chapitre inflammation
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- INFLAMMATION<br />
VI. - INFLAMMATION<br />
DÉFINITIONS, HISTORIQUE .................................................................................VI-1<br />
ACTIVATIONS CELLULAIRES ET MODIFICATIONS TISSULAIRES...................VI-3<br />
PHYSIOPATHOLOGIE DE LA RÉACTION INFLAMMATOIRE: LES<br />
MÉDIATEURS CHIMIQUES ...................................................................................VI-18<br />
INFLAMMATION ET IMMUNITÉ.............................................................................VI-24<br />
VARIÉTÉS ANATOMO-CLINIQUES ET ÉVOLUTIVES DE<br />
L’INFLAMMATION..................................................................................................VI-29<br />
VARIÉTÉS ÉTIOLOGIQUES DE L’INFLAMMATION.............................................VI-39<br />
CONTRIBUTION DE L’ANATOMIE PATHOLOGIQUE AU DIAGNOSTIC<br />
ÉTIOLOGIQUE DES INFLAMMATIONS ................................................................VI-53<br />
A. - DÉFINITIONS, HISTORIQUE<br />
1. PROCESSUS INFLAMMATOIRE<br />
L’<strong>inflammation</strong> est un phénomène banal, quotidien, intervenant dans une<br />
multitude de circonstances et de maladies dont l’expression clinique et la gravité<br />
sont extrêmement diverses. A première vue, il n’y a pas grand chose de commun<br />
entre un rhume et une polyarthrite rhumatoïde, ce sont pourtant deux maladies liées<br />
au déroulement d’un processus inflammatoire.<br />
2. ÉLÉMENTS DE VOCABULAIRE<br />
L’<strong>inflammation</strong> est un processus lésionnel complexe dont la morphologie est<br />
étudiée et connue de longue date et dont les enchaînements et la physiopathologie<br />
sont encore imparfaitement élucidés. Les étapes de ce processus lésionnel se<br />
succèdent dans un ordre déterminé, sous l’influence de substances chimiques qui<br />
apparaissent successivement dans le foyer inflammatoire et qui ont une action<br />
pharmacologique propre sur les cellules, les substances inter-cellulaires et les<br />
vaisseaux: ce sont les médiateurs chimiques de l’<strong>inflammation</strong>.<br />
ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE PAGE VI-1
- INFLAMMATION<br />
Le déclenchement du processus est la conséquence d’une agression de cause<br />
variable avec une destruction cellulaire localisée qui a entraîné une réaction du tissu<br />
conjonctif et des vaisseaux qui le parcourent. Les tissus dépourvus de vaisseaux,<br />
comme le cartilage ou la cornée, sont donc incapables de développer une réaction<br />
inflammatoire complète.<br />
Les agressions par des agents pathogènes vivants (bactéries, virus,<br />
champignons, parasites), appelées infections, sont des causes fréquentes et<br />
importantes de réactions inflammatoires. Elles sont loin d’être les seules et les<br />
termes d’infection et d’<strong>inflammation</strong> ne sont nullement synonymes. Il existe, en effet,<br />
des <strong>inflammation</strong>s de causes non infectieuses et des infections qui ne déclenchent<br />
pas de réactions inflammatoires.<br />
On emploie comme synonymes d’<strong>inflammation</strong>, les termes de réaction<br />
inflammatoire ou de processus inflammatoire, selon que l’on voudra mettre<br />
l’accent sur le fait que l’<strong>inflammation</strong> se produit en réaction à une agression ou sur le<br />
fait que c’est un processus lésionnel dont le déroulement se fait en phases<br />
successives.<br />
Bien qu’il existe de multiples exceptions, il faut retenir qu’en principe un terme<br />
médical terminé par le suffixe “ite” désigne une <strong>inflammation</strong>:<br />
• conjonctivite: <strong>inflammation</strong> de la conjonctive;<br />
• péritonite: <strong>inflammation</strong> du péritoine;<br />
• arthrite: <strong>inflammation</strong> d’une articulation, etc.<br />
3. ÉVOLUTION DES CONNAISSANCES SUR LE PROCESSUS<br />
INFLAMMATOIRE<br />
La connaissance que l’on a du processus inflammatoire s’est progressivement<br />
affinée au cours des siècles.<br />
Jusqu’au 19è siècle, l’<strong>inflammation</strong> était définie comme elle l’avait été par<br />
CELSE dans l’antiquité par des signes purement cliniques: rougeur, augmentation<br />
de la chaleur locale, douleur et gonflement. Ces signes étaient les signes<br />
cardinaux de l’<strong>inflammation</strong>.<br />
Dans la seconde moitié du 19è siècle, des chercheurs tels CONHEIM et<br />
METCHNIKOFF ont décrit en détails les évènements microscopiques qui se<br />
déroulent au cours d’une réaction inflammatoire.<br />
L’étude de la physiopathologie a débuté vers 1910 avec la découverte de<br />
l’histamine, premier médiateur chimique.<br />
Après 1950, l’étude de l’<strong>inflammation</strong> a bénéficié des progrès de l’immunologie,<br />
de la pharmacologie, de la biologie cellulaire et de la thérapeutique avec la<br />
découverte de médicaments anti-inflammatoires.<br />
L’élucidation des mécanismes précis du processus inflammatoire et de tous les<br />
évènements qui contribuent à son déroulement est loin d’être achevée. Il faut qu’il<br />
soit clair qu’en matière de processus inflammatoire, il y a deux ordres de<br />
connaissances:<br />
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- INFLAMMATION<br />
• des connaissances relativement anciennes et presque figées. Ce sont celles<br />
qui concernent les lésions et la morphologie de la réaction inflammatoire.<br />
Elles ont été établies par de multiples observations maintes fois répétées;<br />
• des connaissances relativement récentes et en mutation permanente. Ce<br />
sont celles qui concernent la physiopathologie de la réaction inflammatoire et<br />
expliquent l’enchaînement des diverses lésions et l’action des médicaments<br />
actifs sur l’<strong>inflammation</strong>.<br />
Pour pouvoir suivre l’évolution des connaissances physiopathologiques, il est<br />
indispensable d’avoir une idée claire de la séquence morphologique.<br />
B. - ACTIVATIONS CELLULAIRES ET MODIFICATIONS TISSULAIRES<br />
1. - LA SÉQUENCE MORPHOLOGIQUE DE LA RÉACTION<br />
INFLAMMATOIRE DANS L’EXEMPLE D’UNE PLAIE CUTANÉE.<br />
La réaction inflammatoire a des caractères communs, quel que soit l’organe où<br />
elle se produit et quelle qu’en soit la cause.<br />
Après son déclenchement par une agression initiale, la réaction inflammatoire<br />
comporte des étapes suivantes:<br />
• réaction vasculo-sanguine (ou phase vasculaire),<br />
• constitution d’un granulome inflammatoire et détersion (ou phase cellulaire),<br />
• réparation et cicatrisation.<br />
A) LA RÉACTION VASCULO-SANGUINE<br />
C’est le premier temps de la réaction. Dans les instants qui suivent l’agression<br />
apparaissent une congestion et un œdème inflammatoire.<br />
1) La congestion<br />
résulte d’une vasodilatation active des vaisseaux artériolaires puis des<br />
vaisseaux capillaires. Le débit sanguin augmente, expliquant la rougeur et la chaleur<br />
observées cliniquement. Morphologiquement, les capillaires sont distendus par les<br />
hématies et bordés par un endothélium turgescent.<br />
2) L’œdème inflammatoire<br />
est le résultat du passage dans le tissu conjonctif de liquide intra-vasculaire. Ce<br />
passage est rendu possible par l’augmentation de la perméabilité de la paroi des<br />
vaisseaux qui permet la fuite d’un liquide riche en protéines (exsudat). Cette<br />
augmentation de perméabilité relève de différents mécanismes (fig. 1) : i)<br />
contraction endothéliale libérant des pores intercellulaires,<br />
ii) formation de pores intracellulaires (ou transcytose),<br />
iii) lésions des cellules endothéliales, …<br />
L’augmentation de la pression sanguine hydrostatique et la baisse de la<br />
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- INFLAMMATION<br />
pression oncotique (à cause de la fuite des protéines) aboutissent à l’accumulation<br />
massive, dans les espaces interstitiels du tissu conjonctif, d’eau et de protéines<br />
plasmatiques, en particulier du fibrinogène, des fractions du complément et des<br />
immunoglobulines<br />
fig. 1 : mécanismes de la fuite vasculaire au cours de l’<strong>inflammation</strong> : (N)<br />
capillaire normal, (1) fuite de liquides par contraction endothéliale (histamine,<br />
leucotriènes), (2) fuite par lésion de la cellule endothéliale (cytoxicité induite par les<br />
polynucléaires).<br />
3) La diapédèse des polynucléaires<br />
Elle est presque contemporaine de l’œdème et de la congestion. Il s’agit du<br />
passage des polynucléaires neutrophiles, ou éosinophiles, voire basophiles, à<br />
travers la paroi des veinules post-capillaires.<br />
a)<br />
Ce passage se fait au terme de la séquence suivante:<br />
• ralentissement du courant circulatoire;<br />
• margination des polynucléaires qui se rapprochent de la paroi des<br />
vaisseaux, circulant à la partie périphérique de la colonne intra-vasculaire,<br />
dont le centre est occupé par les hématies;<br />
• roulement des polynucléaires le long de l'endothélium;<br />
• adhérence des polynucléaires à l’endothélium;<br />
• transmigration des polynucléaires entre deux cellules endothéliales.<br />
b)<br />
Le ralentissement du courant circulatoire (ou stase) est dû à l’hémoconcentration<br />
secondaire à la fuite de liquide plasmatique décrite précédemment.<br />
Le phénomène d’adhérence des cellules inflammatoires sur l’endothélium<br />
vasculaire est rendu possible grâce à l’existence de molécules d’adhésion<br />
ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE PAGE VI-4
- INFLAMMATION<br />
intercellulaires. Ces molécules, présentes sur la membrane des leucocytes se<br />
lient de façon spécifique à d’autres molécules, exprimées sur la membrane des<br />
cellules endothéliales. Au cours de la réaction inflammatoire, on observe une<br />
augmentation de l’expression de ces molécules d’adhésion sous l’influence de<br />
divers médiateurs ( C5a, IL-1).<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
Endothélium<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
ELAM-1<br />
ICAM-1<br />
VCAM-1<br />
Molécule<br />
d'adhésion<br />
endothéliale<br />
*<br />
*<br />
*<br />
Sialyl Lewis X<br />
Intégrine LFA-1<br />
Intégrine VLA<br />
fig. 2. - Schéma illustrant les molécules d’adhésion présentes sur les membranes<br />
des leucocytes et des cellules endothéliales: les molécules d’adhésion endothéliales<br />
sont des ligands pour les intégrines des leucocytes.<br />
Les sélectines (E-sélectine ELAM1,…) sont impliquées dans la phase initiale<br />
(roulement, adhérence labile). Les intégrines (LFA-1, VLA-4,…) interviennent dans<br />
la phase suivante d’adhérence forte.<br />
La transmigration est rendu possible par l’écartement des cellules endothéliales<br />
et la mobilité et la déformabilité du cytoplasme des polynucléaires. Ils peuvent<br />
émettre des pseudopodes, leur noyau est segmenté, formé de plusieurs masses<br />
chromatiniennes de diamètre réduit, ce qui leur permet de se faufiler entre deux<br />
cellules endothéliales. Cette transmigration implique aussi des molécules d’adhésion<br />
(CD31 appelée aussi PECAM-1,…)<br />
Les polynucléaires traversent ensuite la membrane basale, localement dissoute<br />
par leurs enzymes (collagénases,…).<br />
c)<br />
Les polynucléaires vont quitter l’environnement des vaisseaux, attirés par un<br />
phénomène de chimiotactisme et exercer éventuellement une activité de<br />
phagocytose (voir ci-après). Le polynucléaire est une cellule à durée de vie limitée<br />
ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE PAGE VI-5<br />
Intégrine
- INFLAMMATION<br />
(de l'ordre de 24h à 48h); il sera rapidement détruit dans le foyer inflammatoire. Il<br />
peut, dans certains cas, se charger de graisse et perdre son noyau qui se pycnose.<br />
Lorsque les polynucléaires ainsi altérés sont en grand nombre, ils forment, avec les<br />
débris de la nécrose tissulaire, ce que l’on appelle le pus, liquide plus ou moins<br />
consistant défini comme une accumulation de polynucléaires altérés; le<br />
polynucléaire altéré porte le nom de pyocyte<br />
fig. 3 - Cette figure montre les différentes étapes du franchissement de la<br />
paroi capillaire par les leucocytes (diapédèse) : (1) roulement, (2) adhérence labile,<br />
(3) adhérence forte, (4) transmigration , puis migration (5) vers le lieu de l’agression<br />
(6).<br />
4) L’exsudat inflammatoire<br />
Au terme des événements qui précèdent, se trouve dans les tissus un liquide<br />
riche en protéines, contenant plus ou moins de fibrine, plus ou moins de<br />
polynucléaires, avec ou sans pus. L’ensemble de ces éléments qui sont sortis des<br />
vaisseaux pour passer dans le tissu conjonctif ou se répandre à la surface d’une<br />
plaie ouverte constitue l’exsudat inflammatoire. La réaction vasculo-sanguine<br />
constitue la phase exsudative de l’<strong>inflammation</strong> et l’on parlera d’<strong>inflammation</strong><br />
exsudative lorsque les phénomènes vasculo-sanguins dominent l’ensemble du<br />
tableau anatomo-clinique.<br />
B) LA RÉACTION CELLULAIRE ET LA FORMATION DU<br />
GRANULOME INFLAMMMATOIRE<br />
Très rapidement, le foyer inflammatoire va s’enrichir en cellules de provenance<br />
variée. Les polynucléaires arrivés dès la phase vasculo-sanguine sont suivis<br />
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- INFLAMMATION<br />
rapidement par d’autres cellules sanguines, les monocytes, qui vont se transformer<br />
dans les tissus en histiocytes. Outre cet afflux sanguin, on assiste à une<br />
multiplication sur place d’un certain nombre de cellules telles les fibroblastes, les<br />
cellules lymphoïdes (lymphocytes et plasmocytes). Les histiocytes formés par<br />
transformation des monocytes peuvent eux-même se diviser et se multiplier sur<br />
place.<br />
On donne à l’ensemble des cellules présentes dans le foyer inflammatoire le<br />
nom de granulome inflammatoire. Il est constitué d’éléments ayant des spécialités<br />
fonctionnelles différentes:<br />
• phagocytes<br />
• cellules immunologiquement compétentes,<br />
• fibroblastes.<br />
1) Les phagocytes et la phagocytose<br />
Les phagocytes comprennent les polynucléaires et les macrophages (ou<br />
phagocytes mononucléés).<br />
La phagocytose est l’englobement dans le cytoplasme du phagocyte d’une<br />
particule étrangère vivante ou inerte qui sera digérée par les enzymes protéolytiques<br />
