LE LOUP
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<strong>LE</strong> <strong>LOUP</strong><br />
Canis lupus<br />
Ordre des carnivores - Famille des canidés<br />
Loup, patte levée, 8 sept. 1955<br />
Croquis, Robert Hainard<br />
Le loup dont Robert était très fier parce qu’il avait pu le voir d’assez près pour distinguer les veines sur<br />
ses pattes !<br />
Robert Hainard, Mammifères sauvages d’Europe<br />
Originellement toute l’Europe.<br />
Tête et corps 1 m 10 – 1 m 40, queue 30-40 cm, hauteur au garrot 75 à 80 cm.<br />
Poids 35 à 45, jusqu’à 50 et 65 kg, femelle plus petite. Aspect du chien-loup, avec des yeux<br />
obliques, jaune d’or, les oreilles dressées et plutôt courtes, la tête large (à cause du poil,<br />
mais le crâne est plus étroit que chez le chien), le cou et les épaules puissants, garnis d’une<br />
crinière érectile qui s’étend en touffe arrondie en arrière des omoplates, l’arrière-train plus<br />
bas, avec les jarrets bas et serrés; la queue touffue pend jusqu’aux talons (jarrets). Pelage<br />
fauve gris jaunâtre mêlé de noir, plus clair dessous, variable selon les individus, lieux,<br />
saisons et âges. Les loups du nord ont le poil plus fourré, plus long, plus rude; les vieux<br />
loups grisonnent.<br />
Très généralement, le loup craint l’homme. «On cite à peine, dans le siècle<br />
actuel, écrivait Tschudi vers 1850, un loup ayant attaqué l’homme. Il fuit plutôt et<br />
se montre très lâche quand la faim ne le rend pas furieux ou que des blessures<br />
graves ne le forcent pas à se défendre».<br />
Patte arrière<br />
Croquis Robert Hainard<br />
Le loup serait originellement un animal plutôt steppique que forestier.<br />
Oberthür dit qu’en Bretagne, les loups ne séjournaient jamais dans les grandes<br />
forêts, comme Paimpont. Ils préféraient les petits bois d’alentour et surtout les<br />
ravins fourrés de grands ajoncs impénétrables, c’était toujours là qu’étaient les<br />
liteaux. Ils se tiennent aussi dans les roseaux.<br />
«Robert Hainard, Mammifères sauvages d’Europe»<br />
1
<strong>LOUP</strong> PÊCHEUR: L’EXPANSION RAPIDE DES VIL<strong>LE</strong>S ET DES EXPLOITATIONS<br />
AGRICO<strong>LE</strong>S EMPIÈTE SUR <strong>LE</strong> TERRITOIRE DU <strong>LOUP</strong> ET CAUSE LA DISPARITION DE SES<br />
PROIES TRADITIONNEL<strong>LE</strong>S. L’ANIMAL N’A DONC PLUS D’AUTRE CHOIX QUE DE SE<br />
RABATTRE SUR UNE NOURRITURE ALTERNATIVE, COMME <strong>LE</strong> POISSON.<br />
MALHEUREUSEMENT, CONSOMMÉ EN QUANTITÉ EXCESSIVE, CE RÉGIME A DE<br />
DRAMATIQUES RÉPERCUSSIONS SUR L’ORGANISATION SOCIA<strong>LE</strong> DE LA MEUTE.<br />
HÉLÈNE GRIMAUD, «<strong>LE</strong> <strong>LOUP</strong> SAUVAGE ET FASCINANT»<br />
La louve est en chaleur en janvier ou<br />
février, plus tôt pour les vieilles, plus tard<br />
pour les jeunes et pendant 3 à 5 semaines.<br />
Quand les loups étaient assez nombreux,il<br />
y avait des combats entre mâles, parfois jusqu’à la mort. Pendant que<br />
l’amour le tenait prisonnier, l’élu était parfois étranglé par ses rivaux.<br />
Ainsi le dit, du moins Gaston Phoebus dans sa pittoresque description<br />
des amours des loups.«Et sache que quand un loup et une louve se<br />
sont accompagnés, ils demeurent toujours ensemble» C’est aussi l’opinion de M. De Lasfonds,<br />
selon lequel les époux forment couple; le mâle remplace la femelle si elle succombe et dégorge<br />
aussi de la viande pour les jeunes.<br />
«Mammifères sauvages d’Europe»<br />
A la différence des chiennes, la louve n’est fécondable qu’une fois par an, pendant 7 à 21 jours. La<br />
période de réceptivité pendant la saison des amours est plus courte encore et ne dure que 4 à 7<br />
jours. Le choix de la tanière est essentiel pour la survie des petits, à la merci des prédateurs qui ont<br />
tôt fait de les déterrer. C’est pourquoi l’antre est généralement situé sous une surface dure, un<br />
rocher par exemple, ou au pied d’un arbre. Les petits prédateurs ne représentent guère de danger<br />
pour les loups adultes. En revanche, si un coyote découvre une tanière non protégée, il n’hésite<br />
pas à massacrer la portée toute entière.<br />
