certains <strong>CPAS</strong> font cela eux-mêmes en créant <strong><strong>de</strong>s</strong> ateliers <strong>de</strong> formation par le travail,<br />

d’<strong>au</strong>tres recourent volontiers <strong>au</strong>x ASBL situées dans les environs. Celles-ci proposent <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

lieux d’insertion par le travail ainsi que <strong><strong>de</strong>s</strong> ateliers soci<strong>au</strong>x et protégés dans un grand<br />

nombre <strong>de</strong> secteurs. Par ailleurs, ils ont une gran<strong>de</strong> expertise sur le plan du screening et<br />

<strong>de</strong> l’accompagnement sur le lieu <strong>de</strong> travail. Il ressortira toutefois <strong><strong>de</strong>s</strong> prochains chapitres<br />

que nous rencontrons <strong>au</strong>ssi un groupe <strong>de</strong> <strong>CPAS</strong> qui ne disposent pas <strong>de</strong> ces opportunités<br />

internes et/ou externes.<br />

Ensuite, la cinquième phase se rapproche d’un cran du marché du travail régulier et<br />

concerne l’activation professionnelle. Dans cette phase, certains <strong>CPAS</strong> recourent à <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

mesures d’activation telles que SINE, ACTIVA ou article 61.<br />

Une sixième phase représente l’orientation proprement dite sur le marché du travail<br />

régulier. S’avère surtout cruciale à cet égard, la collaboration avec les services région<strong>au</strong>x<br />

pour l’emploi (VDAB/FOREM/ACTIRIS). Par ailleurs, les <strong>CPAS</strong> peuvent prendre leurs<br />

propres initiatives pour fournir à leurs bénéficiaires une formation <strong>au</strong>x entretiens<br />

d’emb<strong>au</strong>che et pour les accompagner dans leur recherche d’un poste vacant adapté.<br />

Nous soulignons que ce modèle <strong>de</strong> détermination <strong><strong>de</strong>s</strong> phases n’est pas explicitement<br />

présent dans tous les <strong>CPAS</strong>. Nous utilisons ce cadre analytique pour découvrir l’offre<br />

d’activation <strong>de</strong> notre sélection <strong>de</strong> <strong>CPAS</strong>. Dans les prochains paragraphes, nous examinons<br />

la manière selon laquelle ces étapes sont organisées dans les <strong>CPAS</strong> interrogés. Nous nous<br />

basons sur les interviews que nous avons effectuées dans une soixantaine <strong>de</strong> <strong>CPAS</strong><br />

répartis sur la Flandre et la Wallonie. Nous débutons par les <strong>CPAS</strong> du quadrant 1.<br />

1.3 Éléments contextuels<br />

La politique d’action d’un <strong>CPAS</strong> et sa mise en œuvre sur le terrain ne sont pas les seuls<br />

facteurs permettant d’expliquer <strong><strong>de</strong>s</strong> différences dans les résultats en termes d’activation<br />

durable <strong><strong>de</strong>s</strong> différents <strong>CPAS</strong>.<br />

Nous ne nous attar<strong>de</strong>rons pas ici sur la taille <strong>de</strong> la commune, <strong>de</strong> celle <strong>de</strong> sa population <strong>de</strong><br />

bénéficiaires du revenu d’intégration ni sur la taille <strong>de</strong> son <strong>CPAS</strong>, éléments qui ont une<br />

influence sur la gamme <strong>de</strong> service proposés, la diversité <strong>de</strong> ceux-ci, la taille du service ISP,<br />

sa spécialisation et la division du travail entre agents d’insertion. Ces éléments seront<br />

traités dans les chapitres <strong><strong>de</strong>s</strong>criptifs <strong><strong>de</strong>s</strong> différents quadrants.<br />

Néanmoins, d’<strong>au</strong>tres aspects sont liés à la <strong>de</strong>nsité <strong>de</strong> population, tels que l’offre <strong>de</strong><br />

services disponibles à une distance (et surtout une durée) raisonnables ou encore la<br />

mobilité <strong>de</strong> la population et les possibilités locales.<br />

Dans certaines régions, rares sont les opérateurs <strong>de</strong> formation. Il en est <strong>de</strong> même <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

associations, entreprises d’économie sociale ou entreprises privées permettant d’accueillir<br />

un bénéficiaire dans le cadre d’une mesure d’activation. Ceci joue bien entendu un rôle sur<br />

la manière dont les agents d’insertion envisagent leur pratique.<br />

Il est donc important <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r à l’esprit qu’en gran<strong>de</strong> partie, les politiques mises en<br />

œuvre sont développées en fonction d’un contexte spécifique offrant une variété plus ou<br />

moins gran<strong>de</strong> <strong>de</strong> possibilités d’insertion sociale, <strong>de</strong> formation et d’intégration<br />

professionnelle.<br />

Le contexte économique local joue très probablement également un rôle, ainsi que les<br />

caractéristiques <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes aidées. Néanmoins, en ce qui concerne le premier, nous ne<br />

pouvons aller très loin dans l’analyse, ne disposant pas <strong>de</strong> détails plus fins que les <strong>de</strong>ux<br />

facteurs utilisés et permettant la répartition en quadrant.<br />

En ce qui concerne la population concernée, certains <strong>de</strong> nos interlocuteurs, parfois à notre<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>, nous ont donné <strong><strong>de</strong>s</strong> éléments <strong>de</strong> compréhension. Néanmoins, nous n’en ferons<br />

62


globalement pas état, dans la mesure où leur population est loin <strong>de</strong> se résumer à une ou<br />

l’<strong>au</strong>tre catégorie <strong>de</strong> bénéficiaires. Ce n’est qu’à la fin <strong>de</strong> l’analyse que nous évoquerons<br />

certains problèmes spécifiques, rencontrés par les interlocuteurs en relation avec <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

populations particulières, et pour <strong>au</strong>tant que l’analyse soit partagée par différents<br />

intervenants.<br />

63


Cluster1<br />

CHAPITRE 2 QUADRANT 1 FAIBLE TAUX<br />

DE CHÔMAGE ET FAIBLE POURCENTAGE DE<br />

BÉNÉFICIAIRES DU REVENU D’INTÉGRATION<br />

Tel que mentionné ci-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus, nous abordons dans ce paragraphe la trajectoire d’activation<br />

qui est proposée dans les <strong>CPAS</strong> du cluster 1. Les <strong>CPAS</strong> <strong>de</strong> ce quadrant se caractérisent par<br />

un t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> chômage relativement faible et par un faible % <strong>de</strong> bénéficiaires du revenu<br />

d’intégration. Ce quadrant se compose <strong><strong>de</strong>s</strong> clusters 1 et 3, le premier ayant un score plus<br />

faible que le troisième sur le plan <strong>de</strong> l’activation durable.<br />

Au Table<strong>au</strong> 38, nous présentons quelques chiffres relatifs <strong>au</strong> nombre <strong>de</strong> travailleurs<br />

soci<strong>au</strong>x, <strong>au</strong>x agents d’insertion et <strong>au</strong> nombre <strong>de</strong> bénéficiaires qui participent à une<br />

trajectoire d’activation. Nous constatons qu’une majorité <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> du quadrant 1 se<br />

situent dans le cluster 1. Ainsi, le <strong>CPAS</strong> 1A possè<strong>de</strong> douze travailleurs soci<strong>au</strong>x à temps<br />

plein, trois agents d’insertion à temps plein et cent bénéficiaires intègrent une trajectoire<br />

d’activation. Le <strong>CPAS</strong> C est donc un <strong>CPAS</strong> relativement grand. Quarante-sept bénéficiaires<br />

sont accompagnés par un seul agent d’insertion. Dans le cluster 3, le nombre <strong>de</strong><br />

bénéficiaires en trajectoire d’activation fluctue entre six (<strong>au</strong>x <strong>CPAS</strong> 1E et 1H) et trente (<strong>au</strong><br />

<strong>CPAS</strong> 1J). Au <strong>CPAS</strong> 1N, nous n’avons pas pu établir le nombre <strong>de</strong> bénéficiaires dans une<br />

trajectoire d’activation. Ce <strong>CPAS</strong> ne dispose d’<strong>au</strong>cun agent spécialisé en trajectoire<br />

d’activation et ne fait <strong>au</strong>cune distinction entre la trajectoire d’activation et<br />

l’accompagnement dans d’<strong>au</strong>tres domaines <strong>de</strong> la vie.<br />

Table<strong>au</strong> 38 : données <strong><strong>de</strong>s</strong>criptives par <strong>CPAS</strong> du quadrant 1 (clusters 1 et 3)<br />

Nombre <strong>de</strong><br />

travailleurs soci<strong>au</strong>x<br />

Temps<br />

plein<br />

Temps<br />

partiel<br />

Nombre d’agents<br />

d’insertion<br />

Temps<br />

plein<br />

Temps<br />

partiel<br />

Autres<br />

accompagnateurs<br />

Temps<br />

plein<br />

Temps<br />

partiel<br />

1A 12 6 3 2 100<br />

1B 3 3 2 25<br />

1C 4 4 1 47<br />

1D 8 6 1 58<br />

1E 1 1 20<br />

1F ? 1 35<br />

1G 1 1 45<br />

Cluster 3<br />

1H 1 2 1 6<br />

1I 3 8<br />

1J<br />

1K 1 6<br />

1L 1 7 1 30<br />

1M 4 1 30<br />

1N 5 na<br />

1O 11 4 1<br />

1P -<br />

1Q<br />

Dans le quadrant 1, nous pouvons effectuer une distinction évi<strong>de</strong>nte entre d’un côté les<br />

<strong>CPAS</strong> ayant un faible t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> durabilité (cluster 1) et <strong>de</strong> l’<strong>au</strong>tre côté les <strong>CPAS</strong> ayant un<br />

t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> durabilité élevé (cluster 3). Dans ce paragraphe, nous essayons d’expliquer ces<br />

différences. Nous abordons à cette fin les différentes phases <strong>de</strong> détermination d’une<br />

trajectoire d’activation (voir plus h<strong>au</strong>t, 1.2). À l’issue <strong>de</strong> la <strong><strong>de</strong>s</strong>cription, nous pourrons<br />

Nombre <strong>de</strong> bénéficiaires en<br />

trajectoire d’activation<br />

64


expliquer la différence <strong>de</strong> t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> durabilité pour les phases 3, 4, 5 et 6 <strong>de</strong> la trajectoire<br />

d’activation. Comparativement <strong>au</strong>x <strong>CPAS</strong> ayant le t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> durabilité le plus faible, les <strong>CPAS</strong><br />

présentant le t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> durabilité le plus élevé (cluster 3) possè<strong>de</strong>nt en effet, davantage <strong>de</strong><br />

possibilités pour mettre en œuvre ces phases, d’une manière créative et en les<br />

personnalisant <strong>au</strong> bénéficiaire.<br />

2.1 Phase 1 : travailler <strong>au</strong>x conditions<br />

fondamentales<br />

2.1.1 Analyse <strong>de</strong> la phase 1<br />

La première phase <strong>de</strong> la trajectoire d’activation consiste à contrôler et à garantir les<br />

conditions fondamentales qui doivent permettre <strong>au</strong> bénéficiaire d’être prêt à débuter la<br />

trajectoire d’activation. Cette phase est, dans la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong>, considérée comme un<br />

accompagnement intensif qui comprend différents aspects. Une <strong><strong>de</strong>s</strong>cription complète <strong>de</strong><br />

cette phase d’accompagnement dépasse le but <strong>de</strong> cette enquête. Nous nous focalisons dès<br />

lors uniquement sur la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> transition lorsque le bénéficiaire est mené à la <strong>de</strong>uxième<br />

phase <strong>de</strong> la trajectoire d’activation, à savoir, la trajectoire d’activation proprement dite.<br />

Nous abordons plus spécifiquement le rôle qu’endosse le travailleur social du Service Social<br />

Général (SSG). Par ailleurs, nous abordons <strong>au</strong>ssi le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> collaboration entre l’agent<br />

d’insertion et le travailleur social du SSG.<br />

La première phase <strong>de</strong> la trajectoire d’activation débute par l’inscription du bénéficiaire<br />

<strong>au</strong>près du travailleur social compétent pour l’entretien préliminaire. Cet entretien<br />

préliminaire est un rapi<strong>de</strong> screening et son principal objectif consiste à proposer une<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>cription la plus complète possible <strong><strong>de</strong>s</strong> domaines problématiques <strong>au</strong>xquels le nouve<strong>au</strong><br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur d’ai<strong>de</strong> est confronté. Si le bénéficiaire a besoin d’un accompagnement à long<br />

terme, alors il est orienté vers un seul <strong><strong>de</strong>s</strong> travailleurs soci<strong>au</strong>x. Dans la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong>,<br />

nous parlons <strong><strong>de</strong>s</strong> travailleurs soci<strong>au</strong>x du SSG. Ces travailleurs soci<strong>au</strong>x établissent, <strong>au</strong><br />

besoin, une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’obtention d’un revenu d’intégration et fournissent <strong>au</strong> bénéficiaire<br />

d’<strong>au</strong>tres ai<strong><strong>de</strong>s</strong> sociales.<br />

La <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’un revenu d’intégration est inévitablement associée dans tous les <strong>CPAS</strong> <strong>au</strong>x<br />

conditions d’activation. La signification exacte donnée <strong>au</strong> mot activation dépend du<br />

bénéficiaire et est dans cette première phase encore indéterminée. Ce qui en revanche est<br />

établi, c’est que les travailleurs soci<strong>au</strong>x du SSG suppriment, <strong>au</strong> cours <strong>de</strong> cette première<br />

phase, les obstacles qui entravent l’activation du bénéficiaire et veillent à ce que les<br />

conditions fondamentales pour un emploi puissent être garanties <strong>au</strong> sens le plus large.<br />

La nature <strong>de</strong> ces obstacles est très diverse. Les plus fréquents sont <strong><strong>de</strong>s</strong> problèmes <strong>de</strong><br />

logement, <strong><strong>de</strong>s</strong> problèmes éducatifs, un manque <strong>de</strong> crèche et enfin, toute une série <strong>de</strong><br />

barrières <strong>de</strong> nature physique ou psychologique. Tous les répondants soulignent qu’il ne<br />

peut être question d’une trajectoire d’activation que si tous ces obstacles ou barrières sont<br />

résolus. Tant dans le cluster 1 que dans le cluster 3, nous constatons <strong><strong>de</strong>s</strong> différences dans<br />

la manière qu’ont les travailleurs soci<strong>au</strong>x du Service Social Général <strong>de</strong> fournir cet<br />

accompagnement.<br />

Ces différences concernent surtout la rapidité à laquelle le bénéficiaire est conduit en<br />

phase 2 où la trajectoire d’activation proprement dite est mise concrètement en place.<br />

Dans le quadrant 1, nous constatons <strong><strong>de</strong>s</strong> différences entre <strong>de</strong>ux groupes <strong>de</strong> <strong>CPAS</strong>. Dans le<br />

premier groupe, les travailleurs soci<strong>au</strong>x du SSG se voient attribuer un rôle limité. Ce<br />

groupe comprend les <strong>CPAS</strong> 1A et 1C (cluster 1) et le <strong>CPAS</strong> 1K (cluster 3). Dans un<br />

<strong>de</strong>uxième groupe, nous trouvons les <strong>au</strong>tres <strong>CPAS</strong> (1B, 1D, 1G, 1H, 1I, 1J, 1L, 1M, 1N, 1O,<br />

1P et 1Q). La fonction du travailleur social est caractérisée par un contenu plus large. 1F<br />

n’a pas <strong>de</strong> service d’activation distinct.<br />

Aux <strong>CPAS</strong> 1A, 1C (cluster 1) et <strong>au</strong> <strong>CPAS</strong> 1K (cluster 3), les bénéficiaires aboutissent assez<br />

rapi<strong>de</strong>ment en phase <strong>de</strong>ux <strong>de</strong> la trajectoire d’activation. Dans ces <strong>CPAS</strong>, les répondants<br />

65


signalent que le bénéficiaire doit être le plus vite possible transmis <strong>au</strong>près <strong>de</strong> l’agent<br />

d’insertion afin <strong>de</strong> faire débuter la trajectoire. La motivation en est donnée par le<br />

secrétaire du <strong>CPAS</strong> 1A :<br />

Oui, dans ce <strong>CPAS</strong>-ci, les bénéficiaires sont assez rapi<strong>de</strong>ment transférés. Dans une<br />

situation normale, par exemple quelqu’un qui est rayé du chômage va directement à la<br />

cellule emploi. De même pour les personnes domiciliées sur le terrain <strong>de</strong> caravanes,<br />

les jeunes, les personnes qui sortent <strong>de</strong> l’école. De même, s’ils ont un problème<br />

personnel, ou par exemple un problème <strong>de</strong> toxicomanie. Pas les cas les plus lourds,<br />

mais dans le sens où par exemple s’ils ont eu un passé lourd, alors ils sont directement<br />

transmis. Et pourquoi nous faisons cela ? Tout simplement parce que notre cellule<br />

emploi peut accompagner ces personnes <strong>de</strong> manière plus intensive. Un travailleur<br />

social du service social gère plusieurs dossiers. Il n’a pas toujours le temps <strong>de</strong> fournir<br />

un accompagnement intensif.<br />

Ce répondant signale clairement que les obstacles à l’activation ne doivent pas<br />

entièrement être évacués avant d’orienter le bénéficiaire vers l’agent d’insertion. Ce<br />

<strong>de</strong>rnier dispose <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> temps pour accompagner les bénéficiaires et possè<strong>de</strong> souvent<br />

une meilleure vue sur les véritables problèmes spécifiques du bénéficiaire. Nous pouvons<br />

affirmer qu’<strong>au</strong>x <strong>CPAS</strong> 1A et 1C, les agents d’insertion travaillent <strong>de</strong> manière plus large et<br />

disposent <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> temps pour continuer à accompagner le bénéficiaire <strong>de</strong> manière<br />

personnalisée. La tâche du travailleur social n’a, en raison <strong><strong>de</strong>s</strong> impératifs temporels, qu’un<br />

contenu restreint. Il fournit <strong>au</strong> bénéficiaire un revenu d’intégration ou d’<strong>au</strong>tres ai<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

matérielles, veille à ce que les besoins les plus importants soient comblés et le transmet à<br />

l’agent d’insertion spécialisé. Toutefois <strong><strong>de</strong>s</strong> problèmes surviennent parfois si le travailleur<br />

social du SSG transfère le bénéficiaire trop tôt à l’accompagnateur professionnel :<br />

Et parfois le travailleur social du Service Social Général adopte une double attitu<strong>de</strong> en<br />

envoyant quelqu’un qui a encore pas mal <strong>de</strong> problèmes et il l’envoie parfois trop tôt.<br />

Car alors nous ne pouvons rien en faire. Et l’objectif c’est qu’ils le retiennent un rien<br />

plus longtemps.<br />

Dans le <strong>de</strong>uxième groupe <strong>de</strong> <strong>CPAS</strong> (1B, 1D, 1H, 1I, 1J, 1L, 1M et 1N), nous constatons que<br />

les travailleurs soci<strong>au</strong>x se voient confier un rôle plus grand. Avant que le bénéficiaire ne<br />

soit guidé en <strong>de</strong>uxième phase, les travailleurs soci<strong>au</strong>x essaient tant que possible d’évacuer<br />

les obstacles ou barrières à l’activation. Notons que dans ces <strong>CPAS</strong>, nous constatons moins<br />

<strong>de</strong> conflits en comparaison <strong>au</strong> cluster 1. Nous en trouvons une explication dans le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

répartition du travail entre travailleur social et agent d’insertion.<br />

Nous constatons en effet que dans ces <strong>CPAS</strong>, le travailleur social ne travaille pas <strong>de</strong><br />

manière isolée et construit une collaboration étroite avec l’agent d’insertion. Ainsi, dans les<br />

<strong>CPAS</strong> 1B et 1D, la fonction d’accompagnateur professionnel à temps partiel est couplée à<br />

un emploi à temps partiel en tant que travailleur social du SSG. Cela permet <strong>au</strong>x agents<br />

d’insertion <strong>de</strong> conserver un contact avec la fonction <strong>de</strong> travailleur social.<br />

Par ailleurs, il s’avère <strong>au</strong>ssi qu’une concertation importante contribue à une ambiance <strong>de</strong><br />

travail moins tendue entre les <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> travailleurs soci<strong>au</strong>x. En participant <strong>au</strong>x<br />

réunions formelles et <strong>au</strong>x discussions informelles avec les travailleurs soci<strong>au</strong>x, les agents<br />

d’insertion maintiennent le contact avec le Service Social Général et partage la même<br />

vision quant à l’ai<strong>de</strong> apportée <strong>au</strong> bénéficiaire. L’intérêt <strong>de</strong> cette concertation informelle se<br />

confirme <strong>au</strong>x <strong>CPAS</strong> 1E et 1M. Les répondants mentionnent qu’étant donné leur taille<br />

réduite, une concertation informelle se crée entre les travailleurs soci<strong>au</strong>x et les agents<br />

d’insertion. Cela permet d’adapter l’ai<strong>de</strong> à chaque bénéficiaire lorsqu’il est prêt pour<br />

l’activation. Le répondant du 1J affirme ce qui suit :<br />

C’est l’avantage d’être un petit <strong>CPAS</strong>, par rapport <strong>au</strong>x grands <strong>CPAS</strong>, ici tous les jours il<br />

y a une concertation informelle, donc pas formelle. Lorsque les consultations débutent,<br />

nous passons en revue les dossiers <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires, et lorsque les consultations<br />

s’achèvent, alors nous passons en revue les nouvelles informations. Et alors c’est « j’ai<br />

eu ça et ça », « comment allons-nous régler ça <strong>au</strong> mieux ».<br />

66


Dans le <strong>CPAS</strong> 1G (cluster 3), la question ne se pose évi<strong>de</strong>mment pas, ce <strong>CPAS</strong> ne<br />

disposant pas <strong>de</strong> travailleurs spécifiques affectés à l’activation. Par contre, dans les <strong>CPAS</strong><br />

1F, 1O, 1P et 1Q, les travailleurs soci<strong>au</strong>x travaillent en collaboration étroite avec les<br />

travailleurs du service social général. Tous organisent <strong><strong>de</strong>s</strong> réunions informelles régulières.<br />

Deux <strong>CPAS</strong> ont adopté <strong><strong>de</strong>s</strong> organisations particulières.<br />

Dans le <strong>CPAS</strong> 1Q, il existe une confiance entre le service social et l’agente d’insertion et<br />

une reconnaissance <strong>de</strong> l’expertise <strong>de</strong> cette <strong>de</strong>rnière. Dès lors, l’évaluation du potentiel<br />

d’insertion socioprofessionnelle <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires est pour partie confiée à l’agente<br />

d’insertion. Cela permet en outre <strong>de</strong> diminuer l’arbitraire que peut constituer le jugement<br />

<strong>de</strong> la situation d’une personne par un travailleur social.<br />

Parfois, on me les envoie d’office pour que je juge <strong>de</strong> moi-même. Et je veux, <strong>de</strong> temps<br />

en temps, une liste <strong><strong>de</strong>s</strong> RIS, pour voir un peu, voilà, parfois, j’ai juste un contact (…)<br />

Parfois, elles me disent « tu jugeras toi-même », donc parfois, c’est un bon tri, je dis<br />

« oui, il ne fallait pas me l’envoyer », parfois, c’est erroné, parce que, soyons<br />

honnêtes, on est tous <strong><strong>de</strong>s</strong> êtres humains, donc il y a <strong><strong>de</strong>s</strong> situations, selon chaque<br />

assistant social, qui va nous toucher plus que d’<strong>au</strong>tres, où on va être plus dur avec une<br />

personne qu’avec une <strong>au</strong>tre, parce qu’on a peut-être vécu la même chose ou que ça<br />

nous reflète <strong><strong>de</strong>s</strong> choses ou <strong><strong>de</strong>s</strong> gens qu’on a connu(e)s, etc., et donc c’est parfois<br />

difficile <strong>de</strong> juger, pour elle, si la personne est prête ou pas, donc d’emblée, elles me les<br />

envoient, on a conclu <strong>au</strong> fur et à mesure <strong>de</strong> différentes réunions que je reçois tout le<br />

mon<strong>de</strong> <strong>au</strong> moins une fois, et je juge si oui ou non, ils sont prêts à faire une recherche<br />

d’emploi.<br />

Dans le <strong>CPAS</strong> 1O, la démarche va plus loin encore, dans la mesure où il a été décidé <strong>de</strong><br />

décloisonner la vision selon laquelle l’insertion socioprofessionnelle d’un bénéficiaire ne<br />

peut être envisagée qu’une fois réglés les problèmes les plus urgents. Chaque personne<br />

peut donc être contactée par le service d’insertion, sans présumer cependant d’une mise à<br />

l’emploi systématique.<br />

L’ISP est envisagée dans le même temps que le service social général. On a essayé <strong>de</strong><br />

décloisonner cette vision linéaire, avec le passage par le service d’insertion en aval du<br />

passage par le SSG, donc on essaie d’avoir une vision plus circulaire où le mouvement<br />

est permanent, donc on propose (<strong>au</strong>x gens), même s’il y a parfois <strong><strong>de</strong>s</strong> raisons <strong>de</strong> santé<br />

ou d’équité qui font qu’effectivement, il n’y <strong>au</strong>ra pas <strong>de</strong> projet d’emploi ou <strong>de</strong><br />

formation. Dans certains cas, il y a eu conditionnement <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> <strong>au</strong> passage par le<br />

service d’insertion pour voir dans quelle mesure la personne est disposée à collaborer,<br />

donc ça a entraîné quelques petits ajustements entre le SSG et nous, parce que nous<br />

n’avions pas la même vision.<br />

Au <strong>CPAS</strong> 1I, la répartition <strong><strong>de</strong>s</strong> tâches est établie <strong>de</strong> manière stricte entre l’accompagnateur<br />

professionnel et le travailleur social. Dans ce <strong>CPAS</strong>, on est convaincu que le travailleur<br />

social doit d’abord avoir fourni <strong><strong>de</strong>s</strong> efforts pour activer le bénéficiaire. Dans le cas où cette<br />

ou ces tentatives d’activation ne se sont pas déroulées avec succès, alors les travailleurs<br />

soci<strong>au</strong>x du SSG relayent le dossier <strong>au</strong>près <strong>de</strong> l’accompagnateur professionnel.<br />

Oui, l’objectif est que le travailleur social convienne déjà lui-même <strong><strong>de</strong>s</strong> dispositions et<br />

fasse l’entretien relatif <strong>au</strong> travail et oriente lui-même le bénéficiaire. S’il constate alors<br />

que cela ne fonctionne pas, alors il a une possibilité <strong>de</strong> relais et dans ce cas, la<br />

trajectoire d’insertion professionnelle <strong>de</strong>vient plutôt un service <strong>de</strong> <strong>de</strong>uxième ligne. Cela<br />

me semble la meilleure métho<strong>de</strong> pour personnaliser l’ai<strong>de</strong>.<br />

Si le travailleur social constate que le bénéficiaire a davantage besoin d’accompagnement<br />

sur le plan <strong>de</strong> l’activation, alors il contacte l’accompagnateur professionnel. Durant cette<br />

concertation, l’ensemble <strong>de</strong> la situation du bénéficiaire est abordé et les <strong>de</strong>ux parties<br />

prennent une décision sur un éventuel relais <strong>au</strong>près <strong>de</strong> l’accompagnateur professionnel.<br />

Cette décision est défendue en séance du conseil.<br />

Pour la séance du conseil, nous allons convenir, si c’est oui, nous allons transmettre<br />

cette personne et alors je donne quelques conseils et indications. Alors ça se concrétise<br />

vite, puis arrive le formulaire en séance. J’ai personnellement <strong>au</strong>ssi un bon droit <strong>de</strong><br />

parole. La communication est primordiale n’est-ce pas, on se concerte sur tout, c’est<br />

67


indispensable. Il ne s’agit pas uniquement <strong>de</strong> me passer le petit formulaire et ensuite<br />

plus rien, lorsque ça se passe nous commençons par nous concerter et ensuite, nous<br />

entreprenons <strong><strong>de</strong>s</strong> démarches.<br />

2.1.2 En résumé<br />

Nous concluons que tous les <strong>CPAS</strong> du quadrant 1 accor<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’attention <strong>au</strong>x conditions<br />

fondamentales avant qu’il soit effectivement question d’activation <strong>au</strong> <strong>sein</strong> <strong>de</strong> la trajectoire<br />

du bénéficiaire.<br />

Des différences apparaissent toutefois lorsque nous examinons la personne qui prend en<br />

charge cet accompagnement. Ces différences ne sont toutefois pas liées <strong>au</strong> cluster. Dans<br />

certains cas, il semble que l’accompagnateur professionnel dispose <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> possibilités<br />

pour accompagner le bénéficiaire plus intensivement. Dans ces <strong>CPAS</strong>, la fonction <strong>de</strong><br />

travailleur social <strong>au</strong>près du SSG a un contenu plus limité. Le bénéficiaire est uniquement<br />

aidé par le travailleur social sur le plan administratif afin <strong>de</strong> le rediriger ensuite, le plus<br />

rapi<strong>de</strong>ment possible, <strong>au</strong>près <strong>de</strong> l’agent d’insertion. Dans les <strong>CPAS</strong> où ce n’est pas le cas,<br />

nous constatons une plus forte présence <strong>de</strong> concertation (informelle et formelle) entre les<br />

travailleurs soci<strong>au</strong>x et les accompagnateurs professionnels. Cela permet <strong>de</strong> rompre une<br />

répartition <strong><strong>de</strong>s</strong> fonctions trop rigi<strong>de</strong> entre les <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> travailleurs soci<strong>au</strong>x et le SSG<br />

assume une ai<strong>de</strong> plus importante et intégrale. La concertation intensive avec les agents<br />

d’insertion permet <strong>au</strong>x travailleurs soci<strong>au</strong>x <strong>de</strong> savoir quand il est opportun <strong>de</strong> transférer<br />

chaque bénéficiaire, <strong>de</strong> sorte que les conflits et/ou les différences d’opinion soient évités.<br />

Durant cette phase, l’offre est également importante, plus précisément les formations<br />

proposées <strong>au</strong>x bénéficiaires. Dans ce quadrant, nous constatons que les <strong>CPAS</strong> sélectionnés<br />

collaborent à cette fin principalement avec <strong><strong>de</strong>s</strong> partenaires externes. De même, à cet<br />

égard, nous ne constatons <strong>au</strong>cune différence entre les clusters. Concernant les cours <strong>de</strong><br />

langues, nous constatons que les <strong>CPAS</strong> concluent <strong><strong>de</strong>s</strong> partenariats avec les organismes <strong>de</strong><br />

formations tels que l’Open School. Par ailleurs, ils collaborent avec toute une série <strong>de</strong><br />

centres dédiés à l’enseignement pour adultes afin <strong>de</strong> fournir <strong>au</strong>x bénéficiaires une<br />

formation appropriée. Les <strong>CPAS</strong> 1A et 1D sont les seuls <strong>CPAS</strong> où un travailleur social est<br />

libéré afin <strong>de</strong> donner <strong><strong>de</strong>s</strong> formations ou d’établir <strong><strong>de</strong>s</strong> contacts avec <strong><strong>de</strong>s</strong> organismes<br />

spécialisés. Le contenu <strong>de</strong> ces formations dépend du besoin spécifique. Quelques exemples<br />

sont les cours <strong>de</strong> vélo et/ou les formations <strong><strong>de</strong>s</strong>tinées à reprendre confiance en soi.<br />

Dans le prochain paragraphe, nous nous focalisons sur la <strong>de</strong>uxième phase <strong>de</strong> la trajectoire<br />

d’activation. Nous entrons dans l’organisation interne <strong>de</strong> la trajectoire <strong>de</strong> l’insertion<br />

professionnelle et nous examinons la manière selon laquelle s’effectue le screening.<br />

2.2 Phase 2 : trajectoire <strong>de</strong> l’insertion<br />

professionnelle<br />

Dans le paragraphe précé<strong>de</strong>nt, nous mentionnons déjà que dans certains <strong>CPAS</strong> du<br />

quadrant 1, un ou plusieurs travailleurs soci<strong>au</strong>x sont spécialisés dans la trajectoire<br />

d’insertion professionnelle par l’emploi. Dans ce paragraphe nous abordons en détail<br />

l’organisation interne <strong>de</strong> l’accompagnement professionnel (2.2.1). De même, le screening<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires fait partie <strong>de</strong> cette <strong>de</strong>uxième phase (2.2.2)<br />

2.2.1 Analyse <strong>de</strong> la phase 2<br />

2.2.1.1 Organisation interne<br />

68


La plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> du quadrant 1 travaillent avec un travailleur social spécialisé qui a sa<br />

qualification en activation du bénéficiaire. Les seules exceptions sont le <strong>CPAS</strong> 1G (cluster<br />

1) et le <strong>CPAS</strong> K (cluster 3) où les travailleurs soci<strong>au</strong>x du SSG se chargent eux-mêmes <strong>de</strong><br />

l’activation du bénéficiaire. Nous rencontrons cette donnée surtout dans les petits <strong>CPAS</strong> qui<br />

ne peuvent se permettre financièrement d’engager un agent d’insertion spécialisé.<br />

Le choix <strong>de</strong> recruter un ou plusieurs spécialistes <strong>de</strong> l’activation, est tout à fait évi<strong>de</strong>nt pour<br />

les répondants <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>au</strong>tres <strong>CPAS</strong>. La raison principale est <strong>de</strong> pouvoir accompagner le<br />

bénéficiaire mieux et plus intensivement sur le plan <strong>de</strong> l’activation. Les travailleurs soci<strong>au</strong>x<br />

du SSG soutiennent le bénéficiaire dans différents domaines <strong>de</strong> la vie et n’ont <strong>de</strong> ce fait<br />

pas le temps <strong>de</strong> s’occuper intensivement du volet activation.<br />

Les agents d’insertion se chargent <strong>de</strong> la trajectoire d’activation. Nous <strong>de</strong>vons à cet égard<br />

nuancer le fait que dans certains <strong>CPAS</strong> (voir ci-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus) le rôle <strong><strong>de</strong>s</strong> travailleurs soci<strong>au</strong>x du<br />

SSG est limité et que la mission <strong>de</strong> l’agent d’insertion est élargie à un accompagnement<br />

dans d’<strong>au</strong>tres domaines <strong>de</strong> la vie, <strong>au</strong>-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> l’activation proprement dite.<br />

La première tâche <strong>de</strong> l’agent d’insertion <strong>au</strong> cours du premier contact est un screening.<br />

Nous abordons dans le prochain paragraphe la manière dont celui-ci s’effectue,.<br />

Deuxièmement, ils se chargent <strong>de</strong> l’accompagnement du bénéficiaire sur le plan <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

comportements professionnels. Une activation ne peut réussir, selon les répondants, que si<br />

le bénéficiaire est capable <strong>de</strong> s’adapter à un régime <strong>de</strong> travail. Concrètement, cela signifie<br />

que le bénéficiaire soit capable <strong>de</strong> se présenter <strong>au</strong> travail à l’heure convenue, <strong>de</strong> travailler<br />

en équipe et <strong>de</strong> respecter l’<strong>au</strong>torité <strong>de</strong> l’employeur. Troisièmement, l’agent d’insertion est<br />

le lien entre le SSG et le lieu <strong>de</strong> travail. Ceci est souligné par le secrétaire du <strong>CPAS</strong> 1J :<br />

Nos propres services ne sont pas souvent empressés à prendre en interne ce type <strong>de</strong><br />

collaborateurs (article 60). Et les agents d’insertion jouent à cet égard un rôle très<br />

important, afin d’assurer convenablement la communication entre ces <strong>de</strong>ux services.<br />

Et enfin, c’est normal, le directeur <strong>de</strong> la maison <strong>de</strong> repos souhaite soigner ses<br />

personnes âgées le mieux possible, le responsable <strong>de</strong> la crèche souhaite que l’on<br />

surveille du mieux possible les enfants et le travailleur social souhaite que le<br />

bénéficiaire acquière <strong><strong>de</strong>s</strong> attitu<strong><strong>de</strong>s</strong>. Donc oui, ces <strong>de</strong>ux choses sont un peu opposées<br />

l’une à l’<strong>au</strong>tre et l’agent d’insertion joue un rôle à cet égard. L’idée initiale est en<br />

revanche bien que nous ayons quelqu’un qui s’occupe spécifiquement <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux<br />

contacts et fonctionne un peu comme un « go between » entre les <strong>de</strong>ux.<br />

Ensuite, l’agent d’insertion doit maîtriser et pouvoir appliquer la réglementation spécifique<br />

à l’activation. Une <strong>de</strong>rnière mission est enfin <strong>de</strong> conclure <strong><strong>de</strong>s</strong> structures <strong>de</strong> coopération<br />

avec <strong><strong>de</strong>s</strong> partenaires externes. Il s’avèrera à l’issue <strong><strong>de</strong>s</strong> prochains chapitres que les<br />

partenariats avec <strong><strong>de</strong>s</strong> ASBL privées, <strong><strong>de</strong>s</strong> entreprises ou la commune permettent à un <strong>CPAS</strong><br />

<strong>de</strong> disposer d’une offre diversifiée d’emplois. C’est nécessaire pour fournir <strong>au</strong> bénéficiaire<br />

un emploi personnalisé.<br />

Dans la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong>, l’agent d’insertion est recruté en interne. Cela signifie qu’il est<br />

payé par le <strong>CPAS</strong> où il est employé. Quelques <strong>CPAS</strong> forment un cluster avec d’<strong>au</strong>tres <strong>CPAS</strong><br />

et unissent ainsi leurs moyens pour financer quelques agents d’insertion qui sont<br />

responsables <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> affiliés <strong>au</strong> cluster. Les <strong>CPAS</strong> 1C et 1M sont affiliés à un cluster <strong>de</strong><br />

quatre <strong>CPAS</strong> où trois agents d’insertion ont été recrutés pour se charger <strong>de</strong> l’activation du<br />

bénéficiaire. Selon nos répondants, la collaboration avec d’<strong>au</strong>tres <strong>CPAS</strong> présente un<br />

important avantage financier. La conjugaison <strong><strong>de</strong>s</strong> moyens permet, comparé à d’<strong>au</strong>tres<br />

<strong>CPAS</strong> qui ne travaillent pas en cluster, <strong>de</strong> faire appel à quelques agents spécialisés en<br />

trajectoire d’insertion professionnelle en utilisant moins d’argent.<br />

Les <strong>CPAS</strong> 1F, 1O, 1P et 1Q se sont également groupés avec d’<strong>au</strong>tres <strong>CPAS</strong> pour former <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

clusters, permettant par regroupement <strong>de</strong> moyens <strong>de</strong> créer un service spécialisé d’agents<br />

d’insertion. Trois <strong>de</strong> ces clusters regroupent chacun quatre communes. Pour chacun, un<br />

premier travailleur a été engagé, puis un <strong>de</strong>uxième. Ces <strong>de</strong>ux travailleurs se répartissent<br />

géographiquement les clients. On notera néanmoins que dans le <strong>CPAS</strong> 1O, trois communes<br />

se sont groupées. L’une d’elle disposait déjà d’un agent d’insertion. Une secon<strong>de</strong> personne<br />

a été engagée grâce <strong>au</strong> financement du cluster. Un troisième travailleur a enfin été engagé<br />

par <strong>de</strong>ux <strong><strong>de</strong>s</strong> trois communes, sur d’<strong>au</strong>tres fonds et avec <strong><strong>de</strong>s</strong> objectifs distincts. Dans les<br />

faits, les agents se coordonnent et se répartissent le travail équitablement.<br />

69


Le cluster du <strong>CPAS</strong> 1M est dirigé par l’ASBL IM qui outre un accompagnement <strong>de</strong><br />

trajectoire, propose également une offre concrète d’emplois. IM fournit une offre d’emplois<br />

dans le secteur <strong>de</strong> l’insertion par le travail et offre par ailleurs un emploi social et protégé<br />

dans un grand nombre <strong>de</strong> secteurs. Nous y reviendrons ultérieurement.<br />

De même, <strong>au</strong> <strong>CPAS</strong> 1K, les frais pour l’agent d’insertion ont été partagés avec d’<strong>au</strong>tres<br />

<strong>CPAS</strong> pour <strong><strong>de</strong>s</strong> considérations financières . Le secrétaire en souligne l’inconvénient<br />

principal. Selon lui, il existe à l’intérieur du cluster une gran<strong>de</strong> rotation d’agents<br />

d’insertion, <strong>au</strong> détriment <strong>de</strong> la continuité <strong>de</strong> l’accompagnement. Notons cependant que ces<br />

propos ne sont corroborés que par quelques témoignages similaires dans d’<strong>au</strong>tres <strong>CPAS</strong>.<br />

Oui, un inconvénient y est clairement relié. Ce sont <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes jeunes qui<br />

cherchent encore, qui travaillent dans <strong>de</strong>ux <strong>CPAS</strong> et dépen<strong>de</strong>nt d’<strong>au</strong>tres <strong>CPAS</strong> et très<br />

souvent lorsque ces personnes trouvent quelque chose d’<strong>au</strong>tre alors elles s’en vont. Il<br />

y a une gran<strong>de</strong> rotation ce qui n’est pas très bon dans le cadre <strong>de</strong> l’agent d’insertion.<br />

Le <strong>CPAS</strong> A représente une importante exception dans le quadrant 1. Tandis que les <strong>au</strong>tres<br />

<strong>CPAS</strong> engagent un à trois agents d’insertion soit par leurs propres moyens soit en<br />

collaboration <strong>au</strong> <strong>sein</strong> d’un cluster, le <strong>CPAS</strong> 1A a quant à lui créé sa propre cellule emploi.<br />

Ce <strong>CPAS</strong> engage sept agents d’insertion et a par ailleurs encore créé quelques projets qui<br />

sont dirigés par la cellule emploi (cf. infra). Étant donné que la cellule emploi semble être<br />

séparée du SSG, apparaît le danger d’une culture insulaire. Tel que déjà indiqué ci-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus,<br />

cette donnée génère <strong><strong>de</strong>s</strong> tensions entre l’agent d’insertion et le travailleur social.<br />

L’inconvénient serait qu’ils se retrouvent trop comme installés sur une petite île. Nous<br />

<strong>de</strong>vons tenir cela à l’œil. Nous faisons encore toujours <strong><strong>de</strong>s</strong> réunions d’équipe<br />

communes entre emploi et SSG, mais ce n’est pas vraiment faisable et sensé <strong>de</strong> faire<br />

une réunion d’équipe avec un grand groupe. Tôt ou tard, ça pose problème.<br />

2.2.1.2 Screening<br />

Tel que mentionné ci-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus, la première étape <strong>de</strong> la trajectoire d’activation est le moment<br />

du screening. Ce qui est important à cet égard, c’est l’outil utilisé. Deux <strong>CPAS</strong> (1A et 1J)<br />

utilisent la métho<strong>de</strong> du Bilan Socioprofessionnel (abrégé : BSP). Trois outils sont<br />

développés par la Vereniging van Vlaamse Ste<strong>de</strong>n en Communen / Association <strong><strong>de</strong>s</strong> Villes et<br />

Communes <strong>de</strong> Flandre (Libert, 2006), par l’Union <strong><strong>de</strong>s</strong> Villes et Communes <strong>de</strong> Wallonie et<br />

par l’Association <strong><strong>de</strong>s</strong> Villes et Communes <strong>de</strong> Bruxelles. Le principal objectif <strong>de</strong> ces outils est<br />

<strong>de</strong> tenir compte <strong>de</strong> manière optimale <strong>de</strong> la situation du bénéficiaire. Le <strong>CPAS</strong> doit à cette<br />

fin disposer d’informations relatives à la situation personnelle, <strong>au</strong>x capacités, <strong>au</strong>x attentes,<br />

<strong>au</strong>x compétences et <strong>au</strong>x besoins du bénéficiaire. Le BSP est dès lors une métho<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

travail idéale pour collecter <strong><strong>de</strong>s</strong> informations afin, sur base <strong>de</strong> celles-ci, <strong>de</strong> déterminer avec<br />

le bénéficiaire une trajectoire concrète. Le répondant du <strong>CPAS</strong> C affirme à ce sujet ce qui<br />

suit.<br />

C’est un outil comportant <strong>de</strong> nombreux outils secondaires pour en fait concrétiser<br />

l’impression et l’idée du travail. Il s’agit très administrativement et techniquement<br />

d’une fiche <strong>de</strong> premier entretien sur <strong><strong>de</strong>s</strong> outils tels qu’une évaluation <strong>de</strong> l’expérience<br />

professionnelle qui permettra d’analyser très concrètement une expérience<br />

professionnelle. Et ensuite nous <strong>de</strong>mandons ce que le bénéficiaire a fait là-bas, ce qu’il<br />

a appris là-bas. Et c’est très pratique comme ça, lorsque <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes disent « je ne<br />

sais rien faire », alors vous vous ai<strong>de</strong>z <strong>de</strong> cet outil et vous pouvez alors dire<br />

<strong>au</strong>tomatiquement « tu as travaillé là, tu as fait ça et ça », et cela rend plus concret ce<br />

que le bénéficiaire peut en réalité déjà faire. Le BSP, ce sont <strong><strong>de</strong>s</strong> outils à examiner<br />

avec les données pour le bénéficiaire : quel est mon projet professionnel, qu’est-ce que<br />

je pense <strong>de</strong> travailler et quelles sont mes impressions par rapport <strong>au</strong> travail, qu’est-ce<br />

que je souhaite et qu’est-ce que je suis capable <strong>de</strong> faire.<br />

Dans ces <strong>CPAS</strong>, les expériences du BSP sont positives. On estime que c’est un bon outil,<br />

compte tenu du plus grand nombre possible <strong>de</strong> domaines <strong>de</strong> la vie, pour déterminer une<br />

trajectoire personnalisée du bénéficiaire.<br />

70


Quatre <strong>au</strong>tres <strong>CPAS</strong>, 1F, 1O et 1P utilisent le BSP, mais <strong>de</strong> manière non systématique,<br />

chaque cas étant particulier. La responsable insertion du <strong>CPAS</strong> 1Q, pour sa part, utilise<br />

certains outils du BSP, tandis qu’elle en a amendé ou s’en est créé d’<strong>au</strong>tres.<br />

Dans un <strong>au</strong>tre <strong>CPAS</strong> (1B), les agents d’insertion utilisent la métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> la trajectoire<br />

d’insertion intégrale.<br />

Il s’agit <strong>de</strong> la métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> la trajectoire d’insertion intégrale. Elle débute lors <strong>de</strong> la<br />

phase <strong>de</strong> reconnaissance, pour répertorier les qualités et les manques sur le plan <strong>de</strong><br />

l’emploi.<br />

En revanche, d’<strong>au</strong>tres <strong>CPAS</strong> ont développé leur propre outil. C’est le cas <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> 1C, 1D<br />

et 1L où un questionnaire a été développé pour essayer <strong>de</strong> répertorier les différentes<br />

compétences et les différents pièges du bénéficiaire sur le plan <strong>de</strong> l’activation. Le<br />

répondant du <strong>CPAS</strong> C dit à ce sujet ce qui suit :<br />

Nous avons établi un questionnaire uniforme que nous pouvons utiliser pour i<strong>de</strong>ntifier<br />

réellement les compétences, pièges, situation familiale, difficultés <strong>de</strong> crèche. Ce<br />

questionnaire nous ai<strong>de</strong> à structurer l’entretien. Le principal c’est qu’il <strong>de</strong>vienne une<br />

simple conversation, un entretien ordinaire donc.<br />

Un <strong>de</strong>rnier groupe <strong>de</strong> <strong>CPAS</strong> se fie à l’intuition <strong>de</strong> l’agent d’insertion ou du travailleur social<br />

et opte pour travailler sans outil. Dans le quadrant 1, il s’agit du plus petit <strong>CPAS</strong> où l’on<br />

effectue, en collaboration avec le travailleur social, une évaluation <strong><strong>de</strong>s</strong> capacités du<br />

bénéficiaire sur le plan <strong>de</strong> l’activation. Le secrétaire du <strong>CPAS</strong> 1K formule cela en ces<br />

termes :<br />

C’est l’agent d’insertion qui se charge <strong>de</strong> cela, mais en concertation étroite avec le<br />

collaborateur du service social. Le premier collaborateur <strong>de</strong>man<strong>de</strong> ce que la personne<br />

souhaite faire et quel est son problème, et va ensuite transmettre cela à l’agent<br />

d’insertion et celui-ci le replacera dans la conversation en l’affirmant. Ils n’utilisent pas<br />

d’outil, mais leur flair et le téléphone pour vérifier s’il y a <strong>de</strong> la place.<br />

Une exception est le <strong>CPAS</strong> 1M où les travailleurs soci<strong>au</strong>x recourent à un organisme externe<br />

pour le screening <strong>de</strong> leurs bénéficiaires. Les travailleurs soci<strong>au</strong>x du <strong>CPAS</strong> J recourent avec<br />

intérêt à cette expertise afin <strong>de</strong> répertorier les possibilités et les capacités <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

bénéficiaires.<br />

2.2.2 En résumé<br />

Qu’apprenons-nous <strong>de</strong> l’analyse <strong>de</strong> la phase 2 quant à la différence <strong>de</strong> t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> durabilité<br />

<strong>au</strong> <strong>sein</strong> du quadrant 1 ? Nous ne constatons <strong>au</strong>cune gran<strong>de</strong> différence entre le cluster 1 et<br />

le cluster 3. Dans les <strong>de</strong>ux groupes, la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> travaillent avec un agent<br />

d’insertion qui se consacre uniquement à l’activation du bénéficiaire. Les travailleurs<br />

soci<strong>au</strong>x du SSG se consacrent <strong>au</strong>x <strong>au</strong>tres domaines <strong>de</strong> la vie dans lesquels le bénéficiaire<br />

rencontre <strong><strong>de</strong>s</strong> problèmes. De même concernant le screening, nous ne constatons <strong>au</strong>cune<br />

différence liée <strong>au</strong> cluster. Certains <strong>CPAS</strong> recourent à la métho<strong>de</strong> du Bilan<br />

Socioprofessionnel, d’<strong>au</strong>tres développent leur propre outil ou mentionnent qu’ils se fient à<br />

l’intuition <strong>de</strong> l’agent d’insertion.<br />

2.3 Phase 3 : activation sociale<br />

Après le screening, le but est d’intégrer le bénéficiaire <strong>de</strong> manière personnalisée dans une<br />

forme d’activation. La première forme d’activation que nous décrivons, est celle que nous<br />

définissons comme étant l’activation sociale.<br />

2.3.1 Analyse <strong>de</strong> la phase 3<br />

71


Cette activation est très abordable et sert principalement à proposer <strong>au</strong>x bénéficiaires un<br />

accompagnement sur le plan <strong><strong>de</strong>s</strong> comportements professionnels. Ce groupe <strong>de</strong><br />

bénéficiaires est défini <strong>de</strong> manière très imagée par le répondant du <strong>CPAS</strong> 1B. Il se réfère à<br />

cet égard à une évolution <strong>au</strong> <strong>sein</strong> du fonctionnement du service social sur le plan <strong>de</strong><br />

l’activation. Tandis qu’<strong>au</strong>trefois l’accent était mis sur l’emploi du bénéficiaire, à présent<br />

nous <strong>de</strong>vons <strong>de</strong> plus en plus tenir compte d’un groupe pour lequel l’emploi sur le circuit<br />

régulier est hors <strong>de</strong> portée :<br />

Depuis dix ans, nous avons constaté que nous sommes confrontés à un nouve<strong>au</strong><br />

groupe ayant moins <strong>de</strong> possibilités. C’est pourquoi le besoin <strong>de</strong> possibilités alternatives<br />

est vraiment nécessaire. Nous accueillons <strong>de</strong> plus en plus <strong>de</strong> personnes qui ne peuvent<br />

absolument plus aboutir sur le marché du travail régulier voire même social. Les<br />

personnes y sont perdues par manque d’attitu<strong>de</strong> (<strong>au</strong> travail), <strong>de</strong> compétences et <strong>de</strong><br />

savoirs consécutivement à <strong><strong>de</strong>s</strong> circonstances sociales et souvent, ça n’en finit pas.<br />

Pour ce groupe, les <strong>CPAS</strong> ont besoin <strong>de</strong> projets, d’emplois et <strong>de</strong> structures externes <strong>de</strong><br />

coopération afin <strong>de</strong> garantir un accompagnement sur le plan <strong><strong>de</strong>s</strong> comportements<br />

professionnels. Dans les <strong>CPAS</strong> du quadrant 1, nous constatons une large gamme <strong>de</strong><br />

pratiques différentes pour fournir à ces bénéficiaires un emploi du temps et un<br />

accompagnement sensés. Notons que cette activation sociale n’est pas organisée<br />

uniquement <strong>au</strong> <strong>CPAS</strong>, mais que ce groupe-cible peut être employé même en <strong>de</strong>hors <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

services internes. Un important facteur pour une activation sociale réussie est un<br />

accompagnement intensif. Durant cette phase, il est crucial que le bénéficiaire bénéficie<br />

d’un soutien tant sur qu’en <strong>de</strong>hors du lieu <strong>de</strong> travail. La plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> prévoient <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

entretiens d’évaluation réguliers à date fixe avec l’agent d’insertion. Par ailleurs, durant<br />

cette phase, un agent d’insertion ou un instructeur doit continuer à suivre les activités sur<br />

le lieu <strong>de</strong> travail.<br />

Dans les prochains paragraphes, nous faisons dès lors une distinction entre l’activation<br />

sociale interne et externe.<br />

2.3.1.1 Activation sociale interne<br />

Un premier exemple d’activation sociale interne est donné par le répondant du <strong>CPAS</strong> 1B.<br />

Dans ce <strong>CPAS</strong>, nous avons créé un centre d’activités qui fournit un service matériel<br />

spécifique <strong>au</strong>x <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs d’asile. Dans la pratique, ce centre est une boutique <strong>de</strong><br />

secon<strong>de</strong> main où l’on vend du petit équipement ménager et du mobilier. Par ailleurs, <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

vêtements <strong>de</strong> secon<strong>de</strong> main y sont récoltés, réparés et revendus. Les bénéficiaires sont<br />

engagés dans ce centre sous un article 60§7 et peuvent effectuer une large gamme <strong>de</strong><br />

tâches simples. Ce centre d’activités est soutenu par l’un <strong><strong>de</strong>s</strong> agents d’insertion.<br />

Tout ce qui doit se passer en permanence, le repassage et le nettoyage, tout est fait<br />

avec le bénéficiaire. Il s’adresse <strong>au</strong>x bénéficiaires qui en matière d’orientation ont<br />

encore besoin d’accompagnement avant le marché du travail ou à ceux pour lesquels<br />

nous avons l’impression qu’il n’y a pas d’<strong>au</strong>tre endroit où ils peuvent aboutir. Et là ils<br />

coopèrent activement.<br />

Une initiative similaire, c’est l’atelier <strong>de</strong> repassage du <strong>CPAS</strong> 1N. L’objectif <strong>de</strong> cet atelier <strong>de</strong><br />

repassage est double. C’est avant tout un projet d’emploi pour faire travailler les<br />

bénéficiaires du <strong>CPAS</strong> qui ont besoin d’un accompagnement intensif sur le plan <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

comportements professionnels. Au cours <strong>de</strong> l’emploi, on souhaite démarrer un processus<br />

d’apprentissage tout en stimulant simultanément <strong><strong>de</strong>s</strong> compétences techniques ainsi que<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> attitu<strong><strong>de</strong>s</strong>. Par ailleurs, l’atelier souhaite fournir un service <strong>au</strong>x habitants <strong>de</strong> la<br />

commune. L’atelier est en effet accessible à tout un chacun.<br />

Au <strong>CPAS</strong> 1J, <strong>au</strong>cun centre n’a été créé séparément. Un emploi sous l’article 60§7 dans les<br />

services internes du <strong>CPAS</strong> y est considéré comme un emploi très abordable dans lequel<br />

l’accompagnement sur le plan <strong><strong>de</strong>s</strong> comportements professionnels occupe une place<br />

importante. Le secrétaire et l’accompagnateur professionnel <strong>de</strong> ce <strong>CPAS</strong> soulignent qu’un<br />

emploi sous l’article 60§7 met l’accent sur le processus d’apprentissage. Cela signifie que<br />

l’emploi doit prioritairement être rendu le plus abordable possible <strong>de</strong> sorte que même les<br />

bénéficiaires les plus faibles aient une chance d’accé<strong>de</strong>r à un travail personnalisé. On<br />

72


essaye <strong>de</strong> le faire en organisant un système élaboré <strong>de</strong> négociations <strong>de</strong> suivi toutes les six<br />

semaines. Par ailleurs, on travaille avec un système <strong>de</strong> parrainage qui permet <strong>de</strong> fournir<br />

un accompagnement même sur le lieu <strong>de</strong> travail.<br />

L’article 60§7 met l’accent sur le processus d’apprentissage et ainsi nous avons à<br />

présent <strong><strong>de</strong>s</strong> négociations <strong>de</strong> suivi toutes les six semaines, en triangle avec le<br />

collaborateur et le chef. Ainsi, nous avons <strong>au</strong>ssi une marraine ou un parrain c’est-àdire<br />

un collègue fixe qui essaie <strong>de</strong> coacher et un collaborateur fixe qui prend en<br />

charge. Donc pas mal <strong>de</strong> choses ont eu lieu à ce titre et cela se ressent <strong>au</strong>ssi <strong>au</strong><br />

nombre d’activations. Par le passé, nous avions pas mal <strong>de</strong> licenciements pour f<strong>au</strong>te<br />

grave. Cela s’est à présent sérieusement réduit <strong>de</strong>puis que nous avons pris be<strong>au</strong>coup<br />

plus sérieusement en charge le coaching et l’accompagnement du processus<br />

d’apprentissage. Ces entretiens que nous menons servent à combler les hiatus dans<br />

notre connaissance du bénéficiaire. Surtout concernant les attitu<strong><strong>de</strong>s</strong>, et pour<br />

répertorier les choses.<br />

Dans le <strong>CPAS</strong> 1O, un service technique généraliste (entretien d’espaces verts, trav<strong>au</strong>x <strong>de</strong><br />

bricolage) a été créé à l’intérieur du <strong>CPAS</strong> et accueille les personnes pour lequel l’objectif<br />

est l’acquisition <strong><strong>de</strong>s</strong> compétences sociales utiles <strong>au</strong> mon<strong>de</strong> du travail. Cette équipe<br />

spécialisée travaille en outre en collaboration avec les équipes communales.<br />

Ce qui a été mis en place <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> du <strong>CPAS</strong>, on a une équipe <strong>au</strong>tonome, encadrée par<br />

un éducateur spécialisé, donc dans be<strong>au</strong>coup <strong>de</strong> cas, ce sont <strong><strong>de</strong>s</strong> jeunes qui passent<br />

par cette équipe : on les met <strong>au</strong> travail, c’est un contexte assez protégé, l’objectif n’est<br />

pas <strong>de</strong> faire sa journée <strong>au</strong> travail et d’en rester là, mais <strong>de</strong> voir les difficultés dans le<br />

travail, <strong>au</strong>tour du travail… généralement, on passe par la mesure article 60.<br />

Afin d’illustrer ce mo<strong>de</strong> d’accompagnement, le répondant du <strong>CPAS</strong> 1J rapporte une<br />

expérience positive. Le répondant évoque une situation <strong>de</strong> bénéficiaire qui prévoit un<br />

accompagnement intensif tant sur le plan <strong><strong>de</strong>s</strong> compétences sociales, <strong>de</strong> la confiance en soi<br />

que <strong>de</strong> la prévention personnelle. Une stratégie progressive a permis <strong>au</strong> bénéficiaire <strong>de</strong> se<br />

développer selon ses moyens jusqu’à un emploi à temps partiel sous l’article 60.<br />

Si je peux l’illustrer, il y avait un bénéficiaire atteint d’<strong>au</strong>tisme, qui était donc<br />

fortement écarté du marché du travail. Nous avons alors mis en œuvre une sorte <strong>de</strong><br />

stage dans le cadre <strong>de</strong> sa trajectoire, ensuite un emploi à temps partiel et<br />

actuellement cette personne travaille à temps partiel sous l’article 60 en espérant que<br />

nous puissions passer à un temps plein afin <strong>de</strong> pouvoir le faire entrer sur le marché du<br />

travail. Donc cette progression comporte <strong>au</strong>ssi la confiance en soi. Nous travaillons la<br />

prévention personnelle, ou à avoir <strong><strong>de</strong>s</strong> compétences suffisantes, ou un certificat ou un<br />

diplôme. Ce sont, je pense, <strong><strong>de</strong>s</strong> éléments qui créeront un cas <strong>de</strong> réussite.<br />

De même <strong>au</strong> <strong>CPAS</strong> 1L, selon le répondant un accompagnement sur le plan <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

comportements professionnels est <strong>au</strong>ssi possible dans les services internes. L’agente<br />

d’insertion se charge elle-même d’une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> l’accompagnement. L’agente<br />

d’insertion assure avant tout elle-même et dès le premier jour <strong>de</strong> l’emploi, le moment <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

présentations. Elle souhaite ce faisant proposer <strong>au</strong> bénéficiaire une première familiarisation<br />

avec le lieu <strong>de</strong> travail et le rassurer quant à son futur emploi. Par ailleurs, un<br />

accompagnement sur le lieu <strong>de</strong> travail est également offert. Celui-ci est surtout présent<br />

dans le service <strong>de</strong> bricolage où l’accompagnateur prête attention non seulement <strong>au</strong>x<br />

compétences techniques mais <strong>au</strong>ssi à l’aspect psychosocial d’un emploi.<br />

J’ai essayé <strong>de</strong> faire comprendre à nos services internes que l’objectif, c’est que ces<br />

personnes soient accompagnées. J’assure alors toujours l’accompagnement <strong>de</strong> ces<br />

personnes moi-même, j’explique ce que ces personnes font, quel est le but, ce qu’elles<br />

vont faire et je les présente à leurs collègues. C’est surtout l’accompagnateur du<br />

service <strong>de</strong> bricolage qui fait ça très bien. Il suit vraiment les personnes. C’est<br />

quelqu’un qui a une formation technique et c’est <strong>au</strong>ssi quelqu’un qui a l’expérience <strong>de</strong><br />

l’ai<strong>de</strong> psychosociale.<br />

Outre l’organisation <strong>de</strong> l’activation sociale dans son propre centre d’activités ou par<br />

l’emploi <strong>au</strong> <strong>sein</strong> d’un ou <strong>de</strong> plusieurs services du <strong>CPAS</strong>, un <strong>CPAS</strong> peut <strong>au</strong>ssi créer un prétrajet.<br />

Davantage qu’un centre d’activités ou un emploi interne, un pré-trajet est <strong><strong>de</strong>s</strong>tiné à<br />

73


accompagner les bénéficiaires en vue d’intégrer un régime <strong>de</strong> travail régulier par un emploi<br />

dans le circuit social. Un pré-trajet est limité dans le temps et a pour objectif d’intégrer le<br />

bénéficiaire. Ces trajectoires servent <strong>de</strong> première étape en vue d’intégrer le bénéficiaire <strong>au</strong><br />

cours d’une phase ultérieure sous un article 60§7. Au <strong>CPAS</strong> 1A, où ce type <strong>de</strong> pré-trajets<br />

est organisé, le point noir du pré-trajet est le développement <strong><strong>de</strong>s</strong> comportements<br />

professionnels en vue <strong>de</strong> travailler ultérieurement dans un emploi sous article 60§7. Avec<br />

l’ai<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> moyens du FSE, <strong>de</strong>ux pré-trajets y sont organisés, un pour les jeunes et un pour<br />

les femmes. La première trajectoire s’effectue dans le parc <strong>de</strong> la ville A où le groupe <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

bénéficiaires effectue <strong><strong>de</strong>s</strong> tâches d’entretien. Par ailleurs, ce groupe peut être engagé pour<br />

toutes sortes <strong>de</strong> tâches d’entretien et/ou <strong>de</strong> petits trav<strong>au</strong>x <strong>au</strong> <strong>sein</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> services du <strong>CPAS</strong>.<br />

La <strong>de</strong>uxième trajectoire s’adresse <strong>au</strong>x femmes. Ce groupe ai<strong>de</strong> dans les écoles, effectue<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> courses ou ai<strong>de</strong> lors d’innombrables réceptions, jours <strong>de</strong> rencontre et <strong>au</strong>tres activités<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> nombreux services du <strong>CPAS</strong>.<br />

Avec ces pré-trajets, le <strong>CPAS</strong> ne souhaite pas proposer un accompagnement intensif sur le<br />

lieu <strong>de</strong> travail. Les <strong>de</strong>ux groupes se composent <strong>de</strong> six à dix personnes et sont dirigés par<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> contremaîtres. Ce sont <strong><strong>de</strong>s</strong> pédagogues qui maîtrisent très bien les compétences<br />

techniques et peuvent accompagner les bénéficiaires sur le plan <strong><strong>de</strong>s</strong> comportements<br />

professionnels. Par ailleurs, ces bénéficiaires sont en outre suivis <strong>de</strong> manière intensive sur<br />

le lieu <strong>de</strong> travail par l’un <strong><strong>de</strong>s</strong> agents d’insertion <strong>de</strong> ce <strong>CPAS</strong>.<br />

Oui, nous avons constaté en fait qu’un certain nombre <strong>de</strong> choses en vue <strong>de</strong> l’activation<br />

étaient impossibles. Par exemple avec les bénéficiaires domiciliés sur le terrain <strong>de</strong><br />

caravanes, nous <strong>de</strong>vions faire preuve <strong>de</strong> créativité pour trouver <strong><strong>de</strong>s</strong> mesures car<br />

l’emploi ordinaire <strong>de</strong> 8h à 16h, n’est pas si évi<strong>de</strong>nt et nous ne pouvons certes pas<br />

solutionner cela par <strong><strong>de</strong>s</strong> contrats d’intégration. Nous avons dès lors cherché d’<strong>au</strong>tres<br />

formes telles qu’un pré-trajet pour mieux les accompagner. Ces pré-trajets nous<br />

permettent <strong>de</strong> faire dépendre les choses davantage <strong>de</strong> ce dont le bénéficiaire a<br />

spécifiquement besoin, <strong>de</strong> chercher s’il y a éventuellement quand même quelque chose<br />

à proposer <strong>de</strong> manière personnalisée.<br />

Il ressort clairement <strong>de</strong> cet extrait que même les agents d’insertion <strong>de</strong> ce <strong>CPAS</strong> sont<br />

confrontés à un groupe <strong>de</strong> bénéficiaires qui ont besoin d’un accompagnement intensif sur<br />

le plan <strong><strong>de</strong>s</strong> comportements professionnels. Avec l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> ces pré-trajets, on essaie <strong>de</strong><br />

proposer <strong>au</strong>x groupes-cibles les plus difficiles, <strong>au</strong>x jeunes et <strong>au</strong>x femmes, une toute<br />

première étape <strong>de</strong> la trajectoire d’activation. L’aspect d’accompagnement dans le cadre <strong>de</strong><br />

ces pré-trajets est <strong>au</strong>trement dit prépondérant.<br />

D’<strong>au</strong>tres <strong>CPAS</strong> proposent également <strong><strong>de</strong>s</strong> pré-trajets. Le <strong>CPAS</strong> 1O, par exemple, organise<br />

un atelier dont l’objectif est la remobilisation sociale.<br />

Nous avons un atelier « touche à tout » qui fonctionne à raison d’une fois par mois, et<br />

mobilise une vingtaine <strong>de</strong> bénéficiaires pour les trois <strong>CPAS</strong> (…) C’est <strong>au</strong>ssi parce que<br />

pour toute une série <strong>de</strong> personnes suivies, le côté professionnel ne peut pas être<br />

envisagé directement à moyen ou long terme, et donc on se rend compte qu’il <strong>au</strong>rait<br />

nécessité <strong>de</strong> mettre encore plus l’accent sur le social, donc l’atelier « touche à tout »,<br />

c’est un peu les prémisses, mais est-ce qu’il y <strong>au</strong>ra <strong><strong>de</strong>s</strong> moyens pour développer cela,<br />

on n’est encore nulle part pour le moment.<br />

Une <strong>au</strong>tre <strong>de</strong> leurs initiatives consiste en un module d’orientation qui trouve sa place dans<br />

la convention cadre FOREM – <strong>CPAS</strong>.<br />

Il y a quatre ans, il y a eu un projet dans le cadre <strong>de</strong> la convention cadre FOREM-<strong>CPAS</strong><br />

Région wallonne, donc là, <strong>de</strong> toute une série <strong>de</strong> rencontres a découlé la mise en place<br />

d’un module d’orientation-remobilisation, selon la situation <strong>de</strong> la personne et donc on a<br />

initié ça. Ce sont <strong><strong>de</strong>s</strong> groupes <strong>de</strong> 8 à 12 personnes, on en organise <strong>de</strong>ux par an, et cela<br />

concerne <strong>de</strong>ux <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> du cluster. Au départ, c’est un module <strong>de</strong> 50h, ce qui est très<br />

court, donc on essaie <strong>de</strong> remobiliser les personnes, <strong>de</strong> leur permettre <strong>de</strong> reprendre<br />

confiance, <strong>de</strong> leur montrer qu’ils ont <strong><strong>de</strong>s</strong> compétences, <strong><strong>de</strong>s</strong> qualités, <strong>de</strong> réfléchir à leur<br />

projet, <strong>de</strong> vie, <strong>de</strong> formation ou professionnel, c’est <strong>au</strong> cas par cas.<br />

Ce module <strong>de</strong> remobilisation est en outre couplé avec un stage en entreprise.<br />

74


On est passé à 100h l’année passée en y greffant la possibilité <strong>de</strong> faire un stage en<br />

entreprise, <strong>de</strong> 15 jours, trois semaines maximum, pour vraiment pouvoir aller voir<br />

concrètement sur le terrain et ne pas se limiter à la réflexion (…) permettre <strong>au</strong>x<br />

personnes d’être confrontées à la réalité.<br />

Il s’agit en fait d’un stage organisé dans le cadre <strong>de</strong> la mesure MISIP. C’est <strong>au</strong>ssi le cas du<br />

<strong>CPAS</strong> 1Q, qui utilise également cette mesure dans la définition du projet professionnel,<br />

avant une formation, par exemple. Notons dès à présent qu’il s’agit<br />

Après une semaine, d’emblée, j’appelle la personne et l’employeur. Si je ne suis pas<br />

sûre que la personne puisse rester à l’emploi, je commence par la MISIP : c’est 15<br />

jours, ils ont le temps <strong>de</strong> voir si la fonction leur correspond, si c’est faisable <strong>au</strong> nive<strong>au</strong><br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> trajets, etc. C’est proposé par le FOREM (…). Le FOREM préfère que ça débouche<br />

sur un contrat <strong>de</strong> travail, mais ce n’est pas le cas à tous les coups. Ca peut permettre<br />

<strong>de</strong> démarrer une formation en connaissance <strong>de</strong> c<strong>au</strong>se. (…) Avant qu’ils se lancent dans<br />

un projet, je leur <strong>de</strong>man<strong>de</strong> « est-ce que vous voulez faire un stage », et si le stage<br />

n’est pas assez long ou ne s’est pas bien passé en entreprise, on a <strong><strong>de</strong>s</strong> solutions bis,<br />

on a <strong><strong>de</strong>s</strong> collègues qui sont en MIRE, qui ont <strong><strong>de</strong>s</strong> stages MIRE, moi, j’ai <strong><strong>de</strong>s</strong> collègues<br />

là-bas, elles savent que s’ils viennent <strong>de</strong> chez moi, je les suis (…) donc elles savent<br />

qu’elles peuvent les mettre en stage rapi<strong>de</strong>ment (…) donc c’est vrai qu’on a créé un<br />

rése<strong>au</strong> partenarial important et diversifié, et sur plusieurs provinces<br />

Notons en outre qu’il s’agit d’une <strong><strong>de</strong>s</strong> mesures favorites <strong>de</strong> la responsable <strong>de</strong> l’insertion <strong>de</strong><br />

ce <strong>CPAS</strong>, mesure qui, toutefois, n’est guère utilisée. Aucun <strong>au</strong>tre <strong>CPAS</strong> d’<strong>au</strong>cun quadrant<br />

ne l’a d’ailleurs évoquée.<br />

Le MISIP est très peu connu, très peu utilisé, alors que moi, je trouve ça génial, c’est<br />

dans mon top5 <strong><strong>de</strong>s</strong> mesures, il est facile à utiliser ; il f<strong>au</strong>t dire, je l’utilise d’une<br />

manière, je ne vais pas dire détournée mais presque, et ça se passe bien. La première<br />

fois que j’ai fait une MISIP, je me suis présentée <strong>au</strong> FOREM pour m’organiser avec eux.<br />

Enfin, dans les <strong>CPAS</strong> 1F et 1P existent <strong><strong>de</strong>s</strong> initiatives d’insertion sociale plus ponctuelles,<br />

telles que <strong><strong>de</strong>s</strong> stages <strong>de</strong> relooking, <strong><strong>de</strong>s</strong> sorties <strong>de</strong> remobilisation organisées dans le cadre<br />

<strong>de</strong> l’article 27, etc.<br />

Tandis que les <strong>CPAS</strong> évoqués ci-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus peuvent proposer une large offre d’emplois<br />

internes, les répondants <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> 1K, 1C et 1D mentionnent qu’ils sont confrontés dans<br />

leur propre organisme à un manque d’emplois. Étant donné le besoin d’un soutien intensif<br />

pour ce groupe-cible, il est souvent difficile <strong>de</strong> motiver ses propres services à engager ces<br />

bénéficiaires. Les répondants <strong>de</strong> ces <strong>CPAS</strong> signalent que l’accompagnement sur le plan <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

comportements professionnels peut être parfois très intensif et qu’ils n’ont, dans les<br />

services <strong>de</strong> leur propre <strong>CPAS</strong>, pas l’espace pour le proposer.<br />

Au <strong>CPAS</strong> H, le secrétaire souligne en revanche que l’on y sélectionne du personnel pour un<br />

emploi <strong>au</strong> <strong>sein</strong> <strong>de</strong> l’organisme proprement dit. Dans les services internes, on n’octroie pas<br />

<strong>de</strong> temps <strong>au</strong>x bénéficiaires faibles et on s’intéresse uniquement <strong>au</strong>x travailleurs qui ont<br />

besoin le moins possible <strong>de</strong> soutien.<br />

Le bon personnel, nous l’intégrons dans nos propres services et les <strong>au</strong>tres personnes<br />

très faibles sont redirigées <strong>au</strong>près d’organismes dont c’est vraiment la spécialité tels<br />

que XG et YG.<br />

De même dans les <strong>CPAS</strong> 1C et 1D, nous retrouvons cette donnée. Ceux-ci présentent<br />

toutefois le problème que certains responsables ne peuvent être confiés à ce groupe-cible.<br />

Ou comme le secrétaire du <strong>CPAS</strong> C le formule :<br />

Oui, là-bas (dans la crèche) on engage surtout <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes que les responsables<br />

peuvent prendre. Ce sont <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes <strong>au</strong>xquelles vous pouvez confier une clé, ou<br />

que nous pouvons laisser seules avec <strong><strong>de</strong>s</strong> enfants. Cela signifie qu’elles doivent<br />

dépasser le sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’effectif ordinaire.<br />

Pour ces <strong>CPAS</strong> (et les <strong>au</strong>tres), une collaboration avec <strong><strong>de</strong>s</strong> partenaires externes est cruciale<br />

afin <strong>de</strong> créer une offre diversifiée d’emplois.<br />

75


2.3.1.2 Activation sociale externe<br />

L’activation sociale <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires sur le plan <strong><strong>de</strong>s</strong> comportements professionnels est<br />

<strong>au</strong>ssi organisée en collaboration avec <strong><strong>de</strong>s</strong> partenaires externes. Un important groupe <strong>de</strong><br />

partenaires se situe sous le dénominateur <strong>de</strong> l’économie sociale.<br />

Un premier groupe important, <strong>au</strong>quel recourent tous les <strong>CPAS</strong> flamands du quadrant 1,<br />

sont les Kringwinkels ou boutiques d’articles <strong>de</strong> secon<strong>de</strong> main. Dans un Kringwinkel, les<br />

bénéficiaires peuvent exécuter une large gamme <strong>de</strong> tâches simples : travailler à la caisse<br />

ou <strong>au</strong> comptoir, trier, vendre etc. Les Kringwinkels proposent <strong><strong>de</strong>s</strong> emplois simples et<br />

abordables et une gran<strong>de</strong> flexibilité concernant le régime <strong>de</strong> travail. Par ailleurs, ils<br />

soutiennent leurs bénéficiaires tant sur le plan technique que psychosocial.<br />

Outre leur lien <strong>de</strong> collaboration avec les Kringwinkels, plusieurs <strong>CPAS</strong> (1J, 1K, 1L et 1M)<br />

collaborent avec <strong>de</strong> grosses ASBL privées. Celles-ci proposent <strong><strong>de</strong>s</strong> places d’emploi social<br />

dans un grand nombre <strong>de</strong> secteurs. L’accompagnement intensif sur le lieu <strong>de</strong> travail et le<br />

vaste choix d’activités ren<strong>de</strong>nt ces emplois accessibles <strong>au</strong> groupe <strong>de</strong> bénéficiaires qui ont<br />

besoin d’une activation sociale sur le plan <strong><strong>de</strong>s</strong> comportements professionnels.<br />

Nous mentionnions déjà que le <strong>CPAS</strong> 1L utilise l’expertise sur le plan du screening <strong>de</strong><br />

l’organisme <strong>de</strong> coordination IM. IM a, tel que mentionné, un grand nombre <strong>de</strong> lieux<br />

d’emploi tels que service <strong><strong>de</strong>s</strong> espaces verts, réparation <strong>de</strong> vélos, assemblage, métal,<br />

électronique, expédition etc. De même, le <strong>CPAS</strong> 1L utilise la présence d’ASBL privées. Un<br />

exemple est l’organisme WX qui selon le répondant offre du travail qui fasse sens. Du<br />

travail qui fait sens signifie, selon la mission <strong>de</strong> cet organisme, que : vous confiez à<br />

quelqu’un une tâche qui est taillée à sa mesure, qu’il est capable d’assumer. Même la<br />

confiance en soi s’en ressort un peu grandie.<br />

Le répondant <strong>de</strong> ce <strong>CPAS</strong> souligne cela en ces termes :<br />

Oui <strong><strong>de</strong>s</strong> organismes tels que les ASBL WX et WG se situent dans le quartier. Celles-ci<br />

fournissent un travail vraiment fantastique. C’est en tout cas l’expérience que j’en ai,<br />

mais ces ASBL sont bien pour <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes qui peuvent travailler mais qui doivent<br />

bénéficier d’accompagnement supplémentaire sur le plan <strong><strong>de</strong>s</strong> comportements<br />

professionnels. Celles-ci fournissent un accompagnement tant sur les compétences<br />

techniques dans <strong>de</strong> très nombreux secteurs que sur les comportements professionnels.<br />

Outre le rôle rempli par l’économie sociale, l’insertion par le travail joue également un rôle<br />

crucial durant l’activation sociale. Les lieux <strong>de</strong> l’insertion par le travail sont importants pour<br />

les bénéficiaires pour lesquels un emploi social dans l’une <strong><strong>de</strong>s</strong> ASBL privées en présence<br />

est inaccessible. Dans la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> cas, les bénéficiaires d’un lieu d’insertion par le travail<br />

ne sont pas engagés sous un statut <strong>de</strong> l’article 60§7, mais bénéficient d’un revenu<br />

d’intégration, complété ou non par une petite rémunération journalière. L’objectif principal<br />

<strong>de</strong> l’insertion par le travail consiste à proposer un emploi du temps raisonnable et un<br />

accompagnement très abordable sur le plan <strong><strong>de</strong>s</strong> comportements professionnels. Les <strong>CPAS</strong><br />

du quadrant 1 recourent toutefois peu ou pas à ces lieux d’emploi. Une raison importante à<br />

cela rési<strong>de</strong> dans le fait que ceux-ci ne sont pas présents dans l’environnement immédiat.<br />

Ainsi, le secrétaire du <strong>CPAS</strong> 1J affirme :<br />

Concernant l’insertion par le travail, nous avons un réel manque. Pour les bénéficiaires<br />

qui ne sont pas ou pas immédiatement employables sur le marché du travail régulier<br />

ou social. Il y a be<strong>au</strong>coup trop peu <strong>de</strong> lieux accessibles <strong>au</strong> <strong>CPAS</strong>. Les lieux accessibles<br />

<strong>au</strong>x personnes du <strong>CPAS</strong> G sont vraiment trop peu nombreux. Il y a <strong>de</strong> nombreuses<br />

personnes qui sont recalées pour un stage d’insertion par le travail. Car le seuil est<br />

parfois be<strong>au</strong>coup trop élevé, même pour un emploi à temps partiel.<br />

Dans les <strong>CPAS</strong> 1L et 1M où l’on peut en revanche collaborer avec un organisme d’insertion<br />

par le travail, on évalue la collaboration comme très positive. Ainsi l’on peut pour le<br />

groupe-cible le plus difficile proposer une activité qui fait sens très abordable et<br />

accompagnée.<br />

76


2.3.2 En résumé<br />

Nous concluons que l’activation sociale du bénéficiaire tant interne qu’externe peut être<br />

organisée. Nous constatons toutefois <strong><strong>de</strong>s</strong> différences entre les <strong>CPAS</strong> quant à leurs<br />

possibilités disponibles. Ainsi il ressort clairement que les <strong>CPAS</strong> du cluster 1 (t<strong>au</strong>x <strong>de</strong><br />

durabilité le plus faible) collaborent <strong>au</strong> cours <strong>de</strong> cette phase surtout avec les Kringwinkels<br />

(boutiques d’articles <strong>de</strong> secon<strong>de</strong> main). La seule exception est, tel que mentionné, le <strong>CPAS</strong><br />

1A qui avec l’ai<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> moyens du FSE organise <strong>de</strong>ux pré-trajets. Dans le cluster 3, la<br />

plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> collaborent avec <strong><strong>de</strong>s</strong> ASBL pour l’économie sociale ce qui leur permet <strong>de</strong><br />

disposer d’une gamme diversifiée d’emplois abordables. Les <strong>CPAS</strong> G et L du cluster 3<br />

peuvent <strong>au</strong>ssi proposer à leurs bénéficiaires <strong>au</strong> <strong>sein</strong> <strong>de</strong> leurs propres services un<br />

accompagnement sur le plan <strong><strong>de</strong>s</strong> comportements professionnels. Les <strong>CPAS</strong> du cluster 3 ont<br />

en d’<strong>au</strong>tres mots plus <strong>de</strong> possibilités pour organiser cette phase à la mesure du<br />

bénéficiaire que les <strong>CPAS</strong> du cluster 1. Le principal facteur <strong>de</strong> réussite <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> à succès<br />

est <strong>de</strong> pouvoir disposer d’une offre diversifiée d’emplois consistant en une large gamme <strong>de</strong><br />

possibilités différentes pour engager les bénéficiaires. Par ailleurs, il est d’une importance<br />

capitale que les bénéficiaires en phase d’activation sociale bénéficient d’un soutien intensif,<br />

tant sur qu’en <strong>de</strong>hors du lieu <strong>de</strong> travail.<br />

2.4 Phase 4 : formation et expérience<br />

professionnelle<br />

La quatrième phase met l’accent sur l’expérience professionnelle et l’apprentissage <strong>de</strong><br />

compétences techniques. Tandis que dans la phase précé<strong>de</strong>nte les comportements<br />

professionnels étaient prioritaires, en revanche la phase quatre <strong>de</strong> la trajectoire<br />

d’activation travaille les capacités et les compétences du bénéficiaire. Nous discernons<br />

<strong>de</strong>ux composantes. Il y a avant tout l’expérience professionnelle. Le bénéficiaire reçoit la<br />

chance d’acquérir l’expérience utile qui va l’ai<strong>de</strong>r à également trouver après la trajectoire<br />

d’activation un emploi dans le circuit du travail régulier ou social. Par ailleurs, la formation<br />

représente <strong>au</strong>ssi une composante importante. Outre l’expérience professionnelle, il est<br />

crucial que le bénéficiaire puisse, sur le lieu <strong>de</strong> travail, développer <strong><strong>de</strong>s</strong> compétences<br />

techniques.<br />

2.4.1 Analyse <strong>de</strong> la phase 4<br />

Tous les <strong>CPAS</strong> du quadrant 1 considèrent l’article 60§7 comme the outil par excellence<br />

pour garantir <strong>au</strong> bénéficiaire une toute première expérience professionnelle et formation.<br />

Ils peuvent par ce biais fournir, tant en interne qu’en externe, un emploi <strong>au</strong> bénéficiaire.<br />

Un avantage important <strong>de</strong> cette mesure d’activation, qui est souligné par tous les<br />

répondants, est <strong>de</strong> permettre <strong>au</strong>x <strong>CPAS</strong> <strong>de</strong> manier <strong>de</strong> manière très flexible un emploi sous<br />

article 60§7. On peut en effet poser <strong><strong>de</strong>s</strong> conditions <strong>au</strong>x organismes externes en échange<br />

<strong>de</strong> l’emb<strong>au</strong>che dont ces <strong>de</strong>rniers bénéficient gratuitement. Les <strong>CPAS</strong> assument en effet<br />

eux-mêmes les frais <strong>de</strong> l’employeur. Le secrétaire du <strong>CPAS</strong> 1C donne l’exemple d’un<br />

emploi <strong>au</strong> <strong>sein</strong> d’une école. Cet emploi est <strong><strong>de</strong>s</strong>tiné <strong>au</strong>x bénéficiaires qui peuvent déjà faire<br />

preuve <strong><strong>de</strong>s</strong> comportements professionnels requis. Toutefois, il s’avère qu’une certaine<br />

flexibilité soit une bonne chose :<br />

Oui nous opérons comme cela, nous pouvons manier cet article 60 <strong>de</strong> manière flexible,<br />

nous arrivons même à faire davantage avec, par exemple dans une école lorsque<br />

quelqu’un ne peut pas aller travailler un jour, ce n’est pas drôle pour une école, mais<br />

nous arrivons à nous arranger. Nous supportons les frais, c’est pourquoi on en voit<br />

vraiment le travail, nous allons essayer, lorsqu’une personne est absente quatre fois la<br />

première semaine et le mois suivant elle est encore trois fois absente. Nous essayons<br />

toujours <strong>de</strong> créer <strong>de</strong> bonnes dispositions, et nous pouvons nous le permettre, car nous<br />

supportons nous-mêmes les frais.<br />

77


De même la répondante du <strong>CPAS</strong> 1I estime que l’article 60§7 présente <strong>de</strong> nombreux<br />

avantages. Pour elle, cette mesure est la principale manière pour un <strong>CPAS</strong> d’engager<br />

quelqu’un.<br />

C’est en réalité la manière selon laquelle un <strong>CPAS</strong> peut convertir un emploi dans la<br />

pratique, c’est une mesure populaire car elle offre <strong>de</strong> l’espace. On peut donner à cette<br />

personne un contrat qui lui permette d’aboutir dans le circuit du travail et d’acquérir<br />

une expérience professionnelle concrète. Avec l’article 60, on a be<strong>au</strong>coup d’espace<br />

pour établir <strong><strong>de</strong>s</strong> contacts, organiser <strong><strong>de</strong>s</strong> entretiens d’évaluation, on paie le salaire et on<br />

proposer en contrepartie que la personne soit accompagnée <strong>de</strong> manière intensive.<br />

Les conditions que les <strong>CPAS</strong> associent à un emploi <strong>au</strong>près d’un partenaire externe sont<br />

imposées par la signature d’une convention <strong>de</strong> collaboration. Appelée dans le jargon<br />

une mise à disposition. Ce contrat est signé par les <strong>de</strong>ux parties et a pour principal objectif<br />

d’imposer à l’employeur externe un certain nombre <strong>de</strong> conditions concernant<br />

l’accompagnement, une évaluation régulière du bénéficiaire et <strong>de</strong> fournir un retour régulier<br />

<strong>au</strong> <strong>CPAS</strong>.<br />

Le répondant du <strong>CPAS</strong> H souligne un <strong>de</strong>uxième avantage du statut <strong>de</strong> l’article 60§7. Selon<br />

lui, il représente surtout une manière très bon marché et simple <strong>de</strong> fournir un emploi <strong>au</strong>x<br />

bénéficiaires.<br />

L’article 60§7 est idéal car le travail est simple, imaginez quelqu’un qui est engagé<br />

sous l’article 60, ce quelqu’un ensuite tombe <strong>au</strong> chômage durant <strong>de</strong>ux ans <strong>au</strong> lieu du<br />

revenu d’intégration, alors on obtient les frais supplémentaires par l’emploi sous<br />

l’article 60. Plus le fait que l’on a donné à cette personne davantage <strong>de</strong> perspectives.<br />

La moitié reste pour le moins <strong>au</strong> travail, c’est financièrement très avantageux.<br />

