N° 4 - Octobre 2007 - Economia-dz.com
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L’ENTREPRISE SE<br />
DOIT DE METTRE<br />
EN OEUVRE DES<br />
MESURES POUR<br />
AMÉLIORER SES<br />
PERFORMANCES,<br />
TANT EN TERMES<br />
DE COÛTS QUE DE<br />
QUALITÉ.<br />
L’ETAT, CET AGENT<br />
RÉGULATEUR, PAR<br />
CONTRE, SE DOIT<br />
DE REPRENDRE<br />
L’INITIATIVE ET<br />
NON PAS CÉDER AU<br />
FAIT ACCOMPLI<br />
IMPOSÉ PAR LE<br />
DIKTAT DE<br />
L’ÉCONOMIE DE<br />
BAZAR ET DE LA<br />
SPÉCULATION.<br />
EDITORIAL Par Idriss Loubar<br />
IL EST TEMPS D’AGIR...<br />
L<br />
’entrée en vigueur de l’Accord<br />
d’association avec l’Union Européenne<br />
en 2005 et le lancement<br />
de la 2e phase du démantèlement<br />
tarifaire des taxes douanière nous<br />
interpelle tous, en tant qu’acteurs<br />
de la scène économique et médiatique.<br />
Les tarifs douaniers ne constituent<br />
plus, de l’avis des spécialistes<br />
de la res economica, les seuls<br />
moyens utilisés pour la protection<br />
des produits locaux, ils sont appelés<br />
à travers le monde à se réduire<br />
progressivement dans le cadre de<br />
l'OMC et à disparaître dans le<br />
cadre des zones de libre échange.<br />
Pour l'Algérie, cet Accord représente,<br />
il faut bien le mettre dans<br />
son contexte, un signal fort en direction,<br />
d’abord des capitales<br />
étrangères sur le plan politique et<br />
diplomatique, et ensuite en direction<br />
des investisseurs étrangers, à<br />
un moment où les opérateurs économiques<br />
étrangers la fuyaient et<br />
où les relations diplomatiques du<br />
pays se détérioraient du fait de la<br />
situation politique et sécuritaire<br />
qui prévalait à l’époque. Il fallait<br />
donc briser l’isolement dans lequel<br />
se trouvait le pays.<br />
Cet Accord doit offrir, avec la future<br />
adhésion de l’Algérie à<br />
l’OMC, de grandes opportunités<br />
pour l’insertion de notre économie<br />
dans l'espace économique mondial,<br />
afin d’accélérer la transition vers<br />
l’économie de marché par l’adop-<br />
ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />
1<br />
tion de règles universelles de gouvernance<br />
économique.<br />
En parallèle, le gouvernement<br />
est censé engager des réformes<br />
économiques de fond permettant<br />
notamment au tissu industriel national<br />
d’être plus <strong>com</strong>pétitif. L’accord,<br />
aussi, prévoit un large<br />
programme de coopération économique<br />
et sociale d’ac<strong>com</strong>pagnement.<br />
Malheureusement, les choses<br />
n’évoluent pas, aujourd’hui, dans<br />
le sens des attentes, tant espérées.<br />
Quand bien même, il est encore<br />
trop tôt pour situer et évaluer les<br />
préjudices subis par la production<br />
nationale, cela signifie-t-il qu’il<br />
faille attendre, encore, quelques<br />
années pour en tirer les conclusions<br />
? Ne serait-il pas juste pour<br />
l'Algérie, de rattraper le retard accumulé<br />
afin d’éviter d’alourdir la<br />
facture et sauver, un tant soit peu,<br />
notre appareil productif ?<br />
Désormais, pour la <strong>com</strong>pétitivité<br />
des produits, à l'intérieur <strong>com</strong>me<br />
à l'extérieur, l’entreprise se doit de<br />
mettre en oeuvre des mesures<br />
pour améliorer ses performances,<br />
tant en termes de coûts que de<br />
qualité.<br />
L’Etat, cet agent régulateur, par<br />
contre, se doit de reprendre l’initiative<br />
et non pas céder au fait ac<strong>com</strong>pli<br />
imposé par le diktat de<br />
l’économie de bazar et de la spéculation.
ECONOMIA<br />
La revue de l’économie et de la finance<br />
ISSN 1112-7694<br />
Dépot légal : 1250-<strong>2007</strong><br />
Une publication mensuelle<br />
de RCM Algérie<br />
Cité Mohammadia – Bt. 11<br />
<strong>N°</strong> 203 - Mohammadia - Alger<br />
Tél. : +213 21 82 35 14/09<br />
Fax : +213 21 82 35 14<br />
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Directeur de la Publication<br />
Idriss Loubar<br />
Rédacteur en Chef<br />
Kamel Aït Bessaï<br />
Rédaction<br />
Kamel Aït Bessaï<br />
Abdeladim Benallegue<br />
Cherif Berkache<br />
Yasmine Ferroukhi<br />
Nordine Grim<br />
Med Cherif Lachichi<br />
Idriss Loubar<br />
Ahmed Mesbah<br />
K. Rabhi<br />
Abdeltif Rebah<br />
M’hamed Rebah<br />
Soufiane Yliès<br />
Création Graphique<br />
Nacer Azzoug<br />
Révision<br />
Abdelmadjid Ben Tchoubane<br />
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RCM Algérie<br />
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Toute reproduction totale ou partielle<br />
d’un ou de plusieurs articles parus<br />
dans cette revue est soumis<br />
à autorisation préalable<br />
de la direction de la publication.<br />
SOMMAIRE<br />
EVENEMENT<br />
ENTREPRISES & MARCHÉS<br />
HAUSSE DES PRIX DES PRODUITS ALIMENTAIRES<br />
VERS LA CRÉATION D'OFFICES PROFESSIONNELS<br />
SECTEUR DE L’ ARTISANAT<br />
VERS LA CRÉATION DE 510.000 EMPLOIS D’ICI 2010<br />
FONDS MONÉTAIRE INTERNATIONAL<br />
DOMINIQUE STRAUSS-KAHN NOMMÉ À LA TÊTE DU FMI<br />
QUESTIONS FINANCIERES<br />
LE CAHIER DE L’INVESTISSEMENT pp 48 à 51<br />
ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />
2<br />
pp4à7<br />
pp8-9<br />
SITUATION ÉCONOMIQUE ET FINANCIÈRE<br />
UNE CROISSANCE DE 5,8% ATTENDUE POUR 2008<br />
BLANCHIMENT D’ARGENT<br />
56 DEMANDES D’ASSISTANCE ENREGISTRÉES<br />
L’ ALGÉRIE DISPOSE DE 174 TONNES D’OR<br />
LES RÉSERVES ALGÉRIENNES DEMEURENT PARMI LES PLUS<br />
IMPORTANTES AU MONDE<br />
QUESTIONS ENERGETIQUES<br />
REMOUS DANS LE MARCHÉ ÉNERGÉTIQUE<br />
L’EUROPE VEUT VERROUILLER L’ACCÈS À SON MARCHÉ<br />
LES RETARDS DANS<br />
LE PROJET GASSI TOUIL SONT CONSIDÉRABLES<br />
SONATRACH ACCUSE REPSOL ET GAS NATURAL<br />
DE DÉFAILLANCE MASSIVE<br />
RESSOURCES ÉNERGÉTIQUES<br />
ET POLITIQUES D’EXPLOITATION<br />
LES PAYS DÉTENTEURS DE RÉSERVES SE REBIFFENT<br />
pp 10 à 14<br />
INTERVIEW AVEC M. JEAN YVES CAUX, D.G. DE MICHELIN ALGÉRIE<br />
NÉCESSITÉ D’UN ENVIRONNEMENT PROPICE AU DÉVELOPPEMENT INDUSTRIEL<br />
OPÉRATION «FAITES LE PLEIN D’AIR»<br />
LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE UN ENGAGEMENT FORT DE MICHELIN<br />
pp15à18<br />
LE PRÉSIDENT DE CEVITAL DÉVOILE TOUT SUR LE MÉGAPROJET CAP 2015<br />
UN INVESTISSEMENT DE 20 MILLIARDS DE DOLLARS<br />
UNITÉ DE VERRE PLAT DE CEVITAL<br />
PREMIÈRES EXPORTATIONS VERS L’EUROPE AVANT FIN <strong>2007</strong>
LE DOSSIER DU MOIS<br />
DES AMBITIONS COMMUNES<br />
POUR UNE GÉOGRAPHIE EN COMMUN<br />
ALGÉRIE : LE DÉFI EUROMÉDITERRANÉEN<br />
M. SAÏD DJELLAB, DIRECTEUR<br />
DE L’ÉVALUATION ET DE LA<br />
RÉGLEMENTATION DU COMMERCE<br />
EXTERIEUR<br />
«IL APPARTIENT AUX OPÉRATEURS<br />
DE SAISIR LES OPPORTUNITÉS OFFERTES»<br />
HOCINE AMER-YAHIA, EX-DIRECTEUR<br />
GÉNÉRAL DE L’INDUSTRIE AU MINISTÈRE<br />
DE L’INDUSTRIE<br />
«IL EST ENCORE TROP TÔT POUR ÉVALUER<br />
LES PRÉJUDICES»<br />
M. MOHAMED CHAMI,<br />
DIRECTEUR GÉNÉRAL DE LA CACI<br />
«LA MENACE NE VIENT PAS DE L’EUROPE»<br />
ENTRETIEN AVEC ZAÏM BENSACI,<br />
PRÉSIDENT DU CNC/PME<br />
«LE DÉFI EST DE CONTRACTER<br />
DE VÉRITABLES ALLIANCES<br />
AVEC LE PARTENAIRE EUROPÉEN»<br />
HABIB YOUSFI, PRÉSIDENT DE LA CGEA<br />
«IL EST INDISPENSABLE DE PROTÉGER<br />
L’OUTIL DE PRODUCTION NATIONAL»<br />
L’ ALGÉRIE DANS LA ZONE DE LIBRE<br />
ÉCHANGE EURO-MEDITERRANEENNE<br />
QUE FAUT-IL ATTENDRE<br />
DE L’ACCORDD’ASSOCIATION ?<br />
LE TRANSPORT INTERMODAL<br />
DANS LE CADRE DE LA ZONE DE LIBRE<br />
