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23.06.2013 Views

Groupe Consensus Attitudes Il faut hospitaliser les AVC en unité neurovasculaire L’épidémiologie des AVC : le Registre dijonnais Sténose serrée de la bifurcation carotidienne : quelle place pour le traitement endovasculaire ? Prévention des accidents thromboemboliques cérébraux Prévention secondaire après un infarctus cérébral ou un AIT non cardio-emboliques Démences vasculaires : le traitement antihypertenseur est essentiel Cas clinique Stenting carotidien et chirurgie cardiaque Congrès Session commune Société française de cardiologie-Société française neuro-vasculaire Art & Cœur La destruction d’un cœur de rubis par Jacques Prévert NEUROVASCULAIRE ÉDITION SPÉCIALE ● ●

Groupe <strong>Consensus</strong><br />

Attitudes<br />

Il faut hospitaliser les AVC en unité<br />

neurovasculaire<br />

L’épidémiologie des AVC : le Registre dijonnais<br />

Sténose serrée de la bifurcation<br />

carotidienne : quelle place pour le<br />

traitement endovasculaire ?<br />

Prévention des accidents<br />

thromboemboliques<br />

cérébraux<br />

Prévention secondaire après un infarctus<br />

cérébral ou un AIT non cardio-emboliques<br />

Démences vasculaires : le traitement<br />

antihypertenseur est essentiel<br />

Cas clinique<br />

Stenting carotidien et chirurgie cardiaque<br />

Congrès<br />

Session commune Société française<br />

de cardiologie-Société française<br />

neuro-vasculaire<br />

Art & Cœur<br />

La destruction d’un cœur de rubis<br />

par Jacques Prévert<br />

NEUROVASCULAIRE<br />

ÉDITION SPÉCIALE<br />

● ●


Rédacteur en chef<br />

Nicolas Danchin<br />

Comité éditorial<br />

Éric Abergel<br />

Christophe Bauters<br />

Stéphane Cosson<br />

Nicolas Danchin<br />

Jean-Noël Fabiani<br />

François Luizy<br />

Jean-Michel Mallion<br />

Jean-Jacques Mourad<br />

Comité scientifique<br />

et de lecture<br />

Loïc Belle<br />

Alain Berrebi<br />

Didier Blanchard<br />

Eric Bruckert<br />

Philippe Buffet<br />

Romain Cador<br />

Yves Cottin<br />

Nicolas Danchin<br />

Denis Duboc<br />

Laurent Fauchier<br />

Pascal Guéret<br />

Alain Hagège<br />

Yves Juillière<br />

Serge Kownator<br />

Jean-François Leclercq<br />

Jean-Yves Le Heuzey<br />

Nicolas Méneveau<br />

Hugues Milon<br />

François Philippe<br />

Pascal Poncelet<br />

Hanna Raffoul<br />

Simon Weber<br />

Directeur de la publication<br />

Yves Nadjari<br />

Directeur médical<br />

Anne Teyssédou-Mairé<br />

Éditeurs<br />

Alexandre Nadjari<br />

Fabrice Nadjari<br />

Secrétaire de rédaction<br />

Virginie Condamine<br />

Chargée de clientèle<br />

Muriel Fixot<br />

Coordination commerciale<br />

Valérie Renouf<br />

Congrès<br />

Jiriane Kouevi<br />

Christine Salinas<br />

Rédactrice graphiste<br />

Lara Eve<br />

Groupe <strong>Consensus</strong><br />

MEDIQUID, 122, rue d’Aguesseau,<br />

92641 Boulogne-Billancourt Cedex<br />

Téléphone : 01 55 38 91 85<br />

Rédaction : redaction@mediquid.fr<br />

Publicité : publicite@mediquid.fr<br />

Editorial<br />

ISSN : 1767-5162<br />

Site internet : www.consensus-medical.com<br />

Corlet Imprimeur SA - ZI, route de Vire<br />

14110 Condé-sur-Noireau, France<br />

Prix au numéro : 4,50 €<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 40 Juin 2008<br />

Si les bienfaits du sport sur la santé sont - à mon sens - contestables, ses effets favorables<br />

sur le système cardiovasculaire sont indéniables. Pourtant, il est des circonstances où le<br />

sport peut majorer le risque d'accident cardiaque, comme cela a été bien démontré dans<br />

une étude allemande de qualité parue il y a peu (1) …<br />

Dans leur travail épidémiologique, les auteurs ont analysé la survenue des accidents cardiovasculaires<br />

(infarctus, mort subite, troubles du rythme ventriculaire graves) dans la région de Munich<br />

pendant la Coupe du monde de football de 2006. L'analyse a été détaillée, séparant les jours où<br />

l'équipe d'Allemagne avait joué des jours où elle n'était pas sur le terrain, et comparant la fréquence<br />

des événements à celle de plusieurs périodes contrôles : mois précédant et suivant la<br />

Coupe du monde en 2006, et mêmes mois (juin-juillet) de 2003 et 2005. L'année 2004 a été intentionnellement<br />

« oubliée » car avait lieu aux mêmes dates une coupe d'Europe de football.<br />

Les résultats sont impressionnants. Globalement, les accidents cardiaques ont été multipliés par<br />

près de 3 (odds ratio = 2,66 ; intervalle de confiance 2,33 à 3,04) les jours où l'Allemagne jouait,<br />

par rapport à la période de référence. En revanche, le risque n'était pas significativement différent<br />

les jours où l'équipe allemande n'était pas impliquée (odds ratio = 1,10). L'excès de risque a touché<br />

les deux sexes, mais plus encore les hommes que les femmes (odds ratio = 3,26 chez les<br />

hommes, 1,82 chez les femmes) et a été particulièrement sensible chez les sujets ayant des antécédents<br />

coronaires connus (odds ratio = 4,03). Les sujets sans antécédents ont néanmoins vu leur<br />

risque d'accident cardiaque doubler (odds ratio = 2,05). Tous les types d'accidents cardiaques<br />

recensés ont été concernés; ainsi, le risque d'infarctus avec sus-décalage de ST a été majoré par<br />

2,49, celui d'arythmies entraînant des symptômes sévères, par un facteur de 3,07.<br />

Il peut y avoir différentes lectures de ces résultats; en particulier, on pourrait penser que les Bavarois<br />

sont particulièrement nationalistes. Nous avons pourtant la preuve qu'il ne s'agit pas d'une<br />

spécificité allemande : 6 ans auparavant, à l'occasion d'une précédente Coupe du monde, nos amis<br />

d'outre-Manche avaient déjà rapporté un net excès de morts subites, lors d'une mémorable séance<br />

de tirs au but d'un match Argentine-Angleterre (2) ; l'histoire ne dit pas ce qu'il se passait au même<br />

moment en Argentine. En un mot, le sentiment nationaliste paraît largement partagé. Une autre<br />

hypothèse consisterait à faire le lien, qui serait lui aussi certainement significatif, entre la consommation<br />

aiguë de bière et le risque d'accident cardiaque; l'Allemagne comme l'Angleterre seraient<br />

bien placées pour confirmer cette hypothèse. Mais ce serait méconnaître la composante certainement<br />

la plus importante, liée à l'impact du stress émotionnel, qui peut déclencher les accidents cardiaques,<br />

comme en ont attesté des observations faites dans les suites de grands tremblements de<br />

terre à Thessalonique, au Japon, ou en Californie (3) .<br />

En bref, le sport, lorsqu'il est pratiqué avec fougue devant un écran de télévision, fait courir un<br />

risque accru d'accident cardiaque grave. Préparez-vous donc, si vous voulez suivre les prochains<br />

Jeux olympiques. Mon conseil serait, lorsque vous regarderez les compétitions, de délaisser la bière<br />

pour préférer un verre de vin rouge, dont on connaît les propriétés à la fois anxiolytiques et<br />

favorables sur le plan artériel…<br />

Et surtout que cela ne vous empêche pas de passer de bonnes vacances !<br />

1. N Engl J Med 2008; 358: 475-83.<br />

2. BMJ 2002; 325: 1439-42.<br />

3. N Engl J Med 1996; 334: 413-9.<br />

Rescapés de l’Euro,<br />

gare aux Jeux olympiques !<br />

Nicolas Danchin<br />

Rédacteur en chef<br />

3


Education sanitaire :<br />

le cardiologue en<br />

première ligne<br />

Il y a un certain nombre<br />

d’années, je m’apprêtais, par<br />

une belle après-midi, à<br />

« déguster » un match de haut<br />

niveau à Roland-Garros quand<br />

derrière moi un spectateur fit<br />

un arrêt cardiaque. Je le massais et le sortis<br />

d’affaire, le match fut arrêté pendant<br />

40 minutes, mais une vie valait bien cela.<br />

Depuis j’ai une sensibilité particulière au<br />

moment du tournoi, surtout lorsqu’une campagne<br />

sur les gestes qui sauvent a lieu.<br />

Imagine-t-on la puissance que les cardiologues<br />

ont dans toute la France au niveau des municipalités,<br />

des stades, des salles de sport, etc.,<br />

pour faire valoir l’importance de s’équiper en<br />

défibrillateurs et faire apprendre les gestes<br />

qui sauvent.<br />

Dans un autre registre, un de mes confrères<br />

me citait le cas d’une patiente qui buvait<br />

2 litres d’une eau minéralisée fortement sodée<br />

et avait une PAS à 200 mmHg. Il lui fit arrêter<br />

cette boisson, et sa PAS passa à 140 mmHg.<br />

À New York où j’étais le mois dernier, j’ai<br />

remarqué une publicité vantant l’absence de<br />

sodium dans certaines eaux minérales (y compris<br />

sur l’étiquette). Où en sommes-nous en<br />

France ? Pouvons-nous faire pression sur le<br />

ministère ? Rendons-lui grâce, lorsque nous<br />

avions dans l’éditorial du n°35 de <strong>Consensus</strong><br />

plaidé pour une meilleure information que le<br />

sous-titre rouge « Manger et Bouger… » figurant<br />

sur tous les produits alimentaires, nous<br />

ne pensions pas qu’une campagne de lutte<br />

contre l’obésité infantile allait encadrer les<br />

publicités alimentaires diffusées sur les chaînes<br />

télévisées.<br />

Apportons donc le poids de la cardiologie<br />

(de ville et hospitalière) qui a plébiscité notre<br />

journal pour dire que, par l’intermédiaire de<br />

nos lecteurs, nous sommes partie prenante<br />

dans toute réflexion en ce domaine, car c’est<br />

le cardiologue qui, en définitive, sera le maître<br />

d’œuvre et surtout la référence scientifique<br />

d’une telle démarche dans toute la France.<br />

Au plaisir, à mon tour, de vous lire sur ce sujet.<br />

Amicalement<br />

Sommaire numéro 40 Juin 2008<br />

Yves Nadjari<br />

Directeur de la publication<br />

ynadjari@mediquid.fr<br />

Ce numéro comporte un supplément de 12 pages :<br />

« Peut-on réellement traiter le patient hypertendu<br />

selon les recommandations ? La théorie et la pratique»,<br />

un 4 pages « REACH : mieux dépister les<br />

patients polyartériels » et un encart 4 pages « Avantpremière<br />

25 e Salon <strong>Consensus</strong> Cardio & Pratique ».<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 40 Juin 2008<br />

Éditorial<br />

3 Rescapés de l’Euro, gare aux Jeux olympiques !<br />

Nicolas Danchin<br />

Attitudes<br />

7 L'IRM en post-infarctus<br />

Nicolas Meneveau<br />

12 Conduite à tenir devant la découverte d’une HVG chez un sportif<br />

Richard Brion, François Carré<br />

18 Fibrillation auriculaire et ALD :<br />

lecture critique des recommandations de la HAS<br />

Laurent Fauchier<br />

20 La mort subite dans les cardiopathies congénitales :<br />

incidence, facteurs prédictifs et prévention<br />

Elisabeth Villain<br />

22 Les valvulopathies familiales existent-elles vraiment ?<br />

Vincent Probst<br />

Généalogie<br />

NOUVELLE RUBRIQUE<br />

24 Histoire du gène des laminopathies<br />

Denis Duboc<br />

Art et Cœur<br />

29 Le cœur de Louise Bourgeois<br />

Carole Libercier<br />

Question juridique<br />

30 Inaptitude du patient à la conduite automobile : que faire ?<br />

Frédérique Claudot, Yves Juillière<br />

Cahier diabétologie<br />

35 Editorial<br />

Serge Halimi<br />

36 Les nouveaux insulinosécréteurs dans le traitement du diabète de type 2<br />

Serge Halimi<br />

40 Les sulfonylurées n’exercent pas toutes la même protection cardiovasculaire<br />

Marie Virally<br />

43 Le diabète de type 2 sous l’angle physiopathologique de l’hyperglucagonémie<br />

Anne Teyssédou<br />

Congrès<br />

45 Printemps de la cardiologie (Montpellier)<br />

Actualité du médicament<br />

52 - 54<br />

ERRATUM<br />

Dans le n°39 de <strong>Consensus</strong> Cardio Spécial Neurovasculaire, le Cas clinique «Stenting carotidien et<br />

chirurgie cardiaque» a été rédigé par l’équipe de l’hôpital Sainte-Anne<br />

Photos couverture : DR et Getty Images<br />

5


Attitudes Avant-propos<br />

6<br />

<strong>Consensus</strong> Cardio<br />

fête ses 4 ans !<br />

Lorsque nous avons lancé <strong>Consensus</strong> Cardio il y a quatre ans nous n’imaginions pas<br />

le succès qu’allait rencontrer la revue et que l’ensemble de la cardiologie française,<br />

aussi bien hospitalière que libérale, la plébisciterait. Les raisons en sont simples :<br />

l’éthique et l’amitié qui nous lient, notre enthousiasme vivifié en permanence par toute<br />

l’équipe de notre revue, depuis le comité de rédaction jusqu’aux médecins, journalistes,<br />

concepteurs en interne. Notre ligne éditoriale «Du consensus à la pratique » anticipait<br />

nettement l’une des réflexions qui allait prendre de plus en plus d’importance, en particulier<br />

dans l’exercice quotidien du cardiologue.<br />

Il s’est passé tellement de choses en quatre ans : la polémique sur les stents actifs, la<br />

place de l’angiographie dans l’angor stable, le développement de l’ablation pour la fibrillation<br />

atriale, les raffinements de la prévention secondaire, l’impact croissant du diabète<br />

et du syndrome métabolique.<br />

Au fil de nos réunions éditoriales passionnées et passionnantes, nous avons construit<br />

pour vous cette revue qui se veut une référence en recommandations et en actualité<br />

pour la profession cardiologique. Le retour direct ou à travers le groupe éditeur<br />

<strong>Consensus</strong> est considérable montrant en permanence la richesse de notre spécialité.<br />

Notre clin d’œil vis-à-vis de vous, fidèles lecteurs, c’est que quatre ans est aussi l’âge de nos<br />

auteurs… en couverture ! Saurez-vous deviner qui est qui ?<br />

Nicolas Danchin<br />

Yves Nadjari<br />

Jean-Yves Le Heuzey<br />

Anne Teyssédou<br />

Nicolas Danchin Hugues Milon<br />

Serge Halimi Yves Juillière<br />

Yves Nadjari<br />

Albert Hagège<br />

Laurent Fauchier<br />

Pascal Guéret<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 40 Juin 2008


Nicolas Meneveau<br />

Pôle Cœur-Poumons,<br />

CHU Jean-Minjoz, Besançon<br />

Attitudes<br />

I FMC - recommandations - sociétés savantes - pratique clinique I<br />

L'IRM est devenue un examen de référence pour l'imagerie<br />

cardiaque morphologique et fonctionnelle. Elle présente<br />

un intérêt diagnostique et pronostique évident dans la prise<br />

en charge des patients en post-infarctus. Sa très bonne résolution<br />

spatiale offre une définition nette des structures tissulaires,<br />

tandis que l'imagerie de perfusion myocardique<br />

permet d’évaluer l’étendue de la zone nécrosée et son évolution<br />

dans le temps. En post-infarctus, l’injection de gadolinium<br />

permet d’apprécier les altérations de la microcirculation<br />

et l’extension transmurale de la nécrose, qui sont des<br />

facteurs prédictifs de remodelage ventriculaire gauche et<br />

de récupération fonctionnelle myocardique. Enfin, l'IRM de<br />

stress est aujourd’hui l’examen le plus performant pour évaluer<br />

la viabilité myocardique en post-infarctus.<br />

Etude de la fonction ventriculaire gauche<br />

en post-infarctus<br />

L'IRM est la méthode de référence pour analyser les volumes<br />

ventriculaires, la masse myocardique, la fraction d'éjection<br />

et la cinétique segmentaire. Le ciné-IRM, réalisé à partir<br />

de séquences en écho de gradient synchronisées à<br />

l'électrocardiogramme, donne une imagerie dynamique<br />

d'excellente qualité où le sang circulant apparaît en hypersignal<br />

et le myocarde en hyposignal. Ces séquences, réalisées<br />

lors d'une apnée de quelques secondes, sont non irradiantes<br />

et ne nécessitent pas d’injection de produit de<br />

contraste. Dans l'infarctus du myocarde, on observe une<br />

diminution de l'épaississement systolique associée à un amincissement<br />

diastolique de la paroi infarcie. Les séquences faisant<br />

appel à une technique de marquage myocardique<br />

(le tagging) permettent d'affiner l'analyse segmentaire de<br />

la fonction ventriculaire gauche. Le principe du tagging<br />

repose sur une présaturation du myocarde sous la forme de<br />

lignes orthogonales qui suivent les déformations des parois<br />

myocardiques en systole et en diastole.<br />

La qualité de l'imagerie anatomique, la bonne résolution spatiale<br />

et la visualisation des flux facilitent en outre le diagnostic<br />

des complications mécaniques du post-infarctus en IRM. Ce<br />

bénéfice s'applique en particulier au diagnostic des épanchements<br />

péricardiques, des communications interventriculaires,<br />

des insuffisances mitrales, des faux anévrysmes et des thrombi<br />

intracavitaires.<br />

Caractéristiques du post-infarctus en IRM<br />

Les séquences pondérées T1 sans injection de produit de<br />

contraste ne permettent pas de distinguer la zone infarcie<br />

du myocarde sain. Les séquences turbo spin-écho en pondération<br />

T2 permettent de diagnostiquer l’infarctus du myocarde,<br />

et d'en préciser le siège et l’étendue avec une excellente<br />

résolution spatiale. Toutefois, à la phase aiguë,<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 40 Juin 2008<br />

L'IRM en post-infarctus<br />

l'hypersignal observé surestime probablement la taille de<br />

l’infarctus.<br />

IRM de perfusion et post-infarctus<br />

L'imagerie de perfusion constitue un apport fondamental<br />

de l'IRM. Dans le contexte du post-infarctus, l’injection intraveineuse<br />

de gadolinium révèle les altérations de la microcirculation<br />

et de la perfusion tissulaire et permet<br />

l'identification de deux situations physiopathologiques :<br />

le no-reflow observé au cours du premier passage 1 minute<br />

après l’injection de gadolinium et le rehaussement tardif<br />

obtenu 1 à 30 minutes après l’administration de produit de<br />

contraste.<br />

Le phénomène de no-reflow<br />

En l'absence de lésions cellulaires, le gadolinium ne traverse<br />

pas la paroi cellulaire et se distribue exclusivement dans le<br />

secteur vasculaire extracellulaire. Dans ce cas, l’injection<br />

intraveineuse de gadolinium s'accompagne d’une prise<br />

rapide et uniforme de contraste au cours du «premier passage»<br />

(clairance de 1 à 2 minutes), suivie d’une élimination<br />

progressive (< 10 minutes). En post-infarctus, apparaît au<br />

centre de la zone infarcie un territoire en hyposignal par<br />

rapport au myocarde sain ou même nécrosé adjacent. Cet<br />

hyposignal précoce, de localisation souvent sous-endocardique,<br />

résulte de lésions cellulaires sévères avec œdème et<br />

obstruction capillaire. Ce défaut de perfusion observé lors<br />

du premier passage correspond à une arrivée retardée du<br />

produit de contraste (wash-in). Les études histopathologiques<br />

ont révélé une accumulation intravasculaire de neu-<br />

Phénomène de no-reflow avec hyposignal précoce observé<br />

au cours du premier passage (< 1 minute) dans le cadre d’un<br />

infarctus inférieur transmural.<br />

7


8<br />

Rehaussement tardif avec hypersignal observé à la 15 e minute dans le cadre d’un infarctus antérieur étendu.<br />

trophiles associée à une stase de globules rouges. Il s'agit<br />

d'une zone de no-reflow dont la prise de contraste très lente,<br />

supérieure à 5 minutes, correspond à un territoire myocardique<br />

non perfusé. L'hyposignal précoce après injection de<br />

gadolinium reflète donc la sévérité des lésions cellulaires<br />

myocardiques, responsable d'un défaut de reperfusion tissulaire,<br />

même après restauration du flux coronaire.<br />

Le rehaussement tardif<br />

Les lésions myocytaires observées en cas de nécrose myocardique<br />

sont à l'origine d'une stagnation du gadolinium dans<br />

les espaces extracellulaires (secteur interstitiel), entraînant<br />

un contraste tardif qui apparaît en hypersignal.<br />

Dans la zone pathologique, la clairance du gadolinium<br />

(wash-out) est rallongée du fait de l'augmentation du secteur<br />

extracellulaire, conséquence des ruptures de membranes<br />

cellulaires, de l'œdème interstitiel et éventuellement d'une<br />

augmentation de la matrice extracellulaire en phase<br />

subaiguë, ou de la cicatrice fibreuse en phase chronique. Le<br />

gadolinium s'accumule dans la zone infarcie au cours des<br />

10 à 15 minutes suivant l’injection, et s'élimine plus lentement<br />

(> 20 minutes). Cette technique, dite du rehaussement<br />

tardif, est extrêmement sensible dans l'identification de la<br />

zone infarcie, la détection des infarctus non transmuraux,<br />

des extensions au ventricule droit ou des nécroses de<br />

l'appareil sous-valvulaire. Elle se montre supérieure à toute<br />

autre imagerie, en particulier scintigraphique, PET comprise.<br />

L'hypersignal atteint initialement la zone sous-endocardique,<br />

et l’IRM permet de déterminer avec précision<br />

l'extension de la nécrose du sous-endocarde vers le sous-épicarde.<br />

Le rehaussement tardif n'est toutefois pas spécifique de<br />

l'infarctus. La prise de contraste tardive après injection de<br />

gadolinium représente, en effet, la fibrose myocardique<br />

quelle que soit son étiologie. Ainsi, des foyers de rehaussement<br />

tardif peuvent être observés dans le cadre des myo-<br />

cardiopathies, des pathologies de surcharge (amylose), ou<br />

inflammatoires (myocardite, sarcoïdose…).<br />

Intérêt de l’IRM en post-infarctus<br />

Evaluation de la taille de l’infarctus<br />

Le ciné-IRM visualise les anomalies de la cinétique segmentaire<br />

grâce à une excellente détection de l'endocarde. Les zones où<br />

la contraction myocardique apparaît réduite peuvent correspondre<br />

à un territoire infarci, hibernant ou sidéré. La quantification<br />

du volume du rehaussement tardif permet le calcul<br />

de la taille de l’infarctus exprimée en pourcentage de la masse<br />

ventriculaire. En phase aiguë, le rehaussement tardif correspond<br />

à l'addition du myocarde nécrosé et de l'œdème périphérique.<br />

Au-delà, il apporte des arguments déterminants<br />

dans l'évaluation de la viabilité myocardique. Les zones de<br />

rehaussement tardif correspondent le plus souvent à du myocarde<br />

non viable, et permettent la différenciation des états de<br />

sidération ou d'hibernation. Les mesures répétées de la taille<br />

de l'infarctus à partir de la zone de rehaussement tardif font<br />

apparaître une réduction de 28% à 8 mois liée au remplacement<br />

du tissu nécrotique par du tissu cicatriciel fibreux.<br />

Impact pronostique du rehaussement tardif<br />

L'étendue du rehaussement tardif est étroitement corrélée à<br />

la récupération fonctionnelle des troubles de la cinétique segmentaire<br />

et à la survenue d’un remodelage ventriculaire<br />

gauche péjoratif à distance de l'infarctus. La récupération de<br />

la contractilité myocardique après revascularisation est inversement<br />

corrélée au degré d'extension transmurale de la nécrose<br />

(Figure 1). Un hypersignal inférieur à 25% de l'épaisseur pariétale<br />

s'accompagne d'une probabilité de récupération fonctionnelle<br />

de l’ordre de 70%. À l'inverse, lorsque l’épaisseur de<br />

l’hypersignal est supérieure à 75% (nécrose transmurale), la<br />

probabilité de récupération fonctionnelle est virtuellement<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 40 Juin 2008


Amélioration de la contractilité (%)<br />

Segments avec hypokinésie sévère,<br />

akinésie ou dyskinésie<br />

100<br />

90<br />

80<br />

70<br />

60<br />

50<br />

40<br />

30<br />

20<br />

10<br />

0<br />

128/148<br />

0<br />

56/86<br />

1-25<br />

29/68<br />

26-50<br />

10/103<br />

51-75<br />

Figure 1. Relation entre l’extension transmurale du rehaussement<br />

tardif et l’amélioration de la contractilité segmentaire<br />

après revascularisation (d’après Kim R, et al.<br />

N Engl J Med 2000 ; 343 : 1445-53).<br />

nulle et le risque de remodelage péjoratif très élevé. Le degré<br />

de transmuralité a toutefois ses limites, et il existe une large<br />

zone d'incertitude où le seul rehaussement n'est pas capable<br />

de déterminer la possibilité de récupération. En particulier,<br />

lorsque l’épaisseur du rehaussement tardif varie entre 25 et<br />

75%, la probabilité de récupération fonctionnelle est de l'ordre<br />

de 50%, soit une chance sur deux.<br />

Impact pronostique de l’obstruction microvasculaire<br />

L'obstruction microvasculaire définie par une zone<br />

d'hyposignal lors du premier passage reflète l'état de la<br />

microvascularisation et de l'endothélium (Figure 2). Son<br />

incidence au décours d'un infarctus myocardique transmural<br />

aigu varie entre 25 et 87%. Il s'agit d'un phénomène<br />

évolutif dans le temps au décours de la reperfusion myocardique.<br />

Les modèles expérimentaux animaux rapportent<br />

une extension de la zone de no-reflow au cours des premières<br />

48 heures, puis une stabilisation pendant la<br />

première semaine et une disparition complète en règle<br />

générale après quelques mois. Certains auteurs ont<br />

suggéré que ces lésions d’obstruction microvasculaire pourraient<br />

correspondre aux lésions myocardiques d'ischémiereperfusion.<br />

Le phénomène de no-reflow a également une implication<br />

pronostique importante. La persistance d'une obstruction<br />

microvasculaire au 10 e jour d'un infarctus transmural reperfusé<br />

est étroitement corrélée à la taille de l'infarctus et<br />

associée à la survenue d'événements cardiovasculaires<br />

graves incluant décès, récidive d’infarctus, insuffisance cardiaque,<br />

ou revascularisation. La taille réelle de l'infarctus<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 40 Juin 2008<br />