Il est clair que tous les <strong>CPAS</strong> considèrent que la mesure article 60§7 est très avantageuse<br />

pour la quatrième phase <strong>de</strong> la trajectoire d’activation. Un emploi abordable dépend<br />

toutefois <strong><strong>de</strong>s</strong> éventuels emplois que les <strong>CPAS</strong> peuvent proposer. Chaque répondant est<br />

convaincu qu’un <strong>CPAS</strong> doit pouvoir disposer d’une large gamme d’emplois pour proposer<br />

<strong>au</strong>x bénéficiaires un emploi personnalisé. La mesure dans laquelle les <strong>CPAS</strong> y parviennent,<br />

varie fortement entre les <strong>CPAS</strong> du quadrant 1. Nous constatons une gran<strong>de</strong> différence<br />

entre les <strong>CPAS</strong> du cluster 1 et les <strong>CPAS</strong> du cluster 3. Dans l’ensemble, les répondants du<br />

cluster 1 signalent que les possibilités d’offre d’emplois restent limitées. Dans le cluster 3,<br />

les répondants estiment qu’ils peuvent disposer d’une gran<strong>de</strong> diversité d’emplois.<br />

Nous débutons par une <strong><strong>de</strong>s</strong>cription <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> appartenant <strong>au</strong> cluster 1. Dans ces <strong>CPAS</strong>,<br />

on ressent clairement un manque <strong>de</strong> possibilités d’emplois. Le répondant du <strong>CPAS</strong> C<br />

affirme à cet égard ce qui suit :<br />

Vous savez, nous avons assez d’emplois ici, pourtant je trouve, et cela n’engage que<br />

moi, qu’il y a peu <strong>de</strong> diversité pour les meilleurs bénéficiaires. Nous avons bien une<br />

boutique pour les articles <strong>de</strong> secon<strong>de</strong> main, mais <strong><strong>de</strong>s</strong> vrais lieux d’emploi pour les<br />

articles 60, pour l’expérience et les compétences techniques, nous en manquons ici, et<br />

on en a parfois bien besoin, surtout pour les bénéficiaires forts qui peuvent déjà<br />

travailler, mais qui ont toutefois encore besoin d’un environnement protégé.<br />

Ce répondant ressent que, malgré les places d’emplois internes dans la maison <strong>de</strong> repos<br />

ou la collaboration externe avec le Kringwinkel, il y a peu <strong>de</strong> diversité d’emplois pour les<br />

meilleurs bénéficiaires. Ce sont les bénéficiaires qui ont les comportements professionnels<br />

requis, mais manquent d’expérience professionnelle et <strong>de</strong> compétences techniques. Un<br />

manque <strong>de</strong> diversité est <strong>au</strong>ssi ressenti <strong>au</strong> <strong>CPAS</strong> 1B, et ce tant concernant les places<br />

d’emplois internes qu’externes :<br />

En interne, nous engageons en réalité peu <strong>de</strong> personnes, c’est difficile ici, elles<br />

reçoivent peu d’accompagnement ici et on a peu la volonté <strong>de</strong> le faire,…. et ici, nous<br />

estimons qu’il est important que les personnes, que le bénéficiaire soit servi et qu’il<br />

s’en ressorte un peu plus fort. Donc, peu <strong>de</strong> personnes aboutissent dans notre maison<br />

<strong>de</strong> repos etc.<br />

78


Par ailleurs, le répondant affirme que peu d’efforts sont fournis pour conclure une<br />

convention <strong>de</strong> collaboration avec d’<strong>au</strong>tres ASBL privées.<br />

Oui, je dois dire que nous concluons en fait peu <strong>de</strong> structures <strong>de</strong> coopération en<br />

matière d’emploi. Simplement par manque <strong>de</strong> temps, parce que nous sommes petits<br />

nous n’avons pas pu y consacrer be<strong>au</strong>coup d’énergie. Nous en avons bien ressenti le<br />

besoin, mais ça ne se met pas en route. Tant avec la vile qu’avec le privé et les ASBL,<br />

nous n’avons pas <strong>de</strong> convention <strong>de</strong> collaboration, non. J’ai en revanche découvert qu’il<br />

y a ici <strong>de</strong> soli<strong><strong>de</strong>s</strong> initiatives dans l’économie sociale, mais je n’ai pas <strong>de</strong> contact avec.<br />

Au <strong>CPAS</strong> D, on dispose d’une trop faible diversité d’emplois en interne. Dans ce <strong>CPAS</strong>, on<br />

engage quelques personnes dans la crèche. Dans le paragraphe précé<strong>de</strong>nt, nous<br />

mentionnions que ces emplois ne conviennent pas à tous les bénéficiaires. En raison <strong>de</strong><br />

cette diversité limitée, on est obligé <strong>de</strong> trouver le plus possible d’emplois externes. De<br />

même, on semble ici être confronté à un manque <strong>de</strong> possibilités. La conclusion <strong>de</strong><br />

partenariats n’est en effet pas une mission facile et exige <strong>de</strong> nombreux efforts <strong>de</strong> l’agent<br />

d’insertion. La plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> emplois s’effectuent dans le Kringwinkel. Par ailleurs, on peut<br />

engager une seule personne dans le département séparé <strong>de</strong> la Croix Rouge et ce sont les<br />

premiers contacts <strong>de</strong> reconnaissance avec Levanto.<br />

Une exception dans le cluster 1 est le <strong>CPAS</strong> 1A. Ce répondant mentionne qu’ils peuvent<br />

engager les bénéficiaires dans une large gamme d’emplois. Au paragraphe précé<strong>de</strong>nt, nous<br />

mentionnions déjà que ce <strong>CPAS</strong> utilise <strong><strong>de</strong>s</strong> moyens du FSE pour organiser <strong>de</strong>ux pré-trajets.<br />

Par ailleurs, ils peuvent <strong>au</strong>ssi engager <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires dans leurs propres services. Les<br />

bénéficiaires peuvent bénéficier d’un emploi tant dans la crèche, la maison <strong>de</strong> repos, les<br />

centres <strong>de</strong> services, ai<strong>de</strong> à domicile, ai<strong>de</strong> ménagère et service <strong>de</strong> petits trav<strong>au</strong>x. Par<br />

ailleurs, on a différentes structures <strong>de</strong> coopération avec le Kringwinkel. Ce <strong>CPAS</strong> collabore<br />

<strong>au</strong>ssi avec une ASBL. Cet organisme fournit la formation et l’expérience professionnelle<br />

parmi diverses fonctions du secteur <strong>au</strong>tomobile. Les emplois consistent en du travail<br />

administratif. Par ailleurs, les bénéficiaires peuvent apprendre à manœuvrer un chariot<br />

élévateur, à travailler comme magasinier, et peuvent suivre <strong><strong>de</strong>s</strong> cours sur les techniques<br />

<strong>de</strong> recyclage et la rénovation <strong>de</strong> voitures.<br />

Dans les <strong>CPAS</strong> du cluster 3, la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> répondants signalent qu’ils peuvent disposer<br />

d’une gran<strong>de</strong> diversité <strong>de</strong> lieux d’emplois. Au <strong>CPAS</strong> 1H, l’agent d’insertion affirme, par le<br />

biais <strong>de</strong> sa responsable d’un cluster <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> dans la même région, pouvoir établir <strong>de</strong><br />

nombreux contacts avec toutes sortes d’organismes en <strong>de</strong>hors <strong><strong>de</strong>s</strong> limites du <strong>CPAS</strong> 1H. Ce<br />

faisant, elle peut engager <strong>de</strong> nombreux bénéficiaires dans quelques ASBL privées <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

communes voisines. C’est indispensable car dans la commune du <strong>CPAS</strong> 1H, il y a peu ou<br />

pas <strong>de</strong> lieux d’emplois à trouver. De même en interne, on peut disposer uniquement d’une<br />

maison <strong>de</strong> repos ayant une offre limitée d’emplois.<br />

Au <strong>CPAS</strong> 1K, les agents d’insertion peuvent, tel que déjà mentionné dans le paragraphe<br />

précé<strong>de</strong>nt, disposer d’une gran<strong>de</strong> offre d’emplois internes. Ainsi, <strong>de</strong> très nombreux<br />

bénéficiaires aboutissent à la maison <strong>de</strong> repos où ils se voient confier <strong><strong>de</strong>s</strong> tâches en<br />

cuisine, nettoyage, soins mais <strong>au</strong>ssi dans l’administration. Par ailleurs, ils peuvent engager<br />

les bénéficiaires dans le service <strong>de</strong> nettoyage et dans la crèche. Un important facteur <strong>de</strong><br />

réussite pour l’emploi <strong>au</strong> <strong>CPAS</strong> 1K rési<strong>de</strong> dans le fait que les services internes soient prêts<br />

à fournir l’accompagnement nécessaire et à organiser sur base régulière la concertation<br />

avec l’agent d’insertion (cf. infra). Par ailleurs, ce <strong>CPAS</strong> possè<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> structures <strong>de</strong><br />

coopération avec un Centre <strong>de</strong> Formation Professionnelle (abrégé : CFP) qui fournit<br />

l’emploi et la formation dans d’innombrables secteurs tels que le nettoyage industriel,<br />

l’ai<strong>de</strong> dans les cuisines <strong>de</strong> collectivité, la bure<strong>au</strong>tique et l’informatique appliquée. Ce centre<br />

offre outre une expérience professionnelle et une formation professionnelle, et également<br />

un accompagnement intensif, tant sur qu’en <strong>de</strong>hors du lieu <strong>de</strong> travail.<br />

Outre une diversité d’emplois internes dans les maisons <strong>de</strong> repos, les crèches, leurs<br />

propres services <strong>de</strong> nettoyage et <strong>de</strong> petits trav<strong>au</strong>x, une collaboration avec <strong><strong>de</strong>s</strong> ASBL<br />

privées est <strong>au</strong>ssi cruciale pour les <strong>au</strong>tres <strong>CPAS</strong> du cluster 3 durant la phase 4 <strong>de</strong> la<br />

trajectoire d’activation. Au <strong>CPAS</strong> 1L, l’accompagnatrice professionnelle donne l’exemple<br />

d’un organisme WN qui organise l’emploi et la formation dans l’horeca. Les bénéficiaires y<br />

apprennent à faire la vaisselle, préparer le potage et cuire <strong><strong>de</strong>s</strong> tartes. Dans HF, une<br />

<strong>de</strong>uxième ASBL, les bénéficiaires travaillent le fer et peuvent exécuter <strong><strong>de</strong>s</strong> tâches simples<br />

79


telles que le pliage <strong>de</strong> boîtes. Un troisième organisme (WR) engage les personnes dans le<br />

secteur agricole. On y apprend l’entretien <strong><strong>de</strong>s</strong> espaces verts, l’agriculture biologique et la<br />

vente <strong>de</strong> ses propres produits. De même les <strong>CPAS</strong> 1K, 1M et 1N collaborent avec ce type<br />

d’organismes. Ainsi, nous mentionnions pour le <strong>CPAS</strong> 1M, l’organisme IM qui outre le<br />

screening et l’insertion par le travail, fournit également l’emploi et la formation dans <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

secteurs tels que la fabrication <strong>de</strong> vélos et <strong>de</strong> construction <strong>de</strong> roues, métal, montage<br />

électrique, expédition, emballage, etc.<br />

Le <strong>CPAS</strong> 1K collabore avec le Kringwinkel S qui peut proposer une gran<strong>de</strong> diversité <strong>de</strong><br />

tâches ayant divers nive<strong>au</strong>x <strong>de</strong> difficulté. S organise par ailleurs <strong>au</strong>ssi une formation dans<br />

l’horeca et est une agence <strong>de</strong> location qui, en collaboration avec les collaborateurs, retape<br />

et rénove <strong><strong>de</strong>s</strong> logements <strong><strong>de</strong>s</strong>tinés à la location. Outre S, le <strong>CPAS</strong> 1K possè<strong>de</strong> <strong>au</strong>ssi une<br />

convention <strong>de</strong> collaboration avec WW. Cet organisme offre <strong>de</strong> la formation et <strong>de</strong> l’emploi<br />

dans le secteur <strong>de</strong> la construction, nettoyage, horeca, carrosserie et jardinage. Enfin, le<br />

<strong>CPAS</strong> 1K collabore avec une GRAPA qui fournit <strong>au</strong>x personnes défavorisées <strong><strong>de</strong>s</strong> emplois<br />

dans le secteur touristique et social. Le <strong>CPAS</strong> K engage les bénéficiaires grâce <strong>au</strong> SP dans<br />

le service <strong><strong>de</strong>s</strong> espaces verts, le secteur textile et le centre <strong>de</strong> recyclage. Par ailleurs, SP<br />

possè<strong>de</strong> un centre <strong>de</strong> formation pour le bois et la construction. Le <strong>CPAS</strong> K collabore <strong>au</strong>ssi<br />

avec l’ASBL Natuurpunt et à un projet commun dans lequel les bénéficiaires peuvent<br />

acquérir une expérience professionnelle dans le secteur touristique.<br />

Les <strong>CPAS</strong> 1F, 1O, 1P et 1Q ne signalent pas d’expériences particulières, mais regrettent<br />

tous le manque <strong>de</strong> formations géographiquement accessibles. C’est ce que nous décrit, par<br />

exemple, le <strong>CPAS</strong> 1F :<br />

Oui, on utilise <strong><strong>de</strong>s</strong> formations, même si on est peu pourvus dans le coin. Donc , les<br />

formations FOREM ont lieu à N, souvent à 8h du matin, il f<strong>au</strong>t être là-bas, donc en<br />

termes <strong>de</strong> transports, ça <strong>de</strong>man<strong>de</strong> une bonne dose <strong>de</strong> courage ; si c’est quelqu’un qui<br />

doit déposer les enfants à l’école avant, à moins <strong>de</strong> les mettre à l’école à 6h du matin,<br />

c’est pas possible, s’ils sont en transports en commun. La jonction entre <strong>de</strong>ux bus, ça<br />

ne va pas non plus. Les critères d’entrée en formation FOREM, ça ne va pas non plus,<br />

et sinon, les formations préqualifiantes à J, accessibles en bus <strong>de</strong>puis certains coins<br />

mais pas du tout <strong>de</strong>puis d’<strong>au</strong>tres (…) S’ils veulent aller à un ren<strong>de</strong>z-vous quelque part,<br />

il f<strong>au</strong>t une journée. (…) donc l’organisme <strong>au</strong>quel je pense, qui fait <strong><strong>de</strong>s</strong> formations à I et<br />

à J, qui fait <strong><strong>de</strong>s</strong> formations d’employé administratif, d’employé <strong>de</strong> secrétariat et<br />

d’employé commercial, informatique et langues. Les formations <strong>de</strong> carreleur, <strong>de</strong><br />

maçon, tout ça, c’est N. (…) Il y a une EFT en vente, il y a l’IFAPME, mais c’est trois<br />

ans, et il f<strong>au</strong>t un certain diplôme (…) En EFT, il y a Y, il y a Z à L ; à M, il y a quelques<br />

EFT, c’est envisageable pour <strong><strong>de</strong>s</strong> gens <strong>de</strong> C. Il y a une formation <strong>de</strong> valoriste proposée<br />

par le <strong>CPAS</strong> <strong>de</strong> O. Ce qui peut être très porteur, c’est N. Le taxi social ne peut pas<br />

assurer le trajet tous les jours pour quelqu’un, donc sans bus ou voiture, ce n’est pas<br />

possible.<br />

Notons que comparés <strong>au</strong>x <strong>CPAS</strong> du cluster 1, les <strong>CPAS</strong> du cluster 3 proposent une gran<strong>de</strong><br />

diversité d’emplois, tant internes qu’externes. Le <strong>CPAS</strong> 1I est à cet égard la seule<br />

exception. Le répondant <strong>de</strong> ce <strong>CPAS</strong> signale clairement ne pas pouvoir proposer une<br />

gran<strong>de</strong> diversité <strong>de</strong> lieux d’emplois tant internes qu’externes.<br />

Le principal facteur d’échec dans ce <strong>CPAS</strong> c’est le fait qu’il y a trop peu d’emplois<br />

convenables. Ils sont surtout trop unilatér<strong>au</strong>x. Il y a un service <strong>de</strong> petits trav<strong>au</strong>x pour<br />

hommes, un service <strong>de</strong> nettoyage pour femmes. C’est donc très lié <strong>au</strong> sexe. Il n’y a<br />

pas d’hôpital ou <strong>de</strong> maison <strong>de</strong> repos ici où les personnes peuvent travailler après une<br />

formation.<br />

De même les lieux d’emplois externes sont limités. Le répondant signale que trop peu <strong>de</strong><br />

structures <strong>de</strong> coopération ont été créées. Seul Levanto est impliqué dans la politique<br />

d’emploi. Peu <strong>de</strong> bénéficiaires aboutissent toutefois dans cet organisme. Levanto est un<br />

centre pour l’emploi et la formation dans <strong><strong>de</strong>s</strong> secteurs tels que le nettoyage, la navigation<br />

(matelots), l’environnement et la préservation du patrimoine.<br />

2.4.2 En résumé<br />

80


Nous constatons une gran<strong>de</strong> différence entre les <strong>CPAS</strong> du cluster 1 et les <strong>CPAS</strong> du cluster<br />

3. Dans l’ensemble, les répondants du cluster 1 signalent que les possibilités d’offre<br />

d’emplois restent limitées. Dans le cluster 3, les répondants estiment qu’ils peuvent<br />

disposer d’une offre diversifiée d’emplois (à l’exception du <strong>CPAS</strong> 1A). Ces <strong>de</strong>rniers <strong>CPAS</strong><br />

peuvent engager <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires dans le cadre d’une mesure <strong>de</strong> l’article 60§7 tant dans<br />

les services internes que dans <strong><strong>de</strong>s</strong> organismes externes. Nous constatons que ce sont<br />

surtout les structures <strong>de</strong> coopération avec les ASBL qui sont d’importance capitale. Ces<br />

ASBL proposent un grand nombre d’emplois dans un très grand nombre <strong>de</strong> secteurs. Il<br />

importe que ces emplois soient d’un nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> difficulté diversifié ce qui permet <strong>de</strong><br />

proposer <strong>au</strong>x bénéficiaires une expérience professionnelle personnalisée.<br />

2.5 Phase 5 : activation professionnelle<br />

La cinquième phase est définie comme étant l’activation professionnelle. Cette phase<br />

précè<strong>de</strong> d’une étape le marché du travail régulier et concerne le recours à <strong><strong>de</strong>s</strong> mesures<br />

telles qu’ALE, article 61, article 60, ACTIVA, WEP+ 6 ou SINE. Qu’ont ces mesures<br />

d’activation en commun ? Nos répondants sont convaincus que ces formes d’emplois sont<br />

d’un nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> difficulté supérieur à l’article 60§7. Elles sont <strong><strong>de</strong>s</strong>tinées <strong>au</strong>x bénéficiaires<br />

ayant les comportements professionnels requis, les capacités et les compétences pour<br />

intégrer un emploi à part entière. En comparaison à la phase précé<strong>de</strong>nte, l’accent est<br />

moins mis sur la formation et l’expérience professionnelle. L’intégration sur le lieu <strong>de</strong><br />

travail est l’objectif final. Le bénéficiaire doit durant cette phase, pour reprendre les termes<br />

<strong>de</strong> nos répondants, pouvoir collaborer sur le lieu <strong>de</strong> travail. Cet extrait <strong>de</strong> l’entretien du<br />

répondant du <strong>CPAS</strong> 1C est à cet égard très représentatif :<br />

Oui, <strong><strong>de</strong>s</strong> mesures d’activation comme SINE et ACTIVA, oui si nous ouvrons une<br />

fonction pour cela, c’est comme Gesco, ça relève d’un emploi régulier. Il arrive que<br />

quelqu’un commence alors à travailler par exemple comme ACTIVA et peut poursuivre<br />

et continuer à travailler. Mais ACTIVA s’applique selon moi dans le cadre régulier.<br />

L’opinion du répondant 1D corrobore entièrement cette vision <strong><strong>de</strong>s</strong> choses :<br />

Oui, ce sont ceux qui ont déjà prouvé qu’ils en sont capables. Parfois, ça se passe avec<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> échecs et on se ressaisit, d’abord dans le cadre <strong>de</strong> l’article 60§7, et oui qu’ils en<br />

sont vraiment capables alors oui, alors ce sont <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes que l’on peut comparer<br />

<strong>au</strong>x membres du personnel en place. Elles viennent souvent <strong>de</strong> très loin.<br />

2.5.1 Analyse <strong>de</strong> la phase 5<br />

Certains <strong>de</strong> nos interlocuteurs soulignent tout d’abord que l’article 60 ne mène pas<br />

obligatoirement à un contrat <strong>de</strong> travail. Il s’agit même plutôt d’une exception, comme le<br />

rappelle la responsable du <strong>CPAS</strong> 1Q.<br />

L’article 60 n’est pas mon préféré mais il permet à la personne d’avoir une expérience<br />

professionnelle. Je ne le présente pas comme un contrat <strong>de</strong> travail. Moi, je le prends<br />

comme ça : « je vous mets en article 60 pour que vous ayez une expérience<br />

professionnelle, pas pour avoir un contrat <strong>de</strong> travail. » Si vous leur présentez comme<br />

ça, ils seront moins déçus parce qu’ils n’ont pas d’illusion, parce que forcément, ils<br />

espèrent tous, à la fin <strong>de</strong> l’article 60, d’avoir un contrat, forcément, ils ne l’<strong>au</strong>ront pas,<br />

donc d’emblée, je leur dis « voilà, c’est juste une expérience <strong>de</strong> travail, ça veut dire<br />

qu’après, il f<strong>au</strong>dra continuer à chercher, et vous n’<strong>au</strong>rez pas <strong>de</strong> contrat », même si <strong>au</strong><br />

final il y a peut-être une possibilité, je préfère partir sur un non, et puis sur un oui<br />

comme ça, ils seront contents, que <strong>de</strong> partir sur un oui, et dire « ah, je suis désolé,<br />

j’avais mal compris ».<br />

Les responsables du <strong>CPAS</strong> 1O ne disent pas <strong>au</strong>tre chose, mais rappellent également que la<br />

mesure n’a pas pour objectif <strong>de</strong> fournir un emploi durable, mais une expérience adaptée.<br />

L’article 60, il y a <strong><strong>de</strong>s</strong> lieux qui engagent, mais ce n’est pas systématique, par contre, il<br />

y a <strong><strong>de</strong>s</strong> lieux où la question <strong>de</strong> l’engagement à la fin ne se pose même pas : <strong><strong>de</strong>s</strong> lieux,<br />

d’ailleurs où on apprécie <strong>de</strong> travailler avec eux parce que ce sont <strong><strong>de</strong>s</strong> lieux adéquats<br />

6 Notons que cette mesure est spécifique à la Région flaman<strong>de</strong><br />

81


pour permettre à une personne <strong>de</strong> reprendre confiance en elle, d’être un peu dans un<br />

cocon (…) mais il n’y a pas d’engagement parce que le cadre financier ne le permet<br />

pas.<br />

C’est cependant la raison pour laquelle la responsable du <strong>CPAS</strong> 1Q préfère, lorsqu’il s’agit<br />

d’une entreprise, conclure un contrat dans le cadre <strong>de</strong> l’article 61, car les chances <strong>de</strong> voir<br />

le contrat poursuivi sont plus gran<strong><strong>de</strong>s</strong>.<br />

L’article 60 dans le privé, je suis contre ; si je le fais, c’est uniquement si je suis sûre<br />

que la personne sera engagée après. L’article 60, c’est juste, en caricaturant, on passe<br />

d’une caisse à une <strong>au</strong>tre : « ah, je suis <strong>au</strong> <strong>CPAS</strong>, ah, je retourne <strong>au</strong> chômage, ah, y a<br />

plus rien après » ; le 61, vous avez une possibilité d’avoir un vrai contrat <strong>de</strong> travail et<br />

d’être gardé malgré le plan d’emb<strong>au</strong>che, parce que si vous êtes intégré, que le contrat<br />

<strong>de</strong> travail a été fait par l’entreprise, il y a une toute <strong>au</strong>tre démarche <strong>de</strong> faite, et donc il<br />

y a plus <strong>de</strong> chances d’intégration dans l’entreprise.<br />

Un emploi dans le circuit régulier sous un article 61, un article 60 ou un intérim d’insertion<br />

apparaît très rarement. On souligne avant tout que contacter <strong><strong>de</strong>s</strong> entreprises privées prend<br />

énormément <strong>de</strong> temps et qu’il est souvent impossible <strong>de</strong> le faire en raison <strong>de</strong> la pression<br />

du travail <strong>au</strong> <strong>CPAS</strong>. Deuxièmement, on ressent un manque d’intérêt <strong>de</strong> la part <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

entreprises privées et/ou <strong><strong>de</strong>s</strong> agences d’intérim à recruter <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires du <strong>CPAS</strong>. La<br />

répondante du <strong>CPAS</strong> E estime qu’il y a encore une troisième raison. Elle ne voit <strong>au</strong>cune<br />

plus-value dans l’article 61, l’article 60 privé (c.-à-d. en mise à disposition <strong><strong>de</strong>s</strong> entreprises<br />

privées) ou l’intérim d’insertion. Elle affirme que si vous pouvez engager <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes<br />

sous ces statuts, elles peuvent obtenir un emploi dans le circuit du travail régulier.<br />

Oui, l’article 61 etc., nous ne travaillons pas avec ça. Je n’en vois pas l’utilité. C’est<br />

uniquement pour dans le privé, et ceux qui travaillent dans le privé, qui tournent<br />

généralement avec, alors <strong>au</strong>tant les ai<strong>de</strong>r avec un vrai boulot dans le circuit régulier.<br />

Il ressort toutefois <strong><strong>de</strong>s</strong> récits <strong>de</strong> nos répondants qu’un emploi dans le cadre <strong>de</strong> ces<br />

mesures puisse <strong>de</strong> temps à <strong>au</strong>tre être une réussite. On parle à cet égard <strong>de</strong> perles rares<br />

qui sont prêtes pour un emploi et qui dans certains cas prennent même contact avec une<br />

entreprise privée ou une agence d’intérim. L’un <strong><strong>de</strong>s</strong> répondants estime que le système <strong>de</strong><br />

l’intérim d’insertion est très praticable pour <strong>de</strong> rares bénéficiaires formés :<br />

Oui, l’intérim d’insertion est bien pour ceux qui ont une formation supérieure. On peut<br />

alors les orienter vers <strong><strong>de</strong>s</strong> agences intérimaires, ils en prennent eux-mêmes souvent<br />

l’initiative. Dès qu’ils ont un emploi, en général ils sont souvent directement partis.<br />

Un emploi dans le cadre d’un WEP+ est perçu comme essentiellement négatif. Le<br />

bénéficiaire ne se construit par un emploi WEP+ <strong>au</strong>cun droit dans le cadre <strong>de</strong> la sécurité<br />

sociale. La plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> répondants font la comparaison avec l’article 60§7 dans lequel les<br />

bénéficiaires peuvent à l’issue du <strong>parcours</strong> bel et bien faire valoir leurs droits à une<br />

allocation <strong>de</strong> chômage.<br />

Oui, le WEP+ n’est pas si bon. La différence entre WEP+ et article 60§7 est que la<br />

personne est plus en ordre (qu’avec l’article 60§7). L’article 60 permet à la personne<br />

d’être en ordre point <strong>de</strong> vue emploi tandis qu’avec un WEP, ce n’est pas le cas, et je ne<br />

comprends pas cela. Parce que le WEP n’est pas comme l’article 60§7 une passerelle<br />

entre l’activité et l’inactivité. Mais pourtant il y a une différence, je ne comprends pas.<br />

Le recours <strong>au</strong>x <strong>au</strong>tres mesures diffère clairement entre les <strong>CPAS</strong> du cluster 1 et du cluster<br />

3. Les <strong>CPAS</strong> du cluster 1 recourent, en comparaison <strong>au</strong>x <strong>CPAS</strong> du cluster 3, nettement<br />

moins <strong>au</strong>x SINE et <strong>au</strong>x ACTIVA.<br />

Une première raison à cela est le manque <strong>de</strong> partenaires. Le répondant du <strong>CPAS</strong> D affirme<br />

à ce sujet qu’il est difficile <strong>de</strong> motiver à recourir à ces mesures tant les services internes<br />

que les éventuels partenaires externes :<br />

Pour nous c’est vraiment très difficile <strong>de</strong> collaborer avec <strong><strong>de</strong>s</strong> tiers (utilisation à SINE et<br />

ACTIVA), pour les y motiver. Cela leur coûte très cher, vous savez. C’est encore plus<br />

cher que l’article 60§7. Nous sommes allés leur expliquer par exemple toutes les<br />

mesures dans notre maison <strong>de</strong> repos, mais ce genre <strong>de</strong> choses ça ne marche pas.<br />

Nous l’avons déjà constaté par le passé, c’est vraiment très difficile.<br />

82


Par ailleurs, la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> du cluster 1 estiment qu’en raison <strong>de</strong> leur charge <strong>de</strong><br />

travail ils n’ont pas le temps <strong>de</strong> se pencher sur <strong><strong>de</strong>s</strong> mesures d’activation telles qu’ACTIVA<br />

ou SINE. Le répondant du <strong>CPAS</strong> 1B affirme ce qui suit :<br />

Oui, nous sommes à vrai dire p<strong>au</strong>vres en personnel qui se soit plongé à fond dans les<br />

<strong>au</strong>tres possibilités encore disponibles en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> l’article 60§7. Nous avons<br />

fonctionné ici durant un temps à <strong>de</strong>ux personnes, en fait parfois seul. Les premiers<br />

cinq ans que j’ai passés ici, l’article 60§7 était quelque chose <strong>de</strong> rare et commence à<br />

grandir progressivement, mais nous n’avons presque jamais fait <strong>de</strong> SINE et d’ACTIVA.<br />

Le répondant du <strong>CPAS</strong> 1C mentionne que l’on ne dispose pas du personnel nécessaire pour<br />

pouvoir recourir <strong>de</strong> manière optimale à ces mesures d’activation.<br />

Oui, ces <strong>de</strong>rniers dix ans, nous avons élargi notre maison <strong>de</strong> repos. Alors, nous<br />

sommes passés <strong>de</strong> 100 à 190 travailleurs. J’estime que lorsqu’on fait quelque chose,<br />

alors on doit le faire bien. Nous sommes en train <strong>de</strong> démarrer un centre <strong>de</strong> services,<br />

nous avons encore d’<strong>au</strong>tres projets en cours. Je dis plutôt <strong><strong>de</strong>s</strong> soins que ça démarre<br />

que c’est bien. Donc oui nous n’avons pas be<strong>au</strong>coup le temps pour ça.<br />

Une importante exception dans le cluster 1 est le <strong>CPAS</strong> 1A. Le répondant <strong>de</strong> ce <strong>CPAS</strong><br />

souligne que tant SINE qu’ACTIVA sont utilisés régulièrement. Ainsi, on a créé une<br />

initiative d’économie sociale qui correspon<strong>de</strong> <strong>au</strong> service <strong><strong>de</strong>s</strong> espaces verts <strong>de</strong> la ville. Dans<br />

le cadre <strong>de</strong> cette initiative, les bénéficiaires peuvent être engagés tant dans un emploi<br />

SINE qu’ACTIVA. Par ailleurs, on a <strong>au</strong>ssi un agrément pour engager <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires dans<br />

l’ai<strong>de</strong> à domicile dans le cadre du Bure<strong>au</strong> Local pour l’Emploi. Ici <strong>au</strong>ssi, les bénéficiaires<br />

peuvent aboutir tant à un statut SINE qu’ACTIVA. Une <strong>de</strong>rnière possibilité qui est<br />

mentionnée par le répondant du <strong>CPAS</strong> 1A est un projet d’économie sociale <strong>de</strong> la ville grâce<br />

<strong>au</strong>quel les bénéficiaires peuvent travailler sous statut SINE. Ce <strong>de</strong>rnier projet peut être<br />

utilisé pour proposer <strong>au</strong>x bénéficiaires une perspective même après leur trajectoire sous<br />

article 60§7.<br />

Oui, nos collègues <strong>de</strong> la ville ont un projet SINE complet, et cela nous donne une<br />

énorme priorité pour y placer quelques personnes, <strong>au</strong>xquelles nous pouvons donc <strong>au</strong>ssi<br />

donner une perspective d’aller travailler un peu pour la ville, ce qui leur procure<br />

d’énormes perspectives.<br />

Enfin, ce répondant mentionne qu’on peut ai<strong>de</strong>r un certain nombre <strong>de</strong> personnes à<br />

travailler sous un statut WEP+ ou ALE. Ces mesures d’activation sont toutefois moins<br />

souvent utilisées. Au <strong>CPAS</strong> 1A, l’accent est mis sur l’article 60§7, SINE et ACTIVA.<br />

Dans le cluster 3, <strong><strong>de</strong>s</strong> mesures telles que SINE et ACTIVA sont selon les répondants<br />

utilisées régulièrement. Aux <strong>CPAS</strong> 1H, 1J, 1L et 1N, les répondants soulignent qu’ils se<br />

méfient <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>au</strong>tres possibilités en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> l’article 60§7 classique. Les mesures les plus<br />

populaires sont SINE et ACTIVA. Au <strong>CPAS</strong> E, on a créé dans la commune une entreprise <strong>de</strong><br />

titres-services permettant <strong>au</strong>x bénéficiaires d’aboutir à un emploi SINE. De même, le<br />

répondant du <strong>CPAS</strong> 1M mentionne que SINE et ACTIVA sont une opportunité intéressante<br />

dans le cadre d’un emploi sous titres-services. Ici <strong>au</strong>ssi les répondants affirment que ces<br />

mesures servent à engager les meilleurs bénéficiaires. On souligne que ces mesures sont<br />

utilisées pour fournir également à l’issue d’un article 60§7 encore un emploi <strong>au</strong><br />

bénéficiaire.<br />

Ces <strong>au</strong>tres mesures, comme ACTIVA etc., ce sont les subsi<strong><strong>de</strong>s</strong> qui sont intéressants.<br />

Cela vous permet <strong>de</strong> travailler avec les bonnes personnes. Ces personnes, oui pour les<br />

faire travailler en ACTIVA, les bons qui ont déjà plus <strong>de</strong> compétences, alors les<br />

subsi<strong><strong>de</strong>s</strong> sont importants. Alors, les faire travailler éventuellement après sous un<br />

article 60§7 prolongé, dans un cadre quand même un peu protégé.<br />

Ce système est <strong>au</strong>ssi appliqué <strong>au</strong> <strong>CPAS</strong> 1J. Nous mentionnions déjà que dans ce <strong>CPAS</strong> les<br />

services internes collaborent très étroitement avec les agents d’insertion et octroient<br />

rapi<strong>de</strong>ment un emploi <strong>au</strong>x bénéficiaires du <strong>CPAS</strong>. Nous constatons <strong>au</strong>ssi cela concernant<br />

l’utilisation d’ACTIVA et <strong>de</strong> SINE. Le répondant mentionne que souvent après la trajectoire<br />

vers un emploi sous article 60§7, on utilise un règlement ACTIVA ou SINE pour proposer<br />

<strong>au</strong>x bénéficiaires une carrière plus longue. Cela a, outre les avantages évi<strong>de</strong>nts pour le<br />

bénéficiaire, <strong>au</strong>ssi d’importants avantages pour l’organisme en question. On peut en effet<br />

engager à long terme un membre du personnel qui a déjà acquis <strong>de</strong> l’expérience dans<br />

83


l’organisme par le biais d’un emploi sous article 60§7, d’une manière relativement<br />

avantageuse sur le plan financier.<br />

Souvent à la fin <strong>de</strong> l’article 60§7 alors on satisfait <strong>au</strong>x conditions pour pouvoir<br />

travailler dans un ACTIVA. C’est arrivé régulièrement chez nous dans les services<br />

internes. Pour quelques personnes, c’est certainement bien et <strong>au</strong>ssi pour les<br />

organismes. Sans cette mesure, ces partenaires n’ont pas les moyens d’encore<br />

organiser un emploi.<br />

Les <strong>CPAS</strong> 1K, 1M et 1I du cluster 3 sont d’importantes exceptions. Leurs répondants<br />

mentionnent qu’on n’utilise pas, en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> l’article 60§7, be<strong>au</strong>coup d’<strong>au</strong>tres mesures<br />

d’activation. On réfère à cet égard <strong>au</strong>x mêmes raisons que les <strong>CPAS</strong> du cluster 1 : le<br />

manque <strong>de</strong> partenaires potentiels dans l’environnement et le problème d’une charge <strong>de</strong><br />

travail trop élevée.<br />

2.5.2 En résumé<br />

De même durant cette phase, nous constatons une différence significative entre les <strong>CPAS</strong><br />

du cluster 1 et les <strong>CPAS</strong> du cluster 3. Les répondants du <strong>de</strong>rnier cluster signalent<br />

clairement qu’en comparaison <strong>au</strong>x <strong>CPAS</strong> du cluster 1, ils utilisent davantage <strong><strong>de</strong>s</strong> mesures<br />

telles que SINE et ACTIVA. Ils soulignent à ce sujet qu’un emploi ACTIVA ou SINE est un<br />

excellent prolongement d’un emploi dans le cadre d’un contrat sous article 60§7. Ce<br />

témoignage corrobore nos constats quantitatifs. Sur base <strong>de</strong> nos analyses longitudinales,<br />

nous avons constaté que les bénéficiaires à l’issue d’un emploi SINE ou ACTIVA présentent<br />

davantage <strong>de</strong> chance d’atteindre un emploi durable. Nous pouvons à cet égard formuler<br />

l’hypothèse que si un bénéficiaire à l’issue d’un article 60§7 peut exécuter un emploi<br />

complémentaire dans un cadre protégé (SINE, ACTIVA), alors il dispose d’un meilleur<br />

bagage, <strong>de</strong> compétences et d’expérience peut trouver sa voie sur le marché du travail<br />

régulier (ou social).<br />

2.6 Phase 6 : orientation sur le marché du travail<br />

régulier<br />

Dans les paragraphes ci-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus, nous décrivons la trajectoire d’activation pour les <strong>CPAS</strong> du<br />

quadrant 1. Une <strong>de</strong>rnière étape est l’orientation proprement dite sur le marché du travail.<br />

Ici <strong>au</strong>ssi nous constatons <strong><strong>de</strong>s</strong> différences entre les <strong>CPAS</strong> quant à leur manière <strong>de</strong> remplir<br />

cette <strong>de</strong>rnière phase. Les partenaires essentiels <strong>de</strong> cette phase sont les services région<strong>au</strong>x<br />

pour l’emploi (VDAB/FOREM/ACTIRIS). Dans les prochains paragraphes, nous utilisons la<br />

terminologie VDAB, FOREM et ACTIRIS lorsque certains constats ne s’appliquent<br />

respectivement qu’<strong>au</strong>x <strong>CPAS</strong> <strong>de</strong> Flandre, <strong>de</strong> Wallonie et <strong>de</strong> Bruxelles.<br />

2.6.1 Analyse <strong>de</strong> la phase 6<br />

En Flandre, l’ancrage local du VDAB dans les Centres <strong>de</strong> placement veille à ce que <strong>CPAS</strong> et<br />

VDAB puissent collaborer étroitement avec le même groupe-cible. Outre le VDAB, d’<strong>au</strong>tres<br />

services sont établis dans les Centres <strong>de</strong> placement. Ainsi, on y trouve <strong>au</strong>ssi un<br />

département <strong>de</strong> l’ONEM, du Fonds flamand pour l’Intégration sociale <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes avec<br />

un Handicap et <strong>de</strong> l’ONEM. Les <strong>CPAS</strong> collaborent surtout avec le VDAB qui peut se charger<br />

<strong>de</strong> la mise <strong>au</strong> travail <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires qui achèvent une trajectoire d’activation du <strong>CPAS</strong>.<br />

En Wallonie, les Maisons <strong>de</strong> l’Emploi proposent <strong><strong>de</strong>s</strong> services similaires, regroupant<br />

différents acteurs <strong>de</strong> l’insertion : représentants du FOREM, du <strong>CPAS</strong>, <strong>de</strong> la commune, voire<br />

d’<strong>au</strong>tres opérateurs (opérateurs <strong>de</strong> formation, MIRE, ALE…). Dans les gran<strong><strong>de</strong>s</strong> villes, <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

relais <strong>de</strong> l’emploi jouent le même rôle. À Bruxelles, enfin, ce sont les missions locales,<br />

financées entre <strong>au</strong>tres par Actiris et regroupant tant le <strong>CPAS</strong> que <strong><strong>de</strong>s</strong> opérateurs <strong>de</strong><br />

formation, notamment, qui jouent un rôle similaire 7 Ces lieux sont souvent considérés<br />

comme <strong>de</strong> bons relais loc<strong>au</strong>x, comme nous l’signale la responsable du <strong>CPAS</strong> 1Q.<br />

7 Notons cependant que le quadrant 1 ne comporte <strong>au</strong>cun <strong>CPAS</strong> bruxellois.<br />

84


Les bénéficiaires du revenu d’intégration sont en général gênés d’aller <strong>au</strong> FOREM ou à<br />

l’ONEM, donc moi, je travaille be<strong>au</strong>coup avec les maisons <strong>de</strong> l’emploi, parce que c’est<br />

plus petit, plus convivial que l’institution FOREM, installée sur 10 étages.<br />

Quelles sont les expériences <strong>de</strong> collaboration ? La collaboration avec les services région<strong>au</strong>x<br />

pour l’emploi (VDAB/FOREM/ACTIRIS) peut s’effectuer <strong>de</strong> différentes manières. Avant tout,<br />

en Flandre, a démarré un projet pilote permettant <strong>au</strong> VDAB <strong>de</strong> démarrer un<br />

accompagnement dans certains <strong>CPAS</strong>, trois mois avant que le bénéficiaire n’ait achevé la<br />

trajectoire d’activation du <strong>CPAS</strong>. Par une étroite collaboration entre ces <strong>de</strong>ux services, il<br />

est possible d’organiser un accompagnement intensif ayant comme objectif final<br />

l’activation durable du bénéficiaire. Une répartition <strong><strong>de</strong>s</strong> tâches permet <strong>au</strong>x <strong>CPAS</strong> <strong>de</strong><br />

s’occuper <strong><strong>de</strong>s</strong> problèmes soci<strong>au</strong>x du bénéficiaire, tandis que le VDAB se charge du volet <strong>de</strong><br />

l’insertion sur le marché du travail régulier.<br />

En Wallonie et à Bruxelles, la « mesure 500 » est souvent utilisée dans un objectif<br />

similaire. L’accompagnement est généralement assuré 3 mois avant la fin du contrat article<br />

60, à la fin <strong>de</strong> ce contrat et trois mois après sa sortie. En Wallonie, ce dispositif est mis en<br />

place via la convention cadre FOREM-<strong>CPAS</strong> et d’éventuels opérateurs <strong>de</strong> formation. À<br />

Bruxelles, cela fait l’objet d’une convention entre Actiris, le <strong>CPAS</strong> et <strong><strong>de</strong>s</strong> opérateurs <strong>de</strong><br />

formation agréés. Aucun <strong>CPAS</strong> <strong>de</strong> ce cluster n’en a cependant fait état.<br />

Outre une collaboration dans le cadre <strong><strong>de</strong>s</strong> champs d’expérimentation, le <strong>CPAS</strong> peut prévoir<br />

certains jours <strong>de</strong> consultation dans le Centre <strong>de</strong> placement. Certains <strong>CPAS</strong> siègent dans<br />

le même bâtiment que le Centre <strong>de</strong> placement. Par ailleurs, le <strong>CPAS</strong> peut participer <strong>au</strong><br />

Comité <strong>de</strong> Direction <strong><strong>de</strong>s</strong> Centres <strong>de</strong> placement. Une <strong>de</strong>rnière forme <strong>de</strong> collaboration est<br />

l’organisation d’une concertation conjointe sur le bénéficiaire.<br />

Comment cette collaboration est-elle évaluée par les différents <strong>CPAS</strong> du quadrant 1 ? Nous<br />

constatons à nouve<strong>au</strong> une différence entre le cluster 1 et le cluster 3. Dans le cluster 1, les<br />

répondants signalent que la collaboration avec les services région<strong>au</strong>x pour l’emploi se<br />

déroule moins bien. Dans le cluster 3, les répondants mentionnent une collaboration plutôt<br />

bonne avec les agents d’insertion <strong><strong>de</strong>s</strong> services région<strong>au</strong>x pour l’emploi.<br />

Dans le cluster 1, le <strong>CPAS</strong> 1A participe à <strong><strong>de</strong>s</strong> champs d’expérimentation. Par ailleurs, ce<br />

<strong>CPAS</strong> siège <strong>au</strong> Comité <strong>de</strong> Direction du Centre <strong>de</strong> placement local. Quant <strong>au</strong>x <strong>au</strong>tres <strong>CPAS</strong><br />

du quadrant 1, nous constatons que la collaboration, <strong>au</strong>x <strong>CPAS</strong> 1A, 1B et 1D, reste limitée<br />

à une participation <strong>au</strong> Comité <strong>de</strong> Direction (abrégé : CdD). Au <strong>CPAS</strong> C nous ne trouvons<br />

<strong>au</strong>cune collaboration claire. Les répondants <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> du cluster 1 estiment que la<br />

collaboration avec le Centre <strong>de</strong> placement est plutôt négative.<br />

Un premier inconvénient, qui est confirmé par la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> répondants du cluster 1,<br />

concerne le relais du bénéficiaire <strong>au</strong>près <strong><strong>de</strong>s</strong> agents d’insertion du VDAB. Lorsque le<br />

bénéficiaire a achevé une trajectoire d’activation du <strong>CPAS</strong>, alors l’agent d’insertion du<br />

<strong>CPAS</strong> peut déci<strong>de</strong>r <strong>de</strong> l’orienter vers le VDAB. La trajectoire d’activation <strong><strong>de</strong>s</strong> services<br />

région<strong>au</strong>x pour l’emploi ne débute toutefois que six mois après ; c’est pourquoi durant<br />

cette pério<strong>de</strong> le bénéficiaire est livré à son propre sort. Ce problème a été soulevé par<br />

l’agent d’insertion du <strong>CPAS</strong> 1A, mais en vain lors du CdD du Centre <strong>de</strong> placement. Le<br />

répondant <strong>de</strong> ce <strong>CPAS</strong> formule cette donnée en ces termes :<br />

Oui, notre agent d’insertion siégeait à la gestion quotidienne et alors nous avons<br />

décelé un problème. Nous avions un problème pour suivre nos bénéficiaires. Nous<br />

voulions savoir comment cela se passait après six mois, car c’est le plus grand<br />

problème. Le VDAB attend d’abord six mois avant <strong>de</strong> démarrer l’accompagnement.<br />

Alors on perd vraiment be<strong>au</strong>coup d’efforts effectués. Alors nous leur avons dit que si<br />

nous leur transmettons <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes, alors prenez-les directement et si votre<br />

personnel rencontre alors <strong><strong>de</strong>s</strong> problèmes <strong>de</strong> bien-être, alors renvoyez-les-nous<br />

directement. Sans attendre car comme ça on peut éviter be<strong>au</strong>coup <strong>de</strong> problèmes. Nous<br />

espérons avec les champs d’expérimentation que la collaboration s’améliore.<br />

Outre les discussions relatives <strong>au</strong> relais <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires, les répondants du cluster 1<br />

estiment qu’il y a <strong>au</strong>ssi <strong><strong>de</strong>s</strong> problèmes quant <strong>au</strong>x jours <strong>de</strong> consultation. Le <strong>CPAS</strong> 1A a<br />

<strong>de</strong>mandé <strong>au</strong> Centre local <strong>de</strong> placement une politique <strong><strong>de</strong>s</strong> présences permettant à un agent<br />

d’insertion du <strong>CPAS</strong> d’accueillir durant une journée par semaine les bénéficiaires dans les<br />

bâtiments du Centre <strong>de</strong> placement. Le répondant signale toutefois qu’on ne peut approuver<br />

85


cette <strong>de</strong>man<strong>de</strong> car les agents d’insertion <strong><strong>de</strong>s</strong> services région<strong>au</strong>x pour l’emploi ne peuvent<br />

garantir que <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires y seront redirigés. Les agents d’insertion sont en revanche<br />

présents dans le Centre <strong>de</strong> placement à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> agents d’insertion <strong><strong>de</strong>s</strong> services<br />

région<strong>au</strong>x pour l’emploi.<br />

Nous y allons effectivement, mais uniquement sur <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, nous ne faisons plus <strong>de</strong><br />

jours <strong>de</strong> consultation fixes. Il y a certainement <strong><strong>de</strong>s</strong> discussions à ce nive<strong>au</strong>, le Centre<br />

<strong>de</strong> placement estime que nous <strong>de</strong>vons nous y trouver <strong>de</strong> manière fixe. Mais oui, nous<br />

avons donc <strong>de</strong>mandé, pouvez-vous nous garantir alors que nous allons voir <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

bénéficiaires quotidiennement. Alors les discussions se sont arrêtées et ils ne<br />

pouvaient pas nous garantir cela. Et à présent, c’est uniquement quand le Centre <strong>de</strong><br />

placement le <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, alors nous y allons. Mais cela n’arrive que très rarement.<br />

Un troisième problème <strong>au</strong>quel nos répondants font régulièrement référence, est formulé<br />

par la répondante du <strong>CPAS</strong> 1B :<br />

Oui, cette collaboration avec le Centre <strong>de</strong> placement, elle a <strong>de</strong> notre point <strong>de</strong> vue<br />

échoué. Nous avions nourri durant <strong>de</strong>ux ans un f<strong>au</strong>x espoir, je crois qu’avec la nouvelle<br />

orientation du Centre <strong>de</strong> placement avec toutes les nuances possibles en vue <strong>de</strong><br />

l’accompagnement <strong>de</strong> chômeurs difficiles à placer que nous allons pouvoir mieux<br />

collaborer. Alors, nous avons be<strong>au</strong>coup mis en place ensemble, nous avons même<br />

songé à fonctionner avec <strong><strong>de</strong>s</strong> antennes, mais ça a échoué. Nous pensons que le Centre<br />

<strong>de</strong> placement reçoit ses missions d’en h<strong>au</strong>t, ça a fait que les gens n’ont pas là-bas<br />

obtenu le temps et l’espace pour. Nous avons eu le sentiment que nous en avons été<br />

complètement écartés. Aujourd’hui, nous constatons que nos bénéficiaires, qui n’ont<br />

même pas les compétences pour travailler avec un ordinateur WIS, sont orientés chez<br />

nous <strong>au</strong>tomatiquement. Ils sont suspendus <strong>de</strong> leur emploi en cours car ils n’ont pas<br />

répondu à leur invitation.<br />

Cette répondante affirme que le Centre <strong>de</strong> placement local n’accor<strong>de</strong> <strong>au</strong>cune<br />

attention <strong>au</strong>x bénéficiaires du <strong>CPAS</strong>. Elle trouve une explication dans la lour<strong>de</strong> charge<br />

<strong>de</strong> travail <strong><strong>de</strong>s</strong> agents d’insertion du VDAB qui empêche <strong>de</strong> déterminer une trajectoire pour<br />

les plus faibles. Cette critique est <strong>au</strong>ssi exprimée par le répondant du <strong>CPAS</strong> 1D. Dans ce<br />

<strong>CPAS</strong>, la prési<strong>de</strong>nte est membre du Comité <strong>de</strong> Direction du Centre <strong>de</strong> placement. Elle met<br />

toutefois l’accent sur les expériences négatives. Elle souligne <strong>au</strong>ssi son inquiétu<strong>de</strong> face <strong>au</strong><br />

fait que le Centre <strong>de</strong> placement accor<strong>de</strong> trop peu d’attention <strong>au</strong>x difficultés spécifiques <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

bénéficiaires du <strong>CPAS</strong>.<br />

Oui, le Centre <strong>de</strong> placement, vous savez, j’y siège, dans le Comité <strong>de</strong> Direction. Nous<br />

espérons vraiment que cela va s’améliorer. C’est difficile car actuellement la<br />

communication est difficile entre les travailleurs soci<strong>au</strong>x du Centre <strong>de</strong> placement et le<br />

personnel du <strong>CPAS</strong> ici. Cela se passe très difficilement. Le VDAB est un mon<strong>de</strong><br />

entièrement différent. Je me retrouve entre les <strong>de</strong>ux et parfois on dirait vraiment qu’ils<br />

pensent que ces bénéficiaires du <strong>CPAS</strong>, on ne sait rien en faire. C’est pourtant<br />

entièrement f<strong>au</strong>x. Il n’y a pas <strong>de</strong> terrain fertile, c’est comme ça <strong>de</strong>puis <strong><strong>de</strong>s</strong> années,<br />

nous avons déjà à maintes reprises essayé <strong>de</strong> nous asseoir à table. Mais c’est horrible.<br />

Ce sont vraiment <strong><strong>de</strong>s</strong> mon<strong><strong>de</strong>s</strong> différents. Cela ne se passe vraiment pas facilement.<br />

Au <strong>CPAS</strong> 1C, un quatrième problème se présente. Dans la commune 1C, <strong>au</strong>cun centre <strong>de</strong><br />

placement n’est présent, c’est pourquoi les bénéficiaires sont obligés <strong>de</strong> contacter le<br />

Centre <strong>de</strong> placement <strong><strong>de</strong>s</strong> communes voisines. En raison <strong>de</strong> cette distance physique, il y a<br />

<strong>au</strong>ssi moins <strong>de</strong> contact entre le <strong>CPAS</strong> et le Centre <strong>de</strong> placement. Il y avait en revanche une<br />

antenne dans la cellule emploi communale. Celle-ci a toutefois été fermée par manque <strong>de</strong><br />

moyens et <strong>de</strong> personnel. Par ailleurs, la répondante mentionne l’existence du Forum. Il<br />

s’agit d’une plateforme <strong>de</strong> concertation ayant pour mission d’élaborer une politique pour<br />

l’emploi <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> local/régional, sous la prési<strong>de</strong>nce d’une administration locale et prise en<br />

charge par les divers acteurs loc<strong>au</strong>x du marché du travail tels que <strong>CPAS</strong>, Centre <strong>de</strong><br />

placement, syndicats et <strong>au</strong>tres partenaires. La répondante semble toutefois ne pas avoir<br />

<strong>de</strong> gran<strong><strong>de</strong>s</strong> attentes quant <strong>au</strong>x résultats du forum dans la commune C :<br />

86


Oui ce Forum, nous avons choisi d’y entrer avec les communes voisines. Mais il n’y a<br />

encore rien <strong>de</strong> concret, <strong>au</strong> LSB, l’emploi était <strong>au</strong>ssi important. Mais même nous en tant<br />

que l’un <strong><strong>de</strong>s</strong> plus grands employeurs <strong>de</strong> la commune si pas le plus grand, est-ce que<br />

nous pesions alors sur la politique d’emploi, je ne le pense pas. Nous n’avons <strong>au</strong>ssi que<br />

peu <strong>de</strong> moyens avec ce Forum, donc oui, il f<strong>au</strong>t attendre.<br />

Les répondants du cluster 3 ont <strong><strong>de</strong>s</strong> expériences plus positives avec le Centre <strong>de</strong><br />

placement. Trois <strong>de</strong> ces <strong>CPAS</strong> profitent clairement <strong>de</strong> la proximité physique du Centre <strong>de</strong><br />

placement. Ces répondants signalent clairement que le bon contact provient du fait que le<br />

centre <strong>de</strong> placement est situé non loin du <strong>CPAS</strong>. Au <strong>CPAS</strong> 1J, le Centre <strong>de</strong> placement se<br />

situe <strong>de</strong> l’<strong>au</strong>tre côté <strong>de</strong> la rue et <strong><strong>de</strong>s</strong> jours <strong>de</strong> consultation fixes y sont organisés. L’agent<br />

d’insertion est présent une <strong>de</strong>mi-journée par semaine <strong>au</strong> Centre <strong>de</strong> placement. Dans les<br />

communes <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> 1I et 1M, les <strong>CPAS</strong> et le Centre <strong>de</strong> placement siègent dans le même<br />

bâtiment. Pour ces <strong>CPAS</strong>, il est clair que la proximité physique <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux services permette<br />

qu’il y ait <strong>de</strong> nombreux contacts entre les agents d’insertion tant <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> que <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

services région<strong>au</strong>x pour l’emploi. Cela génère <strong>de</strong> nombreux contacts informels qui se<br />

développent en une concertation à propos du bénéficiaire. Un extrait très représentatif<br />

ressort <strong>de</strong> l’interview du répondant du <strong>CPAS</strong> 1J. Il explique clairement le lien entre<br />

l’importance d’une politique <strong>de</strong> présence dans le Centre <strong>de</strong> placement, les contacts<br />

informels et la concertation sur le bénéficiaire.<br />

Oui, nous sommes actifs un <strong>de</strong>mi-jour dans le Centre <strong>de</strong> placement. Nous y sommes<br />

avec d’<strong>au</strong>tres services comme GTB, VDAB et ALE. Chacun conserve sa particularité, la<br />

plus-value est qu’on y effectue <strong>de</strong> la concertation. On peut se dire oui celui-là c’est un<br />

type que l’on suit, comme ça se passe avec ça, ou avec ça. Nous avons <strong>au</strong>ssi accès <strong>au</strong><br />

gestionnaire <strong>de</strong> dossiers du VDAB et ça c’est vraiment pratique. Cela nous permet<br />

même d’accueillir nos bénéficiaires dans le Centre <strong>de</strong> placement et l’informer. Cela a<br />

un effet très bénéfique facilitant l’accès.<br />

La concertation entre <strong>de</strong> travailleur social du <strong>CPAS</strong> et l’accompagnateur <strong><strong>de</strong>s</strong> services<br />

région<strong>au</strong>x pour l’emploi permet d’accueillir plus rapi<strong>de</strong>ment les bénéficiaires du <strong>CPAS</strong> et<br />

d’octroyer l’information nécessaire. Cela a selon ce répondant pour effet d’en faciliter<br />

clairement l’accès.<br />

De même <strong>au</strong>x <strong>CPAS</strong> 1I et 1M, on a <strong><strong>de</strong>s</strong> expériences plutôt positives. Ces <strong>CPAS</strong> siègent<br />

dans le même bâtiment que le Centre <strong>de</strong> placement, ce qui selon les répondants est<br />

bénéfique à la collaboration. L’extrait suivant provient du répondant du <strong>CPAS</strong> 1I :<br />

Oui, chez nous il y a <strong>de</strong> nombreux contacts informels. Autrefois une concertation sur le<br />

bénéficiaire était organisée, cela ne fait plus maintenant, et c’est bien dommage. D’un<br />

<strong>au</strong>tre côté, c’est vrai qu’il y a <strong>de</strong> nombreux contacts informels sur les bénéficiaires,<br />

c’est vraiment très bien et très pratique.<br />

Au <strong>CPAS</strong> 1I, on parle d’une Maison sociale commune :<br />

Oui, notre <strong>CPAS</strong> siège à la Maison sociale, dans laquelle le VDAB est <strong>au</strong>ssi hébergé. Il y<br />

a une très bonne communication entre <strong>CPAS</strong> et VDAB. Le VDAB a <strong>de</strong>ux agents<br />

d’insertion professionnelle qui travaillent très bien avec nos bénéficiaires et nous<br />

retournent régulièrement <strong>de</strong> nombreuses informations.<br />

La proximité physique entre le <strong>CPAS</strong> et les services région<strong>au</strong>x pour l’emploi<br />

(VDAB/FOREM/ACTIRIS) ne semble pas être une condition exclusive pour avoir un bon<br />

contact entre le <strong>CPAS</strong> et le Centre <strong>de</strong> placement. Dans les <strong>au</strong>tres <strong>CPAS</strong> (1H, 1K et 1L) où<br />

<strong>au</strong>cune journée <strong>de</strong> consultation n’est organisée ou bien où le <strong>CPAS</strong> n’est pas situé dans les<br />

mêmes bâtiments, les répondants considèrent toutefois la collaboration comme étant<br />

bonne. Des relais sont régulièrement effectués et sont souvent suivis <strong>de</strong> contacts<br />

informels.<br />

87


Oui, notre accompagnateur professionnel a très régulièrement <strong><strong>de</strong>s</strong> contacts avec le<br />

Centre <strong>de</strong> placement. Oui, ce que c’est précisément, je n’en sais rien, mais c’est<br />

surtout pour parler <strong>au</strong>x personnes, et les orienter. Elles disent que ce contact se<br />

déroule bien. Il n’a pas <strong>de</strong> jour <strong>de</strong> consultation, mais c’est compensé par les contacts<br />

informels qui existent.<br />

L’agent d’insertion du <strong>CPAS</strong> 1E parle <strong>de</strong> l’importance d’une convention <strong>de</strong> collaboration. Par<br />

ce contrat, on souhaite établir <strong><strong>de</strong>s</strong> dispositions claires concernant la répartition <strong><strong>de</strong>s</strong> tâches<br />

entre le <strong>CPAS</strong> et le Centre <strong>de</strong> placement <strong>de</strong> E.<br />

Oui, je pense que nous sommes la seule commune à avoir cela. C’est signé et le mois<br />

prochain, nous <strong>de</strong>vons nous mettre à table pour le côté pratique. Ce n’est pas encore<br />

en service, mais ça s’annonce bien. Par exemple, trois mois avant la fin <strong>de</strong> l’article 60,<br />

nous relayerons <strong>au</strong>près du VDAB, sans qu’il n’y ait <strong>de</strong> creux intermédiaire. Pour qu’il ait<br />

clairement un suivi.<br />

Dans le <strong>CPAS</strong> 1O, il n’y a pas <strong>de</strong> proximité géographique, mais la collaboration est étroite.<br />

Elle est par ailleurs préférée à la direction régionale du FOREM.<br />

Il y a la maison <strong>de</strong> l’emploi <strong>de</strong> C où on a un contact personnalisé, be<strong>au</strong>coup d’ateliers<br />

ont lieu là-bas, les conseillères peuvent être <strong>de</strong> bons intermédiaires entre le <strong>CPAS</strong> et<br />

l’institution Forem-conseil, on préfère passer par ce type <strong>de</strong> structure locale que<br />

d’envoyer dans les bure<strong>au</strong>x du FOREM.<br />

Enfin, dans le <strong>CPAS</strong> 1Q, ce type <strong>de</strong> structure <strong>de</strong> proximité permet <strong><strong>de</strong>s</strong> relations<br />

personnelles qui favorisent le suivi du bénéficiaire.<br />

Ce que je fais, c’est, la première fois, je vais avec eux. Forcément, comme tout le<br />

mon<strong>de</strong> me connaît, c’est « ah, salut, comment ça va ? », je fais la bise <strong>au</strong>x gens, donc<br />

ça décoince les personnes. Je dis «Tiens, je suis venue avec madame, elle recherche<br />

une formation – ou elle est venue s’inscrire », et d’emblée, on lui dit « venez, on va<br />

vous expliquer comment marche le service », et puis la personne y retourne be<strong>au</strong>coup<br />

plus sereinement : elle est déjà venue une fois, elle connaît l’endroit, elle s’est rendue<br />

compte qu’on n’allait pas la critiquer ou la montrer du doigt, et donc ça lui permet <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>venir plus <strong>au</strong>tonome ; je fais ça pour les grosses institutions : le FOREM, l’ONEM, les<br />

syndicats, par exemple, ou les formations. C’est l’avantage <strong><strong>de</strong>s</strong> petits <strong>CPAS</strong>, les gros<br />

ne peuvent pas faire ça.<br />

La seule exception dans le cluster 3 quant à la collaboration avec le VDAB, c’est le <strong>CPAS</strong><br />

1K. Ce <strong>CPAS</strong> ne collabore en <strong>au</strong>cune façon avec le VDAB. Le répondant raconte ce qui suit:<br />

Oui, maintenant nous n’avons <strong>de</strong> contacts que par téléphone, je peux les croiser en<br />

rue sans savoir qui ils sont. Nous n’avons <strong>au</strong>cune vue sur le fonctionnement du VDAB.<br />

Le répondant souligne clairement qu’une amélioration est en vue :<br />

Bientôt ça ira mieux, car cette dame du VDAB viendra ici une fois par semaine. Ce sera<br />

bien, nous pourrons apprendre à nous connaître et cela <strong>au</strong>gmentera la concertation.<br />

Outre une collaboration avec le Centre <strong>de</strong> placement, l’orientation sur le marché du travail<br />

peut <strong>au</strong>ssi être organisée par les services internes. Dans le cluster 1, les répondants <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong>CPAS</strong> C et D parlent <strong>de</strong> clubs emploi. Au <strong>CPAS</strong> 1C, les agents d’insertion ont pris l’initiative<br />

<strong>de</strong> mettre un local avec <strong><strong>de</strong>s</strong> ordinateurs à disposition du cluster <strong>de</strong> <strong>CPAS</strong>, local dont ils sont<br />

responsables. Dans ce local, on donne toutes les <strong>de</strong>ux semaines un cours <strong>de</strong> formation <strong>au</strong>x<br />

entretiens d’emb<strong>au</strong>che. Au <strong>CPAS</strong> 1D, on organise chaque lundi matin un recrutement. Un<br />

local est prévu avec <strong><strong>de</strong>s</strong> ordinateurs où chaque bénéficiaire accè<strong>de</strong> librement afin <strong>de</strong> venir<br />

effectuer sa recherche <strong>de</strong> postes vacants. Ces pério<strong><strong>de</strong>s</strong> sont prises en charge par les<br />

agents d’insertion afin d’établir un contact plus informel avec leurs bénéficiaires. Dans ce<br />

<strong>CPAS</strong>, ce club emploi est <strong><strong>de</strong>s</strong>tiné à trouver d’une manière très abordable une politique<br />

d’ouverture <strong>au</strong>x <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs d’ai<strong>de</strong> qui sont orientés par les travailleurs soci<strong>au</strong>x. Le<br />

répondant approuve positivement cette initiative :<br />

88


Oui, chaque lundi matin nous avons ce que nous appelons « Postes vacants ». Un<br />

ordinateur est prêt avec Internet, les postes vacants disponibles à cet instant sont<br />

imprimés et les agents d’insertion viennent dans ce local, les personnes peuvent<br />

emporter une copie <strong><strong>de</strong>s</strong> annonces et peuvent alors téléphoner. Parfois, afin d’en<br />

faciliter l’accès, nous envoyons nous-mêmes <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes <strong>au</strong>x postes vacants,<br />

parfois nous avons l’impression que les collaborateurs trouvent que ce n’est pas une<br />

manière correcte <strong>de</strong> travailler. Parfois <strong>au</strong>ssi, par exemple quelqu’un qui arrive à la<br />

permanence du service social, alors il est envoyé <strong>au</strong>x postes vacants le lundi matin.<br />

Les personnes n’emportent pas toujours <strong><strong>de</strong>s</strong> annonces <strong>de</strong> postes vacants réalistes et<br />

alors nous pouvons débuter un entretien en se <strong>de</strong>mandant si c’est une bonne manière<br />

<strong>de</strong> poser sa candidature. Les personnes viennent <strong>au</strong>x postes vacants et alors elles se<br />

ren<strong>de</strong>nt compte que cela ne fonctionne pas, nous avons déjà discuté <strong>de</strong> ces postes<br />

vacants, et alors elles constatent à nouve<strong>au</strong> que cela ne marche pas, alors elles sont<br />

proposées comme article 60 et on en parle toujours avant.<br />

De même, <strong>au</strong> <strong>CPAS</strong> 1F, nous trouvons un exemple d’initiative similaire. Dans ce <strong>CPAS</strong>, en<br />

collaboration avec le Centre <strong>de</strong> placement, un projet pour permettre <strong>au</strong>x bénéficiaires<br />

ayant un emploi sous l’article 60§7 <strong>de</strong> rechercher activement un emploi a été initié.<br />

L’accent est mis sur l’octroi d’une formation <strong>au</strong>x entretiens d’emb<strong>au</strong>che. Bien que la<br />

collaboration soit évaluée comme positive, le projet a atteint un résultat limité. Le<br />

répondant l’explique en ces termes :<br />

En collaboration avec la VDAB, il y a eu un projet <strong>au</strong>quel tous les bénéficiaires du<br />

revenu d’intégration <strong>de</strong> Schil<strong>de</strong> étaient obligés <strong>de</strong> s’inscrire à un cours <strong>de</strong> recherche<br />

active d’emploi. La collaboration était bonne, le projet <strong>au</strong>ssi, mais seule une personne<br />

a trouvé du travail par ce projet. La c<strong>au</strong>se rési<strong>de</strong> également dans le fait que c’étaient<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires difficiles, <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes non employables, qui ont participé à ce<br />

projet.<br />

Sans pour <strong>au</strong>tant s’inscrire dans la mesure 500€, le <strong>CPAS</strong> 1O a développé un suivi <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

personnes durant le contrat article 60.<br />

Maintenant, on prévoit un accompagnement <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes qui sont occupées dans le<br />

cadre <strong>de</strong> l’article 60 dans une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> 3 à 6 mois précédant la fin du contrat, le but<br />

étant <strong>de</strong> préparer à l’après-contrat, donc que ce soit en prenant du temps une fois par<br />

semaine pour chercher du travail ou une formation, bref, veiller à la continuité (…)<br />

25 :45 l’année <strong>de</strong>rnière, nous avons organisé un module comprenant une dizaine<br />

d’ateliers sur <strong><strong>de</strong>s</strong> thèmes tels que l’ONEM, le FOREM, le contrat <strong>de</strong> travail, donc on a<br />

abordé <strong><strong>de</strong>s</strong> sujets, <strong>de</strong> manière théorique et concrète, à l’attention d’un groupe d’article<br />

60, tous n’étant pas <strong>au</strong> même sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> leur contrat ; on a vécu ce module <strong>de</strong> façon<br />

expérimentale, on a travaillé ensemble sur le contenu, en faisant intervenir <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

extérieurs en fonction <strong><strong>de</strong>s</strong> sujets, sur quelques après-midis.<br />

D’<strong>au</strong>tres initiatives similaires sont développées, telles que <strong><strong>de</strong>s</strong> ateliers <strong>de</strong> recherche<br />

d’emploi, comme l’signale à nouve<strong>au</strong> le <strong>CPAS</strong> 1O.<br />

Les ateliers <strong>de</strong> recherche d’emploi commencent à se développer (…), puis <strong><strong>de</strong>s</strong> actions<br />

très ponctuelles comme le salon <strong>de</strong> l’emploi et <strong>de</strong> la formation, en collaboration avec la<br />

cellule emploi <strong>de</strong> la commune d’A.<br />

2.6.2 En résumé<br />

Une <strong>de</strong>rnière différence significative entre le cluster 1 et le cluster 3 apparaît <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong><br />

la phase 6. Un constat notoire est le fait que les <strong>CPAS</strong> du cluster à succès entretiennent<br />

une bonne relation avec les services région<strong>au</strong>x pour l’emploi. Ces répondants affirment<br />

qu’il y a une collaboration intense tant <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> formel qu’informel avec les agents<br />

d’insertion du VDAB. On réussit à convenir d’une répartition <strong><strong>de</strong>s</strong> tâches et à orienter d’une<br />

façon convenable les bénéficiaires vers le Centre <strong>de</strong> placement. Dans le cluster 1, on ne<br />

parle pas d’une bonne collaboration. Les relations y sont qualifiées <strong>de</strong> tendues et cela<br />

89


n’engendre que peu <strong>de</strong> contact pour permettre le bon déroulement d’un relais <strong>au</strong>près du<br />

Centre <strong>de</strong> placement.<br />

2.7 Suivi<br />

La phase <strong>de</strong> suivi est remplie <strong>de</strong> manière très minimaliste par les <strong>CPAS</strong> du quadrant 1.<br />

Tous les répondants parlent d’une phase très facultative dans la trajectoire d’activation. On<br />

est pourtant convaincu qu’il est absolument crucial <strong>de</strong> proposer un soutien <strong>au</strong> bénéficiaire<br />

même après sa trajectoire d’activation. Cette phase <strong>de</strong> suivi dépend toutefois <strong>de</strong> la bonne<br />

volonté du bénéficiaire. Si le bénéficiaire continue à revenir <strong>de</strong> son propre gré, alors l’agent<br />

d’insertion a une chance <strong>de</strong> continuer à l’accompagner. Malheureusement, les répondants<br />

admettent que lorsque le bénéficiaire ne bénéfice plus d’<strong>au</strong>cune ai<strong>de</strong> et qu’il ne souhaite<br />

plus revenir <strong>au</strong> <strong>CPAS</strong>, il n’y a plus <strong>au</strong>cune possibilité <strong>de</strong> lier le <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur d’ai<strong>de</strong> <strong>au</strong> <strong>CPAS</strong>.<br />

2.8 Conclusion : différences entre le cluster 1 et le<br />

cluster 3<br />

Dans le chapitre précé<strong>de</strong>nt, nous avons examiné la politique d’activation <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> du<br />

quadrant 1. Sur base <strong><strong>de</strong>s</strong> analyses longitudinales, nous avons constaté une différence<br />

quant <strong>au</strong> t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> durabilité entre le cluster 1 et le cluster 3. Les <strong>CPAS</strong> du cluster 1<br />

présentent, en comparaison <strong>au</strong>x <strong>CPAS</strong> du cluster 3, sur la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> 2003 à 2006, une<br />

proportion plus gran<strong>de</strong> <strong>de</strong> personnes activées durablement. Tandis que durant la pério<strong>de</strong><br />

observée, dans le cluster 1 environ 11 % <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires ont été engagés <strong>de</strong> manière<br />

durable, nous rencontrons dans le cluster 3 un pourcentage d’environ 2 %. Sur base <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

interviews qualitatives <strong>au</strong> sujet <strong>de</strong> la politique d’activation dans une sélection <strong>de</strong> <strong>CPAS</strong><br />

dans les <strong>de</strong>ux clusters, nous essayons d’expliquer ces différences.<br />

Nous n’avons pas constaté <strong>de</strong> gran<strong><strong>de</strong>s</strong> différences dans la première et la <strong>de</strong>uxième phase<br />

<strong>de</strong> la trajectoire d’activation. Dans tous les <strong>CPAS</strong>, les répondants signalent qu’une<br />

première étape consiste à travailler <strong>au</strong>x conditions fondamentales du bénéficiaire. Nous<br />

rencontrons en revanche <strong><strong>de</strong>s</strong> différences concernant la personne qui se charge <strong>de</strong> cet<br />

accompagnement. Dans certains <strong>CPAS</strong>, tels que le 1A, les répondants signalent que les<br />

agents d’insertion proposent un accompagnement plus intensif comparé <strong>au</strong>x travailleurs<br />

soci<strong>au</strong>x du SSG. Dans d’<strong>au</strong>tres <strong>CPAS</strong>, les travailleurs soci<strong>au</strong>x bénéficient d’un rôle plus<br />

important. Dans ces <strong>CPAS</strong>, ils travaillent intensivement <strong>au</strong>x nombreuses problématiques<br />

du bénéficiaire et les agents d’insertion sont uniquement actifs sur le volet activation.<br />

Un important inconvénient que le premier groupe <strong>de</strong> <strong>CPAS</strong> soulève est le fait qu’une<br />

séparation trop importante se crée entre les agents d’insertion et les travailleurs soci<strong>au</strong>x.<br />

Cela engendre <strong><strong>de</strong>s</strong> conflits lorsqu’un bénéficiaire est orienté trop tôt. Nous apprenons<br />

toutefois <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> du <strong>de</strong>uxième groupe qu’une concertation intensive et une répartition<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> fonctions moins élaborée entre travailleur social et agent d’insertion permettent <strong>de</strong><br />

résoudre ces conflits.<br />

Les différences entre le cluster 1 et le cluster 3 s’expriment toutefois clairement dans les<br />

phases 3, 4, 5 et 6 <strong>de</strong> la trajectoire d’activation. Les <strong>CPAS</strong> du cluster 3 semblent avant<br />

tout proposer davantage <strong>de</strong> possibilités à leurs bénéficiaires sur le plan <strong>de</strong> l’activation<br />

sociale. Cette <strong>de</strong>uxième phase <strong>de</strong> la trajectoire d’activation est <strong><strong>de</strong>s</strong>tinée <strong>au</strong>x bénéficiaires<br />

qui ont besoin d’un accompagnement sur le plan <strong><strong>de</strong>s</strong> comportements professionnels. Il<br />

importe à cet égard <strong>de</strong> fournir tant en <strong>de</strong>hors que sur le lieu <strong>de</strong> travail un<br />

accompagnement intensif permettant <strong>au</strong> bénéficiaire <strong>de</strong> se développer pas à pas.<br />

Tandis que la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> du cluster 1 proposent un accompagnement sur le plan <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

comportements professionnels par un emploi dans un Kringwinkel, il s’avère en revanche<br />

que la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> du cluster 3 élaborent <strong><strong>de</strong>s</strong> structures <strong>de</strong> coopération avec <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

organismes publics ou privés qui peuvent proposer une gran<strong>de</strong> offre <strong>de</strong> lieux d’insertion<br />

par le travail ou d’emplois soci<strong>au</strong>x. Un important facteur <strong>de</strong> réussite est le fait que l’offre<br />

90


d’emplois <strong>de</strong> ces organismes peut se situer dans une large gamme <strong>de</strong> secteurs. Par<br />

ailleurs, certains <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> du cluster 3 semblent, davantage que les <strong>CPAS</strong> du cluster 1,<br />

avoir également <strong><strong>de</strong>s</strong> emplois internes pour le groupe-cible <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires qui ont<br />

besoin d’un accompagnement sur le plan <strong><strong>de</strong>s</strong> comportements professionnels.<br />

De même en phase 4, nous rencontrons <strong>de</strong> gran<strong><strong>de</strong>s</strong> différences entre les <strong>CPAS</strong> du cluster 1<br />

et du cluster 3. Les <strong>CPAS</strong> du cluster 3 semblent disposer d’une offre d’emplois plus<br />

diversifiée que les <strong>CPAS</strong> du cluster 1. Il importe toutefois que cette offre d’emplois ne soit<br />

pas organisée uniquement en interne. Tandis que le <strong>CPAS</strong> G peut engager un grand<br />

nombre <strong>de</strong> bénéficiaires dans ses propres services, cela s’avère impossible pour les <strong>CPAS</strong><br />

1K, 1M et 1N. Ces <strong>CPAS</strong> ont conclu <strong><strong>de</strong>s</strong> partenariats avec <strong><strong>de</strong>s</strong> organismes externes qui ont<br />

une gran<strong>de</strong> offre <strong>de</strong> formations et <strong>de</strong> lieux d’emplois dans un nombre très élevé <strong>de</strong><br />

secteurs. Ces <strong>CPAS</strong> ne sont quant à eux pas en mesure <strong>de</strong> proposer <strong>de</strong> nombreuses<br />

places. Le partenariat avec ces organismes permet <strong>de</strong> compenser ce manque et ils<br />

peuvent proposer à leurs bénéficiaires une large gamme <strong>de</strong> possibilités d’emploi et <strong>de</strong><br />

formation.<br />

De même, durant la cinquième phase, nous trouvons une différence entre le cluster 1 et le<br />

cluster 3. Grâce à leur gran<strong>de</strong> offre d’emplois internes et externes, les <strong>CPAS</strong> <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier<br />

groupe peuvent davantage recourir à <strong><strong>de</strong>s</strong> mesures d’activation telles que SINE et<br />

ACTIVA. Le recours à l’article 60 privé, l’article 61 et l’intérim d’insertion reste limité dans<br />

tous les <strong>CPAS</strong> du quadrant 1.<br />

La <strong>de</strong>rnière phase <strong>de</strong> la trajectoire d’activation, à savoir la phase <strong>de</strong> l’orientation sur le<br />

marché du travail, est d’une importance capitale pour l’activation ultérieure du bénéficiaire<br />

après la trajectoire <strong>au</strong> <strong>CPAS</strong>. Durant cette phase, le bénéficiaire est accompagné vers un<br />

emploi en <strong>de</strong>hors du cadre protecteur du <strong>CPAS</strong>. Notons que les répondants du cluster 3 ont<br />

une perception plus positive <strong>de</strong> la collaboration avec le service régional pour l’emploi.<br />

Certains répondants réfèrent à cet égard à l’importance d’une proximité physique<br />

entre le Centre <strong>de</strong> placement et le <strong>CPAS</strong>. D’<strong>au</strong>tres répondants soulignent que <strong>de</strong> très<br />

nombreux contacts informels et <strong><strong>de</strong>s</strong> moments <strong>de</strong> concertation formels ont lieu entre<br />

le <strong>CPAS</strong> et le service régional pour l’emploi. Dans les <strong>CPAS</strong> du cluster 1, la relation entre<br />

<strong>CPAS</strong> et VDAB se déroule moins bien. Les répondants signalent à ce sujet que peu <strong>de</strong><br />

contacts se créent en raison <strong>de</strong> discussions relatives notamment <strong>au</strong> relais <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires<br />

et <strong>de</strong> l’organisation <strong><strong>de</strong>s</strong> jours <strong>de</strong> consultation dans le Centre <strong>de</strong> placement. Enfin, nos<br />

répondants reprochent <strong>au</strong>x collaborateurs du VDAB un manque d’attention envers les<br />

bénéficiaires du <strong>CPAS</strong>.<br />

Nous concluons que, concernant la politique d’activation, il y a <strong><strong>de</strong>s</strong> différences claires entre<br />

les <strong>CPAS</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> clusters 1 et 3 en matière <strong>de</strong> politique d’activation. Pour les phases 3, 4 et 5<br />

<strong>de</strong> la trajectoire d’activation, les <strong>CPAS</strong> du cluster 3 disposent d’une offre d’emplois plus<br />

diversifiée que les <strong>CPAS</strong> du cluster 1. De même, dans cette phase, nous constatons que<br />

l’orientation <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires se déroule mieux en raison d’une bonne relation avec le<br />

Centre <strong>de</strong> placement. Ces différences relatives à la politique d’activation peuvent expliquer<br />

partiellement que dans le cluster 3 nous trouvions un t<strong>au</strong>x d’activation plus élevé comparé<br />

<strong>au</strong> cluster 1.<br />

Une importante exception à cette règle est le <strong>CPAS</strong> 1A du cluster 1. Ce <strong>CPAS</strong> peut, tout<br />

comme les <strong>CPAS</strong> du cluster 3, disposer d’une large gamme <strong>de</strong> possibilités pour engager les<br />

bénéficiaires, en phases 3, 4 et 5. Le fait que ce <strong>CPAS</strong> ait un faible t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> durabilité, est<br />

dû <strong>au</strong> fait que la politique actuelle d’activation du <strong>CPAS</strong> n’ait débuté que récemment. Nos<br />

chiffres concernent uniquement la pério<strong>de</strong> précédant 2006, lorsque ce <strong>CPAS</strong> menait une<br />

politique restreinte.<br />

91


CHAPITRE 3 QUADRANT 2 TAUX DE<br />

CHÔMAGE FAIBLE ET POURCENTAGE DE<br />

BÉNÉFICIAIRES DU REVENU D’INTÉGRATION ÉLEVÉ<br />

Dans ce troisième chapitre, nous abordons la politique d’activation <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> du quadrant<br />

2. Ce sont les <strong>CPAS</strong> caractérisés par un t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> chômage relativement faible et par un<br />

faible pourcentage <strong>de</strong> bénéficiaires du revenu d’intégration. Nous distinguons les clusters 2<br />

et 5, le cluster 2 ayant un t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> durabilité 8 plus faible (4,03 %) que le cluster 5 (5,45<br />

%). La différence est cependant petite et rend inutile une comparaison entre les <strong>de</strong>ux<br />

clusters. Nous constatons toutefois <strong>de</strong> gran<strong><strong>de</strong>s</strong> différences dans les pratiques d’activation.<br />

Les <strong>CPAS</strong> du cluster 5 sélectionnés se situent dans <strong><strong>de</strong>s</strong> villes relativement gran<strong><strong>de</strong>s</strong> parmi<br />

lesquelles presque tous les centres urbains flamands. Le cluster 2 comporte <strong><strong>de</strong>s</strong> communes<br />

flaman<strong><strong>de</strong>s</strong> et wallonnes (quasiment) comparables à celles du cluster 1 et du cluster 3.<br />

Dans le cluster 5, ce sont surtout les <strong>CPAS</strong> 2F et 2M les plus grands. Dans ces <strong>CPAS</strong>, plus<br />

<strong>de</strong> 600 bénéficiaires participent à une trajectoire d’activation. Les <strong>de</strong>ux <strong>CPAS</strong> possè<strong>de</strong>nt un<br />

nombre quasiment i<strong>de</strong>ntique d’agents d’insertion. La <strong>de</strong>uxième place par ordre <strong>de</strong><br />

gran<strong>de</strong>ur est occupée par les <strong>CPAS</strong> 2J et 2H. Le <strong>CPAS</strong> 2L possè<strong>de</strong> un nombre plus petit <strong>de</strong><br />

bénéficiaires en trajectoire d’activation. Ce chiffre doit toutefois être relativisé. Le nombre<br />

relatif <strong>au</strong> <strong>CPAS</strong> 2L concerne uniquement les bénéficiaires du service emploi. Les<br />

travailleurs soci<strong>au</strong>x du SSG transmettent eux-mêmes leurs meilleurs bénéficiaires <strong>au</strong><br />

service régional pour l’emploi, mais ces chiffres ne sont pas connus. Dans le cluster 2, le<br />

<strong>CPAS</strong> 2B est le plus grand avec un nombre exceptionnellement élevé <strong>de</strong> bénéficiaires en<br />

trajectoire d’activation (500).<br />

Table<strong>au</strong> 39 : données <strong><strong>de</strong>s</strong>criptives par <strong>CPAS</strong> du quadrant 2 (cluster 2 et cluster 5)<br />

<strong>CPAS</strong> Nombre <strong>de</strong><br />

travailleurs<br />

soci<strong>au</strong>x<br />

Temps<br />

plein<br />

Temps<br />

partiel<br />

Nombre d’agents<br />

d’insertion<br />

Temps<br />

plein<br />

Cluster<br />

2<br />

2A 1<br />

Temps<br />

partiel<br />

Autres<br />

accompagnateurs<br />

Temps<br />

plein<br />

Temps<br />

partiel<br />

Nombre <strong>de</strong> bénéficiaires<br />

en trajectoire d’insertion<br />

professionnelle<br />

2B 6 4 500<br />

2C 1 40<br />

2D 5 1 35<br />

2E 1 3 1 15<br />

2F<br />

Cluster<br />

5<br />

2<br />

2G<br />

855<br />

2H 10 1 4 6 390<br />

2I 3 2 145<br />

2J 9 4 430<br />

2K 42 16 4 2 179<br />

2L 4 5 277<br />

2M 30 24 3 7 671<br />

2N<br />

2O<br />

Nous débutons par la première phase. En raison <strong><strong>de</strong>s</strong> gran<strong><strong>de</strong>s</strong> différences entre le cluster 2<br />

et le cluster 5 concernant la politique d’activation, nous établissons à chaque fois une<br />

8 Au sens défini dans la partie 2, paragraphe 3.3<br />

92


distinction entre les <strong>de</strong>ux groupes <strong>de</strong> <strong>CPAS</strong>. Dans les prochains paragraphes, nous<br />

constatons que ces différences sont principalement dues à la taille <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux groupes. Le<br />

cluster 2 comporte <strong><strong>de</strong>s</strong> petits <strong>CPAS</strong> qui sont compétents pour <strong><strong>de</strong>s</strong> communes petites et<br />

moyennes. Dans le cluster 5, nous rencontrons <strong><strong>de</strong>s</strong> villes plus gran<strong><strong>de</strong>s</strong> qui en raison <strong>de</strong><br />

leur grand nombre <strong>de</strong> bénéficiaires ont développé une politique d’activation complexe et<br />

affinée.<br />

3.1 Phase 1 : travailler <strong>au</strong>x conditions<br />

fondamentales<br />

À l’instar <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> du quadrant 1, nous distinguons <strong>au</strong>ssi dans le quadrant 2 une première<br />

étape dans la trajectoire d’activation, que nous pouvons définir comme le travail <strong>au</strong>x<br />

conditions fondamentales. La <strong><strong>de</strong>s</strong>cription <strong>de</strong> ces conditions fondamentales reste la même.<br />

Il s’agit d’une série diversifiée d’obstacles ou <strong>de</strong> seuils qui entravent l’activation du<br />

bénéficiaire. Ces répondants mentionnent les problèmes <strong>de</strong> logement, les problèmes<br />