des lysosomes ( hydrolases, phosphatases, élastases, collagénases, etc.).<br />
a) Les étapes de la phagocytose sont les suivantes (fig.<br />
4)<br />
1.- Reconnaissance et adhérence: les opsonines. Le plus souvent, la<br />
phagocytose n’est possible que lorsque la particule à phagocyter est englobée<br />
par une molécule protéique appelée opsonine. Les deux opsonines les mieux<br />
connues sont les IgG et C3b. A chacune de ces opsonines correspond sur la<br />
membrane du phagocyte un récepteur spécifique qui permet l’adhérence entre<br />
le phagocyte et l’ensemble opsonine - particule à phagocyter.<br />
2.- Englobement dans une vacuole cytoplasmique.<br />
Fusion de cette vacuole avec un lysosome pour former un phagolysosome au<br />
sein duquel le corps phagocyté sera détruit par les enzymes.<br />
b)<br />
Au cours du processus de phagocytose, les phagocytes vont libérer un certain<br />
nombre d’enzymes protéolytiques dans leur environnement et ces enzymes vont se<br />
répandre dans le foyer inflammatoire.<br />
c)<br />
La particule phagocytée n’est pas constamment détruite, soit qu’il s’agisse de<br />
germes virulents capables de tuer le phagocyte, soit qu’il s’agisse de particules<br />
complètement indigestes (voir infra, silicose,)<br />
d)<br />
Les phagocytes impliqués dans le processus que nous venons décrire sont les<br />
ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE PAGE VI-7
- INFLAMMATION<br />
macrophages et les polynucléaires. Ils ont en commun un précurseur médullaire, la<br />
mobilité, les récepteurs de membrane pour les opsonines et, à des détails près,<br />
l’équipement enzymatique protéolytique.<br />
Il y a cependant des différences importantes entre polynucléaires et<br />
macrophages:<br />
1.- Le polynucléaire est une cellule sur spécialisée. La phagocytose est son<br />
activité exclusive, il est incapable de se diviser et sa durée de vie est brève, ne<br />
dépassant pas 3 à 5 jours.<br />
2.- Le macrophage, à l’inverse, est une cellule ayant conservé ses capacités de<br />
différenciation et de division. Outre la phagocytose, le macrophage assure la<br />
présentation d’antigène aux cellules immunologiquement compétentes et<br />
sécrète divers facteurs solubles actifs dans le foyer inflammatoire.<br />
Récepteur<br />
Fc<br />
Vacuole de<br />
phagocytose<br />
Phagolysosome<br />
Granule<br />
azurophile<br />
<br />
<br />
<br />
Fc<br />
NADPH<br />
NADPH<br />
+ H +<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
O 2<br />
HOCl .<br />
O 2 -.<br />
+Cl-<br />
C3b<br />
H 2 O 2<br />
Myéloperoxydase<br />
Lysosyme, protéases<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
Bactérie<br />
H 2 O + O 2<br />
H 2 O 2<br />
Récepteur<br />
du<br />
C3b<br />
Catalase<br />
Membrane<br />
plasmique<br />
fig. 4 - Schéma de la phagocytose. Les agents pathogènes, recouverts<br />
d’opsonines (Ig et C3b), sont reconnus par les récepteurs des opsonines et<br />
internalisés. La vacuole de phagocytose se fusionne avec un lysosome pour former<br />
un phagolysosome. Au cours de ce processus, la réduction du NADPH entraîne la<br />
formation de dérivés oxygénés (ion peroxyde: O2 - et eau oxygénée), ainsi que de<br />
dérivés chlorés (ion HOCl - ), très bactéricides. Leur action est complétée par celle<br />
des enzymes déjà présents dans les lysosomes.<br />
e) la détersion<br />
Définition: c’est l’évacuation hors du foyer inflammatoire des éléments<br />
cellulaires ou tissulaires détruits lors de l’agression initiale ou au cours du<br />
développement du processus inflammatoire, des germes pathogènes et des corps<br />
étrangers éventuels, et des liquides en excès apportés par l’exsudat inflammatoire.<br />
La détersion est un préliminaire indispensable à la guérison: faute de détersion,<br />
le processus inflammatoire persiste sous une forme modifiée et passe à la<br />
ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE PAGE VI-8
- INFLAMMATION<br />
chronicité.<br />
Dans la plupart des cas, la détersion se fera grâce aux phagocytes qui<br />
assureront la destruction locale des éléments présents dans le foyer inflammatoire,<br />
le liquide d’œdème étant drainé par le système lymphatique. On parle dans ces cas<br />
de détersion interne.<br />
Ces mécanismes peuvent être insuffisants, notamment lorsqu’il existe dans le<br />
foyer inflammatoire des corps étrangers qui ne peuvent être digérés par des<br />
macrophages ou lorsqu’il existe une certaine quantité de pus. Celui-ci doit alors<br />
nécessairement être évacué à l’extérieur, soit par une excision chirurgicale, soit par<br />
une ouverture spontanée (fistulisation). Dans ce cas, la détersion n’est souvent que<br />
partielle et la persistance d’éléments nécrosés non détergés entretient indéfiniment<br />
le processus inflammatoire qui va évoluer vers la chronicité.<br />
2) Les cellules immunologiquement compétentes<br />
Ce sont des lymphocytes T, supports de l’immunité cellulaire et des<br />
lymphocytes B qui se transforment en plasmocytes et sécrètent des<br />
immunoglobulines spécifiquement dirigées contre les antigènes présents dans le<br />
foyer inflammatoire; ceci permet la formation locale de complexes immuns. Des<br />
marqueurs immunohistochimiques permettent de différencier les différentes<br />
populations lymphocytaires : les lymphocytes B sont marqués par l’anticorps anti-<br />
CD20 (CD20+), et les lymphocytes T par l’anticorps anti-CD3 (CD3+).<br />
3) Les fibroblastes<br />
Ce sont les éléments constitutifs du tissu conjonctif, capables d’assurer la<br />
synthèse de ses différents constituants. Dès le début du processus inflammatoire, ils<br />
vont commercer à proliférer et à élaborer des éléments qui permettront la<br />
reconstitution des tissus conjonctifs détruits. Au moment de la phase de réparation,<br />
ils vont subir une différenciation particulière et acquérir un aspect intermédiaire entre<br />
celui du fibroblaste normal et celui de la cellule musculaire lisse. Ce fibroblaste<br />
transformé est appelé myofibroblaste, cellule ayant gardé les capacités de synthèse<br />
du fibroblaste et ayant acquis la contractilité de la cellule musculaire lisse. Ces<br />
propriétés sont utiles dans la coaptation des plaies, par exemple.<br />
C) RÉPARATION: LE BOURGEON CHARNU ET LA<br />
CICATRISATION<br />
Le remplacement des cellules lésées ou détruites et la réparation des tissus au<br />
décours d’une <strong>inflammation</strong> sont indispensables à la survie de l’organisme. La<br />
réparation tissulaire met en jeu deux processus : (1) la régénération, remplacement<br />
des cellules parenchymateuses lésées par des cellules du même type, (2) le<br />
remplacement de la perte de substance par du tissu conjonctif (ou fibrogenèse).<br />
Ces deux processus contribuent à la réparation tissulaire, dans des proportions<br />
variées suivant l’organe et le type de la lésion initiale.<br />
La réparation par du tissu conjonctif est un processus très général succédant à<br />
une nécrose tissulaire. Elle met en jeu les fibroblastes présents dans le foyer<br />
inflammatoire ou à son pourtour. La formation de ce tissu ne peut se faire que s’il se<br />
constitue parallèlement une néo-vascularisation par bourgeonnement des anses<br />
capillaires des tissus sains avoisinants.<br />
ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE PAGE VI-9
- INFLAMMATION<br />
La réparation survient précocement au cours de l’<strong>inflammation</strong>. Les fibroblastes<br />
et les cellules endothéliales prolifèrent pour former vers le 3 ème jour un tissu<br />
caractéristique de la cicatrisation, jeune et hyper vascularisé, dénommé tissu de<br />
granulation ou bourgeon charnu. C’est l’aspect rose, mou et granuleux qui est à<br />
l’origine de ces termes.<br />
Ce processus comporte quatre étapes :<br />
• l’angiogenèse (formation de nouveaux vaisseaux par bourgeonnement des<br />
vaisseaux préexistants)<br />
• la migration et la prolifération des fibroblastes<br />
• le dépôt de matrice extracellulaire<br />
• la maturation du tissu fibreux (ou remodelage)<br />
1) Morphologie du bourgeon charnu<br />
Il est constitué d’un tissu conjonctif jeune, relativement pauvre en structures<br />
fibrillaires et riche en liquide d’œdème interstitiel et en cellules.<br />
On observe à partir du réseau vasculaire préexistant la formation de nouveaux<br />
vaisseaux capillaires, à l’endothélium turgescent dont les cellules sont souvent en<br />
mitoses. Ces néovaisseaux ont d’abord l’aspect de bourgeons pleins , puis se<br />
creusent secondairement d’une lumière. Leurs parois sont perméables et permettent<br />
le passage dans le tissu interstitiel d’un exsudat riche en protéines, responsable d’un<br />
œdème.<br />
Les fibroblastes migrent et prolifèrent à la suite des vaisseaux néoformés. Ils<br />
élaborent la matrice extracellulaire, et le bourgeon charnu s’enrichit progressivement<br />
en fibres collagènes et devient moins œdémateux. Le remodelage de ce tissu<br />
conjonctif, dont les vaisseaux et les faisceaux collagènes vont lentement s’organiser<br />
de façon à reproduire l’architecture du tissu préexistant à la réaction inflammatoire,<br />
peut demander plusieurs mois.<br />
Des cellules de l’<strong>inflammation</strong> (lymphocytes, macrophages, …) sont souvent<br />
abondantes dans le tissu néoformé, puisque la réaction inflammatoire et le<br />
processus de réparation tissulaire se chevauchent partiellement.<br />
Les tissus épithéliaux de revêtement ou parenchymateux, les cellules<br />
conjonctives spécialisées (muscle, os) soit reprennent progressivement leur place,<br />
soit disparaissent définitivement remplacés par une cicatrice fibreuse (cf. TP fibrose<br />
myocardique mutilante).<br />
ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE PAGE VI-10
- INFLAMMATION<br />
Planche photographique: voir document séparé des travauxpratiques<br />
ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE PAGE VI-11
- INFLAMMATION<br />
Lame de travaux-pratiques :<br />
Bourgeon charnu (tissu de granulation)<br />
Le bourgeon charnu, appelé aussi tissu de granulation, est un exemple<br />
concret d'un processus très général: la capacité de régénération du tissu conjonctif<br />
suite à une nécrose tissulaire.<br />
Il succède donc à une blessure, à une nécrose parenchymateuse, à une<br />
<strong>inflammation</strong> aiguë suffisamment nécrosante. Il est constitué à partir du 3° jour; dans<br />
des circonstances défavorables il pourra persister très longtemps. Il finira par<br />
s'éteindre, mais dans certains cas il pourra laisser une cicatrice fibreuse<br />
collagénique.<br />
Les exemples choisis pour l'étudiant proviennent:<br />
- soit de cicatrices de sutures digestives qui peuvent bourgeonner pendant<br />
plusieurs semaines. Dans ce cas il n'y a pas d'organe normal<br />
histologiquement reconnaissable sur ces fragments prélevés à la pince<br />
endoscopique;<br />
- soit d'une berge d'une plaie cutanée restée béante ou secondairement<br />
désunie. C'est la cicatrisation de deuxième intention. On peut alors<br />
reconnaître sur la coupe des portions d'épiderme hyperplasique.<br />
Ce tissu de réparation n'a pas de correspondance en histologie normale. On y<br />
reconnaît d'abord la marque d'une angiogenèse capillaire par migration,<br />
mitoses et différenciation des cellules endothéliales venues de la berge restée<br />
vivante de la lésion. On pourra saisir les bouquets de capillaires qui montent<br />
du fond de la blessure, mais le plus souvent on reconnaît seulement des<br />
sections capillaires dilatées, à endothélium globuleux, substratum de la néovascularisation.<br />
Les fibroblastes migrent et prolifèrent à la suite de la prolifération capillaire. Ils<br />
synthétisent activement les composants non figurés et figurés fibrillaires de la<br />
matrice extracellulaire. Ces fibroblastes contrôlent le remodelage de cette<br />
matrice qui va progressivement devenir moins œdémateuse et s'enrichir en<br />
collagène.<br />
Si le tissu de granulation est au contact d'un milieu septique, les cellules de<br />
l'<strong>inflammation</strong> seront abondantes dans cette matrice néoformée. Ce sont les<br />
leucocytes mononucléés, lymphocytes T et lymphocytes B, éventuellement<br />
transformés en plasmocytes, les histiocytes macrophages. Parfois des<br />
polynucléaires éosinophiles sont présents. Le pathologiste qualifie volontiers<br />
cet infiltrat du terme d'<strong>inflammation</strong> subaiguë.<br />
Au fur et à mesure que la perte de substance va se combler les tissus<br />
épithéliaux de revêtement ou parenchymateux, les cellules conjonctives<br />
spécialisées (muscle, os) pourront soit reprendre leur place, soit rester<br />
manquants définitivement, remplacés alors par une cicatrice collagénique.<br />
ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE PAGE VI-12
- INFLAMMATION<br />
2) processus de l’angiogenèse (fig. 5)<br />
fig. 5 - Schéma illustrant les étapes du processus d’angiogenèse : (1)<br />
protéolyse de la membrane basale capillaire, (2) migration des cellules<br />
endothéliales vers le foyer inflammatoire, (3) prolifération des cellules<br />
endothéliales pour former de nouveaux tubes capillaires , (4) synthèse d’une<br />
nouvelle membrane basale et remodelage du vaisseau.<br />
3) processus de fibrogenèse<br />
Au cours de la cicatrisation, les fibroblastes synthétisent et sécrètent du<br />
collagène dès le troisième jour (fig. 7). Cette accumulation de collagène va durer<br />
plusieurs semaines, mais il faut savoir que la quantité de collagène accumulé est le<br />
résultat non seulement de la synthèse, mais également de la dégradation des<br />
molécules de la matrice extra-cellulaire. La synthèse est stimulée par des facteurs<br />
de croissance (PDGF, FGF, TGF béta), et des cytokines fibrogéniques (IL-1 et TNF),<br />
sécrétés par diverses cellules, mais surtout par des macrophages activés. Ces<br />
mêmes facteurs ont également induit l’afflux et la multiplication des fibroblastes. La<br />
dégradation du collagène est due à des métalloprotéases sécrétées par les<br />
macrophages, les polynucléaires et les fibroblastes; la mieux connue est la<br />
collagénase.<br />
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- INFLAMMATION<br />
Prolifération<br />
PDGF<br />
B FGF<br />
Il-1<br />
TNF<br />
TGFβ<br />
Fibroblaste<br />
Macrophage<br />
métalloprotéases<br />
Synthèse<br />
Dégradation<br />
Collagène<br />