0/57<br />

76-100<br />

Extension transmurale du rehaussement tardif (%)<br />

Survie sans événement en fonction<br />

de la présence ou non d’une obstruction<br />

microvasculaire<br />

Survie sans événement (%)<br />

100<br />

95<br />

90<br />

85<br />

80<br />

75<br />

70<br />

65<br />

p = 0,044<br />

Sans obstruction microvasculaire<br />

60<br />

0 50 100 150 200 250 300<br />

Temps (jours)<br />

Avec obstruction microvasculaire<br />

Figure 2. (d’après Hombach V, et al. Eur Heart J 2005 ; 26 :<br />

549-57).<br />

semble étroitement corrélée à cette zone d'hyposignal précoce,<br />

dont l'étendue au cœur de la zone infarcie constitue<br />

un facteur de mauvais pronostic lié au développement de<br />

la cicatrice fibreuse et à un remodelage péjoratif. En particulier,<br />

il est établi que la persistance d'une zone de noreflow<br />

au décours d'une reperfusion précoce (par traitement<br />

fibrinolytique ou angioplastie) est associée à l'absence<br />

de récupération fonctionnelle en termes de cinétique segmentaire<br />

à 7 semaines.<br />

Evaluation de la viabilité myocardique<br />

post-infarctus<br />

L'extension transmurale du rehaussement tardif permet, on<br />

l’a vu, de prédire la récupération de la contractilité segmentaire<br />

après revascularisation. Lorsque le score de transmuralité<br />

est intermédiaire, entre 25 et 75%, il est nécessaire de<br />

compléter l'analyse par un stress pharmacologique visant à<br />

identifier une réserve contractile.<br />

L'IRM de stress est devenue l'examen de référence dans<br />

l'évaluation de la viabilité myocardique post-infarctus<br />

compte tenu de sa capacité à combiner à la fois les informations<br />

anatomiques et fonctionnelles. La réalisation d'une<br />

IRM de stress fait appel à une technique identique à celle<br />

utilisée en échographie. La même étude est réalisée au repos,<br />

puis sous perfusion de dobutamine à faibles doses en plusieurs<br />

paliers (< 10 µg/kg/min). Un segment est dit viable<br />

s'il gagne un grade de score de cinétique segmentaire<br />

(un segment akinétique au repos devient hypocinétique, ou<br />

un segment hypocinétique au repos devient normocinétique<br />

9


10<br />

sous stress). La présence d'un amincissement pariétal télédiastolique<br />

inférieur à 5,5 mm témoigne d'une fibrose transmurale<br />

incompatible avec une viabilité myocardique. Pour<br />

autant, une épaisseur pariétale supérieure à cette valeur<br />

n'est pas une preuve de viabilité : au-delà de 5,5 mm<br />

d'épaisseur, seuls 62% des segments sont viables. La quantification<br />

de l'épaississement myocardique en diastole sous<br />

faibles doses de dobutamine est prédictive d'une récupération.<br />

En effet, un gain d’épaississement sous dobutamine<br />

inférieur à 2 mm signe l'absence de viabilité myocardique<br />

dans 84% des cas. Lorsque cet épaississement est supérieur<br />

à 2 mm, une récupération de la contractilité segmentaire<br />

est obtenue dans 79% des cas après revascularisation.<br />

Ces paramètres confèrent une sensibilité de 89% et une spécificité<br />

de 94% pour prédire une récupération fonctionnelle<br />

après revascularisation. Associée à l'analyse de l'épaisseur<br />

myocardique, l'IRM de stress sous dobutamine est donc hautement<br />

prédictive d'une viabilité myocardique. La combinaison<br />

de l'évaluation du caractère transmural du rehaussement<br />

tardif et de la réponse de la contractilité segmentaire<br />

sous dobutamine paraît souhaitable avant revascularisation<br />

chez les patients à haut risque ayant une dysfonction ventriculaire<br />

gauche sévère.<br />

En conclusion<br />

En post-infarctus, l'IRM fournit des renseignements déterminants<br />

d'ordre diagnostique, mais également pronostique.<br />

L'obstruction microvasculaire et le rehaussement tardif sont<br />

de puissants facteurs pronostiques de l’évolution clinique,<br />

indépendamment de la fraction d'éjection ventriculaire<br />

gauche ou de la taille de l'infarctus. L'IRM permet en outre<br />

d'évaluer la viabilité myocardique en post-infarctus à la fois<br />

sur la simple mesure de l'épaississement pariétal diastolique,<br />

sur l'extension transmurale du rehaussement tardif, et sur<br />

l'analyse de la cinétique segmentaire sous faibles doses de<br />

dobutamine. Ces éléments sont aujourd'hui à prendre en<br />

compte avant revascularisation chez les patients peu<br />

échogènes ou ayant une dysfonction ventriculaire gauche<br />

sévère. ■<br />

Pour toute correspondance avec l’auteur<br />

nicolas.meneveau@univ-fcomte.fr<br />

Pour en savoir plus<br />

- Kim R, et al. Relationship of MRI delayed contrast-enhancement to irreversible<br />

injury, infarct age, and contractile function. Circulation 1999; 100: 1992-<br />

2001.<br />

- Kim R, et al. The use of contrast-enhancement MRI to identify reversible myocardial<br />

dysfunction. N Engl J Med 2000; 343: 1445-53.<br />

- Hombach V, et al. Sequelae of acute myocardial infarction regarding cardiac<br />

structure and function and their prognostic significance as assessed by MRI.<br />

Eur Heart J 2005 ; 26 : 549-57.<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 40 Juin 2008


12<br />

Richard Brion *<br />

François Carré **<br />

* Dieulefit Santé, Dieulefit<br />

** Hôpital Pontchaillou, Rennes<br />

Attitudes<br />

I FMC - recommandations - sociétés savantes - pratique clinique I<br />

La distinction entre hypertrophie cardiaque liée au sport et cardiopathie<br />

est le plus souvent simple, mais peut parfois être<br />

d’une grande complexité. Les conclusions en termes d’aptitude<br />

à la pratique sportive reposent alors souvent davantage sur<br />

des arguments probabilistes que sur des certitudes. Ces difficultés<br />

nous ont incités à proposer des recommandations adaptées<br />

au contexte français*.<br />

L’hypertrophie cardiaque du sportif<br />

Nature<br />

L’hypertrophie cardiaque (HC), synonyme d’hypertrophie myocardique,<br />

est due à une hypertrophie myocytaire. C’est le plus<br />

souvent un mécanisme d’adaptation à une contrainte, qui peut<br />

être soit physiologique (croissance, grossesse, pratique sportive<br />

intense), soit pathologique (hypertension artérielle, anomalie<br />

génétique…).<br />

L’HC du sportif diffère totalement des hypertrophies secondaires<br />

à des contraintes pathologiques où l’HVG majeure est associée<br />

à une fibrose importante et à une inadéquation vasculaire.<br />

L’hypertrophie du sportif est par définition non pathologique<br />

et indemne de complications.<br />

Limites habituelles<br />

Chez le sportif, l’échocardiogramme transthoracique de repos<br />

peut être normal ou révéler des modifications de la morphologie<br />

cardiaque de type hypertrophie-dilatation sur les quatre<br />

cavités. Ces modifications équilibrées et proportionnelles<br />

s’observent dans les deux sexes et à tout âge. Elles restent dans<br />

la majorité des cas modérées, aux limites supérieures de la normale<br />

et loin des valeurs relevées en pathologie.<br />

La comparaison entre les valeurs observées dans une population<br />

sédentaire témoin et des populations sportives montre que<br />

le diamètre ventriculaire gauche est en moyenne majoré de<br />

3 à 6 mm et l’hypertrophie pariétale de 2 à 3 mm. Des modifications<br />

plus importantes ne sont observées que dans moins de<br />

5% des cas. Cette HC est associée à un remplissage VG souvent<br />

« supranormal » et à une fraction d’éjection ventriculaire gauche<br />

dans les limites de la normale.<br />

Facteurs déterminants<br />

- Le niveau d’entraînement<br />

L’HC du sportif ne s’observe que chez des pratiquants ayant un<br />

haut niveau d’entraînement, c'est-à-dire au moins 10 heures<br />

* Membres du comité de réflexion : J.-F. Aupetit, E. Abergel, L. Auriacombe,<br />

R. Carlioz, P. Charron, H. Douard, P. Fornes, A. Hagège, P. Mabo,<br />

M.-C. Malergue, E. Mousseaux, P. Obert, J.-F. Paul.<br />

Conduite à tenir devant<br />

la découverte d’une HVG<br />

chez un sportif<br />

par semaine à plus de 60% de la consommation maximale<br />

d’oxygène (VO2 max), et est associée à une performance<br />

physique correspondant à l’entraînement suivi.<br />

- Le sexe<br />

Chez l’homme adulte sportif<br />

L’épaisseur pariétale est rarement supérieure à 13 mm.<br />

Entre 13 et 15 mm, elle doit être considérée dans une zone<br />

d’incertitude diagnostique réclamant un bilan complémentaire<br />

complet avant que ne soit proposée une attitude définitive.<br />

Une épaisseur pariétale supérieure à 15 mm est,<br />

jusqu’à preuve du contraire, en faveur d’une cause pathologique<br />

d’hypertrophie.<br />

Classiquement, le diamètre ventriculaire gauche chez le<br />

sportif dépasse rarement 60 mm en télédiastole et exceptionnellement<br />

70 mm. Ces grandes dilatations sont plus<br />

souvent observées chez des sportifs hyperendurants,<br />

comme les cyclistes sur route, ou présentant des surfaces<br />

corporelles importantes. La limite de normalité est de<br />

31 mm/m 2 .<br />

Chez la femme adulte sportive<br />

L’épaisseur pariétale du VG ne dépasse qu’exceptionnellement<br />

12 mm. Le diamètre ventriculaire gauche en télédiastole<br />

dépasse rarement 55 mm et exceptionnellement<br />

65 mm (sportives hyperendurantes, surfaces corporelles<br />

importantes).<br />

- L’âge<br />

Chez les filles comme chez les garçons prépubertaires, les<br />

modifications sont moins nettes et se limitent à une dilatation<br />

cavitaire sans hypertrophie pariétale réactionnelle significative<br />

qui reste modérée sans dépasser 12 mm avec une<br />

fonction diastolique souvent «supranormale». Chez les sportifs<br />

vétérans, qui débutent tard dans la vie un entraînement<br />

intense, un épaississement pariétal prédominant sans nette<br />

dilatation ventriculaire gauche a été décrit.<br />

- L’influence du dopage sur l’hypertrophie cardiaque<br />

du sportif<br />

Les données de la littérature sont assez contradictoires, et<br />

il est aujourd’hui difficile d’affirmer quels sont les effets<br />

du dopage sur la morphologie et la fonction myocardiques<br />

du sportif. Cependant, certaines données cliniques et expérimentales<br />

semblent en faveur du développement d’une<br />

hypertrophie concentrique après prise d’anabolisants et/ou<br />

d’hormone de croissance et d’une hypertrophie excentrique<br />

après utilisation d’érythropoïétine.<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 40 Juin 2008


Diagnostic différentiel entre hypertrophie<br />

ventriculaire gauche du sportif<br />

et hypertrophie pathologique<br />

Les problèmes diagnostiques concernent les hypertrophies pariétales<br />

et/ou les dilatations cavitaires importantes.<br />

Principaux diagnostics différentiels de l’hypertrophie<br />

pariétale<br />

Toute hypertrophie associée à une diminution significative<br />

de la capacité de performance sportive est a priori pathologique.<br />

Les pathologies candidates au diagnostic différentiel<br />

sont celles qui peuvent induire une hypertrophie pariétale du<br />

VG sans atteinte des capacités sportives. Trois pathologies<br />

principales sont concernées : l’hypertension artérielle et les<br />

valvulopathies faciles à diagnostiquer et la cardiomyopathie<br />

hypertrophique (CMH), qui représente le vrai problème<br />

diagnostique avec un risque vital souvent inaugural.<br />

Diagnostic différentiel entre CMH et hypertrophie ventriculaire<br />

gauche du sportif<br />

a) Cardiomyopathie hypertrophique : les caractéristiques<br />

Le rôle de l’exercice physique intense tel qu’il est pratiqué<br />

en compétition a été considéré chez les sujets porteurs de<br />

CMH comme un facteur individuel pouvant favoriser la<br />

mort subite. L’expérience italienne va dans le même sens<br />

en montrant qu’un bilan médical codifié avant autorisation<br />

à la pratique sportive intensive permet le dépistage<br />

de la CMH et que la contre-indication à la compétition dans<br />

une population ainsi identifiée s’accompagne d’une baisse<br />

marquée de la mort subite.<br />

Le diagnostic de CMH doit être évoqué sur une épaisseur<br />

pariétale du VG, évaluée en mode bidimensionnel, à partir<br />

de 15 mm en dehors de tout contexte familial et de<br />

13 mm dans un contexte de CMH familiale.<br />

Bien que des patients ayant d’authentiques CMH à formes<br />

génétiques particulières puissent présenter des hypertrophies<br />

pariétales VG moins importantes, voire aux limites<br />

de la normale, il est admis qu’une HVG inférieure ou égale<br />

à 13 mm chez l’homme et à 12 mm chez la femme, chez<br />

des sujets très entraînés, asymptomatiques et performants,<br />

sans antécédents familiaux ou personnels pouvant faire<br />

suspecter une cardiomyopathie, est a priori liée à<br />

l’entraînement physique.<br />

Dans la zone d’incertitude entre 13 et 15 mm d’épaisseur<br />

ventriculaire gauche, le diagnostic de CMH doit être évoqué<br />

systématiquement chez l’homme sportif.<br />

Une épaisseur de plus de 12 mm chez les sportives et de<br />

15 mm chez les hommes doit faire considérer qu’il s’agit,<br />

jusqu’à preuve du contraire, d’une CMH.<br />

b) Eléments du diagnostic différentiel entre CMH et cœur<br />

d’athlète<br />

Les éléments de présomption<br />

- L’échocardiographie-Doppler transthoracique de repos<br />

Une HVG isolée est a priori anormale chez un sportif si elle<br />

n’est pas associée à une dilatation cavitaire adaptée, souvent<br />

plus importante si l’entraînement est à prédominance<br />

dynamique. Un diamètre télédiastolique VG supérieur à<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 40 Juin 2008<br />

55 mm est évocateur d’un cœur d’athlète, alors qu’un diamètre<br />

inférieur à 45 mm associé à une hypertrophie pariétale<br />

est un argument, non formel, en faveur d’une CMH.<br />

Le rapport de la somme des épaisseurs pariétales sur le diamètre<br />

VG chez le sportif est en règle générale inférieur à<br />

0,48 et ne dépasse pas 0,50.<br />

L’hypertrophie pariétale du sportif est plus souvent globale<br />

et symétrique. Elle peut être asymétrique, mais dans<br />

ce cas le rapport paroi postérieure/épaisseur du septum<br />

interventriculaire est inférieur à 1,5.<br />

L’existence d’un gradient intraventriculaire gauche de repos<br />

observé à l’analyse Doppler est en faveur d’une CMH. Il n’y a<br />

pas actuellement de consensus sur la valeur discriminante des<br />

gradients obtenus à l’effort ou par test pharmacologique.<br />

Le remplissage VG est analysé au minimum par le flux mitral.<br />

Chez un sportif de moins de 40 ans, un flux transmitral anormal<br />

(E


14<br />

- l’apparition ou l’aggravation à l’effort d’une arythmie<br />

ventriculaire (chez un sportif qui présente une HVG<br />

«limite», cela représente une contre-indication à la pratique<br />

intensive du sport);<br />

- un profil tensionnel d’effort et de récupération inadapté à<br />

la performance. Un défaut d’augmentation tensionnelle<br />

à l’effort est un argument diagnostique et pronostique pour<br />

une CMH ;<br />

- un niveau de performance : la puissance maximale<br />

d’exercice et la VO 2 max doivent être corrélées avec le<br />

niveau d’entraînement dynamique suivi et au moins égale<br />

à 120% des valeurs théoriques.<br />

- Des explorations rythmologiques invasives peuvent être indiquées<br />

en fonction du contexte (3,4,5) .<br />

Les éléments de « certitude »<br />

La découverte d’antécédents familiaux de CMH est un argument<br />

diagnostique majeur. Une enquête cardiologique chez<br />

les parents du premier degré (parents, fratrie) avec au moins<br />

ECG et échocardiogramme transthoracique de repos doit<br />

être réalisée au moindre doute.<br />

La pratique systématique des tests génétiques dans ce contexte<br />

est prématurée, mais leur réalisation peut être discutée<br />

dans certaines situations ciblées. Il semble actuellement logique<br />

de tester les 5 gènes les plus prévalents (MYBPC3, MYH7,<br />

TNNT2, TNNI3, MYL2).<br />

Si la découverte d’une mutation apporte un argument majeur<br />

pour le diagnostic de CMH, son absence ne permet ni<br />

d’éliminer formellement la maladie (30 à 40% de faux négatifs)<br />

ni de rassurer le sportif sur l’absence de pathologie. Il n’y<br />

a pas de forme génétique sans risque pour le sportif.<br />

Une interruption de l’entraînement peut être proposée. Une<br />

régression significative de l’hypertrophie pariétale dans un délai<br />

de 2 à 6 mois est en faveur du diagnostic de cœur d’athlète.<br />

A l’inverse, le maintien ou une régression modérée de<br />

l’hypertrophie est en faveur d’une cardiopathie.<br />

L’interruption d’entraînement doit être totale car une pratique<br />

d’entretien physique, même modérée, risque de maintenir<br />

le niveau d’hypertrophie. Il faut insister sur le fait que<br />

l’arrêt temporaire de l’entraînement peut avoir des conséquences<br />

importantes sur la carrière sportive de l’intéressé<br />

et que cette décision doit être mûrement réfléchie, parfaitement<br />

expliquée et proposée en dernier recours.<br />

Ainsi dans certains cas rares d’HVG chez un sportif, le<br />

diagnostic différentiel entre hypertrophie du sportif et<br />

CMH reste difficile et repose sur un faisceau d’arguments<br />

(Tableau 1).<br />

En cas de décès, le diagnostic rétrospectif passe par l’autopsie<br />

qui doit être complétée par un examen anatomopathologique<br />

du cœur. Les études génétiques à la recherche de mutations<br />

géniques dans la CMH sont souvent possibles sur des prélèvements<br />

post-mortem. L’autopsie permettra enfin un examen toxicologique<br />

à la recherche d’agents dopants ayant pu favoriser<br />

le décès à partir de prélèvements de sang, d’urine et de phanères.<br />

Le médecin qui constate le décès d’un sportif devrait impérativement<br />

cocher la case «Obstacle au permis d’inhumer» sur<br />

le certificat de décès afin de faire ouvrir une enquête judiciaire<br />

dans le cadre de l’article 74 du Code de procédure pénale.<br />

Diagnostic différentiel entre cœur d’athlète<br />

et cardiomyopathie hypertrophique<br />

(d’après 4,5,7,8 modifiés)<br />

Paramètres CA CMH<br />

Interrogatoire<br />

Entraînement < 10 h/semaine +<br />

Performance de haut niveau +<br />

CMH familiale +++<br />

Mort subite familiale ++<br />

Symptômes (palpitations, malaise, dyspnée,<br />

douleur thoracique)<br />

Syncope d’effort ++<br />

Examen physique<br />

Souffle +<br />

Electrocardiogramme de repos<br />

Troubles de la repolarisation ±<br />

ECG ondes q pseudo-nécrose ++<br />

Arythmie ++<br />

Echocardiogramme<br />

Hypertrophie concentrique ± ±<br />

Hypertrophie asymétrique S/PP > 1,5 - ++<br />

Diamètre VG < 45 mm - +<br />

Diamètre VG > 55 mm +<br />

Oreillette gauche dilatée isolément - +<br />

Remplissage VG anormal (avant 40 ans) - ++<br />

Anomalie Doppler tissulaire - ++<br />

Epreuve d’effort<br />

Profil TA effort anormal - ++<br />

VO 2 maximale < théorique - +<br />

Arythmie - +<br />

Persistance si déconditionnement - +++<br />

Test génétique positif - +++<br />

CA : cœur d’athlète. CMH : cardiomyopathie hypertrophique.<br />

± point d’appel, + en faveur, ++ forte<br />

présomption, +++ très forte présomption.<br />

Tableau1.<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 40 Juin 2008<br />

+


16<br />

Conduite à tenir chez le sportif<br />

■ Quand rechercher une hypertrophie<br />

cardiaque chez un sportif ?<br />

➜ A) Ce qui est recommandé<br />

Echocardiographie systématique pour les sportifs de haut<br />

niveau<br />

Depuis février 2004, un arrêté ministériel, paru au Journal<br />

officiel, impose à tous les sportifs susceptibles d’être inscrits<br />

sur les listes de haut niveau ou espoirs de leur fédération<br />

sportive de bénéficier au moins une fois dans leur carrière<br />

d’un échocardiogramme transthoracique de repos. Certaines<br />

fédérations demandent la répétition des échocardiogrammes<br />

à un rythme précisé dans leurs statuts. Ces examens systématiques<br />

sont pris en charge par les fédérations ou les sportifs<br />

eux-mêmes et ne doivent en aucun cas être pris en charge<br />

par l’Assurance maladie.<br />

Echocardiographie uniquement à visée diagnostique<br />

chez les autres sportifs<br />

Une échocardiographie doit être systématiquement réalisée<br />

chez tout sportif dans les contextes suivants :<br />

1. Épaisseur pariétale : ≤ 12 mm chez la femme<br />

ou l’enfant et 13 mm chez l’homme<br />

Sportif asymptomatique et performances corrélées<br />

à l’entraînement<br />

Examen clinique normal<br />

Sans antécédent familial de CMH, ni de mort subite<br />

Échocardiogramme normal par ailleurs<br />

Hypertrophie d’adaptation probable<br />

Aptitude au sport de compétition sans restriction<br />

2. Épaisseur pariétale entre 13 et 15 mm<br />

chez l’homme<br />

2a- Bilan normal par ailleurs<br />

Sportif asymptomatique et performances<br />

corrélées à l’entraînement<br />

Sans antécédent familial de CMH,<br />

ni de mort subite<br />

Examen clinique normal<br />

Échocardiogramme normal par ailleurs<br />

Absence totale d’arythmie<br />

Épreuve d’effort normale<br />

Hypertrophie pariétale limite<br />

Conduite à tenir et détermination de l’aptitude<br />

- antécédent familial de cardiomyopathie ou de mort subite<br />

particulièrement chez un parent jeune ;<br />

- signe fonctionnel (dyspnée anormale, douleurs thoraciques,<br />

lipothymie, syncope, arythmie, baisse anormale<br />

des performances…) ;<br />

- signes physiques (souffle cardiaque, hypertension…) ;<br />

- anomalie électrocardiographique pouvant faire suspecter<br />

une cardiopathie (en particulier anomalies de la repolarisation<br />

à type d’onde T négative ou sous-décalage du<br />

segment ST dans les dérivations précordiales) ;<br />

- anomalies lors d’une épreuve d’effort ;<br />

- toute autre circonstance pouvant faire évoquer l’existence<br />

d’une cardiopathie.<br />

Ces examens réalisés dans un contexte pathologique peuvent<br />

être pris en charge par l’Assurance maladie.<br />

➜ B) Ce qui n’est pas recommandé<br />

La réalisation d’une échocardiographie systématique chez<br />

tous les autres sportifs, sauf en cas d’anomalie pouvant faire<br />

suspecter une cardiopathie (interrogatoire, examen clinique,<br />

biologie, ECG, etc.).<br />

Aptitude au sport de compétition<br />

sous surveillance<br />

Tests génétiques recommandés chez les sportifs<br />

jeunes orientés vers une carrière de compétiteurs<br />

S’ils s’avèrent positifs cf. paragraphe 3<br />

2b- Bilan anormal par ailleurs<br />

cf. paragraphe 3<br />

3. Épaisseur pariétale > 12 mm chez la femme<br />

ou l’enfant et > 15 mm chez l’homme<br />

ou hypertrophie limite avec un critère<br />

associé évocateur de CMH<br />

(cf. tableau 1, critères ++ et/ou +++)<br />

CMH jusqu’à preuve du contraire<br />

Arrêt total de la compétition et de l’entraînement<br />

6 mois avec contrôle écho à 3 mois<br />

Tests génétiques<br />

Si négatifs et normalisation épaisseur VG :<br />

reprise progressive de l’entraînement, puis de la<br />

compétition sans restriction<br />

Si positifs ou persistance de l’hypertrophie :<br />

contre-indication définitive à la compétition et<br />

à un entraînement intensif<br />

Tableau 2. Conduite à tenir devant la découverte d’une hypertrophie ventriculaire gauche pariétale chez un(e) athlète<br />

de haut niveau d’entraînement.<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 40 Juin 2008


■ Comment affirmer une HVG chez un sportif ?<br />

➜ A) L’échocardiographie est la méthode de référence<br />

Les recommandations proposées pour la réalisation des<br />

mesures et calculs échographiques doivent être particulièrement<br />

respectées.<br />

Le risque principal est la surestimation des épaisseurs pariétales.<br />

La mesure en mode TM du VG qui présente une meilleure<br />

résolution est la seule validée actuellement dans cette<br />

population. Elle devra être complétée par des mesures 2D<br />

en cas d’hypertrophie pariétale localisée en dehors de la<br />

zone d’incidence TM classique. Chez le sportif où l’HC est de<br />

type excentrique avec allongement des fibres myocardiques,<br />

l’évaluation de la MVG par la méthode elliptique est mal<br />

adaptée.<br />

➜ B) Les autres méthodes d’imagerie<br />

Les autres méthodes d’imagerie ont un rôle complémentaire<br />

de l’échocardiographie et ne doivent pas être utilisées<br />

d’emblée.<br />

L’imagerie par résonance magnétique (IRM) du myocarde<br />

réalisée dans un centre spécialisé est l’examen de choix pour<br />

éliminer les pièges échographiques de surestimation pariétale<br />

(distinction d’une structure ventriculaire droite surajoutée,<br />

etc.) et pour préciser une hypertrophie apicale.<br />

■ Conduite à tenir et détermination<br />

de l’aptitude au sport<br />

Une hypertrophie cardiaque exclusivement en rapport avec<br />

l’entraînement physique est compatible avec la pratique de<br />

tous les sports en compétition et avec tous les niveaux<br />

d’entraînement.<br />

Une hypertrophie cardiaque en rapport avec une pathologie<br />

cardiovasculaire entraîne des restrictions d’aptitude au<br />

sport qui dépendent de l’étiologie en cause, du risque de<br />

complications et de la nature du<br />

sport pratiqué.<br />

Une cardiomyopathie hypertrophique<br />

ou une cardiomyopathie<br />

dilatée contre-indique les entraînements<br />

de haut niveau énergétique<br />

et/ou la compétition en<br />

dehors des sports à composante<br />

dynamique et isométrique faible.<br />

En cas de doute diagnostique entre<br />

hypertrophie liée exclusivement au<br />

sport et CMH, les recommandations<br />

concernant la démarche<br />

diagnostique et l’attitude vis-à-vis<br />

de l’activité sportive sont présentées<br />

dans le Tableau 2.<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 40 Juin 2008<br />

En conclusion<br />

La découverte d’une HVG chez un sportif doit conduire à<br />

rechercher une cause pathologique à l’hypertrophie, et<br />

principalement une CMH. La décision diagnostique doit<br />

être étayée sur un faisceau de données cliniques et<br />

d’examens complémentaires. Le diagnostic de cœur<br />

d’athlète implique la poursuite sans réserve de la compétition.<br />

Un diagnostic de CMH entraîne aujourd’hui un arrêt<br />

de la compétition en dehors des sports à très faible<br />

dépense énergétique. La décision de la poursuite ou non<br />

de la pratique sportive de compétition doit être établie<br />

sans ambiguïté et très bien argumentée. C’est une décision<br />

grave qui peut avoir d’importantes répercussions psychologiques<br />

et professionnelles. Il est donc recommandé<br />

en cas de doute diagnostique d’associer d’autres spécialistes<br />

à la prise de décision. ■<br />

Pour toute correspondance avec les auteurs<br />

richard.brion@wanadoo.fr<br />

francois.carre@univ-rennes1.fr<br />

Pour en savoir plus<br />

1. Pellicia A, Maron BJ, Di Paolo FM, Biffi A, et al. Prevalence and clinical significance<br />

of left atrial remodeling in competitive athletes. J Am Coll Cardiol 2005;<br />

46: 690-6.<br />

2. Charron P, Dubourg O, Desnos M, Bouhour JB, et al. Diagnostic value of electrocardiography<br />

and echocardiography for familial hypertrophic cardiomyopathy<br />

in genotyped children. Eur Heart J 1998; 19: 1377-82.<br />

3. Estes NA 3 rd , Link MS, Cannom D, et al. Expert <strong>Consensus</strong> Conference on<br />

Arrhythmias in the Athlete of the North American Society of Pacing and<br />

Electrophysiology. Report of the NASPE policy conference on arrhythmias<br />

and the athlete. J Cardiovasc Electrophysiol 2001; 12: 1208-19.<br />

4. 36 th Bethesda Conference. Eligibility Recommendations for Competitive<br />

Athletes With Cardiovascular Abnormalities. J Am Coll Cardiol 2005; 45:<br />

1321-75.<br />

5. Pellicia A, Fagard R, Bjornstad HH, Anastassakis A, et al. Recommendations<br />

for competitive sports participation in athletes with cardiovascular disease :<br />

a consensus document from the Study Group of Sports Cardiology of the<br />

Working Group of Cardiac Rehabilitation and Exercise Physiology and the<br />

Working Group of Myocardial and Pericardial Diseases of the European<br />

Society of Cardiology. Eur Heart J 2005 26: 1422-45<br />

6. Courteix D, Obert P, Lecoq AM, et al. Effect of intensive swimming training<br />

on lung volumes, airway resistance and on the maximal expiratory flowvolume<br />

relationship in prepubertal girls. Eur J Appl Physiol 1997; 76: 264-9.<br />

7. Sharma S, Elliott P, Whyte G, et al. Utility of cardiopulmonary exercise in the<br />

assessment of clinical determinants of functional capacity in hypertrophic<br />

cardiomyopathy. Am J Cardiol 2000; 86: 162-8<br />

Bibliographie complète dans « recommandations »<br />

sur le site de la Société française de cardiologie :<br />

www.sfcardio.fr<br />

17


18<br />

Attitudes<br />

I FMC - recommandations - sociétés savantes - pratique clinique I<br />

Laurent Fauchier<br />

CHU Trousseau, Tours<br />

La fibrillation auriculaire (FA), pathologie si fréquente,<br />

est associée à plusieurs contraintes<br />

de prise en charge dans les recommandations<br />

internationales. Celles-ci sont basées sur de<br />

grandes études ayant fait la preuve de<br />

l’intérêt de certaines stratégies d’évaluation<br />

ou de traitement. Se conformer à ces recommandations<br />

demande une mise à niveau quasi<br />

constante des connaissances, ce qui est parfois difficile<br />

au quotidien. Les guides des affections de longue durée<br />

(ALD) de la Haute Autorité de santé (HAS) ont pour objectif de<br />

synthétiser ces multiples recommandations pour une prise en<br />

charge facilitée, mais également conforme aux données les<br />

plus récentes de la science. Il n’est bien sûr pas question de paraphraser<br />

ou de résumer ici un document dont l’objet est d’être<br />

une synthèse d’experts accessible à tous. Les commentaires suivants<br />

concernent donc plus des conséquences sur des points<br />

notables de notre pratique ou sur des éléments qui restent<br />

l’objet de discussions.<br />

La FA n’existe pas en tant que telle dans la<br />

liste des 30 ALD. Toutefois, elle peut<br />

s’intégrer dans l’ALD n°5 (1) (« Insuffisance<br />

cardiaque grave, troubles du rythme graves,<br />

cardiopathies valvulaires graves; cardiopathies<br />

congénitales graves »). On peut souligner que<br />

si la fibrillation atriale peut engendrer des<br />

complications sévères, elle n’est pas habituellement<br />

considérée comme un trouble du<br />

rythme grave. Néanmoins, il s’agit d’une pathologie<br />

évolutive qui nécessite un suivi et des soins prolongés (plus de<br />

6 mois) et dont les traitements sont coûteux. En outre, elle est<br />

souvent associée à une insuffisance cardiaque, pour ne pas dire<br />

à son origine, chez de nombreux patients, soit avec insuffisance<br />

cardiaque systolique, soit plus fréquemment encore lorsque<br />

l’insuffisance cardiaque est à fonction systolique préservée.<br />

En ce qui concerne la première partie sur la prise en charge<br />

diagnostique de la FA, nous nous contenterons de signaler que<br />

l’échocardiographie transthoracique recommandée sert aussi<br />

à mesurer le diamètre de l’oreillette gauche. Bien des comptes<br />

rendus ne notent plus ce paramètre. Pourtant, il apparaît dans<br />

les recommandations européennes parues en 2006. Dans ce<br />

contexte, il nous semble au moins aussi important que la<br />

recherche d’une hypertrophie ventriculaire gauche citée dans<br />

le bilan initial. D’ailleurs, on constate l’importance de cette<br />

mesure simplissime dans l’algorithme de la page 14 où il est indiqué<br />

qu’un diamètre auriculaire gauche supérieur à 55 mm est<br />

un élément pour récuser la cardioversion.<br />

Fibrillation auriculaire et ALD :<br />

lecture critique des<br />

recommandations de la HAS<br />

Les antithrombotiques<br />

Concernant le risque antithrombotique, il y a eu un souci de<br />

simplification pour déterminer le traitement optimal en fonction<br />

du nombre de facteurs de risque thromboembolique. Le<br />

tableau de la page 9 est maintenant assez largement utilisé pour<br />

décider des prescriptions dans la pratique, avec une place reconnue<br />

à l’aspirine en alternative aux antivitamines K (AVK) dans<br />

certains cas (Tableau). L’aspirine à la dose de 75 à 325 mg (75 ou<br />

160 mg en pratique) est donc utilisée plus largement<br />

qu’auparavant lorsqu’il existe une contre-indication aux AVK<br />

ou si l’on pense que le traitement AVK risque d’être mal suivi.<br />

Plutôt que de s’en tenir aux recommandations conjointes de<br />

l’ACC/AHA/ESC de 2006 qui préconisent une dose minimale de<br />

81 mg/j d’aspirine, les rédacteurs de la HAS ont de manière pragmatique<br />

choisi une dose minimale de 75 mg/j comme dans les<br />

recommandations du National Institute for Health and Clinical<br />

Excellence (NICE) de 2006, et beaucoup de prescripteurs en<br />

France leur en sont reconnaissants.<br />

La cardiopathie ischémique est considérée comme un élément<br />

de risque mineur comparativement à l’insuffisance cardiaque.<br />

Dans ce domaine, il reste le problème courant mais non abordé<br />

des patients coronariens dilatés avec éventuellement mise en<br />

place d’une ou plusieurs endoprothèses, même non actives. La<br />

triple association aspirine-clopidogrel-AVK est souvent indiquée<br />

en théorie, au moins transitoirement, mais parfois difficile à<br />

mettre en pratique ou associée à des complications hémorragiques<br />

sévères (2) . Il n’y a que peu d’études pour ces patients et<br />

quelques éléments de recommandations. La tendance actuelle<br />

Pas de facteur de risque Aspirine 75-325 mg<br />

Un seul facteur<br />

de risque modéré (âge ≥<br />

75 ans, HTA, insuffisance<br />

cardiaque, FEVG<br />

≤ 35% ou diabète)<br />

> 1 facteur modéré<br />

ou au moins un facteur<br />

majeur (AVC, AIT,<br />

embolie, RM,<br />

prothèse valvulaire)<br />

Tableau<br />

Traitement antithrombotique chez<br />

les patients avec fibrillation auriculaire<br />

Aspirine 75-325 mg<br />

ou AVK avec INR 2 à 3<br />

AVK avec INR 2 à 3<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 40 Juin 2008