éducatifs, le manque <strong>de</strong> crèches, la toxicomanie et toutes sortes <strong>de</strong> barrières <strong>de</strong> nature<br />

physique ou psychologique comme princip<strong>au</strong>x obstacles à l’activation. Cette tâche relève<br />

surtout <strong><strong>de</strong>s</strong> travailleurs soci<strong>au</strong>x liés <strong>au</strong> SSG. Dans ce qui suit, nous approfondissons le<br />

principal inconvénient <strong>de</strong> cette phase, à savoir la différence <strong>de</strong> tâches entre le travailleur<br />

social et l’agent d’insertion.<br />

3.1.1 Cluster 2<br />

Pour les communes du cluster 2, comme pour les <strong>au</strong>tres, il f<strong>au</strong>t évi<strong>de</strong>mment que les<br />

princip<strong>au</strong>x problèmes rencontrés par la personne aient été résolus. C’est ce que nous<br />

détaille la responsable du <strong>CPAS</strong> 2B.<br />

Il f<strong>au</strong>t que la personne soit sortie <strong>de</strong> ses difficultés personnelles, c.-à-d. qu’elles ne<br />

soient pas dépendantes, pas <strong>de</strong> problème <strong>de</strong> drogue ou <strong>de</strong> toxicomanie, pas<br />

d’alcoolisme, bien que… il y a quand même <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes qui peuvent encore avoir<br />

un certain nombre <strong>de</strong> problèmes, mais il f<strong>au</strong>t en gros qu’elle soit prête à démarrer<br />

un projet d’insertion socioprofessionnelle : déterminer un projet ou bien entrer en<br />

formation ou bien trouver un emploi.<br />

Outre cette capacité à se concentrer sur son insertion, il f<strong>au</strong>t également que la personne<br />

soit réellement convaincue <strong>de</strong> l’utilité <strong>de</strong> la démarche. C’est ce que nous explique la<br />

répondante du <strong>CPAS</strong> 2D :<br />

Il y a <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes qui, <strong>au</strong> moment où ils introduisent la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> chez l’AS du<br />

service social, vont dire « ah, il y a un service emploi, je suis très intéressé, si ça<br />

peut m’ai<strong>de</strong>r, il me f<strong>au</strong>t un ren<strong>de</strong>z-vous tout <strong>de</strong> suite », donc on fixe un ren<strong>de</strong>zvous,<br />

et la personne ne vient pas, donc on en refixe un, et la personne ne prévient<br />

pas et ne vient toujours pas ; c’était vraiment pour avoir le discours qui convient<br />

pour obtenir la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’ai<strong>de</strong>. Et une fois que l’ai<strong>de</strong> est octroyée, la personne ne<br />

le fait pas.<br />

Notons enfin que dans ces communes, l’ensemble <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires d’un RI n’est pas<br />

transmis <strong>au</strong>x personnes responsables <strong>de</strong> l’insertion. En effet, comme ailleurs, une partie du<br />

public n’est pas activé. Il s’agit principalement <strong><strong>de</strong>s</strong> étudiants et <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>au</strong>tres personnes<br />

mises <strong>de</strong> côté pour raisons <strong>de</strong> santé ou d’équité. Mais dans ces <strong>CPAS</strong> <strong>de</strong> relativement<br />

petite taille, les cas peuvent être discutés et transmis ou non en amont du service ISP.<br />

C’est le cas notamment dans le <strong>CPAS</strong> 2E, où la part d’étudiants semble particulièrement<br />

importante (environ la moitié <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires d’un RI).<br />

Et les <strong>au</strong>tres RIS ? Dans le public <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires du RI, on a énormément<br />

d’étudiants. On a <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes <strong>au</strong>ssi, quand on fait le tri, on a <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes qui<br />

sont directement employables et ce sont ces personnes-là qu’on met directement à<br />

l’emploi, via l’article 60 ou 61 ou PTP, mais pour le reste, on a <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes qui<br />

93


ont <strong><strong>de</strong>s</strong> problèmes <strong>de</strong> santé, qui ne s<strong>au</strong>raient pas être remises à l’emploi. Mais on a<br />

une grosse majorité d’étudiants. (NB : <strong><strong>de</strong>s</strong> étudiants du secondaire qui habitent sur<br />

Liège, Namur, ou <strong>au</strong>tres mais pour lesquels ils restent compétents pour la durée <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

étu<strong><strong>de</strong>s</strong>…).<br />

À l’inverse, cas plutôt rare, dans le <strong>CPAS</strong> 2C, c’est non seulement le public bénéficiant d’un<br />

revenu d’intégration qui est activé, mais également celui qui bénéficie d’une ai<strong>de</strong> sociale<br />

équivalente.<br />

Depuis septembre, il y a une quarantaine <strong>de</strong> dossiers, mais qui sont vraiment<br />

activés, qui sont vraiment en cours, il y en a une grosse quinzaine avec suivi actif<br />

pour l’instant. Et il y a une partie, c’est presque moitié-moitié qui sont bénéficiaires<br />

du <strong>CPAS</strong> qui ont le revenu d’intégration, et l’<strong>au</strong>tre moitié qui sont <strong><strong>de</strong>s</strong> chômeurs : il<br />

f<strong>au</strong>t savoir qu’il y a <strong><strong>de</strong>s</strong> moments où on donne <strong><strong>de</strong>s</strong> coups <strong>de</strong> main <strong>au</strong>ssi pour tout ce<br />

qui est recherche d’emploi, pour les personnes qui sont chômeuses, qui ont un<br />

statut <strong>de</strong> chômeur, mais qui ont <strong><strong>de</strong>s</strong> contacts avec le <strong>CPAS</strong> pour <strong><strong>de</strong>s</strong> ai<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

ponctuelles, gestion budgétaire ou pour leur recherche d’emploi. Le conseil dit<br />

d’office qu’elles doivent venir à l’insertion quand elles ont une ai<strong>de</strong> du <strong>CPAS</strong>,<br />

maintenant, c’est un service ouvert à tous sans préjugés, mais si on doit recevoir<br />

tous les chômeurs <strong>de</strong> la commune, ça ferait be<strong>au</strong>coup d’entretiens.<br />

Comme indiqué ci-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus, les communes du cluster 2 sont principalement représentées, à<br />

l’exception d’une commune <strong>de</strong> la Région bruxelloise, par <strong><strong>de</strong>s</strong> communes moyennes ou<br />

petites.<br />

Cet état <strong>de</strong> fait n’est pas sans implication. En effet, dans une petite commune, les<br />

bâtiments sont moins nombreux et étendus, les services plus petits, moins différenciés, et<br />

en conséquence, les relations interpersonnelles sont plus fréquentes entre les travailleurs.<br />

Le répondant du CAPAS 2A nous a <strong>au</strong>ssi signalé cela. Dans ce <strong>CPAS</strong>, un seul agent<br />

d’insertion travaille à temps plein. Cet agent d’insertion se trouve dans le même local que<br />

les travailleurs soci<strong>au</strong>x, ce qui favorise la concertation. Dans l’extrait ci-<strong><strong>de</strong>s</strong>sous, le<br />

répondant met l’accent non seulement sur l’importance d’une réunion commune, mais<br />

<strong>au</strong>ssi sur les innombrables contacts informels qui peuvent se créer :<br />

Oui, la collaboration se déroule vraiment bien, ils se trouvent dans le même local, c’est<br />

très bon. Cela permet be<strong>au</strong>coup <strong>de</strong> contacts informels, on se croise, on peut <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r<br />

rapi<strong>de</strong>ment quelque chose. Par ailleurs, il y a <strong>au</strong>ssi <strong><strong>de</strong>s</strong> réunions d’équipe, où l’on<br />

rechercher une harmonisation plus formelle.<br />

Dès lors, énormément d’informations passent par les can<strong>au</strong>x informels, <strong>de</strong> sorte que le<br />

travail avec un bénéficiaire se fait en concertation entre les services, et plus<br />

particulièrement entre le service ISP et le service social général (SSG). C’est ce que nous<br />

décrit la responsable insertion du <strong>CPAS</strong> 2C :<br />

Quand il y a <strong><strong>de</strong>s</strong> questions, on va trouver les personnes qui peuvent y répondre,<br />

donc l’assistante sociale qui a le dossier (…) mais généralement, <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

dossiers, <strong>de</strong> plus en plus souvent, quand un nouve<strong>au</strong> dossier arrive, il y a une mise<br />

<strong>au</strong> courant par l’assistante sociale du dossier et puis en cours <strong>de</strong> route, il y a un<br />

échange, donc s’il y a <strong>de</strong> nouve<strong>au</strong>x éléments, on se les transfère, <strong>de</strong> façon à ce qu’il<br />

y ait un peu <strong>de</strong> cohérence.<br />

Lorsqu’il existe un cluster <strong>de</strong> <strong>CPAS</strong> pour l’insertion, c’est éventuellement un peu plus<br />

complexe dans la mesure où les travailleurs ne sont pas présents chaque jour dans chacun<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong>. Pour peu que les horaires ne correspon<strong>de</strong>nt pas avec ceux <strong>de</strong> certains assistants<br />

soci<strong>au</strong>x du SSG (service social général), il est plus difficile <strong>de</strong> se rencontrer. Quant à<br />

l’organisation <strong>de</strong> réunions communes, elle est rendue difficile par cette moindre<br />

disponibilité du ou <strong><strong>de</strong>s</strong> agents d’insertion. Vu le nombre <strong>de</strong> cas, la communication est<br />

d’<strong>au</strong>tant plus facile. Le <strong>CPAS</strong> 2D a adopté un fonctionnement en cluster avec les <strong>CPAS</strong> <strong>de</strong><br />

quatre <strong>au</strong>tres communes.<br />

Nous, chaque fois qu’on avance sur un cas, on en discute avec les services. C’est<br />

très rare quand on fait <strong><strong>de</strong>s</strong> petits rapports, s<strong>au</strong>f à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> du conseil, mais<br />

94


sinon, c’est oral, un petit compte-rendu. C’est très informel. On a <strong><strong>de</strong>s</strong> réunions<br />

d’équipe, mais ce n’est pas décidé qu’une réunion a lieu tous les trois mois (…) on<br />

essaie <strong>de</strong> rendre ça plus formel, mais c’est déjà une question d’organisation : nous,<br />

on voyage chacune avec un jour différent dans les quatre <strong>CPAS</strong>, et que nos<br />

collègues ont <strong><strong>de</strong>s</strong> moments <strong>de</strong> permanence parfois le matin, parfois l’après-midi, il<br />

f<strong>au</strong>t arriver à agencer ça entre les quatre équipes et nos horaires à nous. On serait<br />

dans une seule structure, ce serait plus facile. (… … …) la taille <strong><strong>de</strong>s</strong> équipes, <strong>au</strong>ssi,<br />

c'est-à-dire qu’à B, il y a <strong>de</strong>ux AS, donc quand on doit faire un retour entre ce qui se<br />

passe <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> l’insertion avec le service social général, ça va be<strong>au</strong>coup plus<br />

rapi<strong>de</strong>ment, même si c’est informel, c’est tout <strong>de</strong> même rapi<strong>de</strong>. À C, ils sont cinq,<br />

donc si on est un jour où tout le mon<strong>de</strong> n’est pas là, on ne va pas nécessairement<br />

tomber sur l’assistant social qui est en charge du dossier, donc on va <strong>de</strong>voir<br />

l’appeler, lui mettre un mot dans le casier. À D, ils sont quatre, et on ne les voit pas<br />

nécessairement parce qu’ils ont une permanence dans un <strong>au</strong>tre bâtiment.<br />

Enfin, dans le <strong>CPAS</strong> 2E, la situation est encore plus simple dans la mesure où les<br />

travailleurs se sont spécialisés (<strong>de</strong>ux d’entre eux en insertion socioprofessionnelle, une<br />

<strong>au</strong>tre en médiation <strong>de</strong> <strong>de</strong>ttes, une troisième en problématiques énergie, etc.) mais sans<br />

qu’il y ait création d’un service spécifique. En outre, ils ne consacrent qu’une partie <strong>de</strong> leur<br />

temps à l’insertion. Les cas leurs sont donc connus sous leurs <strong>au</strong>tres aspects également.<br />

Néanmoins, un effet <strong>de</strong> nombre (<strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires du RI), permettant <strong>de</strong> mettre en place<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> actions plus développées et sortant du seul cadre <strong>de</strong> suivi individuel, n’est pas atteint.<br />

Le fonctionnement en cluster pourrait remédier à cela, en regroupant les personnes<br />

arrivées <strong>au</strong> même point <strong>de</strong> leur trajectoire d’activation.<br />

C’est vrai que quand on organise quelque chose <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> l’insertion, on serait<br />

avec un <strong>au</strong>tre <strong>CPAS</strong>, ce serait plus facile, car étant donné qu’on a très peu <strong>de</strong><br />

personnes directement employables ou qui pourraient rentrer dans un <strong>parcours</strong><br />

d’insertion, quand une personne ou l’<strong>au</strong>tre ne répond pas, on se retrouve avec un<br />

public très limité.<br />

Pour tous ces <strong>CPAS</strong>, suite <strong>au</strong>x larges possibilités <strong>de</strong> rencontres informelles, les conflits ne<br />

sont guère fréquents. Dans le <strong>CPAS</strong> 2D, est évoqué le fait que certaines personnes sont<br />

transmises <strong>au</strong> service ISP du cluster, alors qu’elles ne sont pas prêtes. Cette situation n’est<br />

pour <strong>au</strong>tant pas décrite comme source potentielle <strong>de</strong> conflit.<br />

Ils sont envoyés par le service social <strong><strong>de</strong>s</strong> différents <strong>CPAS</strong>. Mais parfois, on se rend<br />

compte que la notion « d’être prêt à l’emploi » est très différente entre ce que l’AS<br />

du service social a estimé et ce que nous, on voit après, par rapport <strong>au</strong> marché du<br />

travail. (…) Ils ne creusent pas toujours comme nous, on va pouvoir creuser.<br />

Quelque fois, cependant, il arrive qu’une différence <strong>de</strong> point <strong>de</strong> vue survienne, mais cela<br />

peut résulter <strong>de</strong> l’application <strong>de</strong> logiques différentes, comme par exemple une logique<br />

d’exclusion d’un bénéficiaire proposée par un responsable d’insertion, tempérée par la<br />

logique d’un médiateur <strong>de</strong> <strong>de</strong>ttes qui tente d’ai<strong>de</strong>r la personne à gérer son budget. Ça peut<br />

également être le cas lorsque l’assistant social du service social général se retrouve coincé<br />

entre la logique préconisée par l’agent d’insertion et les instructions du conseil.<br />

Mais <strong>au</strong>ssi une pression du conseil, le conseil peut dire « envoyer cette personne <strong>au</strong><br />

service insertion », et donc l’AS applique la décision en espérant qu’on pourra<br />

trouver un boulot en trois mois <strong>de</strong> temps à quelqu’un, alors qu’il y a d’<strong>au</strong>tres choses<br />

qui doivent être réglées avant.<br />

Et plus loin :<br />

Quand la personne construit un projet sur le long terme. Nous, on trouve ça<br />

intéressant, parce qu’on se dit que ça a plus <strong>de</strong> poids, mais pour les responsables<br />

politiques, c’est trop long (…) donc il y a parfois un décalage entre la pratique et la<br />

décision. (…) On a les échos du conseil, donc si on veut, on peut faire une note<br />

écrite. Parfois, il f<strong>au</strong>t qu’ils comprennent qu’il y a quelque chose qui est construit<br />

<strong>de</strong>rrière la démarche.<br />

95


3.1.2 Cluster 5<br />

Un important inconvénient qui revient dans chaque interview <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> du quadrant 2 - et<br />

qui était déjà répertorié par les <strong>CPAS</strong> du cluster 2 - rési<strong>de</strong> dans le fait que l’ensemble <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

tâches du travailleur social du SSG soit limité <strong>au</strong> traitement administratif du dossier et <strong>au</strong><br />

relais <strong>au</strong>près <strong>de</strong> l’agent d’insertion. L’agent d’insertion a la possibilité d’endosser un rôle<br />

plus large et <strong>de</strong> démarrer un accompagnement plus intensif. Ces différences <strong>de</strong> tâches<br />

conjuguées à un manque <strong>de</strong> concertation constituent <strong><strong>de</strong>s</strong> facteurs qui mènent à<br />

d’éventuels conflits quant à savoir si le bénéficiaire est prêt ou non pour l’activation.<br />

Le répondant du <strong>CPAS</strong> 2G du quadrant 2 souligne que les différences <strong>de</strong> mission se<br />

trouvent à la base <strong><strong>de</strong>s</strong> tensions entre les <strong>de</strong>ux services. Le SSG part selon ce répondant<br />

d’une approche juridique et dans une perspective <strong>de</strong> contrôle. L’accent est dès lors placé<br />

sur le contrôle <strong>de</strong> la légitimité du bénéficiaire. Les agents d’insertion ont pour mission<br />

d’activer le bénéficiaire. Ils appliquent, en raison <strong>de</strong> l’aspect explicite d’accompagnateur <strong>de</strong><br />

leur mission, une perspective d’ai<strong>de</strong> personnalisée et insistent moins sur le contrôle du<br />

bénéficiaire.<br />

Le SSG part d’une approche juridique et d’un contrôle. Nous, agents d’insertion, nous<br />

travaillons à l’activation, c’est be<strong>au</strong>coup plus centré sur l’individu. Nous avons plus le<br />

temps d’engager un entretien avec le bénéficiaire. Et c’est en gran<strong>de</strong> partie consécutif<br />

à ce qui s’est fait dans la passé, il y a avait <strong>de</strong>ux départements qui ont été scindés et<br />

qui n’ont pas cessé <strong>de</strong> grandir, et après un temps on ne savait même plus ce que<br />

faisait l’organisme <strong>de</strong> tutelle et nous <strong>de</strong>vons nous y investir davantage.<br />

De même le répondant du <strong>CPAS</strong> 2M mentionne que <strong><strong>de</strong>s</strong> différences existent entre le SSG<br />

et les agents d’insertion.<br />

Oui, il y a certainement <strong><strong>de</strong>s</strong> nuances différentes, les agents d’insertion ont une<br />

meilleure vue sur les possibilités disponibles, ils sont un peu plus familiarisés à<br />

l’accompagnement.<br />

Le responsable du <strong>CPAS</strong> 2O signale que <strong><strong>de</strong>s</strong> tensions peuvent notamment apparaître<br />

lorsque l’agent d’insertion n’est pas reconnu dans son expertise.<br />

Là où il peut y avoir <strong><strong>de</strong>s</strong> tensions, c’est lorsque les AI n’ont pas l’impression <strong>de</strong> se faire<br />

respecter dans leur expertise.<br />

Dans le chapitre précé<strong>de</strong>nt, nous avons constaté que l’opposition entre l’ensemble <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

tâches plutôt circonscrites du travailleur social et la mission d’accompagnement <strong>de</strong> la<br />

trajectoire d’insertion professionnelle plus diffuse peut générer <strong><strong>de</strong>s</strong> tensions. Selon nos<br />

répondants du cluster 5, les agents d’insertion constatent souvent que les bénéficiaires<br />

sont redirigés trop rapi<strong>de</strong>ment et qu’ils ne sont pas encore prêts pour une trajectoire<br />

d’activation. Nous pouvons affirmer que plus il y a <strong>de</strong> distance entre le travailleur social et<br />

l’agent d’insertion, plus ce genre <strong>de</strong> tensions apparaissent. Nous concluons simultanément<br />

qu’une concertation intensive peut pallier à cette distance.<br />

Ces tensions sont réduites dans la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> en organisant <strong><strong>de</strong>s</strong> intervisions ou<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> moments <strong>de</strong> concertation entre les services concernés. Ainsi, <strong>au</strong> <strong>CPAS</strong> 2K on a<br />

consciemment choisi <strong>de</strong> ne pas séparer physiquement les agents d’insertion <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

travailleurs soci<strong>au</strong>x du SSG. Cela permet d’organiser <strong><strong>de</strong>s</strong> réunions d’équipe <strong>au</strong>xquelles les<br />

<strong>de</strong>ux sont impliqués. Au <strong>CPAS</strong> 2L, on effectue <strong>de</strong> la concertation uniquement entre les<br />

coordinateurs <strong><strong>de</strong>s</strong> différents services. Les travailleurs soci<strong>au</strong>x n’y sont pas impliqués. La<br />

concertation reste <strong>au</strong>trement dit limitée.<br />

Au <strong>CPAS</strong> 2G, le répondant souligne que les <strong>de</strong>ux services sont prêts à collaborer, mais<br />

qu’<strong>au</strong>cune action n’a encore été prise concrètement. Par le passé, on organisait <strong>de</strong>ux fois<br />

par an <strong><strong>de</strong>s</strong> intervisions entre les services afin <strong>de</strong> discuter <strong><strong>de</strong>s</strong> difficultés. On a toutefois<br />

arrêté ces réunions car elles ne semblaient pas avoir <strong>de</strong> sens. Le répondant donne à ce<br />

sujet l’explication suivante :<br />

96


Par le passé, on organisait une réunion entre services parfois tous les <strong>de</strong>ux ans et on y<br />

déballait et discutait <strong>de</strong> tout ce qui s’était mal déroulé. On a voulu arrêter cela, parce<br />

que toutes les difficultés y étaient exagérées et ça n’avait plus rien <strong>de</strong> constructif. Nous<br />

souhaitons à présent une collaboration <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> du travailleur social, <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> du<br />

bénéficiaire.<br />

Ce répondant mentionne clairement que les réunions générales n’ont pas <strong>de</strong> sens. Une<br />

collaboration intense doit être stimulée <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> du bénéficiaire. Au <strong>CPAS</strong> G, cette<br />

concertation est déjà stimulée par l’agent d’insertion avant le passage <strong>de</strong> témoin, en<br />

s’impliquant dans le dossier. Chaque cas transféré est, avant son passage <strong>au</strong> conseil,<br />

discuté avec l’agent d’insertion. Cela permet <strong>de</strong> créer un contact intense entre ces<br />

services, lequel permet <strong>de</strong> transmettre chaque bénéficiaire <strong>de</strong> manière personnalisée.<br />

Oui, cette concertation est purement axée sur le bénéficiaire, il y a be<strong>au</strong>coup <strong>de</strong><br />

contacts quotidiens, par téléphone et par e-mail. Actuellement, c’est l’agent d’insertion<br />

collabore dès l’introduction du dossier <strong>au</strong>près du conseil en vue du relais.<br />

Au <strong>CPAS</strong> 2M, on franchit un pas supplémentaire. Dans ce <strong>CPAS</strong>, on souhaite débuter la<br />

trajectoire d’activation le plus tôt possible. Cela oblige le travailleur social et l’agent<br />

d’insertion à collaborer dès la première phase <strong>de</strong> la trajectoire et à fournir un<br />

accompagnement personnalisé. Cela signifie que dans ce <strong>CPAS</strong>, la phase 1 (travailler <strong>au</strong>x<br />

conditions fondamentales) et la phase 2 (trajectoire d’insertion professionnelle) se<br />

chev<strong>au</strong>chent. Le répondant <strong>de</strong> ce <strong>CPAS</strong> le formule en ces termes :<br />

Par le passé, on considérait la trajectoire sociale et la véritable trajectoire d’insertion<br />

professionnelle comme <strong>de</strong>ux choses distinctes. Le point <strong>de</strong> départ est inversé, il f<strong>au</strong>t<br />

effectuer avec chaque bénéficiaire quelque chose en plus <strong>de</strong> la simple ai<strong>de</strong> sociale.<br />

Pour chaque bénéficiaire, quelque chose doit être possible, c’est le point <strong>de</strong> départ<br />

adapté. Si quelqu’un dans le cadre <strong>de</strong> la Loi sur le Revenu d’Intégration bénéficie du<br />

revenu d’intégration pour <strong><strong>de</strong>s</strong> raisons d’équité, même dans ce cas, nous estimons qu’il<br />

f<strong>au</strong>t faire quelque chose en plus du simple revenu d’intégration. Il y a le bénévolat ou<br />

l’insertion par le travail, c’est un peu notre philosophie. C’est une offre que nous<br />

proposons, ce n’est pas une obligation, pas une contrainte, c’est une offre, nous<br />

continuons toujours à atteindre une offre personnalisée. Dans notre philosophie à<br />

l’égard <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes qui disent « je ne veux pas ça», nous partons du point <strong>de</strong> départ<br />

que ne pas vouloir et ne pas pouvoir dépen<strong>de</strong>nt fortement l’un <strong>de</strong> l’<strong>au</strong>tre. En politique,<br />

on pense souvent que ne pas vouloir signifie généralement ne pas pouvoir. Pour nous,<br />

cela signifie qu’une offre doit être personnalisée.<br />

Il ressort clairement <strong>de</strong> cet extrait que l’on part <strong>au</strong> <strong>CPAS</strong> 2M d’une perspective d’ai<strong>de</strong><br />

personnalisée. L’ensemble <strong><strong>de</strong>s</strong> tâches du travailleur social se trouve considérablement<br />

élargi par sa collaboration avec l’agent d’insertion. Les <strong>de</strong>ux sont engagés pour non<br />

seulement favoriser l’emploi, mais <strong>au</strong>ssi pour améliorer l’ensemble <strong>de</strong> la situation <strong>de</strong> vie ou<br />

le bien-être du bénéficiaire. C’est également ce qui se fait <strong>au</strong> <strong>CPAS</strong> 2J où le travailleur<br />

social essaie d’impliquer l’agent d’insertion le plus tôt possible <strong>au</strong> processus ou à<br />

la trajectoire. Lorsqu’ils pensent tous les <strong>de</strong>ux que les conditions fondamentales sont<br />

satisfaisantes, alors seulement débute l’activation proprement dite du bénéficiaire.<br />

Dans ces <strong>CPAS</strong>, on souhaite faire démarrer la trajectoire d’activation dès le début, même<br />

lorsque certaines conditions fondamentales ne sont pas encore remplies. Il importe à cet<br />

égard que les objectifs inhérents à la trajectoire tiennent compte <strong><strong>de</strong>s</strong> besoins et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

capacités du bénéficiaire. Le répondant du <strong>CPAS</strong> 2M illustre ces propos par le cas d’une<br />

mère isolée avec trois enfants en bas âge. Un emploi est impossible en raison <strong>de</strong> la charge<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> enfants. Le travailleur social lui a toutefois recommandé <strong>de</strong> suivre un cours <strong>de</strong> vélo.<br />

Elle a dès lors appris à faire la connaissance d’<strong>au</strong>tres personnes et a accru, suivant les<br />

termes du répondant, son angle d’action ce qui lui permettra à l’avenir d’<strong>au</strong>gmenter ses<br />

chances d’activation.<br />

Par exemple, une femme isolée avec trois enfants, c’est certes une raison d’équité<br />

pour obtenir le revenu d’intégration, mais à plus long terme, nous souhaitons quand<br />

même <strong>au</strong>ssi proposer une offre à ces personnes. Par exemple, un cours <strong>de</strong> vélo, c’est<br />

97


très pratique, celui qui apprend à rouler à vélo, apprend à connaître <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes.<br />

Apprendre à rouler à vélo, c’est <strong>de</strong> l’activation. Car et surtout pour les allochtones, les<br />

femmes qui savent rouler à vélo peuvent trouver un emploi plus facilement, aller <strong>au</strong>x<br />

contacts parent<strong>au</strong>x, à l’école, bref agrandir son cercle d’action. Il y a d’innombrables<br />

incitants très sensés durant une trajectoire d’activation.<br />

De même <strong>au</strong> <strong>CPAS</strong> 2K, le répondant planifie <strong><strong>de</strong>s</strong> étapes concrètes pour établir la structure<br />

<strong>de</strong> la trajectoire d’activation et l’engager sur une collaboration durable à travers les<br />

différents services du <strong>CPAS</strong>, avec pour objectif d’améliorer la concertation et la<br />

collaboration entre les travailleurs soci<strong>au</strong>x <strong><strong>de</strong>s</strong> différents services. Le répondant souhaite<br />

concrètement développer <strong><strong>de</strong>s</strong> équipes <strong>de</strong> trajectoire dans lesquelles pour chacun <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

bénéficiaires ce sont les bonnes personnes qui sont impliquées. Ainsi, le bénéficiaire est<br />

accompagné dès le premier jour par les bonnes personnes et tout comme <strong>au</strong> <strong>CPAS</strong>, la<br />

trajectoire d’activation est également démarrée dans une phase précoce.<br />

Enfin, dans le <strong>CPAS</strong> 2O, une étroite collaboration est également maintenue entre les <strong>de</strong>ux<br />

services.<br />

Théoriquement, on essaie d’avoir un maximum <strong>de</strong> personnes, mais on est en train <strong>de</strong><br />

réfléchir à un certain nombre <strong>de</strong> critères, non pas pour avoir tout le mon<strong>de</strong>, sinon, ça<br />

risque d’être ingérable <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> qualitatif vu la quantité <strong>de</strong> personnes qui vont<br />

débarquer pour les 6 agents d’insertion (…) Donc on essaie <strong>de</strong> faire appel <strong>au</strong> bon sens<br />

<strong>de</strong> l’AS, mais <strong>de</strong> fixer <strong>au</strong>ssi une ligne <strong>de</strong> conduite, (…) Donc on essaie d’avoir une forte<br />

collaboration entre moi, responsable du service ISP avec la responsable du service<br />

social, pour que la responsable puisse dire « pour nous, cette personne n’est pas<br />

transférable », mais que nous, on puisse <strong>au</strong>ssi poser notre expertise.<br />

3.1.3 En résumé<br />

Nous constatons que nous pouvons attribuer les différences entre le cluster 2 et le cluster<br />

5 du quadrant 2 <strong>au</strong>x différences <strong>de</strong> taille. Tandis que le cluster 5 comporte <strong><strong>de</strong>s</strong> villes<br />

flaman<strong><strong>de</strong>s</strong> et wallonnes (relativement) gran<strong><strong>de</strong>s</strong>, nous rencontrons dans le cluster 2 <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

communes plus petites. Nous constatons que dans les communes plus petites, les<br />

travailleurs soci<strong>au</strong>x ont une mission plus large. Dans les <strong>CPAS</strong> du cluster 5, les répondants<br />

soulignent que les travailleurs soci<strong>au</strong>x du SSG transfèrent les bénéficiaires le plus vite<br />

possible <strong>au</strong>près <strong>de</strong> l’agent d’insertion. Ce faisant, l’ensemble <strong><strong>de</strong>s</strong> tâches du travailleur<br />

social dispose d’un contenu fortement contrôleur et administratif. En raison <strong>de</strong> ces<br />

différences, il existe un grand danger que <strong><strong>de</strong>s</strong> conflits ou <strong><strong>de</strong>s</strong> tensions ne se créent par<br />

l’apparition d’une culture insulaire.<br />

Nous constatons également que les <strong>CPAS</strong> du cluster 5 doivent fournir davantage d’efforts<br />

pour harmoniser entre eux les tâches <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux travailleurs soci<strong>au</strong>x. On y investit dans <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

réunions et on y détermine <strong><strong>de</strong>s</strong> plans pour favoriser <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> du bénéficiaire la<br />

collaboration entre les travailleurs soci<strong>au</strong>x concernés (agent d’insertion et travailleur<br />

social).<br />

3.2 Phase 2 : trajectoire d’insertion<br />

professionnelle<br />

Comment la trajectoire d’insertion professionnelle est-elle organisée dans les <strong>CPAS</strong> du<br />

quadrant 2 ? De même, à cet égard, nous faisons une distinction entre le cluster 2 et le<br />

cluster 5.<br />

3.2.1 Cluster 2<br />

98


Notons tout d’abord que le <strong>CPAS</strong> bruxellois rencontré représente un cas particulier : même<br />

s’il s’agit d’une commune où le nombre <strong>de</strong> bénéficiaires d’un revenu d’intégration est faible<br />

par rapport <strong>au</strong>x <strong>au</strong>tres communes bruxelloises, il est néanmoins suffisamment important<br />

pour envisager une spécialisation <strong><strong>de</strong>s</strong> tâches, ce qui est moins le cas dans les <strong>au</strong>tres<br />

communes du cluster 2, comme on l’a vu plus h<strong>au</strong>t.<br />

C’est ainsi que les jeunes <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 25 ans sont pris en charge par une <strong>au</strong>tre cellule, du<br />

moins pour ce qui ne concerne pas l’emploi.<br />

On a une cellule jeunes qui s’occupe spécifiquement <strong><strong>de</strong>s</strong> moins <strong>de</strong> 25 ans, <strong><strong>de</strong>s</strong> RIS<br />

ou équivalents, et <strong>au</strong>ssi <strong>de</strong> l’accompagnement ISP pour eux, mais uniquement<br />

pour ce qui est formation et détermination <strong>de</strong> projet, mais la recherche d’emploi se<br />

fait à la cellule ISP.<br />

À l’intérieur du service insertion, les tâches ont également été différenciées, avec d’une<br />

part <strong><strong>de</strong>s</strong> travailleurs s’occupant du suivi du trajet préalable à la mise à l’emploi et d’<strong>au</strong>tres<br />

part <strong><strong>de</strong>s</strong> travailleurs s’occupant spécifiquement du suivi <strong>de</strong> la mesure article 60.<br />

Avant, chaque agent faisait exactement le même travail et on avait un travail<br />

équivalent, donc on faisait <strong><strong>de</strong>s</strong> bilans, on faisait <strong>de</strong> la mise <strong>au</strong> travail, on faisait du<br />

suivi article 60, mais pour <strong><strong>de</strong>s</strong> raisons <strong>de</strong> subsi<strong><strong>de</strong>s</strong>, <strong>de</strong> rapport, on s’est scindés<br />

plutôt en <strong>de</strong>ux pôles : donc le pôle article 60, qui s’occupe <strong>de</strong> tout ce qui est mise<br />

<strong>au</strong> travail par l’article 60 et <strong>de</strong> l’accompagnement et le pôle ouverture <strong>de</strong> dossier,<br />

par <strong>de</strong>ux agents d’insertion, donc il y a 4 agents d’insertion pour les articles 60 et<br />

<strong>de</strong>ux agents pour les ouvertures <strong>de</strong> dossier où là, c’est plutôt le suivi individuel du<br />

<strong>parcours</strong> d’insertion et on oriente vers le pôle article 60 quand la personne est prête<br />

à travailler.<br />

Au <strong>CPAS</strong> 2A, nous trouvons une répartition <strong><strong>de</strong>s</strong> tâches un peu moins avancée. Un seul<br />

travailleur social y est chargé <strong>de</strong> la trajectoire d’insertion professionnelle. C’est comparable<br />

à la manière dont cela s’effectue dans les <strong>CPAS</strong> du quadrant 1.<br />

Les <strong>au</strong>tres <strong>CPAS</strong>, disposant <strong>de</strong> peu <strong>de</strong> personnel, n’ont pas différencié leurs tâches. Le<br />

problème est à l’inverse, notamment dans le <strong>CPAS</strong> 2E, qu’ils sont occupés à d’<strong>au</strong>tres<br />

missions du <strong>CPAS</strong>, dont le caractère d’urgence peut prendre le pas sur l’insertion. La<br />

solution choisie pour remédier à cet état <strong>de</strong> fait, est <strong>de</strong> se fixer <strong><strong>de</strong>s</strong> jours <strong>de</strong> permanence<br />

en fonction <strong><strong>de</strong>s</strong> différentes problématiques, <strong>de</strong> ne pas faire <strong>de</strong> tout, tout le temps, pour<br />

mieux réguler le temps consacré à chaque tâche.<br />

Ici, on n’a pas un nombre <strong>de</strong> dossiers important, mais on fait <strong>de</strong> multiples tâches,<br />

par rapport à un <strong>au</strong>tre <strong>CPAS</strong> qui a <strong><strong>de</strong>s</strong> services bien distincts, on fait <strong>de</strong> tout, un peu<br />

<strong>de</strong> tout, tout le temps… ce qui est dur, c’est vraiment ça, c’est <strong>de</strong> se dire, ça peut<br />

prendre plus <strong>de</strong> temps, là, je n’ai personne pour les personnes étrangères, donc je<br />

prends le temps ailleurs, mais il f<strong>au</strong>t pouvoir jouer avec le temps <strong>de</strong> travail, c’est<br />

vrai que c’est pas évi<strong>de</strong>nt. On est en train <strong>de</strong> se restructurer, mais ce n’est pas<br />

facile, car il n’y a pas une AS pour chaque service. Avant, il y avait permanence les<br />

mardis et jeudis, pour tout (…) Maintenant, on est quand même quatre, enfin trois<br />

<strong>au</strong> service social et une personne en médiation <strong>de</strong> <strong>de</strong>tte, mais avant, on n’était que<br />

<strong>de</strong>ux, donc par le nombre, ce n’était pas évi<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> faire quoi que ce soit, donc<br />

l’insertion, on ne prenait pas be<strong>au</strong>coup <strong>de</strong> temps, donc c’est dans ce sens-là que<br />

c’est plus structuré maintenant.<br />

Il n’empêche que le faible nombre <strong>de</strong> bénéficiaires entraîne également une limitation <strong>au</strong><br />

travail effectué, <strong>au</strong>x possibilités d’action. Des programmes permanents ou récurrents ne<br />

peuvent être mis en place <strong>au</strong>ssi facilement que dans les <strong>CPAS</strong> où le roulement est<br />

important. C’est également le cas dans le <strong>CPAS</strong> 2D qui fonctionne pourtant en cluster,<br />

d’<strong>au</strong>tant que la barrière géographique est un facteur limitant pour be<strong>au</strong>coup <strong>de</strong><br />

bénéficiaires. Il y a donc un « bricolage » <strong>de</strong> propositions neuves, sous <strong><strong>de</strong>s</strong> formes<br />

renouvelées en fonction <strong>de</strong> l’évolution <strong>de</strong> la population activée :<br />

Le relooking, on a eu l’occasion <strong>de</strong> la faire <strong>de</strong>ux fois, mais il y a <strong>au</strong>ssi <strong><strong>de</strong>s</strong> espaces<br />

informatiques, ça, c’est quand même un outil intéressant, et puis <strong><strong>de</strong>s</strong> ateliers <strong>de</strong><br />

recherche emploi (…) Par exemple Caro fait une sortie article 27, qu’on propose <strong>au</strong>x<br />

99


personnes en insertion ; une visite <strong>au</strong> carrefour emploi formation qu’on a fait une<br />

fois chacune, donc <strong><strong>de</strong>s</strong> choses ponctuelles. Par exemple, un salon <strong>de</strong> l’emploi, on va<br />

proposer « voilà, j’ai quatre places dans ma voiture, est-ce qu’il y en a qui sont<br />

intéressés à y aller ».<br />

Dans un petit <strong>CPAS</strong> isolé comme le 2E, le souci est le même, il f<strong>au</strong>t chaque fois construire<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> actions spécifiques en fonction <strong>de</strong> l’état d’avancement d’une majorité du public dans<br />

les trajectoires d’activation :<br />

- On a fait une journée, <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> l’insertion : faire son CV, sa lettre <strong>de</strong><br />

motivation, et puis l’après-midi, <strong><strong>de</strong>s</strong> petites questions, du libre choix, les personnes<br />

venaient voir comment ça se passait, il y avait une personne du FOREM, <strong>de</strong> l’ALE.<br />

- Et les gens sont venus ?<br />

- Sur tout ce qu’on a envoyé, il y a eu 5-6 personnes, mais c’était <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes qui<br />

étaient intéressées, qui sont sorties avec un bagage en tout cas.<br />

La première étape <strong>de</strong> la trajectoire d’insertion est celle du bilan. Celui-ci, dans ces <strong>CPAS</strong>,<br />

est généralement réalisé <strong>de</strong> manière peu formelle. Ainsi, les <strong>CPAS</strong> 2A et 2C n’utilisent<br />

<strong>au</strong>cun outil. La responsable d’un service d’insertion (du <strong>CPAS</strong> 2C), récemment engagée,<br />

tente <strong>de</strong> s’en servir mais semble limitée par ce qu’il propose.<br />

Au nive<strong>au</strong> du bilan, en tout cas, j’espère le développer, pouvoir prendre <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

éléments extérieurs pour pouvoir l’étoffer et aller plus loin avec les personnes, mais<br />

ce sera <strong>au</strong> fil du temps et <strong>de</strong> la pratique. Ça oui, parce que le BSP n’est pas<br />

évi<strong>de</strong>nt : ce n’est pas parce qu’on a fait le BSP avec quelqu’un qu’on a d’office la<br />

solution <strong>de</strong> son <strong>parcours</strong>.<br />

Dans la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> en Région wallonne, ils n’utilisent pas les outils développés par<br />

ailleurs, mais travaillent avec <strong><strong>de</strong>s</strong> outils propres. C’est ce que décrit le responsable du<br />

<strong>CPAS</strong> 2D :<br />

Par <strong><strong>de</strong>s</strong> formations, ou <strong><strong>de</strong>s</strong> ren<strong>de</strong>z-vous individuels où on essaie <strong>de</strong> discuter <strong>de</strong> ça,<br />

<strong>de</strong> ce qui existe comme métier, on utilise, mais pas très régulièrement, le BSP, on a<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> outils pour essayer d’amener la personne, ou par <strong><strong>de</strong>s</strong> organismes <strong>de</strong> formation<br />

sociale, pour <strong>de</strong> la remise en route, mais parfois <strong>au</strong>ssi, on laisse un peu la<br />

personne : parfois, <strong><strong>de</strong>s</strong> gens n’ont pas <strong>de</strong> projet professionnel, parce qu’ils ont <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

problèmes <strong>de</strong> santé ou <strong><strong>de</strong>s</strong> problèmes famili<strong>au</strong>x, ou <strong>de</strong> logement ou d’<strong>au</strong>tres<br />

problèmes qui font qu’avant <strong>de</strong> penser à l’emploi, il y a tellement <strong>de</strong> choses à régler<br />

avant….<br />

Ensuite, les phases classiques <strong>de</strong> l’activation sont envisagées. C’est ce que nous signale la<br />

responsable du <strong>CPAS</strong> 2B :<br />

On va faire un bilan du <strong>parcours</strong>, et à partir <strong>de</strong> là, la personne émet un désir <strong>de</strong><br />

mise <strong>au</strong> travail, on a la possibilité via l’article 60 ou <strong>au</strong>tre, soit c’est un travail plus<br />

en profon<strong>de</strong>ur où ça va aller plus vers une formation, ça va peut-être prendre du<br />

temps, et là, on va peut-être revoir la personne plusieurs fois mais on n’a pas un<br />

canevas hyper précis, bien qu’on est tenu par une méthodologie, mais voilà, quoi,<br />

on a <strong><strong>de</strong>s</strong> dossiers qui vont très, très vite, et puis on en a d’<strong>au</strong>tres où il y a un<br />

problème <strong>de</strong> motivation ou <strong><strong>de</strong>s</strong> situations sociales qui sont compliquées, je pense<br />

<strong>au</strong>x femmes qui ont <strong>de</strong> jeunes enfants et il y a <strong><strong>de</strong>s</strong> problèmes <strong>de</strong> crèche (…). On fait<br />

en général <strong>de</strong> 1 à 3 entretiens pour un bilan, mais parfois, ça va très, très vite, en<br />

un seul entretien, on peut faire déjà un bilan, et une détermination <strong>de</strong> projet, et<br />

puis si la personne a déjà un projet bien défini, ça peut aller très vite. On peut lui<br />

proposer un emploi article 60 assez rapi<strong>de</strong>ment, sinon, il y a d’<strong>au</strong>tres choses qu’on<br />

peut lui proposer, notamment <strong><strong>de</strong>s</strong> formations, on peut orienter vers d’<strong>au</strong>tres centres<br />

<strong>de</strong> formations, ça, c’est quand un projet est bien défini. Autre : mais c’est vrai qu’on<br />

a une proportion non négligeable <strong>de</strong> premières <strong>de</strong>man<strong><strong>de</strong>s</strong> et <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong><br />

personnes qui ne maîtrisent pas le français, et donc il y a assez bien <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

qu’on oriente d’abord vers <strong><strong>de</strong>s</strong> groupes d’alpha, on a un cours d’alpha en interne,<br />

qui n’est pas géré par notre service, qui est géré par le service <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> sociale, le<br />

service <strong>de</strong> cohésion sociale, mais nous, on oriente plus facilement vers <strong><strong>de</strong>s</strong> centres<br />

gérés par Lire et Écrire, mais ça, c’est vraiment la liberté <strong>de</strong> chaque agent. 6 :45<br />

100


De même, dans le service 2D, la trajectoire semble bien découpée.<br />

C’est vrai qu’on a <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes qui parfois, d’abord, elles ne savent pas ce qu’elles<br />

veulent faire comme formation ou comme boulot, et qui vont faire pendant quatre à<br />

cinq mois un module <strong>de</strong> formation sociale, on va dire ça comme ça, et qui vont<br />

déterminer leur projet professionnel. Elles vont ensuite faire une formation<br />

préqualifiante, puis qualifiante, et puis l’emploi, donc ça nécessite plusieurs mois.<br />

Les <strong>CPAS</strong> du cluster 2 sont en général moins formels : un BSP standard est rarement<br />

utilisé, tandis que la transmission <strong><strong>de</strong>s</strong> cas et la communication se font naturellement entre<br />

le travailleur du SSG et celui <strong>de</strong> l’ISP.<br />

À l’exception du <strong>CPAS</strong> bruxellois, plus outillé, ces <strong>CPAS</strong> doivent donc bricoler avec les<br />

moyens du bord. Cela n’empêche pas un certain dynamisme, mais cela limite les<br />

possibilités <strong>de</strong> filière : les outils ne sont pas préexistants ; <strong>au</strong> contraire chaque action est<br />

construite sur le moment, en fonction <strong>de</strong> la population cible, du moins en ce qui concerne<br />

les actions à mettre en place pour <strong><strong>de</strong>s</strong> groupes <strong>de</strong> bénéficiaires.<br />

3.2.2 Cluster 5<br />

À quoi ressemble l’organisation interne <strong>de</strong> la trajectoire d’insertion professionnelle dans les<br />

<strong>CPAS</strong> du cluster 5 ? Un premier constat notoire est le fait que dans ces <strong>CPAS</strong>, la<br />

spécialisation <strong><strong>de</strong>s</strong> fonctions est plus élaborée que dans les <strong>CPAS</strong> du cluster 2. Les<br />

répondants <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> du quadrant 2 signalent clairement qu’en raison du grand nombre <strong>de</strong><br />

bénéficiaires, il est indispensable d’avoir un service spécialisé distinct composé <strong>de</strong> plusieurs<br />

agents d’insertion et ce, pour les mêmes raisons que celles décrites <strong>au</strong> paragraphe 2.2.1.<br />

La spécialisation <strong><strong>de</strong>s</strong> tâches <strong>au</strong> <strong>sein</strong> du service d’activation permet en effet tant <strong>au</strong><br />

travailleur social qu’à l’agent d’insertion <strong>de</strong> bénéficier d’espace pour l’accompagnement<br />

dans ses domaines propres. Cela signifie pour l’assistant social qu’il se concentre<br />

principalement sur les conditions fondamentales préalables à l’activation. L’agent<br />

d’insertion s’occupe, tel que mentionné plus avant, <strong>de</strong> tout ce qui concerne l’activation ou<br />

l’emploi du <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur d’ai<strong>de</strong>.<br />

Nous débutons notre <strong><strong>de</strong>s</strong>cription <strong>de</strong> l’organisation interne par le <strong>CPAS</strong> 2G. Ce <strong>CPAS</strong><br />

permet une trajectoire d’activation très élaborée. Il y existe trois services ou cellules<br />

responsables <strong>de</strong> la politique d’activation : la cellule trajectoire, la cellule expérience<br />

professionnelle et la cellule projet. La cellule trajectoire a pour principal objectif d’effectuer<br />

le screening du bénéficiaire et l’accompagnement ultérieur. Elle détermine la trajectoire et<br />

effectue le suivi jusqu’à ce que le bénéficiaire quitte le <strong>CPAS</strong>. Chaque bénéficiaire qui est<br />

transmis par les travailleurs soci<strong>au</strong>x du SSG en vue d’une trajectoire d’activation aboutit<br />

dans cette cellule. La cellule expérience professionnelle se charge <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires qui ont<br />

besoin d’une expérience professionnelle supplémentaire. Le répondant du <strong>CPAS</strong> 2G<br />

délimite ce groupe-cible en ces termes :<br />

En réalité, lorsque l’agent d’insertion et le travailleur social (du SSG) jugent ensemble<br />

qu’un emploi régulier n’est pas encore d’actualité, ou qu’une formation ne convient pas<br />

encore et que la personne a besoin d’une expérience professionnelle complémentaire,<br />

même si elle a déjà quelques comportements professionnels mais insuffisants, alors<br />

nous décidons <strong>de</strong> rediriger cette personne vers la cellule expérience professionnelle.<br />

Dans cette équipe, on lui recherche un emploi adapté.<br />

Outre la cellule trajectoire et la cellule expérience professionnelle, le <strong>CPAS</strong> 2G a également<br />

créé une cellule projet. Cette cellule est responsable <strong>de</strong> la création et <strong>de</strong> l’organisation <strong>de</strong><br />

projets d’emplois concrets. Ces projets tiennent compte <strong><strong>de</strong>s</strong> besoins spécifiques et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

besoins du groupe-cible, et remplissent par ailleurs une nécessité sociale et/ou locale. Le<br />

principal objectif vise à ce que ces projets représentent une plus-value tant pour le<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur d’ai<strong>de</strong> que pour l’environnement local. Une <strong>de</strong>uxième mission <strong>de</strong> cette cellule<br />

est d’introduire les projets <strong>au</strong>près <strong>de</strong> toutes sortes <strong>de</strong> can<strong>au</strong>x <strong>de</strong> subsi<strong><strong>de</strong>s</strong> tels que le FSE.<br />

101


Dans les <strong>CPAS</strong> 2H, 2I, 2J, 2K, 2L, 2M, 2N et 2O, l’activation du bénéficiaire est <strong>au</strong>x<br />

mains d’une équipe d’activation. Cette équipe se compose d’agents d’insertion qui<br />

déterminent la trajectoire et suivent le bénéficiaire jusqu’en phase <strong>de</strong> suivi. Ces agents<br />

d’insertion ont les mêmes tâches que celles décrites <strong>au</strong> paragraphe 2.2.1. Ils sont chargés<br />

du screening, <strong>de</strong> l’accompagnement, <strong>de</strong> la fourniture d’information, <strong>de</strong> la formation, <strong>de</strong> la<br />

réglementation et enfin, <strong>de</strong> la communication entre le travailleur social et l’employeur, tel<br />

que le travailleur responsable du <strong>CPAS</strong> 2O le signale.<br />

Dans notre service, chaque agent d’insertion suit la personne <strong>de</strong> A à Z, c'est-à-dire<br />

qu’on a pas splitté entre articles 60, mises à l’emploi en fonction <strong><strong>de</strong>s</strong> fameuses quatre<br />

phases <strong>de</strong> l’ISP : orientation, préformation, formation, recherche emploi, donc nous,<br />

l’AS fait tout <strong>de</strong> A à Z, on peut lui proposer, en fonction <strong>de</strong> son projet, donc d’abord<br />

voir où il en est, parfois le redéfinir, parce que la personne dit qu’elle veut travailler,<br />

mais on se rend compte qu’elle n’a pas les qualifications ou un nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> français<br />

be<strong>au</strong>coup trop faible, donc l’amener à suivre une préformation ou à suivre <strong><strong>de</strong>s</strong> cours<br />

<strong>de</strong> langue, mais on peut tout faire : les quatre phases sont assurées par le service ISP.<br />

Le screening <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires s’effectue dans la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> du cluster 5 à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

la métho<strong>de</strong> du Bilan Socioprofessionnel (BSP). Celle-ci n’est toutefois pas utilisée<br />

littéralement, mais complétée par <strong><strong>de</strong>s</strong> nuances locales. Au <strong>CPAS</strong> 2K, on a ajouté <strong>au</strong> BSP un<br />

mo<strong>de</strong> d’emploi <strong>de</strong> l’entretien préliminaire du service régional pour l’emploi.<br />

Notre outil <strong>de</strong> screening, à savoir une décoction du BSP du VVSG combinée à ce que<br />

nous utilisions avant cela. C’est be<strong>au</strong>coup plus simple, il était trop compliqué à utiliser,<br />

on estimait qu’il fallait l’adapter. L’adapter à nos besoins, on en a tenu compte, il y a<br />

d’<strong>au</strong>tres choses comme le fil conducteur <strong>de</strong> l’entretien préliminaire (intake) du VDAB,<br />

on nous <strong>de</strong>man<strong>de</strong> be<strong>au</strong>coup <strong>de</strong> l’utiliser, nous avons essayé <strong>de</strong> le combiner avec ce<br />

que nous avions. Après le screening, quelles sont les <strong>au</strong>tres étapes ? Nous examinons<br />

les possibilités du bénéficiaire lorsque <strong><strong>de</strong>s</strong> emplois lui correspon<strong>de</strong>nt. Et ensuite, on<br />

essaie d’effectuer une corrélation entre les intérêts et les lieux disponibles.<br />

La principale fonction <strong>de</strong> cet outil est, comme le répondant ci-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus le mentionne, la<br />

reconnaissance <strong><strong>de</strong>s</strong> capacités et <strong><strong>de</strong>s</strong> besoins du bénéficiaire. Par ailleurs, certains <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong><br />

éprouvent le besoin <strong>de</strong> faire subir <strong>au</strong> bénéficiaire une évaluation. Le bénéficiaire se voit<br />

imposer quelques épreuves pratiques et est observé quant à sa manière <strong>de</strong> les solutionner.<br />

Cela permet selon quelques répondants <strong>de</strong> se faire une idée plus large <strong><strong>de</strong>s</strong> capacités du<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur d’ai<strong>de</strong>. Le <strong>CPAS</strong> 2G collabore à cette fin avec une ASBL spécialisée dans cette<br />

forme <strong>de</strong> screening. L’intérêt <strong>de</strong> cette évaluation est illustré par le répondant du <strong>CPAS</strong> 2G<br />

qui évoque l’histoire à succès suivante :<br />

Oui, il s’agissait <strong>de</strong> quelqu’un qui durant l’évaluation <strong><strong>de</strong>s</strong> évaluateurs a été considéré<br />

comme ayant <strong><strong>de</strong>s</strong> talents sur le plan moteur. Le psychologue qui dit que les tests ont<br />

démontré cela, et lors <strong><strong>de</strong>s</strong> entretiens <strong>de</strong> retour effectués par les <strong>de</strong>ux parties, on dit en<br />

fait que ces talents sur le plan moteur peuvent être pris en considération dans le<br />

secteur <strong>de</strong> la peinture. Et ce bénéficiaire qui disait alors « oui j’ai voulu faire cela<br />

<strong>de</strong>puis que je suis gosse, mais je ne pouvais pas <strong>de</strong> ma famille ». Et sans cette<br />

évaluation, on ne peut pas le savoir, <strong>au</strong> départ <strong>de</strong> l’entretien préliminaire, on cherche<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> diplômes et c’est une sérieuse perte d’informations. Il f<strong>au</strong>t avant tout faire quelque<br />

chose qui nous permette d’apprendre réellement à connaître la personne.<br />

De même, <strong>au</strong> <strong>CPAS</strong> 2M, on met en place <strong><strong>de</strong>s</strong> étapes pour permettre une évaluation<br />

pratique. Les agents d’insertion suivent en effet une formation <strong>au</strong> <strong>CPAS</strong> <strong>de</strong> Gand. Durant<br />

cette formation, ils apprennent à observer le bénéficiaire lors <strong>de</strong> l’exécution <strong>de</strong> toutes<br />

sortes <strong>de</strong> missions.<br />

C’est très pratique, nous donnons alors <strong><strong>de</strong>s</strong> missions à faire. Ensuite, cela va <strong>au</strong>-<strong>de</strong>là<br />

du verbal, cela procure plus d’informations et alors nous obtenons une meilleure vue<br />

sur la situation du bénéficiaire.<br />

102


3.2.3 En résumé<br />

La différence <strong>de</strong> taille <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> du cluster 5 par rapport <strong>au</strong>x <strong>CPAS</strong> du cluster 2 se fait<br />

également sentir lorsqu’il s’agit <strong>de</strong> l’organisation interne du processus d’insertion<br />

professionnelle. Dans le cluster 2, celle-ci est moins avancée que dans le cluster 5. Dans le<br />

cluster 2, nous constatons que certains <strong>CPAS</strong> ont recruté un à <strong>de</strong>ux agents d’insertion.<br />

Dans d’<strong>au</strong>tres <strong>CPAS</strong> <strong>de</strong> ce cluster, nous constatons que l’activation est encore toujours <strong>au</strong>x<br />

mains du travailleur social. Dans le cluster 5, on parle <strong>de</strong> services distincts ou d’équipes<br />

emploi (ou d’activation). Dans ces services, cinq à dix agents d’insertion travaillent et sont<br />

dans la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> cas coordonnés par un chef d’équipe <strong>au</strong>tonome. De même concernant<br />

l’outil <strong>de</strong> screening, nous constatons <strong><strong>de</strong>s</strong> différences. Dans le cluster 2, on utilise soit son<br />

propre outil, soit on n’utilise pas d’outil. Dans le cluster 5, presque tous les <strong>CPAS</strong><br />

interrogés effectuent un screening à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> la métho<strong>de</strong> du Bilan Socioprofessionnel.<br />

3.3 Phase 3 : activation sociale<br />

Tel que stipulé <strong>au</strong> chapitre 2 <strong>de</strong> cette partie, nous distinguons une troisième phase<br />

d’activation sociale. Cette phase s’applique <strong>au</strong>x bénéficiaires qui ont besoin d’un<br />

accompagnement sur le plan <strong><strong>de</strong>s</strong> comportements professionnels. Nous avons constaté plus<br />

h<strong>au</strong>t qu’un accompagnement sur le plan <strong><strong>de</strong>s</strong> comportements professionnels doit s’effectuer<br />

pas à pas en combinaison avec un soutien intensif, mais <strong>au</strong>ssi en <strong>de</strong>hors du lieu <strong>de</strong> travail.<br />

Le bénéficiaire doit avoir le temps <strong>de</strong> s’approprier les attitu<strong><strong>de</strong>s</strong> requises. L’emploi, dans<br />

cette phase, peut <strong>au</strong> mieux être considéré comme étant un emploi doux mettant l’accent<br />

sur l’aspect d’accompagnement. Cet dimension d’accompagnement, nous la retrouvons<br />

<strong>au</strong>ssi dans la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> du quadrant 2. Nous reflétons dans ce paragraphe<br />

comment ces <strong>CPAS</strong> gèrent la phase 3 <strong>de</strong> la trajectoire d’activation. Nous constatons que<br />

les <strong>CPAS</strong> du cluster 5 disposent <strong>de</strong> plusieurs possibilités.<br />

3.3.1 Cluster 2<br />

Pour les <strong>CPAS</strong> du cluster 2, l’objectif principal <strong>de</strong> l’activation sociale est <strong>de</strong> ramener les<br />

gens à <strong><strong>de</strong>s</strong> horaires en accord avec la vie professionnelle, et donc <strong>de</strong> les ramener dans le<br />

rythme <strong>de</strong> la société en général.<br />

C’est ce que nous dit la responsable du <strong>CPAS</strong> 2C :<br />

Des gens qui ont trop décroché, qui sont trop en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> tous les systèmes, parce<br />

qu’ils ne savent plus ce qu’est une heure, un ren<strong>de</strong>z-vous, et il y a <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes<br />

que je peux contacter quatre fois avant <strong>de</strong> les voir arriver la première fois, donc<br />

c’est les remotiver, c’est les redynamiser, et il y en a chez qui ça prend et d’<strong>au</strong>tres<br />

pas.<br />

Le répondant du <strong>CPAS</strong> 2A raconte que cette phase est la plus importante. Tandis<br />

qu’<strong>au</strong>trefois on pouvait activer les bénéficiaires plus rapi<strong>de</strong>ment, il raconte qu’actuellement<br />

on trie le bon grain <strong>de</strong> l’ivraie. Il veut dire par là que les meilleurs bénéficiaires sont<br />

activés. Ceux qui restent ont besoin d’un accompagnement plus intensif.<br />

Pour l’heure, nous <strong>de</strong>vons monter d’un étage, progresser d’un nive<strong>au</strong>. On parle ici <strong>de</strong><br />

grains parmi l’ivraie, en parlant <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes qui peuvent être activées actuellement,<br />

nous avons pour l’instant juste <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires qui ont besoin <strong>de</strong> plus d’attention, bref<br />

plus d’accompagnement en fait.<br />

D’<strong>au</strong>tres aspects soci<strong>au</strong>x peuvent poser problème. Cela peut être le cas notamment du<br />

respect <strong>de</strong> la hiérarchie ou <strong><strong>de</strong>s</strong> consignes, ainsi que <strong>de</strong> la capacité à faire face à l’altérité.<br />

La responsable du <strong>CPAS</strong> 2D nous en parle :<br />

103


L’adaptabilité est un facteur limitant, je veux parler du fait <strong>de</strong> s’intégrer dans <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

équipes différentes, avec <strong><strong>de</strong>s</strong> nive<strong>au</strong>x socioculturels différents, donc <strong>de</strong> pouvoir<br />

rester ouvert <strong>au</strong>x différences culturelles <strong>de</strong> tout le mon<strong>de</strong>, je ne parle pas<br />

nécessairement <strong><strong>de</strong>s</strong> différences entre peuples, mais simplement parfois s’énerver <strong>de</strong><br />

voir l’<strong>au</strong>tre qui parle <strong>de</strong> ses vêtements ou <strong><strong>de</strong>s</strong> femmes, peu importe, d’intégrer une<br />

équipe où <strong><strong>de</strong>s</strong> gens viennent <strong>de</strong> milieux différents, certains ont du mal à intégrer<br />

une telle équipe, <strong>de</strong> pouvoir faire preuve <strong>de</strong> compétence <strong>de</strong> caméléon. Il nous<br />

manque <strong><strong>de</strong>s</strong> outils <strong>de</strong> ce type-là, pour pouvoir s’adapter. Leur faire comprendre que<br />

ce n’est pas l’<strong>au</strong>tre qui se prend la tête, ou qui se croit plus intelligent ou plus utile,<br />

non, que ce sont <strong><strong>de</strong>s</strong> gens qui ont un capital culturel différent, et qu’il f<strong>au</strong>t arriver à<br />

composer sans se sentir agressé ou vexé.<br />

La responsable du <strong>CPAS</strong> 2C ajoute par ailleurs que cette réacquisition <strong>de</strong> compétences<br />

peut se faire via une formation ou un emploi. C’est une <strong><strong>de</strong>s</strong> caractéristiques <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> <strong>de</strong><br />

plus petite taille. Si dans l’absolu, les formations préqualifiantes et <strong>au</strong>tres ateliers <strong>de</strong><br />

resocialisation sont l’option préférée, ils n’existent pas pour <strong>au</strong>tant partout. L’assistant<br />

social compose donc avec les moyens du bord, <strong>de</strong> sorte que d’<strong>au</strong>tres formules, dont<br />

l’emploi, peuvent également servir d’outil <strong>de</strong> socialisation.<br />

Je dirais que l’objectif premier, c’est <strong>de</strong> les remettre dans un circuit : que ce soit<br />

une formation, que ce soit un emploi, c’est l’importance <strong>de</strong> refaire partie d’un<br />

circuit, d’un système, <strong>de</strong> réintégrer une vie plus régulière avec <strong><strong>de</strong>s</strong> consignes, avec<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> horaires, avec <strong><strong>de</strong>s</strong> obligations, c’est <strong>de</strong> pouvoir retrouver une socialisation à ce<br />

nive<strong>au</strong>-là <strong>au</strong>ssi, et puis à plus long terme, ben, c’est sûr, c’est d’avoir un emploi<br />

qu’elles peuvent gar<strong>de</strong>r et qui peut leur permettre d’améliorer leur situation, ça,<br />

c’est certain.<br />

Dès lors, l’article 60 peut servir cet objectif. Cet objectif <strong>de</strong> socialisation est d’ailleurs<br />

régulièrement cité par nos répondants, bien avant la formation concomitante, la<br />

récupération <strong>de</strong> droits où l’activation à but professionnalisant. C’est ce que nous signale le<br />

<strong>CPAS</strong> 2D :<br />

La politique n’est pas d’user du système mais d’avoir un service où on n’est pas trop<br />

exigeant sur les compétences du travailleur, où l’horaire est assez facile à vivre pour<br />

le travailleur, donc ça permet un emploi d’insertion mais pas avec <strong><strong>de</strong>s</strong> horaires<br />

coupés, <strong><strong>de</strong>s</strong> prestations <strong>de</strong> week-end et où on ne lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> pas d’avoir un<br />

diplôme.<br />

La responsable du <strong>CPAS</strong> 2B abon<strong>de</strong> dans le même sens, insistant sur la possibilité <strong>de</strong><br />

favoriser la resocialisation via l’article 60 :<br />

On envisage l’article 60 comme un tremplin, une première formation, un premier<br />

contrat où on est encadré, où pour la personne, c’est vraiment une expérience (…)<br />

c’est un apprentissage pour la personne, pour le travail, mais pas uniquement <strong>au</strong><br />

nive<strong>au</strong> du travail, mais tout ce qui tourne <strong>au</strong>tour du travail : le respect <strong><strong>de</strong>s</strong> horaires,<br />

respect <strong>de</strong> l’<strong>au</strong>torité, vraiment se mettre en conditions, dans un milieu professionnel<br />

et tout ce qui va avec, apprendre à respecter toutes les règles….<br />

L’activation sociale, <strong>au</strong> <strong>CPAS</strong> 2A, s’effectue principalement par un emploi sous article 60§7.<br />

Il s’avère toutefois que l’emploi dans cette phase s’organise essentiellement en <strong>de</strong>hors du<br />

<strong>CPAS</strong>. Ainsi, il a une structure <strong>de</strong> coopération avec le kringwinkel, <strong>de</strong> sorte qu’il dispose <strong>de</strong><br />

quelques lieux d’insertion par le travail. Une importante raison à cela est, comme nous<br />

l’avions déjà constaté <strong>au</strong> quadrant 1, le fait que ces organismes proposent davantage<br />

d’accompagnement sur le lieu <strong>de</strong> travail. Le répondant est convaincu qu’un soutien<br />

intensif durant les activités représente un important facteur <strong>de</strong> réussite pour stimuler les<br />

comportements professionnels adéquats. C’est pour ces raisons qu’il coopère à la mise en<br />

place d’une ai<strong>de</strong> à l’emploi dans l’économie sociale en collaboration avec un cluster <strong>de</strong><br />

<strong>CPAS</strong>. Cette initiative pourrait débuter dans le courant <strong>de</strong> 2010.<br />

L’accompagnement sur le lieu <strong>de</strong> travail, nous dans ce <strong>CPAS</strong> on veut le mettre en<br />

œuvre. Nous voulons démarrer pour cela, avec un cluster <strong>de</strong> <strong>CPAS</strong>, démarrer un projet<br />

dans l’économie sociale afin d’intensifier cette ai<strong>de</strong>. Nous en sommes encore loin, nous<br />

104


souhaitons un seul lieu, rassembler les quatre <strong>CPAS</strong>, pour collaborer à un seul projet<br />

emploi, ayant du travail abordable.<br />

Dans le <strong>CPAS</strong> 2E, ce sont les articles 60 en interne, dans quasiment la seule ressource<br />

disponible dans les environs, qui joue ce rôle <strong>de</strong> réinsertion sociale. La coordinatrice <strong>de</strong><br />

cette ressource est d’ailleurs une ancienne bénéficiaire <strong>de</strong> la mesure article 60.<br />

Le service a un lavoir, qui fonctionne avec une coordinatrice à temps plein qui est<br />

donc pourvoyeur d’emploi vu qu’il fonctionne avec trois articles 60 à temps plein,<br />

donc il y a un roulement <strong>au</strong>ssi, mais c’est un lavoir social. (…) Nous, on a<br />

l’orientation, d’abord, <strong>de</strong> pouvoir donner <strong>de</strong> la main d’œuvre <strong>au</strong> lavoir, en priorité<br />

pour <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes qui sont bénéficiaires du RI, en article 60 (…). La personne qui<br />

encadre les personnes en article 60 a elle-même fait l’objet d’un contrat article 60,<br />

donc elle était bénéficiaire d’un revenu d’intégration, puis elle a été engagée dans le<br />

cadre d’un article 60, et puis maintenant est coordinatrice (…) elle voit le <strong>parcours</strong>,<br />

elle sait comment ça se passe et elle voit <strong>au</strong>ssi comment pratiquer, donc ça se<br />

passe bien avec le personnel.<br />

Cette utilisation <strong>de</strong> l’article 60 ne se fait pas pour <strong>au</strong>tant sans test préalable. Dans cette<br />

commune, le candidat vient <strong>au</strong> lavoir pendant un mois. Une grille d’évaluation est ensuite<br />

remplie par le candidat avec la coordinatrice, puis discutée avec l’AS qui suit ce candidat.<br />

Pourtant, les <strong>CPAS</strong>, notamment le 2D, insistent parfois sur le fait que la resocialisation n’a<br />

pas uniquement pour but <strong>de</strong> ramener les bénéficiaires d’un RI vers l’emploi. Cette<br />

resocialisation est également une fin en soi. Nous y reviendrons plus abondamment dans<br />

la <strong><strong>de</strong>s</strong>cription du quadrant 3, mais voici ce qu’en dit la responsable du <strong>CPAS</strong> 2D.<br />

(…) que l’insertion sociale soit plus soutenue et mieux comprise, qu’on puisse se dire<br />

qu’on peut investir 10.000 € dans <strong>de</strong> l’insertion sociale et que ça ne rapporte rien en<br />

termes <strong>de</strong> résultats directs. À long terme, ça va rapporter : il y a peut-être 20 ou 30<br />

personnes qui ont plus confiance en elle, mais ce n’est pas mesurable, et d’accepter<br />

qu’on ait mis 10.000 euros sur quelque chose qui n’est pas mesurable.<br />

À nouve<strong>au</strong>, on peut remarquer que ces <strong>CPAS</strong> sont moins formalisés. Tout est en général<br />

bon à prendre, tant que le résultat est <strong>au</strong> ren<strong>de</strong>z-vous. L’idéal est pour be<strong>au</strong>coup <strong>de</strong><br />

pouvoir organiser <strong><strong>de</strong>s</strong> formations préqualifiantes ou <strong><strong>de</strong>s</strong> ateliers <strong>de</strong> socialisation, mais si<br />

l’article 60 peut avoir un objectif <strong>de</strong> resocialisation, c’est également valable. Notons<br />

d’ailleurs que vu la souvent faible diversité <strong>de</strong> possibilités locales, l’article 60 est un peu<br />

utilisé comme la mesure miracle, celle qui permet la récupération <strong><strong>de</strong>s</strong> droits tout en<br />

ramenant la personne dans <strong><strong>de</strong>s</strong> rails.<br />

3.3.2 Cluster 5<br />

Le <strong>CPAS</strong> 2G a, en collaboration avec une ASBL et l’ai<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> moyens du FSE, prévu <strong>de</strong>ux<br />

pré-trajets. Tel que constaté pour le <strong>CPAS</strong> 2A du quadrant 1, l’objectif d’un pré-trajet est<br />

l’apprentissage <strong>de</strong> comportements professionnels moyennant un accompagnement intensif<br />

sur le lieu <strong>de</strong> travail. Un pré-trajet est limité dans le temps et permet <strong>de</strong> préparer les<br />

bénéficiaires à un emploi dans le circuit social. Un premier pré-trajet <strong>au</strong> <strong>sein</strong> du <strong>CPAS</strong> G<br />

s’adresse <strong>au</strong>x allophones qui ont déjà une connaissance limitée du néerlandais, mais pour<br />

lesquels la langue n’est pas encore suffisamment connue. Ce pré-trajet se compose<br />

également, outre du suivi <strong><strong>de</strong>s</strong> cours <strong>de</strong> langue, <strong>de</strong> formation sociale, d’évaluation et<br />

d’épreuves professionnelles, afin <strong>de</strong> rendre possible une orientation adaptée sur le marché<br />

du travail.<br />

Un <strong>de</strong>uxième pré-trajet s’adresse <strong>au</strong>x jeunes <strong>de</strong> 18 à 25 ans. Cette trajectoire est<br />

organisée pour dix jeunes qui durant six mois sont préparés intensivement à l’arrivée sur<br />

le marché du travail. On y travaille d’abord le team building et les attitu<strong><strong>de</strong>s</strong> fondamentales.<br />

On peut y suivre une formation <strong>de</strong> résistance physique et <strong><strong>de</strong>s</strong> séances d’information y sont<br />

organisées afin <strong>de</strong> stimuler <strong><strong>de</strong>s</strong> attentes d’emploi réalistes face <strong>au</strong> marché du travail. Cet<br />

accompagnement accor<strong>de</strong> <strong>au</strong>ssi <strong>de</strong> l’attention <strong>au</strong>x problèmes liés <strong>au</strong>x <strong>au</strong>tres domaines <strong>de</strong><br />

la vie. Ceci nécessite donc <strong>de</strong> collaborer avec les <strong>au</strong>tres organismes soci<strong>au</strong>x.<br />

105


Outre le pré-trajet, le <strong>CPAS</strong> 2G a créé <strong><strong>de</strong>s</strong> ateliers <strong>de</strong> formation par le travail en<br />

collaboration avec l’ASBL D. Les bénéficiaires y sont accompagnés par les<br />

accompagnateurs <strong>de</strong> la cellule expérience professionnelle évoquée ci-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus. Bien que<br />

l’accent soit mis sur l’offre d’expérience professionnelle et que celle-ci fasse dès lors plutôt<br />

partie <strong>de</strong> la phase 4, le répondant mentionne que l’apprentissage <strong>de</strong> comportements<br />

professionnels occupe ici <strong>au</strong>ssi une place importante. Les différents ateliers <strong>de</strong> formation<br />

par le travail du <strong>CPAS</strong> 2G sont traités dans le prochain chapitre (phase 4).<br />

Les personnes vont très souvent dans le cadre <strong>de</strong> l’article 60 en atelier <strong>de</strong> formation<br />

par le travail. Environ 20 à 25 personnes sont en atelier <strong>de</strong> formation par le travail en<br />

construction et rénovation. Elles ont pour objectif <strong>de</strong> travailler leurs attitu<strong><strong>de</strong>s</strong>, leurs<br />

compétences <strong>de</strong> base et par ailleurs <strong>au</strong>ssi et surtout leurs aptitu<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> base. Ces<br />

articles 60 sont accompagnés par <strong><strong>de</strong>s</strong> instructeurs.<br />

Dans le <strong>CPAS</strong> 2K, les bénéficiaires sont orientés <strong>au</strong> cours <strong>de</strong> cette phase vers un emploi<br />

sous statut article 60§7 <strong>au</strong> <strong>sein</strong> du Kringwinkel et d’<strong>au</strong>tres ASBL privées. Bien que dans ces<br />

organismes, on travaille <strong>au</strong>x comportements professionnels, l’accent est également placé,<br />

selon la répondante, sur les compétences techniques. Quant <strong>au</strong> Kringwinkel, celui-ci peut<br />

proposer <strong><strong>de</strong>s</strong> tâches tant difficiles qu’aisées :<br />

Oui, le Kringwinkel est plutôt un mélange d’activités. C’est bon pour les<br />

comportements professionnels, mais <strong>au</strong>ssi pour les compétences. On peut apprendre<br />

<strong>de</strong> tout : caissier, ch<strong>au</strong>ffeur, étalage, enlèvement <strong>de</strong> meubles etc. Le Kringwinkel est<br />

très professionnel. Il enregistre un excellent score. Il possè<strong>de</strong> même un système <strong>de</strong><br />

tests <strong>de</strong> performance.<br />

L’ASBL prévoit un centre <strong>de</strong> jour où, dans le cadre <strong>de</strong> l’insertion par le travail, on propose<br />

une activité qui fait sens. Par ailleurs, le lieu d’emploi social <strong>de</strong> cette ASBL est <strong>au</strong>ssi un lieu<br />

<strong>de</strong> travail intéressant durant la phase <strong>de</strong> l’activation sociale.<br />

L’accompagnement en ASBL est très professionnel. On examine par exemple le «<br />

m<strong>au</strong>vais comportement » sur le lieu <strong>de</strong> travail, comme les retards ou la relation avec<br />

les collègues ; cet accompagnement est vraiment bon.<br />

Dans le <strong>CPAS</strong> 2O, un programme permettant à <strong><strong>de</strong>s</strong> jeunes <strong>de</strong> définir leur projet<br />

professionnel est mis en place chaque année, en collaboration avec un organisme <strong>de</strong><br />

formation spécialisé dans cette démarche.<br />

Les organismes évoqués ci-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus proposent un mélange intéressant <strong>de</strong> tâches<br />

permettant <strong>au</strong>ssi <strong>au</strong>x bénéficiaires qui ont besoin d’un accompagnement sur le plan <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

attitu<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> pouvoir être engagés sous un statut article 60§7. La répondante du <strong>CPAS</strong> 2K<br />

signale toutefois que <strong><strong>de</strong>s</strong> règles <strong>de</strong> travail très rigoureuses sont imposées dès le départ<br />

pour cet emploi. Selon elle, il ne s’agit pas ici d’un traitement doux <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires.<br />

Il n’y a rien <strong>de</strong> doux chez nous sous l’article 60. Les personnes signent un contrat et ça<br />

fait partie <strong>de</strong> la formation sur les comportements professionnels. Si on ne vient pas, on<br />

doit nous prévenir, et on est dans le rouge. Si ça arrive trois fois, alors on a un<br />

problème. Ils peuvent revenir, mais ils mettent leur emploi en jeu. Il s’agit <strong>de</strong> prouver<br />

ses jours <strong>de</strong> travail, pas <strong>de</strong> flexibilité sur ce plan sinon ils fr<strong>au</strong><strong>de</strong>nt. C’est déjà le cas à<br />

l’école, <strong>au</strong> Kringwinkel, à l’hôpital ou dans un lieu <strong>de</strong> réparation <strong><strong>de</strong>s</strong> vélos, c’est partout<br />

pareil. Ce n’est pas le lieu qui détermine la règle à suivre, c’est le <strong>CPAS</strong> qui le fait.<br />

De même le <strong>CPAS</strong> 2L prévoit trois pré-trajets pour les bénéficiaires qui ont besoin d’une<br />

formation sur le plan <strong><strong>de</strong>s</strong> comportements professionnels. Une première trajectoire est<br />

organisée dans le cadre du FSE et s’adresse <strong>au</strong>x jeunes socialement vulnérables. Des<br />

activités sont organisées pour apprendre à ces jeunes <strong><strong>de</strong>s</strong> attitu<strong><strong>de</strong>s</strong> telles que la<br />

ponctualité :<br />

Oui, nous avons <strong>au</strong>ssi <strong><strong>de</strong>s</strong> pré-trajets <strong>de</strong>puis plusieurs années, une tentative d’activer<br />

les jeunes vulnérables sur le plan social, ce sont <strong><strong>de</strong>s</strong> excursions à l’extérieur, pour se<br />

retrouver ensemble, également dans le cadre du FSE, c’est vraiment un pré-trajet,<br />

106


pour apprendre à arriver à l’heure, « je dois y être ». Ils bénéficient d’une prime à la<br />

formation dans le cadre du FSE.<br />

Par ailleurs, on utilise les moyens du FSE pour un pré-trajet dans le secteur <strong>de</strong> la<br />

construction et pour une trajectoire <strong><strong>de</strong>s</strong>tinée <strong>au</strong>x allophones. Le premier est organisé en<br />

collaboration avec une ASBL qui fournit la formation. Les bénéficiaires ont la chance<br />

d’acquérir sur le lieu <strong>de</strong> travail <strong><strong>de</strong>s</strong> compétences dans le secteur <strong>de</strong> la construction. Par<br />

ailleurs, ils sont intensivement accompagnés sur le plan <strong><strong>de</strong>s</strong> comportements<br />

professionnels. Selon le répondant <strong>de</strong> ce <strong>CPAS</strong>, cette trajectoire permet surtout d’atteindre<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> personnes d’origine étrangère :<br />

Le pré-trajet en construction c’est <strong>au</strong>ssi pour les plus faibles et la formation sur les<br />

comportements y est très importante. Avec votre département, ce sont <strong>au</strong>ssi <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

allochtones, nous pouvons en conclure que ce groupe-cible est surtout celui que nous<br />

touchons.<br />

Une troisième trajectoire s’adresse surtout <strong>au</strong>x femmes d’origine allochtone. Cette<br />

trajectoire sert à fournir <strong>au</strong>x femmes allochtones infra-scolarisées une activité qui a du<br />

sens, <strong>au</strong> <strong>sein</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> services du <strong>CPAS</strong>. Elles exécutent <strong><strong>de</strong>s</strong> tâches <strong>de</strong> soutien dans la maison<br />

<strong>de</strong> repos et <strong>au</strong> service <strong><strong>de</strong>s</strong> espaces verts et elles bénéficient <strong>de</strong> cours <strong>de</strong> langue sur le lieu<br />

<strong>de</strong> travail. Les cours sont (co-)organisés par l’Open School. Selon le répondant, la plupart<br />

<strong>de</strong> ces bénéficiaires intègrent un emploi dans le secteur <strong><strong>de</strong>s</strong> titres-services.<br />

Le <strong>CPAS</strong> 2K travaille avec un pré-trajet pour les jeunes et un petit pour les personnes<br />

âgées. Pour les jeunes, l’accent est mis sur une première orientation sur le marché du<br />

travail. Le pré-trajet <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes âgées offre une formation et une orientation<br />

personnalisée.<br />

Dans le <strong>CPAS</strong> 2M, les équipes sont composées <strong>de</strong> bénéficiaires qui retapent <strong>de</strong> petits<br />

ouvrages dans l’environnement local du <strong>CPAS</strong>. Ces bénéficiaires n’ont pas les attitu<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

requises, selon le répondant, pour entrer en considération pour un emploi social ordinaire.<br />

Ils ont besoin d’un accompagnement intensif mettant l’accent sur les comportements<br />

professionnels. Dans l’extrait suivant, le répondant compare ces équipes <strong>au</strong>x <strong>au</strong>tres<br />

emplois que le <strong>CPAS</strong> peut proposer. Il arrive à la conclusion que ces équipes ont un<br />

fonctionnement très abordable, c’est pourquoi selon lui ils se situent un échelon plus bas<br />

comparé à un emploi <strong>au</strong> <strong>sein</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> services du <strong>CPAS</strong>.<br />

L’emploi <strong>au</strong> <strong>sein</strong> du <strong>CPAS</strong>, ça correspond à différents gra<strong><strong>de</strong>s</strong>, il y a les équipes avec un<br />

accompagnateur et les bénéficiaires en travail social dont le travail est purement mis<br />

en place et spécifiquement sur ces personnes et leurs possibilités. Le nive<strong>au</strong> suivant,<br />

ce sont <strong><strong>de</strong>s</strong> emplois dans nos propres services du <strong>CPAS</strong>, logement et soins, on y<br />

retrouve <strong><strong>de</strong>s</strong> travailleurs réguliers et nous y mettons en place <strong><strong>de</strong>s</strong> articles 60 et chaque<br />

service doit en avoir, on y trouve <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes <strong>de</strong> l’administration.<br />

Il existe quatre équipes qui effectuent toutes <strong><strong>de</strong>s</strong> tâches spécifiques dans les services du<br />

<strong>CPAS</strong>, dans les services <strong>de</strong> la commune et dans l’environnement local <strong>de</strong> la ville. L’emploi<br />

s’effectue dans une équipe espaces verts, une équipe peinture, une équipe petits trav<strong>au</strong>x<br />

et une équipe écologie. Cette <strong>de</strong>rnière équipe est chargée du ramassage <strong><strong>de</strong>s</strong> déchets<br />

papier et vert, fruit et jardin <strong>au</strong> <strong>sein</strong> du <strong>CPAS</strong> et <strong>de</strong> l’entretien <strong><strong>de</strong>s</strong> plantes dans les<br />

bure<strong>au</strong>x.<br />

Outre le pré-trajet, ces <strong>CPAS</strong> collaborent <strong>au</strong>ssi à <strong><strong>de</strong>s</strong> d’insertion par le travail. Dans la<br />

plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> cas, il s’agit ici d’ASBL qui, outre un emploi social, proposent <strong>au</strong>ssi quelques<br />

emplois dans le cadre <strong>de</strong> l’insertion par le travail. Nous avions <strong>au</strong>ssi retrouvé cette donnée<br />

dans le quadrant 1. L’intérêt <strong>de</strong> l’insertion par le travail est souligné par chaque répondant.<br />

Au <strong>CPAS</strong> 2M, le répondant formule ce qui suit à ce sujet :<br />

Pour chaque bénéficiaire, il f<strong>au</strong>t faire quelque chose, on a le bénévolat et l’insertion par<br />

le travail pour les bénéficiaires du revenu d’intégration mais qui pour <strong><strong>de</strong>s</strong> raisons<br />

d’équité sont exempts d’emploi ou d’activation. Ce n’est pas une obligation, ni une<br />

contrainte, on doit toujours personnaliser l’offre. Et l’insertion par le travail est<br />

importante pour ces bénéficiaires qui ne s’en sortent pas, et pour lesquels un emploi<br />

ne fonctionnera quand pas à court terme ou à moyen terme.<br />

107


3.3.3 En résumé<br />

Tout comme dans les phases précé<strong>de</strong>ntes <strong>de</strong> la trajectoire d’activation, nous constatons<br />

<strong>au</strong>ssi dans la phase <strong>de</strong> l’activation sociale <strong><strong>de</strong>s</strong> différences relatives à la politique<br />

d’activation <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> du cluster 2 et du cluster 5. Les <strong>CPAS</strong> du <strong>de</strong>rnier cluster ont<br />

généralement <strong>de</strong> nombreuses possibilités pour proposer un accompagnement <strong>au</strong>x<br />

bénéficiaires. Outre les structures <strong>de</strong> coopération avec les boutiques d’articles <strong>de</strong> secon<strong>de</strong><br />

main (kringwinkels), ils disposent d’un certain nombre <strong>de</strong> pré-trajets pour déjà proposer<br />

un premier accompagnement et une expérience professionnelle <strong>au</strong>x groupes spécifiques et<br />

vulnérables tels que les jeunes et les femmes allochtones. Dans le cluster 2, les <strong>CPAS</strong><br />

travaillent durant cette phase surtout avec l’article 60§7 dans leurs propres services et<br />

dans les services externes. On signale toutefois que les possibilités sont limitées.<br />

3.4 Phase 4 : formation et expérience<br />

professionnelle<br />

La quatrième phase <strong>de</strong> la trajectoire d’activation concerne l’offre d’expérience<br />

professionnelle concrète et la formation. Tel que mentionné <strong>au</strong> chapitre précé<strong>de</strong>nt, il<br />

importe que le bénéficiaire <strong>au</strong> cours <strong>de</strong> cette phase se voie proposer <strong><strong>de</strong>s</strong> occasions<br />

d’exploiter et <strong>de</strong> développer ses compétences techniques. Le principal outil à cette fin est,<br />

tout comme dans les <strong>CPAS</strong> du quadrant 1, le recours à la mesure d’activation article<br />

60§7. Tous les répondants conviennent qu’il s’agit ici d’une mesure simple et flexible leur<br />

permettant d’imposer eux-mêmes <strong><strong>de</strong>s</strong> conditions à l’employeur concerné. Cela s’effectue,<br />

tel que décrit <strong>au</strong> chapitre précé<strong>de</strong>nt, par une mise à disposition du bénéficiaire.<br />

Dans ces <strong>CPAS</strong>, nous décrivons les possibilités dont peuvent disposer les <strong>CPAS</strong> du<br />

quadrant 2 en phase 4 <strong>de</strong> la trajectoire d’activation.<br />

3.4.1 Cluster 2<br />

Le cas <strong>de</strong> la commune bruxelloise est à nouve<strong>au</strong> atypique dans le sens ou l’offre <strong>de</strong><br />

formations et d’acteurs permettant la mise <strong>au</strong> travail est nettement plus importante. Ces<br />

caractéristiques la rapprochent davantage <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>au</strong>tres communes bruxelloises 9 . Nous ne<br />

nous y attar<strong>de</strong>rons dès lors pas, sa situation pouvant être rapprochée <strong>de</strong> celle <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

communes décrite dans le quadrant 4.<br />

À nouve<strong>au</strong>, pour les <strong>au</strong>tres communes, « on fait avec les moyens du bord », l’offre n’étant<br />

pas très importante. Par ailleurs, dans ces communes, cette étape est peu mise en avant.<br />

On en trouve néanmoins un exemple dans le <strong>CPAS</strong> <strong>de</strong> la commune 2C :<br />

Actuellement, la base ici, pour les personnes qui sont en article 60 actuellement,<br />

c’est <strong>de</strong> voir ce qu’elles ont comme possibilité <strong>de</strong> développer leurs compétences<br />

pour <strong>au</strong>gmenter leurs chances <strong>de</strong> trouver quelque chose après, donc on voit avec<br />

l’employeur s’il n’y a pas certaines formations qui pourraient ai<strong>de</strong>r : dans un cas, ce<br />

sera la possibilité <strong>de</strong> passer son permis <strong>de</strong> conduire (…) pour une <strong>au</strong>tre, ce sera <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

cours informatiques (…) qui lui permettront d’être plus facilement engagée après,<br />

donc ça on essaie <strong>de</strong> voir pour l’instant, <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> la personne et du cadre dans<br />

lequel elle travaille, quelle est la formation qu’elle peut déjà employer dans l’article<br />