fig. 6 - Rôle des macrophages dans le dépôt de collagène au cours des<br />
phénomènes de cicatrisation. Le macrophage activé sécrète des facteurs de<br />
croissance (PDGF, FGF basique) et des cytokines, (IL-1,TNF), qui vont faire<br />
proliférer les fibroblastes, leur faire sécréter du collagène, et plus tardivement faire<br />
sécréter des collagénases.<br />
Au cours des <strong>inflammation</strong>s chroniques, la fibrose est quasi constante, et sa<br />
responsabilité est parfois majeure dans la physiopathologie de la maladie. C’est le<br />
cas des fibroses pulmonaires ou les cirrhoses. Les mécanismes de synthèse et de<br />
dégradation de la fibrose dans ces affections chroniques sont en cours d’étude, mais<br />
semblent sous la dépendance de facteurs de croissance et de cytokines identiques à<br />
ceux qui viennent d’être étudiés dans l’<strong>inflammation</strong> aiguë.<br />
4) Cicatrisation d’une plaie<br />
La cicatrisation d’une plaie est un exemple de réparation tissulaire mettant en<br />
jeu à la fois la régénération de cellules parenchymateuses (les cellules de<br />
l’épiderme) et le remplacement de la perte de substance par du tissu conjonctif<br />
néoformé (bourgeon charnu).<br />
L’exemple décrit ici est celui d’une plaie propre, non infectée, secondaire à une<br />
incision (plaies à bords rapprochés, siège d’une cicatrisation de première intention).<br />
Cette incision entraîne la destruction de cellules épithéliales et conjonctives ainsi que<br />
l’interruption de la membrane basale. Le trajet de l’incision est initialement comblé<br />
par de la fibrine et des cellules sanguines, formant rapidement une croûte (fig. 7)<br />
ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE PAGE VI-14
- INFLAMMATION<br />
fig. 7<br />
Dans les premières 24 heures, les polynucléaires neutrophiles apparaissent sur<br />
ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE PAGE VI-15
- INFLAMMATION<br />
les bords de l‘incision. Les cellules basales de l’épiderme commencent à proliférer<br />
au niveau des berges de la plaie. Elles vont migrer dans les 24 à 48 heures<br />
suivantes pour recouvrir progressivement la perte de substance, tout en élaborant<br />
une nouvelle membrane basale.<br />
Entre 3 et 7 jours, les polynucléaires neutrophiles sont devenus minoritaires et<br />
les macrophages prédominent. Le tissu de granulation (ou bourgeon charnu) comble<br />
progressivement la perte de substance. La néovascularisation est maximale. Les<br />
fibres de collagène élaborées sont initialement orientées verticalement, puis<br />
commencent à former des ponts au-dessus de l’incision. L’épiderme s’épaissit et<br />
retrouve son épaisseur initiale et sa différentiation malpighienne kératinisée normale.<br />
La deuxième semaine, l’infiltrat inflammatoire, l’œdème et les vaisseaux<br />
sanguins régressent. Les fibroblastes continuent à proliférer, et le collagène<br />
s’accumule.<br />
A la fin du premier mois, la cicatrice est constitué par un tissu conjonctif<br />
cellulaire sans infiltrat inflammatoire, recouvert d’un épiderme intact. Les annexes<br />
cutanées détruites (poils, glandes sébacées ou sudorales) ne sont pas remplacées.<br />
Plusieurs mois sont nécessaires pour que le remodelage restaure une résistance<br />
pratiquement normale.<br />
Si la perte tissulaire est plus importante, on parle de cicatrisation de deuxième<br />
intention (plaies à bords éloignés). Comparés avec la cicatrisation de première<br />
intention,<br />
• la réaction inflammatoire est plus intense,<br />
• le tissu de granulation (bourgeon charnu) est plus important,<br />
• la cicatrice se contracte,<br />
• le délai de cicatrisation est plus long.<br />
La cicatrisation dépend de régulations mal connues dont la mise en jeu fait que<br />
le tissu conjonctif prolifère juste assez pour combler la brèche, ni trop, ni trop peu.<br />
Des anomalies sont cependant possibles :<br />
• Le bourgeon charnu peut avoir une croissance excessive, dépasser le plan de<br />
la surface cutanée, ce qui rendra son épithélialisation plus difficile, d’autant qu’il<br />
subira des micro-traumatismes répétés. On parle dans ce cas de bourgeon<br />
charnu hyperplasique ou botryomycome.<br />
• Dans d’autres cas, malgré une ré épithélialisation correcte, il y aura une<br />
production excessive de collagène au niveau de la cicatrice qui sera saillante et<br />
hypertrophique. Lorsque la cicatrice devient pseudo-tumorale en raison de ce<br />
collagène excessif et anormal, on donne alors le nom de cicatrice chéloïdienne<br />
ou chéloïde. Cette lésion est particulièrement fréquente chez les sujets<br />
africains ou antillais.<br />
• On peut aussi observer une anomalie du fonctionnement des myofibroblastes<br />
qui provoqueront une rétraction anormale de la cicatrice.<br />
ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE PAGE VI-16
- INFLAMMATION<br />
Illustration vidéo du polycopié :<br />
Cicatrice chéloïdienne<br />
La chéloïde est une cicatrice dermique anormale hypertrophique et pseudo<br />
tumorale qui ne disparaîtra pas spontanément. Sa survenue dans les suites d'une<br />
incision correctement menée dépend de facteurs individuels dont le déterminisme<br />
reste largement inconnu.<br />
On reconnaît une coupe histologique de tissu cutané, correctement<br />
réépithélialisé en surface avec un épiderme malpighien normal. Ici une annexe<br />
cutanée répond à un complexe pilo-sébacé, ce qui confirme le diagnostic d'organe.<br />
Le derme apparaît pathologique dès le faible grossissement.<br />
L'ordonnancement horizontal général des fibres du derme moyen est remplacé par<br />
des accumulations nodulaires collagéniques.<br />
A un plus fort grossissement le collagène cicatriciel est constitué de<br />
trousseaux caractéristiques anormalement épais. Des fibroblastes actifs sont visibles<br />
à son contact.<br />
Quelques cellules inflammatoires et une hyper vascularisation sanguine<br />
témoignent de la phase précédente à type de bourgeon charnu.<br />
ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE PAGE VI-17
- INFLAMMATION<br />
C. - PHYSIOPATHOLOGIE DE LA RÉACTION INFLAMMATOIRE: LES<br />
MÉDIATEURS CHIMIQUES<br />
Les étapes successives de la séquence morphologique qui viennent d'être<br />
décrites sont déclenchées les unes après les autres par des substances d’origine<br />
plasmatique ou cellulaire présentes au niveau du foyer inflammatoire. L’étude de ces<br />
substances est en plein essor, on progresse sans cesse dans leur connaissance,<br />
celle de leur mode d’action et celle de leurs inter-actions mutuelles. C’est l’étude de<br />
ces médiateurs chimiques qui est la base de toute la pharmacologie et de la<br />
thérapeutique du processus inflammatoire.<br />
Il faut souligner que la plupart des médiateurs connus interviennent dans<br />
d’autres circonstances que l’<strong>inflammation</strong>.<br />
Les médiateurs chimiques de l’<strong>inflammation</strong> sont multiples, on peut les<br />
regrouper en trois catégories:<br />
• les médiateurs d’origine cellulaire locale,<br />
• les médiateurs d’origine plasmatique,<br />
• les médiateurs libérés par les cellules du granulome.<br />
1. - LES MÉDIATEURS D’ORIGINE CELLULAIRE LOCALE<br />
A) AMINES BIOGÈNES<br />
Il s’agit de l’histamine et de la sérotonine. Le rôle respectif de ces deux<br />
amines dans le processus inflammatoire est très variable selon les espèces<br />
animales. Chez l’homme, le rôle de l’histamine est quasi exclusif et on n’a jamais<br />
prouvé que la sérotonine joue un rôle dans le processus inflammatoire.<br />
1) Libération de l’histamine<br />
Elle est contenue dans les lysosomes de diverses cellules: mastocytes,<br />
polynucléaires basophiles et neutrophiles, plaquettes (la sérotonine n’est présente<br />
chez l’homme que dans les plaquettes).<br />
L’histamine est libérée dans l’environnement du mastocyte par éclatement des<br />
lysosomes qui déversent leur contenu dans le milieu extra-cellulaire. Cette<br />
dégranulation est un phénomène explosif, déclenché par de multiples facteurs:<br />
traumatisme, agression thermique (froid ou chaleur) ou par une réaction<br />
d’hypersensibilité immédiate ou par l’action d’autres médiateurs comme certaines<br />
fractions du complément.<br />
2) L’action de l’histamine<br />
est une action rapide et relativement brève qui s’effectue par l’intermédiaire des<br />
récepteurs H1. Elle consiste en:<br />
• Vasodilatation par diminution du tonus artériolaire.<br />
ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE PAGE VI-18
- INFLAMMATION<br />
• Augmentation de la perméabilité vasculaire par contraction des cellules<br />
endothéliales qui s’écartent les unes des autres, ce qui permet le passage<br />
de l’œdème.<br />
B) DÉRIVÉS DE L’ACIDE ARACHIDONIQUE<br />
Il s’agit d’un système complexe constitué de multiples facteurs résultant de la<br />
dégradation de l’acide arachidonique. Les métabolites intermédiaires et terminaux de<br />
ce système ont des effets variables et parfois antagonistes.<br />
L’acide arachidonique est un acide gras à 20 atomes de carbone, c’est l’acide<br />
Eicosatétranoïque ou ETE. Il se forme par dénaturation des phospholipides<br />
membranaires sous l’influence d’une phospholipase. Celle-ci est activée par<br />
l’agression initiale et par divers médiateurs. L’effet anti-inflammatoire des corticoïdes<br />
s’explique par leurs effets inhibiteurs sur la phospholipase.<br />
Au cours de la formation d’acide arachidonique se forment d’autres lipides<br />
ayant une activité chimiotactique.<br />
L’acide arachidonique est lui-même dégradé par deux voies enzymatiques<br />
différentes (fig. 8).<br />
5 Lipo-oxygénase<br />
5-HETE<br />
(chimiotactisme)<br />
Leucotriène<br />
B4<br />
(chimiotactisme)<br />
Vasoconstriction<br />
Broncho-spasme<br />
↑ Perméabilité<br />
5-HPETE<br />
Leucotriène A4<br />
Leucotriène C4<br />
Leucotriène D4<br />
Leucotriène E4<br />
Phospholipides membranaires<br />
Acide Arachidonique<br />
fig. 8- Métabolisme de l’acide arachidonique<br />
Phospholipases Corticoides<br />
PGI2<br />
(Vasodilatation,<br />
inhibe aggrégation<br />
plaquettaire)<br />
1) Voie de la cyclo-oxygénase<br />
Elle donne naissance aux médiateurs suivants:<br />
• Thromboxane,<br />
• Prostacycline,<br />
• Prostaglandines (A, B, C, D, E).<br />
Cyclo-oxygénase<br />
Prostaglandine G2<br />
Prostaglandine H2<br />
Thromboxane A2<br />
(Vasoconstriction,<br />
déclenche aggrégation<br />
plaquettaire)<br />
PGD2 PGE2 PGF2<br />
(Vasodilatation,<br />
augmente l'œdème)<br />
Aspirine<br />
AINS<br />
ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE PAGE VI-19
- INFLAMMATION<br />
L’action de ce groupe de médiateurs se rapproche de celle de l’histamine,<br />
provoquant une vasodilatation avec un oedème et une hyperméabilité vasculaire.<br />
Les effets sont moins rapides et plus prolongés que ceux de l’histamine. Certains<br />
médiateurs de ce groupe ont en outre des effets chimiotactiques, certaines<br />
prostaglandines causent des douleurs, le thromboxane est un puissant agrégant<br />
plaquettaire.<br />
L’aspirine et les autres anti-inflammatoires non stéroïdiens sont des inhibiteurs<br />
de la cyclo-oxygénase; ainsi s’explique leur action anti-inflammatoire.<br />
2) Voie de la lipo-oxygénase<br />
Les médiateurs formés sont les leucotriènes, agents chimiotactiques<br />
extrêmement puissants, accessoirement vasodilatateurs. L’ensemble des<br />
leucotriènes était autrefois désigné sous le nom de S.R.S.A. (slow reacting<br />
substance of anaphylaxy).<br />
3)<br />
Au cours du métabolisme de l’acide arachidonique se forment de nombreux<br />
radicaux peroxydes qui ont des effets nécrosants.<br />
2. - LES MÉDIATEURS D’ORIGINE PLASMATIQUE<br />
Ils parviennent dans le foyer avec le liquide d’œdème et n’interviennent donc<br />
qu’après les précédents.<br />
A) SYSTÈMES DES KININES<br />
Ce système comporte au moins 3 polypeptides dont le plus connu est la<br />
bradykinine, ainsi nommée parce qu’elle provoque une contraction lente du muscle<br />
lisse.<br />
1) Formation des Kinines<br />
Le Kininogène plasmatique arrivé avec l’œdème inflammatoire est activé en<br />
Kinine par la Kallicréine. Celle-ci se trouve dans certains tissus, le plus souvent elle<br />
dérive elle-même d’une prékallicréine plasmatique activée par le facteur XII. La<br />
durée de vie des Kinines est très courte.<br />
2) Action des Kinines<br />
• Elles ont une action vasomotrice plus intense et plus prolongée que celle de<br />
l’histamine.<br />
• Elles provoquent des douleurs lorsqu’on les met au contact d’une plaie.<br />
• Elles facilitent la diapédèse en augmentant l’adhérence des polynucléaires à<br />
l’endothélium des veinules post-capillaires.<br />
• Elles peuvent activer la phosphorylase.<br />
B) SYSTÈME DU COMPLEMENT<br />
C’est un système aussi complexe que celui des dérivés de l’acide<br />
ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE PAGE VI-20
- INFLAMMATION<br />
arachidonique. Le complément est un facteur sérique constitué de multiples fractions<br />
qui s’activent et s’inactivent successivement en interférant avec le facteur XII.<br />
Parmi les fractions qui interviennent dans l’<strong>inflammation</strong>:<br />
• le C3B a des activités opsonisantes,<br />
• le C3A et le C5A ont des activités chimiotactiques et peuvent provoquer la<br />
dégranulation des mastocytes,<br />
• le C8 et le C9 provoquent des lésions cellulaires et une nouvelle agression.<br />
C) FACTEURS DE LA COAGULATION<br />
1) Le facteur XII<br />
enzyme activé par les complexes immuns est au carrefour de plusieurs<br />
systèmes: Kinines, complément, coagulation sanguine.<br />
2) Les fibrinopeptides<br />
et les produits de dégradation de la fibrine ont un effet chimiotactique sur les<br />
polynucléaires et une activité vasodilatatrice.<br />
3. - MÉDIATEURS LIBÉRÉS PAR LES CELLULES DU GRANULOME<br />
A) ENZYMES ET MÉTABOLITES DES POLYNUCLÉAIRES<br />
1) Formation<br />
Ces facteurs se répandent autour du phagocyte au moment de la phagocytose<br />
ou sont libérés dans le foyer inflammatoire par la lyse des polynucléaires morts.<br />
Ces médiateurs sont:<br />
2) Nature et action<br />
a) Des radicaux peroxydes<br />
dont nous avons vu l’activité nécrosante et l’activité sur la phosphorylase.<br />
b) Les protéases<br />
acides et neutres qui peuvent lyser la fibrine, les membranes basales, le<br />