La parade amoureuse débute dès la fin de l’hiver et s’étend jusqu’au printemps, la femelle alpha<br />
ayant pris soin au préalable d’intimider toutes ses rivales potentielles en démontrant régulièrement<br />
sa position de dominante dans la meute. Ce rappel à l’ordre passe par un harcèlement constant,<br />
bagarres et autres tracasseries comme se mettre en travers du chemin de ses soeurs, afin de bien<br />
faire la démonstration de sa toute-puissance. A l’approche de la période de fécondabilité, la femelle<br />
intensifie son offensive contre les femelles de rang inférieur; il n’est pas question qu’une autre<br />
louve se trouve fécondable au même moment. Grognements et grondements se succèdent, la<br />
femelle alpha multiplie les bousculades, allant jusqu’à provoquer des fausses couches.<br />
La femelle alpha procède également à une sélection de nourrices chargées de veiller et d’éduquer<br />
ses petits juste après leur sevrage, vers quatre à six semaines, quand elle retrouvera sa place de<br />
meneuse de la meute. Mâle ou femelle, la nounou sera choisie par la femelle alpha en fonction de<br />
son expérience et de sa capacité à enseigner aux plus jeunes les règles en vigueur au sein de la<br />
meute. La louve recourt à un processus de sélection complexe et initie par le jeu entre différents<br />
membres de la meute des situations qui lui permettent de déterminer l’individu qui est le plus<br />
équilibré, le plus patient et le plus apte à veiller sur ses petits. La période de gestation dure 60 à 63<br />
jours, et la naissance des louveteaux, entre janvier et avril, coïncide généralement avec celle des<br />
jeunes proies, subvenant ainsi aux besoins de nourriture.<br />
Lors des quatre à cinq premières semaines de son existence, le bébé loup n’a de contact qu’avec<br />
sa mère. Dans la tanière, durant les premières semaines, la femelle initie ses petits aux odeurs des<br />
autres membres de la meute. Chaque fois que la louve sort de la tanière, elle frotte sa gueule et<br />
ses flancs aux autres adultes et nourrices pour s’imprégner de leur odeur, de façon à familiariser<br />
les louveteaux avec leurs congénères. La mère apprend également à ses petits le respect dû aux<br />
individus de chaque rang. Si elle porte l’odeur du dominant sur son museau, elle prend<br />
délicatement dans sa gueule la tête ou le cou d’un petit et le retourne afin de lui apprendre la<br />
posture de soumission requise face à ce membre de la meute. Puis, les louveteaux découvrent la<br />
qualité du lait des tétines centrales et commencent à montrer les premiers signes de domination<br />
sur leurs frères et soeurs en occupant systématiquement cette place privilégiée au moment de la<br />
tétée. Lorsque la vue et l’ouïe des louveteaux commencent à se développer, entre quatre et cinq<br />
semaines, la femelle extrait sa progéniture de la tanière. C’est la toute première rencontre des<br />
jeunes avec la meute, et les nourrices prennent le relais des soins et de leur éducation. Une fois<br />
les louveteaux sevrés, un adulte de rang équivalent régurgite de la nourriture solide devant un<br />
louveteau et l’aide à distinguer les morceaux dus à son rang.<br />
«Le loup sauvage et fascinant» 2
Couple de loups. Ŝtalje, Slovénie, 8 septembre 1955, 6 h 45, gravure, Robert Hainard<br />
C’est aussi l’opinion de M. De Lasfonds, selon lequel les époux forment couple; le mâle remplace la<br />
femelle si elle succombe et dégorge aussi de la viande pour les jeunes. M. De Lasfonds a vu, en<br />
captivité, que la veille de la mise bas, lorsque les mamelles gonflent, le poil du ventre tombe et<br />
forme, mêlé à des herbes, fougères, mousses, le liteau. La louve l’établit sous une roche inclinée,<br />
un arbre abattu, des racines, ou en plein roncier, en un lieu caché mais ensoleillé ayant de l’eau à<br />
proximité (les loups ayant toujours soif) en aplanissant et excavant légèrement le sol. Elle y dépose le<br />
plus souvent de fin avril à fin juillet 3, généralement 5 à 8 petits, rarement jusqu’à 11.<br />
Ils sont noirâtres et, disent les auteurs, semblables aux renardeaux,<br />