60 et qui sera un plus pour quand elle a fini.<br />

Le <strong>CPAS</strong> <strong>de</strong> la commune 2E a, pour sa part signé <strong><strong>de</strong>s</strong> conventions avec <strong><strong>de</strong>s</strong> EFT <strong>de</strong> la<br />

région. Mais il propose d’<strong>au</strong>tres formules, comme notamment une formation<br />

d’informatique, organisée en commun avec une ASBL :<br />

9 Si elle se trouve dans ce quadrant, c’est en effet parce que si son t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> bénéficiaires du revenu<br />

d’intégration est élevé, son t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> chômage est faible, point commun qu’elle partage avec cinq<br />

<strong>au</strong>tres communes <strong>de</strong> la Région <strong>de</strong> Bruxelles-Capitale (trois dans le cluster 2 et <strong>de</strong>ux dans le cluster 5)<br />

108


On a organisé, il y a <strong>de</strong>ux ans, une formation « Parcours informatique ». C’était un<br />

partenariat avec une ASBL. Et on a eu une dizaine <strong>de</strong> personnes, chômeurs qui<br />

avaient un complément <strong>de</strong> revenu ou bénéficiaire du RIS, qui sont venus, durant<br />

une vingtaine <strong>de</strong> séances, <strong>de</strong>ux fois par semaine, ici <strong>au</strong> <strong>CPAS</strong>, pour approcher<br />

l’ordinateur. Ça on a organisé <strong>au</strong>ssi. Et c’était le service mobilité du <strong>CPAS</strong> qui les<br />

conduisait et les ramenait.<br />

Dans le <strong>CPAS</strong> 2A, nous rencontrons en revanche plusieurs options. Ce <strong>CPAS</strong> engage <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

bénéficiaires dans ses propres services tels que maison <strong>de</strong> repos, service bricolage et<br />

service <strong>de</strong> nettoyage. Par ailleurs, il a <strong><strong>de</strong>s</strong> conventions <strong>de</strong> collaboration avec la banque<br />

alimentaire, quelques ateliers protégés et quelques organismes qui travaillent <strong>au</strong> jardinage<br />

dans l’environnement local <strong>de</strong> la commune.<br />

3.4.2 Cluster 5<br />

Dans le cluster 5, nous constatons que les <strong>CPAS</strong> peuvent disposer d’une gran<strong>de</strong> diversité<br />

<strong>de</strong> possibilités. Le <strong>CPAS</strong> 2G dispose d’une large gamme <strong>de</strong> possibilités d’emploi tant<br />

internes qu’externes. Dans ce <strong>CPAS</strong>, on souhaite toutefois avant tout engager un<br />

bénéficiaire dans ses propres services. Le répondant en détaille la motivation :<br />

Nous avons une liste <strong>de</strong> priorités, et en fait nous regardons d’abord dans nos propres<br />

services, on démarre d’une manière personnalisée, et nous avons en interne <strong>de</strong><br />

nombreuses possibilités. Pourquoi faisons-nous cela ? Car nous estimons qu’on ne peut<br />

pas parler d’activation si on n’en fait plus nous-mêmes dans nos propres rangs. On<br />

doit donner l’exemple et j’en suis toujours satisfait, car moi <strong>au</strong>ssi, je me suis dit qu’on<br />

n’était certainement pas les seuls à se dire qu’il fallait <strong>au</strong>ssi le faire chez nous. Cela n’a<br />

rien avoir avec un réflexe égoïste.<br />

Les bénéficiaires du <strong>CPAS</strong> 2G sont engagés dans son propre atelier <strong>de</strong> formation par le<br />

travail, dans d’<strong>au</strong>tres services internes du <strong>CPAS</strong> et dans <strong><strong>de</strong>s</strong> organismes externes. L’atelier<br />

<strong>de</strong> formation par le travail du <strong>CPAS</strong> 2G est créé <strong>au</strong> départ d’une convention <strong>de</strong><br />

collaboration avec une ASBL et offre une expérience professionnelle et une formation sur<br />

les attitu<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>au</strong>xdits travailleurs apprentis. L’accent est mis sur l’insertion <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires<br />

dans <strong><strong>de</strong>s</strong> formations orientées sur la pratique, avec un accompagnement permanent<br />

d’instructeurs. Cet emploi est une formation sur le plan <strong><strong>de</strong>s</strong> comportements professionnels<br />

(cf. supra) et a par ailleurs comme objectif <strong>de</strong> stimuler les compétences techniques et<br />

pratiques. Les activités sont subdivisées en trois clusters : construction et rénovation,<br />

entretien d’espaces verts, et nettoyage. Ces ateliers <strong>de</strong> formation par le travail ont une<br />

capacité <strong>de</strong> 20 à 25 personnes et sont accompagnés par <strong><strong>de</strong>s</strong> instructeurs qui, outre<br />

l’apprentissage <strong>de</strong> compétences techniques, fournissent <strong>au</strong>ssi un accompagnement<br />

psychosocial.<br />

Environ 20 à 25 personnes sont en atelier <strong>de</strong> formation par le travail construction et<br />

rénovation, c’est un contrat sous article 60. Ce sont nos propres instructeurs, ils ont<br />

pour objectif <strong>de</strong> travailler les attitu<strong><strong>de</strong>s</strong>, les compétences <strong>de</strong> base et par ailleurs <strong>au</strong>ssi<br />

les aptitu<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> base. Ces articles 60 sont accompagnés d’instructeurs.<br />

Au <strong>sein</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> institutions propres <strong>au</strong> <strong>CPAS</strong>, un emploi sous article 60§7 est prévu dans<br />

d’innombrables institutions hospitalières et maisons <strong>de</strong> repos du <strong>CPAS</strong>. Par ailleurs, il<br />

dispose encore d’un grand nombre <strong>de</strong> structures <strong>de</strong> coopération avec d’<strong>au</strong>tres organismes<br />

dans l’environnement local où il peut engager <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires dans une large gamme<br />

d’emplois.<br />

En fait, il y a une collaboration étroite entre le <strong>CPAS</strong> G dont dépen<strong>de</strong>nt toutes les<br />

maisons <strong>de</strong> repos. Par ailleurs, nous avons be<strong>au</strong>coup <strong>de</strong> possibilités, trop pour toutes<br />

les citer en services externes. Donc, nous avons certainement les sept maisons <strong>de</strong><br />

repos, les centres <strong>de</strong> services, écoles, crèches, gar<strong>de</strong>ries, services urbains, et les<br />

nombreuses <strong>au</strong>tres ASBL <strong>au</strong>xquelles nous pouvons <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r <strong>de</strong> prendre un<br />

bénéficiaire lorsque nous pensons qu’il sera mieux dans d’<strong>au</strong>tres organismes que nos<br />

propres services.<br />

109


Le <strong>CPAS</strong> 2K dispose d’une riche tradition en structures <strong>de</strong> coopération avec <strong><strong>de</strong>s</strong> partenaires<br />

externes. Les emplois internes s’effectuent surtout dans la maison <strong>de</strong> repos et l’hôpital. Par<br />

ailleurs, selon le répondant <strong>de</strong> ce <strong>CPAS</strong>, les structures <strong>de</strong> coopération avec <strong><strong>de</strong>s</strong> partenaires<br />

externes sont <strong>de</strong> toute première nécessité pour fournir un emploi adapté à l’afflux <strong>de</strong><br />

bénéficiaires :<br />

Spécifiquement <strong>au</strong> sujet <strong>de</strong> l’activation, nous avons une tradition très riche <strong>de</strong><br />

collaborations. Nous avons peu d’articles 60 dans notre propre <strong>CPAS</strong>. Sachant que<br />

nous par an 200 articles 60, alors une ouverture sur l’extérieure est vraiment<br />

nécessaire. Ce sont <strong><strong>de</strong>s</strong> collaborations historiques telles que l’hôpital, et quand même<br />

notre propre maison <strong>de</strong> repos.<br />

Ainsi, il a une collaboration avec une cinquantaine d’ASBL gran<strong><strong>de</strong>s</strong> ou plus petites où les<br />

bénéficiaires sont engagés. Les principales sont le Kringwinkel, une ASBL qui est un lieu <strong>de</strong><br />

travail social, et un lieu <strong>de</strong> réparation <strong>de</strong> vélo. Le Kringwinkel peut proposer <strong>au</strong>x<br />

bénéficiaires, tel que déjà mentionné ci-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus, une série <strong>de</strong> tâches d’un <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> difficulté<br />

fortement diversifié. Ceci est une fois encore souligné par le répondant <strong>de</strong> ce <strong>CPAS</strong> :<br />

Ce qui nous manque, ce sont <strong><strong>de</strong>s</strong> emplois où les bénéficiaires peuvent se développer et<br />

développer leurs compétences. Certaines personnes seront parfaites pour effectuer ces<br />

emplois. Et d’<strong>au</strong>tres personnes ne seront pas passionnées et <strong>de</strong>vront faire d’<strong>au</strong>tres<br />

choses. Et cette diversité, on la retrouve parfois dans le Kringwinkel, <strong>de</strong> manière à<br />

avoir la meilleure correspondance. Nous avons tant d’ASBL différentes, et je constate<br />

que les collaborateurs estiment qu’il est plus aisé d’aller <strong>au</strong> Kringwinkel parce qu’il<br />

recrute facilement et offre <strong>de</strong> nombreux emplois.<br />

Par ailleurs, le <strong>CPAS</strong> a <strong>au</strong>ssi construit avec l’ASBL S une collaboration intense. Le <strong>CPAS</strong> a<br />

acheté un atelier d’exploitation et a lancé un appel à projet <strong>au</strong>x organismes voisins.<br />

L’organisme ayant fait la meilleure proposition a obtenu le droit <strong>de</strong> gérer l’atelier<br />

d’exploitation. Finalement, l’ASBL S a créé un projet <strong>de</strong> tri textile dans l’atelier<br />

d’exploitation, où dix bénéficiaires peuvent travailler. Un troisième partenaire important est<br />

un lieu <strong>de</strong> réparation <strong>de</strong> vélos où les bénéficiaires bénéficient d’une formation dans la<br />

réparation <strong><strong>de</strong>s</strong> vélos. Outre une expérience professionnelle, on y bénéficie d’une formation<br />

concrète ayant pour objectif le développement <strong><strong>de</strong>s</strong> compétences techniques.<br />

Les <strong>CPAS</strong> 2M et 2L engagent un grand nombre <strong>de</strong> bénéficiaires tant en interne qu’en<br />

externe. Il s’avère toutefois <strong>au</strong>ssi pour ces <strong>CPAS</strong> qu’une collaboration avec <strong><strong>de</strong>s</strong> partenaires<br />

externes est cruciale afin d’obtenir une diversité d’emplois la plus gran<strong>de</strong> possible. Le<br />

répondant du <strong>CPAS</strong> 2M formule cela en ces termes :<br />

Oui, ces emplois en interne dans nos services, c’est dans la maison <strong>de</strong> repos ou dans<br />

les centres <strong>de</strong> logement et <strong>de</strong> soins, ce sont <strong><strong>de</strong>s</strong> travailleurs réguliers et nous y<br />

mettons en œuvre <strong><strong>de</strong>s</strong> articles 60 et chaque service doit pouvoir l’assumer, on y<br />

retrouve <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes <strong>de</strong> l’administration. Nous essayons d’élargir le plus possible<br />

cette responsabilité, mais oui, en tant que <strong>CPAS</strong>, nous ne pouvons proposer une<br />

diversité d’emploi d’une diversité <strong>au</strong>ssi gran<strong>de</strong>, c’est plutôt difficile.<br />

C’est pour ces raisons que les <strong>CPAS</strong> 2M et 2L, à l’instar <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>au</strong>tres centres du cluster 5,<br />

collaborent avec un très grand nombre d’ASBL qui proposent un emploi social abordable,<br />

généralement avec accompagnement. Au <strong>CPAS</strong> 2L, une importante collaboration est en<br />

cours avec l’ASBL S qui, outre une boutique d’articles <strong>de</strong> secon<strong>de</strong> main, offre également<br />

une formation horeca et peut engager les bénéficiaires dans une agence <strong>de</strong> location sociale<br />

pour retaper <strong><strong>de</strong>s</strong> logements. Par ailleurs, cette ASBL dispose d’un service externe dans<br />

lequel les bénéficiaires peuvent travailler <strong>au</strong> ramassage <strong><strong>de</strong>s</strong> encombrants. Un <strong>de</strong>uxième<br />

partenaire important est l’ASBL WW. Le <strong>CPAS</strong> reverse à cet organisme une intervention<br />

financière pour le coût salarial <strong>de</strong> trois instructeurs. En échange <strong>de</strong> cette ai<strong>de</strong>, le <strong>CPAS</strong><br />

peut lui transmettre <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires sous article 60§7 pour une formation dans le secteur<br />

<strong>de</strong> la construction.<br />

Nous payons une partie <strong><strong>de</strong>s</strong> coûts salari<strong>au</strong>x <strong>de</strong> trois instructeurs pour que nos articles<br />

60 puissent aller en formation. Comme par exemple le plâtrage, la construction et le<br />

bois. Nous payons une partie <strong><strong>de</strong>s</strong> coûts salari<strong>au</strong>x, car nous voulons nous concentrer<br />

110


sur différentes formations. Nous préférons avoir un choix plus large pour <strong>au</strong>gmenter<br />

nos chances <strong>de</strong> pouvoir offrir quelque chose qui intéresse nos bénéficiaires.<br />

Un <strong>de</strong>rnier exemple intéressant d’une collaboration externe est donné par le répondant du<br />

<strong>CPAS</strong> 2J. Ce <strong>CPAS</strong> collabore avec une gran<strong>de</strong> ASBL qui peut fournir <strong>de</strong> l’emploi sur <strong>de</strong><br />

nombreux terrains et secteurs. WO essaie d’organiser une offre diversifiée d’activités tout<br />

en tenant compte <strong><strong>de</strong>s</strong> possibilités <strong><strong>de</strong>s</strong> collaborateurs. Quelques exemples <strong>de</strong> secteurs sont<br />

: faire les courses, emballage, courriers, cuisine, vélos, vannerie <strong>de</strong> chaise et jardinets.<br />

Selon le répondant :<br />

L’Association W, je trouve que c’est un magnifique exemple dans notre <strong>CPAS</strong>. Il s’agit<br />

d’une ai<strong>de</strong> sociale à l’emploi qui sert d’étape intermédiaire avant <strong>de</strong> pouvoir entrer sur<br />

le marché du travail régulier. Le travail y est personnalisé. Cet organisme nous donne<br />

accès à <strong>de</strong> nombreux emplois, dans <strong>de</strong> nombreux secteurs.<br />

3.4.3 En résumé<br />

Tel qu’indiqué <strong>au</strong> chapitre précé<strong>de</strong>nt, l’article 60§7 est l’outil par excellence pour fournir <strong>au</strong><br />

bénéficiaire une expérience professionnelle utile. Ceci se confirme également pour les<br />

<strong>CPAS</strong> du quadrant 2. A nouve<strong>au</strong>, nous pouvons affirmer que les <strong>CPAS</strong> du cluster 5 peuvent<br />

disposer d’une offre d’emplois plus diversifiée que les <strong>CPAS</strong> du cluster 2. Dans la plupart<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> cas, les emplois internes se situent dans une maison <strong>de</strong> repos, une institution<br />

hospitalière, un service <strong>de</strong> nettoyage et un service bricolage. Un intéressant exemple est le<br />

<strong>CPAS</strong> 2G qui, en collaboration avec une ASBL, a fondé ses propres ateliers <strong>de</strong> formation<br />

par le travail pour les bénéficiaires <strong>de</strong> l’article 60§7. Dans ces ateliers <strong>de</strong> formation par le<br />

travail, les bénéficiaires peuvent acquérir <strong>de</strong> l’expérience professionnelle et développer<br />

simultanément leurs compétences techniques. Les emplois externes sont principalement<br />

proposés par <strong>de</strong> gran<strong><strong>de</strong>s</strong> ASBL qui peuvent proposer une expérience professionnelle dans<br />

d’innombrables secteurs. Les secteurs les plus fréquents sont : le service <strong><strong>de</strong>s</strong> espaces<br />

verts, l’horeca, et enfin la construction / rénovation.<br />

3.5 Phase 5 : activation professionnelle<br />

La cinquième phase <strong>de</strong> la trajectoire d’activation est définie comme étant l’activation<br />

professionnelle. Tel que déjà décrit <strong>au</strong> chapitre précé<strong>de</strong>nt, dans cette phase on recourt<br />

surtout à <strong><strong>de</strong>s</strong> mesures d’activation telles que SINE, ACTIVA, article 60 privé, article 61 et<br />

WEP+. Une importante exception est (une fois encore) le <strong>CPAS</strong> 2G où les initiatives<br />

d’économie sociale sont considérées comme une étape ultérieure à la phase <strong>de</strong><br />

l’expérience professionnelle et <strong>de</strong> la formation (phase 4).<br />

3.5.1 Cluster 2<br />

En effet, dans les <strong>CPAS</strong> du cluster 2, la faiblesse <strong><strong>de</strong>s</strong> moyens détermine à nouve<strong>au</strong><br />

l’utilisation <strong><strong>de</strong>s</strong> mesures. Elle n’est pas seule en jeu. Des plans comme le SINE ou<br />

l’ACTIVA, moins utilisés statistiquement <strong>de</strong> manière générale par les <strong>CPAS</strong> pour leur public,<br />

n’apparaissent dès lors qu’occasionnellement dans ces <strong>CPAS</strong> où le nombre <strong>de</strong> personnes<br />

remises à l’emploi est souvent <strong>de</strong> quelques unités par année. La seule exception concerne<br />

l’ACTIVA, dans la mesure où il peut suivre un article 60. Cette mesure est donc<br />

principalement utilisée dans la transition vers le marché du travail normal. Cela nous est<br />

détaillé par les répondantes du <strong>CPAS</strong> 2D :<br />

Toutes ces mesures, c’est lié, en fait, pour le moment, il y a un PTP, mais je ne sais<br />

pas <strong>de</strong> quand datait le précé<strong>de</strong>nt, mais sinon ça dépend <strong>de</strong> ce que les <strong>au</strong>tres<br />

services <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt comme PTP ou SINE, et si nous, on a le public qui pourrait<br />

111


coller. Ou alors après l’article 60, on va faire l’ACTIVA, ou l’APE, ça, ça se fait<br />

be<strong>au</strong>coup. En fait, comme la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> travail <strong>de</strong> l’article 60 est assimilée à une<br />

pério<strong>de</strong> d’inscription comme <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur d’emploi, et donc à l’issue <strong>de</strong> ce travail-là,<br />

ils peuvent être engagés en ACTIVA. (…) mais il n’y a plus <strong>de</strong> suivi, comme quand<br />

ils étaient en article 60 ; ils font partie <strong>de</strong> l’équipe, on ne fait pas d’évaluation.<br />

Au <strong>CPAS</strong> 2A, le répondant mentionne que <strong><strong>de</strong>s</strong> mesures telles que l’article 61, le SINE,<br />

l’ACTIVA, l’intérim d’insertion sont très compliquées et qu’elles prennent be<strong>au</strong>coup <strong>de</strong><br />

temps pour examiner toutes les conditions nécessaires. C’est pourquoi celles-ci sont, selon<br />

le répondant, très peu utilisées :<br />

Mais ACTIVA, SINE, et d’<strong>au</strong>tres comme l’article 61 et 60 privé, vous savez<br />

l’inconvénient c’est que c’est tellement compliqué, la pério<strong>de</strong> où quelqu’un chôme,<br />

l’âge qu’on a, la pério<strong>de</strong> durant laquelle on peut travailler. Les possibilités <strong>de</strong><br />

financement sont assez opaques. Je pense qu’il f<strong>au</strong>t un mi-temps pour examiner tous<br />

les subsi<strong><strong>de</strong>s</strong> possibles. Si on combine SINE <strong>au</strong>x titres-services par exemple, c’est une<br />

affaire très difficile. Les premiers emplois, heureusement ils vont les simplifier. Mais<br />

c’est be<strong>au</strong>coup trop diversifié. Personne ne va pouvoir dire, par exemple, à quelqu’un<br />

<strong>de</strong> 36 ans, <strong>de</strong>ux ans <strong>de</strong> chômage, isolé, à quoi cette personne a droit et jusqu’à quel<br />

âge elle doit travailler. Personne ne pourra le dire. Ensuite, vous <strong>de</strong>vez emporter <strong>de</strong>ux<br />

livres sous le bras. On peut visiblement retrouver tout cela à l’ordinateur, mais ce site<br />

Internet n’est pas facile à utiliser, c’est mon avis en tout cas.<br />

À nouve<strong>au</strong>, nous envisagerons la réalité bruxelloise dans l’analyse du <strong>de</strong>rnier quadrant.<br />

Notons cependant que les différentes mesures sont davantage utilisées, ne serait-ce que<br />

relativement <strong>au</strong> nombre plus important <strong>de</strong> personnes activées, et que l’article 60 à<br />

disposition <strong><strong>de</strong>s</strong> entreprises privées est plus souvent utilisé que dans les <strong>CPAS</strong>. En effet,<br />

c’est une mesure qui est notamment déconseillée par la fédération <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong>.<br />

C’est ce que nous signale la responsable du <strong>CPAS</strong> 2C :<br />

La politique, <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> l’insertion, c’est <strong>de</strong> dire qu’on ne travaille plus avec le<br />

privé, pour mettre <strong>au</strong> travail <strong><strong>de</strong>s</strong> articles 60. En fait, dans les <strong>au</strong>tres services<br />

insertion ils estiment que les patrons savent bien payer eux-mêmes dans le cadre<br />

d’un ACTIVA ou d’une <strong>au</strong>tre forme d’ai<strong>de</strong> à l’emploi sans passer nécessairement par<br />

le <strong>CPAS</strong>. (…) Alors, il y a le projet dans le cadre du plan Marshal, avec les articles<br />

61, dans lequel on est intégré, mais évi<strong>de</strong>mment, l’engagement dans un article 61,<br />

c’est un peu plus dur à trouver <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> employeurs ; pour le moment, en tout<br />

cas, chez, nous, ça rame un peu. Ils sont moins intéressés financièrement.<br />

La responsable du <strong>CPAS</strong> 2D ne dit pas <strong>au</strong>tre chose :<br />

Non, ça, on a fait à un moment donné, mais on suit assez bien la politique <strong>de</strong> la<br />

fédération <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> <strong>de</strong> favoriser, et encore plus maintenant, avec le projet <strong>de</strong><br />

convention cadre, l’article 61 dans le privé.<br />

Nous nous gar<strong>de</strong>rons d’en tirer trop vite <strong><strong>de</strong>s</strong> conclusions sur une possible distinction entre<br />

<strong>CPAS</strong> rur<strong>au</strong>x et <strong>au</strong>tres <strong>CPAS</strong>, dans la mesure où, comme on le verra dans le prochain<br />

chapitre, d’<strong>au</strong>tres <strong>CPAS</strong> <strong>de</strong> milieux rur<strong>au</strong>x font appel <strong>au</strong> privé.<br />

Notons toutefois que la mesure article 60 est la principale mesure à laquelle il est fait<br />

appel, les <strong>au</strong>tres mesures n’étant utilisées que pour <strong><strong>de</strong>s</strong> cas particuliers, ou sur <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

d’un bénéficiaire (ou d’un utilisateur potentiel).<br />

3.5.2 Cluster 5<br />

Les mesures d’activation telles que SINE et ACTIVA sont utilisées par chacun <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> du<br />

cluster 5. Ainsi, <strong>au</strong> <strong>CPAS</strong> 2G, les emplois SINE semblent être prévus dans les services <strong>de</strong><br />

proximité. Concernant l’ACTIVA, le <strong>CPAS</strong> possè<strong>de</strong> un contingent fixe d’une vingtaine <strong>de</strong><br />

lieux où les personnes peuvent être placées par le biais d’un emploi ACTIVA. Dans le <strong>CPAS</strong><br />

112


2L, le service <strong>de</strong> nettoyage et les services d’ai<strong>de</strong> à domicile sont reconnus comme étant<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> services d’économie locale permettant d’engager <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires sous un statut<br />

SINE. Au <strong>CPAS</strong> 2J, nous rencontrons une pratique similaire. Le <strong>CPAS</strong> s’est retrouvé ici à<br />

l’origine d’une entreprise <strong>de</strong> titres-services qui est presque entièrement utilisée pour<br />

engager les bénéficiaires sous un statut SINE.<br />

Par ailleurs, la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> ont une bonne collaboration avec les services urbains où<br />

les bénéficiaires qui satisfont <strong>au</strong>x conditions peuvent être engagés dans le statut ACTIVA.<br />

Un exemple intéressant sur le plan <strong>de</strong> l’économie sociale est donné par le répondant du<br />

<strong>CPAS</strong> 2G. Ce <strong>CPAS</strong> a en collaboration avec l’ASBL P créé un centre <strong>de</strong> lancement pour<br />

l’économie sociale. Ce centre fonctionne en tant que point d’information d’économie sociale<br />

et cherche <strong>de</strong> manière <strong>au</strong>tonome <strong><strong>de</strong>s</strong> priorités et <strong><strong>de</strong>s</strong> niches pour <strong>de</strong> nouvelles initiatives.<br />

Le centre effectue à cet égard le travail <strong>de</strong> support à la politique, mène la promotion et<br />

prévoit les équipements d’exploitation nécessaires. Par le biais <strong>de</strong> ce centre <strong>de</strong> lancement,<br />

le <strong>CPAS</strong> peut établir <strong><strong>de</strong>s</strong> contacts pour engager les bénéficiaires dans d’innombrables<br />

entreprises d’insertion. L’une <strong>de</strong> ces entreprises, C, est citée à maintes reprises par le<br />

répondant <strong>de</strong> ce <strong>CPAS</strong>. C est une entreprise <strong>de</strong> construction spécialisée dans la rénovation<br />

et dans la finition intérieure et extérieure. Les bénéficiaires du <strong>CPAS</strong> qui ont acquis une<br />

expérience professionnelle en tant qu’apprentis dans le secteur <strong>de</strong> la construction peuvent<br />

y être engagés. L’objectif étant <strong>de</strong> proposer un emploi dans le secteur <strong>de</strong> la construction,<br />

avec un <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> difficulté plus élevé que dans les ateliers <strong>de</strong> formation par le travail<br />

habituels :<br />

Oui certainement, en fait l’atelier <strong>de</strong> formation par le travail est le plus abordable par<br />

le biais <strong>de</strong> l’article 60. Mais nous avons <strong>au</strong>ssi <strong><strong>de</strong>s</strong> possibilités <strong>de</strong> proposer <strong>au</strong>x<br />

personnes une trajectoire ultérieure. Par exemple, imaginez que nous ayons quelqu’un<br />

ayant un profil pour travailler dans la construction. Alors il peut continuer à travailler<br />

chez C, et il peut y aboutir <strong>au</strong> départ <strong>de</strong> l’atelier <strong>de</strong> formation par le travail. Si on<br />

souhaite offrir <strong>au</strong>x bénéficiaires une trajectoire personnalisée, alors on doit<br />

personnaliser, et alors on peut proposer dans certains secteurs, dans différents<br />

organismes <strong><strong>de</strong>s</strong> emplois <strong>de</strong> différents nive<strong>au</strong>x <strong>de</strong> difficulté.<br />

Notons que, pareillement à l’extrait ci-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus, tous les répondants du cluster 5 ont signalé<br />

qu’une activation dans le cadre <strong>de</strong> SINE ou d’ACTIVA peut représenter une excellente<br />

solution pour les meilleurs bénéficiaires. Ce groupe-cible est, pour reprendre les termes <strong>de</strong><br />

nos répondants, trop faible pour le marché du travail régulier. Simultanément, un emploi<br />

sous article 60§7 représenterait un recul d’une étape en arrière. Le répondant du <strong>CPAS</strong> 2G<br />

délimite le groupe-cible pour SINE et ACTIVA en ces termes :<br />

Oui, c’est une plus-value pour <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes qui n’arrivent pas à travailler sur le<br />

marché régulier, mais qui sont quand même un peu plus fortes que pour aller en<br />

ateliers <strong>de</strong> formation par le travail.<br />

Le répondant du <strong>CPAS</strong> 2L formule cette donnée en ces termes :<br />

Dans un SINE, on attend quand même plus que sous un article 60. Ils doivent souvent<br />

bien tourner avec. La barre est placée un rien plus h<strong>au</strong>t. Nous pouvons quand même<br />

sérieusement <strong><strong>de</strong>s</strong>cendre la barre dans nos propres services. Ces ASBL, oui, doivent<br />

continuer à exister. Dans l’économie sociale, ce n’est pas doux vous savez.<br />

Ces mesures impliquent cependant un rapport différent entre les intervenants, dans la<br />

mesure où, le <strong>CPAS</strong> n’étant pas l’employeur, le suivi est moins étroitement mené. Le <strong>CPAS</strong><br />

joue par ailleurs un rôle souvent moins important dans la mise en place <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong><br />

contrat, celui-ci étant plus souvent initié par le bénéficiaire et l’entreprise privée, comme<br />

nous le signale le responsable du <strong>CPAS</strong> 2O :<br />

Il y a l’ACTIVA, le SINE, le PTP <strong>au</strong>ssi, mais ça dépend vraiment, c’est parfois <strong><strong>de</strong>s</strong> gens<br />

qui vont répondre à une offre d’emploi et on leur dit « ah, vous êtes dans les<br />

conditions », « oui, je suis aidé par le <strong>CPAS</strong> », ils ont leur carte, ils commencent et<br />

nous, on intervient financièrement, mais il n’y a plus vraiment <strong>de</strong> suivi, c'est-à-dire<br />

que l’employeur nous envoie le formulaire nécessaire pour qu’on intervienne<br />

financièrement pour lui, chaque fin <strong>de</strong> mois, et on le paie, maintenant, s’il y a un<br />

113


problème, on va voir ce qui se passe, mais en général, ça se résume à une opération<br />

administrative.<br />

Outre SINE et ACTIVA, ces <strong>CPAS</strong> utilisent <strong>au</strong>ssi <strong><strong>de</strong>s</strong> mesures d’activation pour que les<br />

bénéficiaires acquièrent <strong>de</strong> l’expérience professionnelle dans <strong><strong>de</strong>s</strong> entreprises privées. Bien<br />

que ces mesures soient utilisées moins fréquemment, on fait clairement <strong><strong>de</strong>s</strong> efforts pour<br />

persua<strong>de</strong>r les entreprises à recourir à l’article 60 privé, l’article 61 ou l’intérim<br />

d’insertion 10 . Au <strong>CPAS</strong> 2G, l’un <strong><strong>de</strong>s</strong> agents d’insertion a pour mission <strong>de</strong> se charger <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

accompagnements dans le secteur privé. Cette personne s’occupe simultanément d’établir<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> contacts avec ces organismes. Ainsi, le répondant <strong>de</strong> ce <strong>CPAS</strong> affirme qu’il arrive<br />

maintes fois que quelqu’un ayant un contrat sous article 60§7 dans l’un <strong><strong>de</strong>s</strong> ateliers <strong>de</strong><br />

formation par le travail puisse évoluer vers un contrat d’insertion <strong>au</strong> <strong>sein</strong> d’une entreprise<br />

privée :<br />

Cette année, nous avons voulu utiliser l’article 60 privé, quelqu’un débute dans l’atelier<br />

pour trois mois, et imaginons qu’il s’agit d’un travailleur fort, alors il peut durant trois<br />

mois se développer vers un article 60 chez Clarus et ensuite encore débuter trois mois<br />

en article 60 privé. C’est vrai, en fait, nous essayons d’adapter tout cela à l’article 60<br />

privé.<br />

Au <strong>CPAS</strong> 2K, le répondant donne un exemple <strong>de</strong> quelqu’un qui a obtenu ce genre <strong>de</strong> statut<br />

dans un hôpital. Aux <strong>CPAS</strong> 2L et 2M, les répondants affirment engager régulièrement et<br />

<strong>de</strong>puis quelques années déjà <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes dans les mêmes entreprises privées :<br />

Le répondant du <strong>CPAS</strong> 2L :<br />

Nous contractons chaque année entre dix et quinze conventions <strong>de</strong> collaboration en<br />

moins. Tandis qu’il y a en permanence, un certain nombre sans emplois en cours. Il y<br />

a <strong>au</strong>ssi environ sept entreprises privées dans lesquelles nous avons eu <strong>de</strong> nombreux<br />

emplois.<br />

Et <strong>au</strong> <strong>CPAS</strong> 2M :<br />

Oui, nous collaborons avec sept entreprises, quelques grosses, et quelques petites.<br />

Nous sommes assez pru<strong>de</strong>nts car certaines d’entre elles ne semblent pas enregistrées.<br />

Il s’avère toutefois que la collaboration ne se déroule pas toujours si bien. Certains<br />

répondants affirment que <strong><strong>de</strong>s</strong> entreprises privées ne sont pas intéressées par les<br />

bénéficiaires <strong>de</strong> <strong>CPAS</strong>. Cette inquiétu<strong>de</strong> s’exprime surtout à l’encontre <strong><strong>de</strong>s</strong> agences<br />

d’intérim :<br />

Les agences d’intérim, ça ne suit pas car elles imposent pas mal d’exigences, dans le<br />

cadre <strong>de</strong> l’intérim d’insertion, A a vu une centaine <strong>de</strong> personnes <strong>de</strong> chez nous et<br />

personne n’était bien assez, donc nous avons pensé « ben voyons ». Nous en avons<br />

une qui reste en contact avec nous, mais nous arrivons rarement à y placer nos<br />

bénéficiaires.<br />

D’<strong>au</strong>tres mentionnent que cela dépend <strong><strong>de</strong>s</strong> expériences réussies antérieurement. Si une<br />

entreprise ou une agence d’intérim a eu une expérience réussie, alors elle a tendance à<br />

engager davantage <strong>de</strong> bénéficiaires.<br />

3.5.3 En résumé<br />

En ce qui concerne l’utilisation <strong>de</strong> mesures en <strong>de</strong>hors du traditionnel article 60§7, nous<br />

constatons à nouve<strong>au</strong> une différence entre le cluster 2 et le cluster 5. Nous pouvons<br />

attribuer celles-ci <strong>au</strong>x différences <strong>de</strong> taille entre les <strong>CPAS</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux clusters.<br />

10 Notons cependant que l’intérim d’insertion a quasiment disparu en Wallonie et à Bruxelles et que<br />

l’article 60 avec mise à disposition dans le privé est plus rarement utilisé en Wallonie.<br />

114


Les <strong>CPAS</strong> du cluster 5 se caractérisent généralement par une utilisation fortement élaborée<br />

<strong>de</strong> ces mesures. Ils recourent régulièrement à l’ACTIVA et <strong>au</strong> SINE. Un emploi dans le<br />

secteur privé sous article 61, article 60 privé ou en intérim d’insertion est plus rare mais<br />

pas impossible. Dans le cluster 2, nous constatons que l’accent est mis sur l’article 60 et<br />

que les <strong>au</strong>tres mesures sont utilisées <strong>de</strong> manière minimaliste. Un important inconvénient<br />

semble à cet égard être le fait que les <strong>CPAS</strong> ont trop peu <strong>de</strong> temps et/ou <strong>de</strong> personnel<br />

pour assimiler et appliquer la législation compliquée en la matière.<br />

3.6 Phase 6 : orientation<br />

3.6.1 Cluster 2<br />

L’accompagnement est organisé <strong>de</strong> manière variable par les répondants. À nouve<strong>au</strong>, le<br />

faible nombre <strong>de</strong> bénéficiaires ne permet pas toujours <strong>de</strong> mettre en place <strong><strong>de</strong>s</strong> programmes<br />

récurrents. C’est le cas notamment dans le <strong>CPAS</strong> 2D, où les ateliers <strong>de</strong> recherche emploi<br />

n’ont pas pu être maintenus. En effet, pour cet aspect <strong><strong>de</strong>s</strong> choses, même si le <strong>CPAS</strong><br />

fonctionne dans un cluster, ces ateliers doivent se faire sur une base géographique limitée,<br />

ne dépassant pas la commune, pour <strong><strong>de</strong>s</strong> questions <strong>de</strong> mobilité <strong>de</strong> la population cible.<br />

Il y a <strong><strong>de</strong>s</strong> choses qu’on a arrêtées, par exemple, les ateliers <strong>de</strong> recherche emploi, on<br />

les a proposés une fois par semaine partout, et puis on s’est rendu compte qu’à<br />

certains endroits, ça ne prenait pas du tout, et donc on les faisait chacune une fois<br />

par mois, et puis pas partout, et puis à un moment, on s’est rendu compte qu’il y a<br />

<strong>de</strong> moins en moins <strong>de</strong> mon<strong>de</strong>, donc on va peut-être arrêter. (…) On est fort dans le<br />

ponctuel, on teste, parce que justement, on teste à chaque fois : moi, j’ai déjà<br />

proposé <strong><strong>de</strong>s</strong> ateliers <strong>de</strong> recherche emploi, <strong><strong>de</strong>s</strong> ateliers sur les CV, lettres <strong>de</strong><br />

candidature ou <strong>de</strong> motivation, ça m’a pris un temps dingue d’avoir <strong><strong>de</strong>s</strong> outils, <strong>de</strong><br />

mettre ça <strong>au</strong> point et puis il n’y a personne, donc on laisse tomber.<br />

Dans d’<strong>au</strong>tres <strong>CPAS</strong>, une telle possibilité n’a pas même été signalée. À l’inverse, même le<br />

<strong>CPAS</strong> 2B - le plus important du cluster - rencontre <strong><strong>de</strong>s</strong> difficultés avec les outils mis en<br />

place pour l’accompagnement.<br />

La table emploi est organisée trois <strong>de</strong>mi-jours par semaine, donc c’est un local qui<br />

est accessible pour toute personne émargeant <strong>au</strong> <strong>CPAS</strong> qui est dans une phase <strong>de</strong><br />

recherche emploi, ou <strong>de</strong> formation, parce qu’on met à disposition les ordinateurs, on<br />

peut très bien rechercher une formation <strong>au</strong>ssi, et donc c’est <strong><strong>de</strong>s</strong> PC avec connexions<br />

Internet, en favoris <strong><strong>de</strong>s</strong> sites emplois, on a une série <strong>de</strong> documentation, on a<br />

toujours les offres qu’on nous communique, et les offres article 60, comme ça les<br />

personnes peuvent consulter <strong>au</strong>ssi les offres internes, donc c’est un service assez<br />

nouve<strong>au</strong> et qui a du mal à démarrer (…) ça tient <strong>au</strong>ssi du public qui ne maîtrise pas<br />

l’outil informatique, et en général, quand les personnes sont en recherche d’emploi,<br />

c’est en individuel que les choses démarrent, et vraiment les personnes <strong>au</strong>tonomes<br />

qui doivent utiliser l’outil informatique, c’est rare, ça ne répond pas tellement à<br />

notre public, mais on le prend comme un outil, on essaie <strong>de</strong> plus en plus <strong>de</strong> fixer<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> ren<strong>de</strong>z-vous pour les personnes qui sont en recherche d’emploi (…) on doit<br />

encore un peu réfléchir comment dynamiser… ça peut être une suite logique <strong>au</strong>ssi à<br />

la mesure 500, donc cet atelier <strong>de</strong> recherche emploi qu’on organise pendant 4<br />

semaines, c’est <strong>au</strong>ssi une suite logique pour les personnes qui ont terminé cet<br />

atelier, qui sont en recherche emploi, qui normalement sont un peu plus <strong>au</strong>tonomes<br />

(…). L’atelier <strong>de</strong> recherche d’emploi, c’est la mesure 500, se fait en partenariat avec<br />

mission locale <strong>de</strong> X, donc il y a une partie que nous animons nous-mêmes et une<br />

partie qui est organisée par un animateur <strong>de</strong> la mission locale <strong>de</strong> X (…). En tout cas,<br />

on essaie <strong>de</strong> faire en sorte que les articles 60, quand les services le permettent, ce<br />

qui n’est pas toujours évi<strong>de</strong>nt, suivent cet atelier <strong>de</strong> recherche emploi vers la fin du<br />

contrat comme ça, ces personnes sont préparées pour rechercher du travail. En fait,<br />

le contrat <strong>de</strong> travail article 60 stipule que la personne doit pouvoir être libérée en fin<br />

<strong>de</strong> contrat pour suivre cette formation <strong>de</strong> recherche d’emploi, et va être absente<br />

pendant un moment.<br />

115


En ce qui concerne les rapports avec le service régional pour l’emploi, ils sont en général<br />

signalés comme positifs. En témoigne le <strong>CPAS</strong> 2D, qui a bénéficié d’un traitement<br />

particulièrement soigné envers les bénéficiaires émanant du <strong>CPAS</strong> :<br />

(Le Carrefour emploi formation,) j’y suis allé la semaine <strong>de</strong>rnière, et on a été<br />

vraiment privilégié. J’ai été très satisfaite parce que la conseillère s’est très bien<br />

occupée <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux personnes que j’avais amenées, on avait un espace rien que pour<br />

nous, et heureusement que je n’en avais pas plus parce qu’on a eu fini à midi : elle<br />

a pris le temps <strong>de</strong> faire du cas par cas, elle ne peut sans doute pas faire ça avec<br />

tout le mon<strong>de</strong>, donc nous, si on peut en amener quatre chaque année, on sera déjà<br />

bien content, et avec les maisons <strong>de</strong> l’emploi, ça va <strong>au</strong>ssi. (…)<br />

En ce qui concerne les MIRE, les relations sont en général bonnes également. La seule<br />

réserve provient du <strong>CPAS</strong> 2C, qui témoigne <strong>de</strong> l’inadaptation <strong>de</strong> la MIRE pour le public<br />

provenant du <strong>CPAS</strong>.<br />

Il y a une mission interrégionale pour l’emploi, dans cadre du PST3, la convention<br />

cadre FOREM-<strong>CPAS</strong>-MIRE. Oui, mais encore, pour aller mettre nos gens à la MIRE, il<br />

f<strong>au</strong>t déjà qu’ils soient venus quelques fois ici, c’est très compliqué parce que s’ils<br />

vont à la MIRE, c’est quand il y a une possibilité d’emploi rapi<strong>de</strong>ment, et donc ils<br />

doivent avoir un dossier ici, ils doivent passer par la prospectrice d’entreprise, ils<br />

doivent passer par la MIRE, et le temps qu’ils aient eu leurs différents ren<strong>de</strong>z-vous<br />

et qu’on ait monté un dossier, qu’il circule et qu’il soit parti <strong>au</strong> FOREM et revenu, je<br />

vais dire, le poste n’est pas nécessairement encore libre, donc c’est un petit peu<br />

compliqué comme circuit, c’est un petit peu acrobatique. Maintenant, <strong>de</strong> nouve<strong>au</strong>,<br />

les exigences <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> MIRE sont souvent proches <strong>au</strong>ssi <strong>de</strong> profils qui sont trop<br />

exigeants. La MIRE, c’est pour les gens directement employables, ce n’est pas pour<br />

les gens comme les nôtres avec qui il f<strong>au</strong>t recommencer tout <strong>de</strong>puis le début. De<br />

toute façon, je crois qu’il y a un dossier d’un chômeur qui est parti à la MIRE, mais<br />

c’est tout.<br />

D’<strong>au</strong>tres, comme le <strong>CPAS</strong> 2E, signalent également <strong><strong>de</strong>s</strong> collaborations intéressantes dans<br />

l’accompagnement vers le marché du travail :<br />

On a fait une journée, <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> l’insertion : faire son CV, sa lettre <strong>de</strong><br />

motivation, et puis l’après-midi, <strong><strong>de</strong>s</strong> petites questions, du libre choix, les personnes<br />

venaient voir comment ça se passait, il y avait une personne du FOREM, <strong>de</strong> l’ALE.<br />

Remarquons qu’il s’agit d’expériences particulières et que l’accompagnement vers le<br />

marché du travail est en général peu développé par ces <strong>CPAS</strong>.<br />

Comme pour le quadrant 1, en Flandre, les <strong>CPAS</strong> estiment que la relation avec le Centre<br />

<strong>de</strong> placement est d’importance capitale durant cette phase <strong>de</strong> la trajectoire d’activation.<br />

Dans le <strong>CPAS</strong> 2C, celle-ci est évaluée comme positive. L’accompagnatrice <strong>de</strong> trajectoire<br />

siège trois jours <strong>au</strong> Centre <strong>de</strong> placement et a dès lors construit une collaboration intense<br />

avec les agents d’insertion du Centre <strong>de</strong> placement. Par ailleurs, l’accompagnatrice<br />

professionnelle offre à l’issue <strong>de</strong> la trajectoire d’activation un soutien afin <strong>de</strong> fournir <strong>au</strong><br />

bénéficiaire un emploi adapté.<br />

3.6.2 Cluster 5<br />

Les <strong>CPAS</strong> interrogés font les efforts nécessaires pour organiser <strong><strong>de</strong>s</strong> formations <strong>au</strong>x<br />

entretiens d’emb<strong>au</strong>che, pour ai<strong>de</strong>r le bénéficiaire lors <strong>de</strong> la rédaction <strong>de</strong> son CV et lui<br />

indiquent les outils à sa disposition pour trouver <strong><strong>de</strong>s</strong> postes vacants adaptés. Trois mois<br />

avant la fin <strong>de</strong> l’emploi social, le <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur d’ai<strong>de</strong> est prêt pour décrocher une place sur le<br />

marché du travail régulier. L’extrait du répondant du <strong>CPAS</strong> 2M résume bien ces efforts :<br />

Durant les trois <strong>de</strong>rniers mois <strong>de</strong> l’activation, chaque bénéficiaire en travail social reçoit<br />

une offre <strong>de</strong> formations. Ces personnes doivent durant leur emploi suivre une <strong>de</strong>mijournée<br />

<strong>de</strong> formation, et vers la fin <strong>de</strong> leur trajectoire, ces personnes sont mieux<br />

armées pour les étapes après emploi, pour la formation <strong>au</strong>x entretiens d’emb<strong>au</strong>che, et<br />

pour rédiger elles-mêmes leur CVB, tout cela est compris dans la formation.<br />

116


Il est important <strong>de</strong> collaborer avec le service régional pour l’emploi. Tel que mentionné <strong>au</strong><br />

chapitre précé<strong>de</strong>nt, la représentation locale <strong>au</strong> <strong>sein</strong> du Centre <strong>de</strong> placement peut favoriser<br />

le contact entre le VDAB et le <strong>CPAS</strong>. Il s’avère toutefois <strong>au</strong>ssi pour ce cluster qu’en dépit<br />

<strong>de</strong> leur proximité, la relation entre les <strong>de</strong>ux organismes est parfois tendue.<br />

Une perception négative <strong>au</strong> sujet <strong>de</strong> la relation avec le service régional pour l’emploi est<br />

rencontrée <strong>au</strong> <strong>CPAS</strong> 2G. Le service pour l’emploi <strong>de</strong> ce <strong>CPAS</strong> se trouve dans le même<br />

bâtiment que le VDAB. Le répondant mentionne toutefois que la collaboration avec le<br />

service régional pour l’emploi, dans cet exemple du VDAB, ne se déroule pas <strong>au</strong>ssi bien.<br />

Oui, cette collaboration avec le VDAB, c’est un récit douloureux, <strong>de</strong>puis le premier<br />

Centre <strong>de</strong> placement en Flandre, il y a une gran<strong>de</strong> différence entre concept et<br />

idéologie. Le bénéficiaire est prioritaire, ça, ça va, mais ensuite on constate que les<br />

heures d’ouverture sont déterminées par le VDAB, ça commence, allez elles sont<br />

quand même parfois stupi<strong><strong>de</strong>s</strong> les dispositions du VDAB. Ils, s<strong>au</strong>f le respect que je leur<br />

dois, ne savent parfois pas ce que nous faisons, c’est bien entendu propre à la relation<br />

<strong>CPAS</strong>-VDAB. Et le VDAB est dirigé <strong>de</strong> manière centralisée et ils doivent créer 308<br />

dispositions avec le VDAB. Nous n’y arrivons pas à obtenir une vision forte avec ce<br />

même groupe cible. Nous n’y arrivons toujours pas. Nous nous trouvons bel et bien<br />

dans le même bâtiment, mais ça n’améliore pas la collaboration.<br />

Ce répondant complète en ces termes :<br />

Je suis <strong>de</strong> plus en plus convaincu qu’il v<strong>au</strong>t mieux ne pas être dans le même bâtiment.<br />

Nous sommes avec les mêmes partenaires <strong>au</strong> Centre <strong>de</strong> placement, et parfois nous en<br />

arrivons à discuter <strong>de</strong> papier toilette et même ça, ça ne marche pas.<br />

Un important inconvénient est le manque <strong>de</strong> vision commune. Bien que le VDAB et le <strong>CPAS</strong><br />

travaillent avec le même groupe-cible, chaque tentative <strong>de</strong> réconciliation est selon ce<br />

répondant vouée à l’échec. La proximité <strong><strong>de</strong>s</strong> services ne représente à cet égard<br />

absolument pas une plus-value :<br />

Il v<strong>au</strong>t mieux aller hors du Centre <strong>de</strong> placement et <strong>de</strong> définir où l’on <strong>au</strong>ra besoin<br />

mutuellement l’un <strong>de</strong> l’<strong>au</strong>tre. En fait, la plus-value pour nous d’être dans le Centre <strong>de</strong><br />

placement, c’est le fait qu’il se situe <strong>au</strong> centre, il y a un accès <strong>au</strong> journal <strong><strong>de</strong>s</strong> emplois et<br />

<strong>au</strong> système <strong>de</strong> suivi <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires, mais ça, ça se fait par Internet.<br />

Un <strong>de</strong>uxième inconvénient, que nous avons <strong>au</strong>ssi rencontré dans les <strong>CPAS</strong> <strong>de</strong> ce quadrant,<br />

est le fait que les nombreux efforts du <strong>CPAS</strong> se per<strong>de</strong>nt car le bénéficiaire n’est seulement<br />

repris par le service régional pour l’emploi qu’après six mois (s<strong>au</strong>f les jeunes qui sont<br />

accompagnés par le VDAB après trois mois).<br />

Une collaboration ou une concertation sur le bénéficiaire <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> l’assistant social,<br />

oui, ça arrive peu ou pas. Car le VDAB ne s’occupe du dossier que six mois plus tard,<br />

c’est simplement parce que leur politique n’est pas ajustée à tous les efforts qui ont eu<br />

lieu avant cela. Leur accompagnement ne démarre pas avant six mois. Ils arrivent<br />

comme les carabiniers.<br />

Les répondants du <strong>CPAS</strong> 2M sont plutôt négatifs par rapport à la collaboration avec le<br />

VDAB. Dans ce <strong>CPAS</strong>, on a fait le choix <strong>de</strong> ne plus être présent dans le Centre <strong>de</strong><br />

placement :<br />

Nous collaborons <strong>de</strong> manière restreinte avec le <strong>CPAS</strong>. Nous ne sommes plus non plus<br />

dans le Centre <strong>de</strong> placement, nous l’avons fait il y a quelques années, mais cela<br />

n’apporte <strong>au</strong>cun résultat. Nous nous adressons <strong>au</strong>x ayants-droit du DIS et nous avons<br />

constaté en fait qu’aller là-bas ou venir chez nous ne facilite pas l’accès à l’emploi,<br />

même le relais n’avait pas <strong>de</strong> plus-value. Après évaluation c’était un fait, ça n’apportait<br />

rien.<br />

Une perspective intéressante est proposée par le répondant du <strong>CPAS</strong> 2L. A l’avenir, on<br />

souhaite élaborer <strong>au</strong> <strong>sein</strong> <strong>de</strong> ce <strong>CPAS</strong> un système permettant <strong>de</strong> transférer <strong>au</strong> service pour<br />

l’emploi les meilleurs bénéficiaires à l’issue <strong><strong>de</strong>s</strong> entretiens préliminaires, tandis que les<br />

117


énéficiaires qui ont besoin d’un peu plus d’accompagnement, aboutiraient chez l’agent<br />

d’insertion du <strong>CPAS</strong>. Il est clair que ce <strong>CPAS</strong> souhaite convenir avec le service pour l’emploi<br />

d’une répartition claire <strong><strong>de</strong>s</strong> tâches. Le service pour l’emploi s’adresse <strong>au</strong>x bénéficiaires qui<br />

peuvent se maintenir sur le marché du travail. Le <strong>CPAS</strong> offre un accompagnement <strong>au</strong>x<br />

bénéficiaires qui ont besoin d’un soutien plus intensif ou d’un petit coup <strong>de</strong> pouce.<br />

Au <strong>CPAS</strong> 2K, on évalue la collaboration avec le service régional pour l’emploi d’une<br />

manière très positive. Ainsi, un projet a été organisé en collaboration avec les agents<br />

d’insertion du service. Ce projet s’adresse <strong>au</strong>x jeunes (-25 ans) et a pour but <strong>de</strong> les<br />

accompagner en groupe dans leur recherche d’emploi. Une <strong>de</strong>uxième importante forme <strong>de</strong><br />

collaboration se situe en phase <strong>de</strong> suivi. Dans le Centre <strong>de</strong> placement, l’un <strong><strong>de</strong>s</strong> travailleurs<br />

soci<strong>au</strong>x du <strong>CPAS</strong> est présent <strong>de</strong> manière permanente. Cet accompagnateur a pour tâche<br />

<strong>de</strong> continuer à suivre les bénéficiaires du <strong>CPAS</strong> à l’issue d’une trajectoire d’activation et <strong>de</strong><br />

les accompagner vers un emploi.<br />

Nous les pêchons dans le système <strong>de</strong> VDAB, nous accompagnons nos personnes que<br />

nous avons accompagnées sous l’article 60, nous poursuivons l’accompagnement <strong>au</strong><br />

Centre <strong>de</strong> placement, je veux dire avec les personnes transférées dans le Centre <strong>de</strong><br />

placement. C’est justement pour cela que nous collaborons <strong>au</strong> Centre <strong>de</strong> placement.<br />

Les personnes du <strong>CPAS</strong> dans le Centre <strong>de</strong> placement continuent à effectuer <strong>de</strong> la<br />

médiation pour le bénéficiaire. Nous travaillons <strong>de</strong>puis longtemps <strong>de</strong> cette manière.<br />

C’était il y a longtemps avant que je ne travaille ici, donc ça fait quand même<br />

longtemps qu’on fonctionne comme ça.<br />

Nous pouvons affirmer que le <strong>CPAS</strong> 2K a construit une bonne collaboration avec le service<br />

régional pour l’emploi. Notons à cet égard que ce <strong>CPAS</strong> a construit un système <strong>de</strong> suivi<br />

efficace. Chaque bénéficiaire aboutit, s’il s’est inscrit <strong>au</strong> service régional pour l’emploi, à<br />

l’issue <strong>de</strong> son <strong>parcours</strong> d’activation, <strong>au</strong>tomatiquement chez l’assistant social du <strong>CPAS</strong>.<br />

Celui-ci est plus sensible à ce groupe-cible et peut <strong>au</strong>ssi plus rapi<strong>de</strong>ment consulter ses<br />

collègues et ce, afin d’apporter <strong>au</strong> bénéficiaire un soutien plus personnalisé dans la<br />

<strong>de</strong>rnière phase <strong>de</strong> la trajectoire d’activation. Nous retrouvons <strong>au</strong>ssi ce système <strong>au</strong> <strong>CPAS</strong><br />

2H. De même, ce répondant parle d’une bonne collaboration avec le service régional pour<br />

l’emploi. L’un <strong><strong>de</strong>s</strong> agents d’insertion travaille à temps plein dans le Centre <strong>de</strong> placement et<br />

accompagne les bénéficiaires après la fin <strong>de</strong> la trajectoire <strong>au</strong> <strong>CPAS</strong>. Le répondant indique<br />

tout l’intérêt <strong>de</strong> la présence d’un officier <strong>de</strong> liaison entre le <strong>CPAS</strong> et, dans cet exemple, le<br />

VDAB :<br />

Nous avons dans notre service, <strong>de</strong>ux accompagnateurs professionnels et un externe<br />

dans le Centre <strong>de</strong> placement qui y travaille en fait comme une sorte d’officier <strong>de</strong> liaison<br />

entre <strong>CPAS</strong> et VDAB. Dans le Centre <strong>de</strong> placement, il y a donc quelqu’un <strong>de</strong> chez nous<br />

qui est prioritaire car il a accès <strong>au</strong> système du VDAB en tant que <strong>CPAS</strong>, et cela fait une<br />

grosse différence <strong>de</strong> travail. Généralement, la collaboration avec le VDAB se déroule<br />

bien même si nous ne sommes pas d’accord sur tout. Je pense que nous avons une<br />

convention <strong>de</strong> collaboration innovante avec le VDAB. Nous avons <strong><strong>de</strong>s</strong> dispositions<br />

claires sur qui fait quoi dans les dossiers communs. Par exemple, à la fin d’un article<br />

60, nous envoyons la personne en plus <strong>au</strong> club d’emploi et en accompagnement <strong>au</strong>x<br />

entretiens d’emb<strong>au</strong>che <strong>de</strong> sorte qu’elle soit accompagnée <strong>de</strong> manière intensive durant<br />

<strong>de</strong>ux semaines.<br />

3.6.3 En résumé<br />

Dans une avant-<strong>de</strong>rnière phase <strong>de</strong> la trajectoire d’activation, on souhaite préparer le<br />

bénéficiaire à l’emploi durable. Cela s’effectue par une formation <strong>au</strong>x entretiens<br />

d’emb<strong>au</strong>che et en recherchant le contact avec le service régional pour l’emploi. Nous<br />

constatons quelques différences entre les <strong>CPAS</strong> du cluster 5. Certains répondants<br />

soulignent une relation négative avec les agents d’insertion du VDAB. Ils font référence <strong>au</strong><br />

fait que <strong><strong>de</strong>s</strong> conflits se créent par manque d’harmonisation, <strong>de</strong> vision divisée et <strong>de</strong><br />

répartition <strong><strong>de</strong>s</strong> tâches. D’<strong>au</strong>tres <strong>CPAS</strong> semblent développer une relation très positive. Un<br />

intéressant exemple est formé <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> 2K et 2H où l’un <strong><strong>de</strong>s</strong> travailleurs soci<strong>au</strong>x est posté<br />

à temps plein dans le Centre <strong>de</strong> placement et se charge du suivi <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires du <strong>CPAS</strong>.<br />

118


3.7 Suivi<br />

3.7.1 Cluster 2<br />

Plusieurs <strong>CPAS</strong> du cluster 2 utilisent la mesure 500. Nous avons déjà noté que quelquesuns<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> répondants flamands recourent à cette mesure ; ils ne sont pas les seuls. Dans le<br />

<strong>CPAS</strong> 2C, celle-ci n'a pas été utilisée. Cette mesure permet, en collaboration avec le<br />

service régional pour l’emploi et un opérateur <strong>de</strong> formation, <strong>de</strong> mettre en place un suivi<br />

trois mois avant la fin d’un contrat article 60 et se prolongeant jusqu’à trois mois après le<br />

terme <strong>de</strong> celui-ci. C’est malheureusement actuellement la seule possibilité d’assurer le<br />

suivi d’une personne activée par le <strong>CPAS</strong> après qu’elle ait récupéré ses droits <strong>au</strong> chômage.<br />

Malheureusement, ce suivi dépend <strong>de</strong> la bonne volonté du bénéficiaire. Nous avons déjà<br />

abordé cette constatation <strong>au</strong> chapitre 1. La phase <strong>de</strong> suivi dépend fortement, dans la<br />

plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong>, <strong>de</strong> la bonne volonté du bénéficiaire. C’est ce que nous expose<br />

l’interlocuteur du <strong>CPAS</strong> 2D :<br />

Avec l’article 60, il y a un accompagnement vers l’emploi. Il arrive parfois que les<br />

personnes ne souhaitent pas cet accompagnement, et disent « je retrouve mon droit<br />

<strong>au</strong>x allocations <strong>de</strong> chômage et pour moi, c’est une fin en soi, c’est ce que je<br />

recherche », donc pour nous, c’est un peu dur parce que ce n’est pas l’objectif du<br />

travail… Nous, on le vit plutôt en se disant « c’est un tremplin vers l’emploi, même<br />

s’il y a une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> chômage, c’est possible que la personne reste dans cette<br />

dynamique et dise « j’ai envie <strong>de</strong> continuer, parce que ça m’a apporté en termes<br />

d’épanouissement personnel », mais il y a d’<strong>au</strong>tres personnes qui ne le pensent pas<br />

comme ça, mais c’est le risque d’avoir ces personnes, en plus avec le plan<br />

d’accompagnement <strong><strong>de</strong>s</strong> chômeurs, qui dans quelques années vont revenir parce<br />

qu’elles <strong>au</strong>ront été convoquées par l’ONEM et n’<strong>au</strong>ront pas mis en place ce qu’il<br />

fallait et vont revenir chez nous.<br />

Quant à une éventuelle contrainte, après le terme <strong>de</strong> la mesure, voire même avant la fin<br />

du contrat, elle n’est pas envisageable. En effet, si le bénéficiaire perdait be<strong>au</strong>coup à voir<br />

son contrat interrompu avant son terme, le <strong>CPAS</strong> également, dans la mesure où cette<br />

personne resterait partiellement à sa charge. Le <strong>CPAS</strong> 2D, à nouve<strong>au</strong>, nous en parle :<br />

Je ne vois pas comment on pourrait les contraindre : une fois qu’une personne a fini<br />

son article 60, donc il y a un accompagnement avant la fin, on pourrait se dire « là,<br />

on pourrait la contraindre à cet accompagnement », oui, mais si elle ne participe<br />

pas <strong>au</strong>x ren<strong>de</strong>z-vous qu’on lui donne, la politique du <strong>CPAS</strong> ne va pas être <strong>de</strong> dire « 3<br />

mois avant la fin, ou quinze jours, on vous sanctionne, on vous enlève votre contrat,<br />

parce que tout le mon<strong>de</strong> va être perdant dans l’histoire : l’institution parce que la<br />

personne n’a pas droit <strong>au</strong>x allocations <strong>de</strong> chômage et le travailleur parce qu’il<br />

revient <strong>au</strong> revenu d’intégration. Et une fois que l’article 60 est fini, il dépend du<br />

chômage et là, on n’a plus <strong>de</strong> possibilité non plus.<br />

Remarquons toutefois que dans le plus petit <strong>CPAS</strong>, vu la faible différenciation <strong><strong>de</strong>s</strong> tâches,<br />

les personnes continuant à faire appel à l’ai<strong>de</strong> sociale ou à d’<strong>au</strong>tres mesures sont encore<br />

rencontrées par les travailleurs soci<strong>au</strong>x, qui peuvent éventuellement faire un peu <strong>de</strong> suivi.<br />

Dans les <strong>au</strong>tres, ils reçoivent quelque fois <strong><strong>de</strong>s</strong> nouvelles, sur base volontaire, <strong>de</strong> la part <strong>de</strong><br />

certains anciens bénéficiaires.<br />

3.7.2 Cluster 5<br />

Tout comme dans les <strong>CPAS</strong> du cluster 2, la phase <strong>de</strong> suivi présente un caractère très<br />

facultatif. Les bénéficiaires bénéficient dans tous les <strong>CPAS</strong>, juste avant la fin <strong>de</strong> leur emploi<br />

social, d’abord du soutien nécessaire par le biais <strong>de</strong> clubs emploi et <strong>de</strong> formation <strong>au</strong>x<br />

entretiens d’emb<strong>au</strong>che. Dans quelques <strong>CPAS</strong> tels que 2H, 2I et 2K, nous constatons qu’une<br />

119


collaboration avec le Centre <strong>de</strong> placement permet à un travailleur social d’accompagner le<br />

bénéficiaire après la fin <strong>de</strong> l’emploi social (cf. supra).<br />

Pour les <strong>au</strong>tres <strong>CPAS</strong>, la progression <strong>de</strong> la trajectoire dépend fortement du bénéficiaire. Les<br />

bénéficiaires peuvent revenir, mais ne le font pas toujours. La bonne réussite <strong>de</strong> la phase<br />

<strong>de</strong> suivi dépend à cet égard fortement <strong>de</strong> leur bonne volonté.<br />

Le suivi est très facultatif. Certains bénéficiaires disent « effectivement, le <strong>CPAS</strong> ne<br />

doit surtout plus s’occuper <strong>de</strong> moi », les ateliers soci<strong>au</strong>x disposent <strong>de</strong> leur propre<br />

accompagnement, et ils le font pour nous.<br />

Notons que dans le cas <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> évoqués ci-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus, les organismes partenaires, dans ce<br />

cas <strong><strong>de</strong>s</strong> ateliers soci<strong>au</strong>x, reprennent ce suivi du <strong>CPAS</strong>. Cela revient fortement dans le récit<br />

du répondant du <strong>CPAS</strong> 2L. Tel que mentionné plus avant, ce <strong>CPAS</strong> collabore étroitement<br />

avec une ASBL qui engage <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires dans le secteur <strong>de</strong> la construction. Ces<br />

instructeurs sont selon ce répondant proches du secteur <strong>de</strong> la construction, ils ont les<br />

contacts nécessaires et savent dès lors mieux où le bénéficiaire peut se rendre.<br />

En revanche, ce que nous avons découvert, ce sont les instructeurs <strong>au</strong> logement et à<br />

l’emploi qui sont plus proches du marché du travail et qui connaissent mieux la<br />

situation. Ces instructeurs peuvent souvent engager très rapi<strong>de</strong>ment <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes, ils<br />

sont plus doués pour sentir ça.<br />

Un inconvénient y est toutefois lié. La bonne réussite <strong>de</strong> la phase <strong>de</strong> suivi dépend<br />

fortement <strong>de</strong> l’organisme où le bénéficiaire est engagé. Ceci est souligné par le répondant<br />

du <strong>CPAS</strong> 2G :<br />

Cela dépend d’un atelier à l’<strong>au</strong>tre, l’un investit be<strong>au</strong>coup, cela dépend be<strong>au</strong>coup <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

personnes. Nous avons trois ateliers soci<strong>au</strong>x, avec <strong>de</strong>ux cellules fonctionnant par<br />

collaboration, il y a une très bonne collaboration entre les trois.<br />

3.7.3 En résumé<br />

La <strong>de</strong>rnière phase se situe après la fin <strong>de</strong> l’emploi du bénéficiaire. Pour la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong>CPAS</strong>, cette phase dépend certes fortement <strong>de</strong> la bonne volonté du bénéficiaire. Une<br />

importante exception est constituée <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> 2K et 2H. Ces <strong>CPAS</strong> ont su élaborer un suivi<br />

structuré en collaboration avec le Centre <strong>de</strong> placement (cf. supra).<br />

3.8 Conclusion : activation dans le quadrant 2<br />

Nous avons abordé la politique d’activation <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> situés dans le quadrant 2. La<br />

comparaison entre un cluster ayant <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> relativement petits (cluster 2) et un cluster<br />

ayant <strong>de</strong> grands <strong>CPAS</strong> (cluster 5) avec un t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> chômage et un pourcentage <strong>de</strong><br />

bénéficiaires du revenu d’intégration quasiment comparables, mène à quelques constats<br />

intéressants. La différence <strong>de</strong> taille a un effet très significatif sur les différences <strong>de</strong><br />

politique d’activation. Nous le constatons déjà clairement en phase 1 <strong>de</strong> la trajectoire<br />

d’activation. Tandis que dans les grands <strong>CPAS</strong>, <strong>de</strong> nombreux efforts doivent être déployés<br />

pour harmoniser entre eux les différents services du <strong>CPAS</strong>, parmi lesquels le SSG et<br />

l’équipe d’activation, en revanche la petite taille <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> du cluster 2 permet <strong>au</strong>x<br />

contacts entre travailleur social et agent d’insertion <strong>de</strong> se dérouler <strong>de</strong> manière optimale.<br />

Les répondants du cluster 5 éprouvent le besoin d’intégrer la concertation entre les <strong>de</strong>ux<br />

services dans leur structure organisationnelle. Une importante évolution évoquée par<br />

plusieurs <strong>CPAS</strong> consiste à impliquer l’agent d’insertion le plus tôt possible dans la<br />

trajectoire du bénéficiaire. Ainsi, on peut très vite déterminer une trajectoire<br />

personnalisée, compte tenu <strong><strong>de</strong>s</strong> besoins et <strong><strong>de</strong>s</strong> capacités du bénéficiaire.<br />

120


La différence <strong>de</strong> taille génère <strong>au</strong>ssi <strong><strong>de</strong>s</strong> différences significatives en phases 2, 3, 4, 5 et 6.<br />

Avant tout, la répartition <strong><strong>de</strong>s</strong> tâches entre le travailleur social et l’agent d’insertion dans les<br />

<strong>CPAS</strong> du cluster 5 est plus élaborée que celle <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> du cluster 2. Ensuite, nous<br />

constatons en phases 2, 3 et 4 que les <strong>CPAS</strong> plus grands peuvent disposer <strong>de</strong> nombreuses<br />

possibilités pour fournir <strong>au</strong>x bénéficiaires une activation personnalisée.<br />

Un cas important et très intéressant est celui du <strong>CPAS</strong> 2G. En organisant <strong><strong>de</strong>s</strong> pré-trajets et<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> ateliers <strong>de</strong> formation par le travail dans un grand nombre <strong>de</strong> secteurs, il peut proposer<br />

<strong>au</strong>x bénéficiaires un accompagnement intensif, et ce <strong>au</strong>ssi en <strong>de</strong>hors du lieu <strong>de</strong> travail. Par<br />

ailleurs, les ateliers <strong>de</strong> formation par le travail assurent surtout une expérience<br />

professionnelle relevante et permettent le développement <strong><strong>de</strong>s</strong> compétences techniques. De<br />

plus, la possibilité <strong>de</strong> fournir <strong>au</strong>x <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs d’ai<strong>de</strong> une activation professionnelle est<br />

également offerte après un emploi sous article 60§7 dans le cadre <strong><strong>de</strong>s</strong> ateliers <strong>de</strong><br />

formation par le travail. La création d’un Centre d’économie sociale permet <strong>de</strong> fournir <strong>au</strong>x<br />

bénéficiaires un emploi dans leur champ d’intérêts, avec un <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> difficulté plus élevé<br />

qu’à l’atelier <strong>de</strong> formation par le travail. Cela favorise les compétences techniques et les<br />

capacités d’apprentissage du bénéficiaire.<br />

121


CHAPITRE 4 LE QUADRANT 3 RATIO DE<br />

CHÔMAGE ÉLEVÉ ET FAIBLE TAUX D’ALLOCATAIRES<br />

Le cluster 3 est constitué <strong>de</strong> <strong>CPAS</strong> situés dans <strong><strong>de</strong>s</strong> communes dont le t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> chômage est<br />

élevé mais le t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> bénéficiaire du revenu d’intégration est faible. Pour la plupart, il<br />

s’agit <strong>de</strong> petites villes ou <strong>de</strong> villages, à l’exception d’une commune bruxelloise.<br />

Ceci implique une moindre spécialisation <strong><strong>de</strong>s</strong> travailleurs et une diversité moins gran<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

services à l’intérieur du <strong>CPAS</strong>. Pour <strong>au</strong>tant, il existe en général un service d’insertion<br />

socioprofessionnelle, <strong>au</strong>tonome ou dépendant du service social général, constitué parfois<br />

d’un seul travailleur, parfois <strong>de</strong> be<strong>au</strong>coup plus.<br />

Les <strong>de</strong>ux clusters présentent une différence très marquée entre leurs t<strong>au</strong>x d’activation<br />

durable. Les <strong>CPAS</strong> du cluster 4 ont en effet un t<strong>au</strong>x moyen <strong>de</strong> 2,79% tandis que ceux du<br />

cluster 8 présentent un t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> 10,36%.<br />

Il f<strong>au</strong>t cependant noter que le faible nombre <strong>de</strong> communes dans ces <strong>de</strong>ux clusters<br />

(respectivement 26 et 23) implique que les communes sélectionnées s’écartent davantage<br />

<strong>de</strong> ces moyennes. En outre, les communes – souvent rurales – accueillent un faible<br />

nombre <strong>de</strong> bénéficiaires du revenu d’intégration ou d’une ai<strong>de</strong> sociale équivalente. Dès<br />

lors, le nombre <strong>de</strong> personnes ayant bénéficié d’une mesure d’activation <strong>au</strong> cours <strong>de</strong> la<br />

pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> référence est faible et les différences en termes d’activation durable peuvent<br />

être pour une part contingente (il suffit parfois par exemple qu’un utilisateur d’un article<br />

60 engage à la suite <strong>de</strong> la mesure le ou les travailleurs pour faire basculer la commune<br />

dans le second cluster).<br />

À nouve<strong>au</strong>, dans le table<strong>au</strong> 40, nous présentons le nombre <strong>de</strong> travailleurs affectés à<br />

l’activation socioprofessionnelle et le nombre <strong>de</strong> bénéficiaires activables.<br />

Le nombre <strong>de</strong> bénéficiaires d’un RI est variable entre les communes, oscillant entre 40 et<br />

200. Les différences sont d’<strong>au</strong>tant plus marquées que dans certains <strong>CPAS</strong>, tout bénéficiaire<br />

d’une mesure d’activation est transmis <strong>au</strong> service ISP, tandis que dans d’<strong>au</strong>tres ce n’est<br />

pas le cas.<br />

Table<strong>au</strong> 40 : personnel affecté <strong>au</strong>x services soci<strong>au</strong>x génér<strong>au</strong>x et à<br />

l’activation et nombre <strong>de</strong> bénéficiaires dans une trajectoire d’activation,<br />

pour chacun <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong><br />

<strong>CPAS</strong> Nombre<br />

d’assistants<br />

soci<strong>au</strong>x<br />

Cluster4 À<br />

plein<br />

temps<br />

À<br />

temps<br />

partiel<br />

Nombre d’agents<br />

d’insertion<br />

À plein<br />

temps<br />

À temps<br />

partiel<br />

Autres<br />

accompagnateurs<br />

À plein<br />

temps<br />

À temps<br />

partiel<br />

Nombre <strong>de</strong><br />

bénéficiaires dans<br />

une trajectoire<br />

d’activation<br />

3A 12 1 1 (ateliers<br />

d’insertion)<br />

70-80<br />

3B ? ? 1 1 43 dont 13<br />

étudiants<br />

3C ? ? 6 6 100 dont 20<br />

étudiants<br />

3D 1 10<br />

3E<br />

Cluster 8<br />

3F ? ? 1 15-20<br />

personnes<br />

3G 4 2 (pour<br />

cluster)<br />

186 en tout<br />

122


3H ? ? 2 180 RI et 60<br />

ASE<br />

3I<br />

3J 6 2 1 15<br />

3K 10 1 1 s.o.<br />

3L 3 s.o.<br />

Il f<strong>au</strong>t cependant noter que dans ce table<strong>au</strong>, le nombre <strong>de</strong> clients dans une trajectoire<br />

d’activation reste une évaluation sommaire, le « tri » étant effectué avant ou après la prise<br />

en charge par le service d’insertion professionnelle, comme nous allons le voir dans le<br />

chapitre suivant.<br />

4.1 Phase 1 : travailler <strong>au</strong>x conditions<br />

fondamentales<br />

Dans ce paragraphe, nous ne reviendrons pas en détail sur les éléments communs <strong>au</strong>x<br />

différents <strong>CPAS</strong> déjà décrits lors <strong>de</strong> l’analyse du premier quadrant. Dans ce cluster, on<br />

parle, contrairement <strong>au</strong> cluster 5 du quadrant 2, moins d’efforts ou <strong>de</strong> conflits entre le<br />

travailleur social et l’agent d’insertion. Nous pouvons l’expliquer par le fait que dans ces<br />

<strong>CPAS</strong>, la spécialisation <strong><strong>de</strong>s</strong> tâches est plus élaborée sur le plan <strong>de</strong> l’activation.<br />

Notamment, le service social général prend en charge les <strong>au</strong>tres problèmes rencontrés par<br />

le bénéficiaire. L’articulation entre les <strong>de</strong>ux services fut peu détaillée par les responsables<br />

ISP rencontrés, notamment dans ses aspects relationnels. Il f<strong>au</strong>t cependant remarquer que<br />

s’agissant <strong>de</strong> petites structures, impliquant un faible nombre <strong>de</strong> bénéficiaires, localisées<br />

dans un même bâtiment, les contacts informels sont nombreux, ce qui évite dans une<br />

gran<strong>de</strong> part les incompréhensions réciproques.<br />

Dans les <strong>CPAS</strong> <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux clusters, la totalité <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires d’un revenu d’intégration<br />

est transmise <strong>au</strong>x travailleurs prenant en charge l’insertion socioprofessionnelle 11 .<br />

Cependant, cette totalité est diversement définie par les personnes rencontrées. Tout<br />

d’abord, les personnes temporairement sanctionnées par l’ONEM ne sont en général pas<br />

suivies. Dans tous les <strong>CPAS</strong>, les « raisons <strong>de</strong> santé » ne sont pas transmises. Par contre,<br />

en ce qui concerne les « raisons d’équité », c’est plus variable. Au <strong>CPAS</strong> 3E, 3D et 3I, les<br />

étudiants ne sont pas transmis <strong>au</strong> service ISP mais sont pris en charge par le service social<br />

général. Au <strong>CPAS</strong> 3D, tous les cas sont transmis <strong>au</strong>x agents d’insertion, mais une fois<br />

décomptés la part <strong><strong>de</strong>s</strong> 18-24 ans encore <strong>au</strong>x étu<strong><strong>de</strong>s</strong>, les personnes trop âgées et <strong>au</strong>tres<br />

personnes non prioritaires, ils ne tentent réellement d’activer que quinze à vingt cas sur un<br />

total <strong>de</strong> 40 à 50 bénéficiaires. Dans le <strong>CPAS</strong> 3F, les répondantes n’ont pas précisé si elles<br />

tentaient d’activer l’ensemble <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires, mais ce sont à tout le moins elles qui<br />

s’occupent <strong><strong>de</strong>s</strong> étudiants.<br />

En ce qui concerne le cluster 4, la responsable ISP du <strong>CPAS</strong> 3A reçoit toutes les personnes<br />

qui font une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’ai<strong>de</strong> sociale. Dans 3B, la trentaine <strong>de</strong> bénéficiaires du RI sont tous<br />

vus, et <strong><strong>de</strong>s</strong> démarches d’activation sont <strong>de</strong>mandées à chacun.<br />

Dès qu’il y a inscription <strong>au</strong> RIS, je fais la liste, et on ne laisse jamais les gens à rien :<br />

pour le mois suivant, ils se présentent <strong>au</strong> comité pour savoir leurs motivations, on a<br />

<strong>au</strong>ssi créé une association entre 4 <strong>CPAS</strong>, avec un délégué à la prospection <strong>de</strong><br />

l’emploi, et ils sont reçus, ils sont en formation, ils ne restent pas à rien. Les – <strong>de</strong> 25<br />

ans, ils sont soit à l’école, soit à l’emploi, mais ils ne sont pas à rien. Les + <strong>de</strong> 25<br />

ans, c’est un emploi ou une mise à disposition, mais ils ne restent pas à rien. On<br />

essaie d’aller contre cet assistanat, parce que toutes les politiques d’ai<strong>de</strong> <strong>au</strong>x<br />

personnes qui sont dans le besoin, on peut comprendre, mais on ne les encourage<br />

pas à s’en sortir, parce qu’à côté <strong>de</strong> ça, quelqu’un qui est <strong>au</strong> chômage ou qui<br />

commence à travailler n’est pas plus avantagé.<br />

11 Il f<strong>au</strong>t cependant noter que nous ne disposons pas <strong>de</strong> l’information pour le <strong>CPAS</strong> 3F.<br />

123


Enfin, dans le cluster 3C, chaque personne est vue par le service ISP qui propose une<br />

trajectoire individualisée à chacun :<br />

Le service social nous envoie tout le mon<strong>de</strong>, s<strong>au</strong>f si c’est flagrant : là, ils ne passent<br />

pas <strong>au</strong> service réinsertion : la personne qui a un cancer, la personne qui a 64 ans,<br />

mais j’ai poussé pour qu’on voie tout le mon<strong>de</strong>, parce que chacun est spécialisé,<br />

donc c’est difficile <strong>de</strong> dire à l’AS « tu fais le diagnostic », car elle ne connaît pas<br />

clairement les filières (…) nous <strong>au</strong>tres, on est dans une <strong>au</strong>tre logique, on est là pour<br />

évaluer les compétences, et donc on peut <strong>au</strong>ssi revoir les critères à la baisse. Mais la<br />

législation nous pousse <strong>au</strong>ssi à mettre plus <strong>de</strong> gens en insertion et limiter le nombre<br />

<strong>de</strong> personnes qui sont en équité.<br />

Remarquons que les <strong>CPAS</strong> du cluster 8, <strong>au</strong>x résultats potentiellement plus probants, n’ont<br />

pas insisté sur semblable velléité <strong>de</strong> systématiser l’activation. Il n’est pour <strong>au</strong>tant pas<br />

question d’en conclure que c’est contre-productif, les différences pouvant tout à fait être<br />

contingentes comme nous l’avons vu plus h<strong>au</strong>t.<br />

Dans les <strong>CPAS</strong> 3J, 3K et 3L par exemple, nous constatons que le relais <strong>au</strong>près <strong>de</strong> l’agent<br />

d’insertion n’a pas lieu pour tout le mon<strong>de</strong>. Dans ces <strong>CPAS</strong>, il s’effectue tel que déjà décrit<br />

dans le quadrant 1. Le travailleur social transfère le bénéficiaire <strong>au</strong>près <strong>de</strong> l’agent<br />

d’insertion dès l’instant où il est d’avis que le bénéficiaire est prêt pour une trajectoire<br />

d’activation.<br />

Nous n’avons pas davantage remarqué <strong>de</strong> corrélation entre un suivi plus long par le<br />

service social général et une plus gran<strong>de</strong> concertation avec l’agent d’insertion et à l’inverse<br />

une transmission plus rapi<strong>de</strong>, alors que la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> problèmes <strong>de</strong> la personne ne sont<br />

pas réglés et l’apparition plus fréquente <strong>de</strong> conflits.<br />

Remarquons cependant que pour ces <strong>CPAS</strong>, tant d’un cluster que <strong>de</strong> l’<strong>au</strong>tre, étant donné<br />

que l’interlocuteur était le responsable <strong>de</strong> l’insertion, il est difficile <strong>de</strong> déterminer<br />

précisément quels cas sont communiqués et quels <strong>au</strong>tres ne sont pas transmis.<br />

Résumé<br />

Entre les <strong>de</strong>ux clusters, nous ne remarquons donc pas <strong>de</strong> différence notoire <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong><br />

l’articulation entre les <strong>de</strong>ux services. Il est possible que les bénéficiaires soient plus<br />

systématiquement envoyés <strong>au</strong> service d’insertion dans les <strong>CPAS</strong> du cluster 4. De manière<br />

générale, ces <strong>CPAS</strong> sont en effet plus petits et la charge <strong>de</strong> travail <strong><strong>de</strong>s</strong> agents d’insertion<br />

moindre ; l’insertion peut en être d’<strong>au</strong>tant systématisée.<br />

4.2 Phase 2 : trajectoire d'accompagnement<br />

La trajectoire d’accompagnement est organisée <strong>de</strong> manière très variable, tant à l’intérieur<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> clusters qu’entre les <strong>de</strong>ux clusters. C’est ce que nous allons montrer dans le<br />

paragraphe suivant. Quant à l’évaluation <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires sur leur aptitu<strong>de</strong> à être réinséré<br />

professionnellement à plus ou moins long terme, si elle est plus brièvement évoquée, nous<br />

tenterons d’en dresser le portrait dans un paragraphe ultérieur.<br />

4.2.1 Organisation interne<br />

Il est difficile <strong>de</strong> donner <strong><strong>de</strong>s</strong> tendances générales pour caractériser les différents <strong>CPAS</strong> d’un<br />

cluster particulier. Tout d’abord, si le premier cluster regroupe principalement <strong>de</strong> petites<br />

villes <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 20.000 habitants, leurs environnements socio-économiques sont<br />

divers : zone d’influence d’une gran<strong>de</strong> ville, zone rurale ou ville dortoir. Quant <strong>au</strong> second<br />

cluster, on y trouve un village et une petite ville rur<strong>au</strong>x, mais également une commune <strong>de</strong><br />

la région bruxelloise.<br />

124


Dans le premier cluster, la personne responsable <strong>de</strong> l’ISP du <strong>CPAS</strong> 3A consacre un mitemps<br />

à cette tâche, tandis qu’une <strong>de</strong> ses collègues du service général s’occupe <strong>de</strong><br />

l’organisation d’ateliers en insertion sociale. Mais une partie <strong><strong>de</strong>s</strong> tâches est prise en charge<br />

par la mission régionale.<br />

Moi, je ne m’occupe pas <strong>de</strong> faire <strong><strong>de</strong>s</strong> CV avec les personnes, s<strong>au</strong>f en urgence, mais le<br />

bilan <strong>de</strong> compétence, la lettre <strong>de</strong> motivation, le CV, ils font ça à la mission régionale,<br />

dans le cadre du job coaching. Sinon, on a, nous, <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes en article 60<br />

économie sociale, et là, c’est moi qui gère les contacts avec l’employeur, etc., mais<br />

spécifiquement pour les articles 60 parce que c’est le <strong>CPAS</strong> qui est l’employeur.<br />

Tel que déjà mentionné, dans le <strong>CPAS</strong> 3B, 3E et 3I le service ISP ne s’occupe que <strong>de</strong><br />

l’insertion professionnelle <strong>au</strong> sens strict, tandis que là <strong>au</strong>ssi, tant l’amont, l’insertion<br />

sociale, que l’aval, le job coaching, sont pris en charge par une association fondée par<br />

quatre <strong>CPAS</strong> voisins.<br />

On fait partie <strong>de</strong> l’association Y, qui regroupe quatre <strong>CPAS</strong> (…). Donc l’association fait<br />

<strong>de</strong>ux choses : une personne qui est conseillère à l’emploi et qui est chargée <strong>de</strong><br />

démarcher les entreprises privées et ASBL pour engager les personnes sous article<br />

60 et la secon<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> son travail, elle a mis en place une formation article 60,<br />

donc les trois ou quatre <strong>de</strong>rniers mois <strong>de</strong> leur contrat, les personnes vont une fois<br />

par semaine à l’association, et on leur apprend à rédiger un CV, une lettre <strong>de</strong><br />

motivation, on va avec elles <strong>au</strong> FOREM, à la maison <strong>de</strong> l’emploi, on ne les laisse pas<br />

comme ça, on essaie <strong>de</strong> leur donner un maximum d’outils pour s’en sortir une fois<br />

qu’elles retombent <strong>au</strong> chômage. »<br />

Enfin, <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> du <strong>CPAS</strong> 3C, la structure est d’<strong>au</strong>tant plus complexe. Plusieurs étapes ont<br />

été définies, chacune prise en charge par un ou <strong><strong>de</strong>s</strong> travailleurs du <strong>CPAS</strong>, en interne. Après<br />

une séance d’information, le bilan socioprofessionnel est établi par une psychologue. Un<br />

module <strong>de</strong> remobilisation suit, qui dure environ <strong>de</strong>ux mois. Ensuite, vient la formation via<br />

une EFT interne <strong>au</strong> <strong>CPAS</strong> ou d’<strong>au</strong>tres EFT, selon le choix <strong>de</strong> la personne, et ensuite<br />

seulement peut-être envisagé une mise <strong>au</strong> travail dans le cadre <strong>de</strong> l’article 60. Enfin, la<br />

personne est suivie par un job coach, <strong>au</strong> cours <strong>de</strong> son article 60, pour préparer son<br />

insertion sur le marché normal.<br />

La première chose après la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> (<strong>de</strong> RI), c’est que la personne est convoquée à<br />

une séance d’information, où on va compléter ce qui a été dit par le travailleur<br />

social, mais on va un peu <strong>au</strong>-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> ça, donc on va lui expliquer le fonctionnement<br />

du <strong>CPAS</strong>, le <strong>parcours</strong> d’insertion et les différentes étapes <strong>de</strong> ce <strong>parcours</strong>, donc on fait<br />

ça une fois par mois. (…) L’étape suivante, c’est que la personne sera vue en<br />

entretien pour une anamnèse par une psychologue, et parfois ça se fait avant ou<br />

après, on a également un module <strong>de</strong> remobilisation, et donc dans ce module-là, on<br />

essaie que la personne puisse déjà acquérir certaines compétences, respect <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

horaires, respect <strong><strong>de</strong>s</strong> conseils, mais c’est <strong>au</strong>ssi lui montrer la logique du travail, etc.<br />

(…) Donc ça dure une trentaine d’heures et ça représente 6 à 8 séances sur 2 mois.<br />