collagène et les fibres élastiques. Ces protéases peuvent également activer d’autres<br />
médiateurs.<br />
c) Les polynucléaires<br />
et les médiateurs qui en proviennent ont un rôle essentiel dans le processus<br />
inflammatoire. Ceci est bien démontré a contrario par les anomalies considérables<br />
de la réaction inflammatoire que l’on observe en cas d’agranulocytose.<br />
• pas de phagocytose,<br />
• pas d’afflux de monocytes ni de lymphocytes,<br />
ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE PAGE VI-21
- INFLAMMATION<br />
• pas de nécrose tissulaire.<br />
B) LYMPHOKINES ET MONOKINES<br />
Ce sont des facteurs solubles libérés par les lymphocytes et les monocytes.<br />
Les principales sont listés dans le tableau ci-après:<br />
Il-1<br />
Il-2<br />
Il-3<br />
Il-4<br />
Il-5<br />
Il-6<br />
Il8<br />
IFN<br />
Source<br />
Lymphocytes B etT<br />
Macrophages<br />
autres cellules<br />
Lymphocytes T activés<br />
Lymphocytes T activés<br />
Lymphocytes T activés<br />
Lymphocytes T<br />
Macrophages<br />
Fibroblastes<br />
cellules tumorales<br />
Macrophages<br />
Fibroblastes<br />
Autres cellules<br />
Lymphocytes T<br />
Cellules NK<br />
Principales activités<br />
Induit prolifération/différentiation Ly B<br />
Chimioattractant des Polynucléaires<br />
induit sécrétion PGE2<br />
aumente activité NK<br />
provoque la fièvre<br />
Induit prolifération/différentiation Ly B<br />
Induit prolifération/différentiation Ly T et<br />
stimule leur cytotxicité<br />
Induit prolifération/différentiation des<br />
cellules souches de la moelle<br />
Induit prolifération/différentiation Ly B<br />
Induit prolifération Ly T<br />
Induit différentiation Poly Eosino<br />
Stimule sécrétion des IgA et IgM<br />
Induit expression du CMH1 sur les<br />
fibroblastes<br />
Stimule sécrétion des protéines<br />
de l'<strong>inflammation</strong> par le foie<br />
Activateur et chimioattractant<br />
des polynucléaires<br />
Induit prolifération/différentiation Ly B<br />
Aumente l'activité NK<br />
Augmente l'expression des CMH<br />
Stimule les activités anti-microbiennes et<br />
anti-tumorales des macrophages<br />
fig. 9- Principales cytokines. Celles qui jouent un rôle important dans<br />
l’<strong>inflammation</strong> sont encadrées.<br />
1) Lymphokines<br />
Elles sont très nombreuses (fig. 9). On distingue schématiquement deux<br />
profils : les lymphokines “Th1” (IL-2, IFNγ,…) induisant une réponse immune de type<br />
cellulaire et les lymphokines “Th2” (IL-4, IL-10,…) induisant une réponse immune de<br />
type humoral.<br />
a)<br />
La plupart interviennent dans les phénomènes immunitaires telles les<br />
interférons et le facteur de transfert.<br />
b)<br />
D’autres sont actives sur les cellules voisines et interviennent dans la<br />
composition et les variations du granulome:<br />
ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE PAGE VI-22
- INFLAMMATION<br />
• Facteurs chimiotactiques pour monocytes, polynucléaires neutrophiles et<br />
éosinophiles.<br />
• Modificateurs du comportement du macrophage (activateur, inhibiteur de la<br />
migration du macrophage).<br />
2) Monokines<br />
Elles jouent un rôle important dans la réparation en stimulant la prolifération<br />
des capillaires et des fibroblastes.<br />
4. - INTERACTIONS DES DIFFERENTS MÉDIATEURS<br />
A)<br />
On aura pu voir à la lecture de ce qui précède que la plupart des médiateurs<br />
ont à la fois une action directe sur les vaisseaux ou les cellules du foyer<br />
inflammatoire et une action indirecte d’activation d’autres médiateurs. On aura<br />
remarqué aussi que la plupart des médiateurs peuvent apparaître successivement<br />
plusieurs fois dans le foyer inflammatoire. Le processus inflammatoire pourrait donc<br />
être un véritable cercle vicieux s’il n’y avait pas dans le foyer à la fois des médiateurs<br />
actifs et leurs antagonistes.<br />
B)<br />
Il est manifeste également que pour chacun des évènements de la séquence<br />
morphologique de l’<strong>inflammation</strong>, on a pu mettre en évidence plusieurs médiateurs<br />
actifs faisant partie de systèmes différents.<br />
Il est probable que pour chacun des phénomènes du processus inflammatoire<br />
un ou plusieurs médiateurs sont prépondérants. Les hypothèses que l’on fait<br />
actuellement sont les suivantes:<br />
1) La vasodilatation<br />
est surtout le fait des prostaglandines.<br />
2) L’hyper perméabilité vasculaire<br />
est surtout due à l’histamine et aux C3A et C5A qui dégranulent les<br />
mastocytes. La bradykinine, le PAF et certains leucotriènes interviennent également.<br />
3) Pour le chimiotactisme<br />
l’agent le plus puissant actuellement connu est le leucotriène B4; les cytokines<br />
(Il-8 et TNF) et C5A interviennent également.<br />
4) Les effets généraux<br />
de l’<strong>inflammation</strong> et notamment la fièvre sont provoqués par les l'Il-1 et<br />
l'interféron.<br />
ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE PAGE VI-23
- INFLAMMATION<br />
5) La douleur<br />
des lésions inflammatoires est due aux prostaglandines (PGE2) et aux Kinines.<br />
6) Les lésions tissulaires et cellulaires<br />
secondaires à l’<strong>inflammation</strong> sont dues aux enzymes lysosomiaux des<br />
phagocytes et aux radicaux peroxydes.<br />
D. - INFLAMMATION ET IMMUNITÉ<br />
Les réactions inflammatoires et les phénomènes immunitaires sont étroitement<br />
liés. Certaines des images observées au cours du processus inflammatoire sont<br />
l’expression de phénomène immunitaires et nous avons vu le rôle des complexes<br />
immuns et des lymphocytes T dans la physiopathologie de l’<strong>inflammation</strong>.<br />
Dans certains cas particuliers, les liens entre <strong>inflammation</strong> et immunité sont<br />
particulièrement étroits. On peut envisager trois grands cadres:<br />
• Les réactions d’hypersensibilité, autrefois appelées <strong>inflammation</strong>s<br />
allergiques, dans lesquelles c’est un conflit immunitaire qui déclenche la<br />
réaction inflammatoire.<br />
• Les rejets de greffe, qui sont un cas particulier de réaction d’hypersensibilité.<br />
• Les rapports entre les défaillances immunitaires et l’<strong>inflammation</strong>.<br />
1. - LES RÉACTIONS D’HYPERSENSIBILITÉ<br />
Les réactions d’hypersensibilité ont des caractères morphologiques qui<br />
permettent de les identifier. Il y en a 5 types ( 4 types classiques d’après Gell et<br />
Coombs, et 1 type supplémentaire d’après Roitt).<br />
A) TYPE I: HYPERSENSIBILITÉ ANAPHYLACTIQUE OU DE TYPE<br />
IMMÉDIAT<br />
C’est une réaction d’apparition rapide liée à la combinaison d’un antigène et<br />
d’un anticorps, attaché aux mastocytes ou aux polynucléaires basophiles, chez un<br />
individu sensibilisé à cet antigène<br />
Chez l’homme, les anticorps qui interviennent sont des IgE ou réagines qui se<br />
fixent de façon élective sur la membrane des mastocytes. Lorsque l’antigène vient se<br />
fixer à cet anticorps, il se produit un phénomène de dégranulation active des<br />
mastocytes. Ainsi sont libérés dans le milieu extra-cellulaire de l’histamine et divers<br />
facteurs chimiotactiques. D’autres médiateurs secondaires sont libérés par les<br />
mastocytes: métabolites de l’acide arachidonique, PAF (platelet activating factor),<br />
cytokines synthétisées de novo. Le tout se déroule en l’absence de complément.<br />
L’expression de cette réaction d’hypersensibilité est de deux types:<br />
1) Réaction systémique<br />
c’est le choc anaphylactique caractérisé par un oedème laryngé et<br />
ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE PAGE VI-24
- INFLAMMATION<br />
pulmonaire, une bronchoconstriction et une vasodilatation généralisée. Il peut<br />
entraîner un choc mortel en l'absence de traitement (injection d'adrénaline).<br />
2) Réaction locale<br />
il s’agit des lésions atopiques qui s’observent chez certains sujets ayant une<br />
propension anormale à produire des IgE spécifiques. Ici encore, l’image clinique et<br />
histologique est dominée par les effets exsudatifs de l'histamine créant une<br />
congestion et un oedème parfois riche en éosinophiles (exemples: urticaire, rhinite<br />
vasomotrice); et éventuellement un spasme du muscle lisse (exemple: asthme).<br />
B) TYPE II: HYPERSENSIBILITÉ CYTOTOXIQUE AVEC<br />
ANTICORPS CYTOPHILES<br />
L'hypersensibilité de type II est déclenchée par des anticorps dirigés contre des<br />
antigènes présents à la surface des cellules ou de tout autre composant tissulaire.<br />
Les déterminants antigéniques de surface cibles font partie de la membrane<br />
cellulaire ou sont des antigènes exogènes adsorbés à la surface de la cellule cible<br />
(métabolites médicamenteux). On distingue trois grands types de mécanisme dans<br />
ces réactions anticorps-dépendantes.<br />
1) Réactions complément-dépendantes<br />
Le dépôt de l'anticorps et du complément sur la cellule cible déclenche sa lyse<br />
directe ou son opsonisation suivie de sa phagocytose. En pratique ces mécanismes<br />
sont en cause dans les réactions consécutives aux transfusions non appariées, dans<br />
la maladie hémolytique du nouveau-né, les anémies hémolytiques auto-immunes, le<br />
pemphigus cutané vulgaire, certaines réactions médicamenteuses.<br />
2) Cytotoxicité à médiation cellulaire anticorps dépendante<br />
(ADCC - Antibody Dependant Cell-mediated Cytotoxicity)<br />
Des cellules cibles recouvertes d'anticorps IgG à faible concentration sont<br />
détruites par diverses cellules non sensibilisées qui portent le récepteur pour le<br />
fragment Fc. Il y a lyse cellulaire sans phagocytose. L'ADCC peut s'adapter à la<br />
destruction des cellules tumorales et jouer un certain rôle dans le rejet de greffe.<br />
3) Dysfonctionnements cellulaires dus aux anticorps<br />
antirécepteurs<br />
Dans le cours de nos collègues d'immunologie ce type de réaction est classée<br />
en hypersensibilité de type V. Les anticorps anti-récepteurs modulent positivement<br />
ou négativement l’activité de ces récepteurs, avec des conséquences fonctionnelles<br />
au niveau des organes touchés (myasthénie par anticorps anti-récepteurs à<br />
l’acétylcholine, par exemple).<br />
C) TYPE III: HYPERSENSIBILITÉ PAR IMMUNS COMPLEXES<br />
Le complexe immun est constitué de la combinaison en proportions variables<br />
d’un antigène, exogène ou endogène, et d’un anticorps. Dans certaines<br />
circonstances, ces complexes atteignent un certain volume, et peuvent se déposer<br />
au niveau des capillaires rénaux, de l’endothélium des petits vaisseaux ou du<br />
conjonctif interstitiel.<br />
ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE PAGE VI-25
- INFLAMMATION<br />
Il est classique d'en distinguer deux types: les maladies par complexes immuns<br />
avec excès d'anticorps, qui entraînent une lésion focale localisée à un organe, et<br />
celles avec excès d'antigènes, provoquant une atteinte systémique.<br />
Nous décrirons, à titre d’exemple, la maladie sérique qui est un modèle<br />
d’expérimental de maladie à complexes immuns, avec excès d’antigènes. Des<br />
processus physiopathologiques comparables sont observés au cours du lupus<br />
érythémateux disséminé, de certaines vascularites systémiques ou de certaines<br />
glomérulonéphrites.<br />
La maladie sérique est due à l’injection d’un sérum exogène (sérum<br />
antitétanique de cheval, globulines antithymocytaires,…). Le processus est<br />
généralisé, et les complexes se déposent (ou sont formés in situ) dans de nombreux<br />
territoires (glomérules, articulation, séreuse, peau, cœur, capillaires sanguins,…).<br />
Phase I: Formation de<br />
complexes immuns<br />
Ag en<br />
circulation<br />
Complexe Ag-Ac<br />
Phase III:<br />
<strong>inflammation</strong> due aux<br />
dépots de complexes<br />
immuns<br />
Plaquettes<br />
Nécrose<br />
fibrinoide<br />
Média<br />
Endothélium<br />
Anticorps libres<br />
Complément<br />
Neutrophiles<br />
Enzymes lysosomiales provenant de la dégranulation des neutrophiles<br />
Phase II :<br />
dépots de complexes<br />
immuns<br />
Complexe<br />
antigène-anticorps<br />
fig. 10- Maladie par complexes immuns circulants. Elle se déroule<br />
en trois phases:<br />
1) formation des complexes,<br />
2) dépôt des complexes sur l’endothélium, favorisé par l’activation<br />
des mastocytes qui augmente la perméabilité capillaire,<br />
3) déclenchement de la réaction inflammatoire après l’activation du<br />
complément, agrégation plaquettaire, afflux de polynucléaires,<br />
nécrose de la paroi vasculaire.<br />
Mastocyte<br />
Histamine<br />
PAF<br />
Morphologiquement, on observe une lésion de vasculite nécrosante avec<br />
présence dans la paroi des vaisseaux de dépôts d’aspects fibrinoïdes, constitués<br />
ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE PAGE VI-26
- INFLAMMATION<br />
d’un mélange d’immuns complexes, de fibrine et de tissus nécrosés au cours de la<br />
réaction inflammatoire induite.<br />
D) TYPE IV: HYPERSENSIBILITÉ RETARDÉE<br />
C’est l’hypersensibilité à médiation cellulaire (fig. 12). Elle résulte<br />
essentiellement de l’action locale des lymphocytes sensibilisés à un antigène<br />
présent au lieu de la réaction. Ces lymphocytes peuvent détruire les cellules ou agir<br />
en sécrétant des lymphokines, qui vont induire un autre phénomène: la formation de<br />
granulomes histiocytaires d’aspect variable, souvent tuberculoïdes.<br />
Il s’agit d’un processus lésionnel observé dans de multiples circonstances:<br />
• granulomes infectieux (notamment les mycobactéries),<br />
• certains accidents de sensibilisation à un antigène extrinsèque (par exemple<br />
la bérylliose est une maladie d’hypersensibilité vis-à-vis d’un métal: le<br />
béryllium)<br />
• cuti-réaction à la tuberculine,<br />
• dermatite de contact (il s’agit d’une réaction d’hypersensibilité retardée mais il<br />
n’y pas de granulome tuberculoïde),…<br />
<br />
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Ag<br />
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Cellule présentant<br />
l'antigène<br />
Cellule<br />
CD4+ IL2<br />
TNF<br />
IFN g<br />
Monocytes<br />
Fibroblaste<br />
Lymphocyte<br />
<br />
Cellule géante<br />
Cellule épithélioide<br />
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<br />
<br />
Collagène<br />
fig. 11 - Schéma des évènements cellulaires au cours de l’hypersensibilité de<br />
type IV. Le lymphocyte CD4 est activé par le contact avec l’antigène et par<br />