ÉCHANGE EURO-MED<br />
FAUT-IL RÉVISER<br />
L’ ACCORD D’ASSOCIATION ?<br />
PAGES 19 À 47<br />
ACCORD D’ASSOCAITION<br />
ENTRE L’ ALGÉRIE ET L’UE<br />
UN PROCESSUS DOULOUREUX,<br />
MAIS PROMETTEUR<br />
AGRICULTURE<br />
PNDAR<br />
DÉRIVES DANS LE BUDGET D’EXÉCUTION<br />
ENVIRONNEMENT<br />
CHANGEMENTS CLIMATIQUES<br />
- LA PRISE DE CONSCIENCE DES ALGÉRIENS<br />
- QUE FAIT L’ ALGÉRIE ?<br />
APRÈS KYOTO, BALI<br />
AUTOMOBILES<br />
FIAT LINEA : DESIGN ÉLÉGANT ALLIÉ AU DYNAMISME<br />
MONDE<br />
FOIRE INTERNATIONALE DE L’ÉLECTRONIQUE<br />
À BERLIN, IFA <strong>2007</strong><br />
DES CONTRATS POUVANT DÉPASSER<br />
LES 2,5 MILLIARDS D’EUROS<br />
ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />
3<br />
pp 55 à 58<br />
RENAULT S’ENGAGE POUR LA QUALITÉ ET LA SÉCURITÉ<br />
PARTICIPATION DE LG ELECTRONICS À IFA <strong>2007</strong><br />
ENCORE DES NOUVEAUTÉS DANS UN MONDE DIGITAL<br />
RAPPORT DE LA COMMISSION DES NATIONS UNIES<br />
LA FUITE DE CAPITAUX COÛTE<br />
400 MILLIARDS DE DOLLARS À L’ AFRIQUE<br />
pp 52 à 54<br />
pp 60 - 61<br />
pp 62 à 64
É V É N E M E N T<br />
HAUSSE DES PRIX DES PRODUITS ALIMENTAIRES<br />
VERS LA CRÉATION D'OFFICES PROFESSIONNELS<br />
Le ministre du Commerce, M. El Hachemi Djaâboub a souligné la nécessité de prendre une série de<br />
mesures, à l'instar de la création d'offices professionnels pour juguler la hausse des prix des produits de<br />
large consommation, tels le lait et la pomme de terre.<br />
M<br />
. Djaâboub a déclaré dans une<br />
rencontre avec la presse, la fin<br />
du mois dernier, que des offices professionnels<br />
devant être créés, à l'image<br />
de l'office algérien interprofessionnels<br />
des céréales (OAIC), auront pour principale<br />
mission d'approvisionner le<br />
marché national en produits de large<br />
consommation à des prix raisonnables,<br />
abstraction faite des cours pratiqués<br />
sur les marchés internationaux.<br />
Cette initiative a <strong>com</strong>mencé à voir le<br />
jour avec la création de l'Office national<br />
professionnel du lait qui veille à<br />
approvisionner les producteurs publics<br />
et privés en quantités suffisantes de<br />
matières premières destinées à la pro-<br />
ADHÉSION DE L’ALGÉRIE À L’OMC<br />
UNE NOUVELLE OFFRE PORTANT<br />
SUR LA RÉDUCTION DES TARIFS DOUANIERS<br />
En marge de cette<br />
rencontre avec la<br />
presse, M. Djaâboub a<br />
abordé le dossier des négociations<br />
pour l'adhésion<br />
de l'Algérie à<br />
l'Organisation mondiale<br />
du <strong>com</strong>merce (OMC). Le<br />
ministre a indiqué que<br />
la partie algérienne a<br />
proposé une nouvelle<br />
offre portant sur la réduction<br />
des tarifs douaniers<br />
pour certains<br />
nouveaux produits, ainsi<br />
que l'ouverture de nouveaux<br />
domaines du secteur<br />
des services à<br />
l'investissement étranger<br />
et la révision des règles<br />
d'origine et ce, suite<br />
aux observations formulées<br />
par l'UE concernant<br />
ces deux points.<br />
La date du 10e round<br />
des négociations sera<br />
fixée en fonction de la<br />
suite que réservera<br />
l'OMC à cette proposition.<br />
Il a mis l'accent, dans ce<br />
contexte, sur la nécessaire<br />
"adhésion de l'Algérie<br />
à l'OMC avant la<br />
finalisation du cycle de<br />
Doha, afin qu'on ne soit<br />
pas appelés à négocier<br />
sur la base de nouvelles<br />
conditions", ce qui signifierait,<br />
a-t-il prévenu,<br />
«l'ajournement encore<br />
une fois de l'adhésion de<br />
l'Algérie à cette organisation<br />
mondiale».<br />
L'Algérie, rappelle-t-on,<br />
est concernée par des<br />
négociations avec 19<br />
pays dans le cadre de<br />
ses démarches d'adhésion<br />
à l'OMC. Elle a<br />
signé jusqu'ici des accords<br />
bilatéraux avec 4<br />
pays et entend, lors du<br />
prochain round,<br />
conclure de nouveaux<br />
accords avec quatre ou<br />
cinq pays.<br />
Concernant la création<br />
de la zone arabe de libre<br />
échange, M. Djaâboub a<br />
précisé que la question<br />
des règles d'origine "demeure<br />
l'obstacle majeur<br />
entravant la concrétisation<br />
de cette zone".<br />
"C'est ainsi que certains<br />
pays (ceux du Golfe particulièrement)<br />
oeuvrent<br />
à alléger les conditions<br />
de ces règles et à réduire<br />
la taxe sur la valeur<br />
ajoutée (TVA) à 40 %<br />
sur les produits de base<br />
importés des pays étrangers,<br />
tandis que d'autres<br />
pays, à leur tête l'Algérie<br />
et les pays du Maghreb<br />
arabe, insistent<br />
sur le respect absolu des<br />
règles d'origine en vigueur",<br />
a-t-il précisé. <br />
ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />
4<br />
duction du lait en sachet et ses<br />
dérivés.<br />
Il a tenu à préciser qu'il ne s'agira pas<br />
de "fonds de <strong>com</strong>mercialisation des<br />
produits concernés mais à garantir un<br />
financement régulier avec une marge<br />
de prix favorable pour l'agriculteur et<br />
le consommateur".<br />
FONDS NATIONAL<br />
DE RÉGULATION DES PRIX<br />
Concernant les solutions proposées<br />
pour faire face à la cherté de la vie, le<br />
ministre a suggéré la création d'un<br />
fonds national de régulation des prix,<br />
chargé de "faire face aux fluctuations<br />
tant positives que négatives des prix<br />
et d'amortir les chocs induits par la<br />
hausse vertigineuse des prix de certains<br />
produits sur les marchés extérieurs".<br />
UN OBSERVATOIRE<br />
DU POUVOIR D'ACHAT<br />
Outre ces propositions, l'idée de la<br />
création d'un observatoire du pouvoir<br />
d'achat vise, en fait, à trouver une solution<br />
à la volatilité des prix à moyen<br />
et long termes, a expliqué le ministre.<br />
S'agissant des prix du blé dur (semoule)<br />
qui ont récemment atteint 5000<br />
DA/quintal, M. Djaâboub a précisé que<br />
"le prix de ce produit a connu son plus<br />
haut prix au niveau des bourses mondiales,<br />
mais devrait, tout de même, reculer<br />
progressivement", assurant que<br />
son département "oeuvre à contenir les<br />
effets de cette hausse en collaboration<br />
avec l'OIAC".<br />
Pour ce qui est de la pomme de terre<br />
dont le prix a connu ces derniers mois<br />
une hausse fulgurante en raison de plusieurs<br />
facteurs, le ministre a indiqué<br />
que "la solution à ce problème nécessite<br />
l'implication de tous les professionnels<br />
concernés par la production et la distribution<br />
de ce produit". <br />
<strong>Economia</strong>
É V É N E M E N T<br />
SECTEUR DE L’ARTISANAT<br />
VERS LA CRÉATION DE 510.000 EMPLOIS D’ICI 2010<br />
Désormais, le 9 novembre sera décrété journée nationale de l’artisanat au cours de laquelle seront<br />
décernés des prix consacrant les meilleurs produits de l’artisanat traditionnel et de l’artisanatd’art<br />
à l’issue d’un concours national organisé par le ministère de la PME et de l’Artisanat.<br />
C’est ce qu’a annoncé le ministre<br />
M. Mustapha Benbada lors de<br />
son intervention au forum d’El<br />
Moudjahid, le 29 septembre dernier,<br />
axée sur «la mise en œuvre du plan<br />
d’action pour le développement durable<br />
de l’artisanat à l’horizon 2010» adopté<br />
par le conseil du gouvernement en juin<br />
2003. La date du 9 novembre coïncidant<br />
avec la journée de vendredi, les<br />
festivités <strong>com</strong>mémoratives seront organisées<br />
le lendemain. L’inauguration<br />