Ça permet <strong>au</strong> service d’insertion <strong>de</strong> connaître la personne. (…) 3 :30 Ce module <strong>de</strong><br />

remobilisation permet d’apprendre plein <strong>de</strong> choses sur la personne et <strong>de</strong> mettre le<br />

doigt sur ce qui fera un peu obstacle à sa réinsertion socioprofessionnelle sur le court<br />

ou moyen terme. (…) En 1996, en plus du job coaching, on avait développé l’EFT,<br />

donc on tend à ce que les gens occupent un poste dans les filières du <strong>CPAS</strong> et c’est<br />

seulement après, dans le cadre <strong><strong>de</strong>s</strong> filières (<strong>de</strong> formation, ndlr), qu’on organise le<br />

travail <strong>de</strong> job coaching. (…) Donc la personne passe par l’atelier <strong>de</strong> mobilisation, puis<br />

rentre dans une filière emploi/formation, et puis après, en fonction <strong>de</strong> son évolution,<br />

elle va rentrer dans une démarche <strong>de</strong> job coaching. Donc elle peut rentrer après 6<br />

mois, ou parfois, pas du tout, ou parfois à la fin <strong>de</strong> son contrat article 60, et c’est<br />

comme ça qu’<strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> notre EFT, on a un job coach.<br />

En cela, ce type d’organisation s’approche <strong>de</strong> ce qu’on peut trouver dans les <strong>CPAS</strong> <strong>de</strong><br />

be<strong>au</strong>coup <strong>de</strong> villes moyennes ou gran<strong><strong>de</strong>s</strong>, comme nous le verrons dans l’analyse du<br />

quadrant 4. Dans le cas qui nous occupe, la spécialisation a été permise non pas suite à un<br />

nombre particulièrement important <strong>de</strong> bénéficiaires mais par la réponse, <strong>de</strong>puis une<br />

quinzaine d’années, à différents appels d’offre, la participation à divers projets pilotes et<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> subsi<strong><strong>de</strong>s</strong> octroyés dans le cadre <strong>de</strong> l’Objectif 1.<br />

125


Nous pouvons dès à présent noter qu’il n’existe pas <strong>de</strong> trait commun flagrant entre les<br />

différentes formes d’organisation que présentent ces trois <strong>CPAS</strong> : à une extrémité, nous<br />

trouvons une travailleuse à mi-temps ne prenant en charge que certains aspects <strong>de</strong> l’ISP,<br />

et à l’<strong>au</strong>tre, pour une commune <strong>de</strong> taille semblable, une équipe <strong>de</strong> travailleurs <strong>au</strong>x<br />

compétences diverses organisée selon une structure complexe permettant <strong>de</strong> jalonner <strong>au</strong><br />

plus près la trajectoire d’insertion <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires.<br />

Dans le second cluster, les <strong>CPAS</strong> 3F, 3J et 3K prennent en charge l’entièreté <strong>de</strong> la<br />

trajectoire d’insertion socioprofessionnelle, à l’exception <strong>de</strong> l’insertion purement sociale, ce<br />

qui ne veut pas pour <strong>au</strong>tant dire que les aspects soci<strong>au</strong>x <strong>de</strong> l’insertion ne sont pas pris en<br />

compte.<br />

Moi, je ne m’occupe que <strong>de</strong> l’insertion socioprofessionnelle, le côté social, je n’ai pas<br />

le temps <strong>de</strong> le faire : je suis seul ici, donc ce n’est pas possible. (…) On fera l’article<br />

60 pour que ce ne soit pas uniquement la récupération <strong><strong>de</strong>s</strong> droits, mais qu’il y ait un<br />

suivi. Mais pour d’<strong>au</strong>tres, l’activation c’est leur apprendre à se lever, à écouter,<br />

quand on est mala<strong>de</strong>, nous téléphoner, rendre un certificat, il y a un côté social,<br />

donc c’est l’activation par rapport <strong>au</strong>x comportements professionnels.<br />

Au <strong>CPAS</strong> 3G, il y a <strong>de</strong>ux travailleurs. L’une prend en charge les aspects soci<strong>au</strong>x<br />

(resocialisation, via <strong><strong>de</strong>s</strong> projets artistiques ou <strong>au</strong>tres, certains en collaboration avec<br />

d’<strong>au</strong>tres acteurs loc<strong>au</strong>x), tandis que l’<strong>au</strong>tre prend en charge l’insertion professionnelle.<br />

Mais ils travaillent tous les <strong>de</strong>ux dans les mêmes loc<strong>au</strong>x et s’échangent les informations.<br />

Ici, à 3G on a déjà différents services (dans le <strong>CPAS</strong>), alors c’est quand même plus<br />

intéressant (en insertion) d’avoir une vision générale, pour les personnes qui ont<br />

moins l’impression d’être ballotées et <strong>au</strong>ssi pour soi, d’avoir une vision globale, c’est<br />

plus intéressant.<br />

Dans le <strong>CPAS</strong> 3H, enfin, <strong>de</strong>ux personnes sont responsables <strong>de</strong> l’activation professionnelle<br />

et leur service est une division du service social général. Les tâches ne sont pas soustraitées.<br />

À partir du moment où ils ont eu le droit <strong>au</strong> RIS, par l’AS, on les envoie chez nous ;<br />

on fait un bilan, on voit combien <strong>de</strong> jours ils restent, s’ils ont déjà travaillé, leurs<br />

diplômes, formations, puis voir dans quel domaine ils veulent travailler, et puis<br />

après, on fait un projet avec la personne, et puis ils vont faire une formation ou ils<br />

commencent la recherche d’emploi. Pour la recherche d’emploi, il y a <strong><strong>de</strong>s</strong> journ<strong>au</strong>x à<br />

disposition, ils peuvent téléphoner, il y a Internet, s’ils ont besoin, s’ils doivent écrire<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> courriers, on les ai<strong>de</strong> <strong>au</strong>ssi à écrire CV, lettre <strong>de</strong> motivation….<br />

Au <strong>CPAS</strong> 3J, <strong>de</strong>ux agents d’insertion sont recrutés par un cluster <strong>de</strong> cinq <strong>CPAS</strong>. Ces agents<br />

d’insertion se situent dans le Centre <strong>de</strong> placement.<br />

Dans leur gran<strong>de</strong> variabilité, il est difficile <strong>de</strong> trouver <strong><strong>de</strong>s</strong> tendances pouvant expliquer les<br />

différences <strong>de</strong> résultats obtenus. Bien <strong>au</strong> contraire, un <strong>CPAS</strong> particulièrement structuré<br />

(3C), où la trajectoire est jalonnée et chaque étape prise en charge par un travailleur<br />

spécialisé obtient un t<strong>au</strong>x d’activation durable relativement peu encourageant.<br />

De la même manière, le <strong>CPAS</strong> 3B s’enorgueillit d’avoir mis en place une politique <strong>de</strong> suivi<br />

contraignante dont l’effet involontaire est <strong>de</strong> chasser les bénéficiaires dans les communes<br />

alentours.<br />

Donc ça fait be<strong>au</strong>coup : on entend régulièrement <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes qui vont dans<br />

d’<strong>au</strong>tres communes parce que vu le nombre peu élevé <strong>de</strong> travailleurs soci<strong>au</strong>x, on ne<br />

les embête pas pour travailler. Ici, on a une politique sociale relativement active, et<br />

nous <strong>au</strong>tres, on ne les laisse pas tranquilles du tout, donc on n’a pas be<strong>au</strong>coup <strong>de</strong><br />

bénéficiaires du RI, peut-être une trentaine, et on a le tiers en article 60, et une<br />

<strong>au</strong>tre partie qui sont <strong><strong>de</strong>s</strong> étudiants, donc restent <strong>au</strong> RI….<br />

Une première explication pourrait cependant rési<strong>de</strong>r dans cette division du travail. En effet,<br />

dans les <strong>CPAS</strong> du premier groupe, chaque bénéficiaire est pris en charge, <strong>au</strong>x différentes<br />

étapes <strong>de</strong> sa trajectoire, par un travailleur distinct. Dans les <strong>CPAS</strong> 3A et 3B, il s’agit <strong>de</strong><br />

services extérieurs (MIRE, association), tandis que dans le <strong>CPAS</strong> 3C, il s’agit <strong>de</strong> travailleurs<br />

internes <strong>au</strong> service. À l’opposé, dans les trois <strong>CPAS</strong> du second cluster, si ce n’est la<br />

resocialisation, l’ensemble <strong>de</strong> la trajectoire d’activation socioprofessionnelle d’un<br />

bénéficiaire est prise en charge par le même travailleur.<br />

126


Il peut paraître surprenant qu’une division du travail, qui permet a priori une plus gran<strong>de</strong><br />

spécialisation et corrélativement, une meilleure efficacité du travailleur, aboutisse à un<br />

résultat négatif. Néanmoins, il est possible qu’une communication moins efficace permette<br />

en définitive un moins bon suivi.<br />

Par ailleurs, les bénéficiaires sont parfois peu désireux <strong>de</strong> se réinsérer, cherchant<br />

davantage à se mettre à l’abri d’un suivi trop entreprenant, cherchant le lieu qui va le<br />

moins les solliciter. Il est donc possible que ceux-ci se cachent dans les maillons les moins<br />

proactifs ou les moins exigeants <strong>de</strong> la chaîne, les plus confortables à tout le moins,<br />

indiquant à l’un ce qu’il veut entendre et à l’<strong>au</strong>tre ce qu’il souhaite et jonglant entre les<br />

différents services.<br />

Enfin, en ce qui concerne les MIRE, elles sont parfois critiquées en ce que leur mo<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

financement les conduit parfois à tenter d’insérer les personnes les plus employables <strong>au</strong><br />

détriment <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>au</strong>tres, dont les bénéficiaires du revenu d’intégration font en général partie.<br />

La délégation d’une partie <strong>de</strong> la trajectoire d’insertion d’un candidat émanant du <strong>CPAS</strong> à<br />

une MIRE pourrait donc dans certains cas mener à un moins bon suivi, même si nous nous<br />

gar<strong>de</strong>rons bien d’en faire une généralité.<br />

4.2.2 Screening<br />

En ce qui concerne le screening, nos interlocuteurs sont moins loquaces quant à cette<br />

phase <strong>de</strong> la trajectoire d’insertion. Ceci nous incite à penser que cette phase est rapi<strong>de</strong> et<br />

que peu d’outils sont utilisés.<br />

Au <strong>CPAS</strong> 3A, cet aspect n’est pas pris en charge par la personne responsable <strong>de</strong> l’insertion<br />

mais par la mission régionale.<br />

Dans plusieurs <strong>CPAS</strong>, le bilan <strong>de</strong> compétences et intérêts est fait <strong>de</strong> manière informelle.<br />

C’est notamment le cas <strong>au</strong> <strong>CPAS</strong> 3B ou la personne elle-même se présente <strong>de</strong>vant le<br />

comité.<br />

Dès qu’il y a inscription <strong>au</strong> RIS, je fais la liste, et on ne laisse jamais les gens à rien :<br />

pour le mois suivant, ils se présentent <strong>au</strong> comité pour savoir leurs motivations.<br />

Au <strong>CPAS</strong> 3C, le BSP est pris en charge par une psychologue, comme on l’a vu<br />

précé<strong>de</strong>mment. Ce BSP prend la forme d’une anamnèse et va <strong>au</strong>-<strong>de</strong>là d’un BSP classique.<br />

Le répondant souligne par ailleurs que les travailleurs soci<strong>au</strong>x n’aiment en général guère<br />

les outils « clé sur porte » et préfèrent se l’approprier en le retravaillant.<br />

La psychologue a une anamnèse sous forme <strong>de</strong> questionnaire, mais elle travaille<br />

<strong>au</strong>ssi <strong>de</strong> manière plus intuitive. Une anamnèse, ce n’est pas simplement compléter<br />

un questionnaire. Le questionnaire, c’est un peu un fil conducteur (…) À un certain<br />

moment, la personne doit s’exprimer. (…) À un certain moment, on l’a utilisé (le BSP<br />

<strong>de</strong> l’UVCW), mais les travailleurs soci<strong>au</strong>x détestent les contraintes (…) les outils clés<br />

sur porte, ils mettent leur touche, et donc on refait un outil en interne.<br />

Aux <strong>CPAS</strong> 3D, 3E et 3F, l’évaluation est tout à fait informelle, sans outil particulier signalé.<br />

Je reçois toutes les personnes bénéficiaires du revenu d’intégration. Je vois avec elle<br />

un peu leur projet professionnel. Soit on recherche, si elles ont besoin d’une<br />

formation ou si elles ont envie <strong>de</strong> reprendre <strong><strong>de</strong>s</strong> cours ou si vraiment elles veulent<br />

travailler, ou s’il n’y a pas <strong>de</strong> possibilité dans ces trois domaines-là, c’est voir les<br />

incapacités <strong>de</strong> travail, pour essayer <strong>de</strong> rentrer un dossier à la Vierge Noire.<br />

Au <strong>CPAS</strong> 3E, le travailleur s’est créé une grille correspondant à ses besoins propres.<br />

J’ai un outil, je complète les renseignements traditionnels, et <strong>au</strong> fur et à mesure <strong>de</strong><br />

l’entretien, <strong>de</strong> savoir ce que la personne a fait, ce qu’elle a envie <strong>de</strong> faire, qui se fait<br />

<strong>au</strong> premier entretien, qu’elle me raconte ses expériences, essayer d’aller un peu<br />

dans le détail, mais j’ai vu <strong><strong>de</strong>s</strong> bilans socioprofessionnels où il y a 200 questions, ça<br />

je ne fais pas. (…) C’est semi-intuitif, on va dire, j’ai ma grille.<br />

127


Enfin, <strong>au</strong> <strong>CPAS</strong> 3F, ils utilisent un BSP existant. C’est également le cas <strong>au</strong>x <strong>CPAS</strong> 3J et 3K<br />

qui recourent à la métho<strong>de</strong> du Bilan Socioprofessionnel.<br />

Si l’on peut se poser <strong><strong>de</strong>s</strong> questions quant à la probable faiblesse <strong>de</strong> l’évaluation par les<br />

<strong>CPAS</strong> 3A et 3B, le <strong>CPAS</strong> 3C est à nouve<strong>au</strong> atypique, disposant d’une psychologue utilisant<br />

une version personnalisée d’un bilan officiel. Le screening semble donc étonnamment<br />

poussé dans cette commune qui montre néanmoins un t<strong>au</strong>x d’activation durable<br />

relativement faible. À l’inverse, les <strong>CPAS</strong> 3D, 3E, 3F, 3G, 3I n’utilisent pas d’outil très<br />

développé.<br />

4.2.3 Résumé<br />

Les différences dans l’accompagnement semblent plus importantes entre les différents<br />

<strong>CPAS</strong> à l’intérieur <strong>de</strong> chaque cluster qu’entre les <strong>de</strong>ux clusters. Tout <strong>au</strong> plus peut-on noter<br />

que certains <strong>CPAS</strong> du premier cluster semblent impliquer davantage d’acteurs dans les<br />

trajectoires d’insertion. Cette spécialisation pourrait être un avantage, mais elle semble<br />

contrecarrée par <strong><strong>de</strong>s</strong> difficultés <strong>de</strong> coordination entre ces différents acteurs.<br />

4.3 Phase 3 : activation sociale<br />

La phase d’activation sociale suit le screening, du moins pour les personnes qui ont perdu<br />

ou n’ont pas les compétences sociales nécessaires – telles que se lever à temps, informer<br />

d’une absence pour maladie, accepter les différences, reconnaître l’<strong>au</strong>torité – pour être<br />

intégrées sur le marché du travail. Notons dès à présent que cette phase fut moins traitée,<br />

dans la mesure où dans certains <strong>CPAS</strong> un second travailleur la prend en charge (3A, 3E),<br />

dans un <strong>au</strong>tre le travailleur n’a pas la possibilité <strong>de</strong> s’en occuper (3D) ou dans un <strong>au</strong>tre<br />

encore c’est une structure extérieure qui s’en occupe (3B).<br />

Comme dans les quadrants précé<strong>de</strong>nts, certains <strong>CPAS</strong> témoignent d’une réalité : il n’est<br />

pas possible <strong>de</strong> remettre tous les bénéficiaires <strong>de</strong> <strong>CPAS</strong> à l’emploi. Certains ont <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

problèmes – soci<strong>au</strong>x, comportement<strong>au</strong>x, parfois même cognitifs – tels que la trajectoire<br />

d’activation ne pourra jamais être menée à son terme. C’est ce qu’explique la travailleuse<br />

du <strong>CPAS</strong> 3C :<br />

La plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes sont trop limités pour pouvoir intégrer le marché du travail.<br />

Chez les hommes, c’est <strong><strong>de</strong>s</strong> problèmes d’alcoolisme, <strong>de</strong> toxicomanie, <strong><strong>de</strong>s</strong> problèmes<br />

comportement<strong>au</strong>x, mais à ce nive<strong>au</strong>-là, on ne les reconnaît pas comme handicapés,<br />

mais on est à la limite (…) c’est <strong><strong>de</strong>s</strong> arriérations mentales ou <strong><strong>de</strong>s</strong> caractériels : ces<br />

gens-là ne peuvent pas rentrer sur le marché du travail (…) mais ce sont <strong><strong>de</strong>s</strong> gens à<br />

qui on ne va jamais leur dire <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r une allocation d’handicapés, donc on les<br />

met comme personnes minimexées, comme personnes <strong>au</strong> chômage, alors que ce<br />

sont <strong><strong>de</strong>s</strong> gens qui ont leur place dans un atelier protégé, mais pas sur le marché du<br />

travail. (…) À un certain moment, les employeurs font le tri : ils vont prendre la<br />

crème et les <strong>au</strong>tres restent sur le côté. Donc on va les resocialiser, mais ils ne vont<br />

pas pour <strong>au</strong>tant <strong>de</strong>venir la crème qu’on va employer. Donc peut-être que 20 à 30 %<br />

vont pouvoir réintégrer le marché du travail, mais il y a <strong><strong>de</strong>s</strong> gens, on sait que dans<br />

20-25 ans, ils seront toujours <strong>au</strong> même nive<strong>au</strong> : ils vont récupérer leur droit <strong>au</strong>x<br />

allocations <strong>de</strong> chômage, et puis ils vont revenir, parce qu’ils vont être sanctionnés<br />

par l’ONEM. Soyons clairs, le marché <strong>de</strong> l’emploi est trop sélectif pour prendre tout le<br />

mon<strong>de</strong>, et il y a suffisamment <strong>de</strong> chômeurs pour pouvoir prendre la crème.<br />

À tout le moins, pour certains, il f<strong>au</strong>t partir <strong>de</strong> très loin et leur rendre <strong><strong>de</strong>s</strong> compétences<br />

sociales minimales. C’est ce que nous signale le responsable du <strong>CPAS</strong> 3A.<br />

128


Le plus important, c’est la bonne orientation, parce qu’il y a <strong><strong>de</strong>s</strong> gens qui viennent :<br />

« ils veulent travailler », ils vous promettent qu’ils veulent travailler, mais ils ont 52<br />

ans, ils n’ont jamais travaillé, ils ne savent pas ce que c’est que <strong>de</strong> se lever tous les<br />

jours, d’organiser une journée, une semaine, etc., donc les orienter le mieux<br />

possible, ce n’est pas parce qu’ils disent qu’ils sont aptes et prêts à travailler qu’on<br />

pourra le faire tout <strong>de</strong> suite. (…) Tous les bénéficiaires que j’ai, je ne travaille pas <strong>de</strong><br />

la même manière avec <strong>au</strong>cun, donc il y en a certains que je vais menacer <strong>de</strong><br />

sanction, et pour un <strong>au</strong>tre, je ne le ferai pas parce que les difficultés sont différentes,<br />

donc mon travail est d’adapter pour chacun <strong>de</strong> manière individuelle et <strong>de</strong> les orienter<br />

le mieux possible.<br />

De même dans le <strong>CPAS</strong> 3B, où est mis en évi<strong>de</strong>nce le manque <strong>de</strong> projection dans l’avenir<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires, et donc la nécessité <strong>de</strong> la prise <strong>de</strong> conscience <strong><strong>de</strong>s</strong> étapes préalables à<br />

l’activation professionnelle.<br />

Les jeunes, certains manquent <strong>de</strong> motivation, et on est <strong>de</strong> plus en plus face à une<br />

population à <strong>de</strong>ux nive<strong>au</strong>x, c'est-à-dire qu’il y a un état <strong>de</strong> crise qui est tel que la<br />

personne est acculée : ils baissent un peu les bras, ils vivent <strong>au</strong> jour le jour et ils se<br />

fichent un peu <strong>de</strong> tout ce qui peut leur arriver, et ils n’ont plus <strong>au</strong>cune crainte,<br />

<strong>au</strong>cune considération <strong>de</strong> ce qui est dû, <strong>de</strong> ce qui est à faire, ils n’ont plus les mêmes<br />

valeurs <strong>de</strong> vie que nous, on avait.<br />

Des outils permettant l’activation sociale sont donc mises en place par certains <strong>CPAS</strong>.<br />

Ceux-ci peuvent néanmoins prendre différentes formes. La principale distinction concerne<br />

la philosophie <strong><strong>de</strong>s</strong> mesures. Il peut en effet s’agir d’ateliers <strong>de</strong> prise <strong>de</strong> confiance en soi ou<br />

<strong>de</strong> postes <strong>de</strong> travail adaptés. Ces <strong>de</strong>ux choix reflètent <strong>de</strong>ux conceptions différentes.<br />

Dans certains <strong>CPAS</strong>, la démarche est en effet davantage centrée sur la personne. Dans ce<br />

cas, il s’agit d’ateliers <strong>de</strong> remobilisation, d’initiatives impliquant du théâtre ou d’<strong>au</strong>tres<br />

outils encore. L’objectif est que la personne gagne confiance en elle, se sente capable<br />

d’affronter le mon<strong>de</strong> du travail.<br />

Dans d’<strong>au</strong>tres <strong>CPAS</strong>, la démarche est plutôt centrée sur les attentes <strong>de</strong> la société, et passe<br />

donc par l’activation professionnelle. Cette activation professionnelle se passe cependant<br />

dans un cadre différent, davantage protégé, où la compréhension est <strong>de</strong> mise.<br />

Les <strong>de</strong>ux démarches peuvent se faire en interne ou en externe. Pour les démarches<br />

centrées sur la personne, il s’agit cependant plus souvent <strong>de</strong> partenariats avec <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

opérateurs extérieurs, les <strong>CPAS</strong> n’étant en général pas outillés en termes d’outils<br />

d’éducation permanente. En ce qui concerne les démarches plus centrées sur l’emploi, les<br />

<strong>de</strong>ux cas <strong>de</strong> figure sont possibles ; il arrive que le <strong>CPAS</strong> crée en interne <strong><strong>de</strong>s</strong> postes <strong>de</strong><br />

travail adapté, en général dans le cadre <strong>de</strong> l’article 60. C’est ce que nous allons voir dans<br />

le paragraphe suivant.<br />

4.3.1 Activation sociale interne<br />

Dans les <strong>CPAS</strong> 3A et 3E, un travailleur, à temps plein ou à temps partiel, s’occupe plus<br />

spécifiquement <strong>de</strong> l’activation sociale (tandis qu’un <strong>au</strong>tre est chargé <strong>de</strong> l’activation<br />

socioprofessionnelle).<br />

Dans le <strong>CPAS</strong> 3B, cela passe même par une structure spécifique, créée par quatre <strong>CPAS</strong>.<br />

La qualifier d’interne ou d’externe est malaisé, mais cette structure ayant été mise en<br />

place par les <strong>CPAS</strong>, même si elle est <strong>au</strong>tonome, nous la décrivons dans ce paragraphe.<br />

Cette structure organise <strong><strong>de</strong>s</strong> ateliers, prétextes à la resocialisation <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes.<br />

Et à l’association, ils mettent <strong>au</strong>ssi en place <strong><strong>de</strong>s</strong> ateliers, donc couture, cuisine, vie<br />

quotidienne, bois, fer, pour <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes qui ont besoin d’être réinsérées mais qui<br />

ont besoin <strong>de</strong> retravailler pour <strong><strong>de</strong>s</strong> raisons diverses, <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> mental ou pour une<br />

série <strong>de</strong> facteurs, et donc ces personnes-là peuvent être réinsérées socialement en<br />

participant <strong>au</strong>x ateliers, donc ça peut être <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires du RIS ou <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes<br />

qui ont le chômage mais qui ont un lien avec le <strong>CPAS</strong> parce qu’elles sont en gestion<br />

budgétaire ou <strong>au</strong>tre, mais donc les personnes, pour ne pas les laisser à rien chez<br />

elles, participent à ces ateliers pour qu’elles aient un contact social ; et en les faisant<br />

participer à ce genre d’ateliers, elles rentrent dans une dynamique <strong>de</strong> groupe qui<br />

129


positive leur vision sur leur avenir, parce qu’on est dans une société à <strong>de</strong>ux vitesses<br />

et on en a qui baissent les bras <strong>de</strong>vant tout, qui n’ont plus <strong>au</strong>cun espoir, plus <strong>au</strong>cune<br />

motivation, et là, on leur redonne une certaine confiance en elles, elles sont<br />

valorisées par ce qu’elles font, elles vont se déplacer à différents endroits pour<br />

réaliser <strong><strong>de</strong>s</strong> choses, donc ça va plus loin qu’un simple atelier, donc ils reprennent<br />

confiance en eux, et ça leur donne petit à petit, mais il f<strong>au</strong>t travailler dans le long<br />

terme, l’envie <strong>de</strong> démarrer <strong>au</strong>tre chose, envie <strong>de</strong> commencer une formation.<br />

Dans le <strong>CPAS</strong> 3D, c’est par un module spécifique qu’est pris en charge cet aspect <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

choses. Un tel module <strong>de</strong> resocialisation existe également dans le <strong>CPAS</strong> 3C, comme nous<br />

l’avons vu plus tôt. Ces modules permettent également <strong>de</strong> travailler sur les compétences<br />

sociales <strong>de</strong> base nécessaires à toute insertion socioprofessionnelle. Le répondant du <strong>CPAS</strong><br />

3D nous l’explique :<br />

On a également un module <strong>de</strong> remobilisation, et donc dans ce module-là, on essaie<br />

que la personne puisse déjà acquérir certaines compétences, respect <strong><strong>de</strong>s</strong> horaires,<br />

respect <strong><strong>de</strong>s</strong> conseils, mais c’est <strong>au</strong>ssi lui montrer la logique du travail, etc. (…) Donc<br />

ça dure une trentaine d’heures et ça représente 6 à 8 séances sur 2 mois. Ça permet<br />

<strong>au</strong> service d’insertion <strong>de</strong> connaître la personne. (…) Ce module <strong>de</strong> remobilisation<br />

permet d’apprendre plein <strong>de</strong> choses sur la personne et <strong>de</strong> mettre le doigt sur ce qui<br />

fera un peu obstacle à sa réinsertion socioprofessionnelle sur le court ou moyen<br />

terme.<br />

Dans d’<strong>au</strong>tres <strong>CPAS</strong>, c’est plutôt l’activation sociale par l’angle professionnel qui est<br />

privilégiée. Au <strong>CPAS</strong> 3B, par exemple, outre l’activation purement sociale via une<br />

association proche, ils ont mis en place <strong><strong>de</strong>s</strong> postes <strong>de</strong> travail adaptés, plutôt que <strong>de</strong> confier<br />

les bénéficiaires à l’extérieur.<br />

Donc c’est pour ça qu’il est nécessaire <strong>de</strong> créer <strong><strong>de</strong>s</strong> unités <strong>de</strong> travail <strong>de</strong> type protégé,<br />

donc type économie sociale, parce que les plonger directement dans le mon<strong>de</strong> du<br />

travail, c’est un leurre, ils ne sont pas aptes. Il f<strong>au</strong>t dire qu’ils viennent souvent d’un<br />

milieu où les parents ne travaillent pas, donc ça ne va pas leur arriver tout seul<br />

d’avoir nos normes <strong>de</strong> vie. Nous, on ne s’en rend pas compte, mais eux pas : se<br />

lever, être à l’heure, c’est difficile. Donc on a créé, et une <strong>au</strong>tre est en projet, une<br />

économie sociale où les gens peuvent venir et apprendre petit à petit à acquérir ces<br />

valeurs <strong>de</strong> vie. (…) Le mon<strong>de</strong> du travail n’est pas toujours prêt à accueillir ce genre<br />

<strong>de</strong> personnes avec leurs difficultés, donc c’est <strong>de</strong> toute façon un échec, donc pour<br />

certains, les faire passer par cette phase <strong>de</strong> transition est quelque fois nécessaire,<br />

mais évi<strong>de</strong>mment, il ne f<strong>au</strong>t pas les y maintenir.<br />

Dans quelques <strong>CPAS</strong> du cluster 8, nous constatons d’intéressantes pratiques relatives à<br />

l’activation sociale interne. Ainsi, le <strong>CPAS</strong> 3J a conclu une convention <strong>de</strong> collaboration avec<br />

une boutique d’articles <strong>de</strong> secon<strong>de</strong> main (kringwinkel) et avec une ASBL spécialisée dans<br />

l’emploi <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes ayant un handicap. Dans le cadre <strong>de</strong> ce partenariat, ce <strong>CPAS</strong> a créé<br />

un atelier <strong>de</strong> lessive et <strong>de</strong> repassage permettant <strong>de</strong> fournir un emploi abordable. Par<br />

ailleurs, on dispose <strong>de</strong> quelques places réservées pour l’insertion par le travail dans la<br />

boutique d’articles <strong>de</strong> secon<strong>de</strong> main.<br />

Par ailleurs, le <strong>CPAS</strong> 3I a, en collaboration avec quatre <strong>au</strong>tres <strong>CPAS</strong>, accès à un projet du<br />

FSE où les bénéficiaires bénéficient d’un emploi sous accompagnement dans un service<br />

d’espaces verts. Par ailleurs, les agents d’insertion <strong>de</strong> ce projet du FSE fournissent <strong>au</strong>x<br />

bénéficiaires la formation nécessaire. Enfin, le répondant du <strong>CPAS</strong> 3L mentionne que <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

bénéficiaires peuvent être engagés dans le centre <strong>de</strong> quartier. Dans ce centre, une offre<br />

très diversifiée d’activités permet <strong>de</strong> proposer un emploi également <strong>au</strong>x bénéficiaires les<br />

plus difficiles.<br />

Cela n’a pas été précisé, mais il est probable que cette insertion se fasse via l’article 60. Il<br />

f<strong>au</strong>t d’ailleurs préciser que l’activation sociale se fait souvent via l’article 60, plutôt en<br />

interne. C’est un constat que nous avons déjà abordé <strong>au</strong>x quadrants 1 et 2. Certains <strong>CPAS</strong><br />

fournissent en effet une activation sociale personnalisée <strong>au</strong> <strong>sein</strong> <strong>de</strong> leurs propres services<br />

sous un contrat article 60§7.<br />

En effet, be<strong>au</strong>coup <strong>de</strong> nos répondants mettent l’accent sur les compétences sociales qui<br />

font déf<strong>au</strong>t à be<strong>au</strong>coup <strong>de</strong> bénéficiaires – telles que se lever à l’heure, prévenir et rendre<br />

130


un certificat en cas <strong>de</strong> maladie, respecter <strong><strong>de</strong>s</strong> consignes – et sur la possibilité <strong>de</strong> travailler<br />

sur ces aspects via l’article 60, qu’il soit presté à l’intérieur d’une structure du <strong>CPAS</strong> ou <strong>de</strong><br />

la commune 12 (maison <strong>de</strong> repos, magasin <strong>de</strong> secon<strong>de</strong> main, blanchisserie, service <strong>de</strong><br />

espaces verts…).<br />

Néanmoins, d’<strong>au</strong>tres formules sont possibles. C’est le cas dans le <strong>CPAS</strong> 3D, où est mis en<br />

œuvre un dispositif original : préalablement à tout article 60, les bénéficiaires passent par<br />

un stage ALE dans la structure choisie, qui permet <strong>de</strong> tester leur capacité à l’emploi. Ce<br />

type d’arrangement est bien entendu plus facilement envisageable dans une structure du<br />

<strong>CPAS</strong> ou <strong>de</strong> la commune. C’est le cas dans le <strong>CPAS</strong> 3D.<br />

Avant l’article 60, on fonctionne via un petit stage : on fait 45 heures ALE qui<br />

permettent <strong>de</strong> voir s’ils viennent bien à l’heure, s’ils respectent les consignes, s’ils<br />

sont bien motivés, on fait une petite évaluation avec le personnel ouvrier, la<br />

directrice du home, le responsable <strong>de</strong> la crèche pour voir si ça s’est bien passé et si<br />

on peut proposer un article 60. Si ça se passe bien, on propose un contrat, si ça ne<br />

se passe pas bien du tout, on ne propose rien du tout, et si c’est mitigé, je propose<br />

<strong>au</strong> <strong>CPAS</strong> <strong>de</strong> faire 45 h ALE.<br />

4.3.2 Activation sociale externe<br />

Comme nous l’avons vu plus h<strong>au</strong>t, dans le <strong>CPAS</strong> 3E, l’activation sociale est prise en charge<br />

par un travailleur social d’insertion. Celui-ci travaille en collaboration avec d’<strong>au</strong>tres<br />

opérateurs, dans le but <strong>de</strong> rendre confiance <strong>au</strong>x personnes. Son collègue responsable <strong>de</strong><br />

l’insertion nous en parle.<br />

(Avec l’association Y), ils ont fait une pièce <strong>de</strong> théâtre, une comédie musicale, c’est<br />

vraiment très, très bien. (…) Les projets <strong>de</strong> resocialisation, c’est <strong>de</strong>venu quelque<br />

chose dont on ne voudrait plus se passer. (…) On voit que ça a un impact très positif<br />

sur les gens, <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> la reconnaissance, <strong>de</strong> leur confiance en eux. Alors moi, je<br />

les retrouve après <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> l’emploi, mais c’est be<strong>au</strong>coup plus lent, évi<strong>de</strong>mment,<br />

mais l’objectif est <strong>de</strong> travailler à leur remise à l’emploi, et ça arrive avec une ou <strong>de</strong>ux<br />

personnes par an, mais ça arrive, et c’est le but. Moi, je ne vois pas ça uniquement<br />

pour la question <strong>de</strong> l’emploi. Bon, c’est l’objectif, l’idéal, évi<strong>de</strong>mment, mais c’est loin.<br />

Parfois, ça peut arriver et c’est très bien, mais moi, je n’y crois pas <strong>de</strong> prime abord.<br />

Mais avec le travail qui se fait, c’est bien pour la confiance en eux, la reconnaissance,<br />

le bien-être <strong>de</strong> la personne dans ce qui n’est pas mise à l’emploi, car il n’y a pas que<br />

ça.<br />

Remarquons que nous sommes ici dans un type d’activation sociale différent. En effet, il ne<br />

s’agit pas <strong>de</strong> réapprendre certaines normes mais <strong>de</strong> se découvrir, c'est-à-dire <strong>de</strong> définir<br />

ses capacités, ses envies, ses contraintes. L’accent est donc porté sur un prérequis plus<br />

lointain encore <strong>de</strong> la mise à l’emploi. D’ailleurs, le répondant reconnaît que cet objectif est<br />

particulièrement éloigné, peut-être même inaccessible, et qu’il s’agit donc avant tout <strong>de</strong><br />

rendre à la personne son estime <strong>de</strong> soi. Nous sommes donc à nouve<strong>au</strong> dans une approche<br />

davantage centrée sur l’émancipation <strong>de</strong> la personne, ici vue comme un but en soi.<br />

Les <strong>CPAS</strong> flamands du quadrant 3 recourent tous <strong>au</strong>x kringwinkels. Ce type d’organisme<br />

semble, tel que déjà stipulé plus avant, être un partenaire très intéressant sur le plan <strong>de</strong><br />

l’activation sociale.<br />

Par contre, il est rare que dans les mesures <strong>de</strong> resocialisation davantage centrées sur la<br />

mise à l’emploi soient mises en place avec la participation <strong>de</strong> partenaires privés. En effet, à<br />

l’exception <strong>de</strong> certaines initiatives d’économie sociale, le secteur privé n’est pas adapté à<br />

ce type <strong>de</strong> travail <strong>de</strong> suivi intensif. Tout <strong>au</strong> plus, un suivi social en collaboration avec le<br />

<strong>CPAS</strong>, dans le cadre <strong>de</strong> l’article 60, est possible, mais si la personne manifeste un trop<br />

grand écart entre ses attitu<strong><strong>de</strong>s</strong> et les attentes <strong>de</strong> l’utilisateur, le contrat est généralement<br />

rompu.<br />

12 Nous le verrons dans le quadrant suivant, mais remarquons dès à présent que les articles 60<br />

prestés dans une structure <strong>de</strong> la commune sont souvent considérés comme <strong><strong>de</strong>s</strong> articles 60<br />

« internes ».<br />

131


C’est ce que nous explique le répondant du <strong>CPAS</strong> 3C :<br />

On a travaillé comme ça, et on a eu pas mal d’échecs, qui étaient souvent dus à <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

problèmes soci<strong>au</strong>x, <strong>de</strong> respect <strong><strong>de</strong>s</strong> consignes, etc. (…) À un moment donné,<br />

l’employeur disait « non, je romps le contrat » et la personne revenait dans les filets<br />

du <strong>CPAS</strong>.<br />

4.3.3 Résumé<br />

En ce qui concerne l’activation sociale, les <strong>CPAS</strong> du cluster 8 semblent développer<br />

davantage <strong>de</strong> politiques – notamment via les Kringloopwinkels dans les <strong>CPAS</strong> flamands -<br />

que les <strong>CPAS</strong> du cluster 3. Une <strong>au</strong>tre constatation porte sur le fait que l’activation sociale<br />

est basée sur <strong>de</strong>ux gran<strong><strong>de</strong>s</strong> options éthiques. La première est une option émancipatrice :<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> activités permettant <strong>de</strong> reprendre confiance en soi, ou <strong>de</strong> réfléchir à son projet<br />

professionnel sont organisées, sans avoir pour finalité obligée la remise à l’emploi. Si celleci<br />

est possible, c’est un point positif, mais d’<strong>au</strong>tres issues sont possibles ; les répondants<br />

estiment par ailleurs que tout le mon<strong>de</strong> n’est pas capable <strong>de</strong> s’insérer dans le marché du<br />

travail classique. La secon<strong>de</strong> option a pour objectif l’insertion professionnelle. Celle-ci se<br />

réalise par un travail adapté <strong>au</strong>x compétences <strong>de</strong> la personne organisé dans un milieu très<br />

protégé. Il s’agit davantage d’une visée d’émancipation par le travail.<br />

4.4 Phase 4 : formation et expérience<br />

professionnelle<br />

La formation professionnelle est plus rarement développée par ces <strong>CPAS</strong>. Deux cas <strong>de</strong><br />

figure se présentent. Soit la prestation via un article 60 est elle-même considérée comme<br />

une formation permettant une certaine qualification (pour les emplois à faible nive<strong>au</strong> <strong>de</strong><br />

compétence, du type nettoyage), soit il est fait appel à un opérateur extérieur (ou<br />

exceptionnellement, en interne), avant ou pendant l’article 60, pour <strong>au</strong>tant que ce type<br />

d’opérateur existe dans la région. Si ce n’est le cas, l’activation prend juste la forme<br />

d’activation sociale, d’activation professionnelle, mais en mettant <strong>de</strong> côté les aspects<br />

formatifs.<br />

La raison en est principalement un manque d’opérateurs <strong>de</strong> formation dans la zone du<br />

<strong>CPAS</strong>. Ce manque est manifesté par le <strong>CPAS</strong> 3B.<br />

Non, sur l’entité, il n’y en a pas. Il y a juste Y ; à l’athénée, il y a la promotion<br />

sociale, il est arrivé que certaines personnes aillent y suivre <strong><strong>de</strong>s</strong> remises à nive<strong>au</strong> ou<br />

certains cours. Z à A (commune proche), une EFT à B (<strong>au</strong>tre commune proche), mais<br />

l’association est en contact avec un opérateur <strong>de</strong> formation informatique, avec un<br />

opérateur <strong>de</strong> permis <strong>de</strong> conduire. Parce qu’ici, en milieu rural, le problème <strong>de</strong><br />

mobilité est énorme. On a <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes qui vivent <strong>au</strong> camping, sans voiture, les<br />

bus ne passent qu’en pério<strong>de</strong> scolaire. On travaille be<strong>au</strong>coup avec Lire et Écrire<br />

parce qu’on se rend compte que pas mal <strong>de</strong> personnes sont analphabètes.<br />

Nous reviendrons dans le chapitre 6 sur ces soucis <strong>de</strong> mobilité liés à la population.<br />

Pour les <strong>CPAS</strong> 3F et 3G, il n’y a tout simplement pas d’opérateurs <strong>de</strong> formation situés à<br />

proximité.<br />

Quelqu’un qui a 18 ans et qui n’a rien dans les mains, j’<strong>au</strong>rais plutôt tendance à le<br />

mettre en formation, mais le problème, c’est qu’il n’y a rien par ici, donc c’est tout<br />

<strong>de</strong> suite compliqué, et il f<strong>au</strong>t que ça dure longtemps : aller à Liège (ils sont à 70 km)<br />

et revenir tous les soirs, ça fait <strong><strong>de</strong>s</strong> longues journées, ça en démotive plus d’un. (…)<br />

Donc je les oriente plus vers l’emploi.<br />

Dans le <strong>CPAS</strong> 3C, une EFT interne a été mise en place. Cette EFT poursuit un double<br />

objectif : socialiser les personnes et leur donner <strong><strong>de</strong>s</strong> compétences qui, sans passer par une<br />

véritable formation, leur permettront d’avoir accès à <strong><strong>de</strong>s</strong> emplois peu qualifiés. En outre,<br />

suite à <strong><strong>de</strong>s</strong> critiques <strong>de</strong> la part <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires qui les accusaient <strong>de</strong> ne pas leur laisser le<br />

choix, ils proposent également <strong>au</strong>x bénéficiaires les formations organisées par <strong><strong>de</strong>s</strong> EFT<br />

132


externes. Leur public étant peu mobile, ils préfèrent en général souvent choisir la<br />

formation organisée par le <strong>CPAS</strong> que celles nécessitant <strong>de</strong> longs trajets en transport en<br />

commun.<br />

Le principe est <strong>de</strong> dire que les gens rentrent dans une EFT ou OISP et c’est quand ils<br />

ont fait leurs preuves dans ce cadre qu’on va faire une démarche <strong>de</strong> recherche<br />

d’emploi. (…) Et donc c’est comme ça qu’en 1996, en plus du job coaching, on avait<br />

développé l’EFT, donc on tend à ce que les gens occupent un poste dans les filières<br />

du <strong>CPAS</strong> et c’est seulement après, dans le cadre <strong><strong>de</strong>s</strong> filières (<strong>de</strong> formation, ndlr),<br />

qu’on organise le travail <strong>de</strong> job coaching. (…) donc la personne passe par l’atelier <strong>de</strong><br />

mobilisation, puis rentre dans une filière emploi/formation, et puis après, en fonction<br />

<strong>de</strong> son évolution, elle va rentrer dans une démarche <strong>de</strong> job coaching. Donc elle peut<br />

rentrer après 6 mois, ou parfois, pas du tout, ou parfois à la fin <strong>de</strong> son contrat article<br />

60, et c’est comme ça qu’<strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> notre EFT, on a un job coacheur (…)<br />

Finalement, et c’est <strong>au</strong>ssi dû <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> du public qu’on a, on ne considère pas ces<br />

filières-là comme qualifiantes, donc ça veut dire en clair, que si la personne rentre à<br />

la maison <strong>de</strong> repos et qu’elle veut s’investir, elle pourra travailler dans une maison<br />

<strong>de</strong> repos parce qu’elle <strong>au</strong>ra acquis les techniques du nettoyage (…) donc ce n’est pas<br />

qualifiant, c’est vrai et pas vrai en même temps. Ce n’est pas qualifiant dans la<br />

mesure où ce ne sont pas <strong><strong>de</strong>s</strong> métiers à h<strong>au</strong>te technicité.<br />

Nous rencontrons également cela dans le <strong>CPAS</strong> 3I. Nous avons déjà mentionné que par le<br />

biais d’un projet FSE avec d’<strong>au</strong>tres <strong>CPAS</strong>, il est possible d’organiser une trajectoire<br />

d’activation sociale. Par ailleurs, les agents d’insertion ont la tâche d’orienter le <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur<br />

d’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> manière personnalisée <strong>au</strong>près d’une instance <strong>de</strong> formation et ils fournissent<br />

également l’accompagnement nécessaire durant la formation.<br />

On le voit, la limite entre socialisation et formation n’est pas nécessairement hermétique.<br />

Il en est d’ailleurs <strong>de</strong> même pour l’activation professionnelle. En effet, dans be<strong>au</strong>coup <strong>de</strong><br />

<strong>CPAS</strong>, les contrats article 60 servent à la fois <strong>de</strong> socialisation, <strong>de</strong> formation (même si cet<br />

objectif est be<strong>au</strong>coup moins cité par les répondants <strong>de</strong> ce quadrant) et <strong>de</strong> mesure<br />

d’activation professionnelle.<br />

Concernant la différence entre les clusters du quadrant, nous donnons la même explication<br />

que celle que nous avons trouvée dans le quadrant 1. Si nous plaçons sous la loupe les<br />

<strong>CPAS</strong> du cluster 4 : 3I, 3J, 3K et 3I comparés <strong>au</strong>x trois <strong>CPAS</strong> du cluster 8, à savoir 3A, 3B<br />

et 3D, nous constatons que les <strong>CPAS</strong> du cluster 8 ont plus <strong>de</strong> possibilités pour remplir la<br />

phase <strong>de</strong> l’expérience professionnelle et <strong>de</strong> la formation d’une manière personnalisée. Les<br />

<strong>CPAS</strong> du cluster 8 peuvent prévoir un emploi dans <strong><strong>de</strong>s</strong> services tant internes qu’externes.<br />

En interne, nous constatons que les bénéficiaires obtiennent un emploi dans <strong><strong>de</strong>s</strong> maisons<br />

<strong>de</strong> repos, le service <strong>de</strong> nettoyage et <strong>de</strong> bricolage. Concernant les emplois externes, ils<br />

peuvent compter sur une collaboration avec les kringwinkels, <strong><strong>de</strong>s</strong> écoles et<br />

exceptionnellement <strong>au</strong>ssi sur quelques employeurs privés. Dans les <strong>CPAS</strong> mentionnés du<br />

cluster 8 (3A, 3B et 3D), les répondants constatent un manque <strong>de</strong> possibilités d’emploi.<br />

L’extrait du répondant du <strong>CPAS</strong> 3D est très représentatif à cet égard :<br />

Oui, chez nous l’emploi c’est surtout l’article 60§7 dans la boutique d’articles <strong>de</strong><br />

secon<strong>de</strong> main. Surtout dans la boutique d’articles <strong>de</strong> secon<strong>de</strong> main, en fait rien<br />

d’<strong>au</strong>tre. Mais oui, un Kringwinkel ça reste fort éloigné du marché du travail, c’est<br />

encore vraiment fort protégé.<br />

4.4.1 Résumé<br />

Malgré <strong><strong>de</strong>s</strong> différences plus importantes à l’intérieur <strong><strong>de</strong>s</strong> clusters, il semble que les <strong>CPAS</strong><br />

du cluster 8 disposent d’une manière générale <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> possibilités <strong>de</strong> formation que les<br />

<strong>CPAS</strong> du cluster 4.<br />

133


4.5 Phase 5 : activation professionnelle<br />

L’article 60 est la mesure privilégiée par tous les <strong>CPAS</strong>, même si certains tentent d’<strong>au</strong>tres<br />

formules, pour <strong>au</strong>tant que l’agent d’insertion ou l’assistant social soit sur le terrain <strong>de</strong>puis<br />

suffisamment longtemps pour manier les différentes législations.<br />

En outre, l’article 60 est une mesure spécifiquement prévue pour le public <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong>,<br />

comme le rappelle le responsable du service ISP du <strong>CPAS</strong> 3C. Celle-ci vise en effet à<br />

compenser le déficit d’employabilité <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes aidées en accordant <strong>au</strong>x employeurs un<br />

avantage financier.<br />

Au nive<strong>au</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> employeurs privés ou d’<strong>au</strong>tres organismes, ils se disent « la mesure<br />

existe, donc j’essaie d’avoir le meilleur candidat <strong>au</strong>x moindres frais », mais le<br />

problème, c’est que la réalité est qu’on en a toujours pour son argent (…) pourquoi le<br />

gouvernement crée-t-il ces mesures-là ? C’est pour compenser le manque <strong>de</strong><br />

rentabilité <strong>de</strong> ces gens-là. À un moment, vous avez l’exonération <strong><strong>de</strong>s</strong> cotisations<br />

sociales et l’activation <strong>de</strong> 500 €, par exemple (… détails financiers). En réalité, le<br />

ren<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> la personne, suite à absence, rythme lent, sera inférieur, et peut-être<br />

davantage que le bénéfice <strong>de</strong> la mesure, donc les employeurs veulent une rentabilité<br />

<strong>de</strong>, par exemple, 80 %, par rapport à une réduction <strong>de</strong> 50 %, <strong>de</strong> sorte qu’ils aient un<br />

avantage <strong>de</strong> 30 %.<br />

D’ailleurs, les entreprises d’économie sociale sont particulièrement concernées par la<br />

mesure. Elles peuvent en outre s’adapter <strong>au</strong> public visé, ce qui est moins le cas d’une<br />

entreprise privée.<br />

On privilégie l’article 60 majoré dans une entreprise d’insertion sociale, par rapport<br />

<strong>au</strong> SINE, parce que l’employeur ne va rien payer. L’article 60 majoré a été fait pour<br />

l’économie sociale, et donc l’économie sociale est très <strong>de</strong>man<strong>de</strong>use, donc « Si moi, je<br />

dis à une entreprise d’économie sociale, je vais vous mettre un SINE parce que moi,<br />

je gar<strong>de</strong> mon stock d’article 60 majorés pour moi, ils vont me dire « ah non, moi, je<br />

vais dans un <strong>au</strong>tre <strong>CPAS</strong> », parce que les entreprises d’économie sociale jouent <strong>au</strong>ssi<br />

la concurrence entre les <strong>CPAS</strong> en faisant pression », ce qui fait qu’à un moment, je<br />

vais accepter l’article 60 majoré. On est dans cette logique-là, mais comme c’est une<br />

mesure pour ce secteur-là, c’est tout à fait normal qu’eux agissent <strong>de</strong> cette façon-là.<br />

Si les entreprises d’économie sociale, la commune ou le <strong>CPAS</strong> peuvent être plus souples<br />

sur le respect <strong><strong>de</strong>s</strong> règles, l’entreprise privée n’a en général pas la même tolérance. Mais<br />

certains nous disent, notamment le <strong>CPAS</strong> 3E, qu’il est plus probable par contre que la<br />

personne soit engagée dans un contrat <strong>de</strong> travail à la fin <strong>de</strong> l’article 60 mis à disposition<br />

dans une entreprise privée, dès lors qu’un employeur a investi dans la formation <strong>de</strong> la<br />

personne.<br />

En économie sociale, <strong>au</strong> <strong>CPAS</strong> ou à la commune, on est encore assez souple quand<br />

on a une arrivée tardive ou quand on est mala<strong>de</strong> un peu trop souvent, il f<strong>au</strong>t un<br />

certain temps avant que ça ne casse. En entreprise privée, c’est be<strong>au</strong>coup plus<br />

rapi<strong>de</strong>, donc l’entreprise, ce qu’elle veut, c’est quelqu’un qui soit rentable, même si<br />

moi, j’explique bien qu’il f<strong>au</strong>t <strong>au</strong>ssi un temps d’adaptation, mais il est quand même<br />

plus court. Quand ça marche bien en entreprise privée, c’est l’emploi assuré, parce<br />

qu’un patron qui forme un ouvrier pendant un an et <strong>de</strong>mi, après, il l’engage.<br />

En somme, peut-être f<strong>au</strong>t-il voir dans ce type d’article 60 menant à un engagement,<br />

rarement évoqué par les <strong>au</strong>tres <strong>CPAS</strong>, une réduction du déficit d’employabilité <strong>de</strong> la<br />

personne <strong>au</strong> cours <strong>de</strong> la mesure, suite à la formation ou l’apprentissage effectué en<br />

interne, la rendant compétitive avec un travailleur lambda.<br />

En ce qui concerne les postes internes, rappelons qu’ils sont rarement suivis par un<br />

engagement. En général en effet, les postes <strong>au</strong> <strong>CPAS</strong> ou à la commune sont souvent<br />

caractérisés par un plus grand turn over, prévu d’ailleurs pour permettre à un maximum<br />

<strong>de</strong> personnes <strong>de</strong> profiter <strong>de</strong> la mesure. Au <strong>CPAS</strong> 3B, c’est la raison pour laquelle ils<br />

privilégient les employeurs extérieurs.<br />

Depuis que je suis là, j’en ai 5 qui ont fini, parmi lesquels une a été engagée (…).<br />

Souvent, on essaie <strong>de</strong> les placer à l’extérieur via l’association chapitre XII, parce<br />

qu’on a plus <strong>de</strong> chances qu’ils soient engagés à l’extérieur parce qu’en interne, ce<br />

sont <strong><strong>de</strong>s</strong> postes article 60, donc une fois qu’ils terminent, c’est pour laisser place à<br />

134


un <strong>au</strong>tre, mais ceux qui sont à l’extérieur, ils sont engagés, parce qu’à la fin <strong>de</strong><br />

l’article 60, ça leur donne le droit à la carte ACTIVA, donc souvent l’employeur les<br />

réengage via l’ACTIVA et a encore <strong><strong>de</strong>s</strong> primes pendant <strong>de</strong>ux ans.<br />

Le <strong>CPAS</strong> 3F ne nous dit pas <strong>au</strong>tre chose :<br />

Au début, il y en a be<strong>au</strong>coup qu’on a mis <strong>au</strong> home et qui sont restés. Avec , ils nous ont dit dès le début : si on est content et s’ils veulent,<br />

nous, on les engage.<br />

Néanmoins, nous restons circonspects face à ces cas heureux, l’opinion <strong><strong>de</strong>s</strong> interlocuteurs<br />

n’étant pas toujours basée sur un nombre important <strong>de</strong> cas. S’il est vrai que les<br />

engagements sont rares dans les structures <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> ou dans les communes, l’objectif<br />

étant en général une mise à l’emploi d’un maximum <strong>de</strong> personnes, d’<strong>au</strong>tres ne sont pas du<br />

même avis quant à l’engagement selon un contrat classique (ou même ACTIVA ou <strong>au</strong>tre)<br />

après un article 60 par l’employeur où cet article 60 a été presté.<br />

Il est cependant curieux que l’objectif <strong>de</strong> l’article 60 semble être pour certains <strong>de</strong> mener à<br />

un engagement par la même entreprise où a été presté l’article 60. C’est évi<strong>de</strong>mment une<br />

possibilité, sans doute la plus commo<strong>de</strong>, mais l’article 60 peut en lui-même être considéré<br />

comme un tremplin vers l’emploi, fournissant un « précé<strong>de</strong>nt » professionnel lorsqu’il n’y<br />

en avait pas. C’est ce que nous signale le responsable ISP du <strong>CPAS</strong> 3B.<br />

L’objectif est d’utiliser cette pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> mise à l’emploi comme un tremplin (…)<br />

l’emploi en article 60 n’est jamais présenté comme une finalité mais comme un<br />

tremplin vers <strong>au</strong>tre chose.<br />

Néanmoins, certains tentent d’utiliser davantage la mesure article 61, dans l’idée que,<br />

s’agissant d’un contrat <strong>de</strong> travail signé avec l’employeur, la prolongation <strong>de</strong> celui-ci est<br />

plus naturelle que le réengagement sous un nouve<strong>au</strong> statut d’une personne mise à<br />

disposition dans le cadre <strong>de</strong> l’article 60. Il f<strong>au</strong>t d’ailleurs remarquer que la marge entre les<br />

avantages du contrat article 61 et ceux d’<strong>au</strong>tres contrats utilisables à la suite est moins<br />

importante que celle entre l’article 60 et, par exemple, une mesure ACTIVA ou SINE. C’est<br />

ce dont nous parle l’interlocuteur du <strong>CPAS</strong> 3C :<br />

À un certain moment, on a travaillé be<strong>au</strong>coup avec la mesure d’article 60 dans le<br />

privé : les employeurs aimaient bien parce que ça rapportait le plus. Mais le constat,<br />

c’est qu’à un certain moment, on jetait les articles 60, on les considérait comme du<br />

kleenex. Il fallait que ça rapporte. À un certain moment, l’entreprise s’engageait un<br />

peu à reprendre la personne à la fin <strong>de</strong> l’article 60, et il y en a qui jouaient le jeu, et<br />

puis certains, comme par hasard, les problèmes commençaient à la fin <strong>de</strong> l’article<br />

60. On sentait bien qu’à un moment, on construisait toute une histoire pour dire<br />

« Tiens, je ne vais pas le réengager <strong>au</strong> terme <strong>de</strong> l’article 60 », et on me disait « Vous<br />

n’avez pas quelqu’un d’<strong>au</strong>tre ? », alors qu’avec l’article 61, c’est une pério<strong>de</strong> d’essai<br />

pour la personne, mais si la personne convient, à la rigueur, l’employeur ne perd pas<br />

tellement à gar<strong>de</strong>r la personne. En article 60, le <strong>CPAS</strong> intervient tant que la personne<br />

n’a pas récupéré ses droits <strong>au</strong> chômage. Mais avec l’article 61, si la personne est<br />

dans les conditions ACTIVA pour un certain nombre d’années, on ne retombe pas à<br />

zéro à la fin <strong>de</strong> son article 61, car l’employeur peut encore avoir l’exonération <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

cotisations, ou avoir une activation <strong><strong>de</strong>s</strong> 500 euros. Donc l’employeur ne se dit pas<br />

« je vais le virer parce que je vais trop perdre », en réalité, il se dit « je vais encore<br />

avoir l’avantage par la suite », et donc les gens ont plus tendance à continuer. (…) À<br />

l’inverse, quand le <strong>CPAS</strong> met fin <strong>au</strong> contrat <strong>de</strong> travail article 60, parce que la<br />

personne a récupéré ses droits <strong>au</strong> chômage, l’employeur doit se poser la question <strong>de</strong><br />

savoir « Est-ce que je lui fais signer un contrat chez moi ou pas » alors qu’en article<br />

61, la question ne se pose pas, vu que la personne a déjà un contrat <strong>de</strong> travail :<br />

c’est une <strong>au</strong>tre logique ».<br />

Un <strong>au</strong>tre opérateur pense que les entreprises sont potentiellement plus réticentes à user<br />

<strong>de</strong> l’article 61, bien que la mesure puisse mener plus facilement à un engagement que<br />

l’article 60. C’est ce que signale l’opérateur 3E.<br />

Si le 61 avait les mêmes avantages que le 60, on ferait plus vite du 61, parce que<br />

l’entreprise engage la personne directement, donc il y a plus <strong>de</strong> chance pour<br />

qu’après, elle continue à être engagée. Malheureusement, les subsi<strong><strong>de</strong>s</strong> ne suivent<br />

pas <strong>de</strong> la même manière, donc ici, ça ne sert à rien que je propose du 61, parce<br />

135


qu’elles ne seront pas engagées. Si <strong>de</strong>main, on supprimait le 60, mes 40 personnes<br />

en activation, elles retomberaient à 10. C’est quand même pas gagné d’avance, les<br />

gens apprennent assez vite les limites du système et le public qu’on a, qui n’est pas<br />

superqualifié et ne donnera pas satisfaction dès la première semaine, donc ils<br />

hésiteront be<strong>au</strong>coup plus à engager quelqu’un dans ces conditions-là ; par contre,<br />

l’essayer et lui permettre <strong>de</strong> faire ses preuves et puis éventuellement l’engager, ça,<br />

ça fonctionne be<strong>au</strong>coup mieux. Je n’ai pas vraiment <strong>de</strong> gens qui profitent du<br />

système, qui disent « quand il <strong>au</strong>ra fini, trouve-moi vite un <strong>au</strong>tre, <strong>au</strong> contraire.<br />

En ce qui concerne l’utilisation <strong>de</strong> ces différentes mesures, nous ne remarquons pas <strong>de</strong><br />

gran<strong>de</strong> différence entre les clusters. L’article 60 est bien évi<strong>de</strong>mment la mesure<br />

principalement utilisée.<br />

Les <strong>au</strong>tres le sont rarement, principalement pour <strong><strong>de</strong>s</strong> raisons statistiques : sur d’<strong>au</strong>ssi<br />

petits nombres <strong>de</strong> personnes en trajectoire d’activation, elles n’apparaissent pas<br />

<strong>au</strong>tomatiquement. Ce qui semble déterminer l’utilisation <strong>de</strong> ces mesures, ce sont<br />

principalement les capacités <strong>de</strong> l’équipe d’insertion – elles nécessitent en effet <strong>de</strong> connaître<br />

la réglementation y afférant, et certains facteurs comme une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> particulière d’un<br />

employeur potentiel ou d’un bénéficiaire.<br />

Je trouve que c’est compliqué (…) alors je téléphone à X pour qu’elle m’explique.<br />

ACTIVA, j’ai le document pour faire la carte ACTIVA, donc c’est pas possible. Si je<br />

dois le faire pour une raison ou une <strong>au</strong>tre, je vais voir sur le site <strong>de</strong> l’ONEM, mais<br />

même pour moi, je trouve ça compliqué, alors pour les utilisateurs… Le PFI, je dois<br />

chaque fois le relire, j’ai le document ici ; évi<strong>de</strong>mment, je n’en ai pas be<strong>au</strong>coup….<br />

Les seules exceptions sont les <strong>CPAS</strong> 3J, 3K et 3L. Leurs répondants constatent que les<br />

statuts SINE et ACTIVA sont utilisés sur base régulière. Pour le <strong>CPAS</strong> 3L, il s’agit d’une<br />

stratégie consciente <strong>de</strong> proposer tant que possible un statut ACTIVA. Le répondant en<br />

parle en ces termes :<br />

Oui, l’objectif est vraiment <strong>de</strong> réaliser un afflux en ACTIVA. Soit après l’article 60, mais<br />

d’<strong>au</strong>tres personnes n’ont pas besoin <strong>de</strong> l’article 60§7 et nous essayons <strong>de</strong> les orienter<br />

vers d’<strong>au</strong>tres possibilités. Par ailleurs, un SINE ou ACTIVA c’est très bon lorsqu’on a<br />

encore besoin d’un cadre protégé durant un petit temps.<br />

Ceci est une confirmation <strong>de</strong> ce que nous avions déjà constaté à propos <strong><strong>de</strong>s</strong> mesures telles<br />

que SINE et ACTIVA, à savoir que ce sont <strong><strong>de</strong>s</strong> mesures pour les meilleurs bénéficiaires.<br />

Nous rencontrons cela <strong>au</strong>ssi <strong>au</strong> <strong>CPAS</strong> 3K. On y engage <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires dans le cadre d’un<br />

statut ACTIVA ou d’un statut SINE dans les services du <strong>CPAS</strong>. Les bénéficiaires effectuent<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> activités d’un <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> difficulté plus élevé qu’un article 60§7. Le répondant mentionne<br />

que c’est possible car le service <strong>de</strong> nettoyage et le service <strong>de</strong> bricolage sont connus<br />

comme étant un service d’économie locale.<br />

Étrangement, malgré les recommandations <strong>de</strong> l’UVCW et les expériences négatives<br />

exprimées par d’<strong>au</strong>tres utilisateurs, l’article 60§7 en entreprise privée est utilisé, <strong>au</strong> moins<br />

par les <strong>CPAS</strong> 3A, 3B, 3C, 3F, 3G. À moins qu’il ne s’agisse d’un acci<strong>de</strong>nt d’échantillonnage<br />

peut-être est-ce dû <strong>au</strong> manque d’alternatives dans ces régions rurales. Notons que<br />

l’intérim d’insertion n’a jamais été cité, nous y reviendrons dans la <strong><strong>de</strong>s</strong>cription du<br />

quatrième quadrant.<br />

4.5.1 Résumé<br />

On remarque peu <strong>de</strong> différences dans l’utilisation <strong><strong>de</strong>s</strong> mesures entre les <strong>de</strong>ux clusters.<br />

Néanmoins, certains <strong>CPAS</strong> du cluster 8 utilisent davantage les mesures SINE et ACTIVA.<br />

136


4.6 Accompagnement vers le marché du travail<br />

régulier<br />

La <strong>de</strong>rnière étape consiste à accompagner la personne vers le marché <strong>de</strong> l’emploi<br />

classique. Ce suivi est plus difficile à mettre en œuvre. En effet, après avoir récupéré leurs<br />

droits, les bénéficiaires ne dépen<strong>de</strong>nt plus du <strong>CPAS</strong>. Le suivi se fait donc <strong>de</strong> manière<br />

volontaire, et pour <strong>au</strong>tant que le <strong>CPAS</strong> le permette.<br />

En outre, la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> ne disposent pas <strong>de</strong> table<strong>au</strong>x <strong>de</strong> bord quant à la <strong><strong>de</strong>s</strong>tinée<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> personnes qu’ils ont activées. Si ce ne sont les nouvelles que leur donnent parfois un<br />

ancien bénéficiaire avec lequel une relation <strong>de</strong> confiance s’est créée, ils ne connaissent pas<br />

la suite <strong>de</strong> la trajectoire <strong>de</strong> la personne.<br />

Néanmoins, plusieurs travaillent <strong>au</strong> suivi avant la fin <strong>de</strong> la mesure article 60 (ou <strong>de</strong> toute<br />

<strong>au</strong>tre mesure) et proposent <strong>au</strong>x bénéficiaires la possibilité <strong>de</strong> profiter d’un<br />

accompagnement, d’une ai<strong>de</strong> à la préparation <strong>de</strong> CV, d’un job coaching, etc. Ce suivi se<br />

fait souvent en collaboration avec la mission régionale. C’est le cas dans le <strong>CPAS</strong> 3G :<br />

Que ce soit en MIRE ou à la fin d’un article 60, surtout dans l’article 60, j’essaie qu’il<br />

y ait un suivi : « si tu es d’accord, je suis toujours là, on peut refaire un CV, on peut<br />

refaire une lettre <strong>de</strong> motivation, je peux te revoir dans un cadre MIRE (l’interlocuteur<br />

est agent d’insertion à temps partiel et travaille à la MIRE sur un <strong>au</strong>tre temps partiel)<br />

et plus dans un cadre <strong>CPAS</strong>, et on peut faire un stage en entreprise, etc. (…).<br />

D’<strong>au</strong>tres pratiquent également ce suivi, c’est le cas <strong><strong>de</strong>s</strong> 3A, 3C et 3E (avec la MIRE, via la<br />

mesure 500), du 3B (<strong>de</strong> manière systématisée). Le 3C se montre cependant critique à<br />

propos <strong>de</strong> la mesure 500 :<br />

Par exemple, la mesure 500 €, on sait peu l’utiliser, car il y a une trop gran<strong>de</strong><br />

rigueur : trois mois avant, on rentre la personne dans le dispositif, mais on perd son<br />

temps parce que la personne n’a pas acquis les compétences et donc trois mois<br />

avant, ça ne veut pas dire charrette, et d’<strong>au</strong>tres personnes <strong>au</strong>ront acquis les<br />

compétences après 6 mois, et ce qui est fait en matière <strong>de</strong> job coaching ne sera pas<br />

comptabilisé parce que ce n’est pas trois mois avant… donc ce n’est pas<br />

suffisamment flexible (…) (par rapport <strong>au</strong> suivi trois mois après) Oui et non, parce<br />

qu’il y a une obligation morale, dans le sens où nous <strong>au</strong>tres, on travaille avec <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

contrats d’intégration, qui vont dire « on rentre dans une démarche <strong>de</strong> job coaching<br />

qu’on va contractualiser », mais là, encore, si vous avez dépassé la pério<strong>de</strong> article 60<br />

ou la pério<strong>de</strong> où la personne est aidée par le <strong>CPAS</strong>, la personne peut dire « je<br />

continue parce que ça m’apporte » ou « j’arrête », donc si la personne n’est pas<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>use, on ne sait rien faire.<br />

Le 3A se montre également réservé quant à la volonté <strong>de</strong> certains bénéficiaires <strong>de</strong> revenir<br />

sur le marché <strong>de</strong> l’emploi et, partant, <strong>de</strong> se faire suivre :<br />

Ce qui est prévu, normalement, c’est que le <strong>de</strong>rnier mois <strong>de</strong> l’article 60, ils peuvent<br />

être suivis par la mission régionale un mois avant la fin <strong>de</strong> leur contrat pour faire<br />

leur CV et préparer leur recherche d’emploi : j’en ai très peu qui font la démarche.<br />

(…) J’ai l’impression que pour certains, l’objectif, c’est vraiment d’être chômeur,<br />

comme si certains pouvaient considérer que le chômage, c’est une fin en soi. Mais le<br />

risque est que les gens reviennent ensuite en sanction chômeur.<br />

L’interlocuteur du <strong>CPAS</strong> 3C émet les mêmes remarques.<br />

Les femmes qu’on rencontre <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> du RIS ne sont pas obligatoirement dans une<br />

logique professionnelle ; elles ont 22-23 ans, suite à une séparation, mais leur<br />

objectif n’est pas nécessairement d’intégrer le marché du travail : leur objectif, c’est<br />

d’élever les enfants, donc concilier les <strong>de</strong>ux, c’est un énorme boulot. Donc à un<br />

certain moment, ce n’est pas rare que la personne se dise « le <strong>CPAS</strong> va me casser<br />

les pieds pendant un an et <strong>de</strong>mi, et puis je reviens <strong>au</strong> scénario original qui est<br />

d’élever les enfants et <strong>de</strong> rester à la maison, et donc à ce moment-là, les gens ne<br />

sont pas <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs. (…) On rédige les CV, les gens n’ont pas envie <strong>de</strong> l’envoyer…<br />

(…).<br />

137


La mesure 500 est peu critiquée pour elle-même. Par contre, son application, obligatoire<br />

pour le bénéficiaire avant la fin <strong>de</strong> son contrat mais facultative une fois qu’il a récupéré ses<br />

droits, l’est bien davantage. En effet, le suivi en <strong>de</strong>vient d’<strong>au</strong>tant moins probant, et la<br />

personne peut arrêter toute démarche dans l’intervalle ou elle ne sera pas à nouve<strong>au</strong><br />

sollicitée par le service régional pour l’emploi et donc perdre le bénéficie <strong><strong>de</strong>s</strong> démarches<br />

d’activation qu’elle avait entreprises.<br />

Les <strong>CPAS</strong> 3J, 3K et 3L estiment très important <strong>de</strong> collaborer avec un service régional pour<br />

l’emploi. Ces répondants signalent que la relation avec le service régional pour l’emploi se<br />

déroule bien. Au <strong>CPAS</strong> 3L, le service emploi se situe dans le Centre <strong>de</strong> placement. Le<br />

répondant signale à cet égard que cela comporte <strong><strong>de</strong>s</strong> avantages évi<strong>de</strong>nts pour<br />

l’accompagnement et le relais du bénéficiaire. Tel que déjà mentionné ci-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus, le service<br />

régional pour l’emploi semble être un partenaire essentiel lorsque le bénéficiaire a achevé<br />

une mesure d’activation. La présence dans le Centre <strong>de</strong> placement est surtout importante<br />

pour stimuler la concertation à propos du bénéficiaire entre l’agent d’insertion du <strong>CPAS</strong> et<br />

l’accompagnateur du service régional pour l’emploi. De même, <strong>au</strong> <strong>CPAS</strong> 3K, on est<br />

convaincu que la collaboration avec le service régional pour l’emploi se déroule bien. Dans<br />

ce <strong>CPAS</strong>, un seul <strong><strong>de</strong>s</strong> travailleurs soci<strong>au</strong>x est employé à temps plein <strong>au</strong> Centre <strong>de</strong><br />

placement et il remplit la fonction <strong>de</strong> coordinateur. C’est pourquoi il est possible, en<br />

fonction <strong>de</strong> chaque répondant, d’organiser pour chacun un projet emploi avec les agents<br />

d’insertion du Centre <strong>de</strong> placement. Ainsi, un ramassage <strong><strong>de</strong>s</strong> détritus dans les rues <strong>de</strong> la<br />

commune est régulièrement effectué avec les groupes <strong>de</strong> bénéficiaires.<br />

4.6.1 Résumé<br />

En ce qui concerne l’accompagnement vers le marché du travail, on remarque certaines<br />

différences. À nouve<strong>au</strong>, celles-ci ne se marquent pas sur tous les <strong>CPAS</strong>, <strong><strong>de</strong>s</strong> différences<br />

importantes subsistant à l’intérieur <strong><strong>de</strong>s</strong> clusters. Néanmoins, davantage <strong>de</strong> <strong>CPAS</strong> du cluster<br />

8 déclarent avoir <strong>de</strong> bons contacts avec le service régional pour l’emploi.<br />

4.7 Conclusion : différences entre le cluster 4 et le<br />

cluster 8<br />

Les <strong>de</strong>ux clusters <strong>de</strong> <strong>CPAS</strong> du quadrant 3 présentent un t<strong>au</strong>x d’activation durable différent.<br />

Tout comme <strong>au</strong> quadrant 1, nous essayons d’arriver à une explication univoque. Au<br />

quadrant 1, nous avons constaté assez rapi<strong>de</strong>ment que les différences <strong>de</strong> t<strong>au</strong>x d’activation<br />

peuvent être attribuées à la politique d’activation dans les <strong>de</strong>ux clusters. Les <strong>CPAS</strong> d’un<br />

cluster ayant moins <strong>de</strong> réussite disposent, selon les répondants respectifs, <strong>de</strong> possibilités<br />

limitées pour proposer <strong>au</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur d’ai<strong>de</strong> une trajectoire d’activation personnalisée. La<br />

question qui s’impose est <strong>de</strong> savoir s’il est possible <strong>de</strong> retrouver cette explication dans les<br />

<strong>CPAS</strong> du quadrant 3.<br />

Nous constatons que 3I, 3J, 3K et 3L du cluster 8 (ayant le t<strong>au</strong>x le plus élevé) ont élaboré<br />

une trajectoire d’activation adaptable. Ainsi, ces <strong>CPAS</strong> semblent, par la contraction <strong>de</strong><br />

partenariats, disposer d’une offre diversifiée d’emplois. Ces partenariats peuvent être<br />

conclus tant avec d’<strong>au</strong>tres <strong>CPAS</strong> (3I), le Centre <strong>de</strong> placement (3L), les kringwinkels<br />

qu’avec d’<strong>au</strong>tres ASBL <strong>de</strong> la commune (3J et 3K). La plus-value <strong>de</strong> ces partenariats<br />

s’exprime surtout en phase 3 (activation sociale), en phase 4 (expérience professionnelle<br />

et formation) et en phase 5 (activation professionnelle) <strong>de</strong> la trajectoire d’activation. Ainsi,<br />

ces <strong>CPAS</strong> semblent, comparés <strong>au</strong>x <strong>CPAS</strong> du cluster 4, disposer d’une offre d’emplois<br />

diversifiée. Un exemple très intéressant est le <strong>CPAS</strong> 3J. Ce <strong>CPAS</strong> a démarré une<br />

convention <strong>de</strong> collaboration avec la boutique d’articles <strong>de</strong> secon<strong>de</strong> main et une ASBL dans<br />

l’environnement local. Cela permet <strong>de</strong> disposer d’une offre d’emplois qui s’étend sur la<br />

phase 3 (insertion par le travail et atelier <strong>de</strong> repassage) et la phase 4 <strong>de</strong> la trajectoire<br />

d’activation. Par ailleurs, ce <strong>CPAS</strong> dispose d’une offre d’emplois internes permettant dans<br />

le cadre d’un service d’économie locale <strong>de</strong> proposer <strong>au</strong>x <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs d’ai<strong>de</strong> un emploi sous<br />

un statut SINE ou ACTIVA. Enfin, ce <strong>CPAS</strong> a développé une très bonne relation avec le<br />

VDAB <strong>au</strong> <strong>sein</strong> du Centre <strong>de</strong> placement. L’un <strong><strong>de</strong>s</strong> travailleurs soci<strong>au</strong>x est employé à temps<br />

138


plein comme coordinateur <strong>au</strong> Centre <strong>de</strong> placement, ce qui permet <strong>de</strong> maintenir un bon<br />

contact entre <strong>CPAS</strong> et VDAB.<br />

Par ailleurs, il est possible que le milieu dans lequel les <strong>CPAS</strong> travaillent, ainsi que la<br />

population bénéficiaire, puissent <strong>au</strong>ssi expliquer les différences. En effet, dans le cadre <strong>de</strong><br />

clusters, il arrive que <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> aient <strong><strong>de</strong>s</strong> t<strong>au</strong>x d’activation durable fortement divergents<br />

alors que le personnel affecté à l’insertion socioprofessionnelle est le même. C’est le cas<br />

notamment <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> (<strong><strong>de</strong>s</strong> clusters 1, 3 et 2), dont 1 et 3 sont dans le même quadrant.<br />

Les politiques communales peuvent être néanmoins encore légèrement différentes, mais<br />

comme le fait remarquer le responsable du <strong>CPAS</strong> 3E, elles se sont harmonisées <strong>de</strong>puis la<br />

mise en place <strong>de</strong> la Loi <strong>de</strong> 2002.<br />

Au début, oui, le <strong>CPAS</strong> <strong>de</strong> W a toujours été assez actif en matière <strong>de</strong> mise à l’emploi,<br />

et parfois à mon sens, trop actif, parce qu’on ne prenait pas le temps <strong>de</strong> bien évaluer<br />

la situation <strong><strong>de</strong>s</strong> gens. Au <strong>CPAS</strong> <strong>de</strong> X, <strong>au</strong> début que j’étais ici, peut-être trop<br />

l’inverse : lorsque moi, je voulais activer quelqu’un en disant « il peut essayer », on<br />

me répondait « non, il f<strong>au</strong>t encore attendre », <strong>CPAS</strong> <strong>de</strong> Y, c’était encore pire, <strong>CPAS</strong><br />

<strong>de</strong> Z, c’était dans la bonne moyenne. Pourquoi ? C’est <strong>au</strong>ssi le conseil, en fonction<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> tendances, oriente l’action vers l’emploi ou pas. Mais j’ai quand même vu<br />

l’évolution <strong>au</strong> fil <strong><strong>de</strong>s</strong> années, ça a quand même fort tendance à s’uniformiser. Et<br />

maintenant, même à Y, on met à l’emploi. Mais en 2005, la loi était encore fort<br />

récente.<br />

Néanmoins, la situation géographique, le contexte socioéconomique, peuvent expliquer<br />

certains aspects, <strong>au</strong>-<strong>de</strong>là <strong><strong>de</strong>s</strong> quatre catégories définies dans les quadrants.<br />

Malheureusement, nous ne disposons pas <strong>de</strong> données fouillées pour étayer cette<br />

hypothèse.<br />

En outre, sur <strong>de</strong> relativement petits <strong>CPAS</strong>, <strong>au</strong> nombre <strong>de</strong> bénéficiaires du RI peu élevé,<br />

chaque cas a un impact d’<strong>au</strong>tant plus important, et suivant le contexte purement local<br />

(nombre d’articles 60 <strong>au</strong> <strong>CPAS</strong>, mis à disposition <strong>de</strong> la commune, d’entreprises d’économie<br />

sociale, d’entreprises privées ; politique <strong>de</strong> ces différents acteurs quant à la conservation<br />

ou non <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes ayant bénéficié d’une mesure d’activation…), les différences peuvent<br />

être liées à d’<strong>au</strong>tres facteurs contingents.<br />

En outre, le profil <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires peut également être un élément d’explication. D’après<br />

nombre <strong>de</strong> nos répondants, il semble que certaines caractéristiques puissent être corrélées<br />

avec l’attitu<strong>de</strong> du bénéficiaire envers l’emploi. Dès lors la part <strong>de</strong> certaines catégories dans<br />

la population <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires du RI (personnes vivant en habitations sociales, primoarrivants,<br />

jeunes en décrochage scolaire, entrepreneurs ayant fait faillite, femmes<br />

divorcées) peut avoir une influence sur le t<strong>au</strong>x d’activation durable ; nous y reviendrons<br />

ultérieurement. Nous nous refuserons ici à signaler les propos <strong><strong>de</strong>s</strong> différents acteurs<br />

caractérisant leur public, car ceux-ci sont vraisemblablement trop subjectifs.<br />

Reste cependant qu’un critère objectif pourrait expliquer les différences. Il s’agit du<br />

morcellement <strong>de</strong> la trajectoire d’activation, et plus principalement <strong>de</strong> la division du travail<br />

entre différents acteurs. A priori, cette division <strong>de</strong>vrait permettre <strong>de</strong> spécialiser les<br />

intervenants et donc <strong>de</strong> les rendre plus compétents, mais peut-être les effets négatifs, tels<br />

que les difficultés <strong>de</strong> coordination ou <strong>de</strong> communication, prennent-ils le pas sur les<br />

avantages, et plus encore lorsque la division du travail implique non seulement différentes<br />

personnes mais également différents acteurs institutionnels.<br />

Il est <strong>au</strong>ssi probable qu’un morcellement <strong>de</strong> l’accompagnement implique l’intervention <strong>de</strong><br />

plusieurs AS, ayant chacun leur façon <strong>de</strong> faire, et leur opinion quant à l’orientation la plus<br />

adaptée pour un bénéficiaire. À l’inverse, lorsqu’il y a un seul agent, celui-ci peut <strong>de</strong>venir<br />

un référent, construire une relation <strong>de</strong> confiance avec le bénéficiaire, ce qui lui permet <strong>de</strong><br />

proposer <strong><strong>de</strong>s</strong> outils et pistes d’activation adéquats. Ce qui signifie que si en outre, en plus<br />

du morcellement, <strong>au</strong>cun intervenant ne joue le rôle d’agent <strong>de</strong> référence mais que le<br />

bénéficiaire est transmis d’un agent, service ou structure à un(e) <strong>au</strong>tre, possédant chacun<br />

leur point <strong>de</strong> vue et leur spécialisation sans pour <strong>au</strong>tant avoir accès à une vision globale du<br />

bénéficiaire, <strong>de</strong> son <strong>parcours</strong> et <strong>de</strong> ses projets, le <strong>parcours</strong> du bénéficiaire peut perdre son<br />

fil conducteur. Cette fragmentation peut être liée à <strong><strong>de</strong>s</strong> problèmes <strong>de</strong> communication, à<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> restrictions liées <strong>au</strong> respect du secret professionnel ou à l’absence d’un intervenant<br />

139


prenant le rôle <strong>de</strong> coordinateur. Enfin, le bénéficiaire peut être l’otage du jeu <strong><strong>de</strong>s</strong> relations<br />

<strong>de</strong> pouvoir en cours dans le ou les services d’ISP.<br />

Une <strong>de</strong>rnière explication pourrait rési<strong>de</strong>r en ce qu’une part non négligeable du public,<br />

réfractaire à tout emploi, profite <strong><strong>de</strong>s</strong> zones d’incertitu<strong>de</strong> créées et se dissimulent dans les<br />

maillons où ils sont le moins sollicités, contrôlés, bref, activés.<br />

140


CHAPITRE 5 LE QUADRANT 4 HAUT<br />

RATIO DE CHÔMAGE ET HAUT TAUX D’ALLOCATAIRES<br />

Le quadrant 4, caractérisé à la fois par un t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> chômage et par un t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> bénéficiaires<br />

du revenu d’intégration important, regroupe exclusivement <strong><strong>de</strong>s</strong> villes. Celles-ci sont<br />

réparties en <strong>de</strong>ux clusters, ne présentant pas <strong>de</strong> différence importante en ce qui concerne<br />

leur t<strong>au</strong>x d’activation durable.<br />

Le premier cluster présente un t<strong>au</strong>x d’activation durable moyen <strong>de</strong> 3,34 % et regroupe les<br />

cinq villes principales du pays, à savoir Bruxelles, Anvers, Gand, Charleroi et Liège. Le<br />

second cluster est constitué <strong>de</strong> villes et communes <strong>de</strong> la Région bruxelloise ainsi que d’une<br />

gran<strong>de</strong> partie <strong><strong>de</strong>s</strong> villes principales wallonnes. Le t<strong>au</strong>x d’activation durable moyen <strong>de</strong> ce<br />

cluster est <strong>de</strong> 2,78 %.<br />

La plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> communes <strong>de</strong> la Région <strong>de</strong> Bruxelles-Capitale se trouvant dans ce quadrant,<br />

nous en profiterons pour traiter certains points particuliers à la Région bruxelloise.<br />

Table<strong>au</strong> 41 : personnel affecté <strong>au</strong>x services soci<strong>au</strong>x génér<strong>au</strong>x et à l’activation et nombre<br />

<strong>de</strong> bénéficiaires dans une trajectoire d’activation, pour chacun <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong>.<br />

<strong>CPAS</strong> Nombre<br />

d’assistants<br />

soci<strong>au</strong>x<br />

Cluster 6 À plein<br />

temps<br />

À<br />

temps<br />

partiel<br />

Nombre d’agents<br />

d’insertion<br />

À plein temps À<br />

temps<br />

partiel<br />

4A 29 (et 17<br />

administratifs)<br />

Autres accompagnateurs Nombre <strong>de</strong><br />

clients dans<br />

une<br />

trajectoire<br />

d’activation<br />

À plein temps À<br />

temps<br />

partiel<br />

(85<br />

dossiers<br />

par AI)<br />

4B 4400 RI,<br />

la plupart<br />

activés<br />

4C 17 3500<br />

4D 202,48<br />

ETP<br />

98,8<br />

ETP<br />

21,05 ETP 5430<br />

4E 219 129 41 38 1465<br />

Cluster 7<br />

4F 8 (dont 4<br />

2 (cours <strong>de</strong><br />

1200<br />

administratifs)<br />

langue)<br />

4G 13 (et 8<br />

4 (accomp.<br />

1500<br />

administratifs)<br />

pédagogique)<br />

4I 15 3 1100 RI,<br />

pas tous<br />

en<br />

insertion<br />

4K 3 500<br />

4L 5 (et 2<br />

administratif)<br />

550<br />

4M 32 2000<br />

4N 2000<br />

4O 14 5 500<br />

4P 25<br />

141


Au <strong>CPAS</strong> 4D, les données ont été données en nombre d’ équivalents temps plein.<br />

5.1 Phase 1 : travailler <strong>au</strong>x conditions<br />

fondamentales<br />

Dans ces <strong>CPAS</strong> <strong>de</strong> plus gran<strong>de</strong> taille, la division du travail est plus importante que dans les<br />

plus petits <strong>CPAS</strong>. Non seulement les travailleurs soci<strong>au</strong>x ne s’occupent plus <strong>de</strong> l’ensemble<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> problématiques, mais en outre différents services, nombreux, sont institués, tels que<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> maisons <strong>de</strong> repos ou <strong>de</strong> soin, <strong><strong>de</strong>s</strong> services d’ai<strong>de</strong> à domicile, <strong><strong>de</strong>s</strong> services <strong>de</strong> repas à<br />

domicile, et d’<strong>au</strong>tres services spécialisés, notamment en ce qui concerne l’insertion.<br />

Il y a également souvent présence d’antennes sociales locales décentralisées, qui<br />

constituent la première porte d’entrée du <strong>CPAS</strong>. Celles-ci accueillent les candidats sur une<br />

base géographique. C’est le cas notamment <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> 4A, 4B, 4C, 4D, 4E, 4H, 4M et 4O.<br />

Ce sont ces antennes qui s’occupent à dispatcher les personnes, selon leurs besoins ou<br />

<strong>de</strong>man<strong><strong>de</strong>s</strong>, vers les <strong>au</strong>tres services, ces services étant centralisés pour l’ensemble <strong>de</strong> la<br />

commune (même s’ils peuvent bénéficier d’une implantation géographique propre).<br />

Dans d’<strong>au</strong>tres <strong>CPAS</strong>, <strong><strong>de</strong>s</strong> antennes n’ont pas été créées mais le service social général<br />

distribue les candidats bénéficiaires entre ses différents travailleurs selon <strong><strong>de</strong>s</strong> normes<br />

géographiques, liées <strong>au</strong>x quartiers. C’est le cas par exemple dans le <strong>CPAS</strong> 4I :<br />

Il y a un AS par quartier qui fait <strong><strong>de</strong>s</strong> permanences (mais pas d’antenne), en fonction<br />

<strong>de</strong> l’âge plus ou moins <strong>de</strong> 24 ans. On prend acte <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, après débriefing <strong>de</strong><br />

la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> l’AS qui a fait l’accueil les dispache <strong>de</strong> manière à ce que tout le mon<strong>de</strong><br />

ait plus ou moins le même nombre <strong>de</strong> dossiers. Le problème, c’est que dans la<br />

cellule sociale il n’y a pas l’ISP alors que dans la cellule jeunes, il y a l’ISP <strong>au</strong>ssi donc<br />

il ne f<strong>au</strong>t pas qu’ils aient trop <strong>de</strong> dossiers, dans la cellule sociale l’ISP est faite par la<br />

cellule insertion.<br />

Cette division du travail nécessite évi<strong>de</strong>mment une bonne coordination entre les antennes<br />

sociales locales (ou le service social général, dans le cas <strong><strong>de</strong>s</strong> communes qui n’ont pas<br />

développé d’antenne) et le service ISP. Cette communication peut prendre différentes<br />

formes.<br />

Par exemple, dans le <strong>CPAS</strong> 4A, les agents d’orientation se ren<strong>de</strong>nt chaque semaine dans<br />

les antennes, <strong>de</strong> manière à assurer une bonne concertation.<br />