Figure<br />

serait plutôt d’associer clopidogrel et AVK ou de favoriser une<br />

antiagrégation plaquettaire optimale s’il n’y a qu’un risque<br />

modéré, dans l’attente d’éléments nouveaux (3) .<br />

Il faut insister sur les recommandations concernant l’interruption<br />

du traitement anticoagulant du fait de procédures diagnostiques<br />

ou thérapeutiques (arrêt complet possible pour une durée<br />

d’une semaine s’il n’y a pas de valve mécanique). Elles sont malheureusement<br />

souvent insuffisamment mises en pratique avec<br />

des relais AVK-héparine inutiles et associés à un risque hémorragique<br />

élevé bien montré dans l’étude AFFIRM. Cela est particulièrement<br />

vrai pour les procédures assez anodines (soins<br />

dentaires, changement de pacemaker, coronarographie<br />

diagnostique). Une réévaluation régulière de l’opportunité du<br />

traitement AVK demeure nécessaire.<br />

La stratégie antiarythmique<br />

Traitement pharmacologique de la FA<br />

persistante récurrente ou permanente<br />

FA persistante récurrente FA permanente<br />

Peu ou pas de symptômes Symptômes invalidants Traitement antithrombotique*<br />

et contrôle éventuel<br />

de la FC<br />

Traitement antithrombotique*<br />

et contrôle éventuel<br />

de la FC<br />

* Antithrombotique = aspirine, AVK ou héparine<br />

** Anticoagulant = AVK ou héparine<br />

Traitement antithrombotique*<br />

et contrôle éventuel<br />

de la FC<br />

Traitement antiarythmique<br />

Cardioversion électrique<br />

si nécessaire<br />

(sous anticoagulant**)<br />

L’algorithme (Figure) concernant le maintien du rythme sinusal<br />

résume les messages clés. En outre, comparé aux recommandations<br />

européennes ou américaines de 2006, cet algorithme est<br />

adapté aux prescriptions françaises car le dofétilide (non disponible<br />

en France) n’apparaît pas. Le fait que l’ablation par radiofréquence<br />

de la FA soit justifiée pour les patients très symptomatiques<br />

rappelle que c’est finalement bien la symptomatologie<br />

(de tachyarythmie paroxystique ou de dyspnée) qui est l’élément<br />

majeur pour décider de toute la stratégie concernant le rythme:<br />

ralentir ou régulariser avec des antiarythmiques ou des procédures<br />

non médicamenteuses. L’ablation par radiofréquence du<br />

nœud atrio-ventriculaire est indiquée pour améliorer les symptômes<br />

de patients en FA avec fréquence ventriculaire rapide,<br />

non contrôlés par les agents pharmacologiques. Un bénéfice<br />

supplémentaire souvent escompté concerne les patients avec<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 40 Juin 2008<br />

stimulateur biventriculaire pour lesquels<br />

la FA avec rythme ventriculaire rapide<br />

spontané empêche de « délivrer » la thérapeutique<br />

de resynchronisation.<br />

Le contrôle des facteurs de<br />

risque cardiovasculaire<br />

La seconde partie concernant la prise<br />

en charge des facteurs de risque cardiovasculaire<br />

est un peu surprenante. Les<br />

facteurs de risque cardiovasculaire (HTA,<br />

diabète, obésité) ont un rôle envisageable<br />

dans la FA et doivent faire l’objet<br />

d’un contrôle le plus strict possible. Le<br />

bénéfice sur les complications de la FA<br />

est probable mais non prouvé. Les<br />

recommandations en la matière sont<br />

appliquées à la FA sur le seul argument<br />

que les complications sont probablement<br />

identiques lorsque les deux terrains<br />

sont associés. Cela est finalement<br />

assez discutable car en cas de FA, le<br />

risque surajouté concerne principalement<br />

une aggravation de l’insuffisance<br />

cardiaque et des événements thromboemboliques,<br />

et non des événements athéromateux. Il n’est<br />

donc pas impossible que le bénéfice « relatif » de ces mesures<br />

soit moindre dans la FA que dans d’autres pathologies cardiovasculaires.<br />

A notre connaissance, il n’existe actuellement<br />

aucune recommandation internationale similaire concernant<br />

spécialement ce point pour la FA. Le côté « copier-coller » de<br />

ce chapitre apparaît nettement dans l’introduction du livret<br />

publié en juillet 2007 qui comporte une erreur («…la première<br />

partie aborde la prise en charge de la maladie coronarienne<br />

…» au lieu de « la fibrillation auriculaire »), erreur<br />

qui n’est toujours pas corrigée à ce jour. Le raisonnement est<br />

poussé à son terme dans les annexes très courtes mais qui<br />

comportent tout de même l’ensemble du questionnaire du<br />

test de Fagerström permettant d’évaluer la dépendance tabagique<br />

des patients avec fibrillation auriculaire. Cette partie<br />

nous paraît donc artificielle pour ne pas dire inappropriée car<br />

elle contribue plutôt à diluer les informations déjà assez riches<br />

de la première partie, le contrôle des facteurs de risque<br />

cardiovasculaire étant nécessaire de principe. ■<br />

Traitement AVK poursuivi<br />

4 semaines minimum,<br />

puis traitement antithrombotique*<br />

Traitement de maintien<br />

du rythme sinusal<br />

Envisager ablation pour<br />

les FA récurrentes<br />

très symptomatiques après échec<br />

de un ou plusieurs TAA<br />

Pour toute correspondance avec l’auteur<br />

lfau@med.univ-tours.fr<br />

Pour en savoir plus<br />

1. Haute Autorité de santé. Affections de longue durée. Guides ALD n°5 - Fibrillation<br />

auriculaire.<br />

www.hassante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/ald_5_fibrillation_auriculaire.pdf<br />

2. Francescone S, Halperin JL. Triple therapy or triple threat? Balancing the risks of<br />

antithrombotic therapy for patients with atrial fibrillation and coronary stents.<br />

J Am Coll Cardiol 2008; 51 : 826-7.<br />

3. Lip GY. Post-stenting antithrombotic drug therapy in patients with atrial fibrillation.<br />

Am J Med 2007; 120 : 920-2.<br />

19


20<br />

Elisabeth Villain<br />

Hôpital Necker-Enfants malades,<br />

Paris<br />

Attitudes<br />

I FMC - recommandations - sociétés savantes - pratique clinique I<br />

Toute cardiopathie congénitale opérée peut se compliquer de<br />

mort subite (MS) tardive, en règle générale due à un trouble du<br />

rythme. Si les bradycardies brutales peuvent être prévenues par<br />

une stimulation prophylactique, aucun facteur ne permet pour<br />

l’instant d’identifier avec certitude les patients à risque de trouble<br />

du rythme ventriculaire. Quelle que soit la cardiopathie, la<br />

présence d’anomalies résiduelles constitue un facteur qui<br />

aggrave le substrat arythmogène, et c’est pourquoi ces patients<br />

doivent être suivis régulièrement par des équipes pluridisciplinaires<br />

très spécialisées.<br />

Bien que le résultat à long terme de la chirurgie des cardiopathies<br />

congénitales soit satisfaisant, l’un des grands risques<br />

encourus par ces patients est la mort subite tardive. En dehors<br />

des accidents emboliques et des défaillances cardiaques aiguës,<br />

ces MS tardives sont en règle générale imputées à un trouble<br />

du rythme (1) . Il s’agit d’un événement rare : en étudiant une<br />

population de 3 589 patients opérés entre 1958 et 1998, Silka,<br />

et al. (2) ont rapporté 41 MS tardives ; une étude plus récente,<br />

portant sur 2 609 adultes ayant des cardiopathies congénitales<br />

et âgés de 37 ans en moyenne, a montré une mortalité de 8%<br />

sur une période de 15 ans, dont plus du quart était des MS (3) .<br />

Les troubles de la conduction<br />

auriculo-ventriculaire<br />

La survenue retardée d’un bloc auriculo-ventriculaire complet<br />

après chirurgie cardiaque est étroitement liée au risque de MS<br />

tardives (4) . Sur une petite étude rétrospective, nous avions<br />

trouvé que les patients à risque étaient ceux qui avaient eu un<br />

bloc complet durant plus de 48 heures après la chirurgie, et<br />

qui gardaient ensuite un allongement de l’espace PR et/ou des<br />

complexes QRS avec bloc de branche et/ou déviation axiale<br />

(Figure 1). Chez ces patients, nous recommandons de réaliser<br />

une électrophysiologie endocavitaire et d’appareiller ceux qui<br />

ont des troubles de conduction infra-hissiens (5) .<br />

Les troubles du rythme ventriculaire<br />

La fréquence des troubles du rythme ventriculaire, en particulier<br />

après correction d’une tétralogie de Fallot, a joué<br />

un rôle historique dans la connaissance des arythmies postopératoires<br />

et de leur relation avec les MS tardives.<br />

La mort subite dans les<br />

cardiopathies congénitales :<br />

incidence, facteurs prédictifs<br />

et prévention<br />

Figure 1. ECG et enregistrement endocavitaire d’un enfant<br />

opéré de tétralogie de Fallot. BAV complet jusqu’au 4 e jour<br />

postopératoire, puis bloc trifasciculaire, avec HV long<br />

(100 ms) sur l’enregistrement endocavitaire. Indication prophylactique<br />

de stimulation.<br />

La tétralogie de Fallot<br />

Après cure complète de tétralogie de Fallot, l’incidence des<br />

MS augmente avec le recul postopératoire, surtout après<br />

20 ans de suivi, pour atteindre 6 à 8% à 30 ans (6) . On attribue<br />

ces MS à des troubles du rythme ventriculaire, mais<br />

l’identification des patients à risque est difficile, en raison du<br />

grand nombre de facteurs à prendre en compte. Outre l’âge<br />

opératoire tardif et le recul postopératoire, les facteurs de<br />

risque (6-8) sur lesquels on insiste le plus sont les anomalies<br />

résiduelles (insuffisance pulmonaire, dilatation et insuffisance<br />

ventriculaires droites), la baisse de la fraction d’éjection du<br />

ventricule gauche et certains marqueurs ECG (QRS > 180 ms).<br />

Le rôle de la stimulation ventriculaire programmée reste<br />

controversé, mais ce test doit être pris en compte chez les<br />

patients que les marqueurs non invasifs ont déjà repérés<br />

comme étant à risque (9) .<br />

Les interventions de Mustard et Senning<br />

Avant les années 80, les enfants ayant une transposition simple<br />

des gros vaisseaux étaient traités par chirurgie atriale. Ces<br />

interventions (Mustard et Senning) ont donné de bons résultats,<br />

avec néanmoins une incidence de MS qu’on peut évaluer<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 40 Juin 2008


Figure 2. Tracés enregistrés chez un patient de 15 ans (intervention<br />

de Mustard) après une syncope avec séquelles<br />

anoxiques sévères :<br />

- en haut : fibrillation atriale, immédiatement après reprise<br />

de la conscience ;<br />

- au milieu : ralentissement de la conduction auriculo-ventriculaire<br />

;<br />

- en bas : rythme habituel du patient. Bon fonctionnement<br />

du stimulateur ventriculaire, implanté auparavant pour défaillance<br />

sinusale sévère.<br />

à 7,9 pour 1000 patients-année (10) . Tous ces patients ont une<br />

défaillance sinusale, parfois sévère, mais elle n’est pas en cause<br />

dans ces MS. La survenue d’un flutter ou d’une fibrillation auriculaires<br />

reste le facteur de risque considéré comme le plus<br />

important (11,12) , en particulier en cas d’anomalies sur le montage<br />

et de défaillance du ventricule droit sous-aortique. C’est<br />

un trouble du rythme ventriculaire qui semble être l’accident<br />

final qui tue ces patients soudainement ; la majorité d’entre<br />

eux décèdent à l’activité, ce qui souligne le rôle des tachycardies<br />

atriales (passage en conduction 1/1 à l’effort) conjointement<br />

à celui d’une altération hémodynamique par dysfonction<br />

ventriculaire droite (Figure 2).<br />

Les autres cardiopathies<br />

Dans les obstacles gauches, les causes de MS tardives ont été<br />

peu étudiées, mais la survenue d’arythmies ventriculaires est<br />

étroitement liée à la fonction ventriculaire gauche.<br />

Les interventions palliatives sur cœur univentriculaire se compliquent<br />

surtout de troubles du rythme atriaux ; sur une série<br />

récente concernant 261 patients suivis, il y a eu 7 MS tardives<br />

imputées à des troubles du rythme, mais aucun facteur prédictif<br />

n’a pu être identifié (13) .<br />

Le traitement<br />

La correction des séquelles hémodynamiques et le traitement<br />

des substrats arythmogènes vont de pair. En général, le traitement<br />

pharmacologique des TV n’est pas très efficace. L’ablation<br />

par radiofréquence de circuits de réentrée ventriculaire (14) est<br />

parfois possible, mais reste en règle générale associée à<br />

l’implantation d’un défibrillateur automatique implantable<br />

(DAI). Les recommandations des sociétés savantes concernant<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 40 Juin 2008<br />

l’implantation d’un DAI en prévention secondaire sont applicables<br />

aux cardiopathies congénitales. En prévention primaire<br />

en revanche, les indications restent controversées, car la sensibilité<br />

et la spécificité des facteurs de risque connus sont trop<br />

faibles pour justifier l’implantation d’un DAI chez des patients<br />

asymptomatiques, compte tenu du taux important de complications<br />

(environ 30 %) liées à l’implantation d’un DAI dans<br />

cette population (15,16) .<br />

En conclusion<br />

Quelle que soit la cardiopathie, l’évaluation exacte du risque<br />

de MS tardive est difficile, en raison de la multiplicité des facteurs<br />

en cause et de la rareté des événements rapportés. Dans<br />

tous les cas, les anomalies anatomiques et hémodynamiques<br />

résiduelles constituent un facteur aggravant, et ces patients<br />

doivent donc être suivis très régulièrement par des équipes<br />

habituées à ces pathologies. ■<br />

Pour toute correspondance avec l’auteur<br />

elisabeth.villain@nck.aphp.fr<br />

Pour en savoir plus<br />

1. Pelech AN, Neish SR. Sudden death in congenital heart disease. Pediatr Clin North<br />

Am 2004; 51(5): 1257-71.<br />

2. Silka MJ, Hardy BG, Menashe VD, et al. A population-based prospective evaluation<br />

of risk of sudden cardiac death after operation for common congenital heart<br />

defects. J Am Coll Cardiol 1998; 32: 245-51.<br />

3. Oechslin EN, Harrison DA, Connelly MS, Webb GD, Siu SC. Mode of death in adults<br />

with congenital heart disease. Am J Cardiol 2000; 86: 1111-6.<br />

4. Hokanson JS, Moller JH. Significance of early transient complete heart block as a<br />

predictor of sudden death late after operative correction of tetralogy of Fallot.<br />

Am J Cardiol 2001; 87: 1271-7.<br />

5. Villain E, Ouarda F, Beyler C, Sidi D, Abid F. Facteurs prédictifs de bloc auriculo-ventriculaire<br />

complet tardif après traitement chirurgical des cardiopathies congénitales.<br />

Arch Mal Cœur Vaiss 2003; 96: 495-8.<br />

6. Nollert G, Fischlein T, Bouterwek S, Bohmer C, Klinner W, Reichart B. Long-term<br />

survival in patients with repair of tetralogy of Fallot: 36-year follow-up of 490 survivors<br />

of the first year after surgical repair. J Am Coll Cardiol 1997; 30(5): 1374-83.<br />

7. Gatzoulis MA, Balaji S, Webber SA, et al. Risk factors for arrhythmia and sudden<br />

cardiac death late after repair of tetralogy of Fallot: a multicentre study.<br />

Lancet 2000 ; 356(9234) : 975-81.<br />

8. Ghai A, Silversides C, Harris L, Webb GD, Siu SC, Therrien J. Left ventricular dysfunction<br />

is a risk factor for sudden cardiac death in adults late after repair of<br />

tetralogy of Fallot. J Am Coll Cardiol 2002 ; 40(9) : 1675-80.<br />

9. Khairy P, Landzberg MJ, Gatzoulis MA, et al. Value of programmed ventricular stimulation<br />

after tetralogy of fallot repair: a multicenter study. Circulation 2004;<br />

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10. Wren C. Late postoperative arrhythmias. In Wren C and Campbell RWF (ed.) :<br />

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12. Kammeraad JA, van Deurzen CH, Sreeram N, Bink-Boelkens MT, Ottenkamp J,<br />

Helbing WA, Lam J, Sobotka-Plojhar MA, Daniels O, Balaji S. Predictors of sudden<br />

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13. Khairy P, Fernandes SM, Mayer JE Jr, Triedman JK, Walsh EP, Lock JE, Landzberg MJ.<br />

Long-term survival, modes of death, and predictors of mortality in patients with<br />

Fontan surgery. Circulation 2008; 117(1): 85-92.<br />

14. Kriebel T, Saul JP, Schneider H, Sigler M, Paul T. Noncontact mapping and radiofrequency<br />

catheter ablation of fast and hemodynamically unstable ventricular<br />

tachycardia after surgical repair of tetralogy of Fallot. J Am Coll Cardiol 2007;<br />

50 : 2162-8.<br />

15. Khairy P, Harris L, Landzberg MJ, Viswanathan S, Barlow A, Gatzoulis MA, Fernandes<br />

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16. Alexander ME, Cecchin F, Walsh EP, Triedman JK, Bevilacqua LM, Berul CI. Implications<br />

of implantable cardioverter defibrillator therapy in congenital heart<br />

disease and paediatrics. J Cardiovasc Electrophysiol 2004; 15(1) : 72-6.<br />

21


22<br />

Vincent Probst<br />

Institut du thorax, CHU, Nantes<br />

Attitudes<br />

I FMC - recommandations - sociétés savantes - pratique clinique I<br />

La réponse à la question pourrait être extrêmement simple<br />

et se résumer à « oui bien sûr puisque j'en ai vu ». La question<br />

est en fait probablement plus complexe et doit amener<br />

à se demander si les formes familiales des valvulopathies<br />

ont véritablement un sens clinique.<br />

Nous allons donc voir, pour les deux formes de valvulopathie<br />

les plus fréquentes, le rétrécissement aortique et le<br />

prolapsus valvulaire mitral, si les formes familiales de ces<br />

maladies existent, quelle est leur fréquence et si<br />

l'identification de ces formes familiales doit modifier le<br />

mode de prise en charge.<br />

Le prolapsus valvulaire mitral<br />

Les valvulopathies à dégénérescence myxoïde sont des maladies<br />

cardiaques fréquentes. Elles forment un groupe complexe<br />

de maladies se caractérisant par une atteinte valvulaire<br />

commune définie par un épaississement valvulaire par<br />

l’accumulation de protéoglycanes et une rupture de la structure<br />

conjonctive.<br />

Le prolapsus valvulaire mitral est de loin la forme la plus fréquente.<br />

Il touche entre 2 et 3% de la population.<br />

L'identification des premières formes familiales de cette<br />

pathologie est ancienne, mais le caractère génétique, et<br />

donc indéniablement héréditaire, a été récemment trouvé<br />

lors de l'identification du premier locus de prolapsus valvulaire<br />

mitral en 1999 par l’équipe de X. Jeunemaître en 16p11-13 (1) .<br />

Depuis, deux autres localisations sur les chromosomes 11 et<br />

13 ont été rapportées par une équipe américaine (2,3) .<br />

La localisation chromosomique du prolapsus valvulaire dans<br />

ces différentes familles permettait donc d'affirmer que le<br />

Les valvulopathies familiales<br />

existent-elles vraiment ?<br />

BSIP<br />

prolapsus valvulaire mitral pouvait être d'origine génétique,<br />

mais à ce stade la cause génétique de la pathologie n'était<br />

pas encore identifiée.<br />

Notre équipe avait identifié une grande famille, comportant<br />

plus de 300 membres, atteinte de dystrophie valvulaire<br />

liée à l’X (XMVD). La valvulopathie coségrégait avec une<br />

hémophilie A mineure, ce qui nous a permis de localiser en<br />

1998 le gène responsable de XMVD en Xq28, puis récemment<br />

d'identifier une mutation faux sens C A c1910 dans<br />

l’exon 13 A qui est prédit pour entraîner le remplacement<br />

d’une proline par une glutamine au niveau de l’acide aminé<br />

637 (P637Q) du gène codant pour la filamine A (4-6) .<br />

L'identification de cette première anomalie génétique responsable<br />

de formes non syndromiques de prolapsus valvulaire<br />

mitral permet donc de commencer à comprendre la<br />

physiopathologie de cette maladie. En effet, la filamine<br />

module l’organisation du cytosquelette d’actine en réseaux<br />

parallèles ou orthogonaux. Elle joue un rôle dans<br />

l’interaction entre les réseaux d’actine et les récepteurs transmembranaires<br />

pour moduler les signaux de transduction de<br />

cellule à cellule et a un rôle essentiel dans la voie de signalisation<br />

du TGF-bêta.<br />

Nous avons depuis recherché des mutations dans ce gène<br />

dans plusieurs petites familles ayant une transmission liée<br />

à l’X de la valvulopathie. Nous avons pu retrouver la présence<br />

d'une mutation sur 4 des 7 familles qui correspondaient<br />

à ces critères montrant que la filamine A joue un rôle<br />

majeur dans la survenue des valvulopathies lorsque la transmission<br />

se fait sur le chromosome X.<br />

Une recherche systématique de la présence de mutations<br />

dans la filamine A sur des cas sporadiques de valvulopathie<br />

myxoïde n'a permis de retrouver une mutation que chez un<br />

seul des 50 patients testés, ce qui montre que ce type<br />

d'anomalie génétique n’est responsable que d'une part<br />

mineure des valvulopathies. En revanche, notre équipe a<br />

réalisé de manière systématique la recherche de formes familiales<br />

de la maladie sur les cas sporadiques hospitalisés pour<br />

une chirurgie de plastie mitrale. Parmi les 160 patients que<br />

nous avons contactés, une enquête familiale a pu être réalisée<br />

chez 65 d'entre eux. Sur ces 65 familles, 45 (69%)<br />

avaient au moins un deuxième cas de valvulopathie myxoïde<br />

mitrale. Ces résultats montrent que les formes familiales de<br />

valvulopathie myxoïde mitrale sont très fréquentes.<br />

Le rétrécissement aortique<br />

Le rétrécissement aortique est actuellement la forme la plus<br />

fréquente de valvulopathie. Il touche environ 2 à 3% des sujets<br />

âgés. Nous avons tous appris, lors de nos études de médecine,<br />

que le rétrécissement aortique est une maladie du sujet âgé,<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 40 Juin 2008


du moins dans sa forme la plus fréquente, et que cette pathologie<br />

est liée à une dégénérescence progressive avec calcifications<br />

de la valve aortique liée à l'âge. Certains facteurs favorisants<br />

ont pu être rapportés comme l'insuffisance rénale ou<br />

l'hypercholestérolémie. Actuellement, la physiopathologie du<br />

rétrécissement aortique reste mal connue, et c’est probablement<br />

pour cette raison qu’aucun traitement médical n'est disponible.<br />

Afin de rechercher la présence de formes familiales de cette<br />

maladie, nous avons développé une approche d'épidémiologie<br />

génétique. Cette approche est basée sur l'hypothèse que la<br />

population de notre région étant très sédentaire, si un ancêtre<br />

était atteint d'une forme génétique de la maladie, il a dû<br />

la transmettre à ses descendants qui sont restés dans les mêmes<br />

communes. Par conséquent, les communes dans lesquelles des<br />

formes familiales de la maladie sont présentes doivent avoir<br />

une fréquence anormalement élevée de la maladie.<br />

Nous avons utilisé notre fichier hospitalier des patients opérés<br />

d'un remplacement valvulaire aortique au CHU de Nantes.<br />

Ce fichier comprenait 2 527 patients opérés entre 1992 et 2002.<br />

Le lieu de naissance de tous ces patients a été déterminé grâce<br />

au numéro de Sécurité sociale qui contient le code Insee permettant<br />

de localiser la commune de naissance. La fréquence<br />

des patients opérés a été calculée dans chaque commune en<br />

rapportant le nombre de patients opérés à la population de<br />

la commune estimée lors des recensements effectués entre1926<br />

et 1936. Cette approche nous a permis de montrer que la répartition<br />

de la fréquence du rétrécissement aortique était extrêmement<br />

variable avec des taux pouvant osciller entre 1 et 100.<br />

Nous avons alors étudié les communes dans lesquelles la fréquence<br />

du rétrécissement aortique était la plus élevée et dans<br />

lesquelles plusieurs patients avaient le même nom de famille.<br />

Une de ces communes a particulièrement retenu notre attention<br />

car elle avait le deuxième taux le plus élevé de rétrécissements<br />

aortiques et plusieurs patients étaient apparentés.<br />

A partir de ces patients, nous avons pu identifier une grande<br />

famille constituée de 135 membres parmi lesquels 83 étaient<br />

encore vivants au moment de l'étude. Treize patients étaient<br />

atteints d'une forme sévère de rétrécissement aortique, dont<br />

10 étaient toujours vivants au moment de l'étude. Huit avaient<br />

bénéficié d'un remplacement valvulaire aortique pour rétrécissement<br />

aortique symptomatique.<br />

Nous avons alors réalisé un dépistage de la maladie chez les<br />

habitants originaires de cette commune et des communes avoisinantes,<br />

et nous avons réalisé un large travail de généalogie<br />

pour connaître les ancêtres des patients que nous avions pu<br />

identifier comme étant porteurs d'un rétrécissement aortique.<br />

Ce travail nous a permis d'identifier 65 personnes atteintes<br />

d'un rétrécissement aortique sévère et toutes reliées au même<br />

ancêtre commun né en 1650 (7) .<br />

L'analyse génétique sur cette famille est rendue difficile car<br />

seule une génération est disponible (compte tenu de l'âge<br />

d'apparition du rétrécissement aortique). Une analyse de liaison<br />

a permis d'identifier des zones chromosomiques potentiellement<br />

liées à la maladie dans la famille, mais avec une<br />

ségrégation imparfaite. Ce travail a été la première démonstration<br />

que la forme classique de rétrécissement aortique pouvait<br />

être héréditaire. Nous avons parallèlement continué à<br />

identifier de nouvelles familles atteintes d’un rétrécissement<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 40 Juin 2008<br />

aortique. Ainsi, en partant de 233 patients hospitalisés en vue<br />

d’une chirurgie de remplacement valvulaire pour un rétrécissement<br />

aortique nous avons pu réaliser une enquête familiale<br />

chez 73 d'entre eux. Parmi ces 73 familles, une forme familiale<br />

de la maladie a pu être identifiée chez 59. Pour chacune de<br />

ces familles, il s’agissait d’une forme classique de rétrécissement<br />

aortique avec des patients âgés généralement de plus<br />

de 70 ans et une valve tricuspide.<br />

Ce travail démontre donc que même dans la forme classique<br />

du rétrécissement aortique touchant le sujet âgé les formes<br />

familiales sont très fréquentes.<br />

En conclusion<br />

Ces travaux mettent donc en évidence que les formes familiales<br />

des valvulopathies existent et sont probablement fréquentes<br />

lorsqu’elles sont recherchées. Cependant, jusqu’à<br />

présent nous n’avons pas remarqué que l’évolution clinique<br />

des patients atteints d’une forme familiale de ces maladies<br />

était différente de celle des autres patients. Le clinicien<br />

pourrait donc se désintéresser de ce problème en considérant<br />

que, puisque cela ne va pas modifier la prise en charge<br />

du patient, il n’est pas nécessaire de le rechercher. Cela serait<br />

une erreur car l'identification de ces formes familiales peut<br />

permettre le dépistage précoce de la maladie dans la famille,<br />

et ainsi éviter des complications graves, telles que les endocardites,<br />

et peut-être, dans le futur, permettre la mise en<br />

place précoce de traitements médicaux afin d'éviter<br />

l'aggravation de la maladie. ■<br />

Pour toute correspondance avec l’auteur<br />

vincent.probst@chu-nantes.fr<br />

Pour en savoir plus<br />

1. Disse S, Abergel E, Berrebi A, Houot AM, Le Heuzey JY, Diebold B, Guize L,<br />

Carpentier A, Corvol P, Jeunemaître X. Mapping of a first locus for autosomal<br />

dominant myxomatous mitral-valve prolapse to chromosome 16p11.2-p12.1.<br />

Am J Hum Genet 1999; 65: 1242-51.<br />

2. Freed LA, Acierno JS Jr., Dai D, Leyne M, Marshall JE, Nesta F, Levine RA, Slaugenhaupt<br />

SA. A locus for autosomal dominant mitral valve prolapse on chromosome<br />

11p15.4. Am J Hum Genet 2003; 72: 1551-9.<br />

3. Nesta F, Leyne M, Yosefy C, Simpson C, Dai D, Marshall JE, Hung J, Slaugenhaupt<br />

SA, Levine RA. New locus for autosomal dominant mitral valve prolapse on<br />

chromosome 13: clinical insights from genetic studies. Circulation 2005 ; 112:<br />