l’interleukine IL12 qui induit un profil de réponse cytokinique de type Th1. La<br />
lymphocyte sécrète l’IL2 (sécrétion autocrine) qui va recruter d’autres lymphocytes<br />
CD4. La sécrétion de TNF provoque la diapédèse des monocytes qui vont gagner le<br />
lieu de l’agression. La sécrétion d’interféron gamma entraîne la multiplication des<br />
macrophages, et leur transformation en cellules épithélioïdes et en cellules géantes<br />
pour réaliser un granulome épithélioïde. Celui-ci comporte également quelques<br />
lymphocytes et des fibroblastes qui élaborent des quantités variables de collagène.<br />
ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE PAGE VI-27
- INFLAMMATION<br />
E)D)TYPE V: HYPERSENSIBILITÉ PAR ANTICORPS ANTI-<br />
RECEPTEURS<br />
Les anticorps anti-récepteurs modulent positivement ou négativement l’activité<br />
de ces récepteurs, avec des conséquences fonctionnelles au niveau des organes<br />
touchés (myasthénie par anticorps anti-récepteurs à l’acétylcholine, par exemple).<br />
2. - LES RÉACTIONS AUX GREFFES<br />
L’<strong>inflammation</strong> induite par les greffes est un exemple quasi-expérimental de<br />
processus inflammatoire induit par un conflit immunitaire. Les seules réactions<br />
intéressantes en pratique en pathologie humaine, sont les réactions aux allogreffes.<br />
On a pu les étudier en détail à propos des greffes du rein.<br />
Ces réactions sont d’intensité variable selon le degré de compatibilité<br />
immunologique entre le donneur et le receveur. L’aspect morphologique et la<br />
physiopathologie de la réaction de rejet sont différents selon le délai qui s’écoule<br />
entre la greffe et le rejet. On décrit ainsi un rejet suraigu, un rejet aigu et un rejet<br />
chronique.<br />
A) REJET SURAIGU<br />
Il se manifeste dans les minutes ou les heures qui suivent la greffe. Il est lié à<br />
la formation de complexes immuns entre les antigènes du rein greffé et des<br />
anticorps circulants préexistants chez le receveur. La recherche d’anticorps ("cross<br />
match") est d’ailleurs obligatoire avant la greffe et doit éviter ce type de réaction de<br />
rejet.<br />
Les complexes immuns ainsi formés se déposent au niveau de l’endothélium<br />
vasculaire entraînant rapidement une thrombose et des lésions de vasculite qui sont<br />
un exemple de ce que nous avons décrit ci-dessus, comme lésions d’hypersensibilité<br />
du type III. Ces lésions vasculaires ont pour conséquence une ischémie aiguë qui<br />
aboutit à la destruction très rapide du rein.<br />
B) LE REJET AIGU<br />
Il se voit dans les jours ou semaines suivant la greffe mais peut être différé<br />
par un traitement immuno supresseur et n’apparaître que lorsque celui-ci est<br />
interrompu. Il peut avoir deux formes différentes:<br />
1) Infiltration lymphocytaire interstitielle<br />
avec destruction éventuelle des cellules épithéliales tubulaires, par mise en jeu<br />
de l’immunité cellulaire.<br />
2) Lésions de vasculite<br />
avec infiltration des parois vasculaires par des éléments inflammatoires, et<br />
thromboses, par mise en jeu de l’immunité humorale. Dans le cas de vasculite, il y a<br />
le plus souvent des infiltrats lymphoïdes interstitiels associés.<br />
ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE PAGE VI-28
- INFLAMMATION<br />
C) LE REJET CHRONIQUE<br />
C’est le plus souvent l’aboutissement d’un ou de plusieurs épisodes de rejet<br />
aigu ayant rétrocédé plus ou moins complètement sous traitement<br />
immunosuppresseur. Les lésions les plus importantes sont des lésions d’endartérite<br />
proliférante qui aboutissent à une ischémie rénale chronique.<br />
D) RÉACTION DU GREFFON CONTRE L’HÔTE (GVH)<br />
On l’observe dans les greffes de moelle hématopoïétique. Dans ce cas, la<br />
population cellulaire greffée comporte nécessairement des cellules<br />
immunologiquement compétentes qui vont développer une réaction immunitaire<br />
contre les tissus du receveur, en particulier le foie, le tube digestif et la peau.<br />
3. - DÉFAILLANCE IMMUNITAIRE ET INFLAMMATION<br />
C’est un très vaste sujet dont on ne peut dire ici que quelques mots.<br />
A) LES RÉACTIONS INFLAMMATOIRES CHEZ LES IMMUNO-<br />
DEPRIMÉS<br />
certains types d’immuno dépression, qu’elle soit innée, qu’elle résulte d’une<br />
maladie ou qu’elle soit provoquée par une thérapeutique, s’accompagnent d’une<br />
sensibilité accrue aux infections avec des réactions inflammatoires incomplètes dont<br />
les granulomes seront anormaux par l’absence de plasmocytes, de lymphocytes ou<br />
de macrophages, ou l’absence de polynucléaires.<br />
B) D’AUTRES ANOMALIES IMMUNITAIRES<br />
ont pour conséquence l’apparition de maladies auto-immunes dans lesquelles<br />
l’organisme dirige une réaction immunitaire contre ses propres constituants perçus<br />
comme étrangers. Ces maladies peuvent se manifester par des dépôts de<br />
complexes immuns avec une image qui se rapproche de celle d’une hypersensibilité<br />
de type III ou par des granulomes lymphocytaires et plasmocytaires proches d’une<br />
hypersensibilité de type IV.<br />
E. - VARIÉTÉS ANATOMO-CLINIQUES ET ÉVOLUTIVES DE<br />
L’INFLAMMATION<br />
La réaction inflammatoire schématique qui a été décrite présente des variations<br />
qui sont liées à trois ordres de facteurs:<br />
• l’agent déclenchant de la réaction inflammatoire<br />
• l’organe où elle se déroule,<br />
• le terrain et particulièrement le statut immunitaire de l’hôte.<br />
Ces variations sont si nombreuses qu’il existe de multiples formes anatomocliniques<br />
de l’<strong>inflammation</strong>, selon la prépondérance de l’une des phases décrites<br />
dans les pages précédentes.<br />
ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE PAGE VI-29
- INFLAMMATION<br />
1. - INFLAMMATIONS EXSUDATIVES<br />
Il s’agit d’<strong>inflammation</strong>s dans lesquelles les lésions principales et parfois<br />
exclusives sont la congestion, l’œdème et l’afflux de polynucléaires dans le tissu<br />
conjonctif ou dans une cavité séreuse.<br />
Ces lésions qui sont celles de la phase vasculo-sanguine de l’<strong>inflammation</strong> sont<br />
habituellement associées mais l’une d’entre-elles peut prédominer nettement.<br />
A) INFLAMMATION CONGESTIVE ET OEDÉMATEUSE<br />
Le processus inflammatoire se résume pratiquement à la congestion et à<br />
l’œdème.<br />
Exemples:<br />
• congestion et tuméfaction de la muqueuse nasale dans le rhume,<br />
• brûlure de premier degré,<br />
• réaction d’hypersensibilité de type I.<br />
B) INFLAMMATION HÉMORRAGIQUE<br />
Dans ce cas, l’accroissement de la perméabilité capillaire a pour conséquence<br />
un oedème et une importante fuite d'hématies hors des capillaires.<br />
Exemples:<br />
• purpura des maladies infectieuses,<br />
• purpura rhumatoïde, vascularites,<br />
• oedème pulmonaire hémorragique de la grippe.<br />
C) INFLAMMATION FIBRINEUSE<br />
L’exsudat est ici particulièrement riche en fibrinogène qui va coaguler dans le<br />
foyer inflammatoire ou à sa périphérie, à la surface d’une ulcération ou d’une<br />
séreuse.<br />
Exemple:<br />
• angine à fausses membranes de la diphtérie<br />
• alvéolite fibrineuse de la pneumonie à pneumocoques<br />
• pleurésie fibrineuse: l’exsudat épanché dans la cavité pleurale peut contenir<br />
beaucoup de fibrine et peu de liquide: c’est une pleurésie fibrineuse<br />
cliniquement “sèche”, ou contenir beaucoup de liquide et relativement peu<br />
de fibrine: c’est alors une pleurésie séro-fibrineuse.<br />
La détersion de la fibrine est nécessaire pour que la pleurésie puisse guérir<br />
sans séquelles. La fibrine doit être lysée par les enzymes des polynucléaires. Si elle<br />
n’est pas lysée, elle subit une organisation par une pousse conjonctive qui est<br />
l’analogue d’un bourgeon charnu et il peut en résulter une symphyse pleurale<br />
comme après un hémo-thorax. Les brides et adhérences péritonéales se constituent<br />
par le même mécanisme.<br />
ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE PAGE VI-30
- INFLAMMATION<br />
D) INFLAMMATION PURULENTE OU SUPPURÉE<br />
Dans ce type d’<strong>inflammation</strong>, le foyer inflammatoire contient de très nombreux<br />
polynucléaires altérés (pyocytes) dont la masse, ajoutée au liquide d’œdème et aux<br />
débris provenant de la nécrose des tissus préexistants, constitue le pus. Cette<br />
<strong>inflammation</strong> suppurée est le plus souvent d’origine microbienne et secondaire à une<br />
infection par des germes pyogènes; elle peut cependant être aseptique.<br />
1) Abcès<br />
c’est l’accumulation de pus dans une cavité néoformée par la nécrose et la<br />
liquéfaction des tissus préexistants. Cette nécrose survient sous l’influence des<br />
enzymes protéolytiques des polynucléaires, et surtout des élastases et des<br />
collagénases. Lorsque la liquéfaction du tissu nécrosé est achevée, on dit que la<br />
suppuration est collectée. En cas de détersion complète, les parois de la cavité<br />
résiduelle vont prendre l’aspect d’un bourgeon charnu qui va proliférer pour combler<br />
la perte de substance. En cas de détersion absente ou incomplète, le tissu conjonctif<br />
péri lésionnel subit une évolution scléreuse et forme une coque épaisse autour de la<br />
cavité qui sera devenue un abcès chronique ou abcès enkysté.<br />
2) Phlegmon<br />
c’est une variété rare et grave d’<strong>inflammation</strong> suppurée qui n’a aucune<br />
tendance à rester circonscrite mais diffuse au contraire dans les interstices qui<br />
séparent les faisceaux musculaires ou le long des coulées conjonctives des<br />
membres. On l’observera lors des infections par certains germes possédant une<br />
hyaluronidase qui va dissoudre l’acide hyaluronique de la substance fondamentale et<br />
permettre la dispersion de l’infection. C’est le cas pour les streptocoques. Les<br />
polynucléaires altérés sont disséminés au sein des tissus, la nécrose tissulaire n’est<br />
que parcellaire, il n’y a pas de collection et on ne peut pas envisager un drainage par<br />
un acte chirurgical simple. De ce fait, la détersion est difficile et l’évolution vers la<br />
sclérose et la chronicité fréquente.<br />
3) Empyème<br />
Ce mot désigne les collections purulentes qui ne sont pas des abcès, c’est-àdire<br />
celles qui s’accumulent dans les cavités naturelles. Il est pratiquement tombé<br />
en désuétude, remplacé par le nom précis des divers épanchements de ce type.<br />
Exemples: les pleurésies, péritonites, arthrites, sinusites purulentes sont des<br />
empyèmes. De même les pyocholécystes, les pyosalpinx, etc.<br />
4)Pustule<br />
c’est l’accumulation de pus dans l’épaisseur de l’épiderme ou sous l’épiderme<br />
décollé.<br />
ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE PAGE VI-31
- INFLAMMATION<br />
ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE PAGE VI-32
- INFLAMMATION<br />
Planche photographique: voir document séparé des travauxpratiques<br />
ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE PAGE VI-33
- INFLAMMATION<br />
Lame de travaux-pratiques :<br />
Appendicite aiguë purulente<br />
Exemple commun d'<strong>inflammation</strong> aiguë suppurative, c'est-à-dire productrice<br />
d'amas de polynucléaires neutrophiles souvent altérés, mêlés aux débris de nécrose<br />
tissulaire. C'est la diffusion des amas purulents dans toutes les couches de la paroi<br />
appendiculaire qui signe la lésion et en fait toute la gravité évolutive.<br />
Le faible grossissement montre une ou plusieurs sections d'un organe creux<br />
digestif, initialement entouré de la séreuse péritonéale.<br />
On recherche dans les zones les moins pathologiques des portions de couche<br />
muqueuse qui bordent la lumière.<br />
Sous un épithélium cylindrique plan de surface, les glandes de Lieberkühn<br />
s'invaginent, tapissées principalement de cellules entérocytaires et caliciformes.<br />
Le point cardinal est de reconnaître la présence pathologique d'un infiltrat<br />
inflammatoire constitué de polynucléaires neutrophiles, souvent altérés, mêlés à de<br />
la fibrine et à des débris tissulaires nécrotiques. Il faut apprendre à différencier ces<br />
amas de pus des accumulations lymphocytaires. Ces plages lymphocytaires sont le<br />
substrat des nodules lymphoïdes normalement présents dans la paroi appendiculaire<br />
à cheval entre la muqueuse et la sous-muqueuse.<br />
Les amas de pus sont visibles dans la lumière en regard d'ulcérations de la<br />
couche muqueuse, réalisant des foyers d'endo-appendicite suppurée.<br />
Le critère décisif du diagnostic d'appendicite aiguë est la reconnaissance de<br />
cette infiltration neutrophile loin dans la paroi, au sein de la musculeuse.<br />
Il est important de reconnaître aussi l'extension de l'<strong>inflammation</strong> purulente<br />
dans l'adventice peri-appendiculaire, avec une destruction du mesothélium<br />
péritonéal, remplacé par un exsudat fibrinopurulent.<br />
Laissée à elle-même cette lésion évoluera vers l'appendicite aiguë<br />
gangreneuse, rapidement suivie de rupture et de péritonite purulente.<br />
ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE PAGE VI-34
- INFLAMMATION<br />
E) INFLAMMATION NÉCROTIQUE OU GANGRÉNEUSE<br />
Il s’agit d’<strong>inflammation</strong>s au cours desquelles on observe des zones de nécrose<br />
dues à la fois à l’action des germes anaérobies (Clostridium perfringens par<br />
exemple, qui possède une puissance collagénase) et à une ischémie. Il peut être<br />
difficile de préciser quel est le phénomène initial: une infection bactérienne<br />
nécrosante avec thromboses vasculaires secondaires peut réaliser un aspect<br />
analogue à celui d’un foyer de nécrose ischémique surinfecté par des germes<br />
anaérobies.<br />
Les <strong>inflammation</strong>s gangreneuses sont d’une extrême gravité. On peut citer<br />
comme exemples: la gangrène gazeuse par surinfection d’une plaie par des germes<br />
anaérobies (elle est devenue rarissime), l’appendicite gangreneuse, la cholécystite<br />
gangreneuse.<br />
F) ÉVOLUTION DES INFLAMMATIONS EXSUDATIVES<br />
En pratique, <strong>inflammation</strong> exsudative est synonyme d’<strong>inflammation</strong> aiguë. La<br />
plupart d’entre-elles guérissent spontanément; d’autres, autrefois meurtrières<br />
(phlegmon, méningite purulente) sont maintenant curables. Certaines, tout<br />