Un lien permanent a été mis en place entre l’ISP et les antennes par 4 agents<br />

d’orientation qui chaque semaine vont dans les antennes.<br />

Dans le <strong>CPAS</strong> 4C, <strong><strong>de</strong>s</strong> réunions sont également organisées pour désamorcer les<br />

mécompréhensions possibles entre agents :<br />

Parfois les AS sont exaspérés par une situation, quelqu’un qui n’avance pas dans sa<br />

recherche <strong>de</strong> travail et ils ne comprennent peut-être pas pourquoi il n’est pas mis <strong>au</strong><br />

travail tout <strong>de</strong> suite, donc on veut améliorer en tous cas les échanges entre les AS et<br />

les agents d’insertion, pour ça il y a <strong><strong>de</strong>s</strong> petites équipes <strong>de</strong> notre département, on<br />

fait le tour <strong><strong>de</strong>s</strong> 10 antennes sociales pour expliquer ce qu’on fait, pourquoi et<br />

comment on le fait. On reçoit <strong>au</strong>ssi les nouve<strong>au</strong>x engagés pour expliquer nos<br />

activités.<br />

Afin <strong>de</strong> mener à bien l’harmonisation entre le travailleur social et les agents d’insertion, les<br />

<strong>CPAS</strong> 4D et 4E souhaitent maintenir la présence <strong><strong>de</strong>s</strong> agents d’insertion dans le quartier. Au<br />

<strong>CPAS</strong> 4D, chaque agent d’insertion dispose d’un jour <strong>de</strong> consultation fixe dans l’un <strong><strong>de</strong>s</strong> huit<br />

bure<strong>au</strong>x soci<strong>au</strong>x. Selon le répondant, le lien avec le quartier est crucial pour éviter une<br />

culture insulaire entre les agents d’insertion d’une part et les travailleurs soci<strong>au</strong>x d’<strong>au</strong>tre<br />

part, et ce afin d’harmoniser la vision qu’a le travailleur social <strong>au</strong> sujet <strong>de</strong> l’activation avec<br />

celle <strong>de</strong> l’agent d’insertion. Par ailleurs, on souhaite par ces jours <strong>de</strong> consultation réduire<br />

les différences entre les bure<strong>au</strong>x soci<strong>au</strong>x.<br />

Ces jours <strong>de</strong> consultation, c’est hyper important pour éviter une culture insulaire sur le<br />

plan <strong>de</strong> l’emploi. Nous <strong>de</strong>vons constamment y être attentifs. Et chez nous il n’y a pas<br />

seulement un risque <strong>de</strong> séparation entre travailleur social et agent d’insertion. Nous<br />

142


constatons par ailleurs que nos agents d’insertion indiquent clairement qu’un bure<strong>au</strong><br />

du bien-être est plus restrictif que l’<strong>au</strong>tre.<br />

Au <strong>CPAS</strong> 4E, un accompagnateur professionnel travaille dans chacun <strong><strong>de</strong>s</strong> vingt-cinq centres<br />

soci<strong>au</strong>x. Celui-ci a pour tâche <strong>de</strong> préparer le <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur d’ai<strong>de</strong> à sa trajectoire d’activation<br />

proprement dite. Il mène un entretien <strong>de</strong> screening et quelques entretiens<br />

d’accompagnement, et essaie d’orienter le bénéficiaire vers un emploi adapté et/ou une<br />

formation. Lorsqu’un bénéficiaire entre en considération pour un emploi dans le cadre <strong>de</strong><br />

l’une <strong><strong>de</strong>s</strong> mesures d’activation ou s’il souhaite poursuivre une formation <strong>au</strong> <strong>CPAS</strong>, alors il<br />

est orienté vers le service d’activation.<br />

La transmission <strong><strong>de</strong>s</strong> dossiers <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires se fait soit dès l’initiation <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>,<br />

soit une fois que la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> problèmes immédiats sont résolus. C’est notamment le cas<br />

dans le <strong>CPAS</strong> 4C, où les problèmes princip<strong>au</strong>x doivent être résolus. L’extrait suivant est<br />

très représentatif <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> du quadrant 4 :<br />

Qui détermine l’aptitu<strong>de</strong> d’une personne <strong>au</strong> travail ? Nous on doit se réserver cette<br />

expertise, quand il y a un doute, s<strong>au</strong>f si problème <strong>de</strong> santé important, l’AS général<br />

ne va pas orienter la personne vers nous, mais va d’abord régler les problèmes <strong>de</strong><br />

santé avant <strong>de</strong> l’orienter. S’il y a un doute et si c’est quelqu’un dont on ne sait pas<br />

vraiment bien évaluer ses capacités, c’est <strong>au</strong> département d’insertion <strong>de</strong> faire<br />

l’analyse et <strong>de</strong> faire le retour <strong>au</strong> service social général. Pour le moment, ça se fait <strong>au</strong><br />

cas par cas, selon les personnes, selon l’AS et la relation avec le bénéficiaire, selon la<br />

hiérarchie. Mais globalement, on gar<strong>de</strong> l’expertise <strong>de</strong> l’appréciation en tous cas en<br />

matière d’insertion.<br />

Cela étant dit, outre ce choix <strong>de</strong> transmettre le dossier dès qu’une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’ai<strong>de</strong> est<br />

formulée ou lorsque les problèmes princip<strong>au</strong>x sont réglés, une <strong>au</strong>tre distinction, préalable<br />

à cette <strong>de</strong>rnière, peut être établie entre les <strong>CPAS</strong> selon que l’activation est une démarche<br />

obligée ou qu’une certaine latitu<strong>de</strong> est laissée <strong>au</strong> bénéficiaire.<br />

C’est ainsi que selon les cas, il y a ou non obligation pour le bénéficiaire <strong>de</strong> se présenter <strong>au</strong><br />

service ISP. C’est le cas dans le <strong>CPAS</strong> 4A, par exemple :<br />

Toute personne qui vient s’adresser <strong>au</strong> <strong>CPAS</strong> et qui est <strong>de</strong>man<strong>de</strong>use d’une ai<strong>de</strong> (RIS<br />

ou <strong>au</strong>tre) dès la première <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, on envisage son insertion socioprofessionnelle.<br />

C’est <strong>au</strong>ssi le cas dans le <strong>CPAS</strong> 4F :<br />

Dans la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> cas, s<strong>au</strong>f raison <strong>de</strong> santé et d’équité, dans la notification d’ai<strong>de</strong><br />

que les bénéficiaires reçoivent, il est convenu que les personnes prennent contact<br />

avec notre service, c’est une <strong><strong>de</strong>s</strong> conditions. Donc le bénéficiaire doit le faire, il y en<br />

a qui le font rapi<strong>de</strong>ment, il y en a d’<strong>au</strong>tres pour lesquels il f<strong>au</strong>t traduire la<br />

notification, et donc c’est une heure <strong>de</strong> ren<strong>de</strong>z-vous, et on fait un bilan<br />

socioprofessionnel, donc on passe en revue le <strong>parcours</strong> scolaire, les équivalences,<br />

l’expérience professionnelle, et on essaie d’aller vers un projet socioprofessionnel<br />

cohérent en passant par différentes étapes suivant les personnes.<br />

Dans le <strong>CPAS</strong> 4M, il s’agissait <strong>au</strong>paravant d’une démarche libre ; à présent, c’est <strong>de</strong>venu<br />

une obligation :<br />

Avant, les gens venaient spontanément, ils <strong>de</strong>mandaient un ren<strong>de</strong>z-vous et puis ils<br />

ne venaient pas, et donc on trouve que c’est important que ça fasse partie d’une<br />

démarche globale du <strong>CPAS</strong>, et donc c’est quand le travailleur social prescrit qu’il y a<br />

une fiche relais où on <strong>de</strong>man<strong>de</strong> une série d’informations.<br />

C’est <strong>au</strong>ssi le cas dans le <strong>CPAS</strong> 4L :<br />

Avant, on recevait les gens à leur <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, et puis fin <strong><strong>de</strong>s</strong> années 90, on a<br />

commencé à voir tout bénéficiaire du minimex pour faire leur profil, donc avant 2002<br />

et la Loi à l’intégration sociale.<br />

Cette obligation doit cependant être quelque peu tempérée. En effet, différents <strong>CPAS</strong><br />

soulignent qu’il s’agit d’une sensibilisation. La politique <strong>de</strong> la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong>, en général,<br />

n’est pas <strong>de</strong> sanctionner <strong>de</strong> manière systématique. C’est ce que nous signale par exemple<br />

l’interviewée du <strong>CPAS</strong> 4C :<br />

143


Je pense qu’à un moment donné, il f<strong>au</strong>t utiliser la contrainte, mais si on appliquait la<br />

loi <strong>au</strong> sens strict, on n’arrêterait pas <strong>de</strong> sanctionner ou <strong>de</strong> mettre en <strong>de</strong>meure.<br />

Dès lors, s’il y a bien entendu <strong><strong>de</strong>s</strong> sanctions dans la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong>, celles-ci se font<br />

principalement à l’encontre <strong>de</strong> gens dont l’absence <strong>de</strong> volonté à coopérer est manifeste<br />

(non présentation à plusieurs ren<strong>de</strong>z-vous consécutifs, absences injustifiées lors d’un<br />

article 60, abandon d’une formation). Mais la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> signalent que l’activation<br />

reste une démarche <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> la sensibilisation plutôt que <strong>de</strong> la contrainte.<br />

Par exemple, la responsable du <strong>CPAS</strong> 4F, qui nous indiquait que l’exigence d’une prise <strong>de</strong><br />

contact avec le service ISP est jointe à la notification d’une ai<strong>de</strong> et est une condition <strong>de</strong><br />

celle-ci, tempère quelque peu ses propos. En effet, l’activation ne doit pas nécessairement<br />

se faire par le biais <strong>de</strong> leur service.<br />

On est là pour ai<strong>de</strong>r les gens, pas pour sanctionner même s’il y a parfois <strong><strong>de</strong>s</strong> cas où<br />

on n’a pas le choix. Mais les gens viennent sur base volontaire, même si la loi dit<br />

qu’il y a mise à disposition, mais ils ne sont pas obligés d’utiliser notre service, ils<br />

peuvent aller à la mission locale ou <strong>au</strong>tre.<br />

D’<strong>au</strong>tres <strong>CPAS</strong> ont donc pris le parti <strong>de</strong> ne pas systématiser l’activation mais <strong>de</strong> laisser la<br />

liberté à la personne <strong>de</strong> venir ou non. Au <strong>CPAS</strong> 4B, notamment, les bénéficiaires ne sont<br />

pas obligés <strong>de</strong> se présenter <strong>au</strong> service ISP, mais cette liberté <strong>de</strong> choix s’explique par le<br />

manque <strong>de</strong> ressources humaines affectées à ce département :<br />

On accueille les personnes du <strong>CPAS</strong> uniquement, donc pas <strong>de</strong> chômeur, pas d’<strong>au</strong>tres<br />

<strong>CPAS</strong>, donc on travaille sur base d’un volontariat ; en principe, les gens viennent<br />

s’inscrire volontairement, chez nous. Parfois, ils sont envoyés par leur AS d’antenne,<br />

mais on ne travaille pas sous la contrainte. (…) Il n’y a pas d’obligation à venir. On<br />

ne tiendrait pas le coup, déjà le nombre <strong>de</strong> dossiers est aberrant. On tourne déjà<br />

<strong>au</strong>tour <strong>de</strong> 3500 dossiers, on ne s<strong>au</strong>rait pas accueillir tout le mon<strong>de</strong>. Un gros <strong>CPAS</strong> ne<br />

sait pas fonctionner comme un petit <strong>CPAS</strong> où il y a trois personnes sur l’insertion. On<br />

ne peut pas travailler dans la contrainte. Parfois il y a une contrainte, les personnes<br />

viennent en se disant « si je n’y vais pas, mon AS d’antenne va me tirer les<br />

oreilles ».<br />

Mais dans la plupart, qu’il y ait contrainte ou non, la sensibilisation est <strong>de</strong> mise.<br />

L’interlocuteur du <strong>CPAS</strong> 4C nous en parle :<br />

On essaie <strong>de</strong> sensibiliser les gens, vu qu’une <strong><strong>de</strong>s</strong> conditions <strong>de</strong> l’octroi <strong>de</strong> leur ai<strong>de</strong>,<br />

c’est d’être disponible sur le marché <strong>de</strong> l’emploi, et donc l’idée, c’est qu’il y ait une<br />

collaboration et qu’une relation <strong>de</strong> confiance se crée et que malgré cette notion <strong>de</strong><br />

contrôle, on est surtout là pour établir quelque chose qui va fonctionner et qui, à<br />

terme, va mener à un emploi. (…) On explique bien à chaque personne qu’il y a un<br />

cadre légal qui nous contraint, et qu’on est obligé <strong>de</strong> fonctionner par rapport à cela,<br />

et que ce cadre légal dit qu’on est obligé <strong>de</strong> contrôler la disposition <strong>au</strong> travail <strong>de</strong><br />

chaque personne (…).<br />

C’est un point que be<strong>au</strong>coup <strong>de</strong> <strong>CPAS</strong> soulignent : travailler simplement sous la contrainte<br />

ne donne pas <strong>de</strong> résultat. Il f<strong>au</strong>t arriver à sensibiliser les bénéficiaires à l’intérêt <strong>de</strong> la<br />

démarche et d’un processus d’insertion sociale et professionnelle. Par ailleurs, certains<br />

<strong>CPAS</strong> font remarquer que <strong>de</strong> manière générale, les sanctions, <strong>de</strong> l’ONEM mais <strong>au</strong>ssi parfois<br />

du <strong>CPAS</strong>, concernent principalement <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes qui ne sont pas en mesure <strong>de</strong> répondre<br />

<strong>au</strong>x exigences qui étaient posées, parce que rencontrant d’<strong>au</strong>tres problèmes sérieux<br />

d’ordre privé.<br />

5.1.1 Résumé<br />

La plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> du quadrant 4 étant urbains et <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> taille, leur organisation<br />

interne a dû être adaptée. Be<strong>au</strong>coup ont mis en place <strong><strong>de</strong>s</strong> antennes locales, situées dans<br />

différents quartiers. Celles-ci reçoivent les <strong>de</strong>man<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes, et les dispatchent<br />

ensuite <strong>au</strong>x services concernés. L’opportunité <strong>de</strong> confier une personne <strong>au</strong> service<br />

d’insertion dépend <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>au</strong>tres problèmes que le bénéficiaire rencontre, mais on note<br />

144


cependant une tendance <strong>de</strong> plus en plus prégnante à initier les démarches d’insertion en<br />

même temps que d’<strong>au</strong>tres problèmes sont résolus. En général, à un agent d’insertion<br />

correspon<strong>de</strong>nt un ou plusieurs assistants soci<strong>au</strong>x du service social, <strong>de</strong> manière à faciliter la<br />

communication.<br />

Suivant les moyens disponibles pour le service ISP, le public pris en charge n’est pas le<br />

même : dans certains <strong>CPAS</strong>, tous les bénéficiaires d’un RIS ou d’une ASE doivent<br />

rencontrer le service ISP, dans d’<strong>au</strong>tres, <strong>au</strong>x moyens plus limités, cette rencontre se fait<br />

sur base volontaire. Quelle que soit l’option choisie, les répondants insistent sur la<br />

nécessité d’une volonté d’insertion <strong>de</strong> la part du bénéficiaire pour que la démarche<br />

d’activation soit efficace.<br />

5.2 Phase 2 : trajectoire d'accompagnement<br />

Les services d’insertion socioprofessionnelle sont structurés <strong>de</strong> manière plus complexe que<br />

dans les <strong>CPAS</strong> <strong>de</strong> plus petite taille. Une première subdivision distingue les personnes <strong>de</strong> la<br />

tranche d’âge 18-24 ans <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes <strong>de</strong> 25 ans et plus. Dans bien <strong><strong>de</strong>s</strong> cas, <strong>de</strong>ux<br />

services distincts ont été créés.<br />

Le service consacré <strong>au</strong>x jeunes <strong>de</strong> 18 à 24 ans peut être une subdivision soit du service<br />

social général, soit du service ISP. Ce service spécifique prend en charge dans certains cas<br />

l’ensemble <strong>de</strong> la trajectoire, et dans d’<strong>au</strong>tres uniquement les jeunes <strong>au</strong>x étu<strong><strong>de</strong>s</strong>, renvoyant<br />

les <strong>au</strong>tres, pour ce qui concerne leur insertion socioprofessionnelle, <strong>au</strong> service ISP.<br />

On trouve un service spécifique notamment dans le <strong>CPAS</strong> 4G :<br />

Les étudiants <strong>de</strong> plein exercice ne sont pas suivis <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> l’insertion, donc il y a<br />

une spécificité du service social où ils ont séparé la population <strong><strong>de</strong>s</strong> moins <strong>de</strong> 25 ans<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>au</strong>tres, et donc ils sont suivis par <strong><strong>de</strong>s</strong> AS qui ne reçoivent que les moins <strong>de</strong> 25<br />

ans et <strong>au</strong> même endroit, il y a la cellule étudiants où sont analysés tous les projets<br />

d’étu<strong>de</strong>, donc un premier avis est rendu par les personnes qui y travaillent et qui<br />

analysent la faisabilité du projet, mais <strong>au</strong>ssi sa pertinence par rapport <strong>au</strong> <strong>parcours</strong> <strong>de</strong><br />

la personne, <strong>de</strong> son âge, <strong>de</strong> toute une série <strong>de</strong> facteurs, et une fois que c’est fait, il y<br />

a un rapport conjoint <strong>de</strong> l’AS du service social et du travailleur social <strong>de</strong> la cellule<br />

étu<strong>de</strong>, qui passe <strong>au</strong> comité du service social, et c’est là que la décision est prise.<br />

C’est <strong>au</strong>ssi le cas dans le <strong>CPAS</strong> 4I :<br />

Au départ, il y a le service social général, tout ce qui est ISP est délégué à la mission<br />

locale, il y a <strong><strong>de</strong>s</strong> AS détachés à la mission locale. En 2002, changement <strong>de</strong> loi pour<br />

les 18-25ans, une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> a été faite pour constituer une cellule pour les 18-24<br />

ans, qui se charge <strong>de</strong> l’octroi <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> financière et <strong>de</strong> l’ISP. Le service social général<br />

a éclaté en différentes cellules : énergie, logement, jeunes, cellule secours, une<br />

cellule ISP pour les plus <strong>de</strong> 24 ans, …etc. (…) Il y a la cellule ISP composée <strong><strong>de</strong>s</strong> exagents<br />

détachés à la mission locale qui font l’accompagnement <strong><strong>de</strong>s</strong> plus <strong>de</strong> 25 ans,<br />

et <strong>de</strong> la recherche d’emploi pour les 18-24ans. (…) La cellule 18-24 ans fait tout<br />

l’accompagnement <strong>de</strong> l’octroi <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> financière et <strong>de</strong> l’ISP en partenariat avec<br />

l’<strong>au</strong>tre cellule pour la recherche emploi.<br />

Une secon<strong>de</strong> subdivision assez fréquente distingue les travailleurs qui s’occupent du suivi<br />

<strong>de</strong> la personne tout <strong>au</strong> long <strong>de</strong> sa trajectoire <strong>de</strong> ceux qui ne s’occupent que du suivi lors <strong>de</strong><br />

l’article 60. C’est le cas notamment dans le <strong>CPAS</strong> 4G :<br />

Après ça, il y a l’aspect qualitatif qu’on essaie <strong>de</strong> mettre en avant, donc c’est pour ça<br />

qu’il y a 5 personnes qui ne s’occupent que <strong><strong>de</strong>s</strong> articles 60, <strong>de</strong> tout le processus, <strong>de</strong><br />

la sélection <strong><strong>de</strong>s</strong> candidats à leur accompagnement pendant le contrat <strong>de</strong> travail, où<br />

on essaie vraiment <strong>de</strong> mettre cet aspect-là en avant, <strong>de</strong> dire « nous, on ne vous<br />

donne pas un ticket pour le chômage, on a envie que cette expérience ait un sens<br />

par rapport à votre <strong>parcours</strong> précé<strong>de</strong>nt et surtout pour la suite : qu’est-ce que ça va<br />

vous ouvrir comme porte pour après ». Ce n’est pas toujours possible, mais on<br />

essaie que ce soit un plus.<br />

145


Il arrive également parfois que <strong><strong>de</strong>s</strong> travailleurs spécifiques s’occupent <strong>de</strong> la mise en place<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>au</strong>tres mesures (article 61, PTP, ACTIVA). C’est notamment le cas dans le <strong>CPAS</strong> 4I :<br />

Les <strong>au</strong>tres types d’activation – ACTIVA, PTP –, ce sont les AS <strong>de</strong> la cellule 18-24 ans<br />

ou ceux <strong>de</strong> la cellule secours si plus <strong>de</strong> 25 ans, ça ne passe pas par la cellule ISP.<br />

Par contre, <strong><strong>de</strong>s</strong> subdivisions plus fines, si elles ont parfois été tentées, ne sont<br />

généralement plus d’actualité. Un <strong><strong>de</strong>s</strong> plus petits <strong>CPAS</strong> <strong>de</strong> ce quadrant a décidé <strong>de</strong><br />

spécialiser davantage ses travailleurs, mais la décision est récente et la réforme ne va<br />

démarrer que dans quelques temps, il s’agit du 4I :<br />

On est dans une époque <strong>de</strong> transition : avant, une seule personne s’occupait <strong>de</strong> tout,<br />

maintenant, on essaie <strong>de</strong> différencier, certaines plus pour l’accueil, d’<strong>au</strong>tres plus<br />

pour étudiants, recherche d’emploi, formation, parce qu’on s’est rendu compte que<br />

notre manière <strong>de</strong> travailler ne correspondait plus <strong>au</strong>x attentes <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires.<br />

D’<strong>au</strong>tres spécialisations très fréquentes sont le screening et l’évaluation. Tant <strong>au</strong> <strong>CPAS</strong> 4D<br />

qu’<strong>au</strong> <strong>CPAS</strong> 4E, il y a une équipe responsable <strong>au</strong>tonome pour le screening et l’évaluation<br />

du bénéficiaire. Ces agents d’insertion ont pour mission d’orienter le bénéficiaire sur base<br />

d’un ou plusieurs entretiens préliminaires vers l’une <strong><strong>de</strong>s</strong> nombreuses possibilités<br />

d’activation. Au <strong>CPAS</strong> 4D, les agents d’insertion sont accompagnés pour se soumettre<br />

également à une évaluation technique. Le <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur d’ai<strong>de</strong> est soumis dans ce cadre à<br />

quelques épreuves techniques qui doivent l’amener à bonne <strong><strong>de</strong>s</strong>tination.<br />

De la même manière, le <strong>CPAS</strong> 4O a conservé une distinction entre un service orientation,<br />

un service socialisation et un service emploi.<br />

À l’inverse, d’<strong>au</strong>tres <strong>CPAS</strong>, bruxellois notamment, avaient parfois mis en place une<br />

spécialisation reflétant les quatre étapes <strong>de</strong> l’insertion telles que définies par Actiris. La<br />

plupart en sont revenus, comme le détaille la personne interrogée <strong>au</strong> <strong>CPAS</strong> 4G :<br />

Donc la plaque tournante est toujours l’AS, qui va s’assurer qu’il n’y a pas <strong>de</strong> raisons<br />

<strong>de</strong> santé ou d’équité, donc qui, après avoir analysé la situation dans son ensemble,<br />

considère qu’il n’y a pas d’obstacle majeur à une insertion sur le marché <strong>de</strong> l’emploi,<br />

et donc on fonctionne <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux façons : pour les publics <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 25 ans, c’est un<br />

accueil individualisé, donc il y a un premier contact qui est pris par l’AS avec <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

agents d’insertion ici qui vont faire un premier entretien qui est un bilan et où ils<br />

vont faire tout le tour <strong>de</strong> la situation avec le jeune, donc voir quel a été son <strong>parcours</strong><br />

scolaire, s’il y a eu un <strong>parcours</strong> professionnel et quels sont les objectifs à court,<br />

moyen et à long terme et sur base <strong>de</strong> cela (interruption téléphonique) on démarre<br />

un suivi. Mais on est en plein changement : avant, on était spécialisé : une partie<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> agents étaient spécialisés dans les phases 1, 2 et 3, une partie dans la phase 4<br />

et une <strong>au</strong>tre partie qui ne fait que la gestion <strong><strong>de</strong>s</strong> articles 60, et donc maintenant, on<br />

souhaite revenir à une vision plus générale où l’agent d’insertion ne serait plus<br />

spécifique mais généraliste, et donc il s’occuperait <strong>de</strong> la phase 1 à la phase 4. Une<br />

fois que le bilan est fait, s’engage un suivi (…), on définit un contenu <strong>au</strong> PIIS, et puis<br />

c’est du cas par cas : on voit les gens plus ou moins souvent selon leurs besoins,<br />

leur <strong>de</strong>gré d’<strong>au</strong>tonomie, leurs <strong>de</strong>man<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>au</strong>ssi, avec la particularité qu’il y a la notion<br />

<strong>de</strong> contrôle, donc on est obligé <strong>de</strong> voir les gens <strong>de</strong> manière régulière, donc on essaie<br />

<strong>de</strong> se tenir à une fois par mois, ce qui n’est pas be<strong>au</strong>coup, et avec la possibilité <strong>de</strong><br />

venir à <strong><strong>de</strong>s</strong> permanences une fois par semaine, pour <strong><strong>de</strong>s</strong> questions très ponctuelles.<br />

En fait, be<strong>au</strong>coup estiment que la polyvalence du travailleur est importante, à la fois parce<br />

qu’elle permet un suivi <strong>de</strong> meilleure qualité <strong>de</strong> la personne et parce qu’elle permet <strong>au</strong><br />

travailleur <strong>de</strong> se sentir davantage impliqué. Le responsable du <strong>CPAS</strong> 4M nous en<br />

entretient :<br />

Ici, on a un fil rouge. C’est la même personne qui reçoit (…) du début <strong>au</strong> C4, c’est<br />

toujours la même personne qui suit (…) La polyvalence dans notre spécialité, est<br />

quelque chose d’intéressant, parce qu’on finit par avoir son expertise, chacun, <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

équipes, il y a un côté relations publiques qui est intéressant <strong>au</strong>ssi. Mais si on veut<br />

faire <strong>de</strong> l’article 61, on a quelqu’un <strong>de</strong> spécialisé là-<strong>de</strong>dans, mais on a, à un moment<br />

donné, voulu que quelqu’un fasse le tri à l’entrée du service, mais c’est frustrant<br />

parce qu’il va découvrir un be<strong>au</strong> profil et le filer à un collègue, mais il va <strong>au</strong>ssi mettre<br />

<strong>de</strong> côté les m<strong>au</strong>vais profils. Donc je pense que c’est intéressant <strong>de</strong> suivre la<br />

personne et <strong>de</strong> voir, à un moment donné, l’aboutissement <strong>de</strong> tout le processus.<br />

146


L’intérêt d’avoir un accompagnateur fixe est <strong>au</strong>ssi souligné par le répondant du <strong>CPAS</strong> 4D :<br />

Nous trouvons que c’est important, il y a un seul agent d’insertion qui suit le<br />

bénéficiaire tout <strong>au</strong> long <strong>de</strong> l’emploi. Celui-ci réduit les entretiens en <strong>de</strong>hors du lieu <strong>de</strong><br />

travail et suit la trajectoire.<br />

Au <strong>CPAS</strong> 4E, on désigne l’agent d’insertion en fonction du lieu d’emploi. Chaque<br />

accompagnateur est responsable d’un ou <strong>de</strong> plusieurs ateliers soci<strong>au</strong>x où, dans la plupart<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> cas, plusieurs bénéficiaires sont engagés. La principale plus-value <strong>de</strong> cette répartition<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> tâches est le fait que l’employeur peut toujours s’adresser à la même personne <strong>de</strong><br />

contact dans le cadre <strong>de</strong> la prévention <strong><strong>de</strong>s</strong> problèmes.<br />

Seul un <strong>CPAS</strong> nous a indiqué avoir fait le choix <strong>de</strong> ne pas assurer le suivi d’un bénéficiaire<br />

par un seul travailleur. Dans ce cas, un outil existe permettant <strong>de</strong> faire le lien entre les<br />

différents agents d’insertion. Voici ce qu’en dit ce <strong>CPAS</strong>, le 4B :<br />

Ce n’est pas un travailleur qui fait tout l’accompagnement, c’est un ensemble <strong>de</strong><br />

personnes, une cinquantaine qui travaillent avec les mêmes personnes. Chaque<br />

travailleur en interaction avec un bénéficiaire note l’action. Ceci permet <strong>de</strong> faciliter le<br />

travail <strong><strong>de</strong>s</strong> agents qui peuvent situer les <strong>de</strong>man<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires.<br />

Enfin, notons que d’<strong>au</strong>tres spécialisations existent parfois, notamment dans les plus gros<br />

<strong>CPAS</strong>. C’est le cas par exemple dans le <strong>CPAS</strong> 4B, comme nous l’signale notre<br />

interlocuteur :<br />

L’agent d’orientation a une boîte à outils, il peut orienter vers le conseiller emploi,<br />

vers un espace emploi, vers la sélection article 60, vers la cellule relationsentreprises,<br />

vers le plan <strong>de</strong> transaction, vers une mise en situation active, ou alors<br />

vers un partenaire. Un ensemble <strong>de</strong> services qui vont <strong>de</strong> l’insertion sociale jusqu’à la<br />

mise à l’emploi. Dans l’orientation, l’agent va choisir entre toutes ces possibilités. La<br />

grosse porte d’entrée c’est l’espace emploi.<br />

C’est <strong>au</strong>ssi le cas dans le <strong>CPAS</strong> 4F, où différentes tâches sont prises par différentes<br />

personnes :<br />

Nous sommes treize personnes : une responsable, cinq agents d’insertion en charge<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> quatre phases, <strong>de</strong>ux accompagnateurs qui vont suivre le travailleur pendant son<br />

contrat article 60. Une personne en charge <strong>de</strong> la prospection, <strong><strong>de</strong>s</strong> plans d’emb<strong>au</strong>che<br />

et <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux <strong>au</strong>tres projets : la mesure 500 et une formation dans le cadre <strong><strong>de</strong>s</strong> titres-<br />

services (mise à l’emploi dans le cadre <strong><strong>de</strong>s</strong> SINE). Les agents administratifs : 2<br />

agents d’accueil – tout est sur ren<strong>de</strong>z-vous en ISP, il n’y a pas <strong>de</strong> permanence –,<br />

une <strong>au</strong>tre administrative qui s’occupe du suivi administratif <strong><strong>de</strong>s</strong> articles 60. Reste<br />

une personne qui donne <strong><strong>de</strong>s</strong> cours <strong>de</strong> français <strong>au</strong>x primo-arrivants.<br />

Bien entendu, tous ces services nécessitent une gran<strong>de</strong> coordination. C’est ainsi que<br />

différentes réunions sont mises en place, comme nous l’signale à nouve<strong>au</strong> le responsable<br />

du <strong>CPAS</strong> 4B :<br />

Il y a <strong><strong>de</strong>s</strong> réunions organisationnelles où les agents se retrouvent pour discuter <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

aspects <strong>de</strong> fonctionnement du service, et d’<strong>au</strong>tres pour <strong><strong>de</strong>s</strong> analyses <strong>de</strong> cas qui<br />

posent problème, réflexion commune avec décision d’orientation collégiale. Il y a le<br />

staff énergie. Tous les 15 jours il y a une structure participative, avec un<br />

représentant <strong>de</strong> chaque équipe et qui permet <strong>de</strong> faire la transversalité en termes<br />

organisationnels et en termes <strong>de</strong> questions <strong>de</strong> perspective.<br />

C’est <strong>au</strong>ssi le cas <strong>au</strong> <strong>CPAS</strong> 4C :<br />

Les personnes qui suivent les personnes <strong>au</strong> travail, (…) c’est une grosse structure<br />

(…) Une réunion tous les quinze jours, et <strong>au</strong>ssi une fois par semaine pour présenter<br />

les dossiers <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes qu’on propose pour la mise à l’emploi.<br />

147


En général, une séance d’informations collective est organisée dans ce <strong>CPAS</strong>. C’est<br />

notamment le cas dans les <strong>CPAS</strong> 4A, 4C, 4G, 4H, 4L, 4M, 4N et 4O.<br />

L’informatrice du <strong>CPAS</strong> 4G nous l’explique :<br />

La gran<strong>de</strong> différence avec les plus <strong>de</strong> 25 ans se situe <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> l’accueil, donc eux<br />

viennent tous les mardis matins, il y a une séance d’information, l’AS remet, après<br />

analyse préalable, raisons <strong>de</strong> santé et d’équité, situation sociale, une feuille<br />

d’information dans laquelle il est précisé qu’ils peuvent se présenter à telle et telle<br />

date <strong>au</strong> service (…) et donc tous les mardis, on a une personne qui accueille les plus<br />

<strong>de</strong> 25 ans et qui explique comment ça marche, quels sont les droits, les obligations<br />

<strong>de</strong> chacun, et à l’issue <strong>de</strong> cette séance d’information, un questionnaire est remis à la<br />

personne et on dégage la première gran<strong>de</strong> orientation et sur base <strong>de</strong> ça, chacun est<br />

orienté vers un agent d’insertion et le suivi démarre, avec le même fonctionnement<br />

que pour les jeunes.<br />

Nous ne pouvons prétendre à l’exh<strong>au</strong>stivité. Dans un travail d’une telle ampleur, les<br />

répondants ne donnent pas le détail sur tous les axes <strong>de</strong> leurs actions. Nous supposons<br />

néanmoins que ce type <strong>de</strong> découpage du travail, <strong>de</strong> modalité d’accueil est quasi général<br />

pour <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> <strong>de</strong> cette taille.<br />

5.2.1 Screening<br />

À Bruxelles, pour le screening, c’est majoritairement le BSP développé par l’AVCB qui est<br />

utilisé et considéré comme la base d’un outil BSP flexible. Le <strong>CPAS</strong> 4I nous en parle :<br />

On a fait <strong><strong>de</strong>s</strong> documents internes, <strong><strong>de</strong>s</strong> fiches d’i<strong>de</strong>ntification pour ceux qu’on envoie<br />

à la cellule insertion pour la recherche emploi, <strong><strong>de</strong>s</strong> questionnaires étudiant pour<br />

leur <strong>parcours</strong> précé<strong>de</strong>nt, leurs relations familiales etc. On se base sur le bilan<br />

socioprofessionnel édité par l’association <strong><strong>de</strong>s</strong> villes.<br />

En Wallonie, comme les plus petits <strong>CPAS</strong>, les grands <strong>CPAS</strong> ont pris leur distance à tout<br />

type d’outils prédéfinis et ont construit, ou reconstruit <strong>au</strong> départ d’un outil existant, leur<br />

propres outils.<br />

Par exemple, le <strong>CPAS</strong> 4L utilise un bilan propre, dans le cadre d’une discussion plus large.<br />

Pour tous, on a ce qu’on appelle un bilan socioprofessionnel ou un profil, et on étudie<br />

avec eux leur <strong>parcours</strong> scolaire, formatif, d’emploi, et puis leurs souhaits, leurs<br />

projets : ce qu’ils ont envie <strong>de</strong> faire ou pas, dans quoi est-ce qu’ils se sentiraient à<br />

l’aise, quels sont leurs projets (…), qui se fait à l’accueil <strong>de</strong> la personne, dans un <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

premiers entretiens (…) via une discussion mais qui est appuyée par un<br />

questionnaire qu’on a créé.<br />

Le <strong>CPAS</strong> 4M, pour sa part, est parti d’un BSP développé dans le cadre du FSE, mais l’a<br />

simplifié pour son usage propre :<br />

Le <strong>parcours</strong> <strong>de</strong> la personne, c’est la construction du projet, c’est la séance <strong>de</strong><br />

recrutement, c’est la présentation chez son employeur, c’est un stage d’immersion<br />

avant contrat, <strong>de</strong> trois mois maximum, pendant lequel la personne reçoit un euro <strong>de</strong><br />

l’heure. Pendant ce stage, il y a <strong><strong>de</strong>s</strong> évaluations (<strong>au</strong> moins une formelle), puis la<br />

personne signe son contrat, il y a une première évaluation après <strong>de</strong>ux mois, une<br />

<strong>au</strong>tre à mi-<strong>parcours</strong> et une <strong>de</strong>rnière en fin <strong>de</strong> <strong>parcours</strong>, faites avec une grille. On a<br />

travaillé longtemps avec la grille FSE <strong>de</strong> la cellule FSE du SPP : plus jamais, c’est<br />

<strong>de</strong>venu très lourd, ingérable, les trucs du FSE, donc on s’en est inspiré et on a <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

grilles d’évaluation.<br />

Les <strong>CPAS</strong> flamands du quadrant 4 ont tous développé leur propre métho<strong>de</strong>. Au <strong>CPAS</strong> 4D,<br />

on utilise un outil qui, selon le répondant, est comparable à la métho<strong>de</strong> du Bilan<br />

Socioprofessionnel. Le point noir du screening, dans ce <strong>CPAS</strong>, se situe toutefois lors <strong>de</strong><br />

l’évaluation technique. Le répondant signale en revanche qu’en raison <strong>de</strong> l’afflux <strong>de</strong><br />

bénéficiaires, les tests <strong>de</strong> compétences techniques se limitent à quelques groupes à risques<br />

tels que les jeunes sans expérience professionnelle. Par ailleurs, les agents d’insertion<br />

déci<strong>de</strong>nt eux-mêmes qui ils transfèrent à leurs collègues <strong>de</strong> l’évaluation. Au <strong>CPAS</strong> 4E, on<br />

148


s’est constitué un outil qui est relié <strong>au</strong> système d’inscription interne. Le principal objectif<br />

étant d’enregistrer dans une base <strong>de</strong> données les étapes du bénéficiaire sur le plan <strong>de</strong><br />

l’activation. Cela permet à chaque assistant social impliqué <strong>de</strong> découvrir les princip<strong>au</strong>x<br />

domaines problématiques du bénéficiaire.<br />

5.2.2 Résumé<br />

En ce qui concerne l’insertion, nombreux sont les <strong>CPAS</strong> qui ont créé <strong>de</strong>ux services<br />

distincts, l’un pour les moins <strong>de</strong> 25 ans (lorsque ce n’est pas le service social général qui<br />

s’en occupe), l’<strong>au</strong>tre pour les 25 ans et plus. Ces <strong>de</strong>ux services ne sont pas toujours<br />

hermétiques : dans certaines communes, les personnes <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 25 ans sont confiées<br />

<strong>au</strong> service ISP, pour peu qu’elles ne soient pas étudiantes <strong>de</strong> plein exercice <strong>de</strong> jour.<br />

Il arrive également que l’insertion sociale soit prise en charge par le service social général<br />

ou par une subdivision distincte et non par le service ISP. Enfin, le suivi <strong><strong>de</strong>s</strong> articles 60 est<br />

parfois également <strong>au</strong>tonome. Notons cependant que chaque bénéficiaire conserve<br />

généralement un agent d’insertion <strong>de</strong> référence.<br />

La première rencontre avec le service ISP prend en général la forme d’une séance<br />

d’information collective.<br />

Enfin, le bilan professionnel est réalisé avec l’outil proposé par l’AVCB, à Bruxelles, ou par<br />

un outil propre, parfois dérivé d’un BSP « officiel », en Wallonie et en Flandre<br />

5.3 Phase 3 : activation sociale<br />

Le thème <strong>de</strong> l’activation sociale fut moins développé par les intervenants <strong>de</strong> la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong>CPAS</strong> que pour d’<strong>au</strong>tres <strong>CPAS</strong> plus petits. Peut-être est-ce dû <strong>au</strong> fait que dans une grosse<br />

structure, l’entretien a davantage porté sur les thèmes organisationnels. Peut-être est-ce<br />

également dû <strong>au</strong> fait que dans certains grands <strong>CPAS</strong>, un suivi moins approfondi peut être<br />

mis en place à c<strong>au</strong>se du nombre important <strong>de</strong> dossiers. Quand un <strong>CPAS</strong> nous signale en<br />

effet, qu’<strong>au</strong> vu du nombre <strong>de</strong> dossiers, l’ISP se fait sur base volontaire, sans doute certains<br />

dossiers sont-ils dormants, tant du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> l’ISP que <strong>de</strong> l’activation purement,<br />

sociale. Mais peut-être enfin est-ce dû <strong>au</strong> fait que dans certaines grosses structures, le<br />

suivi purement social n’est pas pris en charge par la cellule ISP mais par le service social<br />

général.<br />

Nous relevons néanmoins <strong><strong>de</strong>s</strong> initiatives intéressantes. Elles prennent ici d’<strong>au</strong>tres formes<br />

que dans les petits <strong>CPAS</strong>. Tout d’abord, nous rencontrons les formations permettant la<br />

détermination du projet professionnel. C’est notamment le cas dans le <strong>CPAS</strong> 4F :<br />

Premier objectif étant peut être <strong>de</strong> changer le mental <strong>de</strong> la personne parce qu’elle<br />

n’a parfois <strong>au</strong>cune idée <strong>de</strong> la réalité du marché <strong>de</strong> l’emploi, donc informer, faire<br />

réfléchir. (…) Il y a <strong>au</strong>ssi <strong><strong>de</strong>s</strong> dispositifs comme les missions locales qui organisent<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> formations généralistes, donc quand on voit qu’il y a un décalage entre ce que la<br />

personne souhaite et ce qui est faisable, ou une hésitation sur ce qu’elle est vraiment<br />

capable <strong>de</strong> faire, on l’envoie dans ces formations, et elle détermine justement ce<br />

qu’elle va faire, parce que c’est vraiment avec ça qu’on peut commencer à faire un<br />

travail cohérent, parce que sinon, il y a <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes qui tournent en rond pendant<br />

<strong>de</strong>ux ans ou trois ans. (…) Donc nous, ça se limite à <strong><strong>de</strong>s</strong> entretiens individuels, et on<br />

ne sait pas toujours agir sur la représentation <strong><strong>de</strong>s</strong> gens dans le cadre d’un entretien<br />

individuel, d’où l’utilité <strong>de</strong> ces ateliers <strong>de</strong> détermination <strong>de</strong> projet où c’est un suivi<br />

sur un mois, pas nécessairement en temps plein, mais sur plusieurs semaines, avec<br />

un travail en groupe et une introspection sur ses attentes, ses compétences et<br />

arriver à un ou plusieurs projets.<br />

149


Nous constatons également cela <strong>au</strong> <strong>CPAS</strong> 4E. Dans ce <strong>CPAS</strong>, chaque bénéficiaire bénéficie<br />

d’une formation introductive avant le début d’un emploi. Selon le répondant, cette<br />

formation possè<strong>de</strong> le contenu suivant :<br />

Les personnes qui vont démarrer bénéficient d’un introduction à l’emploi, une<br />

formation sur les attitu<strong><strong>de</strong>s</strong>, sur la communication etc. Et les personnes qui entrent<br />

dans l’administration comme employé bénéficient d’un cours sur Word ou Excel et alors<br />

peuvent démarrer, juste encore <strong>de</strong>ux semaines <strong>de</strong> stage.<br />

Des formations re-socialisantes existent également, comme dans les <strong>au</strong>tres <strong>CPAS</strong>. C’est le<br />

cas du <strong>CPAS</strong> 4L, un <strong><strong>de</strong>s</strong> plus petits <strong>de</strong> ce cluster :<br />

Plus loin…<br />

On a parfois l’impression d’avoir épuisé notre stock <strong>de</strong> personnes pouvant bénéficier<br />

d’un emploi et que maintenant, on se retrouve, avec ce qu’on appelle souvent « le<br />

fond du panier », donc <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes qui ont besoin d’<strong>au</strong>tre chose avant <strong>de</strong> trouver<br />

<strong>de</strong> l’emploi (…) Par rapport à cette population moins proche <strong>de</strong> l’emploi, on<br />

commence à développer <strong><strong>de</strong>s</strong> ateliers d’insertion sociale, <strong>de</strong> resocialisation, <strong>de</strong><br />

redynamisation, et l’emploi viendra après, en interne ou en partenariat avec <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

opérateurs <strong>de</strong> formation, ou parfois la formation n’est qu’un prétexte pour faire sortir<br />

les gens <strong>de</strong> chez eux et se joindre à un groupe <strong>de</strong> parole, je pense par exemple à<br />

l’ASBL Lire et Écrire qui fait <strong>de</strong> l’alphabétisation où outre l’alphabétisation, les gens<br />

nous parlent <strong>de</strong> leur vécu, et ça leur fait be<strong>au</strong>coup <strong>de</strong> bien.<br />

Nous avons un groupe « mamans », <strong><strong>de</strong>s</strong>tiné <strong>au</strong>x dames qui mettent en avant<br />

qu’elles ont un ou plusieurs enfants, et donc ne savent pas travailler, et donc nous,<br />

on ne voulait pas les laisser <strong>de</strong> côté, qu’elles puissent se réunir, discuter et puis <strong>au</strong><br />

fur et à mesure envisager une activité, professionnelle ou non, avec le fait d’avoir<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> enfants en parallèle.<br />

C’est <strong>au</strong>ssi le cas <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> 4M et 4O qui soulignent par ailleurs que ces formations ont un<br />

intérêt pour la personne elle-même et pas absolument dans un but <strong>de</strong> mise à l’emploi<br />

ultérieure, comme le détaille l’extrait suivant <strong>de</strong> l’entretien avec le responsable du <strong>CPAS</strong><br />

4M :<br />

C’était un <strong>de</strong> nos gros constats, c’était qu’il y avait <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes qui avaient<br />

vraiment besoin d’un travail en amont, et <strong>au</strong>-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> cela, il y a <strong><strong>de</strong>s</strong> gens qu’on ne<br />

pourra jamais insérer professionnellement, est-ce que pour ça, on doit les laisser sur<br />

le bord <strong>de</strong> la route, donc il y a pas mal <strong>de</strong> choses qui se développent, notamment<br />

avec le subsi<strong>de</strong> sport et culture, qu’on reçoit du Fédéral.<br />

Le <strong>CPAS</strong> 4E a créé un service <strong>au</strong>tonome pour l’activation sociale. Selon le répondant, ce<br />

service doit répondre à une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> accrue d’emplois abordables dans le cadre d’une<br />

trajectoire d’activation sociale. Ce service vient tout juste <strong>de</strong> démarrer et se consacre<br />

principalement <strong>au</strong> relais <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs d’ai<strong>de</strong> vers le secteur <strong>de</strong> l’insertion par le travail.<br />

Nous <strong>de</strong>vons mentionner à cet égard que, <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> interrogés, 4E est le seul possédant<br />

un service spécialisé en activation sociale. Le répondant mentionne toutefois qu’il y a un<br />

manque structurel d’emplois pour les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs d’ai<strong>de</strong> qui ont besoin d’un<br />

accompagnement intensif sur le lieu <strong>de</strong> travail :<br />

Cela maque vraiment ici, l’insertion par le travail ou <strong><strong>de</strong>s</strong> lieux où les personnes<br />

peuvent être mises <strong>au</strong> travail très calmement, on doit être sévère et tout le mon<strong>de</strong> en<br />

convient dans ce <strong>CPAS</strong>, mais nous travaillons <strong>de</strong> manière personnalisée et ça c’est<br />

important. Et l’insertion par le travail, c’est ce qui nous manque ici, il y a <strong>de</strong> nombreux<br />

bénéficiaires qui en ont besoin.<br />

À Bruxelles notamment, les formations <strong>de</strong> langue (français ou néerlandais langue<br />

étrangère) sont préconisées par les services ISP et font partie <strong>de</strong> ces formations préalables<br />

à toute possibilité <strong>de</strong> mise à l’emploi. Ces formations sont en même temps l’occasion <strong>de</strong><br />

socialiser les gens d’origines étrangères et <strong>de</strong> permettre <strong>au</strong>x <strong>au</strong>tres personnes d’améliorer<br />

leur nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> langue.<br />

C’est le cas notamment du <strong>CPAS</strong> 4A :<br />

150


Le bénéficiaire passe par l’antenne sociale où il introduit une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> RIS et/ou<br />

d’ai<strong>de</strong> sociale. Si son état <strong>de</strong> santé ou son état mental, ou sa situation sociale ou <strong>de</strong><br />

connaissances <strong>de</strong> la langue le permet, il est orienté directement vers le service ISP.<br />

S’il a <strong><strong>de</strong>s</strong> difficultés <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> la langue mais qu’on pense qu’il peut acquérir<br />

facilement, on l’oriente vers un centre <strong>de</strong> langues pour l’apprentissage du français ou<br />

du néerlandais. Il arrive qu’une personne ait <strong><strong>de</strong>s</strong> soucis <strong>de</strong> langue mais soit prête à<br />

travailler, là on a un projet alphabétisation, projet subsidié par le <strong>CPAS</strong><br />

(entièrement), qui tournent avec 3 formatrices qui ont <strong><strong>de</strong>s</strong> groupes différents avec<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> nive<strong>au</strong>x différents, et qui donnent cours à <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes soit qui sont sous<br />

contrat article 60 soit qui vont être engagées prochainement.<br />

C’est <strong>au</strong>ssi le cas <strong>au</strong> <strong>CPAS</strong> 4F :<br />

(…) Tout <strong>au</strong> long <strong>de</strong> l’année scolaire, ma collègue accueille, sur <strong>de</strong>ux sessions, avec<br />

une rentrée en septembre et en janvier, pour <strong><strong>de</strong>s</strong> cours <strong>de</strong> français. À une époque,<br />

on avait be<strong>au</strong>coup <strong>de</strong> primo-arrivants qui n’arrivaient pas à trouver <strong>de</strong> place dans les<br />

centres d’alphabétisation. Et c’était un gros problème parce qu’on recevait ces gens<br />

et on ne savait rien faire pour eux, et donc ils trouvaient éventuellement une place<br />

l’année suivante, mais en général, ils disparaissaient dans la nature, et donc une excollègue<br />

a développé ce projet d’engager une personne dans le cadre <strong>de</strong> l’article 60<br />

pour développer <strong><strong>de</strong>s</strong> cours – note, la personne est ensuite passée en ACTIVA puis en<br />

engagement classique – et on peut voir <strong>de</strong>ux aspects dans cette formation, c’est<br />

d’une part le premier accueil que donne le <strong>CPAS</strong>, même si c’est clair qu’il n’y a pas<br />

<strong>de</strong> place pour tout le mon<strong>de</strong>, il y a présence obligatoire <strong>au</strong>x cours, 15h par semaine,<br />

et elle travaille be<strong>au</strong>coup l’oral, contrairement à la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> centres d’alpha (…) et<br />

ça permet à ces gens <strong>de</strong> pouvoir communiquer, ne fut-ce qu’avec le <strong>CPAS</strong>, et ça<br />

permet <strong>de</strong> faire <strong><strong>de</strong>s</strong> sorties dans la commune pour les sortir ne serait-ce que du<br />

ghetto dans lequel ils sont parfois malgré eux (… visites à la mer, <strong>au</strong> mime, <strong>au</strong> Palais<br />

royal).<br />

De même, <strong>au</strong> <strong>CPAS</strong> 4D, une formation en langue occupe une place importante dans le<br />

cadre <strong>de</strong> la trajectoire d’activation sociale. Les coaches spécialisés assurent dans ce cadre<br />

une formation qui est principalement <strong><strong>de</strong>s</strong>tinée à l’apprentissage <strong>de</strong> la langue<br />

(néerlandaise) sur le lieu <strong>de</strong> travail.<br />

Notons que c’est encore <strong>au</strong> moins le cas dans le <strong>CPAS</strong> 4L ; il est d’ailleurs vraisemblable<br />

que la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> bruxellois, notamment, soient concernés. Notons que ces cours <strong>de</strong><br />

langue prennent une forme distincte <strong>de</strong> celle <strong><strong>de</strong>s</strong> cours d’alphabétisation, étant davantage<br />

centrés sur la compréhension et l’expression orales.<br />

D’<strong>au</strong>tres formations permettant <strong>de</strong> rendre <strong>au</strong>x personnes les compétences sociales<br />

nécessaires à l’exercice d’un travail. Une originalité, dans ces grands <strong>CPAS</strong>, est que <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

formations sont organisées <strong>de</strong> manière régulière en préparation à un contrat article 60.<br />

Nous en donnerons <strong>de</strong>ux exemples, le premier dans le <strong>CPAS</strong> 4A, le second dans le <strong>CPAS</strong><br />

4G :<br />

On fait <strong><strong>de</strong>s</strong> pério<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> formation préparatoire à l’emploi pour tout ce qui est ouvrier<br />

non qualifié et pour le personnel d’entretien, où on leur explique ce que c’est un<br />

contrat <strong>de</strong> travail, comment ça fonctionne, toutes les règles à respecter quand on est<br />

dans le cadre d’un contrat. Ils ont quelques heures sur la manutention <strong><strong>de</strong>s</strong> charges,<br />

sur l’utilisation <strong><strong>de</strong>s</strong> produits etc. pour essayer <strong>de</strong> leur donner un maximum <strong>de</strong><br />

bagages avant <strong>de</strong> commencer et ils ont une petite semaine <strong>de</strong> stage sur le lieu <strong>de</strong><br />

travail où ils vont aller travailler, où ils ont été sélectionnés pour aller travailler, qui<br />

fait l’objet d’une évaluation <strong>de</strong> fin <strong>de</strong> stage et d’un débriefing. Les formations se<br />

donnent ici. Il y a trois semaines <strong>de</strong> formation et une <strong>de</strong> stage, ils avaient un total <strong>de</strong><br />

4 semaines, préalables à l’article 60. On a eu un projet particulier avec le FSE et là<br />

c’était 6 semaines. On fait un PIIS pour ces personnes-là et elles sont couvertes<br />

<strong>au</strong>ssi par le PIIS pour les jours <strong>de</strong> stage, et le contrat ne débute que quand ils ont<br />

été acceptés après le stage et la formation.<br />

La secon<strong>de</strong> :<br />

C’est une formation <strong>de</strong> 15 jours, qui vient tout juste avant l’article 60, et qui se fait à<br />

Z, et pendant ces 15 jours, cette formation, qui s’appelle « Vie Sociale et<br />

Communication », c’est vraiment un bagage plus global que juste « qu’est-ce que<br />

c’est un contrat <strong>de</strong> travail », c’est <strong>au</strong>ssi une préparation : c’est déjà remettre les<br />

151


gens dans un rythme, donc venir à l’heure tous les jours pendant 15 jours, et <strong>au</strong>ssi<br />

les sensibiliser sur ce qu’est un contrat <strong>de</strong> travail, sur ce que ça implique, sur que<br />

faire si je suis mala<strong>de</strong>, si je dois m’absenter, si je suis en retard, sur quels sont mes<br />

droits « qu’est-ce que j’ai comme avantage », etc. (elle détaille) Il y a <strong><strong>de</strong>s</strong> jeux <strong>de</strong><br />

rôle, il y a un travail sur la présentation, sur la communication, sur l’esprit d’équipe,<br />

donc ce sont <strong><strong>de</strong>s</strong> groupes d’une dizaine <strong>de</strong> personnes. Et donc <strong>au</strong>ssi, avant le<br />

contrat, il y a trois semaines <strong>de</strong> stage d’immersion, ce qui permet <strong>au</strong> travailleur si ça<br />

lui convient et <strong>de</strong> voir <strong>au</strong>ssi du côté <strong>de</strong> l’utilisateur si les besoins <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux se<br />

rencontrent. Il ne f<strong>au</strong>t pas oublier que ce sont <strong><strong>de</strong>s</strong> contrats <strong>de</strong> réinsertion, donc il<br />

f<strong>au</strong>t voir si le travailleur va y trouver son compte, s’il pourra être là tous les jours,<br />

s’il va pouvoir assumer son travail, comment il va être encadré dans son travail,<br />

donc c’est un peu la phase test.<br />

Par ailleurs, les trajectoires d’activation sociales s’organisent, tel que mentionné plus<br />

avant, <strong>au</strong>ssi en <strong>de</strong>hors du <strong>CPAS</strong>. Ainsi, le répondant du <strong>CPAS</strong> 4D signale clairement qu’un<br />

accompagnement sur le plan <strong><strong>de</strong>s</strong> comportements professionnels est surtout proposé par<br />

les ateliers soci<strong>au</strong>x où l’on engage <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires. Ces organismes sont, selon le<br />

répondant, spécialisés dans l’accompagnement <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires sur le lieu <strong>de</strong> travail et<br />

proposent <strong><strong>de</strong>s</strong> emplois dans un nombre diversifié <strong>de</strong> secteurs (Kringwinkels, horeca,<br />

service <strong><strong>de</strong>s</strong> espaces verts et rest<strong>au</strong>rants soci<strong>au</strong>x).<br />

Oui, la principale fonction <strong>de</strong> ces ASBL est l’apprentissage <strong>de</strong> comportements<br />

professionnels (…) surtout, car il ne s’agit pas d’apprendre un certain travail sur le lieu<br />

<strong>de</strong> travail, mais vraiment les bases, apprendre à arriver à temps etc.<br />

Par ailleurs, le <strong>CPAS</strong> 4D souhaite, en collaboration avec l’administration communale, créer<br />

une entreprise d’apprentissage permettant <strong>de</strong> proposer une série d’activités abordables<br />

<strong>au</strong>x bénéficiaires sous contrat article 60§7.<br />

Résumé<br />

Suivant les moyens disponibles, les initiatives d’activation sociale sont plus ou moins<br />

développées. Comme dans le quadrant 3, les répondants signalent que certaines<br />

personnes ne sont pas aptes à être remises <strong>au</strong> travail. En conséquence, la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong>CPAS</strong> <strong>de</strong> ce quadrant organisent <strong><strong>de</strong>s</strong> formations socialisantes, dont le but peut être<br />

d’amener les gens vers l’emploi, mais <strong>au</strong>ssi simplement <strong>de</strong> leur rendre <strong><strong>de</strong>s</strong> outils pour une<br />

vie sociale plus heureuse. Notons également la gran<strong>de</strong> importance accordée, notamment à<br />

Bruxelles, à la formation <strong>de</strong> français ou <strong>de</strong> néerlandais langue étrangère ; ces formations<br />

sont ici considérées comme faisant partie <strong>de</strong> l’activation sociale et non d’une étape<br />

préalable.<br />

5.4 Phase 4 : formation et expérience<br />

professionnelle<br />

Tel que mentionné dans les paragraphes précé<strong>de</strong>nts, la phase 4 a pour principal objectif<br />

d’engager <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires sous contrat article 60§7. C’est <strong>au</strong>ssi le cas <strong>au</strong>x <strong>CPAS</strong> 4D et 4E<br />

où l’on peut proposer <strong>au</strong>x bénéficiaires un emploi dans un très grand nombre d’ASBL. La<br />

nature <strong>de</strong> ces emplois peut être qualifiée <strong>de</strong> très diversifiée. Les répondants ne signalent<br />

pas que le nombre d’emplois est trop faible. Toutefois, le répondant du 4E affirme ce qui<br />

suit :<br />

Vous savez, nous avons une collaboration avec <strong>de</strong> nombreuses ASBL, gran<strong><strong>de</strong>s</strong> et<br />

petites. Mais ce qui manque encore ici, ce sont <strong><strong>de</strong>s</strong> ASBL qui fournissent un bon<br />

accompagnement sur le lieu <strong>de</strong> travail, assez intensif quant <strong>au</strong>x comportements<br />

professionnels. Mais ce qui manque est un véritable accompagnement sur le plan <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

compétences techniques. Et cela nous en avons vraiment besoin, une fois que les<br />

bénéficiaires adoptent les bonnes attitu<strong><strong>de</strong>s</strong>, ils sont orientés vers un emploi dont la<br />

barre est placée plus h<strong>au</strong>t. Oui, ce serait bien, pour l’heure le bénéficiaire reste là,<br />

travaille sous son nive<strong>au</strong> et n’acquiert pas vraiment d’expérience utile.<br />

152


Ce répondant mentionne qu’un emploi dans les dizaines d’ASBL est une expérience utile.<br />

Toutefois le répondant signale implicitement que ces lieux <strong>de</strong> travail sont trop éloignés du<br />

marché du travail régulier. Selon lui, il y un manque <strong>de</strong> possibilités permettant <strong>de</strong> proposer<br />

également <strong>au</strong> bénéficiaire une expérience professionnelle et/ou une formation sur le plan<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> compétences techniques.<br />

La plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> formations professionnelles s’organisent en recourant à <strong><strong>de</strong>s</strong> opérateurs <strong>de</strong><br />

formation tels que <strong><strong>de</strong>s</strong> EFT et <strong><strong>de</strong>s</strong> OISP. C’est notamment le cas dans le <strong>CPAS</strong> 4M, qui a<br />

créé sa propre EFT mais fonctionne également en collaboration avec d’<strong>au</strong>tres opérateurs :<br />

On a <strong>de</strong>ux filières, la première <strong>de</strong> réparation <strong>de</strong> bâtiments, qui est susceptible<br />

d’accueillir 20 stagiaires, mais on est comme toutes les EFT pour le moment, on a un<br />

peu <strong>de</strong> mal à avoir <strong><strong>de</strong>s</strong> stagiaires et à les stabiliser, il y a une filière vélo mécano<br />

soudure, qui est réparti sur <strong>de</strong>ux ateliers, un atelier vélo (…) et l’atelier soudure (…)<br />

On a une préformation en petite rest<strong>au</strong>ration, <strong>de</strong> trois mois, qui est payée en partie<br />

par le FOREM et avec une EFT. (…) L’atelier <strong>de</strong> recherche active d’emploi, qui se fait<br />

avec W, qui est une OISP qui travaille avec le support multimédia, et le troisième qui<br />

est la formation <strong>de</strong> petite rest<strong>au</strong>ration, qui forme les gens à aller en article 61 si on<br />

trouve un opérateur ou à venir dans nos services à nous, vu qu’on a x maisons <strong>de</strong><br />

repos et donc x cuisines <strong>de</strong> collectivité.<br />

C’est <strong>au</strong>ssi le cas pour le <strong>CPAS</strong> 4F :<br />

On développe <strong>au</strong>ssi certaines formations, enfin, <strong>de</strong>ux formations, une d’<strong>au</strong>xiliaire à la<br />

petite enfance et une d’ai<strong>de</strong> soignante, avec <strong><strong>de</strong>s</strong> partenaires comme la O. Et après la<br />

formation, si elle est réussie, il y a une mise à l’emploi, dans le cadre <strong>de</strong> l’article 60.<br />

C’est <strong>au</strong> moins encore le cas du <strong>CPAS</strong> 4C, qui organise également différentes formations<br />

préqualifiantes avant la mise en article 60 :<br />

On a <strong><strong>de</strong>s</strong> conventions, parce qu’on a réagi par rapport <strong>au</strong>x conventions cadres du<br />

<strong>CPAS</strong>, donc (…) on en a une avec M où on fait une préformation femmes d’ouvrage, et<br />

puis avec B et la ville pour agent <strong>de</strong> propreté, agent d’accueil avec E, avec F pour <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

personnes qui parlent peu le français, il y a R, qui est un genre d’orientation en<br />

groupe, j’en ai sûrement oublié, donc on a <strong><strong>de</strong>s</strong> partenariats avec certaines, mais parmi<br />

les personnes qu’ont suit, il y en a qui sont en formation ailleurs, donc là, on les suit,<br />

donc une personne qui termine une formation <strong>de</strong> technicienne <strong>de</strong> surface, elle a du<br />

potentiel, elle est prête à travailler, normalement, donc ce sont <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes qu’on<br />

n’oublie pas : soit elles trouvent par elles-mêmes et on les ai<strong>de</strong> à chercher dans le<br />

privé, et si elles n’y arrivent pas, on peut toujours les proposer comme candidates<br />

article 60.<br />

Ces collaborations ont, d’après notre interlocutrice, un certain impact, les utilisateurs <strong>de</strong> la<br />

mesure article 60 leur donnant un retour positif :<br />

On voit bien que les trois préformations, par exemple agent <strong>de</strong> propreté avec E, la Ville<br />

nous dit « voilà, ils sont prêts, ça se passe mieux qu’avant. » Mais je pense qu’il ne<br />

f<strong>au</strong>t pas faire <strong><strong>de</strong>s</strong> formations trop longues : 6 mois <strong>de</strong> formation FOREM, c’est hyper<br />

long pour la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> gens. La formation en bure<strong>au</strong>tique, c’est 3 mois et <strong>de</strong>mi. La<br />

formation <strong>de</strong> femmes d’ouvrage, on a mis un peu <strong>de</strong> français, on arrive à <strong>de</strong>ux mois.<br />

Mais bien ciblé, par rapport à certains postes <strong>de</strong> travail je pense que ça v<strong>au</strong>t la peine.<br />

Cependant, certains nous signalent <strong><strong>de</strong>s</strong> problèmes <strong>de</strong> plus en plus fréquents pour financer<br />

ces formations. C’est notamment le cas du <strong>CPAS</strong> 4M :<br />

Oui, on a <strong><strong>de</strong>s</strong> tas <strong>de</strong> partenariats, même si on a un souci avec la nouvelle Loi sur les<br />

EFT et OISP, qui est que notre public ne fait plus partie <strong><strong>de</strong>s</strong> publics cibles, du moins<br />

notre public article 60, car chez nous, notre principe est <strong>de</strong> dire qu’ils sont payés à<br />

temps plein, ils ont un contrat temps plein et ils travaillent quatre jours et jusque là,<br />

on bénéficiait <strong>de</strong> toutes les OISP, notamment en alpha, gratuitement ou presque. Le<br />

problème est que notre public ne faisant plus partie <strong><strong>de</strong>s</strong> publics cibles, on est sensé<br />

payé 12 euros <strong>de</strong> l’heure par personne à qui on donne <strong><strong>de</strong>s</strong> cours et ça, c’est<br />

impossible pour nous, et on a dû trouver <strong><strong>de</strong>s</strong> astuces pour pouvoir continuer à<br />

donner <strong><strong>de</strong>s</strong> formations à <strong><strong>de</strong>s</strong> prix qui étaient raisonnables pour nous ; astuces via la<br />

convention cadre <strong>CPAS</strong> FOREM, qui permet <strong>de</strong> mettre en place <strong><strong>de</strong>s</strong> projets d’ISP qui<br />

sont pris en charge par <strong><strong>de</strong>s</strong> subsi<strong><strong>de</strong>s</strong> du FOREM. Et là, on a pu monter <strong><strong>de</strong>s</strong> projets<br />

153


par rapport à ça. (… détails sur partenariats avec partenaire Phénix, sur l’atelier<br />

recherche emploi donné à la fin <strong>de</strong> l’article 60 ; en alpha, plus sympa, paiement à<br />

l’heure formateur et non à l’heure formé). Ils ne sont plus publics cibles, je veux<br />

parler <strong><strong>de</strong>s</strong> articles 60, parce qu’ils sont considérés comme travailleurs, il f<strong>au</strong>t être<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur d’emploi <strong>de</strong> longue durée.<br />

Le problème est accentué à Bruxelles, Actiris ayant dû diminuer sérieusement ses ai<strong><strong>de</strong>s</strong> à<br />

la formation. En effet, le FSE a limité son intervention dans les formations, Actiris étant<br />

considéré comme opérateur <strong>de</strong> soutien à l’emploi. C’est ce que nous signale la responsable<br />

du <strong>CPAS</strong> 4F :<br />

Nous sommes à présent, <strong>de</strong>puis juillet 2008, dans un nouve<strong>au</strong> partenariat, qui court<br />

jusqu’en 2013, et on sent très fort qu’Actiris s’est repositionné, ils sont eux-mêmes<br />

subsidiés par le FSE, donc les objectifs ont été un peu recadrés <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> d’Actiris et<br />

comme c’est un organisme <strong>de</strong> placement et non <strong>de</strong> soutien à la formation, ils ont<br />

réduit les critères d’intervention financière par rapport à la formation, et donc ils se<br />

veulent plus un soutien à l’emploi. (…) Donc nous, on a décidé <strong>de</strong> continuer à suivre<br />

la logique <strong>de</strong> soutien <strong>au</strong>x formations, et <strong>de</strong> ne pas suivre tout à fait le partenariat à<br />

ce nive<strong>au</strong>-là, mais c’est sur fonds propres du <strong>CPAS</strong>, ou sur d’<strong>au</strong>tres subsi<strong><strong>de</strong>s</strong> tels que<br />

la subvention majorée.<br />

En outre, <strong><strong>de</strong>s</strong> problèmes spécifiques se présentent en Région bruxelloise. Les formations<br />

étant trop peu nombreuses, les organismes <strong>de</strong> formation ont mis en place <strong><strong>de</strong>s</strong> procédures<br />

<strong>de</strong> sélection qui, bien souvent, excluent le public fragilisé <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong>. Ce public reste donc<br />

confronté à <strong><strong>de</strong>s</strong> dynamiques d’échec. C’est ce que nous détaille la responsable du <strong>CPAS</strong><br />

4G :<br />

Il y a <strong>de</strong> plus en plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs d’emploi, et donc il f<strong>au</strong>t être <strong>de</strong> plus en plus<br />

calé pour entrer en formation, ce qui est quand même paradoxal : finalement, c’est<br />

les personnes les mieux armées qui vont arriver à entrer en formation alors que ce<br />

ne sont peut-être pas elles qui en ont besoin. (…) Les conditions d’accès sont<br />

vraiment très, très difficiles, ou c’est notre public qui n’est pas armé pour (par<br />

exemple <strong><strong>de</strong>s</strong> formations en bure<strong>au</strong>tique, d’un <strong>au</strong>tre organisme qui voit 80 personnes<br />

pour 15 places). C’est très dur parce qu’on met <strong><strong>de</strong>s</strong> gens dans <strong><strong>de</strong>s</strong> logiques d’échec<br />

répété, où ils per<strong>de</strong>nt confiance parce qu’on leur dit « il va falloir être compétitif,<br />

donc pour décrocher une formation, il f<strong>au</strong>t être <strong>au</strong>ssi motivé que pour décrocher un<br />

emploi, vu que si on a réussi le test, il y a en plus un entretien <strong>de</strong> motivation, vu que<br />

les places sont tellement chères, donc c’est un pari.<br />

Outre les formations, <strong><strong>de</strong>s</strong> mises à l’emploi préalables à l’article 60 sont parfois prévues.<br />

C’est notamment le cas dans le <strong>CPAS</strong> 4A, où la personne est testée pendant un mois sur le<br />

lieu <strong>de</strong> travail qu’elle occupera ensuite, si tout se passe bien. Notons toutefois que ce type<br />

<strong>de</strong> dispositions ne nous a été que rarement signalé.<br />

Si un jeune veut travailler mais doute <strong>de</strong> ses compétences ou que ça soit l’employeur<br />

qui en doute, on fait un test et on active avec la plan 70bis avec le FOREM, stage<br />

d’entreprise <strong>de</strong> maximum un mois. (…) La prise <strong>de</strong> risque c’est du potentiel. Sinon,<br />

on fait <strong>de</strong> l’écrémage, c'est-à-dire que si on fait passer <strong><strong>de</strong>s</strong> tests et tout ça on n’en<br />

engage pas 25 % ou 30 %. Mais on voit le potentiel.<br />

Dans les entretiens, il est peu fait état <strong>de</strong> la possibilité <strong>de</strong> former les gens pendant un<br />

engagement en article 60. Il est possible que nombre <strong>de</strong> <strong>CPAS</strong> n’utilisent pas cette<br />

disposition. Certains l’utilisent. C’est notamment le cas du <strong>CPAS</strong> 4I :<br />

Lorsqu’une personne a <strong><strong>de</strong>s</strong> difficultés, il y a moyen que l’agent <strong><strong>de</strong>s</strong> articles 60<br />

négocie et que l’utilisateur se ren<strong>de</strong> compte <strong><strong>de</strong>s</strong> difficultés, enfin, utilise la possibilité<br />

<strong>de</strong> la prime <strong>de</strong> tutorat pour former la personne etc. Donc on arrive <strong>au</strong> terme du<br />

contrat, tandis que parfois dans d’<strong>au</strong>tres services on va arrêter le contrat.<br />

Le <strong>CPAS</strong> 4M nous entretient <strong><strong>de</strong>s</strong> difficultés <strong>de</strong> mise en place <strong>de</strong> ces formations, <strong>de</strong> la<br />

manière <strong>de</strong> les faire respecter, tant par l’utilisateur que par le bénéficiaire. En effet, le<br />

bénéficiaire peut, s’il n’est pas suivi, « brosser » la formation, tandis que <strong>de</strong> son côté,<br />

l’employeur peut rechigner à laisser partir le bénéficiaire en cas <strong>de</strong> « coup <strong>de</strong> feu ». C’est<br />

la raison pour laquelle ils ont décidé <strong>de</strong> mettre en place ces formations dans leurs loc<strong>au</strong>x.<br />

154


Mais c’est ingérable <strong>de</strong> gérer les gens en formation, etc., d’où ces formations se font<br />

<strong>au</strong> <strong>CPAS</strong>, et donc il n’y a plus <strong>de</strong> problèmes d’absence, parce que c’était l’un <strong>de</strong> nos<br />

gros problèmes, c’est que <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes qui étaient sensées venir en formation,<br />

restaient dans leurs équipes, parce que solidarité avec l’équipe notamment, et donc<br />

on a essayé <strong>de</strong> mobiliser les gens, et dès qu’on a un absent, il y a une lettre qui part<br />

à son responsable <strong>de</strong> service pour dire « il n’était pas là, je vous rappelle qu’il n’était<br />

pas là, est-ce qu’il travaillait chez vous ou est-ce qu’il était en absence injustifiée<br />

chez vous, ou mala<strong>de</strong> (…) mais très honnêtement, c’est arrivé qu’on avait un<br />

travailleur administratif en article 60 chez nous, et d’avoir un truc urgent sur le feu,<br />

et <strong>de</strong> lui dire « ne va pas en formation <strong>au</strong>jourd’hui », mais c’est clair que le fait <strong>de</strong><br />

l’organiser sur place permet <strong>de</strong> be<strong>au</strong>coup mieux contrôler, et d’avoir <strong><strong>de</strong>s</strong> exigences<br />

en termes <strong>de</strong> présence et d’évaluation.<br />

Enfin, le <strong>CPAS</strong> 4B met en gar<strong>de</strong> sur les difficultés potentielles d’un article 60 bien mené. Ce<br />

<strong>CPAS</strong> comme quelques <strong>au</strong>tres, a mis en place <strong><strong>de</strong>s</strong> procédures permettant d’éviter les<br />

dérives liées à <strong><strong>de</strong>s</strong> postes mal définis, et les déceptions qui peuvent en découler,<br />

notamment si une personne, engagée pour une tâche, se retrouve à en effectuer une<br />

<strong>au</strong>tre.<br />

Ce n’est pas suffisant <strong>de</strong> les mettre dans <strong><strong>de</strong>s</strong> postes <strong>de</strong> travail, f<strong>au</strong>t-il encore que les<br />

travailleurs soient encadrés, d’où la réflexion <strong>au</strong>tour <strong>de</strong> la notion <strong>de</strong> tutorat et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>criptions <strong>de</strong> postes. La personne référente a pour mission l’encadrement avec <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

équipes en soutien, on est un service séparé <strong><strong>de</strong>s</strong> antennes sociales, services <strong>de</strong><br />

première ligne, donc c’est avec le soutien <strong>de</strong> l’ensemble <strong><strong>de</strong>s</strong> équipes du service ISP.<br />

L’agent du <strong>CPAS</strong> 4B souligne également d’<strong>au</strong>tres exemples <strong>de</strong> dérives, constatées sur du<br />

long terme :<br />

Résumé<br />

On a constaté parfois que c’est <strong>de</strong> l’insertion à la carte, on va aller chercher un<br />

poste, quitte à le créer, on ne fait pas ça pour tout le mon<strong>de</strong>, mais pour <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

personnes qui peuvent être surqualifiées ou bien cumulant <strong><strong>de</strong>s</strong> freins, maintenant il<br />

y a un seuil qu’on ne dépasse pas, on ne peut pas faire travailler tout le mon<strong>de</strong>,<br />

mais en faisant ça on se rend compte que <strong><strong>de</strong>s</strong> gens effectuent <strong><strong>de</strong>s</strong> tâches dans <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

métiers qui n’existent pas, et donc on se <strong>de</strong>man<strong>de</strong> qu’est-ce qu’ils vont faire <strong>de</strong><br />

cette expérience qui est non-transposable ? Ou bien, on s’aperçoit très bien que<br />

quelqu’un qui travaille en commis <strong>de</strong> cuisine ne fait absolument rien du tout qui a<br />

un lien avec <strong>de</strong> la cuisine.<br />

Les <strong>CPAS</strong> du quadrant 4 sont nombreux à avoir mis en place <strong><strong>de</strong>s</strong> formations courtes<br />

préalables <strong>au</strong>x mesures d’activation. D’<strong>au</strong>tres formations font appel à <strong><strong>de</strong>s</strong> opérateurs<br />

extérieurs, tels que <strong><strong>de</strong>s</strong> OISP et <strong><strong>de</strong>s</strong> EFT.<br />

En Wallonie, et à Bruxelles plus encore, nos répondants font cependant état d’une difficulté<br />

<strong>de</strong> plus en plus gran<strong>de</strong> à trouver les financements nécessaires pour ces formations, et la<br />

compétition <strong>de</strong> plus en plus ru<strong>de</strong> entre les candidats : les organismes <strong>de</strong> formation étant<br />

financés en fonction d’objectifs quantifiables et les bénéficiaires du <strong>CPAS</strong> étant en général<br />

moins bien dotés, ils se voient préférer d’<strong>au</strong>tres candidats, ce qui renforce la spirale<br />

d’échec dans laquelle ils se trouvent.<br />

Enfin, on note, suite <strong>au</strong>x politiques mettant l’accent sur les résultats et <strong>au</strong>x vérifications<br />

qui y sont associées, une évolution dans la relation entre les opérateurs <strong>de</strong> formation, les<br />

<strong>CPAS</strong>, le FOREM et les candidats, vers un contrôle individualisé <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rniers et une<br />

communication <strong><strong>de</strong>s</strong> informations entre les opérateurs.<br />

5.5 Phase 5 : activation professionnelle<br />

155


Pour l’activation professionnelle, dans ces grands <strong>CPAS</strong>, toutes les mesures (ACTIVA,<br />

SINE, PTP…) sont utilisées. La mesure principale reste cependant l’article 60§7. Notons que<br />

dans les <strong>CPAS</strong> 4D et 4E, les répondants ne mentionnent qu’une minorité d’emplois sous<br />

ACTIVA ou SINE, la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> emplois s’effectuent sous un contrat <strong>de</strong> l’article 60§7. Un<br />

emploi dans ce cadre <strong>au</strong> <strong>sein</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> services du <strong>CPAS</strong> signifie un emploi difficile, uniquement<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>tiné <strong>au</strong> personnel motivé.<br />

Pour les bénéficiaires forts qui ont encore besoin d’une sorte d’accompagnement, nous<br />

les engageons dans <strong><strong>de</strong>s</strong> emplois internes. Les instructeurs par exemple du service <strong>de</strong><br />

petits trav<strong>au</strong>x préfèrent avoir quelques bénéficiaires forts, qui doivent fournir <strong>de</strong><br />

qualité, ces particuliers paient une petite somme et ils veulent <strong>de</strong> la qualité, ces<br />

instructeurs subissent une énorme pression, donc ils veulent <strong>de</strong> bons bénéficiaires.<br />

Notons à nouve<strong>au</strong> que la distinction entre les phases 3, 4 et 5 est plus théorique que<br />

pratique. Les responsables <strong>de</strong> <strong>CPAS</strong> ne <strong><strong>de</strong>s</strong>tinent en effet pas spécifiquement une mesure<br />

spécifique à une étape <strong>de</strong> l’activation. À ce titre, l’article60§7 est également utilisé pour<br />

l’activation professionnelle, car elle permet d’assurer le suivi du bénéficiaire, ce qui n’est<br />

pas le cas <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>au</strong>tres mesures, comme nous l’signale le responsable du <strong>CPAS</strong> 4G :<br />

L’article 60, c’est le revenu d’intégration sociale activé, et donc c’est ce qui<br />

représente pour nous la principale source <strong>de</strong> mise à l’emploi puisque toutes les<br />

<strong>au</strong>tres mesures d’activation, comme par exemple ACTIVA, SINE, PTP, on n’a <strong>au</strong>cun<br />

pouvoir <strong>de</strong> pression, ce sont <strong><strong>de</strong>s</strong> employeurs extérieurs, donc on n’a pas les moyens<br />

d’attirer <strong><strong>de</strong>s</strong> employeurs, donc ce sont <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes qui décrochent le travail par<br />

elles-mêmes et nous recontactent parce qu’elles ont retrouvé un patron.<br />

Ce suivi s’organise, comme prévu par la législation. Le <strong>CPAS</strong> 4L nous en parle :<br />

Il est obligatoire, on fait <strong><strong>de</strong>s</strong> évaluations avec l’employeur ou la personne qui<br />

s’occupe <strong>de</strong> mettre la personne <strong>au</strong> travail, la personne elle-même et nous, on est<br />

souvent à trois, et on fait ça <strong>de</strong> manière très régulière et très rapprochée <strong>au</strong> début<br />

du contrat, tous les quinze jours ou tous les mois, et on essaie d’espacer ça en fin <strong>de</strong><br />

contrat, pour que la personne puisse <strong>au</strong>ssi être plus <strong>au</strong>tonome et moins sous tutelle<br />

(du contrat article 60 ou ACTIVA, PTP, SINE)<br />

L’article 60§7, néanmoins, peut être utilisé en interne, ou avec <strong><strong>de</strong>s</strong> partenaires extérieurs,<br />

notamment les communes, les ASBL, les entreprises d’économie sociale ou encore les<br />

entreprises privées. Néanmoins, quelques éléments peuvent être remarqués. Tout d’abord,<br />

mais c’est un détail, la tutelle communale est si prégnante que les mises à disposition <strong>de</strong><br />

l’administration communale sont souvent considérées comme <strong><strong>de</strong>s</strong> articles 60 internes.<br />

Ensuite, il y a une différence fondamentale entre la Wallonie et Bruxelles. Bien que,<br />

comme on l’a vu précé<strong>de</strong>mment, certains <strong>CPAS</strong>, notamment les plus isolés et ceux qui<br />

manquent d’<strong>au</strong>tres possibilités, mettent parfois <strong><strong>de</strong>s</strong> articles 60 à disposition d’entreprises<br />

privées, la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> grands <strong>CPAS</strong> ten<strong>de</strong>nt à éviter cette formule. Pour ces partenariats,<br />

ils ten<strong>de</strong>nt à privilégier l’article 61. C’est à la fois pour <strong><strong>de</strong>s</strong> raisons idéologiques, dans le<br />

sens où ils estiment préférable <strong>de</strong> réserver la mesure <strong>au</strong> secteur <strong>de</strong> l’économie sociale et à<br />

l’administration, mais <strong>au</strong>ssi pour éviter une généralisation <strong><strong>de</strong>s</strong> emplois précaires. C’est<br />

enfin pour <strong><strong>de</strong>s</strong> raisons pratiques, dans la mesure où il est parfois difficile pour eux <strong>de</strong><br />

vérifier que la personne effectue bien les tâches qui étaient prévues et pas d’<strong>au</strong>tres, <strong>de</strong><br />

s’assurer qu’elle peut partir en formation, etc.<br />

Pour le <strong>CPAS</strong> 4M, ce sont clairement les raisons idéologiques qui priment :<br />

Une mesure que nous, on refuse d’appliquer, c’est l’article 60 dans le privé, je pense<br />

qu’il y en a qui sont moins gênés <strong>au</strong>x entournures, je pense qu’on peut se permettre<br />

ce luxe-là avec tous les partenaires qu’on a sur N et environs, c’est plus facile <strong>de</strong><br />

mettre les gens dans le non-marchand. Maintenant, dans <strong><strong>de</strong>s</strong> petits patelins où il n’y<br />

a parfois pas d’ASBL du tout et où la commune est en dispute avec le <strong>CPAS</strong>, ils n’ont<br />

peut-être pas d’<strong>au</strong>tre solution. Mais pour moi, c’était un véritable c<strong>au</strong>chemar, j’avais<br />

l’impression d’être un négrier. (Notamment dans le secteur <strong>de</strong> la construction).<br />

Au <strong>CPAS</strong> 4L, ce sont <strong><strong>de</strong>s</strong> raisons d’organisation pratique qui les ont éloignés <strong>de</strong> cette<br />

possibilité :<br />

156


Oui, l’article 60, avec ses différentes déclinaisons, donc soit dans un service <strong>de</strong> la<br />

commune ou du <strong>CPAS</strong>, soit dans les entreprises d’économie sociale. Il y avait les<br />

articles 60 en mise à disposition du privé, mais on essaie d’en faire <strong>de</strong> moins en<br />

moins parce que ça foire et que ce n’est pas bon, parce qu’il y avait <strong><strong>de</strong>s</strong> problèmes,<br />

un exemple : nous, ici, on travaille à 35h/semaine, on la mettait dans une entreprise<br />

privée qui fait 40h/semaine ; la personne était stigmatisée par ses collègues qui<br />

disaient « toi, déjà que tu viens du <strong>CPAS</strong>, mais en plus tu travailles 5 heures <strong>de</strong><br />

moins que nous », et puis l’employeur <strong>de</strong>vait payer le <strong>CPAS</strong>, on n’avait <strong>au</strong>cun<br />

recours s’il ne payait pas, on assignait <strong>au</strong> tribunal, on a perdu <strong>de</strong> grosses sommes,<br />

et je crois que l’UVCW dit qu’il ne f<strong>au</strong>t plus le faire, mais qu’il f<strong>au</strong>t employer <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

mesures <strong>de</strong> type ACTIVA où l’employeur est celui qui engage la personne, et donc on<br />

fait <strong><strong>de</strong>s</strong> ACTIVA, <strong><strong>de</strong>s</strong> SINE, <strong><strong>de</strong>s</strong> PTP, on fait moins <strong>de</strong> 61, parce que l’ACTIVA est<br />

souvent plus intéressant pour l’employeur. On faisait <strong><strong>de</strong>s</strong> intérims d’insertion, mais<br />

on n’en fait plus, ça ne marchait pas bien. (…) Les agences d’intérim <strong>de</strong>vaient<br />

engager le bénéficiaire pendant <strong>de</strong>ux ans. Et pendant ces <strong>de</strong>ux années-là, elles<br />

<strong>de</strong>vaient lui trouver <strong><strong>de</strong>s</strong> missions, et quand elles ne lui trouvaient pas <strong>de</strong> mission,<br />

elles <strong>de</strong>vaient mettre la personne en formation. Mais quand elles la mettaient en<br />

formation, ça coûtait <strong>au</strong>x agences d’intérim, donc elles faisaient tout pour la mettre<br />

en formation tout le temps, et on s’est retrouvé dans <strong><strong>de</strong>s</strong> cas où <strong><strong>de</strong>s</strong> gens <strong>de</strong> chez<br />

nous étaient envoyés dans <strong><strong>de</strong>s</strong> missions à l’opposé <strong>de</strong> ce qu’ils souhaitaient faire,<br />

donc ça n’allait pas. C’est tombé à la trappe.<br />

En ce qui concerne les intérims d’insertion, dont le <strong>CPAS</strong> 4L nous a indiqué qu’il n’en faisait<br />

plus, ils n’ont pas été évoqués dans les <strong>au</strong>tres <strong>CPAS</strong>. La question a été rarement posée, vu<br />

les réponses <strong>au</strong>x premiers entretiens. Un second exemple nous est donné par le <strong>CPAS</strong> 4M :<br />

On ne fait plus d’intérim d’insertion (…) C’était un système relativement foireux, on<br />

ne maîtrisait rien. (…) et les intérims n’ont plus besoin <strong>de</strong> nous, <strong>de</strong>puis qu’il y a les<br />

titres-services, c’est quand même plus intéressant, <strong>au</strong> début <strong><strong>de</strong>s</strong> carrières <strong><strong>de</strong>s</strong> gens<br />

en tout cas.<br />

Pour en revenir à l’article 60, à Bruxelles par contre, l’article 60 en mise à disposition<br />

d’entreprises privées est toujours utilisé, tandis que l’article 61 ne rencontre guère <strong>de</strong><br />

succès, comme nous l’signale le <strong>CPAS</strong> 4A :<br />

L’article 61 ? On n’en fait plus, on n’en a fait que très peu, on a arrêté parce que ça<br />

posait <strong><strong>de</strong>s</strong> problèmes, on n’a pas poursuivi parce qu’on était pas du tout content <strong>de</strong><br />

la manière dont les personnes étaient encadrées chez les partenaires. Donc, on a<br />

préféré rester dans le cadre <strong>de</strong> l’article 60 où là on a quand-même tout un<br />

accompagnement <strong>de</strong> la personne, on reste l’employeur, les personnes sont<br />

soumises à notre règlement <strong>de</strong> travail, à notre règlement par rapport <strong>au</strong>x sanctions<br />

et <strong>au</strong>tres entretiens d’évaluation et on trouve que ça a plus <strong>de</strong> sens dans le cadre<br />