d’un site Internet consacré à l’artisanat<br />
et à la journée nationale d’artisanat est<br />
aussi prévue.<br />
Le ministre a indiqué que l’application<br />
de cette stratégie fait appel à plusieurs<br />
préalables dont l’amélioration des performances<br />
des ressources humaines à<br />
travers un programme soutenu par le<br />
fonds national de promotion des activités<br />
de l’artisanat traditionnel au profit<br />
de 1623 jeunes. Le perfectionnement<br />
des artisans en exercice concerne,<br />
quant à lui, 4730 jeunes alors que 48<br />
formateurs sont formés. Le programme<br />
MEDA est aussi mis à profit, car il prévoit<br />
l’élévation du niveau de performance<br />
de 4000 artisans et de 116<br />
conseillers en formation. En ce qui<br />
concerne la filière de la céramique<br />
d’art, c’est avec l’agence espagnole de<br />
coopération internationale qu’un programme<br />
de formation a été lancé au<br />
profit de 2 artisans tandis que l’agence<br />
de coopération allemande et l’assemblée<br />
permanente des chambres de métiers<br />
organisent des cycles de<br />
perfectionnement à destination de 30<br />
cadres du secteur. Ces actions n’ont pas<br />
Il existe actuellement<br />
31 chambres de l’artisanat<br />
et des métiers et que leur<br />
nombre sera porté<br />
à 48 en 2010 pour<br />
ac<strong>com</strong>pagner<br />
les porteurs de projets<br />
désireux d’investir<br />
dans le secteur.<br />
Concernant<br />
la filière de la<br />
céramique, c’est<br />
avec l’agence<br />
espagnole de<br />
coopération<br />
internationale qu’un<br />
programme de<br />
formation a été<br />
lancé au profit<br />
de 2 artisans<br />
été sans résultats car il a été constaté<br />
la création de 40.451 activités nouvelles<br />
de 2003 à 2006 générant la création<br />
de 80.576 nouveaux emplois.<br />
A juillet <strong>2007</strong>, le nombre total d’activités<br />
exercées sur le terrain s’élève à<br />
116.956 avec 233.912 emplois. En décembre<br />
<strong>2007</strong>, il est prévu, selon le ministre,<br />
la création de 270.000 emplois<br />
alors que l’objectif tracé pour 2010 est<br />
de 510.000 emplois.<br />
IL EXISTE 31 CAM<br />
Toute cette activité est déployée dans<br />
l’espoir de développer les zones rurales<br />
et d’y fixer les populations. Pour encadrer<br />
toute cette activité, le ministre a<br />
indiqué qu’il existe actuellement 31<br />
chambres de l’artisanat et des métiers<br />
et que leur nombre sera porté à 48 en<br />
2010 pour ac<strong>com</strong>pagner les porteurs<br />
de projets désireux d’investir dans le<br />
secteur. Ainsi, l’agencement des salons<br />
d’honneur de la nouvelle aérogare<br />
d’Alger a nécessité, à lui seul, la mobilisation<br />
de 353 artisans. Il est prévu<br />
également sur le plan du développement<br />
des infrastructures, la réalisation<br />
de 89 projets dont 48 maisons de<br />
l’artisanat ainsi que de cinq musées à<br />
Oran, Constantine, Ghardaïa, Tamanrasset,<br />
et Alger. Cinq centres d’estam-<br />
ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />
5<br />
pillage des tapis traditionnels seront<br />
aussi créés pour garantir leur authenticité<br />
et renforcer leur <strong>com</strong>pétitivité<br />
sur le marché. Le ministère a aussi un<br />
plan pour la promotion du produit artisanal<br />
traditionnel et d’art pour son<br />
placement durable aussi bien sur le<br />
marché local qu’extérieur, entre autres,<br />
européen et arabe, selon le ministre.<br />
La modernisation du système<br />
d’information est un autre axe sur lequel<br />
est basé la stratégie du ministère.<br />
Dans ce cadre, un système d’information<br />
adapté aux spécificités de l’artisanat<br />
a été finalisé et sera inauguré lors<br />
des cérémonies <strong>com</strong>mémoratives de la<br />
journée nationale de l’artisanat en novembre<br />
prochain.<br />
Ce système est conçu <strong>com</strong>me un outil<br />
d’analyse apte à restituer en temps<br />
réel les données concernant l’artisanat<br />
et aider à la prise de décision stratégique.<br />
Un des chantiers les plus importants<br />
initiés par la tutelle est celui d’engager<br />
des études relatives à des thèmes<br />
spécifiques de l’artisanat à l’instar de<br />
celles relatives au marché allemand, à<br />
la problématique de l’approvisionnement<br />
en matières premières, au développement<br />
territorial local et à<br />
l’activité informelle. <br />
Ahmed Mesbah
Les privatisations ont rapporté à la mi-mai 2006, quelque 55 milliards de DA<br />
au Trésor public, et que les apports en capital dans le cadre de partenariats et de joint-ventures<br />
ont été estimés à 3 milliards de dollars...<br />
Les résultats encourageants obtenus<br />
par le gouvernement dans le<br />
processus de privatisation l’ont<br />
amené à lancer au début du mois en<br />
cours une nouvelle vague de privatisations.<br />
C'est ainsi que le ministère<br />
de l'Industrie et de la Promotion des<br />
investissements a annoncé récemment<br />
que 13 entreprises publiques seront<br />
prochainement proposées à la<br />
privatisation.<br />
Il s'agit en l'occurrence d'Eniem, dans<br />
le secteur électroménager, d'Electro-<br />
Industries, qui fournit des moteurs<br />
électriques et Enpec, producteur de<br />
batteries de démarrage pour l'industrie<br />
automobile. Ce nouveau lot d'entreprises<br />
à céder <strong>com</strong>prend<br />
également l'EVSM et la Sonatro, spécialisées<br />
dans les travaux routiers; les<br />
fabricants de produits chimiques Enasel,<br />
Alphyt et Aldar. Dans les métiers<br />
de la fonderie, Alfel, Alfet et<br />
Alfon, sont aussi destinés à la vente.<br />
LE PROCESSUS DES<br />
PRIVATISATIONS<br />
COMMENCE À PORTER<br />
SES FRUITS<br />
Après l'opposition de certains syndicats<br />
qui voient dans ces privatisations<br />
un processus précipité et<br />
inconsidéré à l'égard des employés, il<br />
n’en demeure pas moins que le processus<br />
des privatisations <strong>com</strong>mence<br />
à porter ses fruits.<br />
Les privatisations ont rapporté à la<br />
mi-mai 2006, quelque 55 milliards de<br />
DA au Trésor public, et que les apports<br />
en capital dans le cadre de partenariats<br />
et de joint-ventures ont été<br />
estimés à 3 milliards de dollars, l'apport<br />
en modernisation et de transfert<br />
de savoir-faire est certain. Le montant<br />
des dettes rachetées par les repreneurs<br />
était de 32 milliards de DA<br />
tandis que 7.000 nouveaux emplois<br />
É V É N E M E N T<br />
APRÈS LA LEVÉE DE BOUCLIERS DES SYNDICATS<br />
LES PRIVATISATIONS REPRENNENT<br />
Dans le secteur<br />
de l’électroménager<br />
l’Eniem<br />
est également<br />
concerné par<br />
la privatisation.<br />
ont été créés dans les entreprises<br />
déjà privatisées. Aussi, 430 entreprises<br />
ont été privatisées et quelque<br />
300 autres sont candidates à la privatisation.<br />
Les privatisations<br />
ont rapporté à la mi-mai<br />
2006, 55 milliards<br />
de DA au Trésor<br />
public, et les apports en<br />
capital dans<br />
le cadre de partenariats<br />
et de joint-ventures<br />
ont été estimés<br />
à 3 milliards<br />
de dollars, l'apport<br />
en modernisation<br />
et de transfert<br />
de savoir-faire est certain.<br />
ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />
6<br />
LES PORTS SONT AUSSI<br />
CONCERNÉS<br />
PAR OUVERTURE<br />
Le ministère a également précisé que<br />