spécialement dans le cas de nécrose suppurée non détergée, peuvent évoluer vers<br />
la chronicité.<br />
2. - INFLAMMATIONS CHRONIQUES<br />
DÉFINITION<br />
On donne ce nom à toute <strong>inflammation</strong> qui n’a aucune tendance à la guérison<br />
spontanée et qui persiste ou s’aggrave indéfiniment, souvent malgré la<br />
thérapeutique. L'<strong>inflammation</strong> chronique peut se définir comme un processus de<br />
longue durée où évoluent simultanément: i) une <strong>inflammation</strong> active ii) des<br />
destructions tissulaires iii) une réparation avec fibrose.<br />
A) L’INFLAMMATION CHRONIQUE SE CONSTITUE DE<br />
PLUSIEURS MANIÈRES DIFFERENTES<br />
1)<br />
Ce peut être la continuation sous une forme modifiée d’une <strong>inflammation</strong> aiguë<br />
dont le stimulus causal persiste. L’absence de détersion est un cas particulier de<br />
cette éventualité.<br />
2)<br />
Ce peut être la conséquence des récidives répétées d’une <strong>inflammation</strong> aiguë<br />
dont chaque épisode laissera des traces histologiquement visibles.<br />
Exemples:<br />
• Pyélonéphrite chronique par accès répétés de pyélonéphrite aiguë.<br />
• Otite chronique.<br />
La réaction inflammatoire se modifie progressivement au cours des récidives<br />
car elle se déroule dans un tissu de plus en plus scléreux et cicatriciel où les<br />
ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE PAGE VI-35
- INFLAMMATION<br />
réactions exsudatives s’atténuent progressivement.<br />
3)<br />
Ce peut être enfin une <strong>inflammation</strong> chronique d’emblée: dans ce cas, le stade<br />
exsudatif initial est absent ou au moins tout à fait transitoire et complètement<br />
méconnu. C’est souvent le cas dans les maladies auto-immunes.<br />
B) LES INFLAMMATIONS CHRONIQUES ONT EN COMMUN UN<br />
CERTAIN NOMBRE DE CARACTÈRES<br />
• Les phénomènes exsudatifs sont absents ou modérés.<br />
• Le granulome inflammatoire comporte rarement des polynucléaires<br />
neutrophiles et plutôt des lymphocytes et des plasmocytes. Il y a également<br />
très souvent des éléments de la lignée monocytaire sous forme de<br />
macrophages. On y rencontrera aussi les polynucléaires éosinophiles, les<br />
polynucléaires basophiles et les mastocytes. Ces cellules sont recrutées au<br />
niveau du foyer inflammatoire selon des processus comparables à ceux<br />
décrits pour les polynucléaires neutrophiles (diapédèse, chimiotactisme,…)<br />
• Ce granulome s’accompagne de lésions de sclérose dont l’importance varie<br />
selon l’étiologie et selon les individus. Cette sclérose caractéristique de la<br />
chronicité est liée au moins partiellement à l’action des monokines secrétées<br />
par les macrophages qui stimulent l’angiogenèse et la synthèse de collagène<br />
par les fibroblastes.<br />
ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE PAGE VI-36
- INFLAMMATION<br />
Planche photographique: voir document séparé des travauxpratiques<br />
ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE PAGE VI-37
- INFLAMMATION<br />
Inflammation chronique hépatitique d'origine virale C<br />
"cirrhose virale C active"<br />
L'<strong>inflammation</strong> chronique peut se définir comme un processus de longue<br />
durée où évoluent simultanément: i) une <strong>inflammation</strong> active ii) des destructions<br />
tissulaires iii) une réparation avec fibrose.<br />
On est en présence d'un vaste fragment tissulaire. Le foie n'est bien<br />
reconnaissable qu'à l'échelon cytologique par l'aspect caractéristique de ces cellules<br />
jointives, donc épithéliales, à forme quadrangulaire ou polygonale, au noyau arrondi<br />
central. Le cytoplasme est éosinophile, plus ou moins grumeleux. Un réseau de<br />
capillaires sanguins sinusoïdes tapisse chaque face des travées hépatocytaires.<br />
Ce foie pathologique a perdu l'organisation normale de ses espaces portes<br />
distaux. Ici un espace porte primaire persiste, avec le canal biliaire, le rameau de la<br />
veine porte et le rameau de l'artère hépatique.<br />
• Une <strong>inflammation</strong> active<br />
Ce foie est le siège d'une <strong>inflammation</strong> active diffuse où dominent les infiltrats<br />
lymphocytaires, volontiers groupés en nodules.<br />
• Une destruction parenchymateuse<br />
La mort cellulaire des hépatocytes visible sous la forme de corps apoptotiques<br />
se rencontre beaucoup plus fréquemment que dans un foie normal, malgré la<br />
rapidité d'élimination en quelques heures de ces corps. Les cellules deviennent<br />
intensément éosinophiles avec un noyau condensé et parfois fragmenté. On les voit<br />
s'éliminer vers l'espace de Disse. Plus facile à voir, mais moins facile à comprendre,<br />
sont les lésions d'hépatite d'interface. A la limite entre le tissu conjonctif et les plages<br />
hépatocytaires, les cellules épithéliales sont détruites et remplacées par un<br />
bourgeon charnu inflammatoire. Une stéatose hépatocytaire évidente signale une<br />
souffrance cellulaire ou l'aggrave. Des hépatocytes mitotiques ou binucléés<br />
hypertrophiques peuvent être compris comme une réponse adaptative à ces pertes<br />
cellulaires.<br />
• Une réparation fibroblastique qui conduit à la fibrose mutilante<br />
Les destructions cellulaires sont suffisamment importantes pour conduire à<br />
des tentatives de réparation conjonctive qui à la longue lardent le parenchyme de<br />
lames collagènes inappropriées. Les travées conjonctives enserrent les zones<br />
hépatocytaires, isolent des hépatocytes survivants, éloignent les lobules des<br />
espaces portes. C'est alors que se créent des ponts fibreux qui hachent les lobules,<br />
qui prennent en conséquence le nom de nodule. Les connexions vasculaires entre le<br />
système porte, les capillaires sinusoïdes et les veines centro-lobulaires sont alors<br />
interrompues. Ce tableau de fibrose se complique de l'apparition de multiples<br />
structures canalaires épithéliales biliaires d'allure proliférante. Cette fibrose<br />
hépatique mutilante prend le nom de cirrhose.<br />
Dans les cas d'infection hépatique aiguë à virus C repérés cliniquement on a<br />
constaté par le suivi des patients que 17% des sujets développaient une cirrhose<br />
inflammatoire, porteuse elle-même de ses propres complications.<br />
ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE PAGE VI-38
- INFLAMMATION<br />
F. - VARIÉTÉS ÉTIOLOGIQUES DE L’INFLAMMATION<br />
Le processus inflammatoire subit des variations en fonction de son étiologie et<br />
notamment du pouvoir antigénique des divers agents pathogènes. Ceci sera illustré<br />
par l’étude de 3 exemples choisis parmi bien d’autres:<br />
• l’<strong>inflammation</strong> tuberculeuse,<br />
• les <strong>inflammation</strong>s virales,<br />
• les <strong>inflammation</strong>s à corps étrangers.<br />
1. - INFLAMMATION TUBERCULEUSE<br />
C’est l’<strong>inflammation</strong> produite dans l’organisme par l’action du Mycobacterium<br />
tuberculosis ou bacille de Koch (BK). Elle va évoluer selon le schéma de base de<br />
l’<strong>inflammation</strong>.<br />
• phénomènes exsudatifs,<br />
• constitution d’un granulome,<br />
• détersion,<br />
• cicatrisation.<br />
Son évolution spontanée est particulière par sa lenteur, l’existence de<br />
poussées exsudatives répétées et par la réaction immunitaire qu’elle entraîne.<br />
Le plus souvent, la tuberculose siège dans le poumon.<br />
A) PHASE EXSUDATIVE DE LA TUBERCULOSE<br />
1) L’<strong>inflammation</strong> tuberculeuse<br />
débute par des phénomènes de congestion, d’œdème et d’afflux de<br />
polynucléaires qui n’ont rien de particulier, sinon la présence au sein des lésions<br />
d’un grand nombre de BK identifiables sur la lame histologique par la coloration de<br />
Ziehl.<br />
Au cours de cette phase exsudative, il n’y a jamais de suppuration mais il se<br />
produit, de façon inconstante, une lésion particulière de nécrose cellulaire et<br />
tissulaire, la nécrose caséeuse.<br />
2) La survenue de la nécrose caséeuse,<br />
l’étendue de la zone nécrosée dépendent du statut immunitaire du malade; la<br />
zone nécrosée ne représente le plus souvent qu’une partie du foyer inflammatoire<br />
tuberculeux.<br />
Cette nécrose caséeuse, ou caséum, est une lésion caractéristique:<br />
• macroscopiquement, c’est une lésion limitée, d’aspect blanc-jaune,<br />
semblable à du fromage blanc, de consistance ferme ou molle, parfois<br />
liquide,<br />
ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE PAGE VI-39
- INFLAMMATION<br />
• histologiquement, c’est une plage éosinophile, anhiste, au sein de laquelle<br />
tous les éléments tissulaires et cellulaires préexistants ont disparu.<br />
B) LE GRANULOME TUBERCULEUX<br />
Après la phase exsudative va se constituer le granulome inflammatoire. Celui-ci<br />
apparaît autour du foyer de nécrose caséeuse, s’il y en a un, ou au sein même du<br />
foyer exsudatif initial si celui-ci ne s’est pas nécrosé. Les polynucléaires<br />
disparaissent rapidement de la lésion et le granulome tuberculeux est<br />
essentiellement constitué par des lymphocytes et des histiocytes d’aspect particulier.<br />
On appelle ces histiocytes cellules épithélioïdes car ils ont subi une<br />
transformation qui leur donne une vague ressemblance avec des cellules<br />
épithéliales. Ce sont des cellules allongées à cytoplasme éosinophile et à noyau<br />
vésiculeux. Elles peuvent fusionner pour former des cellules géantes ayant jusqu’à<br />
plusieurs dizaines de noyaux. Ceux-ci sont typiquement disposés en fer à cheval en<br />
périphérie d’un cytoplasme éosinophile comme celui des cellules épithélioïdes. Ces<br />
cellules géantes de la tuberculose portent le nom de cellules de Langhans.<br />
Dans les cas typiques, cellules épithélioïdes et cellules géantes, sont groupées<br />
en nodules de 300 à 500 microns de diamètre entourés de lymphocytes et que l’on<br />
appelle des follicules tuberculeux.<br />
Ce granulome n’est pas lié directement à la présente de BK. C’est l’expression<br />
d’une réaction d’hypersensibilité de type IV. On l’observe au point d’injection de la<br />
tuberculine chez les sujets sensibilisés. L’antigène responsable de cette<br />
hypersensibilité n’est pas clairement identifié. Une conséquence importante de la<br />
participation du système immunitaire dont témoigne le granulome, est l’acquisition<br />
d’une « résistance », due à l’activation des macrophages dont les capacités de<br />
phagocytose et de bactéricidie sont augmentées.<br />
Polypeptide<br />
bacillaire<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
Cellule géante<br />
<br />
<br />
M. tuberculosis<br />
Cellule présentant<br />
l'antigène<br />
Cellule<br />
CD4+<br />
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Hypersensibilité de<br />
type IV<br />
Cellule épithélioide<br />
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Immunité<br />
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Nécrose<br />
caséeuse<br />
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Macrophage activé<br />
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<br />
ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE PAGE VI-40
- INFLAMMATION<br />
fig. 12. Schéma illustrant les deux conséquences de l’immunisation au cours de<br />
la maladie tuberculeuse. Les antigènes du BK, après phagocytose par un<br />
macrophage, sont présentés par le CMH II à un lymphocyte T4. Les cytokines de<br />
celui-ci induisent d’une part la formation d’un granulome épithélioïde (qui peut subir<br />
une nécrose caséeuse), et d’autre part l’activation de macrophages (support de la<br />
résistance).<br />
C) L’ÉVOLUTION DE L’INFLAMMATION TUBERCULEUSE<br />
En principe, elle devrait évoluer vers la cicatrisation scléreuse comme toute<br />
infection dont les granulomes sont riches en histiocytes. Deux particularités de<br />
l’affection modifient cependant cette évolution théorique, ce sont:<br />
• les poussées de la maladie,<br />
• la présence éventuelle dans le foyer inflammatoire de caséum.<br />
1) La maladie présente des poussées successives<br />
au cours desquelles peuvent se constituer de nouvelles lésions exsudatives qui<br />
vont évoluer pour leur propre compte avec ou sans nécrose caséeuse. Un poumon<br />
atteint de tuberculose chronique présente donc un très grand polymorphisme<br />
lésionnel avec des lésions d’âge différent, juxtaposées ou dispersées dans le<br />
poumon.<br />
ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE PAGE VI-41
- INFLAMMATION<br />
Alvéole<br />
normale<br />
<br />
<br />
<br />
Nécrose<br />
caséuse<br />
Caséification<br />
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<br />
<br />
Lésion<br />
caséo-exsudative<br />
Lésion<br />
caséo-folliculaire<br />
Lésion<br />
caséo-fibreuse<br />
Lésion exsudative<br />
non spécifique<br />
Pas de<br />
caséification<br />
<br />
<br />
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<br />
<br />
follicule<br />
simple<br />
<br />
<br />
follicule<br />
fibreux<br />
fig. 13 - Schéma de l’évolution des lésions tuberculeuses. Dans cet exemple,<br />
l’infection a lieu dans le poumon. L’aspect des lésions est différent selon qu’il y ait eu<br />
caséification ou non.<br />
2) Le caséum<br />
présent dans le foyer inflammatoire doit être détergé ou se calcifier pour que la<br />
maladie guérisse.<br />
a) La détersion du caséum<br />
• La détersion interne par les macrophages est absolument inefficace pour<br />
faire disparaître le caséum, sauf s’il s’agit de lésions microscopiques.<br />
ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE PAGE VI-42
- INFLAMMATION<br />
• La détersion par évacuation à l’extérieur est possible au terme d’un<br />
processus complexe qui commence par le ramollissement du caséum: la<br />
nécrose prend alors une consistance liquide, les polynucléaires y affluent et<br />
les BK s’y multiplient de façon très active. Le caséum ramolli s’élimine<br />
ensuite de façon variable selon le siège de la lésion.<br />
• Si la lésion est pulmonaire le caséum va pouvoir s’éliminer par un conduit<br />
naturel, c’est-à-dire par une bronche. Il persiste après l’évacuation du<br />
caséum une cavité que l’on appelle une caverne, qui va se fermer<br />
secondairement.<br />
• Si la lésion est située sous la peau ou sous une muqueuse, le caséum<br />
s’évacue à travers la surface, ce qui laisse une ulcération à bords décollés<br />
(ulcération de la tuberculose intestinale).<br />
