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En attendant l'ouverture ! - familievereniging van outryve d'ydewalle

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point de ne pouvoir plus les repérer. Le chasseur plus heureux désigne d'un geste dégagé le champ de ses<br />

exploits. Les gardes connaissent d'ailleurs les fusils, ils savent de quel côté il faut aller d'abord.<br />

Il s'agit maintenant pour les fusils de gagner une autre enceinte en sautant un large fossé à l'aide<br />

d'une perche. Les moins audacieux préfèrent à ce risque l'inconvénient d'un long détour et il y a parmi<br />

ceux-ci plus de novices que de vétérans. Les jeunes appréhendent le ridicule du plongeon de<strong>van</strong>t les<br />

anciens. André d'Ydewalle franchissait les plus larges fossés avec une aisance restée légendaire. Il expliquait<br />

volontiers comment tout l'art de sauter était dans la manière de prendre l'élan et de balancer la perche. Ses<br />

conseils ont permis à des nouveaux-venus de s'en tirer honorablement dès la première tentative.<br />

Georges de Lophem et Louis Ryelandt passaient l'obstacle avec non moins de grâce. On les a même<br />

vu opérer un va-et-vient lors de certains passages périlleux pour la seule joie d'en affronter les risques et<br />

d'initier les autres. Au surplus, la taille du sauteur entre pour peu dans la réussite puisque Joseph<br />

d'Ydewalle, moins grand que ses cousins, les battait tous aisément à ce jeu difficile. Il dirige ses battues avec<br />

la sagesse d'un vieux stratège jointe à l'impétueuse ardeur d'un jeune sergent. D'un mot, il arrête un garde<br />

qui n'en veut faire qu'à sa tête, il invite au silence un chasseur trop bavard, il réconforte un malchanceux.<br />

Les traqueurs l'écoutent avec respect. Il sait les admonester vertement, tout en leur offrant des cigarettes.<br />

Une traque a pris fin. Les tireurs quittent leur poste. Cette longue chose qui se déplie, c'est encore<br />

un d'Ydewalle à n'en plus finir surgissant de son fossé. Comme c'est l'heure de déjeuner, chacun a bientôt<br />

fait de rejoindre le groupe qui s'achemine vers le lieu du réconfort mérité. Louis Ryelandt approche de son<br />

pas toujours leste. Hélas ! Les amis dont il parlait il y a trente ans n'y sont plus tous. Heureusement, les<br />

familles continuent. Elles délèguent de nouveaux représentants, recrutés dans la jeune génération et qui se<br />

mêlent aux anciens.<br />

Si des devoirs politiques empêchaient le sénateur Charles Gillès d'être là aussi souvent qu'on l'eut<br />

souhaité, son frère Raphaël, infatigable chasseur doué d'une vieille expérience, restait fidèle aux rendezvous.<br />

Lorsque Bénédict Gillès vivait encore, les trois frères formaient une trinité partout volontiers<br />

accueillie. Il est vrai que leurs battues valaient bien celles qu'on leur offrait. C'en serait fait de la chasse le<br />

jour où il n'y aurait plus de Gillès chasseurs ! Heureusement Léon, Raymond et Baudouin ont repris le<br />

flambeau. A vingt ans, ce dernier invitait déjà sur ses terres en seigneur de vieille race. Son frère Jean en<br />

était encore. Depuis, il s'est fait bénédictin. Peut-être lui arrive-t-il d'occire des antilopes dans les forêts du<br />

Katanga en souvenir des chasses de naguère ?<br />

Le cloître en a enlevé d'autres aux battues du Nord. Elles comptèrent aussi parmi leurs fervents<br />

d'autrefois Jean et Antoine de Meester, devenus les Pères Emmanuel et Jean-Baptiste, O.S.B. [Ordre de<br />

Saint Benoît]. Ils en ont d'ailleurs un peu gardé la nostalgie. Le moine Jean-Baptiste revient encore à<br />

Meetkerke où le vieux moulin de la wateringue [service des Eaux] lui sert d'ermitage, et il n'y a pas si<br />

longtemps qu'on l'a vu, sous la robe bénédictine, sonnant du cor à une réunion de chasseurs. Son frère, le<br />

P. Emmanuel, faisait à la même occasion le panégyrique de saint Hubert, suivi d'un commentaire sur les<br />

devoirs du chasseur quand il ne chasse pas, c'est-à-dire sur les devoirs du bon chrétien que tout chasseur<br />

doit être a<strong>van</strong>t tout.<br />

A Albert <strong>van</strong> Caloen ont succédé ses fils Joseph et Carl, deux bons fusils qui sont aussi d'aimables et<br />

courtois gentilshommes. Tout le monde connaît leurs traits hispaniques qu'on dirait modelés d'après un<br />

tableau de Vélasquez ou de Goya. Ils portent bien la marque des vertus traditionnelles de leur maison. Le<br />

jour où un écrivain fera un livre sur la Flandre où il sera question d'autre chose que de béguines et<br />

d'estaminets, le jour où il écrira l'histoire d'un fils du terroir, issu de bonne lignée, grandi avec les bois, aimé<br />

des gens, épris de son sol, il prendra pour modèle Roger <strong>van</strong> Caloen.<br />

Et puis, il y a les Basseghem ! Robert <strong>van</strong> Caloen préside aux destinées d'une commune qui dépasse<br />

le canal d'Ostende. Le Varssenaarhoek lui permet de chasser dans le Nord sans sortir de ses Etats. Mais s'il est<br />

un passionné de la chasse, sa sollicitude n'en va pas moins d'abord aux administrés qui estiment<br />

unanimement ce bourgmestre robuste, jovial et toujours de bon conseil. Il est vrai que le gibier, lui, n'a<br />

guère de répit pendant ces heures qu'en temps d'ouverture Robert <strong>van</strong> Caloen consacre encore à<br />

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