dont ils ne se distinguent que par l’absence de l’extrémité blanche<br />
de la queue (mais elle manque à beaucoup de renardeaux!). A 10-<br />
12 jours, ils ouvrent les yeux, à 15 jours, la mère divise la portée en<br />
groupes de 2 ou 3 sur de plus petits liteaux et les allaite à tour de<br />
rôle, de jour et de nuit. Le bout de l’oreille est pendant durant 3<br />
semaines au moins. A deux mois, ils sont un peu moins gros qu’un<br />
renard, la mère les réunit et les change souvent de place.<br />
Photo «Le Loup sauvage et fascinant»<br />
Elle les allaite quatre à six<br />
semaines, mais bientôt elle<br />
régurgite de la viande devant<br />
eux, ensuite leur apporte des<br />
proies qu’elle déchire, puis<br />
qu’ils apprennent à tuer. A côté<br />
du liteau se trouve la « cuisine<br />
du loup » (Franche-Comté),<br />
espace de terre battue parsemé<br />
de débris d’os rongés. En<br />
octobre, les jeunes pèsent de<br />
35 à 40 kg, sont gris noir sur le<br />
dos, avec la queue peu touffue.<br />
Ils restent avec la mère jusque<br />
vers la Toussaint.<br />
La louve aide un petit à changer de terrier La louve allaite ses petits<br />
Photo «Le loup, Brigand des bois Photo «Le loup, Brigand des bois»<br />
3
LOUVETEAU : <strong>LOUP</strong> QUI VIENT DE NAÎTRE, JUSQU’À UN AN<br />
LOUVARD : SE DIT DU JEUNE <strong>LOUP</strong> DE UN À DEUX ANS<br />
FORMATION DES ADULTES<br />
Le couple alpha rappelle régulièrement aux loups adultes le<br />
comportement prévenant qu’ils doivent observer vis-à-vis des<br />
louveteaux, vulnérables et facilement effrayés.<br />
VISITE SURPRISE<br />
Poussée par la curiosité, la nourrice peut profiter de l’absence de<br />
la mère pour pénétrer dans la tanière et rendre visite aux petits<br />
dont elle aura la charge. Elle prend un énorme risque car la<br />
femelle alpha ne tolère aucune présence étrangère auprès de ses<br />
petits avant de l’avoir expressément décidé.<br />
NOUNOU À P<strong>LE</strong>IN TEMPS<br />
Une nourrice passe les premières semaines suivant la naissance<br />
à veiller sur la mère et ses petits cachés dans la tanière.<br />
Entièrement dévouée à la protection des louveteaux, elle ne quitte<br />
son poste que sur ordre de la femelle alpha.<br />
PREMIERS REGARDS<br />
Vers l’âge de quatre semaines, les louveteaux s’aventurent hors<br />
de la tanière. Deux semaines plus tard, ils partent explorer les<br />
environs, jusqu’à plus d’un kilomètre autour de la tanière.<br />
TEST DE SAVEUR<br />
Toujours affamé, le louveteau explore son environnement en<br />
goûtant à peu près tout ce qu’il rencontre, sous le regard des<br />
loups adultes qui interviennent en cas de nécessité.<br />
<strong>LE</strong>S CHORISTES<br />
Les louveteaux écoutent avec intérêt les hurlements de leurs<br />
aînés et tentent de se joindre au choeur vers l’âge de 3 à 4<br />
semaines. Maîtriser l’art du hurlement est essentiel pour le jeune<br />
loup. En règle générale, c’est le louveteau dominant qui hurle le<br />
premier, rapidement imité par ses frères et soeurs.<br />
COMMUNICATION<br />
Le hurlement sert à communiquer avec les membres proches ou<br />
lointains de la tribu, mais aussi avec les loups rivaux. Dans ce cas,<br />
il a pour première fonction d’éviter le conflit. Chaque animal<br />
dispose d’une fréquence vocale spécifique et variable en fonction<br />
de son échelon social.<br />
<strong>LE</strong>ÇONS DE BIENSÉANCE<br />
La femelle alpha apprend à ses petits à reconnaître l’odeur des<br />
autres membres de la meute, avant même qu’ils ne sortent de la<br />
tanière: Elle leur montre également les attitudes à adopter devant<br />
les adultes, en fonction de leur rang.<br />
<strong>LE</strong> TEMPS DES BOUILLIES<br />
Les adultes nourrissent les louveteaux sevrés en régurgitant les<br />
aliments dans leur gueule. Ce n’est que plus tard, avec le<br />
développement de ses 42 dents, que le jeune loup peut manger<br />
des morceaux de viande entiers.<br />
MENU RÉG<strong>LE</strong>MENTAIRE<br />
Les louveteaux obéiront bientôt aux usages alimentaires qui<br />
régissent la nourriture de chaque membre de la meute en fonction<br />