Si la lésion se trouve dans un organe dépourvu de conduits excréteurs, il va se<br />
former une tuméfaction fluctuante analogue cliniquement à un abcès mais<br />
n’entra”nant ni douleurs, ni fièvre. C’est un abcès froid. Si cet abcès froid est à<br />
proximité de la peau, il va s’ouvrir par une fistule qui assurera une détersion<br />
incomplète. Exemple: abcès froid ganglionnaire cervical dont la fistulisation constitue<br />
les écrouelles. Dans le cas d’abcès froid profond, le caséum ramolli peut migrer à<br />
distance en suivant les plans anatomiques. Exemple: abcès froid migrant dans la<br />
graine du psoas à partir d’une tuberculose rachidienne.<br />
b) La calcification du caséum<br />
Le caséum qui ne s’est pas ramolli va persister indéfiniment dans l’organisme<br />
en subissant de lentes modifications physico-chimiques qui vont aboutir à sa<br />
calcification progressive. Ce phénomène demande plusieurs années chez l’adulte: il<br />
est plus rapide chez l’enfant. Il s’accompagne d’une diminution progressive du<br />
nombre des BK qui persistent dans la nécrose.<br />
c) Les antibiotiques antituberculeux<br />
sont très actifs sur les lésions exsudatives riches en bacilles et bien<br />
vascularisées et préviennent les poussées successives de la maladie. Par contre, les<br />
antibiotiques pénètrent mal dans le caséum qui n’est pas vascularisé.<br />
ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE PAGE VI-43
- INFLAMMATION<br />
ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE PAGE VI-44
- INFLAMMATION<br />
Planche photographique: voir document séparé des travauxpratiques<br />
ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE PAGE VI-45
- INFLAMMATION<br />
Lame de travaux-pratiques :<br />
Ganglion lymphatique tuberculeux caséifié<br />
Après la phase exsudative, l'<strong>inflammation</strong> produite dans l'organisme par<br />
l'action de Mycobacterium tuberculosis se présente sous la forme d'un granulome<br />
épithélioïde et gigantocellulaire. Cette lésion est caractéristique de l'agent causal<br />
quand elle comporte une nécrose caséeuse tissulaire centrale.<br />
A faible grossissement la forme générale de l'organe examiné peut évoquer<br />
celle d'un ganglion lymphatique, emportant avec lui quelques lambeaux de tissu<br />
conjonctivo-adipeux avoisinant. Mais ce qui frappe c'est cette zone plus éosinophile,<br />
à contours irréguliers, dite en carte de géographie, qui ne peut correspondre qu'à un<br />
processus tissulaire pathologique.<br />
Il peut être utile de commencer l'examen de détail de la préparation par cette<br />
zone. Il s'agit d'un magma anhiste, c'est à dire sans éléments cellulaires ou fibreux<br />
reconnaissables. On est en présence d'une nécrose tissulaire complète, très pure<br />
dans le sens où elle n'est pas tatouée d'éléments cellulaires inflammatoires<br />
surajoutés comme dans l'abcès à pyogènes. D'aspect grumeleux elle peut laisser<br />
deviner des fantômes de structures préexistantes comme ici. Le processus<br />
technique d'inclusion en paraffine peut générer en son sein des artéfacts de<br />
fendillement. Avec un peu d'expérience cet aspect est pathognomonique de la<br />
nécrose caséeuse, ce qui conduira en pratique au diagnostic d'<strong>inflammation</strong><br />
tuberculeuse.<br />
Dans des lésions anciennes non actuellement évolutives la nécrose caséeuse<br />
pourra être entourée de fibrose collagène cicatricielle, ce sont les lésions caséofibreuses.<br />
Ici la bordure est richement cellulaire. Son contenu est très particulier<br />
puisqu'on y retrouve des amas de cellules épithélioïdes. Comme dans la Sarcoïdose<br />
les cellules épithélioïdes signent une réaction d'hypersensibilité cellulaire retardée de<br />
type IV. Les cellules géantes polycaryoniques sont spectaculaires, on les appelle les<br />
cellules de Langhans. Sur un examen de routine il n'est pas possible d'attribuer<br />
clairement aux lymphocytes disposés en couronne périphérique le statut de vestige<br />
ganglionnaire ou bien de cellules effectrices de la réaction d'hypersensibilité.<br />
L'accumulation de cellules épithélioïdes, avec ou sans cellules géantes,<br />
souvent entourée d'une couronne lymphocytaire, répond strictement au granulome<br />
dans la terminologie anglo-saxonne; c'est l'<strong>inflammation</strong> granulomateuse. Dans la<br />
tradition sémantique française on parlera de follicules épithélioïdes. Pour tout le<br />
monde, on est en présence ici d'une lésion caséo-folliculaire, en pratique synonyme<br />
de tuberculose évolutive.<br />
ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE PAGE VI-46
- INFLAMMATION<br />
2. - INFLAMMATIONS VIRALES<br />
Les virus sont sans doute de très loin la cause la plus fréquente des réactions<br />
inflammatoires observées en clinique humaine.<br />
A) INFLAMMATION VIRALE EXSUDATIVE<br />
Dans la grande majorité des cas d’infection virale apparente, les virus<br />
provoquent une réaction exsudative bénigne déclenchée par la nécrose des cellules<br />
où s’effectue la réplication virale. Cette réaction exsudative est généralement pauvre<br />
en polynucléaires et n’est jamais suppurée en l’absence de surinfection bactérienne.<br />
Celle-ci est fréquente car l’infection virale diminue les défenses antibactériennes et<br />
déprime en particulier les capacités des phagocytes.<br />
Exemple: au cours de la grippe, <strong>inflammation</strong> congestive et œdémateuse de la<br />
muqueuse trachéo-bronchique, déclenchée par la nécrose des cellules de<br />
l’épithélium respiratoire infestées par un virus parainfluenzae.<br />
B) INFLAMMATION VIRALE À MÉDIATION IMMUNITAIRE<br />
Dans certaines circonstances beaucoup plus rares, l’infestation virale est cause<br />
d’une réaction inflammatoire par un mécanisme indirect immun.<br />
1) L’antigène viral<br />
peut former avec l’anticorps correspondant des complexes immuns qui vont se<br />
déposer dans les vaisseaux provoquant une réaction inflammatoire analogue à celle<br />
de l’hypersensibilité de type III. Un exemple est fourni par l'hépatite virale B<br />
chronique: le portage durable d'antigène HBs peut s'accompagner d'une vascularite<br />
systémique à type de périartérite noueuse.<br />
2) Les cellules<br />
exprimant à leur surface l’antigène viral peuvent être détruites par les<br />
lymphocytes T sensibilisés.<br />
C) MORPHOLOGIE DES CELLULES INFESTÉES PAR LES VIRUS<br />
Les cellules infestées par un virus ont un aspect extrêmement variable.<br />
1) Aspect normal<br />
en histologie conventionnelle. L’antigène viral est cependant présent et peut<br />
être détecté par immunohistochimie si l’on dispose de l’anticorps correspondant.<br />
2) Aspect de souffrance ou de lyse<br />
allant jusqu’à la mort cellulaire par ballonisation. Cette image peut s’observer<br />
en l’absence de toute réaction inflammatoire dans les cellules épithéliales des<br />
papillomes et des condylomes viraux.<br />
3) Présence d’inclusions diverses<br />
Exemples: corps de Négri des neurones de la corne d’Ammon dans la rage;<br />
ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE PAGE VI-47
- INFLAMMATION<br />
inclusions intranucléaires du cytomégalovirus, inclusions cytoplasmiques en "verre<br />
dépoli" dans l'hépatite B, etc.…<br />
4) Formation de cellules géantes<br />
par fusion d’éléments histiocytaires ou épithéliaux:<br />
• rougeole,<br />
• virus respiratoire syncitial,<br />
• herpès virus.<br />
Les signes de l’infestation virale peuvent être mis en évidence par certains<br />
examens cytologiques:<br />
Exemples: diagnostic de condylome (lésion due au papilloma virus humain:<br />
HPV), ou d’infection génitale herpétique par frottis cervico-vaginaux.<br />
ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE PAGE VI-48
- INFLAMMATION<br />
Planche photographique: voir document séparé des travauxpratiques<br />
ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE PAGE VI-49
- INFLAMMATION<br />
Lame de travaux-pratiques :<br />
Pneumopathie à Cytomegalovirus (CMV)<br />
Chez le patient adulte immunodéprimé le CMV détermine une infection<br />
opportuniste, visible en particulier dans le poumon. Le CMV produit alors un effet<br />
cytopathogène caractéristique.<br />
A faible grossissement dans les zones les plus claires on reconnaît un<br />
parenchyme pulmonaire, avec sa dentelle alvéolaire remplie d'air. A grossissement<br />
moyen on peut identifier les sections d'artère pulmonaire qui cheminent avec les<br />
conduits bronchiques. Les cellules épithéliales bronchiques ont desquamé voire<br />
disparu par autolyse sur ce prélèvement autopsique. Les sections des veines<br />
pulmonaires sont visibles à quelque distance; à la périphérie du lobule dont elles<br />
drainent le réseau capillaire,<br />
L'œil est attiré par des zones parenchymateuses pathologiques parce que<br />
sombres; ce sont des foyers lobulaires plus ou moins systématisés d'alvéolite<br />
hémorragique. Au voisinage immédiat de ces lésions contingentes; on s'aperçoit que<br />
l'espace alvéolaire est enrichi de nombreuses cellules de grande taille. Ce sont les<br />
cellules infestées par le CMV. Leur noyau est devenu géant. Sa membrane nucléaire<br />
se double vers l'intérieur d'un halo clair, entourant une volumineuse inclusion<br />
réfringente centrale. Ce noyau transformé est dit en œil de hibou. C'est là l'aspect<br />
cytopathogène caractéristique du Cytomegalovirus.<br />
Sur les préparations standards on ne peut pas déterminer l'origine des<br />
cellules atteintes, qui peuvent être soit pneumocytaires, soit monocytaires, ou d'autre<br />
nature encore.<br />
ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE PAGE VI-50
- INFLAMMATION<br />
3. - INFLAMMATIONS À CORPS ÉTRANGERS<br />
A) DEUX CATÉGORIES<br />
La présence de corps étrangers dans les tissus peut être le facteur déclenchant<br />
d’une réaction inflammatoire. Il y a deux grandes catégories de corps étrangers:<br />
1) Les corps étrangers exogènes<br />
sont apportés par un traumatisme accidentel ou laissés sur place après une<br />
intervention chirurgicale (talc, fils de suture, etc.).<br />
2) Les corps étrangers endogènes<br />
se forment sur place au sein des tissus aux dépens d’éléments cellulaires ou<br />
tissulaires normaux (poils, squames de kératine) ou de débris alimentaire ou fécaux<br />
passés dans le péritoine après une perforation digestive, etc.<br />
B) QUELQUES ASPECTS HISTOLOGIQUES<br />
Les corps étrangers exogènes peuvent être éliminés lors de la détersion du<br />
foyer inflammatoire ou au cours du parage d’une plaie. C’est le cas habituel dans le<br />
cas de traumatisme. Dans d’autres circonstances, ils persistent car le système<br />
phagocytaire est incapable de les détruire, soit en raison de leur taille, soit en raison<br />
de leur caractère indigeste.<br />
1) Les granulomes à cellules géantes<br />
Lorsque les corps étrangers ont un certain volume (squames de kératine, fils de<br />
suture, cristaux divers) ils sont entourés par des macrophages qui vont fusionner<br />
pour former des cellules géantes. Celles-ci peuvent englober les corps étrangers<br />
relativement petits, pour les corps plus volumineux elles se disposent côte à côte à<br />
leur surface. Ces cellules géantes de réaction à corps étranger ou cellules de Muller<br />
ont des formes bizarres et des noyaux disposés sans ordre dans le cytoplasme, ce<br />
qui, en principe, les distingue des cellules géantes de la tuberculose.<br />
La mobilisation macrophagique qui constitue l’essentiel de la réaction à corps<br />
étranger coexiste le plus souvent avec un granulome lymphocytaire et plasmocytaire.<br />
Elle s’associe généralement à une sclérose importante. Elle peut n’être qu’un<br />
élément d’un ensemble lésionnel complexe coexistant par exemple avec des lésions<br />
de suppuration dans le cas d’une plaie septique souillée de débris. Sclérose et<br />
granulome peuvent constituer une pseudotumeur.<br />
ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE PAGE VI-51
- INFLAMMATION<br />
Il-4<br />
<br />
<br />
IFN<br />
Macrophage<br />
<br />
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Cellule géante<br />
type Muller<br />
(corps étrangers)<br />
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<br />
<br />
Cellule géante type Langhans<br />
(hypersensibilité de type IV)<br />
fig. 14 - Deux types de cellules géantes peuvent s’observer dans une réaction<br />
inflammatoire: les cellules de Langhans, avec leur couronne de noyaux<br />
caractéristique, s’observent dans l’hypersensibilité de type IV, où intervient<br />
l’interféron. Les autres ne sont pas dues à une sensibilisation; leur formation est<br />
notamment déclenchée par l’interleukine 4.<br />
Tous les corps étrangers n’induisent pas une réaction histologique à cellules<br />
géantes. Dans certains cas, le corps étranger est de petite taille et son englobement<br />
est possible par un macrophage isolé. Ceci est manifeste dans l’exemple de la silice.<br />
2) Les réactions à la silice<br />
a)<br />
L’inclusion traumatique sous la peau de petits gravillons ou de débris de verre<br />
aboutit à une réaction à cellules géantes tout à fait typique.<br />
b)<br />
Par contre, l’inhalation de fines particules de silice de l’ordre du millième de<br />
millimètre entraîne des phénomènes tout à fait différents. Les particules parvenues<br />
au niveau des alvéoles pulmonaires seront phagocytées par un macrophage<br />
alvéolaire. Non seulement ces particules sont absolument insensibles aux enzymes<br />
lysosomiaux mais de plus, elles ont une action toxique lente qui va tuer le<br />
macrophage. Cette destruction du macrophage est le point de départ d’une réaction<br />
qui aboutit au recrutement de nouveaux macrophages qui seront eux-mêmes<br />
détruits.<br />
Certains des macrophages qui ont ingéré les particules de silice vont migrer<br />
avec leur contenu par voie lymphatique et venir se bloquer dans les ganglions<br />
médiastinaux où se produira la même réaction inflammatoire. Les macrophages<br />
attirés au contact des particules de silice produisent des substances qui stimulent la<br />
synthèse du collagène et l’inhalation de silice finit ainsi par provoquer, après une<br />
évolution plus ou moins longue, des nodules scléreux pauvres en fibroblastes au<br />
sein desquels persisteront des particules de silice.<br />
Chez certains sujets, si l’inhalation est abondante, les lésions de sclérose<br />