les entreprises sur la sellette verraient<br />
une ouverture de leur capital<br />
en majorité ou en totalité.<br />
Dans le domaine des transports, c'est<br />
la Société nationale des transports<br />
ferroviaires qui a annoncé l'ouverture<br />
du capital de sa filiale Infrarail.<br />
Par ailleurs, la Société nationale des<br />
tabacs et allumettes (SNTA), intéresse<br />
les investisseurs internationaux,<br />
dont British American Tobacco<br />
et Altadis.<br />
Les ports sont aussi concernés par<br />
cette ouverture et cette modernisation.<br />
Ainsi, Dubai Port World a récemment<br />
émis de nouvelles<br />
propositions au sujet de la prise en<br />
concession du terminal à conteneurs<br />
d'Alger. <br />
<strong>Economia</strong>
É V É N E M E N T<br />
FONDS MONÉTAIRE INTERNATIONAL<br />
DOMINIQUE STRAUSS-KAHN NOMMÉ À LA TÊTE DU FMI<br />
Le Conseil d'administration du FMI a annoncé, dans un <strong>com</strong>muniqué publié en date<br />
du 28 septembre dernier,que M. Dominique Strauss-Kahn, ancien ministre français de l’Economie<br />
et des Finances, est nommé Directeur général du FMI par consensus, pour succéder à M. Rodrigo<br />
de Rato pour un mandat de cinq ans qui prendra effet à partir du 1 er novembre prochain.<br />
Le Conseil du FMI a examiné deux<br />
candidatures au poste de Directeur<br />
général après l’annonce par M. de<br />
Rato, le 28 juin dernier, de son intention<br />
de quitter l'institution en octobre.<br />
La candidature de M. Strauss-Kahn,<br />
de nationalité française, a été présentée<br />
par M. Klaus Stein, administrateur<br />
du FMI pour l'Allemagne, au nom<br />
de l'Union européenne (UE). Celle de<br />
M. Josef Tosovsky, de nationalité<br />
tchèque, ancien Premier ministre et<br />
gouverneur de la banque centrale de<br />
la République tchèque, a été présentée<br />
par M. Alexei Mojine, administrateur<br />
du FMI pour la Russie.<br />
Selon une tradition non écrite, la direction<br />
générale du FMI est assurée<br />
par un Européen et la présidence de la<br />
Banque mondiale par un Américain<br />
depuis la création des deux organismes<br />
internationaux par les accords<br />
de Bretton Woods en juillet 1944.<br />
RÉFORMER LA GOUVER-<br />
NANCE DU FONDS ET FAIRE<br />
ÉVOLUER SA MISSION<br />
Dès sa nomination, Dominique<br />
Strauss-Kahn s'est engagé à "réformer<br />
sans tarder" l'institution pour la rendre<br />
plus représentative et plus présente<br />
dans sa mission de surveillance<br />
économique.<br />
"Fort de la puissante légitimité que<br />
me donne le très large soutien dont j'ai<br />
bénéficié, notamment dans les pays<br />
émergents et les pays à bas revenus,<br />
je suis déterminé à engager sans tarder<br />
les réformes dont le FMI a besoin<br />
pour mettre la stabilité financière au<br />
service des peuples en favorisant la<br />
croissance et l'emploi", a-t-il déclaré<br />
dans un <strong>com</strong>muniqué de presse.<br />
Deux questions fondamentales se posent<br />
: le FMI est-il utile ? Et si oui, estil<br />
légitime ? Ces dernières années, des<br />
voix se sont élevées, notamment dans<br />
les pays en développement, pour répon-<br />
M. Strauss<br />
Kahn a déclaré<br />
«En tant que<br />
candidat de la<br />
réforme, je<br />
chercherai à<br />
placerleFMI<br />
sur une voie lui<br />
permettant de<br />
relever et de<br />
surmonter ses<br />
principaux<br />
défis<br />
Selon une tradition non<br />
écrite, la direction générale<br />
du FMI est assurée<br />
par un Européen et la<br />
présidence de la Banque<br />
mondiale par un Américain<br />
depuis la création des deux<br />
organismes internationaux<br />
par les accords de Bretton<br />
Woods en juillet 1944.<br />
dre non aux deux questions sus cités.<br />
La crédibilité de l'institution a été mise<br />
à mal à l'occasion de la crise asiatique<br />
de 1997 et surtout de la débâcle financière<br />
de l'Argentine en 2001. Des critiques<br />
de fond émanent plus<br />
sérieusement de dirigeants asiatiques<br />
et latino-américains qui ont quelques<br />
bonnes raisons de s'interroger sur le<br />
rôle, la gouvernance, voire les arrièrepensées<br />
géopolitiques du FMI.<br />
IL FAUT AUGMENTER LES<br />
«QUOTES-PARTS»<br />
DES PAYS ÉMERGENTS<br />
La campagne qu’à menée Strauss-<br />
Kahn à travers le monde, depuis la fin<br />
du mois de juillet dernier, lui a permis<br />
de répondre aux critiques sur la légitimité<br />
de l'institution. Le Fonds, a-t-il<br />
plaidé, ne peut plus fonctionner<br />
<strong>com</strong>me si la géographie économique<br />
ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />
7<br />
n'avait pas bougé depuis la fin de la<br />
Seconde Guerre mondiale. Il faudra<br />
donc augmenter les «quotes-parts» des<br />
pays émergents, tels l'Inde, la Chine<br />
et le Brésil, au sein d'une institution<br />
toujours dominée par son premier actionnaire,<br />
les États-Unis. Le message<br />
est bien passé dans les pays en développement,<br />
moins bien en Europe,<br />
puisque le Vieux continent sera forcément<br />
perdant dans cette redistribution<br />
des cartes.<br />
Reste la première question, celle de<br />
l'utilité du FMI. Les pays asiatiques,<br />
Chine en tête, regorgent de liquidités.<br />
L'Argentine a remboursé ses dettes.<br />
Faute de pays à qui prêter ses fonds, le<br />
FMI voit ses revenus baisser ; ses<br />
équipes sont menacées de chômage<br />
technique. Et dans la crise financière<br />
que nous traversons, ce sont les<br />
banques centrales, pas le Fonds, qui<br />
jouent le rôle de pompier.<br />
Le Fonds a, certes, un rôle à jouer,<br />
tant les déséquilibres financiers internationaux<br />
posent des risques économiques<br />
et <strong>com</strong>merciaux majeurs pour<br />
l'économie mondiale. Or, en l'état actuel<br />
de sa dépendance vis-à-vis des<br />
États-Unis, le FMI ne peut l’affirmer.<br />
Dans un article publié par le Wall<br />
Street Journal, en date du 6 septembre<br />
dernier, M. Strauss Kahn a déclaré<br />
: «En tant que candidat de la<br />
réforme, je chercherai à placer le FMI<br />
sur une voie lui permettant de relever<br />
et de surmonter ses principaux défis :<br />
adapter l’institution à un monde en<br />
pleine évolution, et refléter les points<br />
de vue et les besoins de tous ses membres».<br />
Il s’est dit par ailleurs persuadé<br />
que, s'il était nommé, il saurait «trouver<br />
les appuis nécessaires à la mise en<br />
œuvre d’un ambitieux programme de<br />
réformes assurant au FMI de recouvrer<br />
durablement sa pleine pertinence<br />
dans une économie mondiale en rapide<br />
évolution». <br />
Idriss Loubar
Q U E S T I O N S F I N A N C I È R E S<br />
SITUATION ÉCONOMIQUE ET FINANCIÈRE<br />
UNE CROISSANCE DE 5,8% ATTENDUE POUR 2008<br />
Le gouvernement mise sur une croissance<br />
de 5,8% pour l’année 2008. Selon le ministre<br />
des Finances Karim Djoudi, elle devrait<br />
atteindre 5,8 en termes réels (c'est-à-dire sans<br />
l’inflation) et 6,8 % hors hydrocarbures.<br />
Djoudi avait fait cette déclaration lors de la pré-<br />
M. sentation des grandes lignes du projet de loi de Finances<br />
examiné par le gouvernement. Le projet prévoit<br />
notamment des recettes budgétaires en hausse de 5,1% et<br />
des dépenses en hausse de 8,8%. Le budget de fonctionnement<br />
de l'État sera de son côté en hausse de 21,4% en<br />
raison de la hausse annoncée des salaires des fonctionnaires.<br />