<strong>de</strong> l’expérience professionnelle <strong>de</strong> la personne, <strong>de</strong> continuer à l’accompagner, <strong>de</strong> la<br />

voir en cours <strong>de</strong> contrat, <strong>au</strong>ssi pour améliorer ses compétences en cours <strong>de</strong><br />

contrat. On a convenu avec nos partenaires <strong>de</strong> libérer les personnes 2 <strong>de</strong>mijournées<br />

par semaine pour pouvoir suivre <strong><strong>de</strong>s</strong> formations que ce soit en<br />

informatique ou en langue ou une <strong>au</strong>tre formation qualifiante qui pourra servir<br />

après la contrat <strong>de</strong> travail.<br />

Dans le <strong>CPAS</strong> 4G, les raisons les plus courantes à cette préférence <strong>de</strong> l’article 60 sur<br />

l’article 61, chez les entreprises, sont expliquées. L’article 61 est moins intéressant<br />

financièrement que l’article 60 qui lui est donc préféré :<br />

En fait, <strong>de</strong>puis que l’article 60 a pu se développer dans le privé, ça a amené la mort<br />

<strong>de</strong> l’article 61, ce n’est pas du tout <strong>de</strong>mandé (…) parce que c’est moins cher. Dans<br />

l’article 61, l’employeur n’est pas le <strong>CPAS</strong> mais la société, et les coûts sont plus<br />

élevés. Mais ce qui est intéressant avec l’article 60 dans le privé, c’est que les<br />

utilisateurs peuvent bénéficier d’une prime <strong>de</strong> tutorat, donc pendant 12 mois, pas<br />

nécessairement consécutifs ils ont la possibilité <strong>de</strong> bénéficier <strong>de</strong> 250 € par mois pour<br />

former le personnel. Ils ne sont pas employeur, donc c’est tout bénef pour eux, la<br />

seule difficulté, c’est qu’ils doivent payer la prime <strong>de</strong> fin d’année et le pécule <strong>de</strong><br />

vacances, donc ça fait <strong>de</strong>ux mois où il y a <strong>de</strong> plus gros montants, mais<br />

mensuellement, ça tourne <strong>au</strong>tour <strong><strong>de</strong>s</strong> 700 € (soit la différence entre le salaire brut et<br />

le revenu activé, donc c’est pas tellement).<br />

157


Résumé<br />

La mesure la plus utilisée pour l’activation professionnelle est l’article 60§7, principalement<br />

dans les services internes (<strong>CPAS</strong>) ou assimilés (commune), dans les ASBL et entreprises<br />

d’économie sociale. S’y ajoute l’article 60§7 avec mise à disposition en entreprise privée, à<br />

Bruxelles surtout, et l’article 61, en Wallonie uniquement. Cette préférence envers l’article<br />

61 est due tant à <strong><strong>de</strong>s</strong> options idéologiques (la mesure article 60§7 est perçue comme utile<br />

<strong>au</strong> secteur socioculturel, disposant <strong>de</strong> faibles moyens, mais comme une précarisation <strong>de</strong><br />

l’emploi qu’il serait malvenu <strong>de</strong> favoriser dans le secteur privé lucratif). L’article 61 est<br />

également préféré, en Wallonie, car le contrat étant signé entre l’employeur et le<br />

bénéficiaire, sa continuité (sous forme d’un contrat classique ou d’une <strong>au</strong>tre mesure<br />

d’activation) est perçue comme plus aisée que l’article 60§7 qui implique un changement<br />

d’employeur et un s<strong>au</strong>t financier plus important. À Bruxelles, une concurrence<br />

géographique plus forte et l’absence <strong>de</strong> mot d’ordre <strong>de</strong> la part d’une plateforme regroupant<br />

les <strong>CPAS</strong> n’ont pas orienté les <strong>CPAS</strong> à promouvoir l’article 61 pour les entreprises privées<br />

lucratives, celui-ci n’étant quasiment jamais utilisé parce que moins intéressant<br />

financièrement que l’article 60§7.<br />

Les <strong>au</strong>tres mesures (ACTIVA, SINE, PTP…) sont plus rarement utilisées. Notons qu’elles<br />

sont plus souvent mises en œuvre suite à une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> émanant conjointement d’un<br />

bénéficiaire et d’une entreprise qui souhaite l’engager.<br />

5.6 Accompagnement vers le marché du travail<br />

régulier<br />

La mesure article 60 ne débouche pas nécessairement vers un contrat <strong>de</strong> travail<br />

« classique ». C’est même rarement le cas. Néanmoins, elle peut être suivie par d’<strong>au</strong>tres<br />

plans d’activation, tels que le PTP, l’ACTIVA ou le SINE. C’est une secon<strong>de</strong> forme <strong>de</strong> sortie<br />

positive qui peut pallier à certains inconvénients <strong>de</strong> l’article 60§7, évoqués par le <strong>CPAS</strong><br />

4F :<br />

On prévient les partenaires <strong><strong>de</strong>s</strong> principes lég<strong>au</strong>x liés à l’article 60 (rendre <strong><strong>de</strong>s</strong> droits<br />

et faire bénéficier d’une expérience professionnelle) ; mais bien sûr ce n’est pas<br />

l’objectif du service, et c’est le cas pour la majorité <strong><strong>de</strong>s</strong> services d’insertion, l’objectif<br />

principal est que l’article 60 soit un tremplin pour le marché du travail, même si<br />

l’article 60 reste un contrat précaire, les personnes restent à charge du <strong>CPAS</strong>, mais<br />

notre objectif c’est que les personnes, effectivement, bénéficient d’une expérience<br />

professionnelle, sortir du <strong>CPAS</strong>, et s’insérer réellement sur le marché du travail avec<br />

quelque chose <strong>de</strong> soli<strong>de</strong> et à long terme. Il y a <strong><strong>de</strong>s</strong> partenaires qui engagent les<br />

personnes à la sortie <strong>de</strong> l’article 60, c’est génial. Donc c’est notre rôle d’information,<br />

puisqu’il f<strong>au</strong>t savoir que la pério<strong>de</strong> article 60 est assimilée à une pério<strong>de</strong> d’ai<strong>de</strong>, et<br />

donc elle permet <strong>au</strong>ssi <strong>de</strong> rebondir vers d’<strong>au</strong>tres plans d’emb<strong>au</strong>che tels que ACTIVA,<br />

SINE, PTP »<br />

C’est <strong>au</strong>ssi le cas <strong>au</strong> <strong>CPAS</strong> 4M :<br />

Be<strong>au</strong>coup <strong>de</strong> SINE, qui suivent souvent les articles 60 : « ils ont nos personnes sous<br />

contrat article 60 et s’ils les gar<strong>de</strong>nt, c’est quand même la formule la plus<br />

intéressante, même si on ne sait pas ce qu’elle va <strong>de</strong>venir ».<br />

Notons cependant qu’un opérateur s’interroge sur l’existence <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux marchés du travail,<br />

l’un pour les personnes précarisées, fait <strong>de</strong> mesures <strong>de</strong> soutien à l’emb<strong>au</strong>che et <strong>de</strong><br />

contrats précaires, et l’<strong>au</strong>tre pour le public général.<br />

Le <strong>CPAS</strong> 4F signale la difficulté <strong>de</strong> trouver le juste milieu entre un poste adapté <strong>au</strong>x<br />

difficultés <strong>de</strong> la personne à insérer et un poste classique, entre l’accompagnement soutenu<br />

158


qui est offert par le <strong>CPAS</strong> et ensuite l’<strong>au</strong>tonomie surveillée du statut <strong>de</strong> chômeur<br />

in<strong>de</strong>mnisé.<br />

Un commentaire qu’on a <strong><strong>de</strong>s</strong> articles 60, c’est qu’on les a, entre guillemets,<br />

chouchoutés, et arrivés <strong>au</strong> chômage, ils se retrouvent parmi tous ces chômeurs, et<br />

ils se sentent parfois un peu perdus (…) Ce qu’on essaie <strong>de</strong> développer <strong>au</strong>ssi, nous<br />

les accompagnateurs, c’est le sens <strong>de</strong> l’<strong>au</strong>tonomie, parce que c’est une <strong><strong>de</strong>s</strong> priorités<br />

lorsqu’on met quelqu’un <strong>au</strong> travail, pour qu’il puisse développer son <strong>au</strong>tonomie pour<br />

éviter les embûches par la suite, mais c’est du cas par cas.<br />

Les <strong>CPAS</strong> 4D et 4E mettent durant cette phase l’accent sur la formation <strong>au</strong>x entretiens<br />

d’emb<strong>au</strong>che trois mois avant la fin <strong>de</strong> la trajectoire d’activation. Celle-ci est organisée par<br />

les agents d’insertion qui avec le bénéficiaire y rédigent un CV et discutent <strong><strong>de</strong>s</strong> postes<br />

vacants. Pour les <strong>CPAS</strong>, la relation avec le VDAB s’avère jouer un rôle crucial durant cette<br />

phase. Toutefois, les répondants tant du <strong>CPAS</strong> 4E que du <strong>CPAS</strong> 4D semblent constater <strong>de</strong><br />

nombreux inconvénients dans la collaboration avec le VDAB. Ceux-ci sont comparables <strong>au</strong>x<br />

constats <strong><strong>de</strong>s</strong> quadrants 1 et 2. On semble à nouve<strong>au</strong> reprocher <strong>au</strong> VDAB surtout un<br />

manque <strong>de</strong> vision. Le répondant du 4D ajoute à cet égard que le fonctionnement du VDAB<br />

local est lié à une réglementation centrale coordonnante et que cela rend la<br />

personnalisation impossible. Par ailleurs, le répondant du 4D mentionne que la<br />

collaboration avec le VDAB dépend principalement <strong>de</strong> la manière selon laquelle cela<br />

s’effectue <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> centres <strong>de</strong> quartier.<br />

5.7 Suivi<br />

Tel que détaillé <strong>au</strong>x chapitres précé<strong>de</strong>nts consacrés <strong>au</strong>x quadrants 1 à 3, la phase <strong>de</strong> suivi<br />

semble dépendre <strong>de</strong> la bonne volonté du bénéficiaire. Tous les <strong>CPAS</strong> le confirment.<br />

Certains bénéficiaires sont tentés <strong>de</strong> retourner dans une certaine passivité, une fois leur<br />

droit <strong>au</strong> chômage récupéré. C’est ce que nous signalent les <strong>CPAS</strong> 4L et 4M. Néanmoins, les<br />

<strong>CPAS</strong> ne sont pas légalement compétents pour assurer le suivi. Tout ce qu’ils peuvent<br />

faire, c’est rappeler à la personne que son obligation d’être actif dans sa recherche<br />

d’emploi se poursuivra <strong>au</strong> chômage :<br />

<strong>CPAS</strong> 4M :<br />

Oui, clairement, il y en a qui disent « après mon contrat 60, je vais <strong>au</strong> chômage,<br />

cool », et pas « je vais trouver <strong>de</strong> l’emploi », donc on prévient que c’est un leurre,<br />

que c’était peut-être vrai il y a 5-6 ans, mais plus maintenant, mais sinon, on ne les<br />

rappelle pas, on passe la main à un <strong>au</strong>tre organisme.<br />

Maintenant, on fait tout un travail d’encadrement pour que la personne, à la fin <strong>de</strong><br />

son contrat article 60, ne dise pas « voilà, j’ai gagné mon chômage à vie », d’abord,<br />

ça n’existe plus du tout, et en même temps, on a donné <strong><strong>de</strong>s</strong> outils <strong>au</strong>x gens pour<br />

qu’ils aient envie d’aller plus loin et qu’ils retrouvent du boulot.<br />

Nombreux sont les <strong>CPAS</strong> qui tentent d’assurer le suivi via la mesure dite « 500 € ». Celleci<br />

permet <strong>de</strong> signer une convention entre le service régional pour l’emploi, le <strong>CPAS</strong> et un<br />

<strong>au</strong>tre opérateur pour assurer le suivi <strong>de</strong> la personne. C’est le cas notamment dans le <strong>CPAS</strong><br />

4F :<br />

On a présenté le projet <strong>de</strong> la mesure 500 €, donc on voudrait intégrer les personnes<br />

en article 60, parce que pour nous, c’est un peu frustrant, parce qu’après une<br />

mesure article 60, s’il n’y a pas la possibilité <strong>de</strong> les engager, elles vont <strong>au</strong> chômage<br />

et elles per<strong>de</strong>nt le bénéfice <strong>de</strong> l’expérience qu’elles ont parce qu’elles n’ont pas les<br />

bons outils pour faire une recherche d’emploi convenable.<br />

159


Le suivi démarre trois mois avant la fin du contrat et se poursuit trois mois après la<br />

récupération <strong><strong>de</strong>s</strong> droits, comme nous le rappelle l’intervenante du <strong>CPAS</strong> 4A :<br />

On pratique la mesure 500, on fait un contrat <strong>de</strong> 3 mois avant la fin du contrat, la<br />

personne peut suivre <strong><strong>de</strong>s</strong> modules pour se préparer à sa recherche active d’emploi<br />

pour la fin du contrat. Et nous on a trois mois qui sont assurés chez nous et trois<br />

mois où on a un partenariat avec la mission locale, dont pendant les trois mois chez<br />

nous on refait les CV avec les personnes, les prépare <strong>au</strong>x entretiens <strong>de</strong> sélection, on<br />

fait <strong><strong>de</strong>s</strong> mises en situation, <strong><strong>de</strong>s</strong> jeux <strong>de</strong> rôle, etc. Au moment où ils basculent à la fin<br />

<strong>de</strong> contrat vers la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’allocation <strong>de</strong> chômage, le relais est pris par la mission<br />

locale, et là la mission locale continue le travail sur le coaching et accompagne<br />

éventuellement les personnes chez <strong><strong>de</strong>s</strong> employeurs potentiels.<br />

Dans le <strong>CPAS</strong> 4G, c’est le cas <strong>au</strong>ssi :<br />

Ne pas les larguer toutes seules une fois que le contrat est fini, <strong>de</strong> leur dire « ce<br />

n’est plus notre problème, vous ne faites plus partie <strong>de</strong> notre public, donc par<br />

rapport à ça, on travaille avec la mission locale, dans le cadre <strong>de</strong> ce qu’on appelle la<br />

mesure 500, mesure qui est sensée faire le pont entre le statut <strong>de</strong> bénéficiaire d’une<br />

ai<strong>de</strong> du <strong>CPAS</strong> et celui <strong>de</strong> chômeur, donc on ne sait pas bien si ça marche, parce<br />

qu’une fois que les personnes sortent <strong>de</strong> nos statistiques, c’est très difficile d’avoir<br />

une visibilité, parce que les acteurs du secteur <strong>de</strong> l’emploi à Bruxelles, c’est très<br />

compartimenté, chacun a ses statistiques et il y a peu d’interpénétration entre les<br />

différents statuts, et peu <strong>de</strong> suivi. Donc en partenariat avec la mission locale, dans<br />

les trois <strong>de</strong>rniers mois du contrat <strong>de</strong> travail, on recontacte tous les travailleurs article<br />

60 et on leur propose <strong>de</strong> participer à ce qu’on appelle « emploi tremplin », donc c’est<br />

un module <strong>de</strong> sept jours pendant lequel ils vont faire le point sur le projet<br />

professionnel, sur ce qu’ils vont faire après, on remet ça <strong>au</strong> clair, ils retravaillent<br />

leurs outils <strong>de</strong> recherche d’emploi, et donc suite à ça, ils ont accès à une table<br />

d’emploi, mais en étant accompagnés jusqu’à la fin <strong>de</strong> leur contrat. Et à l’issue <strong>de</strong><br />

leur contrat, ils ont toujours accès à cette table emploi mais sur base volontaire.<br />

Un outil particulier permettant d’assurer le suivi est le programme RPE (pour Rése<strong>au</strong><br />

Plateforme Emploi), développé par Actiris. Ce programme permet <strong>de</strong> suivre un <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur<br />

d’emploi, tout <strong>au</strong> long <strong>de</strong> son <strong>parcours</strong> et quel que soit son statut. Actiris signe <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

conventions avec les différents opérateurs <strong>de</strong> formation et avec les <strong>CPAS</strong>, par lesquelles<br />

ceux-ci s’engagent à répertorier, sous réserve <strong>de</strong> l’accord <strong>de</strong> la personne à être reprise<br />

dans le programme, les actes qu’ils posent dans le cadre du <strong>parcours</strong> d’insertion. Le <strong>CPAS</strong><br />

4F nous décrit le système :<br />

Mais il y a une contrainte : nous sommes tenus <strong>de</strong> réaliser l’encodage par le site RPE<br />

(rése<strong>au</strong> plateforme emploi), qui est un rése<strong>au</strong> informatisé commun à tous les<br />

organismes d’insertion socioprofessionnelle conventionnés avec Actiris, et donc on a<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> exigences <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> d’encodage, qui consistent à enco<strong>de</strong>r 100 dossiers par ETP<br />

et par année civile, donc c’est un gros travail d’encodage. »<br />

Néanmoins, les opérateurs sont souvent critiques par rapport à ce système, dans la<br />

mesure où l’encodage <strong>de</strong>man<strong>de</strong> du temps. En outre, certaines actions sont conventionnées<br />

et d’<strong>au</strong>tres non, ce qui fait que les travailleurs n’enco<strong>de</strong>nt que ce qui est nécessaire <strong>au</strong><br />

respect <strong>de</strong> la convention. Cela a pour conséquence que la mesure, selon eux, n’atteint pas<br />

son objectif dans la mesure où le <strong>parcours</strong> qui est repris ne correspond pas à la réalité <strong>de</strong><br />

la personne mais est trop fragmentaire. Le <strong>CPAS</strong> 4G nous détaille le problème :<br />

Le RPE qui a pour objectif louable <strong>au</strong> départ, à mettre en lien avec la politique<br />

d’activation, où on est sensé faire <strong><strong>de</strong>s</strong> encodages, donc le subsi<strong>de</strong> qu’on reçoit<br />

d’Actiris doit être justifié <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> d’encodages <strong>de</strong> données, on doit prouver qu’on<br />

suit <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes, c’est un grand mythe quelque part, c’est piloté par FSE, Actiris a<br />

un cahier <strong><strong>de</strong>s</strong> charges à respecter, nous sommes partenaires d’Actiris (…) <strong>au</strong> départ,<br />

ça a été très mal vécu, parce que c’était perçu comme un outil <strong>de</strong> contrôle, et on<br />

avait peur que ce qui figurait dans cette base <strong>de</strong> données soit utilisé par l’ONEM (…)<br />

mais pour moi, c’est un outil qui ne représente pas vraiment le <strong>parcours</strong> d’une<br />

personne, parce que d’une façon très hypocrite ou très luci<strong>de</strong>, on sait qu’il y a toute<br />

une série d’actions qui sont conventionnées et d’<strong>au</strong>tres pas, les premières nous<br />

rapportent <strong>de</strong> l’argent, les <strong>au</strong>tres pas ; c’est un outil qui est assez lourd à faire<br />

tourner, pour <strong><strong>de</strong>s</strong> raisons <strong>de</strong> conception d’outil mais <strong>au</strong>ssi pour <strong><strong>de</strong>s</strong> raisons internes,<br />

160


<strong>de</strong> rése<strong>au</strong>, et c’est une interface qui n’est pas super sympa dans une relation entre<br />

un agent et son client (…).<br />

En ce qui concerne le service régional pour l’emploi, qui n’a pas développé d’outil similaire,<br />

il est jugé, suite <strong>au</strong>x <strong>de</strong>rnières décisions politiques, comme disposant <strong>de</strong> be<strong>au</strong>coup trop <strong>de</strong><br />

pouvoir.<br />

Le FOREM est <strong>de</strong>venu tentaculaire, un super pouvoir extrêmement agaçant. (…) Donc<br />

le FOREM, on lui a donné le pouvoir <strong>de</strong> contrôler tout ce qu’il fait en termes d’insertion<br />

socioprofessionnelle sur le territoire, alors qu’ils sont bien obligés <strong>de</strong> reconnaître que<br />

tout le mon<strong>de</strong> fait mieux qu’eux. C’est un souci.<br />

Cet état <strong>de</strong> fait n’empêche pas les relations interpersonnelles d’être généralement bonnes,<br />

comme nous l’signale, par exemple, le <strong>CPAS</strong> 4M :<br />

Nos relations interpersonnelles sont excellentes, vraiment, et à tous les nive<strong>au</strong>x, on a<br />

d’excellents partenariats : on s’échange sans cesse <strong><strong>de</strong>s</strong> coups <strong>de</strong> fils pour essayer <strong>de</strong><br />

régler la situation d’une personne, il arrive que <strong><strong>de</strong>s</strong> démarchages vers un employeur<br />

privé se fasse en collaboration, même si c’est rare, on a d’excellents contacts avec les<br />

relations partenariales du FOREM, on a rencontré la semaine <strong>de</strong>rnière les CAP… (ils<br />

avaient fait convention avant les partenariats) Mais structurellement, c’est un peu<br />

agaçant <strong>de</strong> ne plus savoir bouger une oreille sans avoir l’aval du FOREM, mais dans le<br />

contenu, les contacts qu’on a avec les gens sont très bons, mais c’est vrai qu’ils ont un<br />

pouvoir <strong>de</strong> contrôle dans ce qu’on fait en EFT, et un peu partout finalement.<br />

Enfin, en ce qui concerne les MIRE, qui peuvent être un outil prenant le relais, en Wallonie,<br />

et œuvrant à l’insertion <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes issues du <strong>CPAS</strong>, elles sont également parfois jugées<br />

sévèrement, étant davantage <strong><strong>de</strong>s</strong>tinées à <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes disposant <strong>de</strong> plus <strong>de</strong><br />

qualifications.<br />

Maintenant, leurs critères <strong>de</strong> résultats sont tellement importants qu’il y a pas mal <strong>de</strong><br />

publics avec lesquels ils ne peuvent pas arriver à un tel résultat. (…) Mais c’est vrai<br />

que les personnes qu’on leur envoie, généralement ils ne savent parfois rien faire avec<br />

elles, soit parce que ce sont <strong><strong>de</strong>s</strong> profils spécifiques (personnes qualifiées mais sans<br />

reconnaissance du diplôme).<br />

Enfin, certains bénéficiaires choisissent <strong>de</strong> continuer à se faire suivre par le service<br />

insertion. Notons que nous n’avons rencontré cette réalité que dans les plus petits <strong>CPAS</strong> <strong>de</strong><br />

ce cluster et dans les <strong>CPAS</strong> d’<strong>au</strong>tres clusters. Le responsable du <strong>CPAS</strong> 4L nous en parle :<br />

On a <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes qui ont fait un <strong>parcours</strong> <strong>au</strong> <strong>CPAS</strong>, qui ont été mises à l’emploi sous<br />

contrat article 60, qui ont récupéré le droit <strong>au</strong> chômage, mais qui ne se sentent pas<br />

ép<strong>au</strong>lées par le FOREM en tant que chômeuses et qui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt à continuer à être<br />

ép<strong>au</strong>lées par nous, et qui viennent nous <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r à les suivre (…) Je pense que le<br />

suivi continue à gar<strong>de</strong>r cet esprit social <strong>de</strong> suivre la personne dans son ensemble, avec<br />

ses difficultés familiales, professionnelles, et donc nous, on a une vue globale <strong>de</strong> la<br />

personne et pas seulement son côté professionnel. Le FOREM ne se concentre que sur<br />

l’emploi. (…) Il y en a qui viennent encore parce qu’ils préfèrent être suivis par nous, il<br />

y a <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes qui retrouvent du boulot et ne veulent plus entendre parler <strong>de</strong><br />

nous.<br />

C’est <strong>au</strong>ssi le cas du <strong>CPAS</strong> 4M, dans une moindre mesure :<br />

Il y a la formation qu’on donne en fin <strong>de</strong> contrat pratiquement à tout le mon<strong>de</strong><br />

« recherche active d’emploi », et dans le cadre <strong>de</strong> la convention avec le FOREM, le<br />

lien est immédiat avec la MIRENA et donc on passe le flambe<strong>au</strong> à quelqu’un<br />

d’<strong>au</strong>tre. (…) Il y a <strong><strong>de</strong>s</strong> gens qu’on continue à suivre ici, peu, parce qu’ils sont<br />

libérés du <strong>CPAS</strong>, ce qui n’est pas rien, et ils ont envie <strong>de</strong> voir <strong>au</strong>tre chose.<br />

5.7.1 Résumé<br />

161


Le suivi, quand il est assuré, est principalement mis en œuvre grâce à la mesure 500 €.<br />

Néanmoins, une fois que la personne a récupéré ses droits, elle peut renoncer à ce suivi.<br />

C’est la raison pour laquelle ce dispositif est en général assuré si le bénéficiaire le souhaite.<br />

À Bruxelles, le RPE, développé par Actiris, constitue un outil plus formel <strong>de</strong> suivi<br />

permettant <strong>de</strong> transmettre entre opérateur <strong><strong>de</strong>s</strong> informations sur les actes posés par ou<br />

pour le bénéficiaire. Notons cependant que ce suivi est critiqué par les <strong>CPAS</strong>, car jugé trop<br />

administratif et technique d’une part, et peu représentatif du <strong>parcours</strong> réel, dans la mesure<br />

où seuls certains actes sont généralement encodés.<br />

5.8 Qu’en conclure ?<br />

Les clusters 6 et 7 n’ont pas été analysés comparativement. En effet, la distinction entre<br />

ces <strong>de</strong>ux clusters est relativement artificielle et leurs t<strong>au</strong>x d’activation durable<br />

(respectivement <strong>de</strong> 3,34 % pour le cluster 6 et <strong>de</strong> 2,78 % pour le cluster 7) ne sont pas<br />

significativement différents. Il est dès lors illusoire <strong>de</strong> vouloir caractériser les sousgroupes.<br />

Il nous a semblé plus intéressant <strong>de</strong> décrire la diversité <strong>de</strong> politiques que ces <strong>CPAS</strong>, vu leur<br />

taille, peuvent mener. La plupart ont développé différents services qui s’articulent les uns<br />

<strong>au</strong>x <strong>au</strong>tres. Néanmoins, dans la plupart d’entre eux, chaque bénéficiaire n’est pas suivi à<br />

chacune <strong><strong>de</strong>s</strong> étapes par un agent d’insertion différent, mais <strong>au</strong> contraire gar<strong>de</strong> un référent.<br />

En effet, il semble plus utile qu’un travailleur social ait une vue d’ensemble sur la situation<br />

<strong>de</strong> la personne.<br />

Seul un <strong>CPAS</strong> a pour politique que les dossiers soient suivis par le premier interlocuteur<br />

disponible <strong>au</strong> moment <strong>de</strong> chaque contact, les actes posés étant consignés dans un carnet<br />

<strong>de</strong> suivi (<strong>CPAS</strong> 4A) partagé entre les différents travailleurs soci<strong>au</strong>x.<br />

Les seules divisions du travail les plus couramment faites le sont d’une part entre les<br />

bénéficiaires <strong>de</strong> – <strong>de</strong> 25 ans, suivis par une cellule indépendante ou par le service social,<br />

pour l’ensemble <strong>de</strong> leur trajectoire ou simplement pour la partie non professionnelle, et les<br />

<strong>au</strong>tres, et d’<strong>au</strong>tre part entre l’article 60 (et parfois les <strong>au</strong>tres mesures d’insertion) et le<br />

reste <strong>de</strong> la trajectoire d’activation.<br />

En ce qui concerne les préformations, <strong>de</strong> nombreuses possibilités existent, même si les<br />

ateliers axés sur l’insertion sociale semblent moins souvent développés que dans <strong>de</strong> plus<br />

petits <strong>CPAS</strong>, tandis que les formations qualifiantes et professionnelles sont également très<br />

développées, en général en partenariat avec <strong><strong>de</strong>s</strong> organismes agréés mais parfois en<br />

interne.<br />

Les principales distinctions concernent <strong><strong>de</strong>s</strong> différences régionales. Les communes <strong>de</strong> la<br />

Région <strong>de</strong> Bruxelles, notamment, utilisent be<strong>au</strong>coup plus souvent le BSP que les<br />

communes wallonnes. Elles disposent d’un outil développé par Actiris, le RPE, qui, bien que<br />

critiqué, permet dans une certaine mesure d’assurer le suivi d’une personne <strong>au</strong>-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> ses<br />

différents statuts successifs. Surtout, elles utilisent be<strong>au</strong>coup plus l’article 60 en mise à<br />

disposition d’entreprises privées que les communes wallonnes, qui tentent d’y substituer<br />

l’article 61. Peut-être la <strong>de</strong>nsité <strong>de</strong> <strong>CPAS</strong>, mis en concurrence les uns avec les <strong>au</strong>tres,<br />

permet-il d’expliquer en partie cet état <strong>de</strong> fait.<br />

Néanmoins, <strong>au</strong>-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> ces différences régionales, une caractéristique nous frappe. Il<br />

semble que ces <strong>CPAS</strong>, dans leur majorité, disposent proportionnellement <strong>de</strong> moins <strong>de</strong><br />

moyens que les <strong>CPAS</strong> <strong>de</strong> communes plus petites. Le nombre <strong>de</strong> bénéficiaires suivi par<br />

agent semble être un critère très important car l’accompagnement s’en ressent. Les délais<br />

d’attente pour un ren<strong>de</strong>z-vous dépassant parfois le mois, l’entièreté du public ne peut pas<br />

toujours être suivie da façon approfondie et globale, le recours <strong>au</strong> service d’insertion est<br />

parfois (voire souvent) volontaire et l’ai<strong>de</strong> sociale non conditionnée, dans les faits, à<br />

l’activation.<br />

Néanmoins, même si le suivi purement social est souvent moins développé, ces <strong>CPAS</strong><br />

déploient énormément <strong>de</strong> mesures différentes et ont mis en place <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules d’insertion<br />

spécialisées.<br />

162


163


CHAPITRE 6 FACTEURS<br />

COMPLÉMENTAIRES<br />

Cet état <strong><strong>de</strong>s</strong> lieux ne serait pas complet si nous ne traitions pas <strong>de</strong> certains facteurs<br />

contrecarrant le passage à l’emploi <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires. Parmi ces facteurs, certains sont liés<br />

<strong>au</strong>x attitu<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires eux-mêmes, d’<strong>au</strong>tres sont relatifs à <strong><strong>de</strong>s</strong> aspects particuliers<br />

<strong>de</strong> la situation <strong>de</strong> certains bénéficiaires, d’<strong>au</strong>tres encore sont liés <strong>au</strong>x politiques <strong>de</strong><br />

l’emploi.<br />

Les dispositifs d’activation sociale <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> s’attachent <strong>au</strong> travail sur les facteurs liés à<br />

l’attitu<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes face <strong>au</strong> travail. Cependant, peut-être d’<strong>au</strong>tres dispositifs, en<br />

amont <strong>de</strong> l’insertion, pourraient-ils être mis en place, pour prévenir cet état <strong>de</strong> fait.<br />

Certains points particuliers <strong>de</strong> la situation <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires, restreignant leurs possibilités<br />

d’emploi, pourraient être facilement réglés par <strong><strong>de</strong>s</strong> politiques adéquates.<br />

Enfin, les politiques <strong>de</strong> l’emploi peuvent avoir <strong><strong>de</strong>s</strong> effets pervers, nécessitant <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

ajustements plus structurels. Nous commencerons par celles-ci.<br />

6.1 Facteurs liés <strong>au</strong>x politiques d’emploi<br />

6.1.1 Pièges à l’emploi<br />

Il s’agit d’un sujet complexe, que nous ne prétendons bien évi<strong>de</strong>mment pas régler en<br />

quelques lignes. Néanmoins, nous nous <strong>de</strong>vons d’en parler, les pièges à l’emploi<br />

constituant un obstacle face <strong>au</strong>quel nombre d’agents d’insertion se sentent impuissants.<br />

Le responsable du <strong>CPAS</strong> 3B nous en entretient :<br />

On essaie d’aller contre cet assistanat, parce que toutes les politiques d’ai<strong>de</strong> <strong>au</strong>x<br />

personnes qui sont dans le besoin, on peut comprendre, mais on ne les encourage pas à<br />

s’en sortir, parce qu’à côté <strong>de</strong> ça, quelqu’un qui est <strong>au</strong> chômage ou qui commence à<br />

travailler n’est pas plus avantagé. On a déjà fait le calcul, quelqu’un qui commence à<br />

travailler, les emplois <strong>de</strong> base, maintenant, c’est 1300 €, <strong>au</strong> RI, c’est presque 1000 €, donc<br />

la différence entre les <strong>de</strong>ux, vous enlevez les frais <strong>de</strong> transport, les frais vestimentaires et<br />

<strong>au</strong>tres, et vous ajoutez pour les bénéficiaires <strong>de</strong> prestations sociales tous les avantages, ils<br />

n’ont pas intérêt à aller travailler, ils le disent <strong>au</strong>ssi, donc il y a une politique sociale qui est<br />

actuellement menée, pour les maintenir dans un état d’assistanat.<br />

Trouver un emploi est encore bien plus désavantageux pour une personne qui a charge <strong>de</strong><br />

famille nombreuse ou s’il s’agit d’un emploi à temps partiel, comme l’signale le témoin du<br />

<strong>CPAS</strong> 3A :<br />

Je pense <strong>au</strong>ssi qu’il y a un problème <strong>de</strong> salaires trop bas ; je ne dis pas, surtout pas qu’il<br />

f<strong>au</strong>t baisser le RIS ni le chômage, mais je pense qu’il f<strong>au</strong>t <strong>au</strong>gmenter les salaires. Très<br />

concrètement, une femme seule avec <strong><strong>de</strong>s</strong> enfants qui est aidée par le <strong>CPAS</strong> perd <strong>de</strong><br />

l’argent si elle travaille à temps plein – donc à mi-temps, vous oubliez - ; elle perd <strong>de</strong><br />

l’argent tous les mois. (…) Donc perdre <strong>de</strong> l’argent, avoir <strong><strong>de</strong>s</strong> tracasseries, <strong>de</strong>voir<br />

s’organiser, les cas d’enfant mala<strong>de</strong>, les frais <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> d’enfant pour aller travailler, je<br />

comprends. (…) Donc je <strong>de</strong>man<strong>de</strong> que les frais <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> d’enfant soient pris en charge par<br />

le <strong>CPAS</strong> en plus <strong>de</strong> l’article 60, ce que le conseil accepte. Mais travailler pour gagner<br />

moins, ça ne va pas.<br />

Cet extrait <strong>de</strong> l’entretien du <strong>CPAS</strong> 7B est également exemplatif du problème :<br />

164


Il y a be<strong>au</strong>coup <strong>de</strong> gens qui ont un emploi mais qui sont dans <strong><strong>de</strong>s</strong> situations encore plus<br />

précaires que quand ils n’en avaient pas, parce que, imaginons, on va prendre le cas<br />

classique : une personne qui a trois ou quatre enfants a une série d’avantages financiers<br />

quand elle est aidée par le <strong>CPAS</strong>, elle a la gratuité <strong><strong>de</strong>s</strong> frais médic<strong>au</strong>x, les transports en<br />

commun gratuits, on peut intervenir <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> du paiement <strong><strong>de</strong>s</strong> crèches, <strong>de</strong> la gar<strong>de</strong>rie.<br />

Mais une fois qu’on travaille, on n’a plus d’allocations familiales majorées, on n’a plus la<br />

gratuité <strong><strong>de</strong>s</strong> soins médic<strong>au</strong>x, on doit payer sa crèche, on doit payer ses déplacements, estce<br />

que ça v<strong>au</strong>t la peine <strong>de</strong> travailler ? Alors, ça renvoie <strong>au</strong> salaire minimum, évi<strong>de</strong>mment :<br />

est-ce que ça v<strong>au</strong>t la peine <strong>de</strong> travailler pour un salaire qui me rapporte moins ou égal à ce<br />

que j’avais quand je ne travaillais pas, et j’ai plein <strong>de</strong> soucis en plus : je dois aller conduire<br />

mes enfants à la gar<strong>de</strong>rie, je dois payer la gar<strong>de</strong>rie, j’ai moins <strong>de</strong> revenus, donc<br />

finalement, l’un dans l’<strong>au</strong>tre, est-ce que c’est intéressant. Les gens qui travaillent à temps<br />

partiel, c’est pareil. Quand une personne travaille à temps partiel et qu’elle a un salaire qui<br />

est moindre que le t<strong>au</strong>x <strong>au</strong>quel elle pourrait prétendre ici, on lui complète son salaire par<br />

la différence entre les <strong>de</strong>ux, donc pourquoi on travaille, alors, si ce n’est pour la<br />

reconnaissance et le bien-être, et le fait qu’on cotise pour sa pension et qu’on a <strong><strong>de</strong>s</strong> congés<br />

payés, mais ma foi, la situation financière et sociale n’est pas plus confortable. Et on a<br />

plein <strong>de</strong> gens qui sont dans ce genre <strong>de</strong> situations.<br />

La perte financière ne se calcule donc pas uniquement sur la question du revenu net, mais<br />

également sur la perte d’avantages soci<strong>au</strong>x <strong>de</strong> toutes sortes et sur <strong><strong>de</strong>s</strong> charges (crèche,<br />

véhicule) souvent rendues nécessaires par un emploi.<br />

Le problème semble également se manifester entre le chômage et le <strong>CPAS</strong>, le statut <strong>de</strong><br />

bénéficiaire du revenu d’intégration étant souvent plus intéressant que celui <strong>de</strong> chômeur,<br />

comme nous l’signale le responsable du <strong>CPAS</strong> 4M :<br />

À même montant, entre chômage et un RI, ici, on va avoir en plus « sport et culture »,<br />

l’exonération <strong><strong>de</strong>s</strong> taxes <strong>de</strong> différentes sortes, l’article 27, sûrement d’<strong>au</strong>tres choses que<br />

j’oublie, et donc avoir le choix entre être chômeur et n’avoir en gros <strong>au</strong>cun avantage social<br />

et lorsqu’on a goûté à ce qu’on peut obtenir en étant <strong>au</strong> <strong>CPAS</strong>, je ne suis pas sûr qu’on a<br />

envie <strong>de</strong> retourner <strong>au</strong> chômage, quoi, c’est quand même embêtant.<br />

La seule possibilité, pour l’agent d’insertion, est <strong>de</strong> mettre en avant la reconnaissance<br />

symbolique apportée par un emploi, l’insertion sociale que ce <strong>de</strong>rnier permet, et<br />

l’<strong>au</strong>tonomie financière gagnée. C’est du moins ce que s’attache à faire la responsable du<br />

service d’insertion du <strong>CPAS</strong> 1Q :<br />

Les gens viennent et me disent « moi, je suis obligé <strong>de</strong> venir chez vous, mais je n’ai pas<br />

envie <strong>de</strong> travailler », et en creusant, on se rend compte qu’ils sont en général d’une famille<br />

défavorisée, que cette famille a un très m<strong>au</strong>vais rapport à l’emploi, que si vous travaillez,<br />

vous êtes un crétin parce que le système est fait pour ne pas travailler, donc je leur<br />

explique que si tout le mon<strong>de</strong> agit comme ça, il n’y <strong>au</strong>ra plus <strong>de</strong> sécurité sociale et que<br />

tout le mon<strong>de</strong> sera sous les ponts, donc <strong>de</strong> leur dire que tout le mon<strong>de</strong> ne peut pas être <strong>au</strong><br />

chômage, que c’est parfois un acci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> <strong>parcours</strong>, le tout étant <strong>de</strong> se remettre en<br />

mouvement rapi<strong>de</strong>ment, sinon, <strong>au</strong> bout <strong>de</strong> six mois, vous êtes démotivé. C’est flagrant<br />

chez les jeunes, surtout les enfants, parfois ils viennent avec leurs enfants, et quand on<br />

leur <strong>de</strong>man<strong>de</strong> ce qu’ils veulent faire plus tard, ils vous répon<strong>de</strong>nt chômeur ou aller <strong>au</strong><br />

<strong>CPAS</strong>, alors je conscientise les parents en leur disant <strong>de</strong> donner une image positive <strong>au</strong>x<br />

enfants, qu’il n’y a pas que le chômage, que le travail, c’est bien parce qu’il y a du lien<br />

social, <strong><strong>de</strong>s</strong> collègues, qu’on a <strong><strong>de</strong>s</strong> revenus plus importants… jusqu’<strong>au</strong> jour où on m’a<br />

démontré le contraire (…), donc les seuls arguments que j’ai trouvé, c’est <strong>de</strong> dire « oui,<br />

mais vous êtes seule chez vous avec votre enfant, vous n’avez <strong>au</strong>cun lien social, vous<br />

n’avez personne à qui parler, votre enfant, à un moment, va être scolarisée et elle <strong>au</strong>ra<br />

pour modèle une mère qui est <strong>au</strong> chômage et qui ne veut rien faire, donc je ne sais pas si<br />

c’est le meilleur modèle que vous voulez inculquer à votre enfant, vous ne cotisez pas pour<br />

votre pension donc d’office, vous <strong>au</strong>rez 500 € quand vous <strong>au</strong>rez 50 ans – j’ai exagéré,<br />

parce que le minimum est plus élevé que ça – mais officieusement, je peux comprendre<br />

cette maman qui me dit « je ne veux pas travailler parce que je perds <strong>de</strong> l’argent en allant<br />

travailler : j’ai plus <strong>de</strong> frais », donc concrètement, elle avait <strong><strong>de</strong>s</strong> frais <strong>de</strong> crèche, <strong>de</strong><br />

voiture.<br />

165


Une dégressivité progressive <strong><strong>de</strong>s</strong> avantages pourrait être mise en place, <strong>de</strong> manière à ne<br />

pas pénaliser trop rapi<strong>de</strong>ment les personnes retrouvant un emploi. Notons d’ailleurs que<br />

cette mesure est stipulée dans le plan d’action national (PAN).<br />

6.1.2 Subversion <strong>de</strong> la mesure article 60<br />

À partir <strong>de</strong> 1995, la mesure article 60, qui n’était à cette époque utilisable qu’en interne,<br />

n’était exonérée <strong>de</strong> cotisations patronales que si elle était <strong><strong>de</strong>s</strong>tinée à <strong><strong>de</strong>s</strong> postes<br />

supplémentaires par rapport à l’année précé<strong>de</strong>nte. En 1998, cette condition d’utilisation a<br />

disparu, <strong>de</strong> sorte que l’article 60 n’est plus uniquement exonéré <strong>de</strong> cotisations patronales<br />

pour ces nouve<strong>au</strong>x postes <strong>de</strong> l’année, mais pour tous les postes.<br />

Si cela ne prête généralement pas à conséquences pour les mises à disposition du privé<br />

(lucratif ou d’économie sociale), il arrive que certains services internes ou commun<strong>au</strong>x<br />

(nettoyage, cuisines commun<strong>au</strong>taires…) fonctionnent principalement avec <strong><strong>de</strong>s</strong> articles 60,<br />

ceux-ci étant renouvelés <strong>au</strong> fur et à mesure que les bénéficiaires récupèrent leurs droits et<br />

que les contrats se terminent.<br />

Ce ne serait pas un problème, dans le sens où la mesure n’a pas été prévue pour précé<strong>de</strong>r<br />

systématiquement un contrat plus durable, si un accompagnement était assuré, dans<br />

l’esprit <strong>de</strong> l’article 60.<br />

Malheureusement, lorsque <strong><strong>de</strong>s</strong> services fonctionnent quasiment exclusivement avec <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

travailleurs engagés sous contrat article 60§7, il est rare qu’un suivi <strong>de</strong> qualité puisse être<br />

assuré. En effet, dès qu’un travailleur est absent, le fonctionnement même du service est<br />

affecté, signe qu’<strong>au</strong>cune marge n’existe dans l’équipe, permettant par exemple à un<br />

accompagnateur <strong>de</strong> suppléer à cette absence. Il est également peu probable que l’accès à<br />

une formation puisse être assuré, simultanément à cet emploi. De plus, pour limiter les<br />

soucis <strong>de</strong> personnel, il est probable que les personnes choisies le sont parmi les<br />

bénéficiaires disposant <strong>de</strong> compétences sociales nécessaires pour un travail (respect<br />

d’horaires, <strong>de</strong> l’<strong>au</strong>torité…).<br />

Nous retenons ce témoignage du <strong>CPAS</strong> 4G :<br />

On a un rése<strong>au</strong> d’utilisateurs qui est bien rôdé, avec qui ont travaille <strong>de</strong>puis pas mal<br />

d’année, donc ils savent bien qu’on insiste fort sur l’encadrement, sur le fait qu’il doit y<br />

avoir un encadrement, <strong><strong>de</strong>s</strong> évaluations, qu’en principe, un service ne peut pas tourner<br />

avec <strong><strong>de</strong>s</strong> articles 60, même si c’est parfois le cas, il ne f<strong>au</strong>t pas se voiler la face : on a <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

services ici, où quand les articles 60 ne sont pas là, c’est la catastrophe, parce qu’ils<br />

représentent 10 ou 20% du service donc ils sont clairement nécessaires.<br />

Dans ce type <strong>de</strong> situation, les bienfaits <strong>de</strong> la mise <strong>au</strong> travail sont donc tempérés par le<br />

manque <strong>de</strong> suivi social. Les personnes récupèrent le droit <strong>au</strong> chômage, mais on peut se<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r ce qu’ils en ont retiré d’<strong>au</strong>tres, comme l’signale le responsable du <strong>CPAS</strong> 1O :<br />

- Moi, je donnerais l’exemple, pour le <strong>CPAS</strong> <strong>de</strong> C, du service d’ai<strong><strong>de</strong>s</strong> ménagères, qui est,<br />

pour moi, un frein structurel, parce qu’il s’agit d’un service qui tourne grâce <strong>au</strong>x articles<br />

60, et dans certains cas, on privilégie les objectifs du service <strong>au</strong> détriment du profil <strong>de</strong> la<br />

personne et <strong>de</strong> sa motivation, donc il y a parfois <strong><strong>de</strong>s</strong> cas où <strong><strong>de</strong>s</strong> gens sont poussés vers cet<br />

emploi, parce qu’on met en avant la situation financière <strong>au</strong> regard <strong>de</strong> problèmes immédiats<br />

et non dans une perspective <strong>de</strong> moyens et <strong>de</strong> long terme.<br />

- Et même le fait <strong>de</strong> reprendre <strong><strong>de</strong>s</strong> horaires, etc., ne suffit pas à rendre l’expérience<br />

suffisamment positive ?<br />

- Si, il y a moyen <strong>de</strong> trouver un compromis, mais parfois, les mises <strong>au</strong> travail sont<br />

vraiment contradictoires, je trouve, avec le projet <strong>de</strong> la personne elle-même, et on arrive<br />

parfois à rechercher <strong><strong>de</strong>s</strong> candidats pour <strong><strong>de</strong>s</strong> postes. Il y a l’exemple actuel <strong>de</strong> la cuisine <strong>de</strong><br />

C, qui tourne en sous effectif, il f<strong>au</strong>t absolument trouver une personne.<br />

En outre, cette mise à l’emploi n’est pas nécessairement celle qui serait la plus adaptée à<br />

la personne. C’est ce qu’signale le responsable du <strong>CPAS</strong> 3F :<br />

166


C’est très difficile entre ce que je pense et les besoins du service, parce qu’on est un petit<br />

<strong>CPAS</strong>, on a un home dans nos services, et la politique est que le service nettoyage du<br />

home soit fait par <strong><strong>de</strong>s</strong> articles 60, parce que ça permet <strong><strong>de</strong>s</strong> économies budgétaires, parce<br />

qu’un contrat article 60, c’est un plus dans un service, donc pour le home et la crèche, ça<br />

ne fonctionne qu’avec <strong><strong>de</strong>s</strong> articles 60. Donc quelque fois, j’estime que la personne, je<br />

<strong>de</strong>vrais la mettre plutôt dans à disposition dans une <strong>au</strong>tre ASBL, parce que ça sera peutêtre<br />

un peu mieux pour elle, parce qu’il y <strong>au</strong>ra peut-être une possibilité <strong>de</strong> contrat après<br />

l’article 60, malheureusement, je me sens un peu obligé <strong>de</strong> la mettre plutôt <strong>au</strong> home,<br />

parce que s’il n’y a personne pour nettoyer, on va <strong>de</strong> toute façon me <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r <strong>de</strong> trouver<br />

quelqu’un pour nettoyer <strong>au</strong> home. (..) Si le nombre <strong>de</strong> revenus d’activation monte, on va<br />

me dire « qu’est-ce qui se passe, est-ce que tu ne sais pas en mettre à l’emploi ». Si on dit<br />

« non, on ne s<strong>au</strong>rait pas », c’est tout <strong>de</strong> suite un drame. (…) Une fois que les services sont<br />

remplis, je fais ce que je veux avec les gens, je vois vraiment avec les personnes et peux<br />

faire mon travail correctement.<br />

Certains <strong>CPAS</strong>, toutefois, parviennent à résister, pour <strong>au</strong>tant que les pressions politiques<br />

ne soient pas trop fortes. C’est ce qu’signale le <strong>CPAS</strong> 2O :<br />

Le problème parfois vient <strong>au</strong>ssi du fait que, par exemple dans le nettoyage, on nous dit<br />

qu’il y <strong>au</strong>ra 5 postes en 2009, mais il ne s’agit pas <strong>de</strong> 5 postes supplémentaires, il s’agit <strong>de</strong><br />

postes que eux ont prévus dans leur cadre, ce qui veut dire que si on a une personne qui<br />

va parfois cahin-caha, eux, ça leur désorganise complètement le service, donc il y a une<br />

pression <strong>de</strong>rrière pour dire « il f<strong>au</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> gens fiables », et <strong>de</strong>uxièmement, si on n’a pas une<br />

personne pour renouveler une fois que le contrat d’une <strong>au</strong>tre s’arrête, ils restent parfois un<br />

ou <strong>de</strong>ux mois en manque <strong>de</strong> personnel. (…) Et il y a un peu cette attente où certains<br />

utilisateurs ou services nous voient un peu comme une agence intérim, et on n’est pas ça<br />

non plus, donc on essaie <strong>de</strong> recadrer, en disant : « nous, si on met une personne chez<br />

vous, c’est parce que ça s’inscrit dans un projet » et c’est pas « vite, il nous f<strong>au</strong>t<br />

quelqu’un, on va trouver quelqu’un, parce que là, ça va foirer, parce que la personne ne<br />

sera peut-être pas prête ou pas intéressée », donc c’est une garantie qu’on essaie <strong>de</strong><br />

maintenir pour la qualité <strong>de</strong> l’article 60.<br />

Bien entendu, ce problème n’est pas limité <strong>au</strong>x articles 60 en interne, et un article 60 isolé<br />

dans une équipe ne garantit pas nécessairement un encadrement adéquat, comme<br />

l’signale la responsable du <strong>CPAS</strong> 2B :<br />

Effectivement, la personne doit être libérable. En fait, l’article 60 ne peut pas servir à<br />

remplacer <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes en déficit, l’article 60 vient en plus, mais dans la réalité, ce n’est<br />

pas ça, l’article 60 est souvent indispensable. Voilà encore une dérive, la convention stipule<br />

que la personne renforce l’équipe existante, que la personne est encadrée, mais dans la<br />

réalité, on peut aller n’importe où, la personne va être seule à son poste, enfin, je vais<br />

dans l’extrême, mais c’est une réalité.<br />

Par ailleurs, plusieurs <strong>CPAS</strong> se plaignent d’être considérés comme <strong><strong>de</strong>s</strong> fournisseurs <strong>de</strong><br />

travailleurs bon marché, comme l’signale le <strong>CPAS</strong> 2B :<br />

L’intérim est un mot qui nous fait tiquer, parce qu’on a une série d’utilisateurs en<br />

entreprise privée qui nous prennent – enfin, évi<strong>de</strong>mment, il y a <strong><strong>de</strong>s</strong> abus du système, ça,<br />

vous vous en doutez bien, c’est la main d’œuvre bon marché, c’est indéniable – et on a<br />

parfois l’impression d’être une boîte d’intérim, mais on a une certaine éthique, donc on<br />

essaie d’être vigilant (…).<br />

Trois <strong>CPAS</strong> signalent les solutions qu’ils ont dégagées afin <strong>de</strong> limiter le risque que le<br />

bénéficiaire en article 60 soit utilisé comme main d’œuvre à bon marché, sans qu’une plus<br />

value qualitative ne lui soit apportée par ce contrat <strong>de</strong> travail.<br />

C’est le cas du <strong>CPAS</strong> 4L, qui impose une <strong><strong>de</strong>s</strong>cription <strong><strong>de</strong>s</strong> tâches avant <strong>de</strong> proposer un<br />

contrat article 60§7 avec mise à disposition du privé :<br />

Au terme du premier mois <strong>de</strong> travail, il y a une rencontre entre le référent article 60,<br />

l’encadrant sur le terrain et le travailleur pour voir comment le premier mois s’est passé,<br />

parce que c’est l’occasion – <strong>au</strong> moment où le travailleur signe son contrat, nous avons<br />

joint le <strong><strong>de</strong>s</strong>criptif <strong>de</strong> fonction qu’il va exercer dans son contrat, ce qui est rarement fait<br />

167


dans les <strong>au</strong>tres <strong>CPAS</strong>, ce <strong><strong>de</strong>s</strong>criptif, le partenaire doit s’y tenir, parce que souvent, le<br />

personnel article 60 est un personnel bon marché mis à disposition et l’utilisateur faisait un<br />

peu ce qu’il voulait, et parfois, on avait le travailleur qui disait qu’il n’avait pas compris<br />

qu’il était engagé pour ça, qu’il pensait être engagé pour telle et telle tâche, et donc c’est<br />

tout bête mais c’est important. (Ils n’affichent l’offre qu’une fois que le partenaire a rentré<br />

ce <strong><strong>de</strong>s</strong>criptif et règlement <strong>de</strong> travail).<br />

Le <strong>CPAS</strong> 4A a abouti exactement à la même conclusion, et impose donc également <strong>de</strong> lui<br />

transmettre un <strong><strong>de</strong>s</strong>criptif <strong>de</strong> fonction :<br />

Le début a été <strong>de</strong> mettre un dispositif d’insertion via l’article 60 et l’article 61. Cellule<br />

Relation-Entreprise dont la mission est <strong>de</strong> prospecter dans les entreprises privées. Pour les<br />

articles 60 : ce n’est pas suffisant <strong>de</strong> les mettre dans <strong><strong>de</strong>s</strong> postes <strong>de</strong> travail, f<strong>au</strong>t-il encore<br />

que les travailleurs soient encadrés, d’où la réflexion <strong>au</strong>tour <strong>de</strong> la notion <strong>de</strong> tutorat et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>criptions/analyses <strong>de</strong> postes. La personne référente a pour mission l’encadrement avec<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> équipes en soutien, on est un service séparé <strong><strong>de</strong>s</strong> antennes sociales, services <strong>de</strong><br />

première ligne, avec le soutien <strong>de</strong> l’ensemble <strong><strong>de</strong>s</strong> équipes du service ISP.<br />

Enfin, le <strong>CPAS</strong> 4M a, pour sa part, mis en œuvre une méthodologie permettant <strong>de</strong> limiter<br />

les abus et les risques :<br />

La plupart du temps, surtout quand ce sont <strong>de</strong> petites sociétés, elles ont une vision<br />

purement main d’œuvre bon marché, elles n’proposent pas l’encadrement souhaité et<br />

voulu. Parfois, <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>man<strong><strong>de</strong>s</strong> anecdotiques. Solution : procédure qui se base sur 3 avis<br />

pour déci<strong>de</strong>r si collaboration ou pas. 1) C’est l’ISP qui fait la présélection et on envoie<br />

<strong>de</strong>ux, trois candidats puis l’utilisateur choisit. 2) Le service finances vérifie la situation<br />

financière <strong>de</strong> l’entreprise pour voir si elle a les moyens <strong>de</strong> payer le tarif que le <strong>CPAS</strong><br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> suivant si c’est une ASBL ou <strong>au</strong>tre. 3) c’est l’ISP qui rend un avis sur<br />

l’encadrement et la possibilité <strong>de</strong> plus-value pour la personne. Ça permet d’écarter les<br />

partenaires les moins fiables. L’article 60 ne doit servir qu’à <strong>de</strong> l’occupationnel, il f<strong>au</strong>t du<br />

travail mais pas <strong>au</strong> point <strong>de</strong> faire tourner tout un service avec <strong><strong>de</strong>s</strong> articles 60, s<strong>au</strong>f en cas<br />

<strong>de</strong> projets spécifiques.<br />

6.1.3 Concurrence entre les <strong>CPAS</strong><br />

Sur un territoire <strong>au</strong>ssi restreint que la Région <strong>de</strong> Bruxelles-Capitale, les <strong>CPAS</strong> sont proches<br />

les uns <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>au</strong>tres, les bénéficiaires ont moins <strong>de</strong> problème <strong>de</strong> mobilité objective, et les<br />

entreprises privées peuvent ainsi se permettre <strong>de</strong> contacter différents <strong>CPAS</strong> pour un même<br />

poste.<br />

Maintenant, là, où il y a un biais, pour le moment, c’est à c<strong>au</strong>se <strong>de</strong> l’économie sociale :<br />

Il y a énormément d’ASBL ou <strong>au</strong>tres à qui on <strong>de</strong>mandait une intervention – ou pas – mais<br />

une quotité ASBL, et qui disent maintenant « on veut un article 60 mais on est reconnu en<br />

économie sociale donc on le veut à titre gratuit », et comme le nombre <strong>de</strong> postes doit être<br />

<strong>de</strong>mandé chaque année <strong>au</strong>près du Ministère, qui les répartit entre les <strong>CPAS</strong>, pour cette<br />

année, j’en ai 13, mais ça <strong>de</strong>vient difficile <strong>de</strong> trouver <strong><strong>de</strong>s</strong> ASBL pour les <strong>au</strong>tres, donc on<br />

doit négocier, « on vous en met un en économie sociale, mais si vous en voulez un<br />

<strong>de</strong>uxième – si ça se passe bien – on vous <strong>de</strong>man<strong>de</strong> une intervention » mais ils ne peuvent<br />

pas nécessairement les sortir, et moi, à un moment, je ne peux plus. » Mais c’est une<br />

question <strong>de</strong> budget et pas une question d’effet d’appel. « Mais ça <strong>de</strong>vient plus difficile car<br />

on risque d’avoir un shopping <strong>CPAS</strong> : « ah, ben celui-là ne l’a pas, alors je vais à Jette ou<br />

ailleurs », et donc ce qui a été construit risque d’être perdu.<br />

Les employeurs font donc pression pour obtenir du personnel sous la mesure la moins<br />

chère, ce qui peut également expliquer la difficulté d’utiliser l’article 61 à Bruxelles. Notons<br />

toutefois que ce problème se présente également en Wallonie, même s’il a été moins<br />

souvent évoqué. C’est ce qu’signale le responsable du <strong>CPAS</strong> 3C :<br />

On privilégie l’article 60 majoré dans une entreprise d’insertion sociale, par rapport <strong>au</strong><br />

SINE, parce que l’employeur ne va rien payer. L’article 60 majoré a été fait pour<br />

168


l’économie sociale, et donc l’économie sociale est très <strong>de</strong>man<strong>de</strong>use, donc si moi, je dis à<br />

une entreprise d’économie sociale, « je vais vous mettre un SINE parce que moi, je gar<strong>de</strong><br />

mon stock d’articles 60 majorés pour moi », ils vont me dire « ah non, moi, je vais dans<br />

un <strong>au</strong>tre <strong>CPAS</strong> », parce que les entreprises d’économie sociale jouent <strong>au</strong>ssi la concurrence<br />

entre les <strong>CPAS</strong> en faisant pression, ce qui fait qu’à un moment, je vais accepter l’article 60<br />

majoré. On est dans cette logique-là, mais comme c’est une mesure pour ce secteur-là,<br />

c’est tout à fait normal qu’eux agissent <strong>de</strong> cette façon-là.<br />

6.1.4 L’article 60, sésame pour le chômage<br />

De la part <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires également, l’article 60 est parfois mal compris. Certains le<br />

perçoivent en effet comme un sésame pour récupérer leurs droits, voire comme un droit,<br />

comme l’signale le responsable du <strong>CPAS</strong> 3G :<br />

L’effet pervers du système, c’est que j’ai <strong><strong>de</strong>s</strong> gens qui viennent me <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r un article 60<br />

alors qu’ils ne sont pas aidés. Ils <strong>au</strong>raient tendance à venir se faire ai<strong>de</strong>r pour pouvoir<br />

travailler parce qu’évi<strong>de</strong>mment, c’est plus facile <strong>de</strong> trouver un emploi avec ce contrat-là.<br />

Cette évolution n’est pas dramatique, mais elle illustre la pression mise sur l’activation <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

personnes et le besoin financier dans lequel elles se trouvent.<br />

6.1.5 Problèmes <strong>de</strong> statuts, <strong>au</strong>x marges <strong><strong>de</strong>s</strong> opérateurs<br />

Un <strong>au</strong>tre problème qui se pose est celui créé par les différents statuts que peut avoir une<br />

même personne. Par exemple, un bénéficiaire peut dépendre à la fois du chômage et du<br />

revenu d’intégration. Cela ne va pas nécessairement sans poser <strong>de</strong> difficultés, comme<br />

l’signale le responsable du <strong>CPAS</strong> 4F :<br />

On a une jeune femme qui a un chômage partiel et donc un complément du <strong>CPAS</strong>, qui a<br />

suivi la formation, et pour le moment, elle a plein <strong>de</strong> problèmes avec le chômage et son<br />

syndicat, parce que forcément, le <strong>CPAS</strong> est un droit résiduaire et donc son statut <strong>de</strong><br />

chômeuse prime sur le complément du <strong>CPAS</strong>, et donc elle a dû faire une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

dispense, pour avoir une dérogation vu qu’elle n’est plus disponible sur le marché <strong>de</strong><br />

l’emploi vu qu’elle est en formation, donc je crois qu’elle a obtenu sa dispense, mais<br />

maintenant, ils lui font un tas <strong>de</strong> problèmes parce qu’ils lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt un C90 ou quelque<br />

chose du genre, donc les documents <strong>de</strong> mise en formation qu’on établit pour les chômeurs,<br />

mais ce n’est pas son cas vu qu’elle est rentrée dans une formation en tant que<br />

bénéficiaire du <strong>CPAS</strong>, et donc j’ai une collègue qui s’arrache les cheveux pour essayer <strong>de</strong><br />

faire comprendre à l’ONEM et <strong>au</strong> syndicat qu’on n’est pas en mesure d’établir ces<br />

documents et qu’il n’y a pas <strong>de</strong> raison <strong>de</strong> pénaliser cette personne parce qu’elle a bien<br />

suivi cette formation. Alors je pense qu’on arrivera à débloquer le dossier, mais en<br />

attendant son dossier est bloqué pour le moment, donc elle ne vit qu’avec le complément<br />

du <strong>CPAS</strong>. Bon, c’est évi<strong>de</strong>mment un cas exceptionnel.<br />

Pour d’<strong>au</strong>tres bénéficiaires, il peut y avoir un conflit entre les obligations du contrat <strong>de</strong><br />

projet professionnel (CPP) conclu avec Actiris et celles du projet individualisé d’intégration<br />

sociale, conclu avec le <strong>CPAS</strong>, comme l’signale le responsable du <strong>CPAS</strong> 2O :<br />

Avec l’antenne, on les a invités une première fois quand ils sont venus s’implanter ici, pour<br />

voir comment est-ce qu’on peut collaborer vu qu’on va être amené à leur envoyer parfois<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> gens ou alors il y a <strong><strong>de</strong>s</strong> gens qui sont sous le CPP qui les lie une fois qu’il est signé,<br />

théoriquement sur base volontaire et c’était dans le but qu’on aille dans la même direction<br />

parce que si le jeune est aidé par le <strong>CPAS</strong> pour un complément <strong>de</strong> chômage ou simplement<br />

s’il est inscrit chez Actiris comme chercheur d’emploi mais qu’il signe un CPP et puis avec<br />

nous, s’il a moins <strong>de</strong> 25 ans qu’il signe un contrat d’intégration sociale et que ça prend <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

voies complètement divergentes, ça n’avait pas <strong>de</strong> sens. On s’est dit est-ce qu’on se<br />

communiquerait pas <strong>de</strong> temps en temps <strong><strong>de</strong>s</strong> informations quitte à se voir à trois avec le<br />

bénéficiaire comme ça on va aller ensemble dans la même direction.<br />

169


6.1.6 Relations avec l’ONEM<br />

Les rapports avec l’ONEM sont rarement décrits comme très positifs. Tout d’abord, le<br />

système utilisé par l’ONEM pour calculer les jours nécessaires à la personne pour récupérer<br />

ses droits semble avoir changé et <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à présent plus <strong>de</strong> temps, ce qui ne facilite pas<br />

le travail <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> dans la préparation <strong><strong>de</strong>s</strong> contrats article 60§7, comme nous l’signale le<br />

<strong>CPAS</strong> 2D :<br />

Avec l’ONEM, c’est un peu délicat, en fin d’article 60, pour avoir le nombre <strong>de</strong> jours, ils se<br />

basent sur <strong><strong>de</strong>s</strong> déclarations ONSS et nous, on arrive en plein milieu du trimestre, et eux<br />

doivent attendre la fin du trimestre pour les déclarations ONSS, et nous on a un contrat,<br />

dont on sait qu’il va bientôt se terminer, et que si on dépasse <strong>de</strong> quelques jours, c’est une<br />

question <strong>de</strong> subventions <strong>au</strong>ssi, et donc il f<strong>au</strong>t qu’on sache <strong>au</strong> plus précis la date, et donc<br />

parfois, on fait appel à eux parce qu’on espère qu’ils peuvent nous donner une réponse<br />

précise. Quand c’est une personne qui n’a jamais travaillé, c’est plus facile, mais quand<br />

c’est une personne qui a déjà travaillé avant, avec <strong><strong>de</strong>s</strong> mi-temps, <strong><strong>de</strong>s</strong> temps partiels, ça a<br />

été vraiment difficile (…) ils ne savaient pas, ils n’ont pas pu répondre (…) avant 2006 ou<br />

2007, ils pouvaient nous calculer le nombre <strong>de</strong> jours, et puis parce qu’ils ont décidé <strong>de</strong> se<br />

baser sur les déclarations ONSS, ce n’est plus possible (…) Donc l’ONEM est plus pour nous<br />

une nébuleuse que le FOREM (…) À l’ONEM, ils ne connaissent pas toujours notre<br />

législation, et donc on se fait remballer, et « si, si, il y a tel texte <strong>de</strong> loi qui dit que<br />

l’ACTIVA, pour tel âge, et eux disent « nous, on a un <strong>au</strong>tre texte <strong>de</strong> loi, et on ne veut pas<br />

savoir <strong>de</strong> quoi vous nous parlez », et donc on se fait un peu remballer, et ça nous paraît<br />

plus une grosse machine sans visage que d’<strong>au</strong>tres comme la MIRE ou le FOREM.<br />

Un <strong>au</strong>tre élément détaillé dans cet extrait est la rigidité avec laquelle l’ONEM travaille<br />

parfois. Son avis est <strong>au</strong>toritaire, également face à <strong><strong>de</strong>s</strong> mesures spécifiques développées<br />

par les <strong>CPAS</strong> qui doivent faire la preuve <strong>de</strong> la légalité du plan d’emb<strong>au</strong>che qu’ils proposent.<br />

Le <strong>CPAS</strong> 1Q s’en plaint également :<br />

Il y a une grosse contradiction <strong>CPAS</strong>-ONEM. (…) L’ONEM ne connaît pas les plans<br />

d’emb<strong>au</strong>che <strong>CPAS</strong> – moi, je connais les plans d’emb<strong>au</strong>che ONEM parce que je travaille<br />

avec <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs d’emploi qui sont chômeurs complets in<strong>de</strong>mnisés, mais ça pose<br />

parfois <strong><strong>de</strong>s</strong> conflits, et quand, <strong>de</strong>vant un employeur, vous avez un conflit pour un plan<br />

d’emb<strong>au</strong>che, c’est mal vu. (…) Exemple si la personne à un RIS, le PTP, c’est un bon<br />

exemple, je n’en fais d’ailleurs plus parce qu’il y a trop <strong>de</strong> démarches à faire : j’ai rempli le<br />

document, je pense que c’est le BM200.3, je crois, que j’ai renvoyé <strong>au</strong> FOREM pour dire<br />

que la dame à un RI <strong>de</strong>puis telle date et qu’elle peut donc bénéficier du PTP, ils envoient ça<br />

à l’employeur, qui m’appelle et me dit « ah, non, elle ne bénéficie pas d’un PTP, elle n’a<br />

pas <strong>de</strong>ux ans <strong>de</strong> chômage ». Je dis : « Oui, mais elle est en assimilé, donc elle a 2 ans <strong>de</strong><br />

RIS, donc c’est assimilé à une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> chômage, donc elle a droit à un PTP, mais pas<br />

chômage, <strong>CPAS</strong> ». J’ai le secrétariat social qui m’appelle ensuite, qui me dit « Écoutez, je<br />

viens d’avoir l’ONEM <strong>au</strong> téléphone, ils me confirment que madame n’a pas droit <strong>au</strong> PTP,<br />

alors j’ai eu un doute, donc je ressors la législation (…) et c’est bien précisé dans la loi,<br />

donc j’ai rappelé le secrétariat social, j’ai faxé la législation, et l’employeur peut en plus<br />

bénéficier d’une réduction supplémentaire comme c’est un plan d’emb<strong>au</strong>che <strong>CPAS</strong>, donc<br />

ça, ils étaient pas <strong>au</strong> courant donc ils ont été bien contents, mais après, j’ai l’ONEM qui<br />

m’a rappelé en me disant que c’était une vieille législation, donc j’ai appelé le Ministère et<br />

l’Union <strong><strong>de</strong>s</strong> Villes et Communes pour voir si je n’avais pas fait une erreur parce que les<br />

sites ne sont pas toujours mis à jour, donc ça a été un foin terrible. (…) Mais l’ONEM avait<br />

tort.<br />

6.1.7 Aux marges <strong><strong>de</strong>s</strong> mesures<br />

Les mesures sont globalement peu critiquées. Néanmoins, le PTP est parfois décrié,<br />

principalement parce que le paiement est effectué <strong>au</strong> départ <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux sources différentes,<br />

comme l’signalent le responsable du <strong>CPAS</strong> 4L :<br />

170


Le PTP, ça m’embête. L’avantage <strong>de</strong> SINE et d’ACTIVA, <strong>au</strong>jourd’hui, c’est que la personne<br />

reçoit <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> son patron l’intégralité <strong>de</strong> son salaire et nous, on donne le subsi<strong>de</strong> <strong>au</strong><br />

patron, tandis que le PTP, qui dure <strong>de</strong>ux ans, la personne doit rentrer <strong><strong>de</strong>s</strong> papiers pour<br />

recevoir une grosse part <strong>de</strong> son salaire, et donc, moi, je ne trouve pas ça normal,<br />

quelqu’un qui travaille à temps plein et qui doit justifier d’<strong>au</strong>tre chose que le fait qu’elle a<br />

travaillé pour aller chercher son pognon.<br />

Le problème semble <strong>au</strong>ssi se poser pour l’ACTIVA, mais en réalité, tant pour le PTP que<br />

pour l’ACTIVA, le paiement par <strong>de</strong>ux sources se produit selon <strong><strong>de</strong>s</strong> cas <strong>de</strong> figure différents,<br />

comme l’signale le responsable du <strong>CPAS</strong> 4F :<br />

Il y a une petite différence entre les personnes qui émargent du chômage ou du <strong>CPAS</strong>,<br />

pour l’ACTIVA : l’employeur paie l’entièreté du salaire <strong>au</strong> travailleur, et le <strong>CPAS</strong> est payé<br />

directement sur le compte <strong>de</strong> l’entreprise. Par contre, les personnes qui émargent du<br />

chômage ont <strong>de</strong>ux sources <strong>de</strong> paiement : syndicat ou CAPAC et employeur. Par contre,<br />

PTP, c’est le contraire : le chômeur reçoit une source unique via l’employeur, tandis que<br />

pour les personnes du <strong>CPAS</strong>, ils reçoivent une partie <strong>de</strong> l’employeur tandis que le reste est<br />

payé par….<br />

D’<strong>au</strong>tres problèmes administratifs peuvent se poser lorsqu’un bénéficiaire déménage en<br />

cours <strong>de</strong> contrat ; c’est ce qu’signale la responsable du <strong>CPAS</strong> 1Q :<br />

Le PTP, c’est comme un article 60, mais je ne l’aime pas be<strong>au</strong>coup, surtout quand il y a<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> changements <strong>de</strong> compétence, c’est horrible à gérer, parce qu’on a la même loi mais<br />

pas la même manière <strong>de</strong> l’interpréter. (Ex. sur l’ACTIVA, en cas <strong>de</strong> déménagement :<br />

imaginez, vous êtes l’entreprise, vous recevez <strong><strong>de</strong>s</strong> subsi<strong><strong>de</strong>s</strong> d’un <strong>CPAS</strong>, <strong><strong>de</strong>s</strong> subsi<strong><strong>de</strong>s</strong> d’un<br />

<strong>au</strong>tre <strong>CPAS</strong> (qui a gardé le tutorat), c’est déjà pas simple à gérer parce que vous ne savez<br />

plus quels documents à renvoyer à qui. Ils ont une inspection, ils me disent « finalement,<br />

on vous renvoie le tutorat », mais moi, je ne peux pas le récupérer comme ça, parce que<br />

j’ai <strong><strong>de</strong>s</strong> démarches à faire, je dois le faire passer <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> du conseil (…) donc <strong>au</strong> final, il<br />

a été convenu <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> du <strong>CPAS</strong> que dès qu’une personne déménage, c’est le <strong>CPAS</strong> où<br />

elle a déménagé qui <strong>de</strong>vient compétent pour l’ensemble, sinon, c’est trop compliqué à<br />

gérer.<br />

Cette limite du travail <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong>, liée à la compétence géographique, se produit d’ailleurs<br />

pour tout cas <strong>de</strong> déménagement, où le suivi est rarement assuré, d’un <strong>CPAS</strong> à un <strong>au</strong>tre.<br />

Le <strong>CPAS</strong> 2C nous en entretient :<br />

Le problème, c’est quand on déménage, <strong>de</strong> fait, parce que là, on perd la compétence, et<br />

là, c’est un peu dommage, à tout moment, à tout nive<strong>au</strong>, et donc si elle est en plein bilan,<br />

on interrompt, et puis elle arrive ailleurs et elle peut redémarrer ailleurs, donc là, il<br />

pourrait y avoir une meilleure communication entre les <strong>de</strong>ux pour que la personne ne<br />

redémarre pas à zéro.<br />

6.2 Facteurs liés à l’attitu<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires<br />

6.2.1 Aspects générationnels<br />

Il semble que le manque <strong>de</strong> perspective soit parfois ancré dans les habitu<strong><strong>de</strong>s</strong> familiales, <strong>au</strong><br />

point que la personne ait perdu tout contact avec la réalité du travail. Leur objectif en<br />

<strong>de</strong>vient parfois <strong>de</strong> conserver le statut <strong>de</strong> bénéficiaire du <strong>CPAS</strong>.<br />

Les trois extraits suivants sont évocateurs à ce sujet.<br />

<strong>CPAS</strong> 2B<br />

Je crois que ça tient <strong>au</strong> public, <strong>au</strong> contexte social <strong>de</strong> la vie <strong>de</strong> la personne. J’ai le sentiment<br />

que ce sont <strong><strong>de</strong>s</strong> jeunes qui ont évolué dans un milieu où le travail n’est pas valorisé. On se<br />

171


end compte <strong>au</strong>ssi que c’est parfois <strong>de</strong> génération en génération, où les parents euxmêmes<br />

étaient <strong>au</strong> <strong>CPAS</strong>, donc c’est parfois une suite logique.<br />

<strong>CPAS</strong> 4L<br />

D’un <strong>au</strong>tre côté, on a une population où c’est la <strong>de</strong>uxième voire troisième génération <strong>de</strong><br />

personnes qui sont <strong>au</strong> <strong>CPAS</strong>, qui ont vu les parents, voire parfois les grands-parents, donc<br />

là, il y a toute une démarche à faire pour faire comprendre que le <strong>CPAS</strong>, ce n’est pas une<br />

vie, qu’il f<strong>au</strong>t pouvoir en sortir. C’est un travail <strong>de</strong> longue haleine, c’est dur. Il y a un côté<br />

confortable à être <strong>au</strong> <strong>CPAS</strong> et un côté très inconfortable à retrouver du boulot, ce sont les<br />

pièges à l’emploi. Quand on retrouve du boulot, le salaire n’est pas génial, et une partie du<br />

salaire s’en va en tas <strong>de</strong> frais qu’on n’avait pas quand on était <strong>au</strong> <strong>CPAS</strong>. (…) Il y a <strong>au</strong>ssi<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> personnes qui sont en<strong>de</strong>ttées, et qui nous disent « si je retrouve du boulot, je vais<br />

<strong>de</strong>voir rembourser, je vais avoir les huissiers sur le dos, alors que maintenant, je suis <strong>au</strong><br />

<strong>CPAS</strong>, je suis insolvable, on ne m’embête pas ».<br />

<strong>CPAS</strong> 8A<br />

Il y a <strong><strong>de</strong>s</strong> jeunes qui viennent et qui disent « moi, je veux un contrat article 60, on m’a dit<br />

que j’avais droit, et après, une fois que j’<strong>au</strong>rai fait mon contrat article 60, je serai<br />

tranquille parce que je serai <strong>au</strong> chômage », parce que certains ont encore cette image du<br />

chômage où papa et maman, ça fait 25 ans qu’ils sont <strong>au</strong> chômage, on les laisse<br />

tranquilles. Mais ils ne veulent pas me croire que le chômage, c’est pire que le <strong>CPAS</strong>, parce<br />

que nous, on est très embêtant, mais en même temps, on est très laxistes : <strong>au</strong> FOREM ou<br />

à l’ONEM, si on n’est pas là à une convocation et que c’est injustifié, c’est quasiment 13<br />

semaines <strong>de</strong> renvoi, nous on essaie <strong>de</strong> voir pourquoi la personne n’est pas venue. (…)<br />

C’est pour ça qu’on essaie <strong>de</strong> serrer un peu la vis, d’emboîter un peu le pas <strong>de</strong> l’ONEM. De<br />

leur dire « si on vous paie, on est un peu comme un employeur, on a droit à <strong><strong>de</strong>s</strong> retours. »<br />

La situation semble encore plus préoccupante lorsqu’outre la famille, l’environnement<br />

social lui-même a retiré <strong>au</strong> travail tout l’aspect socialement valorisant qu’il peut avoir.<br />

C’est le cas notamment dans certaines cités sociales, regroupant un nombre important <strong>de</strong><br />

bénéficiaires du <strong>CPAS</strong>. On retrouve cette idée dans les <strong>de</strong>ux <strong>CPAS</strong> suivants, notamment.<br />

<strong>CPAS</strong> 2C<br />

Ça a toujours été comme ça, parce qu’on a du logement social. On <strong>au</strong>rait pas <strong>de</strong> logement<br />

social, ce ne serait pas comme ça (…) Logement social, population défavorisée, c’est<br />

comme ça. (…) Il f<strong>au</strong>drait qu’ils pensent à venir <strong>au</strong> <strong>CPAS</strong> plus souvent, ils savent tous que<br />

le <strong>CPAS</strong> existe, puisqu’on connaît dans les logements soci<strong>au</strong>x pratiquement les trois quarts<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> gens, donc ils savent tous qu’on est là, ils savent tous ce qu’on fait mais ils ne<br />

viennent pas. (…) On dit toujours que les gens ne veulent pas venir <strong>au</strong> <strong>CPAS</strong> parce que ça<br />

fait p<strong>au</strong>vre, parce que ceci, parce que cela, mais ce n’est pas vrai, ce sont <strong><strong>de</strong>s</strong> gens qui<br />

nous connaissent, ce sont <strong><strong>de</strong>s</strong> gens qui savent comment on fonctionne <strong>de</strong>puis <strong><strong>de</strong>s</strong> années,<br />

et donc. Non, on ne veut pas avoir à rendre <strong><strong>de</strong>s</strong> comptes à quelqu’un, c’est ça le problème<br />

(…) et alors une naïveté : ils ne se ren<strong>de</strong>nt pas compte que telle action <strong>au</strong>ra telle<br />

conséquence, quoi, donc quand ils paient les frais, ils sont le bec dans l’e<strong>au</strong>, ils ne savent<br />

plus comment faire, et là, ils arrivent en criant <strong>au</strong> secours. Et le pire, c’est qu’ils ne font<br />

pas le lien. C’est une espèce d’inconscience, entre l’action et les conséquences, on ne met<br />

pas ensemble. De toute façon, quand ils font le lien, c’est pas <strong>de</strong> leur f<strong>au</strong>te, c’est <strong>de</strong> la<br />

f<strong>au</strong>te <strong>de</strong> la société qui ceci ou cela, ou c’est <strong>de</strong> la f<strong>au</strong>te du <strong>CPAS</strong> qui ceci ou cela, ou c’est la<br />

f<strong>au</strong>te <strong>de</strong> l’ONEM qui n’a rien compris, ou c’est le FOREM qui n’a rien compris ou c’est à<br />

c<strong>au</strong>se <strong>de</strong> l’employeur qui est un connard et qui n’a rien compris, bref, personne n’a rien<br />

compris s<strong>au</strong>f lui qui a tout compris. Le problème, c’est que tout le mon<strong>de</strong> fonctionne mal<br />

s<strong>au</strong>f lui. C’est un peu ça le problème <strong>au</strong>quel on est confronté tout le temps, tout le temps<br />

quelle que soit la situation.<br />

<strong>CPAS</strong> 2D<br />

À C, il y a plus <strong>de</strong> cités, donc les gens vivent un peu en vase clos. J’ai un jour reçu un<br />

monsieur qui m’a dit « moi, je travaille, mais j’aimerais trouver <strong>au</strong>tre chose », et qui m’a<br />

dit « vous vous ren<strong>de</strong>z compte, moi, quand je me lève le matin pour aller travailler, les<br />

gens me regar<strong>de</strong>nt avec <strong><strong>de</strong>s</strong> yeux comme ça, en se disant mais il est fou, celui-là, il va<br />

travailler ». Donc il y a peut-être <strong>au</strong>ssi un discours, dit tout h<strong>au</strong>t ou entre les lignes, <strong>de</strong><br />

pouvoir se contenter <strong>de</strong> vivre d’allocations sociales… « Moi, j’ai jamais vu mes parents<br />

partir travailler le matin », donc le discours tenu, ce sera peut-être « à quoi ça sert d’aller<br />

travailler », alors que fondamentalement, c’est « ça me fait peur ». Alors qu’à D, ils sont<br />

172


plus épars, et donc c’est moins cet effet <strong>de</strong> groupe. (…) À D, il n’y a pas d’effet<br />

générationnel, ou peu, et les gens sont plus employables, par leur diplôme.<br />

L’absence <strong>de</strong> modèles soci<strong>au</strong>x donnés par les parents ou par d’<strong>au</strong>tres proches empêche ces<br />

personnes <strong>de</strong> se projeter dans un imaginaire décrivant la quotidienneté d’une personne<br />

active professionnellement. Par conséquent, les activités portant sur les comportements<br />

socioprofessionnels (les stages <strong>de</strong> mise en situation, par exemple) permettent <strong>au</strong>x<br />

bénéficiaires dans un premier temps, d’élaborer une première projection dans la vie active<br />

et par la suite, <strong>de</strong> créer puis <strong>de</strong> s’approprier leurs projets professionnels.<br />

6.2.2 Cas particulier <strong><strong>de</strong>s</strong> jeunes<br />

Il est courant <strong>de</strong> stigmatiser les jeunes sur leur manque <strong>de</strong> motivation, <strong>de</strong> dynamisme. Ici,<br />

cependant, il nous a semblé que les propos relevés allaient <strong>au</strong>-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> simples clichés mais<br />

étaient basés sur <strong><strong>de</strong>s</strong> faits observés. En outre, ces observations sont bien souvent liées à<br />

la problématique précé<strong>de</strong>nte du chômage générationnel.<br />

Nombreux sont les opérateurs qui détectent chez une part non négligeable <strong><strong>de</strong>s</strong> jeunes – il<br />

n’est pas question ici <strong><strong>de</strong>s</strong> jeunes bénéficiant d’une ai<strong>de</strong> dans le cadre <strong>de</strong> leurs étu<strong><strong>de</strong>s</strong> – <strong>de</strong><br />

grosses difficultés liées à une faible formation. Peut-être la situation n’a-t-elle rien <strong>de</strong> neuf<br />

; néanmoins, rares sont les emplois actuels pouvant être exercés sans <strong>au</strong>cune<br />

qualification. Par ailleurs, les agents d’insertion souhaitent souvent, pour une personne<br />

jeune, un avenir meilleur qu’une succession d’emplois sans perspectives. C’est ce que nous<br />

signalent les témoignages suivants, obtenus dans les <strong>CPAS</strong> 4A et 4N :<br />

Les jeunes sont souvent sans le secondaire inférieur, avec un nive<strong>au</strong> <strong>au</strong> ras <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

pâquerettes. On essaie <strong>de</strong> trouver <strong><strong>de</strong>s</strong> formations en alternance ou quelque chose où ils<br />

peuvent acquérir une qualification dans les métiers en pénurie. La réussite est rare. Ils<br />

décrochent facilement, ils veulent tout, tout <strong>de</strong> suite mais sans prendre les moyens pour y<br />

arriver et se donner plus <strong>de</strong> chances en passant par une formation qualifiante que<br />

d’essayer d’entrer dans un emploi. Les partenaires sont plus réticents à engager <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

jeunes suite à <strong><strong>de</strong>s</strong> m<strong>au</strong>vaises expériences, alors qu’on essaie <strong>de</strong> leur donner la priorité.<br />

Peu ont droit <strong>au</strong>x allocations d’attente, et ceux-là on peut leur ouvrir <strong><strong>de</strong>s</strong> droits par l’article<br />

60 quand ils sont en stage d’attente.<br />

Le jeune qui sait ce qu’il veut, qui a son projet, qui a <strong><strong>de</strong>s</strong> étu<strong><strong>de</strong>s</strong>, c’est bon. Il y a le jeune<br />

qui trace sa route et qui n’a pas besoin d’être accompagné. Il y a celui qui a besoin d’une<br />

ai<strong>de</strong> financière pour la poursuite <strong>de</strong> ses étu<strong><strong>de</strong>s</strong>. Il y a ceux qui viennent pour l’évaluation<br />

<strong>de</strong> leur PIIS, tous les trois mois on voit comment ça se passe. Mais le jeune qui ne sait<br />

pas, qui va balloter <strong>de</strong> g<strong>au</strong>che à droite, non. Mais le plus difficile, c’est le jeune qui n’a pas<br />

<strong>de</strong> projet mais qui croit qu’il en a un, il n’a pas très envie d’aller voir la psy ou alors il va la<br />

voir une fois puis ne revient pas, donc c’est nous qui sommes après lui pour mettre la main<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>sus mais on y arrive pas. C’est cette catégorie qui pose le plus <strong>de</strong> problèmes. C’est très<br />

difficile <strong>de</strong> faire <strong>de</strong> l’orientation, <strong>de</strong> la mobilisation <strong>de</strong> l’énergie du jeune, pour qu’il en fasse<br />

quelque chose qui lui appartienne.<br />

Ces jeunes sont parfois tellement déstructurés socialement qu’ils ne sont pas capables <strong>de</strong><br />

répondre <strong>au</strong>x attentes administratives <strong><strong>de</strong>s</strong> pouvoirs publics et se font régulièrement<br />

sanctionner. Nous retrouvons cette idée dans les témoignages suivants, <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> 2C, 4I<br />

et 1O :<br />

Quand on dit qu’ils sont en stage d’attente et que c’est une parenthèse, c’est encore à voir<br />

parce qu’ils sont tellement en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> tout qu’ils ne sont pas en règle, et s’ils ne sont<br />

pas suivis <strong>de</strong> près, ils n’arriveront jamais <strong>au</strong> bout <strong>de</strong> leur stage d’attente en règle, donc<br />

même à ce nive<strong>au</strong>-là, c’est déjà trop, c’est difficile pour eux d’arriver à être juste en règle<br />

pour leur stage d’attente.<br />

On se rend compte que pour les jeunes, ce n’est pas du tout évi<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> les mettre en<br />

article 60, puisque justement, ils n’ont rien, pas <strong>de</strong> bases, quand on en met en assumant<br />

les échecs, qu’on doit rompre les contrats, il manque une formation <strong>au</strong>x jeunes, le jeune<br />

est déstructuré, il y a tout un travail d’abord <strong>de</strong> détermination à refaire avec lui, qu’on dit<br />

que pour cette tranche, par rapport à cette subvention elle <strong>de</strong>vrait être plus longue, je ne<br />