pulmonaire peuvent être très graves et entraîner la mort par insuffisance respiratoire.<br />
C’est la silicose, variété de pneumoconiose: maladie pulmonaire induite par<br />
l’inhalation de poussières.<br />
ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE PAGE VI-52
- INFLAMMATION<br />
G. - CONTRIBUTION DE L’ANATOMIE PATHOLOGIQUE AU DIAGNOSTIC<br />
ÉTIOLOGIQUE DES INFLAMMATIONS<br />
1. - PARTICULARITÉS HISTOLOGIQUES LIÉES À L’ÉTIOLOGIE<br />
Dans une certaine mesure, l’image histologique dépend de l’étiologie du<br />
processus inflammatoire et pendant des décennies les efforts des pathologistes ont<br />
eu pour but de décrire des lésions particulières liées à une cause déterminée et qui<br />
soient spécifiques de cette cause. Cette question a perdu beaucoup de son intérêt<br />
avec les progrès de la bactériologie, de la virologie et de la séro-immunologie.<br />
Dans un certain nombre de cas cependant, l’examen histopathologique peut<br />
préciser l’étiologie d’un processus inflammatoire et ceci dans deux circonstances<br />
principales:<br />
• celle où l’on peut identifier sur la lame l’agent pathogène,<br />
• celle où le granulome a des caractères particuliers.<br />
A) IDENTIFICATION DE L’AGENT PATHOGÈNE<br />
1)<br />
Celui-ci peut être directement visible sur la préparation histologique. C’est le<br />
cas :<br />
• de certains parasites ou de leur oeufs (pneumocystis, schistosomes,<br />
amibes, embryons hexacanthes de ténia échinocoque, leishmanie,…),<br />
• de certains champignons pathogènes (aspergillus, candida,<br />
cryptoccoque,…) que la coloration par le PAS ou de Gomori-Grocott<br />
permettra de mieux visualiser,<br />
• de certaines bactéries. La coloration de Ziehl peut ainsi être faite sur une<br />
préparation histologique pour identifier des bacilles acido-alcoolo-résistants.<br />
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Planche photographique: voir document séparé des travauxpratiques<br />
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Lame de travaux-pratiques :<br />
bilharziose vésicale<br />
La bilharziose est une helminthiase qui infecte environ 200 millions d'êtres<br />
humains et qui en tue chaque année 250.000. La migration des œufs à travers la<br />
paroi vésicale déclenche une réaction inflammatoire par activation leucocytaire, et<br />
une fibrose.<br />
L'examen à faible grossissement montre de petits copeaux tissulaires prélevés<br />
par endoscopie. Certains fragments restent tapissés par un épithélium que l'on peut<br />
reconnaître de nature excréto-urinaire, c'est à dire un épithélium paramalpighien. Il<br />
s'agit ici d'une résection endoscopique de vessie.<br />
La paroi vésicale est profondément remaniée du fait d'abord de la présence de<br />
nombreuses formations ovalaires exogènes. Ce sont des œufs de schistosomes,<br />
paraissant viables ou mort selon les cas. Venus des veines pelviennes profondes où<br />
réside le ver adulte, certains de ces œufs atteignent la surface vésicale, insérés<br />
dans l'épithélium.<br />
Des granulomes lymphocytaires ou monocytaires parsèment la paroi vésicale,<br />
des macrophages sont visibles au contact des débris ovulaires. L'image s'apparente<br />
alors à un granulome sur corps étranger. Certaines lames comportent des<br />
polynucléaires éosinophiles.<br />
La fibrose collagène inflammatoire mutilante est présente de façon constante,<br />
c'est elle qui est la cause des complications cliniques urologiques obstructives.<br />
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2)<br />
L’infestation virale peut également être détectable par l’observation d’inclusions<br />
virales en histologie conventionnelle, par l’identification de l’antigène viral dans les<br />
cellules par immunohistochimie ou la découverte de particules virales au microscope<br />
électronique.<br />
3)<br />
Les résultats de cette identification sont plus ou moins précis; il arrive que l’on<br />
fasse un diagnostic étiologique formel si l’agent pathogène a une morphologie<br />
parfaitement caractéristique ou des propriétés antigéniques détectables. Il peut<br />
arriver aussi qu’on démontre la présence d’un agent pathogène sans pouvoir<br />
affirmer qu’il est responsable des lésions observées.<br />
4)<br />
Les corps étrangers qui provoquent des réactions inflammatoires sont visibles<br />
sur les préparations histologiques. Leur identification précise est parfois possible.<br />
B) LES CARACTÈRES DU GRANULOME<br />
1)<br />
La prédominance ou la présence exclusive de plasmocytes ou de lymphocytes<br />
dans le granulome est un élément d’orientation. Cependant, la seule cellule dont la<br />
morphologie puisse varier est l’histiocyte qui selon les cas se présentera comme<br />
macrophage, lipophage, sidérophage, cellule épithélioïde, cellule géante. Il existe<br />
ainsi des cellules histiocytaires de morphologie particulière caractéristiques de<br />
certaines maladies infectieuses, telle la lèpre, la typhoïde ou le rhinosclérome. Ces<br />
cas particuliers n’ont que peu d’intérêt pratique.<br />
2)<br />
En pratique, le problème du diagnostic étiologique des <strong>inflammation</strong>s<br />
granulomateuses est celui de l’étiologie des granulomes tuberculoïdes.<br />
On a mentionné, à propos de la tuberculose et de l’hypersensibilité de type IV<br />
une variété particulière de granulome constitué d’histiocytes épithélioïdes, de cellules<br />
géantes et de lymphocytes. Ce granulome épithélioïde a longtemps été considéré<br />
comme spécifique de la tuberculose, alors qu’il est en fait le témoin d’une variété<br />
particulière de réaction immunitaire d’hypersensibilité retardée dans laquelle les<br />
lymphocytes T activés secrètement des lymphokines actives sur les macrophages.<br />
Les stimuli antigéniques qui peuvent être responsables d’une image de<br />
granulome épithélioïde sont finalement extrêmement divers.<br />
Outre les cires de la capsule du BK et la tuberculine, on peut citer:<br />
a) Des agents infectieux<br />
pasteurella, brucella, champignons tel l’Histoplasma capsulatum, chlamydiae,<br />
oeufs de parasites (schistosomes), etc.<br />
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b) Des substances chimiques<br />
sans rapport avec un processus infectieux:<br />
• Phospholipides, qu’ils proviennent de la nécrose de cellules adipeuses ou de<br />
la nécrose de cellules sébacées (acné rosacée) ou qu’ils soient élaborés par<br />
des cellules tumorales (séminome - goniome).<br />
• Métaux lourds: Berrylium, Zirconium.<br />
• Pneumallergènes: pneumopathie granulomateuse (cf. infra).<br />
c) Granulomatoses orphelines<br />
Il est enfin des maladies dans lesquelles le stimulus antigénique responsable<br />
de la réaction tuberculoïde demeure inconnu ou controversé, c’est le cas de la<br />
maladie de Besnier-Boeck-Schaumann (B.B.S. ou sarcoïdose). La Maladie de<br />
Horton ou Artérite temporale à cellules géantes, grave dans ses conséquences<br />
ischémiques, rentre dans ce cadre.<br />
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Lame de travaux-pratiques :<br />
Ganglion lymphatique sarcoïdosique<br />
La sarcoïdose (Maladie de Besnier-Boeck-Schaumann) est une maladie de<br />
cause inconnue, caractérisée par la diffusion multi-tissulaire de granulomes<br />
tuberculoïdes épithélioïdes et giganto-cellulaires, sans nécrose.<br />
La vue d'ensemble répond à un ganglion lymphatique difficile à reconnaître<br />
comme tel. On se repèrera sur la forme générale arrondie de l'organe, sur la<br />
persistance de zone sombres qui à plus fort grossissement se révèlent riches en<br />
cellules lymphoïdes.<br />
A plus fort grossissement on retrouve des amas cellulaires de tonalité colorée<br />
rose, de forme grossièrement arrondie qui correspondent aux follicules<br />
tuberculoïdes.<br />
L'intérêt de la préparation repose sur l'analyse du contenu cellulaire de ces<br />
follicules. Ils sont constitués de cellules à cytoplasme éosinophile, qui quand elles<br />
sont mononucléées sont appelées cellules épithélioïdes, du fait d'une vague<br />
ressemblance avec les cellules épithéliales cylindriques polarisées. Les limites du<br />
cytoplasme sont peu marquées, le noyau, vu en incidence favorable, est<br />
typiquement incurvé en semelle de botte. Ces cellules sont d'origine histogénétique<br />
monocytaire. Elles peuvent fusionner, réalisant des polycaryons appelés cellules<br />
géantes. Ces amas cellulaires sont donc nommés nodules épithélioïdes et gigantocellulaires.<br />
Ils sont entourés d'une couronne lymphocytaire, parfois de fibrose<br />
collagène.<br />
L'analyse de l'ensemble de cette <strong>inflammation</strong> granulomateuse ne retrouve<br />
aucune plage de nécrose significative. Ceci joint à la floridité de la réaction cellulaire<br />
d'hypersensibilité permet de proposer le diagnostic d'<strong>inflammation</strong> ganglionnaire<br />
nodulaire spécifique non nécrosante, donc très probablement de Maladie de<br />
Besnier-Boeck-Schaumann; néanmoins d'autres diagnostics seraient possibles.<br />
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Planche photographique: voir document séparé des travauxpratiques<br />
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Lame de travaux-pratiques :<br />
Artérite temporale à cellules géantes<br />
Maladie de Horton<br />
Affection inflammatoire granulomateuse de la paroi des artères de moyen et<br />
petit calibre, de cause inconnue. La confirmation histologique du diagnostic est<br />
recherchée sur une biopsie suffisamment longue d'une artère temporale.<br />
Les préparations histologiques comportent plusieurs sections transversales du<br />
même vaisseau. On recherchera un plan de coupe favorable où la media du<br />
vaisseau est presque intacte, ce qui permet de reconnaître une paroi musculaire<br />
lisse artérielle. La limite entre cette media et l'intima pathologique est festonnée, ce<br />
qui signale la lame élastique interne. À l'extérieur l'enveloppe conjonctive prend le<br />
nom d'adventice. Elle comporte des rameaux nerveux autonomes.<br />
Mais sur la plupart des plans de coupe la media est le siège d'une<br />
<strong>inflammation</strong> d'hypersensibilité de type IV, caractérisée par la présence d'un infiltrat<br />
inflammatoire lymphocytaire et histiocytaire destructeur. Dans ce granulome les<br />
cellules géantes d'origine monocytaire sont les plus spectaculaires. Il s'y associe des<br />
amas lymphocytaires denses.<br />
On note comme particularité que ces lésions granulomateuses sont<br />
segmentaires, c'est-à-dire comme on l'a déjà vu qu'elles sont inégales d'une section<br />
transversale à l'autre, et qu'elles peuvent n'affecter qu'un secteur de la<br />
circonférence.<br />
Les petites collatérales artérielles de l'artère temporale sont ici quasiment<br />
intactes. Le granulome ignore les veines.<br />
Une conséquence majeure de la destruction granulomateuse de la media est<br />
l'épaississement fibroblastique et oedémateux de l'intima. Cette sténose pourra se<br />
compléter par une oblitération thrombotique avec toutes ses conséquences<br />
ischémiques.<br />
De ce fait la Maladie de Horton est une urgence médicale vraie, car seul un<br />
traitement anti-inflammatoire lourd pourra prévenir l'oblitération de l'artère<br />
ophtalmique, cause de cécité ou d'autres artères viscérales, par exemple coronaires.<br />
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2. - ÉLÉMENTS DE VOCABULAIRE<br />
Les lésions de granulome épithélioïde et giganto-cellulaire dont nous avons vu<br />
les étiologies multiples sont d’observation assez courante sur divers prélèvements et<br />
seront souvent mentionnées dans les comptes rendus d’examens anatomopathologiques.<br />
Il est donc important de préciser le sens de certains mots.<br />
A) INFLAMMATION GRANULOMATEUSE<br />
Le terme de granulome désigne l’ensemble des éléments cellulaires présents<br />
dans un foyer inflammatoire. Dans le cas particulier du granulome épithélioïde et<br />
giganto-cellulaire, on parlera de granulome tuberculeux si l’on a la preuve de la<br />
tuberculose, et de granulome tuberculoïde si le diagnostic de tuberculose apparaît<br />
improbable.<br />
En Anglais et en Américain cependant, le terme de granulome a un sens<br />
restrictif et désigne uniquement les granulomes histiocytaires et particulièrement le<br />
granulome épithélioïde avec ou sans cellules géantes. L’adjectif granulomateux a<br />
subi une contamination à partir de la littérature anglo-américaine et désigne<br />
actuellement de plus en plus les affections où l’on observe des granulomes<br />
épithélioïdes. Exemples: pneumopathie granulomateuse, hépatite granulomateuse.<br />
B) INFLAMMATION SPÉCIFIQUE<br />
L’habitude est restée d’employer le terme d’<strong>inflammation</strong> (ou de granulome)<br />
spécifique pour désigner le granulome tuberculoïde. Il faut cependant bien voir que<br />
l’image histologique n’est plus qu’un des éléments de la discussion qui va permettre<br />
un diagnostic étiologique. Celui-ci dépend finalement des données de l’anamnèse,<br />
de la clinique, de la bactériologie et des réactions séro-immunologiques, confrontées<br />
aux données de l’anatomie pathologique. Le champ des hypothèses de l’anatomopathologiste<br />
se rétrécit si les renseignements cliniques qui lui sont fournis sont<br />
précis. C’est ainsi, par exemple, que la notion d’une cuti-réaction négative fera<br />
rejeter le diagnostic de tuberculose, que l’indication d’une origine ethnique<br />
particulière pourra faire évoquer une mycose ou une parasitose, etc.<br />
Le siège du prélèvement a également son importance. La présence de<br />
granulomes tuberculoïdes au niveau de la plèvre est une quasi-certitude de<br />
tuberculose, alors qu’au niveau du foie il y a plusieurs dizaines d’étiologies possibles.<br />
Un autre élément peut intervenir dans la discussion: le granulome tuberculoïde<br />
survient le plus souvent dans un ensemble lésionnel dont les autres éléments ont<br />
valeur diagnostique. C’est ainsi que l’association d’un granulome tuberculoïde et<br />
d’une lésion de nécrose caséeuse est pratiquement spécifique, au moins en France,<br />
de la tuberculose. Par contre, l’association de granulome tuberculoïdes à une<br />
nécrose suppurée fait envisager d’autres hypothèses: infections à Chlamydia,<br />
pasteurelloses, brucelloses, mycoses.<br />
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