La convention pluriannuelle de pâturage - Le Journal des Maires
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Jdm7_61-62_FT <strong>convention</strong> <strong>pâturage</strong> 7/07/05 13:01 Page 62<br />
fiches techniques<br />
> suite <strong>de</strong> la page 61<br />
la volonté expresse <strong>de</strong>s parties appréciée souverainement<br />
par le juge compétent, c’est-à-dire le tribunal paritaire <strong>de</strong>s<br />
baux ruraux (art. L. 481-2 du Co<strong>de</strong> rural). Il convient donc<br />
d’être précis dans la rédaction (non imposée par la loi) du<br />
contrat, qui revêt, cependant, une incontestable utilité<br />
comme instrument <strong>de</strong> preuve <strong>de</strong> cette volonté. En effet, le<br />
bail rural est juridiquement possible, même lorsque le preneur<br />
n’a pas accès aux terres pendant certaines pério<strong>de</strong>s.<br />
Tel peut être le cas <strong>de</strong> la vente d’herbe qui permet le pacage<br />
<strong>de</strong>s animaux pendant une seule saison.<br />
<strong>La</strong> <strong>convention</strong> <strong>pluriannuelle</strong> <strong>de</strong> <strong>pâturage</strong> (CPP) apparaît<br />
ainsi comme une <strong>convention</strong> <strong>de</strong> droit commun régie par les<br />
dispositions <strong>de</strong>s articles 1714 et suivants du Co<strong>de</strong> civil et par<br />
l’article L. 481-1 du Co<strong>de</strong> rural. Mais la loi du 23 février 2005<br />
impose désormais une durée minimum <strong>de</strong> 5 ans, afin <strong>de</strong><br />
permettre à l’exploitant <strong>de</strong> satisfaire les engagements agrienvironnementaux<br />
pris nécessairement pour cette pério<strong>de</strong><br />
quinquennale, notamment dans le cadre <strong>de</strong>s contrats d’agriculture<br />
durable (voir le JdM d’avril 2005, p. 59) ou éligibles<br />
à l’in<strong>de</strong>mnité compensatoire <strong>de</strong> handicap naturel (ICHN).<br />
Ainsi, la CPP est conclue pour une durée d’au moins 5 ans<br />
et un loyer inclus dans les limites fixées pour les <strong>convention</strong>s<br />
<strong>de</strong> l’espèce par arrêté préfectoral, après avis <strong>de</strong> la<br />
chambre d’agriculture (mais, à défaut d’arrêté publié, la<br />
durée est alors <strong>de</strong> 5 ans).<br />
<strong>La</strong> CPP a une durée limitée et le bailleur n’est pas tenu <strong>de</strong><br />
donner congé ou <strong>de</strong> satisfaire quelque préavis (sauf disposition<br />
contractuelle contraire). <strong>Le</strong> preneur doit donc libérer<br />
les lieux à échéance, mais à défaut et si le bailleur ne réagit<br />
pas, la <strong>convention</strong> se renouvelle tacitement pour une<br />
durée <strong>de</strong> 5 ans.<br />
3. Un loyer encadré<br />
Conformément aux dispositions <strong>de</strong> l’article L. 484-1 du<br />
Co<strong>de</strong> rural, le prix du loyer est encadré par l’arrêté préfectoral,<br />
qui en fixe les limites. Si le loyer excè<strong>de</strong> les maxima<br />
autorisés, la <strong>convention</strong> <strong>pluriannuelle</strong> sera requalifiée<br />
par le juge en bail rural (Cass. civ. 3, 19 décembre 2000,<br />
n° 99-10798).<br />
A défaut d’arrêté, la valeur est déterminée par référence<br />
aux prix maxima et minima prévus par le statut du fermage<br />
(art. L. 411-11).<br />
L’article L. 411-15 du Co<strong>de</strong> rural a prévu un mo<strong>de</strong> particulier<br />
lorsque le bailleur est une personne morale <strong>de</strong><br />
droit public (commune, association foncière pastorale<br />
autorisée…), selon le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> conclusion du bail :<br />
☛ à l’amiable, le prix du fermage doit être compris entre<br />
les maxima et les minima prévus à l’article L. 411-11 ;<br />
☛ par adjudication : les enchères sont arrêtées dès que le<br />
prix offert pour le fermage atteint le montant maximum<br />
fixé par l’article L. 411-11. Dans ce cas, tous les enchérisseurs<br />
peuvent se porter preneur au prix maximum. En cas<br />
<strong>de</strong> pluralité d’enchérisseurs à ce prix, la commune-bailleur<br />
choisit parmi les enchérisseurs le bénéficiaire <strong>de</strong> la CPP. Elle<br />