2022-30.<br />

4. Trochu JN, Kyndt F, Schott JJ, Gueffet JP, Probst V, Benichou B, Le Marec H.<br />

Clinical characteristics of a familial inherited myxomatous valvular dystrophy<br />

mapped to Xq28. J Am Coll Cardiol 2000; 35: 1890-7.<br />

5. Kyndt F, Gueffet JP, Probst V, Jaafar P, Legendre A, Le Bouffant F, Toquet C,<br />

Roy E, McGregor L, Lynch SA, Newbury-Ecob R, Tran V, Young I, Trochu JN,<br />

Le Marec H, Schott JJ. Mutations in the gene encoding filamin A as a cause<br />

for familial cardiac valvular dystrophy. Circulation 2007; 115: 40-9.<br />

6. Kyndt F, Schott JJ, Trochu JN, Baranger F, Herbert O, Scott V, Fressinaud E,<br />

David A, Moisan JP, Bouhour JB, Le Marec H, Benichou B. Mapping of X-linked<br />

myxomatous valvular dystrophy to chromosome Xq28. Am J Hum Genet 1998 ;<br />

62: 627-32.<br />

7. Probst V, Le Scouarnec S, Legendre A, Jousseaume V, Jaafar P, Nguyen JM,<br />

Chaventre A, Le Marec H, Schott JJ. Familial aggregation of calcific aortic<br />

valve stenosis in the western part of France. Circulation 2006 ; 113: 856-60.<br />

23


NOUVELLE RUBRIQUE<br />

24<br />

Généalogie<br />

I Transmission - gène - découverte - mutation I<br />

Denis Duboc<br />

Hôpital Cochin, Paris<br />

La génétique moléculaire a fait des progrès considérables au<br />

cours des vingt dernières années. De nombreuses mutations<br />

situées sur l’ADN, qui constitue notre patrimoine génétique,<br />

ont été découvertes et rendues directement responsables ou<br />

sont au moins impliquées dans la pathogénie de nombreuses<br />

affections, en particulier cardiovasculaires. Cependant, l’outil<br />

clinique que représente la génétique moléculaire est encore<br />

difficilement appréhendable et perceptible par le cardiologue<br />

clinicien. Dans cette rubrique Généalogie, nous allons essayer<br />

de préciser dans quelques affections héréditaires auxquelles le<br />

cardiologue peut être confronté dans sa pratique quelle peut<br />

être la place de la généalogie, de la génétique, de la biochimie<br />

moléculaire dans la prise en charge d’un patient concerné et<br />

les retombées familiales que cela peut avoir.<br />

Histoire d’un gène :<br />

à propos des laminopathies<br />

Histoire du gène<br />

des laminopathies<br />

L’histoire commence à la fin des années 1990 par un patient<br />

que nous appellerons le propositus qui présentait des troubles<br />

du rythme ventriculaire et un problème neuromusculaire.<br />

Il était en effet suivi depuis de nombreuses années pour des difficultés<br />

à la marche, attribuées à un syndrome de Kugelberg-<br />

Welander qui est un type d’amyotrophie spinale de l’adulte.<br />

Or dans ce type d’affection neuromusculaire, l’atteinte cardiaque<br />

est quasi inexistante, ce qui rendait cette observation<br />

particulièrement troublante, mais aussi passionnante pour le<br />

jeune chercheur clinicien en quête de nouvelle publication.<br />

En fait, en réexaminant le patient, il ne s’agissait pas d’une<br />

amyotrophie spinale par atteinte du motoneurone antérieur<br />

de la moelle, mais très clairement d’une dystrophie musculaire<br />

assez rare, la dystrophie d’Emery-Dreifuss qui donne notamment<br />

des rétractions tendineuses au niveau des coudes et<br />

du tendon d’Achille et qui est associée à des anomalies cardiaques<br />

bien connues. Il s’agit de troubles du rythme supraventriculaire,<br />

puis de troubles de conduction auriculo-ventriculaire,<br />

enfin de troubles du rythme ventriculaire et parfois<br />

de dysfonctions ventriculaires gauches. Le chercheur clinicien<br />

pouvait donc être a priori déçu, puisqu’il s’agissait de quelque<br />

chose de connu et publié. Heureusement, l’histoire ne s’arrête<br />

pas là.<br />

La reconstitution de l’arbre généalogique de sa famille,<br />

particulièrement informatif, va permettre d’aboutir à la<br />

découverte du gène et des mutations impliqués dans la survenue<br />

de cette affection. En effet, au sein de cette très<br />

grande famille de l’ouest de la France se trouvaient de nombreux<br />

patients atteints de la dystrophie musculaire d’Emery-<br />

Dreifuss avec une évolution clinique assez stéréotypée qui<br />

comportait des troubles de la marche dans l’enfance, des<br />

rétractions tendineuses puis, vers l’adolescence, l’apparition<br />

des premiers symptômes cardiaques : arythmie complète,<br />

trouble de conduction conduisant à la pose d’un pacemaker<br />

et à la transplantation chez un certain nombre de<br />

patients vers l’âge de 30 à 40 ans.<br />

Au sein de cette même famille, une deuxième maladie semblait<br />

exister, il s’agissait de patients ayant une atteinte purement<br />

cardiaque avec la survenue de troubles du rythme vers<br />

l’âge de 20 ans, puis de troubles de conduction, puis de troubles<br />

du rythme très sévères, parfois même d’insuffisance cardiaque<br />

ayant nécessité de recourir à la transplantation cardiaque.<br />

Donc, au sein de cette grande famille, des patients<br />

consultaient le neurologue qui lui-même de temps en temps<br />

appelait le cardiologue comme consultant, à la recherche de<br />

complications cardiaques associées à la maladie d’Emery-<br />

Dreifuss. Et d’autres patients consultaient uniquement le cardiologue<br />

car eux n’avaient pas la maladie d’Emery-Dreifuss,<br />

mais simplement une cardiopathie souvent sévère qui pouvait<br />

les conduire à la transplantation cardiaque.<br />

La forme cardiaque et musculaire<br />

Là encore, l’histoire ne s’arrête pas là. Au sein de cette famille,<br />

un certain nombre de patients ne voyaient ni le neurologue<br />

ni le cardiologue car eux étaient frappés par la malédiction<br />

qui était connue dans de cette grande famille, la mort subite.<br />

Etant donné l’extrême similarité du phénotype cardiaque<br />

dans la maladie d’Emery-Dreifuss et dans la cardiomyopathie<br />

dilatée associée à des troubles conductifs et rythmiques<br />

observés tous les deux dans cette famille, nous avons fait le<br />

pari que le mécanisme moléculaire était probablement<br />

le même, responsable de ces deux affections, une s’exprimant<br />

au niveau du cœur et l’autre au niveau du muscle squelettique<br />

et du cœur. Enfin, probablement, mais cela restait à<br />

démontrer, que les patients ayant fait une mort subite inaugurale<br />

étaient atteints par la forme la plus extrême de la<br />

même affection. En pratique, tous les patients considérés<br />

comme phénotypiquement atteints ont pu être prélevés, et<br />

cela a abouti à la mise en évidence d’une mutation sur le<br />

gène des lamines AC. Le gène code pour une protéine située<br />

sur la membrane interne du noyau de la cellule.<br />

Les laminopathies venaient d’apparaître sur la scène de la neurologie<br />

mais aussi de la cardiologie, et la publication eut lieu<br />

en 1999. Cette mutation se transmet sur un mode autosomique<br />

dominant ce qui veut dire qu’un enfant sur deux est atteint<br />

et que le mode de transmission ne passe pas par les chromosomes<br />

sexuels mais par un autosome (chromosome non sexuel).<br />

Ainsi, lorsqu’un parent est porteur, il y a une chance sur deux<br />

qu’il transmette à son enfant le chromosome atteint ou le<br />

chromosome sain, ce qui explique l’arbre généalogique de<br />

cette famille (Figure).<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 40 Juin 2008


I<br />

II<br />

III<br />

IV<br />

V<br />

1<br />

1<br />

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 1617 18 19 20 21 22 23<br />

2 3 4 5 6 7 8 9 11 1213 1415 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33<br />

1 2 3 4 5 6<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 40 Juin 2008<br />

Arbre généalogique de la grande famille française<br />

ayant permis de localiser la mutation du gène des lamines AC<br />

2<br />

1<br />

2<br />

3 4 5 6 7 8<br />

Figure. Un des deux parents est porteur de la mutation (caractérisée par la couleur noire), et dans chaque fratrie un<br />

enfant sur deux est atteint, quel que soit le sexe. Il s'agit d'une transmission autosomique (non liée au sexe) dominante<br />

(un seul gène muté suffit à faire exprimer la maladie) (phénotype). Les ronds représentent les individus de sexe<br />

féminin, les carrés ceux de sexe masculin : quand le carré ou le rond est clair, il s'agit de sujets sains. Quand il est<br />

pleinement noir , le phénotype est complet (cardiaque et musculaire), quand il est à moitié noir , le phénotype<br />

est purement cardiaque. Quand le sigle rond ou carré est rayé, il indique que l'individu est décédé. Le patient<br />

numéro 13( ), monsieur W. W., est le « propositus » qui a été le départ de la reconstitution de cet arbre familial.<br />

Les * représentent les sujets prélevés pour analyse génétique, les ▲ ceux porteurs d’un pacemaker.<br />

Figure. Tracés ECG d'un patient ayant fait une mort subite<br />

récupérée sur la voie publique. L'interrogatoire retrouve<br />

une mort subite prématurée chez un jeune frère et le tracé<br />

met en évidence la coexistence de troubles de conduction<br />

AV et IV et de troubles du rythme supraventriculaire.<br />

Ces anomalies doivent faire évoquer le diagnostic de<br />

laminopathie.<br />

Cet arbre est tout de même un peu particulier puisque certains<br />

ont la forme cardiaque exclusive et d’autres la forme<br />

cardiaque et musculaire. Un point particulier mérite d’être<br />

mentionné, c’est celui de la bénignité du phénotype cardiaque<br />

au moment où certains patients (les plus jeunes)<br />

ont pu être examinés. Au sein de cette famille, il y avait une<br />

jeune fille de 17 ans qui présentait comme seule anomalie<br />

un bloc auriculo-ventriculaire du premier degré (PR entre<br />

0,22 et 0,24 centièmes de seconde). Certes, il peut s’agir<br />

d’une anomalie physiologique dans la population générale,<br />

mais nous avons fait le pari que cette patiente était<br />

porteuse de cette mutation car appartenant à une famille<br />

à haut risque d’anomalie de conduction. Le pari a été tenu<br />

puisque malheureusement cette jeune femme était également<br />

porteuse de la mutation et a développé dans les<br />

années de suivi une dysfonction ventriculaire gauche qui<br />

a conduit à la mise en place d’un défibrillateur, puis à<br />

une transplantation cardiaque.<br />

Cette histoire familiale illustre l’aspect pratique de la<br />

découverte, grâce au clonage positionnel, d’une nouvelle<br />

anomalie moléculaire responsable d’affections graves.<br />

Cela a été rendu possible sur une grande famille informative<br />

chez laquelle un arbre généalogique a pu être reconstitué,<br />

ce qui a permis le prélèvement de l’ADN d’un certain<br />

nombre de patients et de déterminer avec précision<br />

la localisation du gène impliqué dans la genèse de cette<br />

affection. Depuis, les laminopathies occupent une place<br />

non négligeable dans la pathologie cardiovasculaire,<br />

en particulier rythmique, car les formes cardiaques pures<br />

25


26<br />

peuvent se compliquer de mort subite, et un certain nombre<br />

de nouvelles familles sont découvertes à l’occasion<br />

d’une mort subite récupérée. Pour illustrer ce point,<br />

je rapporterai une observation particulière récente de<br />

laminopathie.<br />

De la mort subite récupérée au diagnostic<br />

de laminopathie cardiaque<br />

Il s’agit d’un patient de 39 ans, hospitalisé pour un arrêt cardiaque<br />

récupéré ayant démarré par une tachycardie ventriculaire<br />

à 200/min avec secondairement l’apparition d’une dissociation<br />

électromécanique qui a pu être réanimé par les mesures<br />

habituelles. L’histoire de ce patient retrouve 10 ans auparavant<br />

la notion d’un Holter anormal avec une hyperexcitabilité ventriculaire<br />

et supraventriculaire et une fraction d’éjection du ventricule<br />

gauche légèrement diminuée à environ 50%. L’histoire<br />

familiale est également troublante, puisque l’un de ses frères<br />

est décédé brutalement dans son sommeil à l’âge de 45 ans. Une<br />

fois les conditions hémodynamiques du patient redevenues normales,<br />

la fraction d’éjection a été mesurée à 37%. Le diagnostic<br />

de laminopathie est évoqué étant donné l’antécédent familial<br />

de mort subite qui suggère un mode de transmission<br />

autosomique dominant (décès brutal chez le frère) et par ailleurs<br />

la notion d’anomalie rythmique supraventriculaire et ventriculaire<br />

ayant précédé et accompagné la manifestation aiguë.<br />

Un prélèvement adressé en biochimie génétique confirme le<br />

diagnostic en retrouvant une mutation présente à l’état hétérozygote<br />

(en effet un seul des chromosomes autosomiques sur<br />

les deux est atteint). Un défibrillateur est implanté et le traitement<br />

conventionnel de la dysfonction ventriculaire gauche<br />

débuté. Pour mémoire, ce patient n’a aucun signe musculaire<br />

et présente donc la forme cardiaque pure de laminopathie.<br />

A partir de là, l’enquête familiale doit commencer.<br />

Il s’agit d’un mode de transmission autosomique dominant,<br />

50% des enfants de ce patient peuvent être porteurs, et exposés<br />

à ce même risque de mort subite. Ils sont âgés de 5 à 13 ans.<br />

Se pose donc le problème du diagnostic génétique présymptomatique<br />

chez de jeunes enfants, ce qui peut avoir des répercussions<br />

psychologiques et de comportement parental chez des<br />

enfants dont le risque clinique réel n’est pas probant avant l’âge<br />

de 15 ans. Là, deux attitudes sont possibles : soit instaurer une<br />

surveillance « phénotypique » en faisant régulièrement des électrocardiogrammes<br />

et des échographies sans savoir si les enfants<br />

sont porteurs du gène de la mutation sur le gène des lamines,<br />

soit faire une détermination génétique et ne focaliser cette surveillance<br />

« phénotypique » que chez les seuls porteurs de la<br />

mutation. Cela mérite sans doute une approche pluridisciplinaire<br />

avec un psychologue, un généticien médical, mais il est<br />

clair que passé l’âge de 10 ans, étant donné le risque vital, j’aurais<br />

tendance à recommander de discuter avec les parents et les<br />

enfants, pour que l’on puisse faire cette détermination génétique<br />

et voir si l’enfant, futur jeune adolescent, est exposé à un<br />

risque notamment rythmique.<br />

Mais l’enquête familiale doit continuer ; après les descendants,<br />

les ascendants. Dans ce cas particulier, les deux parents du patient<br />

ressuscité sont décédés de problèmes non cardiaques, aussi il<br />

est difficile de savoir si ce sont les collatéraux et leurs descen-<br />

dants du côté de la mère ou les collatéraux et leurs descendants<br />

du côté du père qui sont concernés. En effet, on a de bonnes<br />

raisons de penser que la mutation a été transmise par l’un des<br />

parents, une néomutation étant peu probable dans ce cas. Le<br />

patient et son frère décédé brutalement sont atteints du phénotype<br />

laminopathie, et on a du mal à imaginer deux néomutations<br />

au sein de la fratrie. Il s’agit donc d’une maladie qui a<br />

été transmise et il faut essayer de recueillir des informations,<br />

naturellement par l’intermédiaire du patient concerné, sur ces<br />

deux parties de la famille. Concernant les collatéraux du patient,<br />

c’est-à-dire ses frères et sœurs, il faut là aussi les amener à un<br />

examen cardiologique et à un prélèvement génétique. Pour<br />

mémoire, le patient est d’ores et déjà capable de dire que sa<br />

sœur est suivie pour des problèmes rythmiques en province, et<br />

il y a fort à parier qu’elle est porteuse de la mutation, ce qui probablement<br />

modifiera sa prise en charge, notamment en termes<br />

de prévention de mort subite.<br />

En conclusion<br />

Les laminopathies à présentation cardiaque illustrent une affection<br />

grave à mode de transmission autosomique dominant<br />

avec une sanction thérapeutique, la prévention de la mort<br />

subite et un suivi cardiologique en cas de survenue de dysfonction<br />

ventriculaire gauche. Cela a des implications pratiques<br />

considérables, aussi l’enquête génétique doit être menée le<br />

plus scrupuleusement possible. De plus, cela illustre l’application<br />

pratique de la découverte d’une mutation d’un gène. On peut<br />

aussi en conclure que dans ce cas particulier il aura fallu un<br />

peu moins de 10 ans entre le clonage positionnel à<br />

l’identification du gène et la prévention de la mort subite.<br />

En revanche, le lien physiopathologique entre la diminution<br />

quantitative d’une protéine sur la membrane nucléaire<br />

(et non cellulaire) et la survenue d’une arythmie reste pour<br />

l’instant obscur. ■<br />

Pour toute correspondance avec l’auteur<br />

denis.duboc@cch.aphp.fr<br />

Pour en savoir plus<br />

- Becane HM, Bonne G, Varnous D, Muchir A, Ortega V, Hammouda EH,<br />

Urtizberea JA, Lavergne T, Fardeau M, Eymard B, Weber S, Schwartz K, Duboc D.<br />

High incidence of sudden death with conduction system and myocardial<br />

disease due to lamins A and C gene mutation. Pacing Clin Electrophysiol 2000;<br />

23(11 Pt 1): 1661-6.<br />

- Van der Kooi AJ, Bonne G, Eymard B, Duboc D, et al. Lamin A/C mutations<br />

with lipodystrophy, cardiac abnormalities, and muscular dystrophy. Neurology<br />

2002; 59(4): 620-3.<br />

- Van Berlo JH, Duboc D ,Pinto Y. Often seen but rarely recognised: cardiac complications<br />

of lamin A/C mutations. Eur Heart J 2004; 25(10):812-4.<br />

- Meune C, Van Berlo JH, Anselme F, Bonne G, Pinto YM, Duboc D. Primary<br />

prevention of sudden death in patients with lamin A/C gene mutations.<br />

N Engl J Med 2006; 354(2): 209-10.<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 40 Juin 2008


Art et Cœur<br />

I Photographie - sculpture - poésie - peinture - musique I<br />

Carole Libercier<br />

« Tout mon travail des<br />

cinquante dernières années,<br />

tous mes sujets trouvent leur<br />

source dans mon enfance »,<br />

Louise Bourgeois<br />

Heart 2004, caoutchouc, acier inoxydable, métal, fil, plastique,<br />

bois et carton (59,1 x 48,5 x 29,2 cm).<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 40 Juin 2008<br />

Le cœur<br />

de Louise Bourgeois<br />

Née à Paris en 1911, Louise Bourgeois<br />

est une figure éminente de la sculpture<br />

du XXe siècle. Installée aux Etats-Unis<br />

depuis 1938, elle n’est reconnue qu’assez<br />

tardivement.<br />

Le Musée d’art moderne de New York lui<br />

consacre une grande rétrospective en<br />

1982, et c’est en 1999 qu’elle reçoit le<br />

Lion d’or de la Biennale de Venise pour<br />

l’ensemble de son œuvre. Ses créations,<br />

étonnantes et singulières, traversent tous<br />

les mouvements artistiques de la<br />

deuxième partie du XXe siècle : expressionnisme,<br />

surréalisme, minimalisme…,<br />

et échappent à toute classification.<br />

Qu’il s’agisse de la « Femme-maison »,<br />

des « Personnages» sculptés sous forme<br />

de totems, des « Cellules » ou lieux de<br />

mémoire, ses œuvres – dessins, gravures<br />

ou sculptures – tournent autour des<br />

mêmes thèmes obsessionnels déclinés<br />

tout au long de sa vie avec des matériaux<br />

différents.<br />

L’œuvre représentée ici<br />

Heart 2004 a été exposée au<br />

centre Pompidou du 5 mars<br />

au 2 juin 2008 dans le cadre<br />

d’une rétrospective présentant<br />

près de 200 œuvres<br />

allant de 1938 à 2007.<br />

Cette sculpture récente est<br />

intimement liée à son histoire<br />

familiale et s’inscrit dans cette<br />

thématique qui a toujours<br />

existé, mais qui revient de<br />

façon répétitive et obsessionnelle<br />

ces dernières années.<br />

Louise Bourgeois est la<br />

seconde fille d’une famille de<br />

3 enfants. Ses parents possèdent<br />

un atelier de restauration<br />

de tapisseries anciennes,<br />

et dès 12 ans elle est mise à<br />

contribution pour redessiner<br />

les pieds manquants sur les<br />

tissus endommagés. Elle tra-<br />

© ADAGP, Paris 2008. Galerie Karsten Greve AG, Saint-Moritz<br />

vaille sous l’œil aimant et<br />

attentif d’une mère patiente<br />

et ordonnée. Dans cette<br />

œuvre, l’artiste se réfère à<br />

son enfance, à cet univers tissé de<br />

bobines de fil, d’aiguilles et d’écheveaux.<br />

Cette sculpture, sorte de portemanteau<br />

ou arbre métallique, est composée d’un<br />

socle sur lequel est fixée une longue tige<br />

en acier d’où partent des « ramifications»<br />

auxquelles sont suspendus divers éléments<br />

: boules sphériques de couleur,<br />

bobines de fil, écheveaux, alors qu’un<br />

gros cœur en caoutchouc rose piqué<br />

d’aiguilles occupe le premier plan.<br />

L’ensemble ordonné et symétrique rassure,<br />

sorte de squelette familial où les<br />

différents matériaux s’équilibrent. Il renvoie<br />

à la géométrie que l’artiste étudia<br />

et à son goût pour les relations des<br />

figures entre elles dans l’espace. Ne ditelle<br />

pas: « Mes sculptures sont des équations<br />

infaillibles. »<br />

Les écheveaux ou bobines dans des tons<br />

de bleu de tailles différentes rappellent<br />

les adultes et les enfants de son<br />

passé. Le cœur piqué d’aiguilles exprime<br />

une émotion forte.<br />

L’aiguille évoque ici non seulement<br />

l’acte de restauration dans l’entreprise<br />

familiale, mais elle est aussi symboliquement<br />

celle qui répare les blessures du<br />

cœur. Louise Bourgeois a toujours eu<br />

une fascination pour le pouvoir<br />

magique de l’aiguille qui « sert à réparer<br />

les dommages ». La place prépondérante<br />

du cœur fait sans doute allusion<br />

à cette mère aimante qui restaurait<br />

inlassablement les tissus abîmés malgré<br />

ses peines dues à un mari coureur de<br />

jupons.<br />

Tous ces fils qui s’enroulent évoquent<br />

le long écheveau de ses souvenirs<br />

d’enfance. Avec cette œuvre, Louise<br />

Bourgeois donne à voir le long et<br />

patient travail d’une « Pénélope des<br />

temps modernes» qui remonte dans le<br />

temps en quête de reconstruction d’un<br />

passé.<br />

Elle est la « couseuse-réparatrice », celle<br />

qui a assemblé les différents éléments de<br />

son enfance et qui utilise l’aiguille pour<br />

réparer ce qui a été endommagé par le<br />

passé et se réconcilier avec lui. ■<br />

29


30<br />

Frédérique Claudot*<br />

Yves Juillière**<br />

Juridique<br />

I Déontologie - code - exercice de la médecine - droit - éthique I<br />

CHU, Nancy<br />

En France, tout conducteur doit disposer d’un permis de<br />

conduire délivré par la préfecture et adapté au type de véhicule<br />

qu’il conduit. Sauf dispositions particulières (1) , il n’existe<br />

ni examen médical préalable à l’obtention du permis de<br />

conduire ni suivi médical obligatoire après l’obtention dudit<br />

permis. Le titulaire est supposé s’assurer lui-même de son<br />

aptitude à la conduite en cas de maladie, traitement ou handicap<br />

susceptibles d’entraîner des risques pour la conduite<br />

automobile. Dans ce cas, il est censé contacter spontanément<br />

un médecin agréé ou la Commission médicale des permis<br />

de conduire (pour plus de détails concernant les pathologies<br />

cardiovasculaires, voir l’arrêté du 21 décembre 2005 (2) ).<br />

Lorsque le médecin se trouve confronté à un patient inapte<br />

à l’obtention d’un permis de conduire ou devenu inapte,<br />

peut-il lui interdire de conduire ? Que faire ? Quelle est la<br />

responsabilité du médecin ?<br />

1. Le médecin peut-il interdire à son patient de<br />

conduire ?<br />

La réponse est non. Même s’il estime que la maladie dont son<br />

patient est atteint et/ou le traitement qu’il suit peuvent être<br />

dangereux au regard de la conduite automobile, le médecin ne<br />

dispose d’aucun pouvoir lui permettant d’interdire à l’un de ses<br />

patients de conduire. Le législateur n’ayant pas prévu de dérogation<br />

pour le signalement des conducteurs à risque, le médecin<br />

reste soumis au secret professionnel et ne peut pas saisir<br />

directement la Commission des permis de conduire ou le préfet<br />

[le patient sera convoqué par le préfet devant la commission et<br />

ne pourra pas s’y soustraire. Le patient ne saura pas qui a alerté<br />

le préfet. La saisine du préfet ou de la commission est anonyme<br />

(sic)!…]<br />

2. Que faire ?<br />

2.1. Informer toujours et encore…<br />

2.1.1. L’information du patient<br />

En plus de l’information claire, loyale, appropriée et compréhensible<br />

que tout médecin doit à son patient (art. L. 1111-2 CSP),<br />

il doit également dispenser une information particulière en<br />

termes de conséquences de sa maladie et/ou de la mise en œuvre<br />

de son traitement sur l’aptitude à la conduite (signes annonciateurs<br />

des crises, éviter les heures de circulation difficile, stress,<br />

météo, altitude, association de l’alcool au traitement, troubles<br />

de la vigilance liés au traitement…). L’information doit notamment<br />

porter sur les risques, y compris les risques fréquents ou<br />

* Frédérique Claudot est avocat au barreau de Nancy,<br />

consultante juridique du CHU de Nancy.<br />

** Yves Juillière est professeur des universités en cardiologie<br />

et maladies vasculaires à la faculté de médecine de Nancy<br />

et expert de cardiologie près la cour d’appel de Nancy.<br />

Inaptitude du patient à la conduite<br />

automobile : que faire ?<br />

graves, normalement prévisibles liés à la maladie et/ou au<br />

traitement, pour lui et pour autrui.<br />

Il doit essayer de convaincre son patient (sans obligation de<br />

résultat) soit d’arrêter de conduire, soit de se présenter de luimême<br />

devant un médecin agréé ou une commission médicale<br />

du permis de conduire et, le cas échéant, signaler le problème<br />

au médecin du travail.<br />

L’information doit être réitérée lors de nouvelles consultations,<br />

à chaque évolution de la maladie, à chaque modification de traitement<br />

(changement de médicament ou de posologie).<br />

2.1.2. L’information de la personne de confiance/de la famille<br />

En principe, l’information doit être délivrée au patient lui-même.<br />

Hormis les situations d’urgence, la loi ne prévoit de dérogations<br />

que dans les cas :<br />

où un patient hospitalisé aurait désigné une personne de<br />

confiance. Cette personne peut être un parent, un proche ou le<br />

médecin traitant. Elle est consultée dans les cas où le patient est<br />

hors d'état d'exprimer sa volonté et de recevoir l'information<br />

nécessaire à cette fin. Si le malade le souhaite, la personne de<br />

confiance l'accompagne dans ses démarches et assiste aux entretiens<br />

médicaux afin de l'aider dans ses décisions ;<br />

de diagnostic ou de pronostic graves : dans ce cas, le secret<br />

médical ne s'oppose pas à ce que la famille, les proches de la<br />

personne malade ou la personne de confiance reçoivent les<br />

informations nécessaires destinées à leur permettre d'apporter<br />

un soutien direct à celle-ci, sauf opposition de sa part.<br />

Cependant, l’article 34 du Code de déontologie médicale<br />

dispose que « le médecin doit formuler ses prescriptions<br />

avec toute la clarté indispensable, veiller à leur compréhension<br />

par le patient et son entourage et s'efforcer d'en<br />

obtenir la bonne exécution ». L’ordonnance sur laquelle le<br />

médecin formule sa prescription (qui n’est pas obligatoirement<br />

une prescription d’actes d’investigation ou de traitement<br />

complémentaires ou une prescription médicamenteuse)<br />

engage sa responsabilité. Sa délivrance doit être<br />

accompagnée d’explications claires, précises et nécessaires<br />

au patient et à son entourage pour une bonne observance<br />

du traitement. Il est par ailleurs à noter que l’obligation<br />

de conseil du pharmacien ou d’information des autres<br />

confrères qui sont intervenus ou qui interviendront par<br />

la suite ne dispense pas le médecin de son obligation<br />

d’information.<br />

2.1.3. L’information des autres médecins<br />

Le médecin traitant<br />

Sauf opposition du patient, le cardiologue peut informer le<br />

médecin traitant des précautions à prendre ou des contre-indications<br />

à la conduite automobile en raison de la maladie<br />

et/ou du traitement, afin que celui-ci relaie et complète les<br />

conseils du cardiologue et, le cas échéant, tente également de<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 40 Juin 2008


