RÉPERTOIRE NUMÉRIQUE DE LA SÉRIE R - Archives ...
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XVIII<br />
Les gardes nationales mobilisées sont licenciées à la suite de la dépêche circulaire du ministre de la guerre du<br />
2 mars. Leur rapatriement et l'évacuation du camp de Montpellier s'opèrent en quelques jours. Le général Lefèvre<br />
résume dans son ordre général d'adieu du 9 mars les causes de l'insuccès des gardes nationales mobilisées : « soldats<br />
inexpérimentés..., instructeurs élus tout aussi étrangers au métier, et par suite incapables de répandre dans les rangs<br />
la confiance et la solidarité étroite entre chefs et subordonnés, qui, seuls, peuvent assurer le succès ».<br />
La construction des quatre batteries d'artillerie prévues par les décrets des 3, 8, 11 et 25 novembre fut également<br />
une très grosse affaire pour le département (52). La préfecture réunit une abondante documentation sur la question,<br />
s'inspira des marchés passés par les départements de la Loire et de la Haute-Garonne pour signer le 20 novembre 1870<br />
un traité provisoire avec la compagnie Joret (53) qui s'engageait à construire quatre batteries de sept rayé du système<br />
Reffye, sans aucune indication sur les prix et délais de livraison qui devaient être fixés plus tard. Il s'ensuivit<br />
une série de litiges et de retards qui durèrent jusqu'à la signature du marché de régularisation du 20 juillet 1871. Le<br />
montant total de la facture s'élevait à 381 014 F entièrement à la charge du département car le ministère avait refusé<br />
de participer à la dépense, l'Hérault n'étant pas considéré comme un département pauvre (54). Les batteries devaient<br />
commencer à être livrées le lendemain de la signature. Elles furent expédiées à l'arsenal de Toulon qui les réceptionna<br />
définitivement le 13 septembre 1871. Le matériel de harnachement fut dispersé sur les dépôts de Toulon. Grenoble et<br />
Bayonne. Quant aux 75 chevaux réquisitionnés sur les 768 nécessaires pour l'artillerie, et payés au moyen d'obligations<br />
départementales émises en application du décret du 22 novembre, 49 furent remis aux propriétaires qui les réclamaient,<br />
26 autres vendus aux enchères. La perte fut de 7 108 F.<br />
La recherche des armes nécessaires, de l'habillement et de l'équipement, la fabrication de poudre et de cartouches<br />
nous valent aussi quelques dossiers très intéressants. Des émissaires furent envoyés en France (plus particulièrement<br />
à Saint-Etienne) et à l'étranger d'où ils écrivirent pour signaler les armes disponibles, les conditions d'achat et de<br />
transport. Certaines décrivent des armes et munitions nouvelles. Des maisons de commerce écrivirent directement<br />
pour proposer toutes sortes de matériels et de marchandises, joignant parfois des échantillons. Des marchés furent<br />
même passés avec une maison de Barcelone.<br />
Des ateliers de fabrication de cartouches s'installèrent à la citadelle et à l'école de pharmacie de Montpellier,<br />
sous la direction du professeur Moitessier, ainsi qu'à Sète, à l'usine Rossignol et Dreyfus, sous la direction de Toussaint,<br />
ingénieur, président de la commission régionale d'artillerie de Saint-Etienne (55). Ils produisirent activement,<br />
malgré une explosion survenue à la capsulerie de l'école de pharmacie le 7 février 1871.<br />
Les dépenses causées par l'improvisation de cette armée formée avec les gardes nationales mobilisées furent énormes<br />
et leur financement difficile. On eut recours aux moyens habituels : impôts extraordinaires et emprunts pour couvrir<br />
les contingents départementaux et communaux, dons patriotiques. Le comité départemental de la défense nationale,<br />
qui joua un rôle primordial dans l'organisation de la garde nationale, la construction du camp de Montpellier<br />
et de l'artillerie, estimait le 21 septembre 1870 à 2 millions de F au minimum la dépense à faire dans l'Hérault en achat<br />
de fusils, munitions, uniformes, approvisionnements, vivres, etc. et il propose de répartir cette charge entre l'Etat, le<br />
département et les communes dans les proportions suivantes : Etat 500 000 F, département 1 000 000 F, communes<br />
500 000 F. Cette évaluation s'avéra vite insuffisante. Le budget départemental, rectifié le 7 octobre par décision n° 2,<br />
s'élève à 2 563 079 F pour les dépenses extraordinaires de la défense nationale.<br />
Le décret du 22 octobre 1870 fixe le contingent des départements à 60 F par homme pour l'habillement et l'équipement,<br />
payable le 30 novembre, et trois mois de solde calculés à raison de 1,50 F par homme et par jour, payable<br />
par moitié les 15 et 30 décembre. Une circulaire prévoit en plus une participation de 40 F par homme pour l'armement.<br />
Par arrêté du 30 octobre 1870, le préfet fixe à 1 716 390 F (portés par la suite à 1 892 430 F) le contingent du<br />
département pour ses 8 802 gardes nationaux mobilisés inscrits sur les contrôles. Ils ne seront en réalité que 7 250,<br />
y compris 342 officiers (56). Les communes durent également s'endetter lourdement. Le conseil municipal de Béziers<br />
vota le 1 er octobre un emprunt de 500 000 F pour les dépenses de guerre et secours aux familles nécessiteuses.<br />
Le compte du comité départemental de défense nationale chargé de l'organisation des gardes fait ressortir au<br />
14 janvier 1871 une dépense de 388 664 F uniquement pour les achats de fusils (148 761 F), d'habillement et d'équipement<br />
(126 003 F), pour la confection des cartouches (102 683 F) et divers. Le financement de la part contributive<br />
du département à la construction du camp du Salaison, soit 330 937 F sur 1 380 000 (57) se fit au moyen des fonds<br />
votés par le département en 1867 pour la construction de son réseau de chemin de fer d'intérêt local, report autorisé<br />
par décret du 27 septembre en faveur de la défense nationale. L'Hérault pouvait prélever une somme de un<br />
Conseil général (58). Ces fonds servirent également à la confection des batteries d'artillerie.<br />
Les dons patriotiques, émanant de provenances les plus diverses, furent un appoint non négligeable puisqu'ils<br />
s'élevèrent à un total de 33 773 F. La Grande Loge de Montpellier donna à elle seule une somme de 7 000 F pour<br />
l'achat d'un canon (59).<br />
Une commission législative d'examen des marchés passés à l'occasion de la guerre fut nommée en application<br />
de la loi du 6 avril 1871 et l'Etat remboursa par la suite une partie des avances consenties par les collectivités locales.<br />
L'apurement des comptes ne se termina qu'en 1877 après bien des litiges. En mars 1872, le ministre de l'intérieur<br />
(52) 4 R 381, 390 à 397.<br />
(53) Le département avait traité avec la même Cie pour la construction de son réseau de chemin de fer d'intérêt local.<br />
(54) Voir lettre du 21 mars 1871, 4 R 392.<br />
(55) Voir lettre envoyée de Bordeaux le 1" février 1871, signée Léon Gambetta, au sujet du crédit de 600 000 F ouvert pour la création d'un<br />
établissement pyrotechnique à Sète, 4 R 423.<br />
(56) Voir 4 R 415 et 423.<br />
(57) Voir décision du ministre de l'intérieur du 24 janvier 1871, 4 R435.<br />
(58) Voir lettre du préfet au ministre du 25 octobre, 4 R 423.<br />
(59) Voir 4 R 380.