M. Djoudi table sur un taux d'inflation de 3% – contre<br />
2,6% en <strong>2007</strong> – et prévoit 26 milliards de dollars d'importations,<br />
en hausse de 10% sur 2006.<br />
L’Algérie devrait également profiter pleinement de la<br />
hausse soutenue des prix du baril de pétrole pour atteindre<br />
cet objectif de croissance. Le budget 2008 a, en effet,<br />
été élaboré <strong>com</strong>me les précédents depuis quatre ans, sur<br />
la base d'un prix du baril de pétrole à 19 dollars, alors qu'il<br />
frôle les 80 dollars actuellement.<br />
La Cellule de Traitement du Renseignement Financier<br />
qui a engagé une série d’actions visant à conforter son<br />
organisation et son mode de fonctionnement a été rendue<br />
destinataire de 56 déclarations de soupçon émanant principalement<br />
d’institutions bancaires et d’une dizaine de demandes<br />
d’assistance émanant d’organismes homologues<br />
étrangers. <br />
L<br />
’encours de la dette publique interne à fin 2006 s’élève<br />
à 1779,7 milliards de dinars, représentant 21,3% du<br />
PIB. Ce ratio était de 32,6% en 1999.<br />
En ce qui concerne la dette publique extérieure qui s’élève<br />
à 878 millions de US à fin 2006, des actions sont engagées<br />
dans le sens de la conversion d’une partie (333,3 millions<br />
de USD) et du remboursement d’une autre partie, (de 100<br />
millions de USD). Le reliquat de la dette <strong>com</strong>merciale extérieure<br />
(entreprises publiques et privées), établie à 4,18 milliards<br />
USD, sera traité par la conversion en prêts bancaires<br />
et/ou par le remboursement par anticipation. <br />
Le budget de<br />
fonctionnement<br />
de l'État sera<br />
de son côté en<br />
hausse de 21,4%<br />
en raison de la<br />
hausse<br />
annoncée des<br />
salaires des<br />
fonctionnaires.<br />
BLANCHIMENT D’ARGENT<br />
56 DEMANDES D’ASSISTANCE ENREGISTRÉES<br />
ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />
8<br />
Selon les spécialistes, cette sous-évaluation du prix du<br />
baril dans le calcul budgétaire est volontaire. Elle a pour<br />
conséquence de minimiser la part théorique de la fiscalité<br />
pétrolière dans les recettes de l'État. Pour sa part, le gouvernement<br />
explique cette méthode par la prudence et par<br />
sa volonté de ne pas se laisser surprendre par un éventuel<br />
effondrement brutal des cours du pétrole. <br />
ELLE REPRÉSENTE 21,3% DU PIB<br />
LA DETTE PUBLIQUE EST DE 1779,7 MILLIARDS DE DINARS
LE CPA DEVRAIT<br />
ÊTRE CÉDÉ À LA FIN<br />
DE L’ANNÉE ET LA BDL<br />
SE PRÉPARE POUR<br />
UNE OUVERTURE<br />
MINORITAIRE<br />
e processus d’ouverture du<br />
Lcapital du Crédit Populaire<br />
d’Algérie (CPA) arrive dans ses<br />
dernières phases après avoir<br />
achevé la phase de "data room".<br />
La prochaine phase sera la réception<br />
des demandes d’amendement<br />
des contrats de la part des<br />
banques, suivie de la remise des<br />
offres techniques et financières<br />
des banques postulantes. A la lumière<br />
de l’expérience du CPA, il<br />
sera procédé à l’ouverture minoritaire<br />
du capital de la Banque<br />
de Développement Local (BDL)<br />
avec transfert de management.<br />
Le 4 septembre dernier, Karim<br />
Djoudi, ministre des Finances,<br />
annonçait que les offres techniques<br />
de six banques étrangères<br />
seraient étudiées début<br />
octobre, et que la décision<br />
concernant la présélection des<br />
candidats serait prononcée pour<br />
une prise de participations à<br />
hauteur de 51% dans le capital<br />
du CPA.<br />
Avec quelque 70 000 clients et un<br />
réseau d'environ 130 agences, le<br />
CPA est une des plus grosses<br />
banques d'Algérie, sur un marché<br />
largement dominé par le secteur<br />
public, qui représente 95%<br />
des valeurs et prêts bancaires.<br />
Les banques françaises BNP Paribas,<br />
Société générale, Crédit<br />
Agricole et Natexis, ainsi que<br />
l'américain Citibank et l'espagnol<br />
Banco Santander ont d'ores<br />
et déjà été présélectionnés. <br />
Q U E S T I O N S F I N A N C I È R E S<br />
L’ ALGÉRIE DISPOSE DE 174 TONNES D’OR<br />
LES RÉSERVES ALGÉRIENNES<br />
DEMEURENT PARMI LES PLUS IMPORTANTES AU MONDE<br />
es réserves en or de l’Algérie<br />
Lsont estimées à 174 tonnes<br />
selon le classement établi par le<br />
Conseil mondial de l’or.<br />
Avec 174 tonnes de réserves en or,<br />
l’Algérie se place à la deuxième<br />
place dans le monde arabe après<br />
le Liban fort de ses 287 tonnes.<br />
L’Algérie a maintenu sa position<br />
lors des trois dernières années et<br />
a même dépassé l’Arabie Saoudite<br />
et les pays du Golfe. En dépit de<br />
cette stabilité, les réserves algériennes<br />
en or demeurent parmi les<br />
plus importantes au monde<br />
d’après le Conseil mondial de l’or<br />
considéré <strong>com</strong>me la plus haute instance en matière d’évaluation du marché de<br />
l’or et des transactions et opérations de vente et d’achat liées à ce métal précieux.<br />
Les réserves en or de l’Algérie sont constituées de l’or déposé à la Banque d’Algérie<br />
qui le gère en vertu de la loi relative à la Monnaie et au Crédit, ainsi que l’or déposé<br />
dans les banques étrangères. <br />
306,8 MILLIARDS DE DINARS LUI SONT RÉSERVÉS<br />
ASSAINISSEMENT FINANCIER DE 407 ENTREPRISES PUBLIQUES<br />
’assainissement financier des entre-<br />
L prises publiques économiques doit<br />
viser, <strong>com</strong>me objectif principal, la relance<br />
des biens d’activités des entreprises<br />
publiques, la priorité sera<br />
accordée aux entreprises viables, avec<br />
perspectives de marché, sur la base<br />
d’une analyse approfondie au cas par<br />
cas. Sur la base de critères et conditions<br />
préalablement déterminés, 407<br />
entreprises, sur un total de 1.002 ont<br />
ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />
9<br />
été considérées éligibles à l’assainissement<br />
financier, les ressources nécessaires<br />
à cet assainissement sont<br />
évaluées à 306,8 milliards de dinars.<br />
En contrepartie de leur assainissement<br />
financier, les entreprises publiques<br />
s’engagent avec l’Etat dans le cadre<br />
d’un contrat pluriannuel, sur l’exécution<br />
d’un plan de redressement pour<br />
atteindre des résultats économiques et<br />
financiers quantifiés. <br />
LUTTE CONTRE LA CORRUPTION<br />
L’ ALGÉRIE RESTE UN MAUVAIS ÉLÈVE<br />
’association Transparency International a rendu public le 26 septembre der-<br />
L nier son indice qui analyse le niveau de corruption dans le secteur public de<br />
180 pays. Le classement <strong>2007</strong> note les différents pays sur une échelle allant de<br />
0 (très corrompus) à 10 (pas du tout corrompus) sur la base de sondages et de<br />
rapports d'institutions indépendantes, <strong>com</strong>me la Banque mondiale et le Forum<br />
économique mondial.<br />
Dans cette étude annuelle, l’Algérie reste un mauvaise élève : elle occupe la 99e<br />
avec un score de 3 points sur 10. Elle est devancée par ces deux voisins, la Tunisie<br />
(61e) et le Maroc (72e) mais arrive largement devant la Libye qui occupe<br />
la 131e place.<br />
La Somalie et le Myanmar obtiennent les notes les plus basses avec 1,4. La note<br />
du Danemark, elle, est passée à 9,4 à égalité avec «les éternels bons élèves, la<br />
Finlande et la Nouvelle- Zélande», note le <strong>com</strong>muniqué de presse Transparency<br />
International.