convaincre son patient d’arrêter de conduire ou de se présenter<br />

devant la Commission des permis de conduire.<br />

Le médecin du travail<br />

La collaboration entre le médecin du travail et le médecin<br />

traitant ou médecin spécialiste s’effectue dans le respect du<br />

secret professionnel. Une information concernant un patient<br />

ne peut - en principe - qu’être partagée entre les médecins<br />

concourant aux soins (sont exclues les situations d’expertise judiciaire,<br />

de contrôle médical…). Il s’ensuit que le médecin traitant<br />

(et par extension le médecin spécialiste) ne peut communiquer<br />

des informations médicales au médecin du travail qu’avec<br />

l’accord de l’intéressé et généralement par l’intermédiaire de<br />

l’intéressé (lettre remise au patient).<br />

Il est à noter que tout certificat d’inaptitude ou limitant l’aptitude<br />

du patient a une valeur informative, mais n’a aucune valeur<br />

légale vis-à-vis de l’employeur qui n’est tenu que des seules<br />

conclusions du médecin du travail.<br />

2.2. Consigner les informations dans le dossier du patient<br />

Les informations délivrées au patient et, le cas échéant, un<br />

double de tout certificat d’inaptitude à la conduite automobile,<br />

de tout document de mise en garde – conduite à tenir –,<br />

de toute prescription détaillée devront être consignés dans le<br />

dossier médical qui constituera le seul moyen de preuve en cas<br />

de mise en jeu de la responsabilité du médecin. Chaque venue<br />

du patient motivera une information et une consignation dans<br />

le dossier médical.<br />

3. Quelle responsabilité pour le médecin ?<br />

3.1.1. Sur le plan civil/administratif<br />

La responsabilité du médecin (ou de l’établissement en cas<br />

d’exercice public) pourrait être mise en cause s’il est établi qu’il a<br />

manqué à son obligation d’information (pas d’information, pas<br />

d’information suffisante, pas d’information réitérée…). Pour un<br />

certain nombre de juristes, le médecin pourrait être poursuivi<br />

dans les cas d’accidents graves, dans un premier temps dans les<br />

cas d’accidents mortels ou d’accidents aux conséquences lourdes.<br />

3.1.2. Sur le plan pénal<br />

La responsabilité du médecin pourrait être recherchée dans le<br />

cadre des délits de risques causés à autrui :<br />

La mise en danger de la vie d’autrui (art. 223-1 CPe) : « Le<br />

fait d'exposer directement autrui à un risque immédiat de mort<br />

ou de blessures de nature à entraîner une mutilation ou une<br />

infirmité permanente par la violation manifestement délibérée<br />

d'une obligation particulière de sécurité ou de prudence imposée<br />

par la loi ou le règlement est puni d'un an d'emprisonnement<br />

et de 15 000 euros d'amende.»<br />

La violation d'une obligation de sécurité ou de prudence<br />

(art. 121-3 al. 3 CPe)<br />

Le médecin qui n’a pas causé directement le dommage, mais<br />

qui a créé ou contribué à créer la situation qui a permis la réalisation<br />

du dommage ou qui n’a pas pris les mesures permettant<br />

de l’éviter est pénalement responsable s’il est établi qu’il a soit<br />

violé de façon manifestement délibérée une obligation particulière<br />

de prudence ou de sécurité prévue par la loi ou le règlement,<br />

soit commis une faute caractérisée et qui exposait autrui<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 40 Juin 2008<br />

à un risque d'une particulière gravité qu'il ne pouvait ignorer.<br />

L’intention délibérer de violer une obligation de sécurité sera<br />

dans ce cas difficile à établir puisque le médecin n’a aucun moyen<br />

d’interdire à son patient de conduire… Cependant, l’avocat de<br />

la victime pourrait plaider qu’entre deux maux, il faut savoir<br />

choisir le moindre : respecter le secret professionnel comme un<br />

absolu ou ne rien avoir fait pour éviter la survenue d’un accident<br />

d’une particulière gravité?<br />

En conclusion<br />

Les médecins sont de plus en plus sollicités pour jouer un rôle<br />

dans la prévention des accidents sans toutefois disposer de<br />

moyens préservant leur responsabilité.<br />

Le problème de l’information à l’assureur n’a volontairement<br />

pas été abordé. Tout conducteur est normalement dans<br />

l’obligation d’apporter toute information sur une maladie ou<br />

un handicap susceptible de modifier les clauses du contrat qu’il<br />

a signé avec son assurance. Ce signalement peut ne pas être sans<br />

conséquences sur les autres contrats que le patient aurait signés<br />

avec son assureur. Dans cette perspective, l’information du médecin<br />

doit-elle aller jusqu’à informer ou conseiller à son patient de<br />

prévenir son assureur ?<br />

Le problème des autres permis (chasse, bateau) n’a pas non plus<br />

été abordé. L’acquisition de ces permis est soumise à examen<br />

médical et production d’un certificat médical. Toutefois, aucun<br />

« contrôle » de capacité n’est organisé après la délivrance du<br />

permis. ■<br />

Pour toute correspondance avec les auteurs<br />

f.claudot@chu-nancy.fr ou fclaudot@medecine.uhp-nancy.fr<br />

y.juilliere@chu-nancy.fr<br />

Pour en savoir plus<br />

1. Liste des conducteurs soumis à un examen médical préalable :<br />

articles R. 221-10 à R. 221-14 du Code de la route consultable à l’url<br />

http://www.legifrance.gouv.fr/ rubrique « les codes en vigueur ».<br />

2. Arrêté du 21 décembre 2005, fixant la liste des affections médicales incompatibles<br />

avec l’obtention ou le maintien du permis de conduire ou pouvant<br />

donner lieu à la délivrance de permis de conduire de durée de validité limitée.<br />

JO du 28 décembre 2005, NOR EQUS0500620A téléchargeable à l’url<br />

http://www.legifrance.gouv.fr/ rubrique autres textes législatifs et réglementaires.<br />

A lire également<br />

Dossier « Médicaments et conduite automobile » publié par l'Afssaps ,<br />

consultable à l’url :<br />

http://agmed.sante.gouv.fr/htm/10/picauto/sommaire.htm<br />

« Le médecin et son patient conducteur », brochure réalisée par le<br />

Centre d’études et de recherches en médecine du trafic et La Prévention<br />

routière, avec le soutien de la Fédération française des sociétés<br />

d’assurances et du Conseil national de l’ordre des médecins téléchargeable<br />

à l’url : www.preventionroutiere.asso.fr<br />

Rôle des médecins devant des cas manifestes d'incapacité à la<br />

conduite. Bull Acad Natle Méd 2006 ; 190(4-5) : 1089-90.<br />

Article R. 5121-129 du Code de la santé publique - apposition des pictogrammes<br />

sur le conditionnement extérieur de certains médicaments.<br />

31


BSIP<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 40 Juin 2008<br />

Sommaire<br />

35 EDITORIAL<br />

Contrôle glycémique et risque<br />

cardiovasculaire :<br />

ADVANCE, VADT, ACCORD<br />

Serge Halimi<br />

36 Les nouveaux insulinosécréteurs<br />

dans le traitement du diabète<br />

de type 2<br />

Serge Halimi, Laure Villaret,<br />

Isabelle Debaty<br />

40 Les sulfonylurées n’exercent pas<br />

toutes la même protection<br />

cardiovasculaire<br />

Marie Virally<br />

43 Le diabète de type 2 sous l’angle<br />

physiopathologique de<br />

l’hyperglucagonémie<br />

Anne Teyssédou<br />

33


DR<br />

Diabéto pour le praticien<br />

Serge Halimi<br />

Rédacteur en chef<br />

Dans le précédent numéro alors que nous ne disposions que<br />

de très peu d’éléments sur les résultats de l’étude ACCORD et<br />

de presque aucun détail concernant les raisons exactes de<br />

l’arrêt du bras « contrôle intensif » hormis une surmortalité<br />

significative, il me semblait déjà indispensable de ne pas aller trop<br />

vite en besogne et accuser l’optimisation glycémique de tuer les diabétiques<br />

de type 2 ! La grande presse s’en est emparé, certains praticiens<br />

ont déjà conclu à la seule priorité du contrôle lipidique et<br />

tensionnel et considérablement relativisé l’importance de gérer<br />

l’hyperglycémie, tenant ainsi les recommandations actuelles pour<br />

inadaptées et excessives.<br />

Le congrès américain de diabétologie 2008 ADA, qui vient de se terminer,<br />

a rapporté les résultats de trois études, ADVANCE, VADT et<br />

ACCORD, qui ont principalement porté sur les effets cardiovasculaires<br />

du renforcement intensif de la glycémie et permis de clarifier<br />

les choses. Les designs de ces études diffèrent, en particulier quant<br />

à l’HbA1c de départ, aux objectifs d’HbA1c (6,5% pour ADVANCE et<br />

< 6% pour les deux études américaines) et aux modalités pour les<br />

atteindre (nombre d’antidiabétiques oraux et vitesse d’abaissement<br />

des glycémies). De plus, ADVANCE est la seule étude représentative<br />

de la population mondiale (Europe, Chine, Inde, Australie, Amérique<br />

du Nord) alors que les deux autres essais portent sur une<br />

population nord-américaine. Dans les trois études, les autres facteurs<br />

de risque cardiovasculaire sont aux objectifs et le risque cardiovasculaire<br />

des diabétiques de type 2 n’avait jamais été aussi bas,<br />

en particulier dans les deux bras de l’étude ACCORD. C’est bien là,<br />

en premier lieu, ce qui doit retenir notre attention, comme le pointe<br />

l’éditorial qui accompagne la publication du NEJM rappelant: «ceci<br />

est l’affirmation du succès du traitement moderne du diabète, ce<br />

constat prime sur toute autre considération », et « ces résultats soulignent<br />

la difficulté d’aller plus loin dans la réduction du risque cardiovasculaire<br />

une fois le traitement optimisé. Le praticien doit<br />

continuer à œuvrer pour réduire tous les facteurs de risque cardiovasculaire,<br />

plutôt que d’envisager sans motif de relever les objectifs<br />

glycémiques des recommandations, s’efforcer au contraire d’y amener<br />

un grand nombre de patients qui en sont souvent si éloignés!»<br />

En effet, les deux études, ADVANCE comme VADT, ne retrouvent pas<br />

de bénéfice cardiovasculaire, mais pas non plus de surmortalité globale<br />

ou cardiovasculaire liée au contrôle glycémique intensif ni à aucun<br />

médicament, y compris la rosiglitazone dans VADT (ni dans<br />

ACCORD au demeurant).<br />

Dans une étude ancillaire de VADT* (RACED**), il a été mis en évidence<br />

un lien fort entre score calcique élevé et risque cardiovasculaire,<br />

ainsi qu’un bénéfice du contrôle glycémique intensifié sur le<br />

risque cardiovasculaire chez les patients dont le score calcique était<br />

bas et l’ancienneté du diabète faible, alors que les sujets dont le diabète<br />

évoluait de longue date avec score calcique élevé n’ont eu aucun<br />

bénéfice au plan cardiovasculaire. Dans VADT et plus encore<br />

dans ACCORD, l’incidence des hypoglycémies graves (comas, besoin<br />

d’assistance médicale) a été particulièrement élevée dans le groupe<br />

intensif, de façon inacceptable. Toutefois, l’imputabilité de la mortalité<br />

n’a pu être rattachée avec certitude aux accidents hypoglycémiques<br />

dans le groupe traitement intensif. L’âge, l’ancienneté du<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 40 Juin 2008<br />

Contrôle glycémique et risque<br />

cardiovasculaire :<br />

ADVANCE, VADT, ACCORD<br />

diabète, le haut niveau de risque cardiovasculaire, les objectifs glycémiques<br />

très bas (en deçà des recommandations internationales),<br />

la forte prise de poids du bras intensif (28% ayant pris 10,5 kg) sont<br />

peut-être responsables de cette surmortalité. Néanmoins les responsables<br />

de l’étude eux-mêmes ont admis ne pas être en mesure de<br />

fournir une explication satisfaisante et devoir encore travailler leurs<br />

données. Mais quoi qu’il en soit la conclusion première à tirer de ces<br />

études, selon moi, est qu’un sujet âgé, fragile, dont le diabète est<br />

ancien, ne doit certainement se voir proposer une « normalisation<br />

glycémique », mais des valeurs d’HbA1c raisonnables, autour de 7%.<br />

En revanche, conclure à l’inutilité d’un bon contrôle glycémique dès<br />

le début ou plus tard dans le cours de la maladie et imaginer que<br />

seuls le risque et la protection cardiovasculaires comptent, que des<br />

statines, des antihypertenseurs et des glycémies médiocres suffisent<br />

à la prise en charge du diabète de type 2 serait lourd de conséquences.<br />

Les effets remarquables du traitement du diabète ont accru<br />

l’espérance de vie des diabétiques de type 2 laissant tout le<br />

temps à la microangiopathie de faire son œuvre. Rétinopathie, néphropathie,<br />

neuropathie sont les conséquences directes de<br />

l’hyperglycémie. Elles étaient le triste lot de la plupart de nos patients<br />

il y a deux décennies encore. Ce serait un dramatique retour<br />

en arrière que de mettre tous les diabétiques de type 2 sur le même<br />

plan et de leur proposer à tous le même objectif glycémique, très<br />

strict ou plus souple, mais surtout pas laxiste.<br />

Traiter le diabète de type 2 repose sur des objectifs faciles à atteindre<br />

et à prescrire « lipides, tension artérielle et antiagrégants », cela<br />

est à la portée de tout praticien et certainement pas d’une spécialité<br />

quelconque (sous réserve de connaître les objectifs et de veiller<br />

à les atteindre). En revanche, contrôler l’hyperglycémie demande<br />

« beaucoup plus d’efforts et de compétence » du patient comme du<br />

soignant. Il serait trop aisé de se servir des résultats d’ACCORD pour<br />

remiser au placard la spécificité du contrôle glycémique et ses bénéfices<br />

parfaitement démontrés depuis l’UKPDS.<br />

Si certains n’en sont pas convaincus ou pas capables qu’ils laissent<br />

d’autres soignants faire, plus motivés, plus persévérants et simplement<br />

plus compétents. De plus, les nouveaux antidiabétiques se<br />

multiplient enfin. Ils sont efficaces, ont peu d’effets secondaires,<br />

en particulier ils n’exposent plus au risque d’hypoglycémie qui fut à<br />

la fois un risque et un obstacle dans ces études. Ce n’est donc pas le<br />

moment de baisser la garde ou de démotiver patients et soignants.<br />

Cette mode qui tend à médiatiser à la hâte des résultats encore incertains,<br />

sans en connaître le moindre détail, sans réflexion ni mise<br />

en perspective, à céder à la tentation de les monter en épingle, de<br />

les colporter, de douter de tout, est irresponsable. Cela s’apparente<br />

au monde des médias à sensation qui ne doit en aucun cas aussi envahir<br />

et venir polluer « ce sanctuaire qui devrait y résister : la médecine<br />

». Le diabète de type 2 est responsable d’un tiers des<br />

cardiopathies ischémiques, la première cause d’insuffisance rénale,<br />

de cécité et d’amputation. Le contrôle glycémique y joue un rôle<br />

majeur. Mais le « bon sens et l’art médical » nous dictaient déjà<br />

d’appliquer avec prudence et de façon nuancée les recommandations<br />

selon le profil de chaque patient. Ces études n’ont fait que le<br />

confirmer. ■<br />

* Proliferative Diabetic Retinopathy in Diabetes type 2 is related to Coronary Artery Calcium in the Veterans Affairs Trial (VADT).<br />

** RACED : Risk Factors, Atherosclerosis and Clinical Events in Diabetes.<br />

35


36<br />

Diabéto pour le praticien<br />

Serge Halimi,<br />

Laure Villaret et<br />

Isabelle Debaty<br />

Service de diabétologie-nutrition,<br />

CHU, Grenoble<br />

Durant près de quatre décennies les médicaments antidiabétiques<br />

se sont limités à deux classes thérapeutiques : les<br />

sulfamides hypoglycémiants et la metformine. Puis en cas<br />

d’échec, c’est-à-dire de résultat glycémique jugé insuffisant<br />

sous antidiabétiques oraux (ADO), le seul recours était un<br />

passage à l’insuline souvent indispensable après 10 à 15 ans<br />

et qui demeure, aujourd’hui, la meilleure option pour nombre<br />

de patients. Puis vint l’acarbose (Glucor) dont l’effet<br />

hypoglycémiant est plus modeste, et enfin les glitazones<br />

(thiazolidinediones), depuis environ six ans en Europe et<br />

une dizaine d’années aux Etats-Unis. Cette dernière classe<br />

d’ADO a élargi notre arsenal thérapeutique en permettant<br />

d’agir sur l’insulinorésistance presque toujours présente<br />

mais à des degrés divers chez la plupart des diabétiques de<br />

type 2 (DT2), cette action s’exerce principalement en abaissant<br />

les acides gras libres circulants donc agissant ainsi sur<br />

le muscle (meilleure utilisation du glucose), mais aussi sur<br />

le foie (moindre production de glucose). Cette insulinorésistance<br />

n’était pas influencée par les traitements précédents<br />

hormis l’excès de production de glucose hépatique<br />

réduit par la metformine. Les glitazones ont surtout permis<br />

de diversifier les associations thérapeutiques indispensables<br />

pour traiter le DT2, où les troubles à corriger sont multiples<br />

expliquant que les monothérapies sont souvent rapidement<br />

mises en échec. Enfin, cela a ouvert la voie à de<br />

véritables trithérapies « metformine-sulfamides-glitazones».<br />

Les effets indésirables<br />

et les limites d’action des précédents ADO<br />

Quoique disposant de cinq classes thérapeutiques en pratique<br />

courante, le médecin est souvent confronté aux effets indésirables<br />

ou aux échecs des ADO (1) .<br />

Ainsi, la metformine, qui est aujourd’hui préconisée dans toutes<br />

les recommandations internationales comme le traitement de<br />

première intention pour la plupart des DT2, a néanmoins<br />

quelques inconvénients, d’abord une tolérance intestinale<br />

médiocre (diarrhées) chez au moins 20% des patients et un usage<br />

limité chez les sujets âgés, insuffisants rénaux, insuffisants cardiaques<br />

et en général chez les patients fragiles. Les sulfamides<br />

hypoglycémiants sont essentiellement pénalisés par les hypoglycémies<br />

qu’ils entraînent, les glitazones par la rétention hydrosodée,<br />

les décompensations d’insuffisances cardiaques sousjacentes<br />

et la prise de poids par rétention hydrosodée et<br />

accumulation de graisse sous-cutanée.<br />

Le passage sous insuline est lui-même responsable d’effets secondaires<br />

: risque hypoglycémique bien sûr mais aussi, chez les<br />

Les nouveaux insulinosécréteurs<br />

dans le traitement<br />

du diabète de type 2<br />

patients très insulinorésistants, en surpoids ou obèses, prise de<br />

poids supplémentaire avec peu de bénéfice glycémique malgré<br />

de fortes doses d’insuline, au grand désespoir des patients et de<br />

leur médecin. Les nouveaux antidiabétiques, oraux ou injectables,<br />

comblent en partie certaines de ces lacunes.<br />

Le phénomène « incrétine »<br />

Chez un sujet normal, lorsque le glucose est administré par voie<br />

orale, il entraîne une sécrétion d’insuline beaucoup plus importante<br />

que s’il est administré par voie veineuse, à même niveau<br />

glycémique (Figure 1). Cette plus grande amplitude de sécrétion<br />

est due au fait que la voie orale déclenche la sécrétion<br />

d’hormones du tube digestif, le GLP-1 et le GIP. Ce sont les hormones<br />

dites « incrétines » (2) . Elles sont sécrétées dès le début de<br />

la prise alimentaire, mais seul le GLP-1 est altéré chez les diabétiques<br />

de type 2 et constitue la base des nouveaux insulinosécréteurs.<br />

En effet, son taux est plus bas que chez les sujets non<br />

diabétiques et la réponse insulinique postprandiale au stimulus<br />

glucose serait réduite de 60% chez les DT2 du fait de ce déficit<br />

en GLP-1.<br />

Mais le GLP-1 a aussi d’autres effets intéressants, en particulier<br />

la régulation de la sécrétion de glucagon. Celui-ci est<br />

normalement freiné par la prise alimentaire. Chez les DT2,<br />

il reste trop élevé à jeun comme en postprandial, et il est<br />

ainsi responsable d’un excès de production de glucose par<br />

Glycémie (mmol/l)<br />

11<br />

5,5<br />

0<br />

0 1 02<br />

50 g de glucose par voie orale<br />

ou glucose isoglycémique<br />

en perfusion IV<br />

60 120 180 60 120 180<br />

Temps (min)<br />

L’effet incrétine<br />

Glucose oral<br />

Glucose IV<br />

Figure 1. Amplification de la réponse insulinique par l’apport<br />

oral de glucose par rapport à l’effet obtenu par son apport par<br />

voie veineuse.<br />

CPeptide- (nmol/L)<br />

2,0<br />

1,5<br />

1,0<br />

0,5<br />

00<br />

Non-Diabétiques<br />

0 1 02<br />

50 g de glucose par voie orale<br />

ou glucose isoglycémique<br />

en perfusion IV<br />

Temps (min)<br />

Effet<br />

incrétine<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 40 Juin 2008


Échange d'AA<br />

Exénatide<br />

H A E G T F T S D V S S Y L E G Q A A K E F I A W L V K G R amide<br />

Site de dégradation<br />

protéolytique<br />

Les analogues du GLP-1<br />

Acide Gras sur chaîne<br />

Latérale Liraglutide<br />

Enzymes DPPIV<br />

Figure 2. Le GLP-1 est rapidement dégradé par des enzymes dites<br />

DPP IV (dipeptidyl peptidases IV), les solutions thérapeutiques<br />

passent par leur inhibition (inhibiteurs des DPP IV ou gliptines)<br />

ou des analogues du GLP-1 rendus résistants aux DPP IV de<br />

diverses manières (exénatide et bientôt liraglutide).<br />

le foie et d’une hyperglycémie à jeun et en partie aussi après<br />

les repas.<br />

De plus, la stimulation de la sécrétion d’insuline comme le freinage<br />

du glucagon par le GLP-1 sont « gluco-dépendants ». En<br />

effet, ils ne s’exercent que tant que la glycémie est au-dessus de<br />

la normale évitant ainsi tout risque d’entraîner une hypoglycémie<br />

même en cas de surdosage. Enfin, le GLP-1 retarde la vidange<br />

gastrique et accroît la satiété ; deux autres éléments importants<br />

pour le traitement des DT2. Rétablir des taux plus physiologiques<br />

de GLP-1 constitue donc une approche thérapeutique innovante<br />

et prometteuse.<br />

Les inhibiteurs des DPP IV ou gliptines<br />

Mais le GLP-1 est très vite détruit par des enzymes dites dipeptidyl<br />

IV ou « DPP IV », et de ce fait l’administration de GLP-1<br />

humain est inutile sauf à le perfuser de façon continue. Deux<br />

voies ont été développées avec succès : les inhibiteurs des<br />

DPP IV ou « gliptines », par exemple la sitagliptine (Januvia)<br />

récemment introduite sur le marché français (3) . Ces molécules<br />

permettent de rétablir des taux plus élevés de GLP-1 endogène<br />

en réduisant sa protéolyse. Il s’ensuit une amélioration du profil<br />

glycémique chez les DT2 tant à jeun qu’en postprandial, sans<br />

hypoglycémie, sans prise de poids avec une baisse moyenne de<br />

0,7 à 1,1% d’HbA1c. Comparée à la metformine, aux sulfamides<br />

hypoglycémiants et aux glitazones, la baisse d’HbA1c est considérée<br />

comme non inférieure, quoique en général un peu moins<br />

forte. En revanche, les gliptines entraînent moins de troubles<br />

digestifs que la metformine, pas d’hypoglycémie contrairement<br />

aux sulfamides et aucune prise de poids ou aucun œdème à<br />

l’inverse des glitazones. En bithérapie, la synergie est excellente<br />

avec la metformine et les glitazones, la première constituant<br />

néanmoins la combinaison la plus logique et promise à un développement<br />

important. Toutefois si les gliptines semblent présenter<br />

beaucoup d’avantages par rapport aux sulfamides hypoglycémiants,<br />

il n’est pas certain que leur pouvoir hypoglycémiant<br />

soit équivalent lorsque l’HbA1c de départ est > 8,5%. De ce fait,<br />

le choix entre ces deux classes d’insulinosécréteurs pourrait se<br />

faire sur le degré initial d’hyperglycémie. La tolérance et<br />

l’efficacité des gliptines semblent excellentes chez l’insuffisant<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 40 Juin 2008<br />

Lien albumine<br />

CJC 1131<br />

Inhibiteur des DPPIV<br />

Figure 3.<br />

Exemple d’un analogue du GLP-1<br />

résistant aux DPP IV<br />

Exénatide HG EGT F T SD L S KQME EEA VRL FIE WLKNGGPSSGAPPPS-NH 2<br />

GLP 1<br />

HA EGT F TSDVSSY L EGQAAKE F I AWLVKGR-NH humain<br />

2<br />

Site d’action de la DPP IV<br />

L’exendine-4 a été isolé dans la salive d’un lézard,<br />

Heloderma suspectum.<br />

rénal et le sujet âgé. Dans un avenir proche cette classe pourrait<br />

donc être recommandée en bithérapie dès que les objectifs<br />

(entre < 6,5 ou 7% d’HbA1c) ne sont pas atteints en monothérapie<br />

par metformine d’autant qu’à ces niveaux d’HbA1c aucun<br />

risque hypoglycémique n’est encouru avec une telle bithérapie.<br />

En revanche, hormis certaines situations (intolérance absolue<br />

ou contre-indications formelles), la metformine devrait rester<br />

la première ligne de traitement de cette maladie pour toutes<br />

ses qualités, y compris son coût très faible.<br />

Les analogues du GLP-1<br />

C’est l’autre voie thérapeutique utilisant le principe des « incrétino-mimétiques<br />