peut aussi procé<strong>de</strong>r par tirage au sort.<br />
62 – <strong>Journal</strong> <strong>de</strong>s <strong>Maires</strong> – juillet-août 2005 – www.journal<strong>de</strong>smaires.com<br />
AFFAIRES RURALES<br />
4. <strong>La</strong> priorité d’attribution<br />
> <strong>La</strong> commune est propriétaire<br />
Lorsque le propriétaire-bailleur est une personne morale<br />
<strong>de</strong> droit public, le choix <strong>de</strong> l’exploitant n’est pas libre. Il<br />
relève <strong>de</strong>s modalités du même article L. 411-15 du Co<strong>de</strong><br />
rural, qui réserve, quel que soit le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> conclusion <strong>de</strong><br />
la CPP :<br />
✗ une priorité aux exploitants qui réalisent une installation.<br />
De plus, celle-ci doit bénéficier <strong>de</strong> la dotation aux jeunes<br />
agriculteurs (DJA) ;<br />
✗ à défaut, aux exploitants <strong>de</strong> la commune répondant aux<br />
conditions <strong>de</strong> capacité professionnelle et <strong>de</strong> superficie<br />
(art. L. 331-2).<br />
A noter ■ Pour être exploitant <strong>de</strong> la commune, il suffit d’avoir <strong>de</strong>s<br />
terres en propriété ou en jouissance sur le territoire, mais pas nécessairement<br />
le siège d’exploitation ou le domicile (Rép. min. à la QE<br />
n° 17703, JO Sénat (Q) du 26 décembre 1996).<br />
> <strong>Le</strong> propriétaire est une section <strong>de</strong> commune<br />
<strong>La</strong> section <strong>de</strong> commune est une portion du territoire communal<br />
possédant à titre permanent et exclusif <strong>de</strong>s biens ou<br />
<strong>de</strong>s droits distincts <strong>de</strong> ceux <strong>de</strong> la commune. Ils peuvent être<br />
mobiliers ou immobiliers et relèvent du domaine privé <strong>de</strong><br />
la section. <strong>Le</strong>ur gestion incombe à la commission syndicale<br />
et à son prési<strong>de</strong>nt. A défaut, c’est au conseil municipal et<br />
au maire <strong>de</strong> rattachement <strong>de</strong> la section.<br />
<strong>La</strong> loi <strong>de</strong> développement <strong>de</strong>s territoires ruraux, lorsque le<br />
propriétaire-bailleur est une section <strong>de</strong> commune (art.<br />
L. 2411-10 du Co<strong>de</strong> général <strong>de</strong>s collectivités territoriales),<br />
a clarifié l’ordre d’attribution en instituant la hiérarchie<br />
suivante :<br />
✗ priorité au profit <strong>de</strong>s exploitants ayant un domicile réel<br />
et fixe ainsi que le siège d’exploitation sur la section et, le<br />
cas échéant, au profit <strong>de</strong>s exploitants ayant un bâtiment<br />
d’exploitation hébergeant pendant la pério<strong>de</strong> hivernale<br />
leurs animaux sur la section. L’expression « le cas échéant »<br />
crée une hiérarchie, puisque les exploitants visés ne bénéficient<br />
que du reliquat <strong>de</strong>s biens à attribuer ;<br />
✗ à défaut, au profit <strong>de</strong>s personnes exploitant <strong>de</strong>s biens sur<br />
le territoire <strong>de</strong> la section et résidant sur le territoire <strong>de</strong> la<br />
section ;<br />
✗ à titre subsidiaire, au profit <strong>de</strong>s personnes exploitant seulement<br />
<strong>de</strong>s biens sur le territoire <strong>de</strong> la section.<br />
<strong>La</strong> loi du 23 février 2005 permet au conseil municipal ou à<br />
la commission syndicale <strong>de</strong> reprendre <strong>de</strong>s biens sectionnaux<br />
en fin <strong>de</strong> contrat, lorsque le preneur d’un bail ne remplit<br />
plus les conditions d’attribution du lot.<br />
A noter ■ <strong>Le</strong> bien sectionnal peut être également loué par « bail rural »<br />
et non plus seulement par « bail à ferme », ce qui comprend donc, désormais,<br />
le bail emphytéotique et les <strong>convention</strong>s <strong>de</strong> mise à disposition<br />
– par le biais <strong>de</strong> la SAFER, par exemple (art. L. 142-6 du Co<strong>de</strong> rural).<br />
Michel Casassus<br />
chargé d’enseignement en DESS <strong>de</strong> droit agricole<br />
université Paris I - Panthéon Sorbonne