173


sais pas jusqu’à 30 ans. En comptant sur les équivalents temps plein, sur une année on en<br />

a 120, parfois il y a <strong><strong>de</strong>s</strong> articles 60 qu’on ne sait pas remplacer directement f<strong>au</strong>te <strong>de</strong><br />

candidats (…) De plus en plus <strong>de</strong> jeunes sont déstabilisés, donc avant <strong>de</strong> pouvoir envisager<br />

quoique ce soit, même les mettre en formation, il f<strong>au</strong>t d’abord les rentabiliser tellement ils<br />

ont un <strong>parcours</strong> chaotique (…) L’AS qui fait un travail avec le jeune, entretiens réguliers et<br />

si nécessaire – avec accord du jeune – un accompagnement par un psychologue externe.<br />

Il y a un public qui arrive ici parce qu’il y a eu à un moment donné <strong><strong>de</strong>s</strong> faits <strong>de</strong> vie dans<br />

leur <strong>parcours</strong> qui les ont amenés à faire une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’ai<strong>de</strong> ; il y a également tout un<br />

public <strong>de</strong> jeunes ayant un passé scolaire chaotique très lourd où ils sont allés jusqu’à la fin<br />

<strong>de</strong> l’obligation scolaire tant bien que mal, avec en général un dégoût <strong>de</strong> l’école, et donc<br />

c’est un public qui ne souhaite plus entendre parler <strong>de</strong> formation, parce que ça renvoie à<br />

l’image <strong>de</strong> l’école, <strong>au</strong> côté scolaire, et par rapport à cela, a plus un discours <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> travailler. Or, dans les faits, très vite <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> démarches <strong>de</strong> recherche d’emploi,<br />

on se rend compte <strong>de</strong> leurs limites et du manque <strong>de</strong> qualification pour pouvoir postuler<br />

pour un emploi. Donc il y a un manque <strong>de</strong> qualification et <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> compétences<br />

sociales, rentrer dans un cadre <strong>de</strong> travail avec <strong><strong>de</strong>s</strong> attentes, ça pose <strong><strong>de</strong>s</strong> problèmes : la<br />

régularité, l’absentéisme, les relations sociales, <strong><strong>de</strong>s</strong> attitu<strong><strong>de</strong>s</strong> pas toujours adéquates, les<br />

réflexes liés par exemple <strong>au</strong>x maladies, le fait <strong>de</strong> prévenir, d’apporter un certificat médical,<br />

ce sont <strong><strong>de</strong>s</strong> choses qui ne sont absolument pas intégrées, donc <strong>au</strong> bout d’un moment, ça<br />

pose <strong><strong>de</strong>s</strong> problèmes. Et il f<strong>au</strong>t du temps pour l’accompagnement <strong>de</strong> ces jeunes par rapport<br />

à ces aspects-là, l’idéal étant d’arriver à un moment où le jeune peut faire état <strong>de</strong> ses<br />

propres limites, et il f<strong>au</strong>t parfois be<strong>au</strong>coup <strong>de</strong> temps.<br />

C’est une <strong><strong>de</strong>s</strong> raisons pour lesquelles <strong><strong>de</strong>s</strong> services jeunes sont créés dans les grands <strong>CPAS</strong>.<br />

Néanmoins, cet état <strong>de</strong> fait est préoccupant et une réflexion plus large doit urgemment<br />

être menée sur les moyens à mettre en œuvre pour prévenir cette désinsertion sociale.<br />

D’<strong>au</strong>tres groupes pourraient être évoqués ici. Les femmes avec enfants notamment, mais<br />

si pour certaines, la maternité constitue un frein à l’emploi (à longue échéance), l’obstacle<br />

principal est plutôt <strong>de</strong> nature pratique et concerne les crèches. Ce point sera traité<br />

ultérieurement. Un <strong>au</strong>tre groupe saillant est constitué <strong><strong>de</strong>s</strong> primo-arrivants, mais leur<br />

attitu<strong>de</strong> face <strong>au</strong> travail est en général considérée comme non problématique. Le seul frein<br />

concerne <strong>au</strong>ssi un obstacle pratique : le manque <strong>de</strong> formations <strong>de</strong> français ou néerlandais<br />

langue étrangère (les cours d’alphabétisation pouvant constituer une secon<strong>de</strong> étape dans<br />

l’apprentissage <strong>de</strong> la langue).<br />

6.2.3 Déclic personnel<br />

Les meilleures politiques peuvent être mises en place, certains nous rappellent que le<br />

bénéficiaire n’est pas un support neutre sur lequel viendraient œuvrer les politiques<br />

d’activation. On retrouve cette idée notamment dans les extraits suivants, <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> 4C,<br />

4F et 4L :<br />

(À propos <strong><strong>de</strong>s</strong> facteurs <strong>de</strong> succès liés <strong>au</strong>x politiques menées dans le <strong>CPAS</strong>) Si je le savais,<br />

ce serait magnifique… Moi, je pense qu’il y a <strong>de</strong>ux choses. Si elles ne sont pas motivées, il<br />

f<strong>au</strong>t les suivre (…) Si on suit une personne, qu’on n’arrête pas <strong>de</strong> lui dire qu’elle a une<br />

valeur, que c’est bien pour elle si elle se sent bien dans son logement, si elle est bien dans<br />

sa famille, si elle bien dans sa pe<strong>au</strong>, si on la valorise, je suis sûr qu’à un moment donné, la<br />

personne <strong>au</strong>ra envie <strong>de</strong> faire <strong>au</strong>tre chose. Et puis, il y a le bon moment pour chaque<br />

personne, c’est ça qui est difficile à cerner. On peut faire tout ce qu’on veut, si ce n’est pas<br />

le bon moment pour la personne, ça ne marchera pas. Quand la personne a le déclic, moi,<br />

je le vois, parce qu’avant d’être dans ce service, j’ai travaillé sur antenne, et donc il y a<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> personnes que j’avais suivi là, qui étaient vraiment installées dans l’ai<strong>de</strong>, je <strong>de</strong>vais leur<br />

dire « vous êtes encore jeune, vous avez 35 ans, qu’est-ce que vous faites » « oh, non,<br />

pas ceci, pas cela », je viens dans ce service x temps après, et je vois que cette personnelà<br />

est proposée pour un article 60 parce qu’elle était venue d’elle-même, elle est rentrée<br />

dans un projet, petite formation, et mise à l’emploi. Donc je pense <strong>de</strong> un qu’il f<strong>au</strong>t soutenir<br />

les personnes pour qu’elles se sentent valorisées, et <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux être là <strong>au</strong> bon moment où il y<br />

a le déclic, mais c’est un travail à <strong>de</strong>ux. Si la personne n’est pas prête pour son déclic, on<br />

peut faire ce qu’on veut, ça ne marchera pas.<br />

174


Il y a <strong><strong>de</strong>s</strong> gens dont on n’<strong>au</strong>rait jamais imaginé qu’un jour, ils travailleraient, donc il y a<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> gens qui étaient <strong>de</strong>puis 10 ans <strong>au</strong> <strong>CPAS</strong>, donc on ne pensait pas que ce serait possible<br />

parce que la personne était hors norme, et puis il y a parfois un déclic chez les gens, et<br />

puis il y a <strong>au</strong>ssi <strong><strong>de</strong>s</strong> gens qui planifient leur vie, et puis d’<strong>au</strong>tres qui déci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> se mettre<br />

en marche, par exemple parce qu’ils vont se marier.<br />

Il y a un côté contrainte, où on lui dit qu’il doit venir ; une fois qu’on a dépassé ce côté-là,<br />

il y a implication <strong>de</strong> la personne. Il f<strong>au</strong>t toujours qu’un déclic se fasse, qu’il y ait un<br />

bénéfice à en tirer, qu’on n’est pas là pour fliquer les personnes mais pour les<br />

accompagner, les ép<strong>au</strong>ler.<br />

Bien entendu, amener la personne à cet état d’esprit est notamment du ressort du <strong>CPAS</strong>,<br />

mais pour ce faire, les politiques d’activation professionnelle ne suffisent pas. Agir sur<br />

l’insertion sociale est tout <strong>au</strong>ssi prépondérant. C’est ce que nous signale le <strong>CPAS</strong> 1Q :<br />

Donc quand on se rend compte <strong>de</strong> ça (le faible intérêt économique du travail par rapport<br />

<strong>au</strong> revenu d’intégration), on se dit « comment je vais motiver les gens à entrer en<br />

démarche ». Donc moi, je n’y vais pas par quatre chemins : « vous ne voulez pas<br />

travailler, vous n’avez plus droit <strong>au</strong> RIS parce que c’est une cl<strong>au</strong>se claire du RIS et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

conditions, je vous sanctionne d’emblée ». Du coup, ils font une formation. Je préfère les<br />

voir en formation qu’à ne rien faire chez eux et à ruminer. Parce qu’une fois qu’on arrive à<br />

les mettre en formation, ça part tout seul, ils sont be<strong>au</strong>coup plus motivés, ne serait-ce que<br />

pour les contacts, ça les consoli<strong>de</strong> un petit peu. (…) Ils vont d’abord en formation pour ne<br />

pas être sanctionnés même si je ne peux pas les sanctionner comme ça, il y a toute une<br />

procédure, forcément, je ne le leur dis pas, parce que sinon, d’emblée, il n’y a plus<br />

personne qui m’écouterait et plus personne qui se mobiliserait.<br />

On le voit, l’installation dans un statut d’allocataire social, la résignation à un statut <strong>de</strong><br />

bénéficiaire, <strong>de</strong> certaines personnes ne se règlera pas en <strong>de</strong>ux coups <strong>de</strong> cuiller à pot.<br />

Outre le travail du <strong>CPAS</strong>, <strong><strong>de</strong>s</strong> mécanismes plus profonds sont en œuvre, qu’il f<strong>au</strong>drait<br />

éviter <strong>de</strong> favoriser. L’installation <strong>de</strong> populations entières dans la précarité est en effet plus<br />

que préoccupante.<br />

6.3 Facteurs pratiques<br />

6.3.1 Permis <strong>de</strong> conduire<br />

Un facteur limitant fortement l’employabilité <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> rur<strong>au</strong>x est lié à<br />

l’étendue du territoire, <strong>au</strong>x formations rares et souvent distantes du domicile du<br />

bénéficiaire et à la faiblesse <strong><strong>de</strong>s</strong> moyens <strong>de</strong> transport. Dans ce type d’environnement,<br />

l’absence <strong>de</strong> moyen <strong>de</strong> transport individuel et <strong>de</strong> permis <strong>de</strong> conduire est un handicap non<br />

négligeable dans la recherche d’un emploi. C’est ce qu’signalent les responsables <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong><br />

2D et 2C et 2E :<br />

Oui, on fait appel à <strong><strong>de</strong>s</strong> opérateurs <strong>de</strong> formation extérieurs, même si on est peu pourvu<br />

dans le coin. Donc, les formations FOREM ont lieu à N, souvent à 8h du matin, il f<strong>au</strong>t être<br />

là-bas, donc en termes <strong>de</strong> transport, ça <strong>de</strong>man<strong>de</strong> une bonne dose <strong>de</strong> courage ; si c’est<br />

quelqu’un qui doit déposer les enfants à l’école avant, à moins <strong>de</strong> les mettre à l’école à 6h<br />

du matin, c’est pas possible, s’ils sont en transports en commun. La jonction entre <strong>de</strong>ux<br />

bus, ça ne va pas non plus. Les critères d’entrée en formation FOREM, ça ne va pas non<br />

plus, et sinon, les formations préqualifiantes à Jodoigne, accessibles en bus <strong>de</strong>puis certains<br />

coins mais pas du tout <strong>de</strong>puis d’<strong>au</strong>tres (…) S’ils veulent aller à un ren<strong>de</strong>z-vous quelque<br />

part, il f<strong>au</strong>t une journée.<br />

Des lieux <strong>de</strong> formation ne sont pas facilement accessible : L et M OK, N moins, car il f<strong>au</strong>t<br />

compter quarante minutes <strong>de</strong> bus. Enfin, il y a <strong><strong>de</strong>s</strong> gens qui travaillent à N, qui habitent à<br />

O, et qui tous les jours prennent le bus pour aller travailler et retour (…) donc encore une<br />

fois, tout dépend <strong>de</strong> quel point <strong>de</strong> vue on se place. Ou bien on dit « c’est comme un travail<br />

175


normal », et on assume tout, ou bien on ne pense pas comme ça, mais alors on met les<br />

gens en m<strong>au</strong>vaise position, on leur fait miroiter <strong><strong>de</strong>s</strong> choses qui n’existent pas.<br />

Mais ici, on a un problème <strong>de</strong> mobilité, énorme, donc là, <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> la commune, on a le<br />

service mobilité du <strong>CPAS</strong> (…) on a un proxibus qui fonctionne la semaine, vers Q et R<br />

principalement, proxibus <strong>de</strong> la commune, et puis le rése<strong>au</strong> TEC, mais en horaire scolaire,<br />

donc le matin et le soir, et puis on est à proximité <strong>de</strong> la gare <strong>de</strong> L, qui n’est pas très loin, à<br />

4 km, mais c’est un inconvénient pour be<strong>au</strong>coup <strong>de</strong> personnes car on se retrouve dans <strong>de</strong><br />

petits villages isolés où le passage du bus ne se fait pas nécessairement à l’heure pour<br />

aller travailler, donc ça, c’est un handicap.<br />

Outre les possibilités <strong>de</strong> mobilité effective, un <strong>au</strong>tre frein est constitué par la mobilité<br />

culturelle. Certaines personnes ont un horizon géographique plus réduit, sur lequel le <strong>CPAS</strong><br />

va cependant tenter d’œuvrer. À nouve<strong>au</strong>, la responsable du <strong>CPAS</strong> 2D témoigne :<br />

Il y a la mobilité réelle, effective, mais il y a <strong>au</strong>ssi la mobilité culturelle, c'est-à-dire que j’ai<br />

une personne qui va <strong>de</strong> S jusque T tous les jours (…) pour elle, c’est envisageable. Je vais<br />

avoir un <strong>au</strong>tre qui n’a pas d’enfants et qui va me dire « je vais passer mon temps dans les<br />

transports en commun, ce n’est pas possible ». Sur une même commune, on va avoir <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

personnes qui vont avoir un espace géographique <strong>de</strong> démarche plus ou moins restreint.<br />

(…) Be<strong>au</strong>coup, s’ils peuvent trouver un emploi sur la commune, ce serait bien, donc leur<br />

projet est parfois <strong>de</strong> travailler comme ouvrier communal sur leur commune. Ils ont un<br />

projet professionnel mais qui est limite. Et pour les formations, il y a la réalité <strong>de</strong> l’horaire<br />

(…) le choix <strong><strong>de</strong>s</strong> formations, <strong>au</strong>ssi, est limitant. (…) M, c’est parfois le bout du mon<strong>de</strong> par<br />

les transports en commun, parce qu’on a quand même peu <strong>de</strong> gens qui ont une voiture.<br />

Si l’on s’en tient à la mobilité effective, il existe cependant <strong><strong>de</strong>s</strong> solutions. Le<br />

remboursement <strong><strong>de</strong>s</strong> abonnements <strong>de</strong> bus en est un, mais d’<strong>au</strong>tres <strong>CPAS</strong> se montrent<br />

parfois plus créatifs, mettant à disposition un vélo ou une mobylette, comme l’signale le<br />

responsable <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> 2D et 2E :<br />

Le <strong>CPAS</strong> pourrait intervenir dans les frais <strong>de</strong> déplacement <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes, ne serait-ce que<br />

pour un abonnement <strong>de</strong> bus.<br />

Et puis <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes n’ont pas le permis <strong>de</strong> conduire non plus, donc c’est quand même un<br />

frein à la recherche d’emploi et à la mise <strong>au</strong> travail. C’est un problème général. On ne<br />

refuse pas la mise à l’emploi parce que la personne a <strong><strong>de</strong>s</strong> problèmes <strong>de</strong> déplacement (…)<br />

mais on se dit qu’à long terme, ce n’est pas possible, donc <strong>au</strong> cas par cas, on va peut-être<br />

proposer le financement <strong>de</strong> l’achat d’une mobylette.<br />

Un <strong>au</strong>tre, le <strong>CPAS</strong> 8A, finance l’examen du permis théorique et essaie <strong>de</strong> trouver un<br />

financement pour l’examen pratique.<br />

Ici, le permis <strong>de</strong> conduire, ça v<strong>au</strong>t plus qu’un diplôme : ici, une entreprise d’ai<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

ménagères, les <strong>de</strong>ux conditions, c’est ai<strong>de</strong> à l’emploi et permis <strong>de</strong> conduire. (…) On insiste<br />

fort sur le permis <strong>de</strong> conduire, on essaie <strong>de</strong> lancer <strong><strong>de</strong>s</strong> formations pour le permis <strong>de</strong><br />

conduire, d’abord théorique et puis <strong>de</strong> trouver <strong><strong>de</strong>s</strong> solutions pour le pratique. Tous les<br />

opérateurs essaient <strong>de</strong> trouver <strong><strong>de</strong>s</strong> solutions parce que c’est là que le bât blesse, c’est le<br />

permis <strong>de</strong> conduire.<br />

Des solutions existent donc. Certains <strong>CPAS</strong> organisent <strong><strong>de</strong>s</strong> rése<strong>au</strong>x <strong>de</strong> covoiturage afin <strong>de</strong><br />

permettre <strong>au</strong>x bénéficiaires <strong>de</strong> se rendre à leurs stages ou formations. La mise à<br />

disposition, sous conditions, <strong>de</strong> mobylettes ou <strong>de</strong> vélos est une <strong>au</strong>tre solution. Ai<strong>de</strong>r <strong>au</strong><br />

financement du permis <strong>de</strong> conduire en est une <strong>au</strong>tre. Même si l’acquisition d’un véhicule<br />

posera sans doute à nouve<strong>au</strong> problème, lever un <strong><strong>de</strong>s</strong> freins à l’emploi est une tâche<br />

louable.<br />

6.3.2 Manque <strong>de</strong> crèches et gar<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> enfants<br />

Un <strong>au</strong>tre problème fréquemment rencontré est lié à la conciliation entre l’éducation <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

enfants et l’exercice d’un emploi, comme l’signale le témoin du <strong>CPAS</strong> 4L :<br />

176


Ce qui freine, ce sont les a priori sur les situations. J’ai <strong><strong>de</strong>s</strong> dames qui ont <strong><strong>de</strong>s</strong> enfants et<br />

qui disent, moi, je ne vais pas travailler. Non, ce n’est pas vrai.<br />

Ce problème concerne plus souvent les femmes et est notamment culturellement marqué.<br />

Il f<strong>au</strong>t d’ailleurs tout d’abord noter que la gestion <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong> cas doit prendre en<br />

considération tant la situation particulière <strong>de</strong> la personne (femme seule ou en couple<br />

cohabitant) que l’impériosité avec laquelle la personne considère l’exercice <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux<br />

fonctions comme incompatibles ou non. Néanmoins, l’égalité entre chacun doit être<br />

également respectée.<br />

Des difficultés pratiques réelles s’ajoutent à cet état <strong>de</strong> fait. L’offre d’emploi conciliable<br />

avec une vie <strong>de</strong> famille est limitée. Plus encore, l’offre <strong>de</strong> crèche est tout à fait insuffisante,<br />

notamment à Bruxelles, comme l’signalent les responsables <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> 4A et 4G :<br />

Il est difficile <strong>de</strong> trouver <strong><strong>de</strong>s</strong> places pour les femmes seules avec enfants. Il y a be<strong>au</strong>coup<br />

<strong>de</strong> familles monoparentales et surtout <strong><strong>de</strong>s</strong> mères seules avec plusieurs enfants en bas âge,<br />

ce qui pose <strong><strong>de</strong>s</strong> difficultés pour les métiers à horaires particuliers. D’où une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> large<br />

pour les postes avec <strong><strong>de</strong>s</strong> horaires <strong>de</strong> bure<strong>au</strong>.<br />

On a <strong>au</strong>ssi be<strong>au</strong>coup <strong>de</strong> personnes qui n’ont pas <strong>de</strong> solution <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> pour leurs enfants,<br />

c’est un <strong>au</strong>tre gros problème, alors qu’est-ce qu’on fait ? L’AS nous dit « voilà, la personne<br />

a les aptitu<strong><strong>de</strong>s</strong>, mais elle a un enfant », alors la recherche <strong>de</strong> crèche, on la fait avec eux,<br />

mais on leur dit bien « tant que vous n’avez pas un emploi ou une formation qui débute,<br />

vous n’êtes clairement pas prioritaire » (…) et c’est comme ça pour tout. Alors je ne pense<br />

pas qu’on fasse énormément <strong>de</strong> mises à l’emploi.<br />

Comme on le constate, une personne sans emploi ou formation n’est en outre pas<br />

prioritaire pour obtenir une place en crèche publique pour son ou ses enfants, et sans<br />

place en crèche garantie, décrocher un emploi ou une formation est difficile à envisager. La<br />

responsable du <strong>CPAS</strong> 1Q en parle également :<br />

Vous <strong>de</strong>vez travailler ; pour avoir accès à une formation, vous <strong>de</strong>vez être libre ; pour avoir<br />

accès à une crèche, vous <strong>de</strong>vez prouver que vous êtes en formation, mais vous ne pouvez<br />

pas être en formation, si vous n’avez pas <strong>de</strong> crèche, alors expliquez-moi, comment est-ce<br />

qu’on fait, parce que même en les inscrivant vachement à l’avance, priorité quand même<br />

<strong>au</strong>x gens qui travail, il n’y a pas suffisamment <strong>de</strong> crèches. Donc ce qu’elle <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, c’est<br />

que les gens fassent <strong><strong>de</strong>s</strong> démarches, pour les mettre en mobilité, parce que les enfants<br />

vont à l’école à trois ans, mais elle est plus souple avec les mères célibataires.<br />

6.3.3 Offre <strong>de</strong> formation insuffisante<br />

Enfin, un <strong>de</strong>rnier facteur critique est constitué par les offres <strong>de</strong> formation. À nouve<strong>au</strong>, une<br />

part culturelle intervient. Be<strong>au</strong>coup <strong>de</strong> bénéficiaires souhaitent trouver un emploi le plus<br />

rapi<strong>de</strong>ment possible et peinent à envisager un passage préalable, pourtant parfois<br />

nécessaire, par une formation.<br />

En outre, un nombre non négligeable <strong>de</strong> bénéficiaires, notamment parmi les jeunes, ont<br />

connu un <strong>parcours</strong> scolaire chaotique et sont peu réceptifs à l’idée même <strong>de</strong> formation.<br />

Enfin, <strong>de</strong> plus en plus, les organismes <strong>de</strong> formation (OISP, EFT) étant subventionnés selon<br />

leur efficacité, et notamment sur l’assiduité <strong>de</strong> leur fréquentation par les personnes<br />

inscrites, le public le plus éloigné <strong><strong>de</strong>s</strong> contraintes part avec un désavantage certain et est<br />

moins éligible à ce type <strong>de</strong> formations.<br />

De la même manière, et le problème semble à nouve<strong>au</strong> particulièrement criant à Bruxelles,<br />

la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> est souvent telle que <strong><strong>de</strong>s</strong> examens d’entrée sont organisés, pénalisant à<br />

nouve<strong>au</strong> le public moins outillé que constitue les bénéficiaires <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong>.<br />

177


PARTIE 4 CONCLUSIONS<br />

ET RECOMMANDATIONS<br />

AUX POLITIQUES<br />

Quelles sont les principales conclusions <strong>de</strong> ce rapport ? Tel que stipulé dans l’introduction,<br />

ce rapport se compose <strong>de</strong> trois parties. Nous avons débuté par un cadre théorique relatif à<br />

l’activation et nous avons interviewé quelques experts belges concernant leur vision.<br />

Ensuite, nous avons analysé les carrières <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires du <strong>CPAS</strong> et nous avons<br />

recherché celles qui étaient durables. Dans une <strong>de</strong>rnière phase, nous avons analysé la<br />

politique d’activation d’une soixantaine <strong>de</strong> <strong>CPAS</strong>.<br />

Nous débutons par l’analyse <strong>de</strong> la littérature. Nous traitons quatre définitions différentes<br />

<strong>de</strong> l’activation. Ensuite, nous abordons la vision <strong>de</strong> quelques éminents experts liés à <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

organismes et <strong><strong>de</strong>s</strong> nive<strong>au</strong>x <strong>de</strong> pouvoir différents. Ensuite, nous abordons les princip<strong>au</strong>x<br />

constats <strong>de</strong> nos analyses quantitatives. Nous avons analysé en effet les carrières <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

(anciens) bénéficiaires <strong>de</strong> <strong>CPAS</strong> sur base <strong>de</strong> la datawarehouse marché du travail et<br />

protection sociale.<br />

Dans une <strong>de</strong>rnière partie, nous reprenons les princip<strong>au</strong>x résultats <strong>de</strong> la phase qualitative<br />

sur la politique d’activation <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> belges. Le point <strong>de</strong> départ reste le modèle <strong>de</strong><br />

trajectoire sur base duquel nous avons analysé la politique d’activation <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> belges.<br />

Nous complétons ce paragraphe par quelques recommandations <strong>au</strong>x politiques.<br />

1. POUR UN CONTENU DE L’ACTIVATION<br />

ÉMANCIPATRICE<br />

L’activation est à l’ordre du jour. Depuis que l’État-Provi<strong>de</strong>nce actif a fait son entrée dans<br />

les années 1990, le terme a suscité <strong>de</strong> nombreuses discussions. Les différences d’opinions<br />

souvent très divergentes sont principalement alimentées par quatre perspectives sur<br />

l’activation :<br />

• l’activation en tant que remè<strong>de</strong> contre la dépendance à l’allocation<br />

• l’activation en tant que lutte contre le chômage<br />

• l’activation en tant que renforcement <strong>de</strong> la cohésion sociale<br />

• l’activation en tant que partie d’un projet émancipateur<br />

Dans les <strong>de</strong>ux premières approches, ce qui prév<strong>au</strong>t est le modèle <strong>de</strong> culpabilité individuelle<br />

face à la p<strong>au</strong>vreté. On place la responsabilité <strong>de</strong> la situation <strong>de</strong> p<strong>au</strong>périsation chez le<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur d’ai<strong>de</strong>. Celui-ci est tenu pour responsable <strong>de</strong> sa propre situation et doit fournir<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> efforts pour trouver du travail. Les <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rnières approches mettent l’accent sur les<br />

efforts que la société doit fournir. L’individu n’est plus seul à s’en charger, la société doit<br />

garantir les conditions <strong>de</strong> base nécessaires pour permettre une activation réussie.<br />

Ces efforts peuvent aller <strong>de</strong> l’octroi d’une formation, tel que souligné par la troisième vision<br />

sur l’activation, jusqu’à l’organisation d’une trajectoire émancipatrice personnalisée et<br />

individuelle. Selon la <strong>de</strong>rnière vision <strong>de</strong> l’activation, cette trajectoire individuelle peut être<br />

178


emplie <strong>de</strong> manière très large. La trajectoire ayant pour objectif final l’activation dépend<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> capacités et <strong><strong>de</strong>s</strong> besoins du <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur d’ai<strong>de</strong>.<br />

Que pensent les experts belges <strong>de</strong> l’activation ? Notons que les experts définissent<br />

l’activation dans un sens très large. L’activation est bien plus que l’emploi proprement dit<br />

et est assimilée à l’intégration sociale du bénéficiaire, quel que soit le domaine <strong>de</strong> vie. Une<br />

première étape consiste à garantir <strong><strong>de</strong>s</strong> conditions fondamentales. Avant qu’il ne soit<br />

question d’activation, un certain nombre <strong>de</strong> conditions fondamentales doivent d’abord être<br />

garanties. Ces conditions sont tant instrumentales qu’expressives. Les conditions<br />

fondamentales instrumentales concernent <strong><strong>de</strong>s</strong> problèmes liés à la situation <strong>de</strong> logement,<br />

l’éducation <strong><strong>de</strong>s</strong> enfants, la crèche, les problèmes <strong>de</strong> toxicomanie, en bref les nombreux<br />

domaines <strong>de</strong> la vie qui concernent une situation <strong>de</strong> p<strong>au</strong>périsation. Les conditions<br />

expressives concernent la « blessure intérieure ». Nous voulons dire par là la confiance en<br />

soi, le fait <strong>de</strong> se sentir bien, en bref le bien-être émotionnel du bénéficiaire.<br />

L’objectif final <strong>de</strong> l’activation est, selon nos répondants, un emploi durable. Cet emploi<br />

durable n’est pas assimilé <strong>au</strong> travail intérimaire et doit dès lors <strong>de</strong> préférence être <strong>de</strong><br />

longue durée. Par ailleurs, l’accent est également posé sur une composante subjective : un<br />

emploi doit surtout être <strong>de</strong> bonne qualité et permettre <strong>de</strong> combiner la sphère privée à la<br />

situation d’emploi.<br />

Le <strong>CPAS</strong> est un acteur stratégique crucial qui peut réaliser l’activation pour les plus faibles,<br />

les répondants en conviennent tous. Les nombreux outils, mesures d’activation et<br />

structures <strong>de</strong> coopération doivent lui permettre <strong>de</strong> proposer <strong>au</strong> bénéficiaire une trajectoire<br />

personnalisée.<br />

Notons toutefois que les répondants mentionnent que les nombreux <strong>CPAS</strong> flamands,<br />

wallons et bruxellois remplissent les conditions d’activation d’une <strong>au</strong>tre manière. Ceci est<br />

<strong>au</strong>ssi confirmé par l’étu<strong>de</strong> d’Hermans (2005) sur les pratiques d’activation <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong><br />

flamands. Certains <strong>CPAS</strong> appliquent une vision limitée <strong>de</strong> l’activation et orientent leur<br />

action uniquement vers l’activation par un emploi sous article 60§7. Les <strong>au</strong>tres <strong>CPAS</strong><br />

appliquent une définition plus large <strong>de</strong> l’activation et appliquent une gamme <strong>de</strong> mesures et<br />

<strong>de</strong> structures <strong>de</strong> coopération étendue afin d’activer le bénéficiaire <strong>de</strong> manière<br />

personnalisée.<br />

Ce constat d’Hermans (2005), une fois encore confirmé par nos répondants, représente le<br />

point <strong>de</strong> départ idéal pour cette enquête. Une question principale subsiste lorsqu’il s’agit <strong>de</strong><br />

bonnes pratiques. Comment les <strong>CPAS</strong> doivent-ils aménager leur politique d’activation ?<br />

Qu’est-ce qui fonctionne et qu’est-ce qui ne fonctionne pas ? Quels sont les facteurs <strong>de</strong><br />

réussite ? Quels sont les princip<strong>au</strong>x inconvénients ?<br />

Avant <strong>de</strong> nous engager sur cette voie, nous analysons lesdites carrières durables, dans un<br />

<strong>de</strong>uxième paragraphe et en nous basant sur la datawarehouse marché du travail et<br />

protection sociale.<br />

2. À LA RECHERCHE D’UNE ACTIVATION DURABLE :<br />

UNE AIGUILLE DANS UNE BOTTE DE FOIN ?<br />

Quelle chance quelqu’un a-t-il d’aboutir dans une carrière durable à la fin d’une mesure<br />

d’activation ? Nous essayons <strong>de</strong> répondre à cette question dans ce paragraphe. Nous<br />

analysons les carrières à travers le temps. Nous passons plus spécifiquement à la loupe la<br />

situation <strong>de</strong> toutes les personnes qui, durant la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> 2003 à 2006, ont achevé une<br />

mesure d’activation <strong>au</strong>près d’un <strong>CPAS</strong> belge.<br />

Le résultat <strong>de</strong> cette analyse <strong>de</strong> clusters fournit une typologie <strong>de</strong> sept modèles<br />

professionnels :<br />

1. Carrière durable (temps plein, temps partiel, indépendant)<br />

2. Carrière durable interrompue<br />

3. Carrière non durable<br />

179


4. Carrière non durable interrompue<br />

5. Revenu d’intégration<br />

6. Inactif<br />

7. Activation par l’ONEM<br />

Au Table<strong>au</strong> 1, nous présentons la répartition <strong>de</strong> notre population à travers ces sept types<br />

<strong>de</strong> carrière. Le plus grand groupe est celui <strong><strong>de</strong>s</strong> répondants ayant une carrière non-durable.<br />

Ainsi, nous constatons que 28 % <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes qui achèvent une mesure d’activation du<br />

<strong>CPAS</strong> se caractérisent par une carrière <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur d’emploi. Notons que près <strong>de</strong> 20 %<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> répondants sont en revanche activés <strong>de</strong> manière durable. À cet égard, nous <strong>de</strong>vons<br />

souligner que cette activation durable peut concerner un emploi à temps plein, à temps<br />

partiel ou d’indépendant.<br />

7 % <strong>de</strong> la population a une carrière durable interrompue. 19 % <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes qui ont<br />

achevé une trajectoire d’activation du <strong>CPAS</strong>, aboutissent dans une variante interrompue <strong>de</strong><br />

carrière non-durable. Cela signifie qu’elles se caractérisent sur la pério<strong>de</strong> observée <strong>de</strong><br />

douze trimestres maximum par une gran<strong>de</strong> alternance <strong>de</strong> statuts, mais que le statut<br />

dominant est respectivement le travailleur (à temps plein, à temps partiel ou<br />

d’indépendant) dans le cas <strong>de</strong> la carrière durable interrompue ou le <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur d’emploi<br />

dans le cas <strong>de</strong> la carrière non-durable interrompue. Un nombre plus petit (13 %) aboutit à<br />

l’une <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>au</strong>tres formes d’inactivité. Il peut s’agir <strong>de</strong> pension, d’invalidité ou d’interruption<br />

<strong>de</strong> carrière. Environ 8 % <strong>de</strong> la population se caractérise par une carrière dominée par le<br />

statut <strong>de</strong> bénéficiaire du revenu d’intégration. Le plus petit groupe aboutit à une carrière<br />

dans le cadre <strong><strong>de</strong>s</strong> mesures d’activation <strong>de</strong> l’ONEM ; environ 5 % <strong>de</strong> la population débute,<br />

après avoir achevé une mesure d’activation du <strong>CPAS</strong>, une trajectoire à l’ONEM.<br />

Table<strong>au</strong> 1 : typologie <strong><strong>de</strong>s</strong> carrières<br />

Typologie <strong><strong>de</strong>s</strong> carrières % du total<br />

Carrière durable 19,3<br />

Carrière durable interrompue 7,2<br />

Carrière non durable 28,3<br />

Carrière non durable interrompue 18,8<br />

Revenu d’intégration 8,2<br />

Allocation (pension, invalidité ou interruption <strong>de</strong> carrière) 12,9<br />

Activation ONEM 5,3<br />

Nous poursuivons en passant sous la loupe les carrières durables. Nous décrivons ce type<br />

<strong>de</strong> carrières comme ayant pour statut dominant un emploi à temps plein, à temps partiel<br />

ou d’indépendant. Nous examinons <strong>au</strong> Table<strong>au</strong> 2 la répartition par type d’emplois, ce qui<br />

nous permet <strong>de</strong> constater qu’une majorité <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes activées durablement, environ 62<br />

%, a un emploi à temps plein ; tandis que 32 % travaille à temps partiel et donc que le<br />

plus petit groupe, environ 6 %, est celui <strong><strong>de</strong>s</strong> indépendants.<br />

Table<strong>au</strong> 2 : type d’emplois durables<br />

Type d’emplois % du total<br />

Emploi à temps plein 62,4<br />

Emploi à temps partiel 32,0<br />

Emploi d’indépendant 5,7<br />

Au Table<strong>au</strong> 3, nous présentons en guise d’illustration la répartition <strong>de</strong> la population<br />

caractérisée par une carrière <strong>de</strong> type emploi à temps plein comme statut en pério<strong>de</strong> T1,<br />

180


Tm et Te. Tm est le trimestre du milieu et Te est le <strong>de</strong>rnier trimestre <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong><br />

observée.<br />

Il ressort <strong>de</strong> ceci que l’immense majorité, presque 72 %, travaille durant le trimestre qui<br />

suit la fin d’un temps plein. Notons toutefois le nombre relativement grand <strong>de</strong> carrières à<br />

temps plein qui débutent par un statut <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur d’emploi (10 %). Pour les <strong>au</strong>tres<br />

statuts, les pourcentages fluctuent entre 0,2 % pour les indépendants et 5 % pour un<br />

statut <strong>de</strong> départ <strong>de</strong> type <strong>au</strong>tre (inactivité). Si nous déplaçons notre attention sur le milieu<br />

<strong>de</strong> la carrière observée, en pério<strong>de</strong> Tm, nous constatons que la proportion <strong>de</strong> travailleurs à<br />

temps plein monte <strong>de</strong> 71,7 % en T1 à un pourcentage <strong>de</strong> près <strong>de</strong> 91 % ; le pourcentage<br />

<strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs d’emploi <strong><strong>de</strong>s</strong>cend <strong>de</strong> 10,4 % à 1,7 %. En Te, la plupart (85 %) travaillent<br />

toujours à temps plein. En comparaison <strong>au</strong> trimestre T1, la proportion <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs<br />

d’emploi <strong><strong>de</strong>s</strong>cend jusqu’à 5,2 % ; en comparaison à Tm, il y a une légère h<strong>au</strong>sse. Les<br />

<strong>au</strong>tres pourcentages fluctuent entre 3,7 % (<strong>au</strong>tre) et 0,7 % (intérim).<br />

Table<strong>au</strong> 3 : % d’emplois à temps plein comme statut <strong>de</strong> départ (T1), statut <strong>au</strong> milieu <strong>de</strong> la<br />

carrière observée (Tm) et statut final (Te)<br />

Statut T1<br />

% du total<br />

Tm<br />

% du total<br />

Te<br />

% du total<br />

Emploi à temps plein 71,7 90,9 85,3<br />

Emploi à temps partiel 2,6 1,8 2,9<br />

Indépendant 0,2 0,1<br />

Deman<strong>de</strong>ur d’emploi 10,4 1,7<br />

Intérim 3,4 1,4<br />

Travailleur et revenu d’intégration 2,9 0,3<br />

Revenu d’intégration 1,9 0,1<br />

Activation ONEM 2,1 1,0<br />

Activation <strong>CPAS</strong> 0 0,5<br />

Autre 5,0 1,5<br />

Nous pouvons affirmer que, même si les individus <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong> carrières en T1<br />

aboutissent à un statut <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs d’emploi, ils ont une gran<strong>de</strong> chance <strong>de</strong> travailler<br />

ultérieurement à temps plein. Ce pronostic se confirme lorsque nous examinons la<br />

situation <strong>de</strong> ceux qui débutent par un statut <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur d’emploi. Des analyses<br />

complémentaires (non présentées dans le table<strong>au</strong>) démontrent que 86,6 % <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier<br />

groupe travaille à temps plein <strong>au</strong> milieu <strong>de</strong> la carrière observée. À la fin <strong>de</strong> la carrière<br />

observée, ce chiffre monte jusqu’à 91 %.<br />

3. POLITIQUE D’ACTIVATION AU SEIN DES <strong>CPAS</strong><br />

BELGES<br />

Sur base <strong><strong>de</strong>s</strong> résultats évoqués ci-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus et <strong>de</strong> quelques indicateurs supplémentaires<br />

(pourcent <strong>de</strong> revenus d’intégration et t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> chômage), nous avons sélectionné les <strong>CPAS</strong><br />

que nous interrogeons dans une <strong>de</strong>rnière phase. Nous faisons cela par une analyse <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

clusters qui regroupent les <strong>CPAS</strong> sur base d’indicateurs sélectionnés. Nous évoquons tout<br />

0,4<br />

5,2<br />

0,7<br />

0,4<br />

0,3<br />

0,7<br />

0,5<br />

3,7<br />

181


d’abord cette sélection. Ensuite, nous abordons le cadre analytique que nous utilisons pour<br />

analyser la politique d’activation <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> belges.<br />

3.1. Sélection <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong><br />

Notre analyse <strong>de</strong> clusters établit une distinction entre huit clusters, eux-mêmes subdivisés<br />

en quatre quadrants. Cela a pour objectif <strong>de</strong> faciliter l’interprétation. Une distinction est<br />

faite entre les <strong>CPAS</strong> sur base du pourcentage élevé ou faible <strong>de</strong> bénéficiaires du revenu<br />

d’intégration et sur base du t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> chômage, élevé ou faible. Notons que dans le<br />

quadrant 1, nous rencontrons <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> ayant un t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> carrières durables élevé et<br />

d’<strong>au</strong>tres chez qui ce t<strong>au</strong>x est faible (cluster 3 = 11,34 % > cluster 1 = 2,79 %). Cette<br />

donnée apparaît <strong>au</strong>ssi dans le quadrant 3, où nous distinguons un cluster à succès (cluster<br />

8 = 10,36 %) et un cluster moins chanceux (cluster 4 = 2,79 %). Dans les quadrants 2 et<br />

4, nous ne constatons <strong>au</strong>cune gran<strong>de</strong> différence dans le t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> carrières durables <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong>CPAS</strong>.<br />

Table<strong>au</strong> 4 : <strong><strong>de</strong>s</strong>cription <strong><strong>de</strong>s</strong> clusters<br />

T<strong>au</strong>x <strong>de</strong> chômage<br />

Faible<br />

Charge<br />

Élevé<br />

Faible Quadrant 1<br />

Quadrant 2<br />

Cluster1<br />

(Durable=2,11%)<br />

(CT=53,47%)<br />

(N=158)<br />

Cluster3<br />

(Durable=11,34%)<br />

(CT=51,90%)<br />

(N=198)<br />

Élevé Quadrant 3<br />

Cluster4 (Durable=<br />

2,79%)<br />

(CT=41,03%)<br />

(N=26)<br />

Cluster8<br />

(Durable=10,36%)<br />

(CT=35,72%)<br />

(N=23)<br />

Cluster2<br />

(Durable=4,03%)<br />

(CT=42,65%)<br />

(N=145)<br />

Cluster 5<br />

(Durable=5,45%)<br />

(CT=93,44%)<br />

(N=12)<br />

Quadrant 4<br />

Cluster6<br />

(Durable=3,34%)<br />

(CT=116,14%)<br />

(N=5)<br />

Cluster7<br />

(Durable=2,78%)<br />

(CT=87,32%)<br />

(N=12)<br />

3.2. À propos <strong>de</strong> la trajectoire souhaitée et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

bonnes pratiques<br />

Notre questionnaire qualitatif abor<strong>de</strong> la manière qu’ont les <strong>CPAS</strong> sélectionnés d’aménager<br />

leur politique d’activation. Dans chaque <strong>CPAS</strong>, nous constatons l’une ou l’<strong>au</strong>tre forme <strong>de</strong><br />

trajectoire. Nous décrivons cette trajectoire comme étant une succession d’étapes que le<br />

bénéficiaire peut parcourir. Cela ne signifie pas que le bénéficiaire doit parcourir toutes les<br />

étapes. La trajectoire dépend en effet <strong>de</strong> ses capacités, <strong>de</strong> ses problèmes, <strong>de</strong> ses attitu<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

et <strong>de</strong> ses compétences.<br />

Nous avons analysé <strong>de</strong> quelle manière les <strong>CPAS</strong> remplissent les différentes étapes ou<br />

phases. Ci-<strong><strong>de</strong>s</strong>sous nous abordons chaque phase, ainsi que les bonnes pratiques, et nous<br />

formulons quelques recommandations pour les politiques.<br />

182


1. Phase 1 : travailler <strong>au</strong>x conditions fondamentales<br />

Dans cette première phase, le moment <strong>de</strong> transition, celui où le bénéficiaire est transmis<br />

par le travailleur social à l’agent d’insertion, est primordial. Un important inconvénient qui<br />

en découle parfois est le fait que <strong><strong>de</strong>s</strong> tensions ou <strong><strong>de</strong>s</strong> conflits apparaissent entre l’agent<br />

d’insertion qui détermine la trajectoire d’activation et le travailleur social vers lequel le<br />

bénéficiaire est orienté. Dans certains <strong>CPAS</strong>, les répondants signalent que la mission <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

travailleurs soci<strong>au</strong>x se limite <strong>au</strong> traitement purement administratif et à résoudre les<br />

besoins les plus graves, et ce afin <strong>de</strong> rediriger le bénéficiaire le plus vite possible vers<br />

l’agent d’insertion qui démarrera la trajectoire d’activation. Cette situation génère <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

tensions entre les <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> travailleurs soci<strong>au</strong>x. Les agents d’insertion constatent en<br />

effet très rapi<strong>de</strong>ment que certains bénéficiaires ne sont pas encore prêts pour leur<br />

trajectoire d’activation.<br />

Notons que cette situation apparaît surtout dans les <strong>CPAS</strong> relativement grands et qui ont<br />

recruté un ou plusieurs agents d’insertion à temps plein. Les répondants <strong>de</strong> ces centres<br />

signalent que le travailleur social et l’agent d’insertion travaillent <strong>de</strong> façon très isolée. Une<br />

concertation structurelle entre les <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> travailleurs soci<strong>au</strong>x est nécessaire. Il<br />

ressort clairement <strong>de</strong> ces interviews que cette concertation doit être menée <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

dossiers du bénéficiaire. Des réunions d’équipes à propos <strong>de</strong> la vision générale sont utiles,<br />

mais ne mènent pas à une bonne collaboration sur certains dossiers <strong>de</strong> bénéficiaire. Dans<br />

certains <strong>CPAS</strong>, on souhaite stimuler les <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> travailleurs soci<strong>au</strong>x à collaborer en<br />

impliquant l’agent d’insertion le plus tôt possible dans la trajectoire du bénéficiaire. Au<br />

<strong>CPAS</strong> 2M, nous observons un exemple intéressant sur la manière dont cette concertation<br />

peut être stimulée :<br />

Au <strong>CPAS</strong> 2M, l’agent d’insertion est impliqué le plus tôt possible à la trajectoire du<br />

bénéficiaire. Cette pratique cadre avec l’idée qu’il f<strong>au</strong>t déterminer, pour chaque<br />

bénéficiaire, une trajectoire d’activation. Même lorsqu’un emploi n’est pas encore<br />

possible, on veut que le bénéficiaire suive une trajectoire d’activation. Un exemple<br />

cité est celui <strong><strong>de</strong>s</strong> cours <strong>de</strong> vélo. Le bénéficiaire développe grâce à eux <strong><strong>de</strong>s</strong> rése<strong>au</strong>x<br />

soci<strong>au</strong>x et agrandit ses chances <strong>de</strong> trouver un emploi.<br />

Il semble en outre qu’il règne un flou dans la manière <strong>de</strong> déterminer quelles personnes<br />

sont activables et lesquelles ne le sont pas. Certains <strong>CPAS</strong> mettent plus <strong>de</strong> personnes dans<br />

une trajectoire d’activation que d’<strong>au</strong>tres. En outre, d’un agent d’insertion à un <strong>au</strong>tre ou<br />

d’un assistant social à un <strong>au</strong>tre, les personnes peuvent être évaluées différemment.<br />

Déterminer plus précisément les critères selon lesquels une personne doit rentrer dans une<br />

trajectoire d’activation serait profitable, <strong>de</strong> même qu’il serait intéressant <strong>de</strong> décréter <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong>de</strong>grés d’activation : doit-elle être sociale, formative ou professionnelle.<br />

La manière dont la concertation est organisée dans les <strong>CPAS</strong> doit toutefois être déterminée<br />

<strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> l’organisation et <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> la politique fédérale ou régionale. Les chefs<br />

d’équipe, les coordinateurs, les secrétaires et les prési<strong>de</strong>nts doivent en revanche<br />

rassembler les connaissances requises quant à la manière d’organiser <strong>au</strong> mieux les<br />

processus <strong>de</strong> changement dans les organisations. Nous retenons les pistes <strong>de</strong> politique<br />

suivantes :<br />

1. Organiser <strong><strong>de</strong>s</strong> formations et <strong><strong>de</strong>s</strong> cours spécialisés sur la manière <strong>de</strong> réaliser ces<br />

changements dans les organisations.<br />

2. Fournir <strong><strong>de</strong>s</strong> connaissances spécialisées <strong>au</strong>x responsables <strong>de</strong> l’organisation <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong>CPAS</strong> sur la manière <strong>de</strong> gérer le capital humain d’un organisme d’ai<strong>de</strong> sociale.<br />

3. Favoriser une plus gran<strong>de</strong> concertation entre les assistants soci<strong>au</strong>x du service<br />

social général et les agents d’insertion du service ISP, et notamment favoriser <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

circuits relationnels réguliers (à un AI correspondrait un ou plusieurs AS, toujours<br />

les mêmes.)<br />

4. Systématiser l’utilisation d’outils adaptés permettant la détermination préalable <strong>de</strong><br />

l’activabilité d’un bénéficiaire.<br />

2. Phase 2 : trajectoire d’insertion professionnelle<br />

183


La manière dont la trajectoire d’insertion professionnelle s’organise dépend fortement <strong>de</strong> la<br />

taille <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong>. Dans les <strong>CPAS</strong> plus petits, nous ne trouvons pas d’agents d’insertion<br />

distincts. Ce sont les travailleurs soci<strong>au</strong>x qui se chargent <strong>de</strong> l’activation proprement dite du<br />

bénéficiaire. Dans les <strong>CPAS</strong> un peu plus grands, nous trouvons un à quatre agents<br />

d’insertion. Certains d’entre eux utilisent leurs propres moyens financiers, d’<strong>au</strong>tres<br />

collaborent avec d’<strong>au</strong>tres <strong>CPAS</strong> dans le cadre d’un cluster et un troisième groupe recourt<br />

<strong>au</strong>x moyens du FSE pour financer les agents d’insertion. Les <strong>CPAS</strong> plus grands créent un<br />

service <strong>au</strong>tonome ou une cellule d’activation/emploi. La répartition <strong><strong>de</strong>s</strong> tâches y est<br />

fortement développée car cette cellule ou ce service possè<strong>de</strong> son propre coordinateur<br />

d’équipe. Dans les <strong>CPAS</strong> plus grands, nous constatons que les agents d’insertion se<br />

partagent <strong>au</strong>ssi différentes tâches. Dans certains <strong>de</strong> ces <strong>CPAS</strong>, quelques-uns <strong><strong>de</strong>s</strong> agents<br />

d’insertion sont spécialisés en screening et évaluation, langue sur le lieu <strong>de</strong> travail,<br />

formations et accompagnement <strong><strong>de</strong>s</strong> emplois sous l’article 60§7. La phase <strong>de</strong> screening est<br />

la première étape d’une trajectoire d’activation. À nouve<strong>au</strong>, nous constatons à cet égard<br />

une large gamme <strong>de</strong> pratiques. Nous rencontrons <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> qui n’utilisent <strong>au</strong>cun outil et se<br />

fient à l’intuition <strong><strong>de</strong>s</strong> travailleurs soci<strong>au</strong>x. D’<strong>au</strong>tres développent leur propre outil. Un<br />

troisième groupe utilise <strong><strong>de</strong>s</strong> outils existants tels que la métho<strong>de</strong> du Bilan<br />

Socioprofessionnel. Quelques <strong>CPAS</strong> renvoient le bénéficiaire à une épreuve d’évaluation<br />

technique <strong>au</strong> <strong>sein</strong> <strong>de</strong> leur propre organisme ou peuvent recourir à l’expertise d’un<br />

organisme externe.<br />

Nos répondants mentionnent que la tâche d’agents d’insertion est très diversifiée. Il f<strong>au</strong>t<br />

avoir <strong><strong>de</strong>s</strong> connaissances en screening, en accompagnement sur et en <strong>de</strong>hors du lieu <strong>de</strong><br />

travail, <strong><strong>de</strong>s</strong> rése<strong>au</strong>x ayant <strong><strong>de</strong>s</strong> organismes externes et entretenir une connaissance pointue<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> mesures d’activation. Cette <strong>de</strong>rnière tâche semble surtout comporter quelques<br />

difficultés. Nous distinguons à cet égard quelques bonnes pratiques, tant pour les <strong>CPAS</strong><br />

plus petits <strong><strong>de</strong>s</strong> quadrants 1 et 3 que pour les <strong>CPAS</strong> plus grands <strong><strong>de</strong>s</strong> quadrants 2 et 4.<br />

Dans les <strong>CPAS</strong> plus petits, les agents d’insertion travaillent parfois <strong>de</strong> manière très isolée,<br />

surtout lorsque centre comporte un seul agent responsable <strong>de</strong> l’activation du bénéficiaire.<br />

Si les agents d’insertion sont affiliés à un cluster, ou collaborent avec d’<strong>au</strong>tres agents<br />

d’insertion <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> voisins et entreprennent <strong><strong>de</strong>s</strong> projets, un échange d’information<br />

profitable a souvent lieu.<br />

Au <strong>CPAS</strong> 1K, la répondante mentionne que l’on organise en collaboration avec les<br />

<strong>CPAS</strong> loc<strong>au</strong>x <strong>de</strong> proximité, <strong><strong>de</strong>s</strong> formations <strong>au</strong>x entretiens d’emb<strong>au</strong>che pour les<br />

bénéficiaires intéressés. Elle signale que les bénéficiaires en ont gardé <strong>de</strong> très<br />

bonnes expériences et que les participants après une série <strong>de</strong> formations ont<br />

presque tous trouvé un emploi. Non seulement la collaboration s’est très bien<br />

passée. Même les résultats en disent long. Presque tous les bénéficiaires <strong>de</strong> ces<br />

formations ont à leur issue, obtenu un emploi sur le marché du travail régulier.<br />

Dans les <strong>CPAS</strong> plus grands, la concertation avec les <strong>CPAS</strong> proches est souvent moins<br />

nécessaire. Ceux-ci se situent souvent dans un tout <strong>au</strong>tre environnement que dans les<br />

villes plus petites et sont confrontés à d’<strong>au</strong>tres profils <strong>de</strong> bénéficiaires. Notons en revanche<br />

que plus ces <strong>CPAS</strong> traitent <strong>de</strong> bénéficiaires, plus ils recourent à une spécialisation <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

tâches. Ainsi, dans les <strong>CPAS</strong> 4D et 4E un service distinct pour le screening et la<br />

prospection <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires est présent. Un <strong>au</strong>tre service est alors responsable <strong>de</strong><br />

l’accompagnement <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires engagé sous article 60§7.<br />

Néanmoins, les <strong>CPAS</strong> ayant pratiqué une division du travail trop importante sont en<br />

général revenus à une organisation plus simple. Par ailleurs, ceux qui ont actuellement<br />

structuré le travail en distinguant fortement différentes fonctions manifestent un t<strong>au</strong>x<br />

d’insertion durable moins élevé. En général, les répartitions <strong>de</strong> tâches les plus courantes<br />

distinguent les bénéficiaires selon leur tranche d’âge (les 18-24 ans bénéficiant d’un<br />

accompagnement plus systématique) et selon qu’ils sont ou non dans une mesure<br />

d’activation (postes spécifiques gérant le suivi <strong><strong>de</strong>s</strong> articles 60§7).<br />

Comme on le verra dans les phases suivantes, la diversité <strong>de</strong> l’offre disponible et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

mesures proposées est déterminante pour le succès <strong>de</strong> l’activation. On peut néanmoins se<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r si, excepté l’influence <strong><strong>de</strong>s</strong> contraintes géographiques, cette diversité n’est pas<br />

due à une approche davantage axée sur le besoin du bénéficiaire, plutôt que sur une<br />

184


démarche indifférenciée, ne permettant pas <strong>au</strong> public <strong>de</strong> faire sienne la démarche<br />

d’activation.<br />

Les pistes <strong>de</strong> politique suivantes sont cruciales :<br />

1. Simplifier les procédures administratives pour l’utilisation <strong>de</strong> mesures d’activation.<br />

2. Développer <strong><strong>de</strong>s</strong> brochures/<strong><strong>de</strong>s</strong> mo<strong><strong>de</strong>s</strong> d’emploi simples pour les agents d’insertion<br />

<strong>au</strong> sujet <strong><strong>de</strong>s</strong> mesures d’activation possibles.<br />

3. Fournir <strong><strong>de</strong>s</strong> informations <strong>au</strong>x organismes externes (économie sociale, entreprises<br />

privées) sur le fonctionnement d’un <strong>CPAS</strong> et la trajectoire d’insertion<br />

professionnelle.<br />

4. Diviser le travail si nécessaire, sans le fragmenter et en veillant à conserver un<br />

agent <strong>de</strong> référence durant toute la trajectoire, ce qui permet d’effectuer un suivi<br />

correct.<br />

5. Déterminer clairement quel service s’occupe <strong>de</strong> l’activation sociale, en privilégiant<br />

le service d’insertion, permettant un suivi plus systématique (l’insertion sociale<br />

risquant sinon d’être reléguée comme tâche mineure) et permettant d’assurer une<br />

continuité dans l’activation <strong>de</strong> la personne.<br />

6. Favoriser une approche individualisée <strong>de</strong> l’activation.<br />

7. Renforcer les mesures favorisant le rapprochement <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> afin d’atteindre <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

masses critiques permettant d’élargir l’offre disponible.<br />

3. Phase 3 : activation sociale<br />

La phase d’activation sociale est considérée par la plupart <strong>de</strong> nos personnes <strong>de</strong> référence<br />

comme très importante. De nombreux <strong>CPAS</strong> sont en effet confrontés à un groupe <strong>de</strong><br />

bénéficiaires ayant besoin d’un accompagnement intensif sur le plan <strong><strong>de</strong>s</strong> comportements<br />

professionnels. Il importe dès lors <strong>de</strong> pouvoir proposer une activité à ces <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs<br />

d’ai<strong>de</strong>, dans un environnement professionnel abordable où un accompagnement leur est<br />

fourni sur le lieu <strong>de</strong> travail.<br />

Nous observons <strong>de</strong> nombreuses bonnes pratiques. Par exemple, nous rencontrons <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong>CPAS</strong> qui ouvrent quelques ateliers tels qu’une boutique d’articles <strong>de</strong> secon<strong>de</strong> main et un<br />

atelier <strong>de</strong> repassage et/ou <strong>de</strong> lessive, en collaboration ou non avec un troisième<br />

partenaire. Les pré-trajets en sont un <strong>de</strong>uxième exemple important. Les <strong>CPAS</strong> plus grands<br />

du quadrant 2 et du quadrant 4 créent surtout <strong><strong>de</strong>s</strong> projets pour <strong><strong>de</strong>s</strong> groupes (à risque)<br />

particuliers tels que les femmes, les bénéficiaires d’origine étrangère et les jeunes infrascolarisés.<br />

Ces pré-trajets sont limités dans le temps et proposent une toute première<br />

expérience professionnelle avec accompagnement par un éducateur ou un instructeur. Par<br />

ailleurs, les structures <strong>de</strong> coopération externes avec <strong><strong>de</strong>s</strong> ASBL <strong>au</strong> <strong>sein</strong> <strong>de</strong> l’économie<br />

sociale constituent également un outil important. Dans certains <strong>CPAS</strong>, on recourt <strong>au</strong>ssi <strong>au</strong><br />

contrat sous article 60§7 pour organiser une trajectoire d’activation sociale. Des activités<br />

très abordables en concertation forte avec <strong><strong>de</strong>s</strong> services propres <strong>au</strong> <strong>CPAS</strong> sont également<br />

parfois proposées.<br />

L’activation sociale s’effectue donc <strong>au</strong>ssi en externe. Le partenaire par excellence, pour les<br />

<strong>CPAS</strong> flamands, ce sont les boutiques d’articles <strong>de</strong> secon<strong>de</strong> main (kringwinkels). Celles-ci<br />

proposent toute une série d’activités abordables. Les ASBL plus gran<strong><strong>de</strong>s</strong> proposant une<br />

offre d’activités diversifiée dans divers secteurs constituent également un partenaire<br />

important. Quelques secteurs mentionnés par la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> répondants sont le service <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

espaces verts, l’horeca, le bois et la construction et la cuisine. La collaboration avec ces<br />

ASBL est surtout cruciale dans <strong><strong>de</strong>s</strong> communes comme celles <strong><strong>de</strong>s</strong> quadrants 1, 2 (cluster 2)<br />

et 3. La proximité <strong>de</strong> ce genre d’organismes donne accès à une gran<strong>de</strong> offre d’emplois.<br />

Notons que dans les quadrants 1 et 3, les <strong>CPAS</strong> à succès (ayant un t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> carrières<br />

durables élevé) disposent <strong>de</strong> nombreuses possibilités pour proposer une trajectoire<br />

d’activation sociale. Nous observons simultanément <strong>de</strong> nombreux <strong>CPAS</strong> qui éprouvent un<br />

manque <strong>de</strong> possibilités pour débuter une trajectoire d’activation sociale pour le groupecible<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> plus faibles.<br />

185


L’activation sociale peut être perçue <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux façons : soit comme une étape préparatoire à<br />

l’activation professionnelle, soit avec une visée émancipatrice <strong>de</strong> la personne activée. Les<br />

<strong>de</strong>ux démarches peuvent cependant concrètement donner lieu à <strong><strong>de</strong>s</strong> actions similaires.<br />

Il ne f<strong>au</strong>t pas perdre <strong>de</strong> vue non plus que vu le marché <strong>de</strong> l’emploi, l’insertion n’est pas<br />

envisageable pour tout le mon<strong>de</strong>. En outre, d’après nos témoins, pour certains<br />

bénéficiaires, l’accès à un emploi est soit illusoire (notamment pour <strong><strong>de</strong>s</strong> raisons<br />

d’inadaptation sociale grave mais non considérées comme un handicap) soit un objectif à<br />

très longue échéance.<br />

Malheureusement, l’activation sociale est en général le parent p<strong>au</strong>vre <strong><strong>de</strong>s</strong> politiques<br />

d’activation. Les moyens qui y sont consacrés sont faibles, obligeant parfois les <strong>CPAS</strong> à<br />

« bricoler » pour monter <strong><strong>de</strong>s</strong> projets. La fixation d’objectifs quantifiables ou d’échéances<br />

n’est enfin pas toujours réaliste, l’activation sociale étant un processus lent, agissant sur<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> compétences non uniquement cognitives.<br />

Enfin, dans un certain nombre <strong>de</strong> <strong>CPAS</strong>, une mise en situation préalable à l’emploi,<br />

permettant <strong>de</strong> s’assurer que la personne est prête, est mise en place, souvent en bricolant<br />

entre différentes mesures, notamment la mesure MISIP.<br />

1. Stimuler le développement <strong>de</strong> trajectoires d’activation sociale pour les bénéficiaires<br />

qui ont besoin d’un accompagnement sur le plan <strong><strong>de</strong>s</strong> comportements<br />

professionnels.<br />

2. Accompagner les <strong>CPAS</strong> dans le développement <strong>de</strong> pré-trajets, ateliers ou <strong>au</strong>tres<br />

emplois abordables.<br />

3. Favoriser et mieux financer le développement <strong>de</strong> tels programmes d’activation<br />

sociale. Rechercher les plus qualitativement profitables et les étendre à d’<strong>au</strong>tres<br />

<strong>CPAS</strong>.<br />

4. Stimuler les structures <strong>de</strong> coopération avec les ASBL dans l’environnement local.<br />

5. Rechercher les zones d’ombre. Créer <strong><strong>de</strong>s</strong> moyens spécifiques pour les <strong>CPAS</strong> qui ont<br />

peu <strong>de</strong> partenaires dans l’environnement local.<br />

6. Établir <strong><strong>de</strong>s</strong> contacts avec les organismes <strong>de</strong> coordination <strong><strong>de</strong>s</strong> initiatives d’économie<br />

sociale pour organiser une trajectoire d’activation sociale.<br />

7. Financier <strong><strong>de</strong>s</strong> conventions <strong>de</strong> collaboration avec <strong><strong>de</strong>s</strong> partenaires externes. Viser<br />

une diversité <strong>de</strong> partenaires la plus gran<strong>de</strong> possible.<br />

8. Soutenir les conventions <strong>de</strong> collaboration.<br />

9. Développer davantage, notamment à Bruxelles, les formations <strong>de</strong><br />

français/néerlandais, langue étrangère.<br />

10. Porter un intérêt particulier <strong>au</strong>x obstacles pratiques, tels que le manque <strong>de</strong><br />

crèches, le déficit <strong>de</strong> mobilité ; financer l’acquisition du permis <strong>de</strong> conduire, ai<strong>de</strong>r<br />

<strong>au</strong> financement <strong>de</strong> solutions <strong>de</strong> mobilité appropriées.<br />

11. Développer <strong><strong>de</strong>s</strong> mesures telles que la mesure MISIP permettant une prise <strong>de</strong><br />

contact avec le secteur d’emploi et avec les contraintes du travail.<br />

4. Phase 4 : expérience professionnelle et formation<br />

L’expérience professionnelle est associée par tous les répondants à un emploi dans le<br />

cadre d’un contrat sous article 60§7. Cette mesure est perçue très positivement par les<br />

répondants. Le principal avantage <strong>de</strong> celle-ci en est sa flexibilité. Les répondants<br />

mentionnent que l’on peut garantir un emploi avec accompagnement en achevant une<br />

mise à disposition dans les services tant internes qu’externes.<br />

Il semble indubitable qu’une activation personnalisée n’est réellement possible que dans le<br />

cadre d’une large gamme <strong>de</strong> secteurs et <strong>de</strong> possibilités d’emploi. A cet égard, <strong>de</strong> gran<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

différences relatives à la diversité <strong><strong>de</strong>s</strong> emplois que les <strong>CPAS</strong> peuvent proposer sont<br />

constatées. Notons que les <strong>CPAS</strong> à succès (tel que définis ci-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus) <strong><strong>de</strong>s</strong> quadrants 1 et 3<br />

peuvent disposer d’une offre d’emplois importante. Les emplois peuvent être disponibles<br />

dans <strong><strong>de</strong>s</strong> services tant internes qu’externes. Outre un emploi sous article 60§7, certains<br />

répondants estiment crucial que <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires obtiennent la possibilité d’acquérir <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

compétences techniques, et ce dans différents secteurs (construction, horeca, service <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

espaces verts, etc.) Tandis que certains <strong>CPAS</strong> font cela eux-mêmes en créant <strong><strong>de</strong>s</strong> ateliers<br />

<strong>de</strong> formation par le travail, d’<strong>au</strong>tres recourent volontiers <strong>au</strong>x ASBL situées dans les<br />

186


environs. Celles-ci proposent <strong><strong>de</strong>s</strong> lieux d’insertion par le travail ainsi que <strong><strong>de</strong>s</strong> ateliers<br />

soci<strong>au</strong>x et protégés dans un grand nombre <strong>de</strong> secteurs. Par ailleurs, les <strong>CPAS</strong> ont une<br />

gran<strong>de</strong> expertise sur le plan du screening et <strong>de</strong> l’accompagnement sur le lieu <strong>de</strong> travail.<br />

Certains <strong>CPAS</strong> surtout plus grands <strong><strong>de</strong>s</strong> quadrants 2 et 4 réussissent <strong>au</strong>ssi à fournir euxmêmes<br />

un accompagnement intensif, tant sur qu’en <strong>de</strong>hors du lieu <strong>de</strong> travail.<br />

Le <strong>CPAS</strong> 2G crée <strong><strong>de</strong>s</strong> ateliers <strong>de</strong> formation par le travail où les bénéficiaires<br />

peuvent acquérir une expérience professionnelle dans différents secteurs comme la<br />

construction et le service <strong><strong>de</strong>s</strong> espaces verts. Les instructeurs fournissent non<br />

seulement un accompagnement psychosocial sur le lieu <strong>de</strong> travail, mais <strong>au</strong>ssi<br />

apporter à leurs bénéficiaires les compétences techniques requises.<br />

D’<strong>au</strong>tres <strong>CPAS</strong> estiment qu’ils ne peuvent disposer tant en interne qu’en externe que <strong>de</strong><br />

trop peu d’opportunités pour créer dans leur environnement proche une offre diversifiée<br />

d’emplois. Ces <strong>CPAS</strong> ont besoin tant <strong>de</strong> structures <strong>de</strong> coopération avec <strong><strong>de</strong>s</strong> partenaires<br />

externes que <strong>de</strong> la bonne volonté <strong><strong>de</strong>s</strong> services internes pour organiser <strong><strong>de</strong>s</strong> emplois sous<br />

l’article 60§7.<br />

1. Essayer <strong>de</strong> susciter <strong>de</strong> la bonne volonté <strong>au</strong>près <strong><strong>de</strong>s</strong> services internes du <strong>CPAS</strong> tels<br />

que maisons <strong>de</strong> repos, crèches, hôpit<strong>au</strong>x et services <strong>de</strong> nettoyage et <strong>de</strong> bricolage<br />

pour le recrutement <strong><strong>de</strong>s</strong> emplois sous l’article 60§7.<br />

2. Fournir <strong><strong>de</strong>s</strong> informations à ces services internes quant à la manière dont un<br />

accompagnement peut être octroyé sur le lieu <strong>de</strong> travail.<br />

3. Accompagner les <strong>CPAS</strong> dans le développement <strong>de</strong> structures <strong>de</strong> coopération.<br />

4. Financer les éventuelles conventions <strong>de</strong> collaboration. Viser une diversité <strong>de</strong><br />

partenaires la plus gran<strong>de</strong> possible.<br />

5. Imposer <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>criptions <strong>de</strong> fonction claires <strong>de</strong> la part d’un employeur,<br />

préalablement à toute proposition d’article 60§7.<br />

6. Revoir la mesure article 60§7, <strong>de</strong> manière à ce qu’un suivi par l’utilisateur soit<br />

obligatoirement assuré, et interdire une trop forte proportion d’emplois en article<br />

60§7 dans un même service.<br />

7. Dans la mesure article 60§7, assurer systématiquement une formation simultanée<br />

dans le domaine <strong>de</strong> l’emploi retenu.<br />

5. Phase 5 : activation professionnelle<br />

La phase 5 est l’étape ultérieure vers l’emploi sur le marché du travail régulier. Au cours<br />

<strong>de</strong> cette phase, on recourt surtout <strong>au</strong>x <strong>au</strong>tres mesures d’activation. Les répondants<br />

mentionnent principalement SINE et ACTIVA. L’article 60 privé, l’article 61 et l’intérim<br />

d’insertion sont moins utilisés. L’article 60§7 est utilisé dans ce cadre pour <strong><strong>de</strong>s</strong> postes plus<br />

spécifiques ou plus spécialisés, liés <strong>au</strong>x attentes particulières du bénéficiaire. De même ici,<br />

nous pouvons affirmer que les <strong>CPAS</strong> à succès disposent <strong>de</strong> davantage <strong>de</strong> possibilités pour<br />

engager <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires dans le cadre <strong>de</strong> l’une <strong>de</strong> ces mesures. Certains <strong>CPAS</strong> démarrent<br />

leurs propres entreprises <strong>de</strong> titres-services ou introduisent une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> pour que certains<br />

services soient reconnus dans le cadre <strong><strong>de</strong>s</strong> services <strong>de</strong> l’économie locale.<br />

De nombreux répondants signalent qu’un emploi <strong>de</strong> ce genre peut parfaitement prendre la<br />

forme d’un emploi sous contrat article 60§7. Notons que les répondants signalent<br />

implicitement à ce sujet le besoin <strong>de</strong> trajectoires progressives. Il s’agit <strong>de</strong> trajectoires<br />

permettant <strong>au</strong>x bénéficiaires, <strong>au</strong> cours <strong>de</strong> la progression <strong>de</strong> leur emploi, d’effectuer <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

tâches d’un nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> difficulté croissant. Le <strong>CPAS</strong> 2G a développé à cet égard un<br />

intéressant ensemble <strong>de</strong> bonnes pratiques.<br />

Au <strong>CPAS</strong> 2G, on a en collaboration avec toutes sortes <strong>de</strong> partenaires externes, pu<br />

créer une offre d’activation permettant <strong>de</strong> réorienter les bénéficiaires à tout<br />

moment durant une trajectoire vers un emploi ayant un ensemble <strong>de</strong> tâches<br />

difficiles. On organise <strong><strong>de</strong>s</strong> pré-trajets et on propose une expérience professionnelle<br />

et une formation dans les ateliers <strong>de</strong> formation par le travail dans le cadre <strong>de</strong><br />

l’article 60§7. L’activation professionnelle, après une trajectoire dans le cadre <strong>de</strong><br />

l’article 60§7, a surtout lieu <strong>au</strong> <strong>sein</strong> du rése<strong>au</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> initiatives <strong>de</strong> l’économie sociale.<br />

On a donc <strong>au</strong> départ du <strong>CPAS</strong> donné le signal pour créer un centre <strong>de</strong> lancement<br />

187


pour l’économie sociale. Ce centre a pour objectif <strong>de</strong> créer et d’accompagner les<br />

nouvelles initiatives placées sous le dénominateur commun <strong>de</strong> l’économie sociale.<br />

Le principal inconvénient vient d’être évoqué ci-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus. Dans <strong>de</strong> nombreux <strong>CPAS</strong> où l’on<br />

recourt à ces <strong>au</strong>tres mesures d’activation <strong>de</strong> façon minimaliste, les répondants estiment<br />

que les mesures telles que SINE ou ACTIVA sont trop compliquées. En paraphrasant les<br />

répondants, on peut affirmer que ces mesures vont <strong>de</strong> pair avec toute une paperasserie et<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> tracasseries administratives. Concernant <strong><strong>de</strong>s</strong> mesures telles que l’article 60 privé,<br />

l’article 61 et l’intérim d’insertion, la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> répondants signalent que la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

entreprises privées et <strong><strong>de</strong>s</strong> agences intérimaires <strong>de</strong> l’environnement local ne sont pas<br />

intéressées par <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires du <strong>CPAS</strong>. Certains signalent que les mesures <strong><strong>de</strong>s</strong>tinées à<br />

un emploi dans le secteur privé doivent être organisées <strong>de</strong> manière encore plus flexible.<br />

Certains indiquent ainsi la possibilité <strong>de</strong> proposer une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> stage, entièrement<br />

financée par le <strong>CPAS</strong>. Cela donne tant <strong>au</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur d’ai<strong>de</strong> qu’à l’employeur la chance <strong>de</strong><br />

s’adapter à la situation.<br />

En outre, il semble que ces mesures entraînent parfois <strong><strong>de</strong>s</strong> problèmes entre les différents<br />

statuts <strong>de</strong> la personne (relativement <strong>au</strong> <strong>CPAS</strong> et <strong>au</strong> service régional pour l’emploi). Enfin,<br />

l’ONEM semble méconnaître les mesures spécifiques <strong>au</strong>x <strong>CPAS</strong>, ce qui complique leur<br />

utilisation.<br />

Enfin, certains <strong>CPAS</strong> signalent privilégier l’article 60§7 pour le secteur public et le privé<br />

non lucratif, d’une part pour favoriser ces secteurs, d’<strong>au</strong>tre part pour éviter <strong>de</strong> favoriser<br />

l’utilisation <strong>de</strong> postes précaires par les entreprises. Certains estiment par ailleurs que<br />

l’emploi <strong>de</strong> la mesure article 61 constitue une meilleure alternative dans la mesure où le<br />

contrat est signé entre l’employeur et le bénéficiaire, ce qui permet sa prolongation et non<br />

un peut-être plus hypothétique renouvellement, et parce que l’écart financier entre l’article<br />

61 et d’<strong>au</strong>tres mesures d’activation pouvant lui succé<strong>de</strong>r est moins important, gage <strong>de</strong><br />

continuité du contrat.<br />

1. Simplifier les mesures d’activation telles que SINE et ACTIVA et éviter les doubles<br />

statuts.<br />

2. Stimuler le développement <strong>de</strong> trajectoires progressives avec <strong><strong>de</strong>s</strong> emplois d’un<br />

<strong>de</strong>gré <strong>de</strong> difficulté diversifié, même pour <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires considérés comme<br />

« forts ».<br />

3. Sensibiliser le secteur privé à l’emploi <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires du <strong>CPAS</strong> dans le cadre <strong>de</strong><br />

mesures qui leurs sont <strong><strong>de</strong>s</strong>tinées.<br />

4. Rendre plus flexibles les mesures <strong><strong>de</strong>s</strong>tinées à l’emploi dans le secteur privé. Une<br />

pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> stage peut représenter une bonne école d’apprentissage tant pour le<br />

bénéficiaire que pour l’employeur.<br />

5. Favoriser la formation continue pendant la mesure d’activation, <strong>de</strong> manière à<br />

assurer <strong>au</strong> travailleur une meilleure employabilité <strong>au</strong> bout <strong>de</strong> la mesure.<br />

6. Phase 6 : orientation sur le marché du travail<br />

Dans la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong>, cette phase débute trois mois avant la fin d’un emploi dans le<br />

cadre <strong>de</strong> l’une <strong><strong>de</strong>s</strong> mesures d’activation. On organise la formation <strong>au</strong>x entretiens<br />

d’emb<strong>au</strong>che et on rédige avec le bénéficiaire un CV afin <strong>de</strong> le préparer à chercher un<br />

emploi sur le marché du travail régulier. Durant cette phase, c’est surtout la bonne<br />

collaboration avec les services région<strong>au</strong>x pour l’emploi qui est cruciale. Nous constatons<br />

que ce sont surtout les répondants <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> à succès qui signalent une bonne relation<br />

avec les services région<strong>au</strong>x pour l’emploi. Certains répondants mentionnent <strong>de</strong> bons<br />

contacts avec le Centre <strong>de</strong> placement local permettant d’élaborer conjointement <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

projets <strong>de</strong> formation <strong>au</strong>x entretiens d’emb<strong>au</strong>che. Que l’un <strong><strong>de</strong>s</strong> travailleurs soci<strong>au</strong>x ait un<br />

jour <strong>de</strong> consultation fixe ou soit attaché à temps plein <strong>au</strong> Centre <strong>de</strong> placement est un <strong>au</strong>tre<br />

dispositif efficace. Cela permet <strong>de</strong> suivre les bénéficiaires mieux et plus rapi<strong>de</strong>ment.<br />

Dans d’<strong>au</strong>tres <strong>CPAS</strong> où les contacts avec les services région<strong>au</strong>x pour l’emploi se déroulent<br />

mal, les répondants mentionnent quelques inconvénients cruci<strong>au</strong>x : un premier<br />

inconvénient concerne le transfert du bénéficiaire <strong>au</strong>près <strong><strong>de</strong>s</strong> agents d’insertion <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

services région<strong>au</strong>x pour l’emploi. Lorsque le bénéficiaire a achevé une trajectoire<br />

d’activation du <strong>CPAS</strong>, l’agent d’insertion du <strong>CPAS</strong> peut déci<strong>de</strong>r <strong>de</strong> l’orienter vers les<br />

188


services région<strong>au</strong>x pour l’emploi. La trajectoire d’insertion professionnelle <strong><strong>de</strong>s</strong> services<br />

région<strong>au</strong>x pour l’emploi ne débute toutefois que six mois après ; durant cette pério<strong>de</strong>, le<br />

bénéficiaire est livré à son propre sort.<br />

Outre les discussions relatives à la transmission <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires, les répondants relatent<br />

<strong>au</strong>ssi <strong><strong>de</strong>s</strong> problèmes relatifs <strong>au</strong>x jours <strong>de</strong> consultation. Le <strong>CPAS</strong> 1A a dès lors <strong>de</strong>mandé <strong>au</strong><br />

Centre local <strong>de</strong> placement une politique <strong>de</strong> présences permettant à un agent d’insertion du<br />

<strong>CPAS</strong> d’accueillir durant une journée par semaine les bénéficiaires dans les bâtiments du<br />

Centre <strong>de</strong> placement. Un troisième problème régulièrement évoqué par nos répondants<br />

apparaît lorsque le Centre local <strong>de</strong> placement n’accor<strong>de</strong> <strong>au</strong>cune attention <strong>au</strong>x bénéficiaires<br />

du <strong>CPAS</strong> en Flandre, et que les MIRE (Missions Régionales pour l'Emploi) ont un intérêt<br />

financier à s’occuper <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires les plus employables en Wallonie.<br />

Nous retrouvons à nouve<strong>au</strong> ici quelques pistes cruciales <strong>de</strong> politique. Les répondants<br />

signalent en effet qu’une bonne relation avec les services région<strong>au</strong>x pour l’emploi dépend<br />

<strong>de</strong> la vision qui en est développée <strong>au</strong> <strong>sein</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>au</strong>torités supérieures.<br />

1. Développer une vision relative à la collaboration <strong><strong>de</strong>s</strong> services région<strong>au</strong>x pour<br />

l’emploi.<br />

2. Par <strong><strong>de</strong>s</strong> concertations, prévoir une bonne répartition <strong><strong>de</strong>s</strong> tâches entre les services<br />

région<strong>au</strong>x pour l’emploi et les <strong>CPAS</strong>. Tenir compte <strong>de</strong> la diversité entre les <strong>CPAS</strong>.<br />

3. Favoriser la mesure 500 € pour l’accompagnement <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires entre le <strong>CPAS</strong><br />

et le FOREM, rendre cet accompagnement obligatoire pour le bénéficiaire.<br />

7. Phase 7 suivi<br />

Cette <strong>de</strong>rnière phase est remplie <strong>de</strong> manière très minimaliste par la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong>. De<br />

nombreux répondants soulignent qu’à l’issue d’un emploi, la relation entre le <strong>CPAS</strong> et le<br />

bénéficiaire dépend <strong>de</strong> la bonne volonté <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier. La plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires ne<br />

gar<strong>de</strong>nt, selon les personnes <strong>de</strong> référence interrogées, pas contact avec les <strong>CPAS</strong>. Nous<br />

rencontrons toutefois quelques exceptions intéressantes. Dans quelques <strong>CPAS</strong>, il a été<br />

convenu avec les services région<strong>au</strong>x pour l’emploi que les bénéficiaires soient, à l’issue <strong>de</strong><br />

leur emploi <strong>au</strong>près du <strong>CPAS</strong>, suivis par les travailleurs soci<strong>au</strong>x du <strong>CPAS</strong>. Ces <strong>de</strong>rniers<br />

travaillent temps plein dans le Centre <strong>de</strong> placement et ont pour tâche d’orienter les<br />

bénéficiaires sur le marché du travail régulier, à l’issue d’une mesure d’activation.<br />

1, Sous réserve d’un financement suffisant, poursuivre l’accompagnement social du<br />

bénéficiaire par le <strong>CPAS</strong>, lorsqu’il s’avère nécessaire.<br />

8. To work or not to work<br />

Qu’est-ce qui fonctionne et qu’est-ce qui ne fonctionne pas ? C’est probablement la<br />

question principale <strong>de</strong> cette enquête.<br />

Nous constatons clairement qu’une série importante <strong>de</strong> facteurs <strong>de</strong> réussite se situe <strong>au</strong><br />

nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> la politique d’activation <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong>. Le facteur le plus important concerne l’offre<br />

<strong>de</strong> mesures <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong>. Lorsque les <strong>CPAS</strong>, tant en phase 3 (activation sociale) et en phase 4<br />

(expérience professionnelle et formation) qu’en phase 5 (activation professionnelle)<br />

peuvent proposer une gamme <strong>de</strong> mesures, alors ils ont plus <strong>de</strong> chances d’activer les<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs d’ai<strong>de</strong> d’une manière durable. Il importe qu’il ne s’agisse pas uniquement <strong>de</strong><br />

nombreuses mesures, mais <strong>de</strong> mesures diversifiées. Cette diversité concerne tant le<br />

secteur que le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> difficulté <strong>de</strong> l’emploi. La quantité <strong>de</strong> secteurs citée dans nos<br />

interviews est gran<strong>de</strong>, les plus populaires étant le service <strong><strong>de</strong>s</strong> espaces verts, le bois et la<br />

construction, et l’horeca. Par ailleurs, <strong><strong>de</strong>s</strong> emplois ayant un <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> difficulté variable<br />

semblent <strong>au</strong>ssi représenter un important facteur <strong>de</strong> réussite. Ils permettent, pour<br />

paraphraser les propos <strong>de</strong> nos répondants, <strong>de</strong> fournir un emploi personnalisé tant pour les<br />

plus faibles que pour les plus forts, et ce dans toutes les phases possibles <strong>de</strong> la trajectoire<br />

d’activation.<br />

Notons cependant qu’<strong>au</strong>-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la variabilité, il est possible que la philosophie <strong>de</strong><br />

l’activation, centrée sur le besoin <strong>de</strong> l’individu plus que sur <strong><strong>de</strong>s</strong> normes générales ou<br />

189


institutionnelles soit une c<strong>au</strong>se <strong>de</strong> succès ; mais nous ne pouvons par les témoignages<br />

recueillis vérifier ou infirmer cette hypothèse.<br />

Le contrat sous article 60§7 s’avère à cet égard un excellent outil. Tous les répondants<br />

signalent que l’on peut manier cette réglementation <strong>de</strong> manière très flexible. Cette<br />

flexibilité permet d’organiser un emploi personnalisé. Tant dans les services du <strong>CPAS</strong>, les<br />

services internes, qu’en collaboration avec <strong><strong>de</strong>s</strong> partenaires externes, cette réglementation<br />

sur l’article 60§7 permet une liberté <strong>de</strong> traitement suffisante pour fournir <strong>au</strong> bénéficiaire<br />

une activité personnalisée et adaptée.<br />

Il importe que cette offre diversifiée d’emplois par le biais d’un contrat sous article 60§7<br />

puisse être réalisée en concertation avec <strong><strong>de</strong>s</strong> services externes. Néanmoins, il semble que<br />

la mesure article 60§7 puisse être encore améliorée.<br />

Les ASBL relevant <strong><strong>de</strong>s</strong> initiatives d’économie sociale représentent un partenaire essentiel<br />

pour créer une offre d’emploi personnalisée. Nous retrouvons cela surtout dans les<br />

communes du quadrant 1, du quadrant 2 (cluster 2) et du quadrant 3. Les <strong>CPAS</strong> à succès<br />

semblent à cet égard développer une collaboration durable avec une ou plusieurs ASBL qui<br />

fournissent un emploi d’un <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> difficulté diversifié et dans différents secteurs. De<br />

même, dans les grands <strong>CPAS</strong> tels que les <strong>CPAS</strong> du quadrant 2 (cluster 5) et du quadrant 4,<br />

ces ASBL semblent <strong>au</strong>ssi jouer un grand rôle. Nous constatons toutefois que ces <strong>CPAS</strong><br />

fournissent <strong><strong>de</strong>s</strong> efforts pour garantir également eux-mêmes un emploi interne. Ceux-ci<br />

s’adressent surtout <strong>au</strong>x plus faibles et accompagnent les individus sur le plan <strong>de</strong><br />

l’activation sociale. Un important outil est le pré-trajet. Ce faisant, on peut, en gestion<br />

propre, préparer pas à pas les bénéficiaires d’une manière très abordable, à un emploi<br />

dans le cadre <strong>de</strong> l’une <strong><strong>de</strong>s</strong> mesures disponibles.<br />

Il importe <strong>de</strong> ne pas prévoir les outils nécessaires uniquement pour les plus faibles. Même<br />

les bénéficiaires les plus « forts » sont engagés à un emploi personnalisé dans un cadre<br />

protégé. Ainsi, certains répondants signalent qu’ils doivent pouvoir intégrer les<br />

bénéficiaires tout <strong>au</strong> long <strong>de</strong> leur trajectoire dans <strong><strong>de</strong>s</strong> emplois difficiles, leur permettant <strong>de</strong><br />

développer davantage leurs capacités et leurs compétences. Dans la pratique, notons pour<br />

ces bénéficiaires la nécessité <strong>de</strong> mesures telles que SINE, ACTIVA voire même dans<br />

quelques cas <strong>au</strong>ssi un article 60 privé ou article 61. Notons cependant que ces mesures ne<br />

peuvent être mises en place que par <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> disposant <strong>de</strong> travailleurs nombreux qui<br />

peuvent se spécialiser ou par <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>CPAS</strong> dont les travailleurs sont suffisamment anciens<br />

pour avoir exploré ces possibilités. Notons encore qu’une proportion non négligeable<br />

d’ACTIVA, SINE ou PTP sont initiés par le bénéficiaire lui-même et l’entreprise <strong>au</strong>près <strong>de</strong><br />

laquelle il a décroché un emploi.<br />

Un <strong>de</strong>rnier facteur <strong>de</strong> réussite important est un bon contact avec les services région<strong>au</strong>x<br />

pour l’emploi. Tant en phase 6 (orientation vers le marché régulier du travail) qu’en phase<br />

7 (suivi), les agents d’insertion du Centre <strong>de</strong> placement représentent un partenaire<br />

essentiel. Dans les <strong>CPAS</strong> où <strong>de</strong> bons contacts se créent avec les services région<strong>au</strong>x pour<br />

l’emploi, <strong><strong>de</strong>s</strong> projets communs sont entrepris dans certains cas, une concertation se crée<br />

<strong>au</strong> sujet <strong>de</strong> certains dossiers <strong>de</strong> bénéficiaire et <strong><strong>de</strong>s</strong> bonnes pratiques innovantes se créent<br />

sur le plan du suivi.<br />

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