» (4) . Il s’agit d’analogues du GLP-1 résistant aux<br />

enzymes DPP IV (Figure 2), le premier sur le marché est<br />

l’exénatide (Byetta), la version synthétique de l’exendine-4, peptide<br />

naturel isolé de la salive d’un lézard appelé Heloderma<br />

suspectum (Figure 3). Il présente 53% d’homologie structurelle<br />

avec le GLP-1. Les études précliniques ont montré que l’exénatide<br />

possède tous les effets du GLP-1 : la stimulation glucodépendante<br />

de la sécrétion de l’insuline, l’inhibition de la sécrétion du<br />

glucagon, les effets trophiques et protecteurs sur la cellule bêta,<br />

l’inhibition de la prise alimentaire et de la vidange gastrique,<br />

l’induction d’une perte pondérale, et l’amélioration de la sensibilité<br />

à l’insuline. L’action globalement plus puissante de<br />

l’exénatide en comparaison aux inhibiteurs des DPP IV, y compris<br />

glycémique tient au fait que ces derniers ne font que rehausser<br />

partiellement le GLP-1 endogène, alors que cet analogue<br />

assure un effet exogène « pharmacologique » de type GLP-1<br />

like. Il est administré par voie injectable sous-cutanée à raison<br />

de 2 injections quotidiennes de 5 ou 10 µg. Les effets secondaires<br />

sont essentiellement digestifs, nausées (20 à 30%), mais<br />

s’amendent avec le temps et justifient de débuter par la plus<br />

37


38<br />

Diabéto pour le praticien<br />

petite dose le premier mois. Chez des patients DT2 insuffisamment<br />

contrôlés par la metformine et/ou une sulfonylurée,<br />

l’adjonction de l’exénatide pendant 30 mois a permis d’obtenir<br />

une baisse significative des glycémies à jeun et postprandiale,<br />

du taux d’HbA1c de 0,4 à 1%, et une perte pondérale progressive<br />

et dose-dépendante de 1 à 2 kg. Certains patients de ces<br />

trois études ont été suivis en ouvert jusqu’à 2 ans. Ils ont maintenu,<br />

voire accentué, la baisse initiale du taux d’HbA1c (-1,1%)<br />

et la perte pondérale (- 4,7 kg). En association à une glitazone<br />

chez des DT2 non contrôlés par celle-ci, l’exénatide sur<br />

16 semaines a apporté une diminution supplémentaire du taux<br />

d’HbA1c de 0,89% de même qu’une perte pondérale de<br />

1,75 kg. Une forme à libération prolongée, une injection hebdomadaire,<br />

est en cours de développement. L’indication princeps<br />

actuelle (comme l’AMM européenne) est l’échec de la bithérapie.<br />

En somme, l’exénatide est une alternative soit à la<br />

trithérapie orale, soit au passage à l’insuline. Une étude montre<br />

l’équivalence d’effet glycémique entre l’exénatide et la glargine<br />

(Lantus) en maintenant les ADO habituels, -1,1% d’HbA1c<br />

à 26 semaines, mais l’exénatide entraîne moins d’hypoglycémies<br />

nocturnes et la perte pondérale moyenne est de 2,3 kg comparativement<br />

à une prise pondérale d’environ 1,8 kg dans le groupe<br />

glargine (5) . Néanmoins cette étude ne doit surtout pas faire<br />

conclure à l’équivalence stricte avec quelques avantages pour<br />

l’exénatide dans la mesure où, d’une part, la titration de l’insuline<br />

semble avoir été inhabituellement prudente dans cette étude<br />

et, d’autre part, et surtout les indications de passage impératif<br />

sous insuline sont encore très nombreuses et spécifiques : carence<br />

insulinique patente, sécurité chez les sujets fragiles et/ou âgés,<br />

etc. Ce serait une grave erreur de croire que l’alternative existe<br />

chez tout diabétique étiqueté type 2 en échec de bithérapie<br />

ADO. Le praticien sera très vigilant et particulièrement avisé de<br />

prendre l’avis d’un spécialiste au moindre doute et plus encore<br />

de ne sevrer aucun diabétique déjà sous insuline sans avis spécialisé<br />

et encadrement strict.<br />

Les schémas et stratégies thérapeutiques<br />

de demain<br />

Ces deux nouvelles classes thérapeutiques enrichissent indéniablement<br />

l’arsenal thérapeutique et comblent des lacunes avec<br />

des effets indésirables très modestes (1,6) .<br />

On peut ainsi envisager d’introduire les gliptines en bithérapie<br />

dès que l’HbA1c dépasse 6,5 ou 7% chez des diabétiques<br />

de type 2 en échec de metformine seule. Cette association synergique<br />

offre l’avantage sur l’association metformine + sulfamides<br />

de ne pas exposer au risque d’hypoglycémie, surtout si la bithé<br />

7 ou 7,5% en monothérapie. Au-delà, aujourd’hui, il est logique<br />

de maintenir les indications de l’association metformine +<br />

sulfamides. L’autre bithérapie est bien sûr metformine + glitazone.<br />

Là encore, l’association metformine + gliptine semble préférable<br />

sur le plan pondéral et de la rétention hydrosodée. Toutefois,<br />

si le patient est de façon prédominante insulinorésistant,<br />

alors la glitazone semble préférable. On dispose encore d’assez<br />

peu d’indicateurs phénotypiques simples pour orienter vers l’une<br />

ou l’autre bithérapie. On pourrait donc voir plus souvent les glitazones<br />

repoussées au moment du passage en trithérapie. Quant<br />

à l’exénatide, si l’indication « officielle » est l’échec d’une bithé-<br />

rapie, on dispose encore d’assez peu de critères de choix. Certes,<br />

les résultats sont très encourageants, mais on doit rester prudent<br />

lorsque le choix « insuline ou exénatide » se pose et ne<br />

jamais interrompre une insulinothérapie déjà entreprise sans<br />

avis, dans la mesure où 10% des DT2 sont mal classés (les sujets<br />

les plus minces) et sont en réalité d’authentiques DT1 apparus<br />

à l’âge adulte ou chez des sujets âgés, de plus nombre de vrais<br />

DT2 évoluent vers une insulinopénie authentique. Ainsi dans<br />

toutes ces situations le choix de l’exénatide serait une erreur<br />

lourde de conséquences.<br />

En conclusion<br />

Ces nouvelles molécules ciblent des mécanismes physiopathologiques<br />

du DT2 mal connus jusqu’alors et surtout pour lesquels<br />

les traitements précédents étaient inopérants. Ils relancent, au<br />

moins partiellement, la réponse insulinosécrétoire au glucose<br />

chez les DT2, freinent l’excès de glucagon et exercent des effets<br />

sur la prise alimentaire et le poids à long terme. Cela leur confère<br />

une neutralité ou un bénéfice pondéral et aucun risque hypoglycémique<br />

(hormis en association aux sulfamides hypoglycémiants<br />

ou à l’insuline). Indéniablement elles ouvrent des perspectives<br />

très prometteuses et ont enrichi et diversifié notre<br />

arsenal thérapeutique. Néanmoins, tout remplacement systématique<br />

des sulfamides hypoglycémiants (ou d’une glitazone)<br />

par une gliptine en association avec la metformine serait une<br />

erreur et conduirait à quelques déconvenues. Il en serait de<br />

même pour l’usage de l’exénatide comme une alternative systématique<br />

à l’insuline. Une réflexion sur chaque patient s’impose<br />

plus que jamais tant les molécules se multiplient et les combinaisons<br />

thérapeutiques plus encore. Cette réflexion doit porter<br />

sur les spécificités de chaque patient afin d’orienter le traitement<br />

selon ses caractéristiques phénotypiques clinico-biologiques,<br />

donc physiopathologiques. Cet effort de compréhension<br />

et d’analyse s’impose plus que jamais face à une<br />

pharmacopée diversifiée. ■<br />

Pour toute correspondance avec l’auteur<br />

shalimi@chu-grenoble.fr<br />

Pour en savoir plus<br />

1. Virally M, Blicklé JF, Girard J, Halimi S, Simon D, Guillausseau PJ. Type 2 diabetes mellitus:<br />

epidemiology, pathophysiology, unmet needs and therapeutical perspectives. Diabetes<br />

Metab 2007; 33 : 231-44.<br />

2. Drucker DJ. Enhancing incretin action for the treatment of type 2 diabetes. Diabetes<br />

Care 2003; 26 : 2929-40.<br />

3. Rosenstock J, Zinman B. Dipeptidyl peptidase-4 inhibitors and the management of<br />

type 2 diabetes mellitus. Curr Opin Endocrinol Diabetes Obes 2007;14 : 98-107.<br />

4. Buse JB, Klonoff DC, Nielsen LL, et al. Metabolic effects of two years of exenatide treatment<br />

on diabetes, obesity, and hepatic biomarkers in patients with type 2 diabetes: an<br />

interim analysis of data from the open-label, uncontrolled extension of three doubleblind,<br />

placebo-controlled trials. Clin Ther 2007; 29 : 139-53.<br />

5. Amori RE, Lau J, Pittas AG. Efficacy and safety of incretin therapy in type 2 diabetes: systematic<br />

review and meta-analysis. JAMA 2007; 298 : 194-206.<br />

6. Heine RJ, Van Gaal LF, Johns D, Mihm MJ, Widel MH, Brodows RG; GWAA Study Group.<br />

Exenatide versus insulin glargine in patients with suboptimally controlled type 2 diabetes:<br />

a randomized trial. Ann Intern Med 2005; 143 : 559-69.<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 40 Juin 2008


40<br />

Diabéto pour le praticien<br />

Les sulfonylurées n’ont pas toutes la même efficacité sur le<br />

risque et/ou la protection coronaires des patients diabétiques<br />

de type 2. Les « anciennes » molécules, comme le glibenclamide<br />

ou le tolbutamide, sont associées à un risque<br />

d’événements coronaires plus élevé que les plus « récentes»,<br />

comme le gliclazide et le glimépiride. Ces effets bénéfiques<br />

pourraient être expliqués par des propriétés anti-oxydantes<br />

des sulfonylurées récentes.<br />

Les données de l’étude FRAMINGHAM montrent que le diabète<br />

expose le patient à un haut risque vasculaire, au moins<br />

multiplié par 2 chez l’homme comme chez la femme, quel<br />

que soit l’événement cardiovasculaire (AVC, claudication intermittente,<br />

insuffisance cardiaque, accidents coronaires, infarctus<br />

du myocarde, angor, mort subite et décès coronaires). Le diabète<br />

de type 2 est une maladie évolutive dont la progression est<br />

essentiellement tributaire de la perte fonctionnelle de la cellule<br />

bêta au cours du temps. Cette évolution conduisant à une nécessaire<br />

escalade thérapeutique a été bien démontrée dans UKPDS.<br />

Depuis plus d’un demi-siècle, les cliniciens utilisent un sulfamide<br />

pour stimuler l’insulinosécrétion. Voilà 10 ans déjà que l’étude<br />

UKPDS a montré que la prescription d’un sulfamide (SU) chez<br />

des patients diabétiques nouvellement diagnostiqués est plus<br />

efficace que les simples règles hygiéno-diététiques pour améliorer<br />

le contrôle glycémique au long cours et diminuer<br />

l’incidence des complications liées au diabète. La diminution du<br />

risque d’infarctus du myocarde est de 16%, à la limite de la significativité<br />

(p = 0,052). La tolérance aux sulfamides s’est révélée<br />

tout à fait satisfaisante, sans augmentation du risque de complications<br />

cardiovasculaires levant ainsi le doute soulevé par<br />

l’étude américaine UGDP (University Group Diabetes Project)<br />

dans les années 1970.<br />

Les différences d’efficacité entre<br />

sulfonylurées anciennes et récentes<br />

La question reste posée sur l’efficacité vis-à-vis du risque cardiovasculaire<br />

des SU anciennes et récentes. Il n’existe pas d’étude<br />

d’intervention « head to head », c’est-à-dire comparant directement<br />

les effets de deux SU différentes, et on ne dispose que<br />

de données de registres. Mais toutes les données évaluant<br />

l’impact du traitement antidiabétique sur le risque d’infarctus<br />

du myocarde et son pronostic sont concordantes et semblent<br />

montrer que les SU ne sont pas identiques, avec une différence<br />

entre les SU anciennes et récentes. L’étude française USIC, réalisée<br />

en novembre 2000 sur une période de 1 mois dans les<br />

unités de soins intensifs cardiaques (369 USIC), a évalué<br />

Les sulfonylurées n’exercent<br />

pas toutes la même<br />

protection cardiovasculaire<br />

2 320 patients hospitalisés pour infarctus du myocarde dont<br />

487 diabétiques de type 2 (DT2). Les données montrent une<br />

diminution du risque de mortalité hospitalière (en analyse multivariée)<br />

chez les DT2 traités antérieurement par SU comparés<br />

aux DT2 non traités par SU (RR : 0,44 contre 0,37, p < 0,020). Les<br />

patients traités par SU avant l’admission n’étaient pas différents<br />

pour les caractéristiques d’HbA1c, le type et la localisation de<br />

l’IDM ainsi que l’index Killip. Ils étaient un peu plus âgés<br />

(71 contre 68 ans), avec une dyslipoprotéinémie un peu plus fréquente<br />

(52% contre 42%). La mortalité intrahospitalière a aussi<br />

été évaluée chez 1 268 diabétiques hospitalisés pour IDM en<br />

France fin 2005. Les données mettent en évidence que les diabétiques<br />

traités antérieurement par SU ont une mortalité significativement<br />

moindre que ceux non traités par SU (7,8% contre<br />

4,1%, p = 0,025). De plus, le type de SU a un impact différent.<br />

En effet, le traitement par glimépiride ou gliclazide est associé<br />

à une mortalité significativement abaissée comparé au traitement<br />

par glibenclamide (7,8% contre 3%).<br />

Les données des registres et des études<br />

L’étude cas-témoins des registres danois a évalué l’impact du<br />

traitement antidiabétique sur le risque d’infarctus du myocarde<br />

et son pronostic. Elle a été menée sur un effectif plus important<br />

de 6 738 patients, dont 867 DT2, admis dans les hôpitaux du<br />

comté du North Jutland pour un premier IDM. Les patients ont<br />

été appariés pour le sexe et l’âge avec 67 374 témoins (dont<br />

3 148 DT2) issus des registres de l’état civil. L’identification des<br />

médicaments antidiabétiques a été faite à partir des données<br />

de l’Assurance maladie. Les critères d’analyse de l’étude étaient<br />

2,5<br />

2<br />

1,5<br />

1<br />

0,5<br />

0<br />

Figure 1.<br />

Risque relatif de survenue d’un<br />

1 er IDM selon le type de sulfonylurée<br />

OR : 2,32<br />

OR : 2,08<br />

OR : 1,36<br />

OR : 1,37<br />

Non-diabétiques<br />

Glibenclamide<br />

Tolbutamide<br />

Gliclazide<br />

Glimépiride<br />

Non- Glibenclamide Tolbutamide Gliclazide Glimépiride<br />

diabétiques (Johnsen SP, et al. Am J Therap 2006 ;13 : 134-40)<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 40 Juin 2008


1,4<br />

1,2<br />

1<br />

0,8<br />

0,6<br />

0,4<br />

0,2<br />

0<br />

Figure 2.<br />

Mortalité dans les 30 jours après IDM<br />

selon le type de sulfonylurée<br />

Non-diabétiques<br />

OR : 1,29 [1-1,67]<br />

OR : 1<br />

[0,53-1,90]<br />

Glibenclamide Gliclazide<br />

Tolbutamide Glimépiride<br />

(Johnsen SP, et al. Am J Ther 2006 ; 13 : 134-40)<br />

le risque de survenue d’un premier IDM et la mortalité au cours<br />

des 30 jours suivants chez les DT2 comparés aux témoins après<br />

ajustement sur les comorbidités et les traitements associés. Le<br />

risque de survenue d’un premier IDM augmente chez les DT2<br />

traités par des sulfonylurées « anciennes » comparés aux témoins<br />

(OR : 2,08 [1,77-2,45] avec glibenclamide et OR : 2,32 [1,48-3,64]<br />

avec tolbutamide). En revanche, le risque est le même chez les<br />

témoins ou les DT2 traités par des sulfonylurées « récentes»<br />

(OR : 1,37 [0,84-2,22] avec gliclazide et OR : 1,36 [0,93-1,99] avec<br />

glimépiride) (Figure 1). Le risque de mortalité 30 jours après IDM<br />

chez les DT2 comparés aux témoins est le même en cas de traitement<br />

par insuline (OR : 1,27 [0,92-1,74]) et par sulfonylurées<br />

« récentes » (OR: 1 [0,53-1,90] avec gliclazide et glimépiride). En<br />

revanche, il est augmenté chez les DT2 traités par SU<br />

« anciennes » (OR : 1,29 [1-1,67]) (Figure 2).<br />

L’impact du type de SU sur le risque et le pronostic des IDM a<br />

également été évalué dans la Florence Register Study. Il s’agit<br />

d’une étude de cohorte, menée chez 568 DT2 consécutivement<br />

inclus entre janvier 1998 et décembre 2001, puis suivis jusqu’en<br />

décembre 2004 (378 étaient traités par glibenclamide et 190 par<br />

gliclazide). Les critères d’analyse étaient la mortalité toute cause<br />

et les causes de décès. Le suivi a été de 5 ± 1,6 an pour les décès<br />

et de 4,4 ± 2 ans pour les événements coronaires. Les données<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 40 Juin 2008<br />

Non-diabétiques<br />

Glibenclamide /<br />

Tolbutamide<br />

Gliclazide/<br />

Glimépiride<br />

Le stress oxydant au cours de la maladie diabétique<br />

Le stress oxydant peut être défini comme un déséquilibre<br />

de la balance entre les radicaux libres oxygénés et les<br />

systèmes antioxydants au profit des premiers. Le diabète<br />

sucré s’accompagne d’un stress oxydant. Celui-ci est la<br />

conséquence de concentrations anormalement élevées de<br />

glucose dans les milieux intra- et extracellulaires. Il conduit<br />

à une altération des macromolécules biologiques comme<br />

les acides nucléiques, les protéines et les lipoprotéines, ces<br />

dernières étant en particulier plus sensibles à l’oxydation.<br />

Les modifications de l’activité des facteurs de transcription,<br />

le métabolisme altéré du monoxyde d’azote et l’oxydation<br />

accrue des lipoprotéines (LDL, HDL) sont des facteurs contribuant<br />

au développement des complications vasculaires.<br />

Enfin, le stress oxydant est de plus en plus suspecté d’être<br />

à l’origine d’une réduction de la sécrétion d’insuline par les<br />

cellules bêta, et d’une aggravation de l’insulinorésistance.<br />

montrent que les diabétiques traités par gliclazide ont une diminution<br />

significative des décès toute cause (p < 0,006) et de<br />

l’incidence des événements coronaires (p < 0,016) comparativement<br />

aux DT2 traités par glibenclamide.<br />

Enfin, l’impact du type de SU sur la survie des DT2 après infarctus<br />

du myocarde aigu a été évalué dans l’étude FAST-MI 2005.<br />

Il s’agit du registre français national de la Société française de<br />

cardiologie, incluant tous les patients admis pour un IDM de<br />

moins de 48 heures, sur une période de 1 mois (2 mois pour<br />

les diabétiques). L’étude a été menée dans 223 centres,<br />

3 670 patients, dont 1 316 diabétiques, ont été évalués. La mortalité<br />

intrahospitalière est différente selon le type de traitement<br />

par SU avant admission. Celle-ci est significativement abaissée<br />

en cas de traitement par les SU « récentes » comparées aux SU<br />

« anciennes » (2,7% gliclazide/glimépiride contre 7,5% glibenclamide,<br />

p = 0,003). De même, la courbe de survie à 6 mois et à<br />

1 an est meilleure avec les nouvelles SU.<br />

En conclusion<br />

L’ensemble de ces données permet de dire qu’il existe aujourd’hui<br />

des arguments solides pour penser que les SU ne sont pas identiques<br />

en termes d’événements coronaires. Les SU<br />

« anciennes », comme le glibenclamide et le tolbutamide, sont<br />

associées à un risque d’événements coronaires plus élevé que<br />

les SU « récentes », comme le gliclazide et le glimépiride. Des<br />

propriétés particulières de ces nouvelles SU, qui ont bien été<br />

démontrées avec le gliclazide, pourraient expliquer ces effets<br />

favorables protecteurs.<br />

Le gliclazide est un agent hypoglycémiant oral appartenant au<br />

groupe des sulfonylurées. Il a une affinité spécifique pour le<br />

récepteur des sulfonylurées du pancréas (récepteur SUR-1) et<br />

ferme le canal ATP-dépendant sur la cellule bêta des îlots de<br />

Langerhans, ce qui initie le processus d’exocytose de l’insuline.<br />

Il possède un hétérocycle azoté à liaison endocyclique le différenciant<br />

des autres médicaments de cette classe. Cette configuration<br />

particulière du noyau expliquerait l’effet protecteur sur<br />

le stress. De nombreuses études se sont attachées à démontrer<br />

les effets propres de la molécule gliclazide, indépendants de<br />

ceux sur la glycémie, sur divers aspects de la problématique vasculaire<br />

comme la dysfonction endothéliale, le processus thrombotique,<br />

le stress oxydatif. Les propriétés antioxydantes spécifiques<br />

ont été mises en évidence in vivo et in vitro : réduction<br />

de la peroxydation lipidique in vitro et augmentation du pouvoir<br />

total antioxydant du sérum avec le temps in vivo chez des<br />

DT2, alors que les marqueurs du stress oxydant diminuent.<br />

En conclusion, le Pr Pierre-Jean Guillausseau a montré à partir<br />

des données des registres que les nouvelles sulfonylurées ont<br />

un effet protecteur coronaire chez le diabétique de type 2. Ces<br />

effets bénéfiques pourraient être expliqués par les propriétés<br />

antioxydantes, démontrées en pharmacologie et in vivo chez<br />

les DT2 avec le gliclazide. Enfin, les données du bras glycémique<br />

de l’étude ADVANCE, présentées au dernier congrès de<br />

l’American Diabetes Association, permettent d’apporter un<br />

niveau de preuve plus élevé de l’efficacité du gliclazide. ■<br />

Marie Virally<br />

D’après un déjeuner-débat «Le stress oxydatif, une<br />

nouvelle cible thérapeutique pour le diabète de type 2»<br />

41


Diabéto pour le praticien<br />

Le pancréas endocrine, au cours du diabète de type 2, présente<br />

une anomalie bifonctionnelle, caractérisée par une<br />

mauvaise sécrétion de l’insuline et de sa cinétique, et une<br />

hyperglucagonémie que le glucose ne peut freiner et qui<br />

perturbe l’homéostasie de la glycémie.<br />

Il est admis par tous que le diabète de type 2 est dû à<br />

l’incapacité du pancréas à compenser l’insulinorésistance des<br />

tissus périphériques, en particulier des muscles et du foie ; les<br />

défauts de sécrétion des cellules bêta du pancréas se caractérisent<br />

par des anomalies quantitatives, c’est-à-dire la diminution<br />

de la masse de ces cellules qui se réduit au fur et à<br />

mesure de l’évolution de la maladie, et qualitatives, avec une<br />

perte de la phase précoce de l’insulinosécrétion et de sa pulsatilité.<br />

Le défaut de sécrétion des cellules bêta-pancréatiques<br />

en période postprandiale est dû en partie à la diminution de<br />

l’effet incrétine (50% de l’insulinosécrétion dépend de l’effet<br />

incrétine). Curieusement, l’hyperglucagonémie a longtemps<br />

été ignorée dans la physiopathologie du diabète de type 2.<br />

Une hyperglucagonémie permanente<br />

Pourtant… les diabétiques de type 2 sont en permanence<br />

hyperglucagonémiques, et cela malgré l’hyperinsulinémie.<br />

Le diabète de type 2 se caractérise par une augmentation<br />

de la masse des cellules alpha-pancréatiques, le rapport<br />

des cellules alpha sur les cellules bêta s’en trouve augmenté:<br />

l’hyperglucagonémie est donc présente malgré l’hyper-<br />

glycémie qui est incapable de freiner la production de glucagon.<br />

La réponse au glucagon est également exacerbée<br />

par rapport à un sécrétagogue naturel, comme les aminoacides.<br />

Le glucagon est aussi beaucoup moins freiné en<br />

réponse au glucose, et il existe une diminution de l’effet<br />

incrétine (alors que le GLP-1 a pour rôle de freiner la sécrétion<br />

de glucagon). Grâce aux études menées dans les familles<br />

de diabétiques, on sait que le défaut de sécrétion du glucagon<br />

est une anomalie précoce qui précède l’apparition du<br />

diabète de type 2. Cette anomalie n’est vraisemblablement<br />

pas due à des défauts d’environnement métabolique et pourrait<br />

être prédéterminée.<br />

Les facteurs responsables de l’hyperglucagonémie dans le diabète<br />

de type 2 sont assez nombreux. Différentes hypothèses<br />

ont été émises, celle d’une insulinorésistance des cellules alpha,<br />

bien que le défaut des cellules alpha ne soit pas corrigé par<br />

une insulinothérapie appropriée, en particulier chez le diabétique<br />

de type 1. La deuxième hypothèse met en cause le tonus<br />

sympathique que l’on sait exacerbé chez les diabétiques de<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 40 Juin 2008<br />

Le diabète de type 2 sous<br />

l’angle physiopathologique<br />

de l’hyperglucagonémie<br />

type 2 et qui exerce des effets stimulants sur la sécrétion de<br />

glucagon. Hypothèse pour laquelle peu d’éléments expérimentaux<br />

permettent de conclure. Enfin, l’hyperglycémie chronique<br />

pourrait désensibiliser la cellule alpha et l’empêcher de<br />

répondre à une deuxième stimulation hyperglycémique. Finalement,<br />

on ne connaît pas vraiment les mécanismes moléculaires<br />

responsables de la cécité au glucose des cellules alpha.<br />

Quel est le rôle de cette hyperglucagonémie ?<br />

L’hyperglucagonémie permet d’expliquer les anomalies de<br />

la période postprandiale. Du fait de l’hyperglucagonémie,<br />

le foie est exposé de façon chronique à des taux très élevés<br />

de glucagon, mais aussi d’AMP cyclique, le second médiateur,<br />

qui va jouer un rôle au niveau de la transcription des<br />

gènes : tous les gènes impliqués dans la production hépatique<br />

de glucose, en particulier ceux de la néoglucogenèse,<br />

sont augmentés. Cela a pour conséquence d’entraîner une<br />

néoglucogenèse à tous les moments de la journée (à jeun<br />

comme en postprandial). L’augmentation de la production<br />

de glucose est donc liée à celle de la néoglucogenèse, et ce<br />

facteur est particulièrement important puisque la néoglucogenèse<br />

est peu sensible à l’inhibition qu’exerce<br />

l’insulinémie portale, contrairement à la glycogénolyse, et<br />

participe probablement à l’insulinorésistance du foie. Enfin,<br />

l’absence d’inhibition de la sécrétion de glucagon en période<br />

postprandiale entraîne une intolérance au glucose due à la<br />

non-suppression de la production hépatique de glucose.<br />

Le rôle des GLP-1<br />

Le rétablissement d’une homéostasie normale du glucose<br />

chez le diabétique de type 2 nécessite premièrement de corriger<br />

les défauts de la sécrétion précoce d’insuline, en particulier<br />

en période postprandiale, et en second lieu d’inhiber<br />

la sécrétion de glucagon en période postabsorptive et postprandiale<br />

; les molécules telles que les inhibiteurs de la<br />

DPP IV, qui augmentent le taux de GLP-1, ont des propriétés<br />

qui permettent de restaurer ces deux fonctions. ■<br />

Dr Anne Teyssédou<br />

D’après la communication du Pr Jean Girard<br />

(faculté Cochin-Port-Royal, Paris) lors du symposium<br />

des laboratoires MSD : « Corriger les anomalies<br />

du pancréas endocrine »<br />

43


Pour les contempteurs de la réduction des<br />

apports sodés, le gain sur la PA est minime.<br />

Mais le Pr Albert Mimran a d’autres arguments<br />

pour promouvoir une politique de<br />

santé moins salée.<br />

U n<br />

Congrès<br />

I 28 au 31 mai 2008 - Printemps de la cardiologie - Montpellier I<br />

Dossier réalisé<br />

par le Dr Maia Gouffrant<br />

régime désodé permet au mieux<br />

de gagner 2 mmHg de PA, un chiffre<br />

qui réduit néanmoins de 5% les<br />

maladies coronaires et de 15% les<br />

AIT/AVC, «mais il semble encore plus<br />

important de raisonner en termes<br />

d’atteinte des organes cibles au niveau desquels<br />

le sodium alimentaire pourrait représenter<br />

un modulateur d’interactions»,<br />

a suggéré le Pr Albert Mimran (hôpital<br />

Lapeyronie, Montpellier). Ainsi il existe<br />

une relation linéaire entre le niveau de<br />

PA, l’index de masse ventriculaire gauche<br />

et la microalbuminurie, mais la pente de<br />

cette relation est majorée par la consommation<br />

de sodium, que le sujet soit ou<br />

non hypertendu. La prévalence de<br />

l’index de masse ventriculaire gauche<br />

et de la microalbuminurie, marqueurs<br />

de risque cardiovasculaire, augmente<br />

avec la consommation de sel, et passe<br />

respectivement de 38 à 57% et de<br />

16 à 34% entre les deux derniers<br />

quartiles.<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 40 Juin 2008<br />