de son rang. Ils ont également appris à défendre leur pitance par<br />
différentes postures corporelles et grognements...les nourrices<br />
leur ravissent régulièrement leur pitance afin de leur apprendre à<br />
la défendre...Par le jeu et la bagarre, les jeunes loups apprennent<br />
les différentes techniques de chasse et s’initient à la survie de la<br />
meute. Le territoire d’une meute abrite généralement un point<br />
d’eau,lac ou rivière. Les loups ont besoin de grandes quantités<br />
d’eau après les repas et en période de gestation. Vers l’âge de six<br />
mois, les louveteaux ont presque atteint leur taille adulte. Si la<br />
nourriture est abondante, ils seront solides. Si les proies sont<br />
rares, ils ne survivront pas à cette étape.<br />
«Le loup sauvage et fascinant»<br />
4
<strong>LE</strong> LANGAGE DES <strong>LOUP</strong>S<br />
La meute est commandée par le loup et la louve les plus forts du groupe. Pour montrer qu’ils sont les<br />
chefs, ils ont la queue levée et la tête bien droite. Les autres mettent la queue entre les jambes. Ils<br />
baissent aussi les yeux pour dire qu’ils obéissent. Attention à celui qui ne respecte pas la règle...<br />
Le salut : Le loup lèche le museau du chef, oreilles et queue baissées<br />
La soumission : Quatre pattes en l’air<br />
L’obéissance : Oreilles plaquées sur la tête, queue rentrée<br />
La méfiance : Oreilles pointées en arrière, extrémité de la queue retroussée<br />
La peur : Oreilles pointées en arrière, gueule fermée, queue rentrée<br />
L’attaque : Oreilles pointées en arrière, queue dressée, babines retroussées et gueule ouverte<br />
«C’est pas sorcier d’être ...un loup» Nathan<br />
5
L’allure des loups est fluide : ils se déplacent ainsi sans fatigue, généralement au petit trot,<br />
sauf lorsqu’ils sont proches d’une proie ou lorsqu’ils se sentent menacés.<br />
Le loup est toujours sur le qui-vive, cherchant à détecter le premier signe d’un danger,<br />
un changement de comportement d’un membre de la meute, ou encore une occasion de manger<br />
Les loups noirs ont un air de mystère plus prononcé que leurs congénères gris<br />
Croquis Robert Hainard «Loup s’esquivant»<br />
6
De la Sibérie à l’Espagne, du Groenland au Mexique<br />
Avant que l’homme ne le traque, c’est sur cet immense espace que le loup vagabondait. Les<br />
variations géographiques de milieu et de climat ont permis d’individualiser des sous-espèces par<br />
la couleur du pelage, la taille, le poids. Longévité : environ 13 ans<br />
Le loup arctique et le loup du Groenland ont une robe blanche et soyeuse,<br />
le loup de la toundra et le loup de l’Hudson ont un pelage blanchâtre;<br />
dans le Mackenzie, il est sombre, voire noir;<br />
dans l’île de Vancouver, gris,<br />
et cannelle pour une sous-espèce de Colombie britannique.<br />
En Europe, le pelage est fauve, mêlé de gris et de noir,<br />
mais en Espagne, il devient gris acier,<br />
tandis qu’il s’éclaircit en Sibérie<br />
Photos : Philippe Huet «Le monde des loups»,<br />
Du sud vers le nord, sur le continent nord-américain, comme en Eurasie, la taille des loups<br />
augmente graduellement, en rapport avec le poids et la taille des canines et l’épaisseur de la<br />
fourrure. Les climats sont rudes au nord des continents et l’hiver long.<br />
Recenser les populations de loups n’est pas chose facile; longtemps, leur importance fut<br />
estimée à partir du nombre d’animaux abattus dans les pays concernés. Les derniers<br />
recensements font état de soixante à soixante-dix mille bêtes pour l’Amérique du Nord, le<br />
Canada étant un des grands réservoirs à loups de la planète. En Europe, hormis la France,<br />
l’Angleterre, l’Allemagne et quelques autres régions où il n’y en a plus, les populations<br />
désormais protégées, sont en augmentation comme en Italie et en URSS, ou se maintiennent<br />
comme en Espagne et en Europe de l’Est.<br />
Geneviève Carbone «La peur du loup»<br />
Croquis, Robert Hainard<br />
Annotation de croquis de terrain lors de ses affûts en 1948.<br />
NE PERDONS PAS LA TRACE DU <strong>LOUP</strong>....<br />
mmdp/23.8.2007 7