Q U E S T I O N S É N É R G É T I Q U E S<br />
REMOUS DANS LE MARCHÉ ÉNERGÉTIQUE<br />
L’EUROPE VEUT VERROUILLER L’ACCÈS À SON MARCHÉ<br />
Décidé, depuis plus d’unedizaine d’années, le processus d’ouverture progressive<br />
des marchés européens de l’énergie s’est achevé en juillet dernier. Son objectif est d’aboutir<br />
à un marché unique de l’électricité et du gaz, à l’échelle de l’Europe, régi par la loi de l’offre et de la<br />
demande et permettant à la pression concurrentielle d’agir pour faire baisser les prix.<br />
Par Abdeltif Rebah<br />
Cette ouverture remet en question<br />
l’existence des monopoles intégrés<br />
de l’énergie. Les réseaux de<br />
transport électrique et les gazoducs<br />
ne doivent plus être la propriété des<br />
fournisseurs d’électricité ou de gaz<br />
naturel. Comme les industriels, les<br />
particuliers peuvent désormais choisir<br />
leurs fournisseurs. En principe,<br />
devrait-on ajouter, car la démonopolisation<br />
du marché du gaz est rejetée<br />
par 9 pays membres de l’UE : la<br />
France, l’Allemagne, l’Autriche, la<br />
Bulgarie, la Slovaquie, Chypre, la<br />
Grèce, le Luxembourg et la Lettonie.<br />
Les monopoles historiques, EON en<br />
Allemagne, GDF en France, SNAM<br />
en Italie, Distrigaz en Belgique, Gas<br />
Natural en Espagne et Gazunie aux<br />
Pays Bas n’adhèrent pas à l’obligation<br />
de séparer production transport<br />
et <strong>com</strong>mercialisation.<br />
Mais l’aspect le plus controversé de<br />
cette ouverture, en ce qui concerne les<br />
producteurs gaziers, est sans doute le<br />
projet de l’UE de fermer l’accès des<br />
<strong>com</strong>pagnies gazières non européennes<br />
au marché de l’UE. Celle-ci<br />
n’ouvrira ses portes qu’à des sociétés<br />
spécialisées uniquement dans la distribution<br />
ou dans le transport.<br />
L’ ALGÉRIE VEUT DEVENIR<br />
DISTRIBUTEUR SUR<br />
LE MARCHÉ EUROPÉEN<br />
Les producteurs tels Sonatrach ou<br />
Gazprom ne pourraient pas prendre<br />
le contrôle des réseaux de distribution<br />
dans l’UE sans un accord bilatéral<br />
entre le pays concerné et l’UE.<br />
Même pour acquérir une part minoritaire<br />
d’un réseau, il faudra la certification<br />
préalable de l’UE.<br />
Comme la Russie, fournisseur gazier<br />
Pour l’instant,<br />
les seules ventes<br />
directes de gaz<br />
opérées par<br />
Sonatrach sont sur<br />
le marché<br />
britannique<br />
à Grain Island<br />
et c’est du GNL...<br />
n°1 de l’UE, l’Algérie cherche à devenir<br />
distributeur sur le marché européen<br />
en entrant directement en<br />
contact avec le client final. La vente<br />
aux particuliers est réputée la plus<br />
rentable. Sonatrach qui ne veut plus<br />
être un simple pourvoyeur de gaz,<br />
entend prendre une part des juteux<br />
bénéfices dans la distribution et sécuriser<br />
ses débouchés.<br />
Pour l’instant, les seules ventes directes<br />
de gaz opérées par Sonatrach<br />
le sont sur le marché britannique à<br />
Grain Island, c’est du GNL. Mais la<br />
pétro-gazière algérienne a des projets<br />
d’implantation sur les marchés des<br />
Pays-Bas, espagnol, italien, français.<br />
Sonatrach a déjà créé des filiales de<br />
distribution en Espagne <strong>com</strong>me en<br />
ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />
10<br />
Italie et envisage la reprise du distributeur<br />
belge Distrigaz. En Espagne,<br />
pour avoir un accès direct au<br />
marché ibérique du pétrole et du gaz,<br />
le Groupe Sonatrach veut prendre<br />
30% dans le capital de Cepsa, soutenu<br />
par Total, le principal actionnaire<br />
de la 2e <strong>com</strong>pagnie pétrolière<br />
espagnole.<br />
La <strong>com</strong>pagnie algérienne détient 2%<br />
dans le portugais EDP, ce qui lui<br />
ouvre, par là, aussi, l’accès à la distribution<br />
du gaz en Espagne où elle<br />
pourrait écouler, depuis le règlement<br />
du problème de Medgaz avec les autorités<br />
espagnoles, 3 milliards de<br />
m3/an. En Italie, Sonatrach <strong>com</strong>pte,<br />
à partir de 2008, <strong>com</strong>mercialiser directement<br />
2 milliards de m3/an.
L’entreprise algérienne veut également,<br />
distribuer directement son gaz<br />
en France et ce, dès 2010. En 2006,<br />
elle avait signé avec GDF un accord<br />
portant sur la réservation d’une capacité<br />
de regazéification d’un milliard<br />
de m3 sur le terminal de Montoir en<br />
Bretagne. Mais tous ces projets de redéploiement<br />
à l’international risquent<br />
de tomber à l’eau si l’UE<br />
maintient ses verrous pour Sonatrach.<br />
La réaction du ministre algérien de<br />
l’Energie se veut, pour l’instant mesurée.<br />
«Nous ne sommes pas inquiets,<br />
car d’une part, la décision n’est pas<br />
finale et d’autre part, je ne pense pas<br />
qu’elle concerne Sonatrach ou l’Algérie».<br />
Et d’ajouter que «la décision de<br />
Bruxelles est au stade du débat et<br />
lorsqu’on aura un accord et un<br />
consensus de toutes les parties on<br />
évaluera les conséquences positives<br />
ou négatives sur l’activité de Sonatrach».<br />
Si l’Algérie fait-il observer,<br />
permet aux sociétés européennes de<br />
prendre des participations dans son<br />
secteur hydrocarbures, «il n’y a pas de<br />
raison qu’elles ne nous permettent<br />
pas de le faire en Europe».<br />
Quoiqu’il en soit si les 27 pays de l’UE<br />
maintiennent le monopole sur les gazoducs<br />
et la distribution ce seront les<br />
consommateurs qui vont en pâtir, estime<br />
le ministre Algérien.<br />
LA SCÈNE ÉNERGÉTIQUE<br />
EUROPÉENNE<br />
FORTEMENT AGITÉE<br />
Même son de cloche pratiquement<br />
chez les Russes qui, en 2006 déjà,<br />
avertissaient l’UE que «les tentatives<br />
de limiter Gazprom sur le marché européen<br />
et de politiser les questions<br />
gazières ne déboucheraient pas sur<br />
de bons résultats». En réalité, derrière<br />
cette façade de réactions plutôt<br />
sereines, la scène énergétique européenne<br />
apparaît fortement agitée ces<br />
derniers temps. Avec ses projets d’acquisition<br />
d’actifs dans la distribution<br />
dans l’UE, le géant Gazprom est devenu<br />
un véritable cauchemar pour les<br />
Européens qui veulent du gaz mais<br />
sans dépendre de la Russie. Mais<br />
Gazprom poursuit son expansion. Il<br />
vient de prendre le contrôle de l’essentiel<br />
des réserves gazières de Sibé-<br />
Q U E S T I O N S É N É R G É T I Q U E S<br />
Pour avoir un accès<br />
direct au marché<br />
espagnol du pétrole et<br />
du gaz, Sonatrach veut<br />
prendre 30% dans le<br />
capital de Cepsa,<br />
soutenu par Total<br />
qui est le principal<br />
actionnaire<br />
de la 2 e <strong>com</strong>pagnie<br />
pétrolière ibérique<br />
rie orientale et a fait avancer de façon<br />
décisive ses projets d’infrastructure<br />
en Europe balkanique. Dans les pays<br />
consommateurs, <strong>com</strong>me en réaction,<br />
on assiste à de grandes manœuvres<br />
de fusions-acquisitions pour constituer<br />
de grands champions nationaux<br />
dans le secteur de l’énergie. GDF et<br />
Suez ont formé le 1er distributeur de<br />
gaz en Europe qui dispose du plus<br />
grand réseau gazier de l’Union et figure<br />
au second rang pour le stockage<br />
et les terminaux méthaniers. La tendance<br />
est à la concentration des acteurs<br />