Lara Eve<br />

Le Printemps de la<br />

cardiologie<br />

Le Groupe de réflexion sur la recherche cardiovasculaire (GRRC), la Fédération<br />

française de cardiologie (FFC) et la Société française de cardiologie (SFC) se sont<br />

retrouvés pour une nouvelle édition du « Printemps de la cardiologie » au centre<br />

de congrès le Corum à Montpellier du 28 au 31 mai 2008.<br />

Le Printemps de la cardiologie est un lieu privilégié pour faire le point sur l'avancée<br />

de la recherche française dans le domaine des pathologies cardiovasculaires, sous<br />

la direction scientifique des Prs Geneviève Derumeaux et Alain Lacampagne.<br />

Le sodium alimentaire au-delà de ses effets<br />

sur la pression artérielle<br />

Des études de G. du Cailar ont par ailleurs<br />

montré une relation entre la<br />

natriurèse et l’index de masse ventriculaire<br />

gauche indépendante des niveaux<br />

de PA, ainsi qu’entre le niveau de pression<br />

pulsée et la consommation de sel.<br />

Phanie<br />

Impact en termes<br />

d’événements<br />

cardiovasculaires<br />

Ces effets délétères du sodium se traduisent<br />

en termes de mortalité cardiovasculaire,<br />

et une étude finlandaise (2001)<br />

confirme qu’une élévation de la natriurèse<br />

de 100 mmol/j aboutit après 10 ans<br />

à un RR significatif de 1,51 pour les<br />

maladies coronaires, de 1,45 pour<br />

toutes les maladies cardiovasculaires et<br />

de 1,26 pour la mortalité toute cause.<br />

Sur le plan épidémiologique, il existe<br />

donc bien une relation entre l’apport<br />

sodé et la mortalité, mais on déplore<br />

l’extrême pauvreté de la littérature sur<br />

l’intérêt d’une réduction du sel alimentaire.<br />

L’impact du sodium sur les organes<br />

cibles pourrait s’expliquer partiellement<br />

par l’augmentation de la microalbuminurie,<br />

de l’hypertrophie ventriculaire<br />

gauche, de l’insulinorésistance, des<br />

lésions de fibrose induites par<br />

l’aldostérone endogène. Cela n’a pas<br />

encore été démontré, mais il existe des<br />

arguments en faveur d’une aggravation<br />

de la dysfonction endothéliale avec<br />

chez les sujets sensibles au sodium une<br />

45


MALADIE DE FABRY<br />

L’enquête TOPS confirme<br />

sa sévérité et son caractère<br />

évolutif<br />

La maladie de Fabry est une<br />

sphingolipidose héréditaire liée à l’X<br />

concernant 1 naissance sur 80 000.<br />

L’enquête TOPS, enquête observationnelle,<br />

rétrospective, multicentrique,<br />

réalisée en France de février à septembre<br />

2007, a inclus 108 sujets<br />

(71 hommes, 37 femmes,<br />

d’âge moyen 40 ans)<br />

dont 100 recevaient le traitement<br />

enzymatique substitutif.<br />

Au moment du diagnostic, 22% des<br />

patients avaient déjà une atteinte<br />

cardiaque, 15% une insuffisance rénale<br />

et 7% un antécédent d’AIT/AVC. Entre<br />

le diagnostic et le recueil des informations,<br />

49% ont développé une pathologie<br />

cardiaque (IDM chez 5% d’entre<br />

eux), 68% une atteinte rénale,<br />

43% une atteinte cardiaque et rénale et<br />

27% une atteinte neurologique. ■<br />

Une nouvelle technique<br />

de dépistage : résultats<br />

intermédiaires de l’étude<br />

FOCUS<br />

La maladie de Fabry peut se présenter<br />

chez l’adulte comme une cardiomyopathie<br />

hypertrophique (CMH) d’allure primitive.<br />

Une nouvelle technique simple<br />

de dépistage par microdosage d’un<br />

échantillon sanguin sur papier buvard<br />

de l’α-galactosidase A, enzyme déficiente<br />

dans la maladie, a été utilisée;<br />

si elle est ≤ 40%, elle est confirmée par<br />

dosage enzymatique leucocytaire chez<br />

l’homme et génotypage chez la femme.<br />

Chez les 273 patients atteints de CMH<br />

primitive inclus, 228 buvards ont été<br />

analysés, avec dans 9 cas une activité<br />

enzymatique ≤ 40%, confirmée dans<br />

3 cas (3 hommes), soit une prévalence<br />

de 1,3%.<br />

L’étude FOCUS confirme la faisabilité<br />

de ce dépistage systématique dans les<br />

CMH d’allure primitive, ce microdosage<br />

se montrant très spécifique en<br />

dessous d’un seuil de 20 %<br />

de l’α-galactosidase A. ■<br />

D’après les communications du<br />

Dr Georges Kruszynski (CH de Feurs) et du<br />

Pr Albert Hagège (HEGP, Paris)<br />

46<br />

La survenue d’accidents neurologiques<br />

ischémiques dont le bilan ne retrouve<br />

qu’un FOP pose la question de sa responsabilité<br />

dans l’événement et/ou sa récidive,<br />

car les liens entre FOP et AVC ne sont toujours<br />

pas clairement prouvés. L’étude française<br />

CLOSE devrait apporter une réponse<br />

en évaluant l’impact de la fermeture du<br />

FOP.<br />

D e<br />

FOP et AVC : close or not to close ?<br />

nombreuses études cas-témoins<br />

ont mis en évidence une relation<br />

entre FOP et infarctus cérébral cryptogénique<br />

(ICC), une relation d’autant plus<br />

forte que la taille du FOP est importante<br />

ou qu’il est associé à un anévrysme du<br />

septum interauriculaire (ASIA). L’étude<br />

de Handke (NEJM 2007) confirme le lien<br />

chez le sujet de moins de 55 ans, mais<br />

aussi chez le sujet âgé ainsi que le rôle<br />

de l’ASIA. En revanche, l’étude de Petty<br />

(2006) ne montre pas d’association chez<br />

1 022 personnes en population générale,<br />

mais ses conclusions ne sont peut-être<br />

pas très solides. Dans deux autres études<br />

– celle de Meissner (JACC 2006) et celle<br />

de Di Tullio (JACC 2007) –, l’ASIA semble<br />

un élément prédictif significatif d’ICC,<br />

mais pas le FOP.<br />

Des mécanismes<br />

physiopathologiques<br />

incomplètement connus<br />

Deux études prospectives – celle de<br />

Mas JL (NEJM 2001) et celle de Homma S<br />

(Circulation 2002) –, portant sur un nombre<br />

important de patients sont en<br />

contradiction avec les études cas-témoins<br />

en ce qui concerne les récidives d’ICC,<br />

dont le risque n’est pas augmenté par la<br />

présence d’un FOP, quelle que soit la<br />

taille du shunt (mais chez les sujets<br />

jeunes ce risque est faible, de l’ordre de<br />

1 à 2%). En revanche, l’étude FOP-ASIA<br />

a montré qu’entre 18 et 55 ans, le risque<br />

de récidive est multiplié par 4 en présence<br />

d’un FOP associé à un ASIA alors<br />

que les patients sont traités par aspirine.<br />

On incrimine toujours le rôle de<br />

l’embolie paradoxale dans la survenue<br />

d’un ICC, mais elle n’est pas seule en<br />

cause, et d’autres mécanismes ont été<br />

invoqués, comme un thrombus formé<br />

dans le tunnel du FOP sur un ASIA associé<br />

ou des troubles du rythme paroxystique.<br />

Aucune recommandation formelle ne<br />

peut être actuellement établie, mais les<br />

diverses sociétés savantes, comme le<br />

groupe de travail de la Société française<br />

de cardiologie et de la Société française<br />

neuro-vasculaire (SFC/SFNV), ont établi<br />

des propositions reposant sur un consensus<br />

d’experts :<br />

- les antiagrégants plaquettaires (AAP)<br />

réduisent le risque de récidive après un<br />

ICC, mais n’ont pas été spécifiquement<br />

étudiés dans les FOP. Ils sont actuellement<br />

indiqués devant un premier ICC<br />

associé à un FOP isolé ;<br />

- les anticoagulants oraux (ACO) sont<br />

logiques dans l’hypothèse de l’embolie<br />

paradoxale ou du thrombus, mais le<br />

risque hémorragique est loin d’être<br />

négligeable, et on les réserve aux associations<br />

FOP/ASIA, aux récidives sous<br />

AAP et aux thromboses veineuses associées<br />

;<br />

- la fermeture endovasculaire du FOP ne<br />

peut être efficace que sur l’embolie<br />

paradoxale. Or on ne connaît pas la<br />

proportion de patients concernés par<br />

ce mécanisme, et on manque de recul<br />

sur les risques à court et à long terme<br />

de cette intervention. Elle n’a pas<br />

d’indication après un premier ICC associé<br />

à un FOP isolé, mais pourrait être<br />

envisagée chez les moins de 55 ans<br />

dans les FOP avec ou sans ASIA en cas<br />

d’ICC récidivant sous traitement anticoagulant<br />

bien conduit, de contre-indication,<br />

de refus de ce traitement ou de<br />

maladie thromboembolique veineuse<br />

à haut risque de récidive thrombotique.<br />

Les recommandations américaines de<br />

2006 sont à peu près identiques.<br />

L’étude CLOSE<br />

Afin de vérifier le lien de causalité, plusieurs<br />

essais thérapeutiques sont en<br />

cours. L’étude CLOSE évite le biais que<br />

présentent certains essais, à savoir la comparaison<br />

en 2 bras, fermeture versus trai-<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 40 Juin 2008


tement médical par AAP ou ACO, ce dernier<br />

déséquilibrant la balance bénéfice/risque<br />

du fait du risque hémorragique.<br />

CLOSE, dont les inclusions<br />

viennent de commencer, est une étude<br />

indépendante, menée sous l’égide de la<br />

SFC/SFNV, dont le promoteur est<br />

l’Assistance publique. Elle inclut des<br />

patients de 16 à 60 ans dans les 6 mois suivant<br />

un ICC confirmé modérément ou non<br />

La responsabilité d’un antiparkinsonien,<br />

le pergolide, dans la survenue d’atteintes<br />

valvulaires se précise dans des études<br />

comme PERGOLA où il semble exister un<br />

lien entre la valvulopathie et la dose<br />

cumulée de pergolide.<br />

L e<br />

pergolide est un agoniste dopaminergique<br />

ergoté efficace dans la<br />

maladie de Parkinson en monothérapie<br />

ou en association avec la lévodopa. Les<br />

3 premiers cas de valvulopathie associés<br />

à ce médicament ont été recueillis aux<br />

Etats-Unis, suivis par une douzaine<br />

d’observations entre 2002 et 2003 dans<br />

le registre de la FDA. Une étude de Van<br />

Camp (Lancet 2004), critiquée du fait<br />

des très fortes doses et des associations<br />

thérapeutiques utilisées, a ensuite<br />

retrouvé une prévalence de 33% de valvulopathie<br />

chez des patients prenant<br />

du pergolide versus aucun cas dans le<br />

groupe contrôle ; dans une étude rétrospective<br />

de Baseman (2004), la prévalence<br />

était de 44 %.<br />

D’autres études montrent que l'atteinte<br />

valvulaire associée au pergolide ressemble<br />

à celle décrite dans les cancers carcinoïdes<br />

ou les traitements par anorexigènes<br />

comme la fenfluramine. Les<br />

mécanismes responsables de la fibrose<br />

valvulaire ne sont pas connus, mais pourraient<br />

incriminer les récepteurs 5-HT(2B),<br />

exprimés en particulier au niveau des<br />

valves cardiaques.<br />

Devant la difficulté d’affirmer la responsabilité<br />

du pergolide chez des patients<br />

parkinsoniens âgés, donc plus volontiers<br />

atteints de régurgitations valvulaires,<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 40 Juin 2008<br />

invalidant, ayant un FOP large (> 30 microbulles)<br />

ou associé à un ASIA. Ils seront<br />

randomisés en 3 bras, fermeture versus<br />

AAP versus ACO. Le critère principal est<br />

la survenue d’un AVC ischémique ou<br />

hémorragique, les critères secondaires<br />

portant sur les AVC invalidants, les accidents<br />

ischémiques, les décès et les<br />

complications iatrogènes. Une analyse<br />

intermédiaire permettra, si la fermeture<br />

ou les AVK sont 2 fois supérieurs à<br />

l’aspirine, d’arrêter celle-ci et de continuer<br />

par un essai de non-infériorité de<br />

la fermeture par rapport aux ACO. ■<br />

D’après la communication<br />

du Pr Jean-Louis Mas (hôpital Saint-Anne)<br />

lors de la session SFC/SFNV<br />

Des agonistes dopaminergiques impliqués<br />

dans les valvulopathies<br />

la Société française de cardiologie a<br />

entrepris l’étude PERGOLA, qui a comparé<br />

la prévalence des valvulopathies<br />

de grade ≥ 2 chez des parkinsoniens<br />

traités par pergolide depuis plus de<br />

6 mois ou par d’autres molécules.<br />

Les 86 patients sous pergolide et les<br />

47 du groupe contrôle avaient les<br />

mêmes caractéristiques démographiques,<br />

les premiers ayant cependant<br />

une maladie de Parkinson plus sévère.<br />

Le taux de valvulopathies était de 17 %<br />

dans ce groupe versus 4 % dans le<br />

groupe contrôle, un chiffre correspondant<br />

à la tranche d’âge. Les valvulopathies<br />

sont plus volontiers tricuspidiennes<br />

et mitrales, avec moins de<br />

lésions aortiques que sous anorexigènes.<br />

On a aussi mis en évidence une corrélation<br />

entre la sévérité de la valvulopathie<br />

mitrale - évaluée par l’aire sous la<br />

tente - et de la PAP systolique avec<br />

la dose cumulée de pergolide.<br />

Un risque<br />

avec le cabergolide<br />

Un autre agoniste dopaminergique,<br />

le cabergolide, est aussi impliqué<br />

dans la survenue de valvulopathies.<br />

Or il est prescrit chez des femmes<br />

jeunes pour des adénomes à prolactine<br />

; des études échographiques<br />

sont en cours chez ces patientes<br />

pour dépister les atteintes valvulaires.<br />

« La question de l’imputabilité n’est pas<br />

totalement résolue, en l’absence<br />

d’échographie avant traitement ; on a<br />

néanmoins observé quelques cas de<br />

régression après arrêt du pergolide, ce<br />

qui est plutôt en faveur de son implication,<br />

même si on ne comprend pas très<br />

bien comment une fibrose valvulaire<br />

pourrait régresser », a expliqué le<br />

Dr Jean-Christophe Corvol (hôpital de<br />

la Pitié-Salpêtrière, Paris). Dans le suivi<br />

de PERGOLA, une deuxième échographie<br />

a été réalisée environ 9 mois après<br />

la première chez certains patients. Chez<br />

ceux qui ont poursuivi le pergolide,<br />

l’épaisseur des valves a continué<br />

d’augmenter de façon significative - de<br />

façon non significative après son arrêt -,<br />

et on a aussi découvert 3 nouvelles<br />

régurgitations de grade ≥ 2 ainsi qu’une<br />

élévation de la PAP.<br />

Malgré le risque élevé (RR = 3,1,<br />

p = 0,001) de développer une valvulopathie<br />

sous pergolide, cette molécule<br />

continue à être autorisée en France (elle<br />

a été retirée aux Etats-Unis) en seconde<br />

intention vu son efficacité sur la maladie<br />

de Parkinson, mais sa prescription<br />

est soumise à certaines conditions par<br />

l’Afssaps : surveillance échographique<br />

tous les 6 à 12 mois et arrêt en cas de<br />

régurgitation. ■<br />

D’après la communication<br />

du Dr Jean-Christophe Corvol (Paris),<br />

lors de la session SFC/pharmacologie clinique<br />

et thérapeutique<br />

47


SYNDROME MÉTABOLIQUE<br />

Le rapport taille/hanche et<br />

graisse viscérale<br />

Trente diabétiques de type 2 tous porteurs d'un<br />

syndrome métabolique ont bénéficié d'une analyse<br />

de la répartition du tissu adipeux (TA) par<br />

IRM en L4. Une mesure de l'épaisseur intimamédia<br />

et du diamètre de l'aorte a été réalisée.<br />

Les résultats montrent que tous les patients ont<br />

une masse grasse tronculaire, mesurée par<br />

DEXA, prédominante. A tour de taille équivalent,<br />

deux tiers des sujets ont une adiposité majoritairement<br />

viscérale en IRM et un tiers à prédominance<br />

sous-cutanée abdominale. Le rapport<br />

taille/hanche est le paramètre clinique le mieux<br />

corrélé à cette répartition de la graisse abdominale<br />

(r = 0,65). La mesure du simple tour de<br />

taille n'était pas discriminante. Cette étude souligne<br />

l'importance de prendre en compte le pourcentage<br />

de tissu adipeux viscéral versus souscutané<br />

abdominal, reflété cliniquement par le<br />

rapport taille/hanche, dans l'évaluation du risque<br />

de stéatose hépatique et d'atteinte vasculaire de<br />

sujets présentant un syndrome métabolique. ■<br />

IMAGERIE<br />

Détermination de la taille de<br />

l’IDM: 2D strain versus IRM<br />

A la phase précoce de l'infarctus du myocarde,<br />

le taux de transmuralité de la nécrose<br />

est un élément déterminant du pronostic. Son<br />

analyse par IRM en utilisant le gadolinium<br />

pour montrer un rehaussement tardif est une<br />

méthode de référence largement validée. Plus<br />

récemment l'arrivée du « speckle tracking»<br />

permettant la détermination rapide et angleindépendante<br />

de la déformation myocardique<br />

semble prometteuse pour la prédiction de la<br />

viabilité. Une étude (Cécile Roiron, hôpital<br />

cardiologique Louis-Pradel, Bron) a analysé la<br />

corrélation entre les paramètres de strain longitudinal<br />

déterminés par méthode de 2D<br />

strain et le taux de transmuralité IRM à la<br />

phase précoce de l’IDM. Cette étude pilote<br />

permet de rapporter des valeurs moyennes de<br />

strain en phase aiguë d'infarctus, elle montre<br />

une bonne corrélation entre le taux de transmuralité<br />

IRM et le strain longitudinal<br />

d'analyse maintenant facilité par les modalités<br />

embarquées (AFI). Cette technique plus<br />

accessible et moins coûteuse que l'IRM<br />

nécessite d'être validée sur une plus large<br />

série de patients. ■<br />

48<br />

Taux de risque cumulé<br />

Chez les patients en prévention secondaire<br />

ou à haut risque cardiovasculaire,<br />

qui représentent 70% de la consultation<br />

de cardiologie, la balance bénéfice/tolérance<br />

est en faveur du telmisartan<br />

par rapport au ramipril.<br />

L’<br />

Prise en charge du patient<br />

à haut risque cardiovasculaire :<br />

les résultats d’ONTARGET<br />

étude ONTARGET a posé la question<br />

de savoir si un antagoniste de<br />

l’angiotensine II, le telmisartan, pouvait<br />

être aussi efficace que le ramipril et si leur<br />

combinaison pouvait apporter un bénéfice<br />

supérieur au ramipril seul.<br />

Les patients d’ONTARGET ont globalement<br />

les mêmes caractéristiques que ceux de<br />

HOPE : ils sont âgés de 66 ans en moyenne,<br />

74% sont coronariens, 21% ont des antécédents<br />

d’AVC, 13% d’AOMI, avec des artérites<br />

relativement sévères et 37% un diabète<br />

de type 2 à un stade assez avancé<br />

puisqu’ils doivent avoir au moins une<br />

atteinte d’un organe cible. Etaient exclus<br />

les insuffisants cardiaques et les hypertendus<br />

non contrôlés (> 160/100 mmHg),<br />

ONTARGET n’étant pas une étude axée sur<br />

le traitement de l’HTA, mais sur la prévention<br />

des complications vasculaires.<br />

Les critères de jugement sont similaires à<br />

ceux de HOPE, avec un critère principal<br />

combiné portant sur le premier événement<br />

- décès de cause cardiovasculaire, AVC ou<br />

IDM non mortel, et hospitalisation pour<br />

insuffisance cardiaque congestive.<br />

Il s’agit d’une étude relativement complexe<br />

avec deux hypothèses à confirmer : celle<br />

de la non-infériorité du telmisartan par<br />

0,25<br />

0,20<br />

0,15<br />

0,10<br />

0,05<br />

0<br />

0<br />

Principal résultat<br />

Telmisartan<br />

Ramipril<br />

1 2 3 4<br />

Années de suivi<br />

rapport au ramipril et celle de la supériorité<br />

de l’association telmisartan 80 mg/<br />

ramipril 10 mg sur le ramipril seul.<br />

L’hypothèse selon laquelle le double blocage<br />

du SRA était supérieur à l’IEC n’a pas<br />

été confirmée et, en raison des effets<br />

secondaires de l’association (dysfonction<br />

rénale et hyperkaliémie), la balance bénéfice/risque<br />

est en défaveur de cette combinaison.<br />

En revanche, la non-infériorité du telmisartan<br />

sur le ramipril est confirmée<br />

(RR = 0,1) avec une équivalence des<br />

2 bras en termes de prévention et un nombre<br />

inférieur d’effets indésirables sous telmisartan<br />

(en particulier moins de toux et<br />

d'angio-œdèmes). «La démonstration est<br />

clairement faite que la balance prévention/tolérance<br />

est en faveur du telmisartan,<br />

avec un nombre d’arrêts de traitement<br />

réduit de 10 % sous telmisartan, ce qui, de<br />

mon point de vue, constitue une avancée<br />

importante dans la prise en charge de nos<br />

patients », a conclu le Pr Xavier Girerd<br />

(hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris).<br />

La baisse de la PAS/PAD a été plus importante<br />

avec l’association telmisartan/ramipril<br />

(8,4/6 mmHg) que sous telmisartan (6,9/<br />

5,2 mmHg) ou sous ramipril (6/4,6 mmHg).<br />

Elle était plus marquée dans ONTARGET<br />

que dans HOPE (autour de 3 mmHg). Ce<br />

qui amène l’hypertensiologue à se poser<br />

certaines questions, comme de savoir si la<br />

méthode de mesure de la PA n’était pas<br />

meilleure dans ONTARGET et si l’horaire<br />

des prises des médicaments n’a pas joué<br />

un rôle. On doit aussi expliquer pourquoi<br />

la baisse de pression artérielle<br />

dans ONTARGET n’a pas amené de<br />

réduction plus importante des événements<br />

cérébro-vasculaires. « Certes,<br />

chaque millimètre de mercure<br />

compte, mais cette baisse n’apporte<br />

pas le même bénéfice en termes de<br />

prévention selon le niveau initial de la<br />

PAS », a expliqué le Pr Girerd. ■<br />

D’après la communication du<br />

Pr Xavier Girerd, lors du symposium<br />

organisé par les laboratoires<br />

Boehringer Ingelheim<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 40 Juin 2008


L’âge de ses télomères<br />

Il existe deux façons pour les cellules<br />

de devenir sénescentes : la sénescence<br />

réplicative liée aux divisions successives<br />

des cellules et la sénescence prématurée<br />

résultant d’une exposition<br />

des cellules à un stress oxydatif. On<br />

cherche à savoir quel est le rôle de la<br />

sénescence dans les pathologies cardiovasculaires<br />

et l’impact respectif de<br />

ces deux mécanismes.<br />

D ans<br />

la pathologie cardiovasculaire,<br />

seraient impliquées à la fois la<br />

sénescence réplicative et la sénescence<br />

prématurée. La longueur des télomères<br />

est un marqueur de la sénescence réplicative<br />

puisqu’elle diminue à chaque division<br />

cellulaire, et elle d’autant plus<br />

réduite que l’athérosclérose est plus<br />

avancée. Mais on sait maintenant que<br />

si on expose l’arbre vasculaire à un stress<br />

oxydant, non seulement on crée une<br />

sénescence prématurée, mais on majore<br />

la sénescence réplicative. «Selon le<br />

concept actuel, a déclaré le Dr Serge<br />

Adnot (hôpital Henri-Mondor, Créteil),<br />

Neuf mois après la parution du « bras<br />

hypertension » de l’étude ADVANCE, le<br />

Pr Jean-Jacques Mourad remet en perspective<br />

l’amplitude de ses résultats.<br />

C hronologiquement,<br />

Etude ADVANCE : les diabétiques<br />

sous haute protection cardiovasculaire et rénale<br />

ADVANCE<br />

arrive après 30 ans de progrès dans<br />

le pronostic des diabétiques de type 2,<br />

marqués par une amélioration de la<br />

microangiopathie, mais sans preuves évidentes<br />

d’une réduction des complications<br />

macrocirculatoires, et en particulier<br />

de l’infarctus du myocarde. Les<br />

années 1990-2000 ont été marquées par<br />

HOPE, le premier essai «intelligent» sur<br />

l’HTA, qui a permis de se démarquer de<br />

la classification binaire, hypertendu à<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 40 Juin 2008<br />