plutôt qu’à leur éclatement en «<br />
atomes concurrentiels», suivant le<br />
dogme de la libéralisation, relèvent<br />
les observateurs. Les offres d’alliances<br />
se multiplient, telle celle proposée<br />
à Sonatrach par GDF ou plus<br />
exactement par son principal actionnaire,<br />
le gouvernement français et déclinée<br />
par le Groupe pétro-gazier<br />
algérien. Elle n’était pas, selon Chakib<br />
Khelil, de nature à contribuer à<br />
son développement international qui<br />
revêt pour l’entreprise algérienne un<br />
caractère stratégique. Sonatrach, a-til<br />
tenu à préciser, privilégie les alliances<br />
avec ceux qui lui apportent<br />
«quelque chose en termes de technologie,<br />
de capacités managériales ou de<br />
marchés qui nous intéressent».<br />
Les conflits ouverts qui ont éclaté récemment<br />
entre Sonatrach et ses partenaires<br />
espagnols expriment bien<br />
cette tendance du paysage énergétique<br />
à se muer en arène implacable,<br />
dès que les intérêts divergent.<br />
Souvent feutrés et quasi confidentiels,<br />
les conflits deviennent ouverts<br />
ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />
11<br />
et visibles quoique rarement, en vérité,<br />
clairement lisibles. Ainsi, la renégociation<br />
entamée depuis deux<br />
années, du prix du gaz vendu par Sonatrach<br />
à Gas Natural à travers le<br />
GME n’avance toujours pas. Après<br />
avoir accepté son principe, le gazier<br />
espagnol s’est rétracté. Les prix du<br />
gaz étant indexés sur ceux du brut,<br />
Sonatrach avait demandé à les réviser<br />
en liaison avec la hausse des prix<br />
du pétrole. Cette augmentation de<br />
20%, soit un dollar par mmbtu, devait<br />
se faire en 2 étapes sur une année,<br />
pour en atténuer l’impact sur le<br />
consommateur espagnol.<br />
Les recettes supplémentaires qui en<br />
sont attendues s’élèvent à 150 millions<br />
de dollars/an. En attendant, le<br />
préjudice subi par Sonatrach est estimé<br />
à 300 millions de dollars.<br />
Medgaz, autre situation contentieuse<br />
avec l’Espagne, mais depuis réglée,<br />
«inacceptable» car elle aboutissait à<br />
limiter Sonatrach à ne vendre sur le<br />
marché espagnol que un milliard de<br />
m3/an alors que la part qui lui revient,<br />
eu égard à sa participation<br />
dans Medgaz, est de 3 milliards de<br />
m3.<br />
Dernière péripétie des contentieux<br />
énergétiques Algéro-Espagnols, le<br />
projet de développement de Gassi<br />
Touil conclu en 2004 avec le consortium<br />
espagnol Repsol et Gas Natural,<br />
«le plus important jamais réalisé» et<br />
dont l’entrée en exploitation prévue<br />
pour 2009 va être repoussée à 2012<br />
pour cause de retard.
REMOUS DANS<br />
LE MARCHÉ ÉNERGÉTIQUE<br />
<br />
C’est considérable pour un projet<br />
sur lequel étaient adossés des<br />
engagements <strong>com</strong>merciaux<br />
lourds, souligne la partie algérienne.<br />
Après une année de négociations<br />
et de mises en demeure,<br />
Sonatrach vient d’annoncer la résiliation<br />
du contrat qui la liait<br />
aux <strong>com</strong>pagnies espagnoles Repsol<br />
et Gas Natural, pour «manquements<br />
à leurs obligations<br />
contractuelles». C’est «un fiasco<br />
industriel majeur» pour l’entreprise<br />
algérienne qui demande<br />
plusieurs milliards de dollars<br />
d’indemnités et dénonce «la tonalité<br />
politique gratuite» que certains<br />
milieux officiels en<br />
Espagne tentent de donner à «un<br />
litige purement <strong>com</strong>mercial», insiste-t-on,<br />
du côté algérien.<br />
GAZPROM<br />
ET SONATRACH SOUS<br />
SURVEILLANCE DE L’UE<br />
Il semble bien que les stratégies<br />
de redéploiement européen des<br />
producteurs gaziers majeurs tels<br />
Gazprom et Sonatrach sont soumises<br />
à une très stricte surveillance<br />
de la part de l’UE, tentée à<br />
présent, à la fois par la politique<br />
de Bloc protectionniste et celle<br />
dediviserpourrégner(enmisant,<br />
par exemple sur les outsiders<br />
qatari et demain libyen,<br />
peut-être). Cependant, les investissements<br />
lourds considérables<br />
consentis par les pays gaziers<br />
pour assurer la sécurité de l’approvisionnement<br />
de l’Europe en<br />
font un partenaire stratégique<br />
peu enclin à jouer les seconds<br />
rôles où la force d’appoint, est<br />
modulable à volonté. Pour imposer<br />
un partenariat réellement<br />
équilibré, et éviter de faire les<br />
frais de la libéralisation européenne,<br />
les fournisseurs gaziers<br />
de l’UE et notamment les deux<br />
principaux, la Russie et l’Algérie,<br />
ont tout intérêt à agir ensemble<br />
et à coordonner leurs<br />
efforts. <br />
Abdeltif Rebah<br />
Q U E S T I O N S É N É R G É T I Q U E S<br />
LES RETARDS DANS LE PROJET GASSI TOUIL SONT CONSIDÉRABLES<br />
SONATRACH ACCUSE REPSOL<br />
ET GAS NATURAL DE DÉFAILLANCE MASSIVE<br />
Pour Sonatrach, le conflit avec Repsol et Gas Natural ne concerne que le projet<br />
Gassi Touil. Les deux groupes espagnols seront autorisés dans l’avenirà participer à<br />
l’ensemble des appels d’offres lancés en Algérie sans aucune contrainte.<br />
Le règlement amiable dans le dossier<br />
Gassi Touil entre Sonatrach et les<br />
deux groupes espagnols Repsol et Gas<br />
Natural s’éloigne. Au lendemain des déclarations<br />
du PDG de Repsol qualifiant<br />
notamment de « boutade» les demandes<br />
d’indemnisation algériennes, Sonatrach<br />
maintient sa position. «Repsol cherche à<br />
politiser une affaire qui relève du droit<br />
<strong>com</strong>mercial et contractuel. Il n’y aucune<br />
procédure d’expropriation à son encontre,<br />
mais notre demande d’arbitrage est<br />
purement contractuel. Sonatrach a agi<br />
dans le cadre des règles internationales<br />
: les retards dans le projet Gassi Touil<br />
sont considérables. Ils ne se chiffrent<br />
pas en mois mais en plusieurs années ! Il<br />
s’agit d’une défaillance massive de la<br />
part des deux groupes espagnols», selon<br />
la société nationale des hydrocarbures.<br />
Pour Sonatrach, le conflit avec Repsol et<br />
Gas Natural ne concerne que le projet<br />
Gassi Touil. Les deux groupes espagnols<br />
seront autorisés dans l’avenir à participer<br />
à l’ensemble des appels d’offres lancés<br />
en Algérie sans aucune contrainte.<br />
Dans le cadre de la procédure d’arbitrage,<br />
Sonatrach va demander la Commission<br />
des Nations Unies pour le droit<br />
<strong>com</strong>mercial international (Uncital) de<br />
désigner des experts afin d’estimer les<br />
préjudices causés à la<br />
société nationale des<br />
hydrocarbures par les<br />
nombreux retards dans<br />
Gassi Toul. «Nous allons<br />
demander des indemnités<br />
à hauteur de<br />
pertes causées. Nous<br />
pensons, au regard de<br />
l’importance du projet<br />
et des enjeux, que le<br />
préjudice va dépasser<br />
facilement le milliard<br />
de dollars», selon une<br />
source de la société Sonatrach.<br />
Évoqué il y a quelques<br />
jours, un règlement<br />
amiable du conflit ne<br />
ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />
12<br />
Dans le cadre de la<br />
procédure d’arbitrage,<br />
Sonatrach va demander<br />
à la Commission des<br />
Nations Unies<br />
pour le droit<br />
<strong>com</strong>mercial<br />
international (Uncital)<br />
de désigner<br />