les stimuli athérogènes peuvent induire<br />

une sénescence réplicative ou prématurée,<br />

mais les deux sont associées à un<br />

raccourcissement des télomères et<br />

contribuent au remodelage vasculaire.»<br />

Pathologie coronaire<br />

et longueur des télomères<br />

Selon diverses études, chez des patients<br />

athéroscléreux, le risque de développer<br />

une insuffisance coronaire est d’autant<br />

plus élevé que les télomères sont plus<br />

courts, mais cette corrélation disparaît<br />

chez les sujets traités par statines. Il est<br />

difficile de savoir si la longueur des télomères<br />

pourrait permettre de prédire la<br />

durée de vie d’un individu, mais des<br />

études rétrospectives mettent en évidence<br />

que les sujets ayant des télomères<br />

courts meurent plus rapidement que les<br />

autres et plus volontiers de pathologies<br />

cardiovasculaires ou infectieuses. Par ailleurs,<br />

il existe une nette corrélation<br />

entre le raccourcissement des télomères,<br />

142 mmHg de PAS, normotendu à<br />

138 mmHg, qui a impacté tant de prescriptions<br />

; HOPE montrait clairement<br />

qu’il est indispensable d’élargir<br />

l’indication des médicaments cardioprotecteurs<br />

à tous les sujets exposés à un<br />

haut niveau de risque. Puis «l’avènement<br />

des sartans, avec leurs lettres de noblesse<br />

acquises sur le diabète de type 2, a expliqué<br />

le Pr Jean-Jacques Mourad (hôpital<br />

Avicenne, Bobigny), a quelque peu<br />

brouillé les pistes, puisque pour diverses<br />

raisons on a écarté les IEC et qu’entre<br />

2000 et 2006 on est resté sur l’option IEC<br />

dans le diabète de type 1 et sartans dans<br />

le diabète de type 2, ce qui a été partiellement<br />

corrigé par les recommandations<br />

la rigidité artérielle et la propagation<br />

de l’onde de pouls.<br />

Toutes les pathologies cardiovasculaires<br />

comprenant à des degrés divers une<br />

inflammation systémique sont associées<br />

à une sénescence réplicative et prématurée<br />

au niveau de l’arbre vasculaire<br />

avec un raccourcissement des télomères<br />

et des stigmates de vieillissement<br />

comme la rigidité vasculaire, mais la<br />

relation de cause à effet n’est pas évidente<br />

et il est encore difficile de savoir<br />

qui de l’inflammation ou de la sénescence<br />

est le primum movens. ■<br />

D’après la communication du Dr Serge Adnot,<br />

lors de la session FFC/SFC<br />

de la HAS en 2005 qui accordaient le<br />

même niveau de preuve à ces deux<br />

classes thérapeutiques dans le diabète<br />

de type 2.» Il faut donc se féliciter de<br />

l’idée du Pr John Chalmers de se lancer<br />

dans ce qui est le plus grand essai de<br />

morbi-mortalité dédié au diabétique<br />

afin d’évaluer l’intérêt d’opter systématiquement<br />

pour une stratégie qui a fait<br />

ses preuves dans l’HTA chez des diabétiques<br />

qui ne sont pas tous hypertendus.<br />

On connaît la réponse aujourd’hui, et le<br />

bénéfice d’une titration de Preterax<br />

allant jusqu’au Bipreterax est clairement<br />

apparu. Cette démarche thérapeutique<br />

est intéressante dans la mesure où elle<br />

augmente les doses tant que le patient<br />

49<br />

DR


50<br />

le tolère, alors que la pratique utilise plutôt<br />

le schéma inverse ; or il semble que<br />

la stratégie utilisée dans ADVANCE soit<br />

la meilleure pour contrôler les hypertendus<br />

- et pas seulement les diabétiques -<br />

dans la vraie vie.<br />

ADVANCE : faire encore<br />

mieux chez des patients bien<br />

contrôlés<br />

11 140 patients ont été inclus dans<br />

l’étude ADVANCE. «L’inclusion a été<br />

d’autant plus facile, remarque le Pr Mourad,<br />

que les candidats correspondaient<br />

aux patients de la consultation quoti-<br />

dienne, soit des diabétiques de plus de<br />

55 ans avec un facteur de risque additionnel<br />

qui pouvait être autre que l’HTA,<br />

et une prise en charge pré-inclusion déjà<br />

efficace, puisque la PA moyenne était de<br />

145/80 mmHg et l’HbA1c de 7,5%.»<br />

On a déjà pu constater que chez des<br />

patients recevant un traitement cardiovasculaire<br />

adapté, le traitement par Preterax<br />

permettait de gagner 5,5 mmHg<br />

supplémentaires sur la PAS, un gain<br />

important en termes de santé publique,<br />

d’autant qu’il ne se fait pas au détriment<br />

d’une baisse trop importante de la PAD.<br />

Les résultats parlent d’eux-mêmes avec<br />

une réduction de la mortalité totale de<br />

14 % et de la mortalité cardiovasculaire<br />

Quels stents, pour quels patients ?<br />

L’angioplastie coronaire continue à<br />

soulever au moins autant de questions<br />

qu’elle en résout. Dans le débat entre<br />

stents actifs et stents nus, Jean-Michel<br />

Juliard resitue la problématique dans<br />

une approche plus raisonnée des indications.<br />

L a<br />

première question est de déterminer<br />

le bénéfice apporté par les stents<br />

actifs (DES) par rapport aux stents nus<br />

(BMS), qui doit s’évaluer par des critères<br />

angiographiques - le late-loss* (LL) en<br />

sachant que sa pertinence dépend aussi<br />

du diamètre initial de la lésion -, des critères<br />

intermédiaires comme le taux de<br />

revascularisation et des critères cliniques<br />

comme le taux de réinfarctus et de décès.<br />

Globalement, les résultats étaient en<br />

faveur des stents actifs avec des LL et des<br />

taux de resténose et de revascularisation<br />

plus faibles, mais avec des événements cliniques<br />

peu nombreux donc difficiles à évaluer,<br />

jusqu’au pavé dans la mare lancé en<br />

2006. Ce qui a amené à intégrer certaines<br />

notions, comme le taux linéaire persistant<br />

de 0,6 % par an de thromboses de stent<br />

ou l’importance capitale de la compliance<br />

au traitement antiplaquettaire, et à revoir<br />

les définitions de la thrombose de stent,<br />

une mort subite chez un patient stenté<br />

n’étant pas obligatoirement liée à une<br />

thrombose de stent. « Si on s’en tient à une<br />

définition académique de la thrombose<br />

de stent, a expliqué le Dr Jean-Michel<br />

Juliard (hôpital Bichat, Paris), son taux se<br />

rapproche de celui des stents nus avec lesquels<br />

le risque n’est pas nul. »<br />

La décision d’implanter un stent actif<br />

dépend bien évidemment du risque de resténose.<br />

Un patient diabétique avec des<br />

lésions longues sur un petit vaisseau a un<br />

pourcentage de resténose de 18% avec un<br />

BMS versus 8% avec le DES, qui constitue<br />

l’option la plus intéressante ; en revanche,<br />

chez le même diabétique avec une lésion<br />

courte sur une artère de large diamètre,<br />

le DES devient certainement moins utile.<br />

Le DES garde des « niches » aussi chez les<br />

non-diabétiques, en fonction de la longueur<br />

de la lésion ou du diamètre du vaisseau,<br />

mais ces sujets à risque de resténose<br />

- auxquels il faut ajouter les sujets présentant<br />

des resténoses sur stent nu - représentent<br />

moins de 50%, ce qui correspond au<br />

taux d’implantation des DES de l’AP-HP<br />

(45%).<br />

Chez les autres patients, c’est le risque de<br />

thrombose de stent qui détermine la décision,<br />

comme chez les diabétiques pluritronculaires<br />

ou dans les SCA où le taux<br />

d’événements cardiovasculaires est en<br />

défaveur des DES.<br />

« En pratique, nous retiendrons comme<br />

bons candidats au DES les patients qui ont<br />

plusieurs facteurs de risque de resténose,<br />

ceux ayant des resténoses après BMS, ceux<br />

qui seront compliants au traitement par<br />

de 18%, et ce dans tous les sous-groupes<br />

de patients. La réduction de 6% des AVC<br />

est non significative, ce qui s’explique<br />

dans la mesure où plus le niveau initial<br />

de PAS est bas, moins le bénéfice sur la<br />

prévention des AVC est important. La<br />

diminution de 21 % des événements<br />

rénaux confirme l’effet néphroprotecteur<br />

d’un blocage du SRA. « Si on appliquait<br />

cette stratégie à la moitié des diabétiques<br />

français, a conclu Jean-Jacques<br />

Mourad, cela permettrait de sauver<br />

une ville de 30 000 habitants tous les<br />

5 ans.» ■<br />

D’après un déjeuner-débat «Une avancée<br />

décisive dans la prévention cardiovasculaire et<br />

rénale du patient diabétique»<br />

antiagrégants plaquettaires, qui ont une<br />

faible probabilité de saignement et pas de<br />

chirurgie programmée », a conclu Jean-<br />

Michel Juliard, et il sera aussi nécessaire<br />

d’optimiser l’implantation avec en particulier<br />

l’utilisation de l’échographie endocoronaire.<br />

» ■<br />

D’après la communication<br />

du Dr Jean-Michel Juliard, lors de la session<br />

parrainée par Abbott Vascular<br />

* Late-loss : perte tardive correspondant à la<br />

différence entre le diamètre minimum de la<br />

lésion mesuré en fin d’angioplastie et le diamètre<br />

minimum mesuré lors du contrôle angiographique<br />

(exprimé en millimètre). Cette mesure<br />

est corrélée au risque de resténose et<br />

d’événements cliniques. Le late loss est une<br />

méthode simple pour juger de l’efficacité d’un<br />

stent actif. Le late loss d’un stent « conventionnel<br />

» se situe entre 0,7 et 1 mm, le late loss<br />

d’un stent actif est inférieur à<br />

0,6 mm (pour CYPHER environ 0,2 mm, pour<br />

TAXUS environ 0,4 mm).<br />

D’après « Le glossaire de cardiologie<br />

interventionnelle », Didier Blanchard, Paris,<br />

<strong>Consensus</strong> Cardio n°15, janvier 2006<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 40 Juin 2008<br />

BSIP


La fréquence cardiaque se hausse au<br />

niveau des autres facteurs de risque<br />

d’accident coronaire, mais dans la vie<br />

réelle sa prise en charge se heurte aux<br />

effets indésirables des thérapeutiques<br />

classiques. La spécificité d’action de<br />

l’ivabradine lui confère un intérêt particulier<br />

pour baisser la fréquence cardiaque<br />

sans modifier les paramètres<br />

hémodynamiques et cardiovasculaires<br />

essentiels.<br />

L a<br />

question cruciale dans l’angor est<br />

l’inadéquation entre la perfusion<br />

et les besoins myocardiques. Il existe<br />

divers moyens d’augmenter la perfusion,<br />

en diminuant les besoins en 02 par<br />

le ralentissement de la fréquence cardiaque,<br />

en augmentant la période de<br />

perfusion coronaire ou en luttant<br />

contre la vasoconstriction. «De plus en<br />

plus, la fréquence cardiaque nous<br />

apparaît comme un facteur de risque<br />

majeur, et on sait que plus elle est élevée<br />

au repos, plus le risque de complications<br />

est important », commente le<br />

Dr Patrick Jourdain (CH, Pontoise).<br />

La méta-analyse de Cucherat (Euro<br />

Heart J 2006) a ainsi montré qu’une<br />

baisse de 10 points de la fréquence cardiaque<br />

réduit de 26% la mortalité<br />

cardiovasculaire. «Or la fréquence car-<br />

P armi<br />

Ivabradine : une alternative<br />

thérapeutique pour réduire<br />

la fréquence cardiaque<br />

les 1 348 patients vus par<br />

360 cardiologues libéraux, 49% ont<br />

bénéficié d’au moins une exploration<br />

vasculaire. Les patients explorés sont à<br />

plus haut risque, et certains facteurs sont<br />

prédictifs de la réalisation d’un bilan<br />

d’extension : l’âge (entre 45 ans et<br />

75 ans), le diabète, l’hérédité coronaire,<br />

les antécédentsd’AOMI,d’athérosclérose<br />

carotidienne, de sténose de l’artère<br />

rénale ou d’anévrysme de l’aorte abdominale.<br />

Les patients explorés bénéficient<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 40 Juin 2008<br />

diaque est un facteur de risque modifiable,<br />

qu’on devrait contrôler au<br />

même titre que la PA ou la dyslipidémie»,<br />

a poursuivi Patrick Jourdain.<br />

Jusqu’à présent on disposait des bêtabloquants,<br />

dont la prescription est souvent<br />

limitée dans la vie réelle chez des<br />

patients de plus en plus polypathologiques,<br />

et des inhibiteurs calciques,<br />

mais au prix d’une hypotension et<br />

d’anomalies de la conduction et de la<br />

contractilité myocardiques. Le mode<br />

d’action de l’ivabradine est innovant,<br />

puisqu’elle agit de façon spécifique sur<br />

les cellules du pacemaker sinusal. En<br />

réduisant la fréquence cardiaque, non<br />

seulement elle diminue la consommation<br />

en O 2 , mais elle augmente le<br />

temps passé en diastole, d’où une meilleure<br />

perfusion et un meilleur remplissage.<br />

Elle n’a pas d’effet inotrope<br />

négatif, ce qui lui assure donc le même<br />

impact que les bêtabloquants sur la fréquence<br />

cardiaque sans les conséquences<br />

négatives sur la contractilité.<br />

On dispose de plus en plus de données<br />

provenant d’études pilotes menées en<br />

particulier chez les patients avec une<br />

FEVG < 30-45%, qui montrent que<br />

l’ivabradine induit un remodelage<br />

inverse et permet probablement de<br />

récupérer une meilleure fonction ven-<br />

triculaire gauche. En conservant la<br />

vasodilatation à l’effort, contrairement<br />

aux bêtabloquants, elle maintient la<br />

possibilité d’adaptation à l’exercice.<br />

Le programme de développement de<br />

l’ivabradine a prouvé sa non-infériorité<br />

par rapport aux bêtabloquants ou<br />

aux inhibiteurs calciques, et ce quels<br />

que soient l’âge et l’indice de masse<br />

corporelle (IMC) et dans toutes les<br />

situations aiguës ou chroniques, avec<br />

une réduction de l’angor clinique ou<br />

de la prise de dérivés nitrés de l’ordre<br />

de 50% sous ivabradine.<br />

Un profil de tolérance adapté<br />

aux patients les plus fragiles<br />

L’ivabradine n’a montré aucune conséquence<br />

délétère sur les paramètres de<br />

contractilité, et la réduction des effets<br />

indésirables est un argument de poids<br />

quand on sait qu’après 4 ans, pratiquement<br />

la moitié des patients arrêtent<br />

spontanément les bêtabloquants. On<br />

observe essentiellement des symptômes<br />

visuels qui ne gênent pas la conduite ;<br />

transitoires, ils ne justifient pas l’arrêt<br />

du traitement. Le risque de bradycardie<br />

est faible et n’a entraîné la sortie<br />

d’étude que dans 1% des cas et le retentissement<br />

sur l’asthme est identique à<br />

celui du placebo. Par ailleurs, il n’y a pas<br />

d’effet rebond ni de modification du<br />

profil glucidique chez les diabétiques de<br />

type 2. ■<br />

D’après la communication<br />

du Dr Patrick Jourdain, lors du<br />

symposium «De l’ischémie à la dysfonction<br />

ventriculaire gauche : préserver la force<br />

contractile du cœur»<br />

DISCOVER : l’athérothrombose sous-diagnostiquée<br />

par ailleurs d’une prise en charge plus<br />

conforme aux recommandations.<br />

Lorsque l’atteinte coronaire était la seule<br />

connue (88 % des patients), une autre<br />

localisation n’était recherchée que chez<br />

39 % des patients, surtout chez les 45-<br />

75 ans, en cas d’hérédité coronaire, de<br />

dysfonction érectile ou si une réadaptation<br />

cardiaque post-SCA était prévue. Or<br />

le bilan dépistait une autre localisation<br />

dans 20 % des cas.<br />

La pratique d’une revascularisation amé-<br />

liore l’exploration des autres territoires,<br />

puisque chez ces 1 149 patients sans<br />

antécédent, elle a été réalisée chez<br />

35,2 % des sujets revascularisés versus<br />

26,6% en l’absence de revascularisation<br />

(p = 0,027). Une autre localisation athérothrombotique<br />

a été retrouvée respectivement<br />

chez 13,4 et 18,5 % de ces<br />

patients. ■<br />

D’après les communications du Pr Yves Cottin<br />

(CHU, Dijon) et du Dr Pierre Sabouret<br />

(hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris)<br />

51


52<br />

Actualité du médicament<br />

I Événements - AMM - nouvelle indication - conditionnement I<br />

ATHENA : Multaq réduit de 24% les hospitalisations d'origine<br />

cardiovasculaire ou les décès chez les patients atteints<br />

de fibrillation auriculaire<br />

L'étude ATHENA est la plus grande<br />

étude randomisée, en double aveugle,<br />

réalisée chez des patients<br />

atteints de fibrillation auriculaire.<br />

Elle a été menée dans plus de<br />

550 centres investigateurs dans<br />

37 pays, et a porté sur un total de<br />

4 628 patients. ATHENA est la première<br />

étude de morbi-mortalité et<br />

la plus importante d'un programme<br />

de développement clinique.<br />

Les résultats de l'étude internationale<br />

ATHENA montrent que la dronédarone<br />

(Multaq, sanofi aventis) diminue<br />

significativement le risque d'hospitalisation<br />

d'origine cardiovasculaire ou de<br />

décès de 24% (p = 0,00000002), chez les<br />

patients atteints de fibrillation auriculaire<br />

(FA) ou de flutter auriculaire, atteignant<br />

ainsi l'objectif principal. Les résultats de<br />

l'étude ATHENA ont été présentés lors des<br />

29es Journées scientifiques annuelles de la<br />

Heart Rhythm Society qui se sont tenues<br />

à San Francisco du 14 au 17 mai.<br />

Pour la première fois en vingt ans de<br />

recherche pharmaceutique dans la FA, un<br />

médicament en développement permet<br />

une réduction significative de 30%<br />

(p = 0,03) du risque de décès cardiovasculaire<br />

en complément de traitements<br />

conventionnels (comprenant entre autres<br />

I-PRESERVE teste le bénéfice de l’irbésartan dans l'insuffisance<br />

cardiaque à fonction systolique préservée<br />

L’insuffisance cardiaque est une pathologie<br />

fréquente, synonyme d'une<br />

morbi-mortalité lourde, et qui affecte<br />

prioritairement le sujet âgé. Un groupe<br />

d'experts, le groupe Tactic, se réunit<br />

depuis 2004 pour mieux comprendre<br />

les aspects de l'insuffisance cardiaque<br />

à fonction systolique préservée (IC-FSP)<br />

qui touche la moitié des patients<br />

atteints d'insuffisance cardiaque.<br />

des traitements antiarythmiques et des<br />

antithrombotiques). Multaq a également<br />

diminué significativement de 45 % le<br />

risque de décès pour cause d'arythmie<br />

(45%, p = 0,01). De plus, une tendance à<br />

une réduction de la mortalité toutes<br />

causes confondues de 16% a été observée<br />

dans le bras dronédarone (p = 0,17),<br />

et Multaq réduit également le risque de<br />

première hospitalisation d'origine cardiovasculaire<br />

de 25 % (p = 0,000000009)<br />

comparé au groupe placebo.<br />

Les effets indésirables les plus fréquemment<br />

rapportés par rapport au placebo<br />

sont digestifs (26% contre 22%), cutanés<br />

(10 % contre 8 %, essentiellement des<br />

éruptions) ainsi qu'une élévation de la<br />

La dronédarone<br />

La dronédarone (Multaq) est un nouveau<br />

traitement découvert et développé<br />

par la recherche sanofi aventis<br />

dans le traitement de la fibrillation auriculaire<br />

et du flutter auriculaire. La dronédarone<br />

est un inhibiteur des canaux<br />

calciques, potassiques et sodiques qui<br />

possède des propriétés antiadrénergiques.<br />

La dronédarone ne contient pas<br />

de radical iodé, et aucun signe de toxicité<br />

thyroïdienne ou pulmonaire n'a été<br />

mis en évidence lors des essais cliniques<br />

réalisés.<br />

La prévalence de l'IC-FSP augmente<br />

régulièrement, notamment en raison<br />

du vieillissement de la population et d'une<br />

meilleure prise en charge de certaines<br />

pathologies cardiovasculaires. Dans un<br />

cas sur deux, les patients souffrant<br />

d'insuffisance cardiaque ont une fraction<br />

d'éjection ventriculaire gauche (FEVG) normale<br />

ou subnormale. Le seuil de cette<br />

« normalité » se situe, selon les études,<br />

entre 40 et 50%.<br />

créatininémie (4,7% contre 1%). Le profil<br />

de tolérance cardiovasculaire de Multaq<br />

mis en évidence par l'étude indique<br />

un risque faible d'effet proarythmique<br />

et pas d'augmentation du nombre<br />

d'hospitalisations pour insuffisance cardiaque<br />

congestive. Le taux d'arrêts prématurés<br />

de traitement pendant l'étude<br />

était comparable dans les deux groupes.<br />

Cinq autres essais en cours<br />

Le programme de développement clinique<br />

de phase III de Multaq comprend<br />

également cinq autres études. Une étude<br />

initiale, ANDROMEDA, dédiée aux<br />

patients atteints d'insuffisance cardiaque<br />

sévère, ainsi que 4 autres études internationales<br />

dans la fibrillation auriculaire :<br />

EURIDIS, ADONIS, ERATO et l'étude en<br />

cours DIONYSOS. Sur la base de ces nouvelles<br />

données cliniques, sanofi aventis<br />

prévoit de soumettre une demande<br />

d'autorisation de mise sur le marché<br />

auprès de l'Agence européenne du médicament<br />

(EMEA) ainsi qu'une demande<br />

d'homologation « NDA » auprès de la<br />

Food and Drug Administration (FDA) d'ici<br />

au troisième trimestre 2008. ■<br />

D’après une conférence de presse<br />

des laboratoires sanofi aventis<br />

La vocation du groupe Tactic<br />

Fondé en 2004 avec le soutien de Bristol-<br />

Myers Squibb et de sanofi aventis, le<br />

groupe Tactic, composé de 12 experts en<br />

cardiologie, s'est constitué afin de mieux<br />

comprendre l'IC-FSP, d'en faire progresser<br />

la connaissance et la reconnaissance<br />

et de contribuer à en améliorer la prise<br />

en charge. En 2005, une première étape<br />

a consisté à réaliser un état des lieux en<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 40 Juin 2008


France à travers deux enquêtes de perception<br />

auprès des cardiologues hospitaliers<br />

puis des cardiologues libéraux. En<br />

avril 2006, le groupe Tactic a proposé un<br />

algorithme diagnostique de l'IC-FSP afin<br />

de permettre d'établir un diagnostic avec<br />

fiabilité.<br />

Nécessité de mieux connaître<br />

les éléments du diagnostic<br />

de l'IC-FSP<br />

Afin d'évaluer comment est réellement<br />

appréhendée cette maladie en France, le<br />

groupe Tactic a mis en place deux études<br />

observationnelles actuellement en cours,<br />

l'une en cardiologie libérale, l'autre en<br />

cardiologie et gérontologie hospitalières.<br />

Ces deux études de pratique ont pour<br />

objectifs de répondre à 5 questions :<br />

- Sur quels éléments le diagnostic est-il<br />

porté ?<br />

- Quelles sont les caractéristiques de ces<br />

patients ?<br />

Procoralan couronné par le prix Galien 2008 et son découvreur,<br />

le Pr DiFrancesco, récompensé par le prix de la Fondation<br />

LeFoulon-Delalande<br />

L'ivabradine, commercialisée sous le<br />

nom de Procoralan, molécule innovante<br />

issue de la recherche des laboratoires<br />

Servier, vient de recevoir le<br />

prestigieux Prix Galien 2008.<br />

Procoralan est un inhibiteur sélectif<br />

et spécifique du courant If sinusal<br />

découvert et développé par le département<br />

de recherche des laboratoires<br />

Servier, qui représente une avancée<br />

dans le traitement symptomatique de<br />

l’angor stable chronique. Procoralan<br />

est le fruit de recherches approfondies<br />

qui ont eu pour objectif de parvenir à<br />

synthétiser une molécule capable<br />

d’induire une réduction exclusive de<br />

la fréquence cardiaque, sans incidence<br />

sur les autres paramètres hémodynamiques<br />

(contractilité, conduction, excitabilité).<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 40 Juin 2008<br />

- Quelles sont les modalités de suivi ?<br />

- Quelle est la prise en charge thérapeutique<br />

?<br />

- Peut-on identifier des éléments pronostiques<br />

à moyen terme ?<br />

Intérêt d'une étude<br />

spécifique dans l'IC-FSP:<br />

l'étude I-PRESERVE<br />

L'étude I-PRESERVE a été réalisée chez des<br />

patients souffrant d'insuffisance cardiaque<br />

à fonction systolique préservée. C'est une<br />

étude randomisée menée en double aveugle<br />

avec irbésartan versus placebo chez<br />

4 133 patients dans 25 pays. Son objectif<br />

principal est de comparer l'efficacité de<br />

l'irbésartan au placebo sur la mortalité<br />

totale ou sur une hospitalisation pour<br />

cause cardiovasculaire : insuffisance cardiaque,<br />

angor instable, infarctus du myocarde<br />

non fatal, accident vasculaire cérébral<br />

non fatal, arythmie ventriculaire,<br />

arythmie auriculaire. A l'inclusion dans<br />

Indiqué dans le traitement<br />

symptomatique de<br />

l’angor chronique<br />

Procoralan ouvre désormais une nouvelle<br />

voie dans le traitement symptomatique<br />

de l’angor chronique stable<br />

par l’intermédiaire d’une réduction<br />

exclusive de la fréquence cardiaque.<br />

Procoralan est indiqué chez les patients<br />

en rythme sinusal et présentant une<br />

contre-indication ou une intolérance<br />

aux bêtabloquants, mais ne doit pas<br />

être administré chez les sujets ayant<br />

une fréquence cardiaque de base inférieure<br />

à 60 battements par minute<br />

avant le début du traitement.<br />

Par ailleurs, son mode d'action unique<br />

ouvre des perspectives thérapeutiques<br />

nouvelles dans bien d'autres domaines<br />

de la cardiologie, dans lesquels de très<br />

grandes études ont été entreprises : leurs<br />

résultats seront présentés dans les pro-<br />

l'essai, l'âge moyen des patients était de<br />

72 ans. 40% étaient des hommes et 60%<br />

des femmes. 80% étaient en surpoids ou<br />

obèses. Dans 64% des cas, l'insuffisance<br />

cardiaque était secondaire à une hypertension<br />

artérielle. Une fibrillation auriculaire<br />

était associée à l'IC-FSP chez un quart<br />

des patients et un diabète chez un tiers.<br />

83% des patients étaient traités par des<br />

diurétiques, 59% par des bêtabloquants,<br />

40% par des inhibiteurs calciques, 25%<br />

par des IEC, 15% par la spironolactone et<br />

14% par la digoxine. Les caractéristiques<br />

des patients de l'étude I-PRESERVE correspondent<br />

aux critères des études épidémiologiques<br />

sur I'IC-FSP, notamment la<br />

prédominance féminine et l'âge plus élevé<br />

que la population souffrant d'insuffisance<br />

cardiaque systolique.<br />

Les résultats de I-PRESERVE devraient être<br />

présentés en novembre prochain dans le<br />

cadre du congrès de l'American Heart<br />

Association (AHA). ■<br />

D’après une conférence<br />

de presse des laboratoires BMS et sanofi aventis<br />

chains congrès de la Société européenne<br />

de cardiologie. Procoralan est<br />

aujourd'hui utilisé avec succès chez des<br />

dizaines de milliers de malades coronariens<br />

en France et dans le monde.<br />

« I f » comme « funny »<br />

La mise au point de l'ivabradine couronne<br />

des années de recherche sur les<br />

mécanismes à l'origine du rythme cardiaque,<br />

qui ont conduit à la découverte<br />

du courant I f par le Pr Dario DiFrancesco,<br />

du département des sciences biomoléculaires<br />

et biotechnologies de l’université<br />

de Milan, qui vient de se voir décerner le<br />

Prix de la Fondation Lefoulon-Delalande.<br />

Créé en 2000, ce prix récompense chaque<br />

année un scientifique ayant contribué à<br />

améliorer les connaissances dans la physiologie,<br />

la biologie et la médecine cardiovasculaire.<br />

Le jury, composé d’un<br />

53


54<br />

panel de chercheurs et présidé par le<br />

Pr Alain Carpentier, a choisi cette année<br />

de récompenser les travaux du Pr Dario<br />

DiFrancesco. Ce prix, d’un montant<br />

de 500 000 euros, est reconnu par<br />

l’ensemble de la communauté scientifique<br />

comme la distinction la plus<br />

prestigieuse dans le domaine cardiovasculaire.<br />

Les travaux du Pr Dario DiFrancesco ont<br />

débuté dans les années 1970, ciblés<br />

Le Pr Dario DiFrancesco est directeur du laboratoire<br />

de physiologie moléculaire et neurobiologie,<br />

département des sciences biomoléculaires et biotechnologies<br />

à Milan. Actuellement l’équipe du<br />

Pr DiFrancesco est engagée dans plusieurs projets<br />

de recherche, tous centrés sur les différents développements<br />

du concept de pacemaker cardiaque<br />

fondé sur l’emploi du canal funny. Le laboratoire est<br />

équipé de toutes les technologies de pointe pour la<br />

biologie cellulaire, l’électrophysiologie, la génétique<br />

du DNA recombinant, l’immunofluorescence, etc.<br />

Première mondiale :<br />

les laboratoires MSD ouvrent<br />

une nouvelle voie dans le<br />

traitement contre le VIH<br />

Les laboratoires MSD-Chibret ont reçu l'autorisation de mise<br />

sur le marché d'Isentress, nouveau médicament contre le<br />

VIH. Cet inhibiteur de l'intégrase est le premier d'une nouvelle<br />

classe de traitement contre le VIH. Bénéficiant d'une<br />

procédure d'évaluation accélérée, Isentress a été autorisé<br />

par la Commission européenne et l'Afssaps (Agence française<br />

de sécurité sanitaire des produits de santé), dans le<br />

traitement de l'infection<br />

par le VIH1,<br />

en association avec<br />

d'autres agents<br />

antirétroviraux,<br />

chez des patients<br />

adultes prétraités,<br />

ayant une charge<br />

virale détectable<br />

sous traitement<br />

antirétroviral en<br />

cours. ■<br />

d’emblée sur les mécanismes qui gouvernent<br />

la naissance d’une activité électrique<br />

spontanée du nœud sinusal.<br />

Dario DiFrancesco et deux de ses collaborateurs,<br />

Hylary Brown et Susan<br />

Noble, ont publié leurs premiers résultats<br />

sur ce courant fantaisiste aux propriétés<br />

électriques inhabituelles, qu’ils<br />

baptiseront courant I f , le « f » pour<br />

« funny », dans la célèbre revue Nature<br />

en 1979.<br />

DR<br />

BEAUTIFUL : résultats<br />

en septembre 2008<br />

L’essai BEAUTIFUL est le premier essai<br />

de morbi-mortalité destiné à évaluer<br />

les bénéfices du ralentissement « pur »<br />

de la fréquence cardiaque par le<br />

Procoralan. Dans ce vaste essai, dont les<br />

résultats seront présentés en avant-première<br />

lors du prochain congrès de<br />

l’European Society of Cardiology<br />

à Munich en septembre prochain,<br />

10 000 patients coronariens avec dysfonction<br />

ventriculaire gauche ont été<br />

randomisés en deux groupes afin de<br />

recevoir un placebo ou le Procoralan à<br />

la dose de 5 mg deux fois par jour, pendant<br />

deux semaines, puis 7,5 mg deux<br />

fois par jour. Le critère primaire de cet<br />

essai est un critère composite associant<br />

la mortalité et les hospitalisations pour<br />

infarctus du myocarde, la survenue ou<br />

l’aggravation d’une insuffisance cardiaque.<br />

■<br />

Le programme IRM<br />

d’autoformation en français<br />

À travers un partenariat éditorial avec l'ACC, et avec l'aide<br />

des laboratoires Solvay Pharma, Cardinale et la société de<br />

production multimédia MVS sont en mesure de proposer ce<br />

programme de formation en français. Il s'agit d'un enseignement<br />

complet dans lequel chacun peut trouver la part<br />

qui l'intéresse, depuis l'ensemble d'une formation plutôt<br />

nécessaire à ceux qui seront amenés à réaliser des IRM cardiaques<br />

jusqu'à des notions d'usage pratique intéressant les<br />

prescripteurs de la méthode.<br />

La version française est présentée sous forme de 2 CD Rom,<br />

chacun accompagné d'une brochure introductive.<br />

Le premier de ces documents fait une large place aux aspects<br />

techniques, aux principes physiques mais aussi aux aspects<br />

pratiques. Comment ça fonctionne, qu'est-ce que cela veut<br />

dire, quelles sont les précautions, quelles sont les contreindications<br />

? Mais également quel type d'examen demander,<br />

pour quel type de problème clinique ? Telles sont les<br />

questions que ce premier volume se propose de dresser,<br />

étape pouvant paraître aride, mais ô combien utile !<br />

Le deuxième volume, à paraître sous quelques semaines,<br />

sera, quant à lui, consacré aux indications et aux résultats à<br />

travers des cas cliniques largement illustrés. Tout au long de<br />

ces deux CD Rom, on retrouvera des questions permettant<br />

de s'autoévaluer... outil de formation oblige. ■<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 40 Juin 2008

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