des experts afin d’estimer<br />
les préjudices causés<br />
à la société nationale<br />
des hydrocarbures<br />
dans le projet<br />
Gassi Toul.<br />
semble plus être à l’ordre du jour, à<br />
moins que des négociations politiques<br />
futures entre Alger et Madrid ne parviennent<br />
à débloquer une situation visiblement<br />
<strong>com</strong>pliquée. En attendant, les<br />
cabinets d’avocats des deux parties s’activent.<br />
Dans ce dossier, Sonatrach est<br />
défendu par trois avocats parisiens du<br />
cabinet américain Shearman and Sterling<br />
: Emmanuel Gaillard, Philippe Pinsolle<br />
et Yas Banitatemi. Ce cabinet<br />
fondé à New York en 1873 défend les intérêts<br />
de l’État algérien et de Sonatrach<br />
depuis plus de 40 ans.<br />
SONATRACH<br />
PROPOSE 5,5 MILLIARDS<br />
USD À CEPSA<br />
Par ailleurs, le gouvernement espagnol<br />
a demandé à la Santander de refuser<br />
l’offre de 5,5 milliards d’euros proposée<br />
par Sonatrach pour l’acquisition des<br />
30% du capital détenus par la banque<br />
dans le pétrolier Cepsa. Madrid aurait<br />
suggéré à Santander d’attendre d’autres<br />
offres.<br />
Avec cette décision, le gouvernement espagnol<br />
chercherait à éviter une politisation<br />
de la vente de Cepsa. Il se serait<br />
également montré inquiet par la volonté<br />
d’expansion de Sonatrach en Espagne.<br />
Une volonté qu’il entend freiner en se<br />
basant notamment sur<br />
la dernière re<strong>com</strong>mandation<br />
de la Commission<br />
de Bruxelles<br />
concernant les conditions<br />
d’implantation<br />
des groupes énergétiques<br />
étrangers en<br />
Europe.<br />
Ce serait cette décision<br />
du gouvernement espagnol<br />
qui pourrait expliquer<br />
les réticences de<br />
Santander à présenter<br />
un dossier pour la privatisation<br />
du Crédit Populaire<br />
d’Algérie (CPA). <br />
Kamel Aït Bessaï
Q U E S T I O N S É N É R G É T I Q U E S<br />
RESSOURCES ÉNERGÉTIQUES ET POLITIQUES D’EXPLOITATION<br />
LES PAYS DÉTENTEURS DE RÉSERVES SE REBIFFENT<br />
La concurrence pour les réserves de pétrole et de gaz s’intensifie à mesure qu’apparaissent<br />
de nouvelles sociétés transnationales et que les politiques gouvernementales évoluent.<br />
Les conglomérats du pétrole et du<br />
gaz des pays industrialisés<br />
voient leur marge de manœuvre à<br />
l’étranger s’amenuiser, indique la<br />
CNUCED. Alors que le cours du pétrole<br />
brut se maintient bien au-dessus<br />
des 70 dollars le baril, ces sociétés<br />
transnationales (STN) traditionnelles<br />
perdent de leur pouvoir de négociation<br />
au profit des pays producteurs de<br />
pétrole qui entendent bien exploiter<br />
la hausse de la demande pour capturer<br />
une part plus importante des recettes.<br />
Les STN traditionnelles<br />
doivent aussi faire face à la nouvelle<br />
concurrence des STN du Sud.<br />
LES RÉSERVES RESTANTES<br />
SONT PRINCIPALEMENT<br />
SITUÉES HORS<br />
DU MONDE DÉVELOPPÉ<br />
La consommation, la production et les<br />
réserves mondiales de pétrole et de<br />
gaz font apparaître de larges déséquilibres.<br />
Bien que la demande se soit<br />
accrue de manière particulièrement<br />
rapide dans certains pays d’Asie ces<br />
dernières années, les pays développés<br />
continuent de consommer plus de la<br />
moitié de la production mondiale de<br />
pétroleetdegaz,alorsqu’ilsnesont<br />
à l’origine que d’un quart de la pro-<br />
Les capacités<br />
technologiques et les<br />
<strong>com</strong>pétences de gestion<br />
de ces nouvelles STN<br />
s’améliorent rapidement<br />
et : «Nous assistons à<br />
l’émergence d’une<br />
économie des produits de<br />
base plus variée et plus<br />
<strong>com</strong>plexe,<br />
ce qui soulève un certain<br />
nombre de questions,<br />
dont certaines, pas<br />
des moindres, portent<br />
duction. En outre, ils détiennent<br />
moins de 8 % des réserves mondiales<br />
prouvées restantes. En 2005, sur les<br />
25 premiers pays détenteurs de réserves<br />
prouvées de pétrole et de gaz,<br />
21 étaient des pays en développement<br />
ou en transition.<br />
De plus, la <strong>com</strong>paraison des données<br />
relatives à la production et aux réserves<br />
montre que les ressources des<br />
pays développés s’amenuisent à un<br />
taux moyen 10 fois supérieur à celui<br />
des pays en développement ou en transition.<br />
Cela signifie que les pays industrialisés<br />
vont devenir de plus en plus<br />
tributaires des importations de pétrole<br />
et de gaz en provenance des pays en<br />
développement ou en transition.<br />
MOINS D’ESPACE<br />
POUR LES STN<br />
DES PAYS DÉVELOPPÉS<br />
Pour les STN des pays développés, il<br />
est de plus en plus difficile d’accéder<br />
aux réserves restantes. Certains pays<br />
ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />
13<br />
en développement dotés de larges réserves,<br />
<strong>com</strong>me le Koweït, le Mexique<br />
et l’Arabie saoudite, ne permettent<br />
pas la participation d’entreprises<br />
étrangères à l’extraction de pétrole et<br />
de gaz. D’autres autorisent les investissements<br />
étrangers mais font l’objet<br />
d’embargos appliqués par les pays<br />
d’origine des STN. Par exemple, les<br />
entreprises américaines ne sont pas<br />
autorisées à investir en République<br />
islamique d’Iran ou au Soudan.<br />
En outre, plusieurs pays producteurs<br />
de pétrole et de gaz ont récemment<br />
adopté des mesures pour restreindre<br />
la participation des STN aux activités<br />
d’extraction ou pour redistribuer les<br />
recettes tirées de ces activités.<br />
En Bolivie, la loi sur les hydrocarbures<br />
de 2006 a transféré le contrôle<br />
des ressources à l’État et préparé le<br />
terrain pour la négociation de taux<br />
d’imposition et de redevance plus élevés<br />
avec les investisseurs.<br />
sur les relations Sud-Sud»
En Fédération de Russie, en vertu<br />
de la nouvelle loi sur le sous-sol, qui<br />
devrait entrer en vigueur à la fin de<br />
<strong>2007</strong>, les investisseurs étrangers et<br />
les entreprises russes qui sont détenues<br />
à 50 % ou plus par des étrangers<br />
ne seront pas autorisés à<br />
répondre aux appels d’offres concernant<br />
les gisements stratégiques.<br />
Depuis 2003, le Gouvernement russe<br />
a également renégocié les termes de<br />
presque tous les contrats des STN<br />
concernant le pétrole et le gaz, ce qui<br />
a eu pour conséquence d’accroître la<br />
part des recettes qui revient au Gouvernement<br />
et d’augmenter les taxes<br />
et les redevances.<br />
Au Venezuela, le Gouvernement a<br />
modifié les règles relatives aux<br />
prises de participation et à l’imposition,<br />
pour réduire les intérêts des<br />
<strong>com</strong>pagnies étrangères et accroître<br />
les recettes du Gouvernement.<br />
La concurrence pour les ressources<br />
en pétrole et en gaz s’est encore accentuée<br />
avec l’arrivée de nouveaux<br />
concurrents issus de pays en développement<br />
ou en transition. Les entreprises<br />
CNOOC, CNPC, Sinopec<br />
(Chine), Kuwait Petroleum (Koweït),<br />
Lukoil (Fédération de Russie), Petrobras<br />
(Brésil) et Petronas (Malaisie)<br />
font déjà partie des principaux investisseurs<br />
étrangers dans certains pays<br />
producteurs de pétrole et de gaz. Ces<br />
<strong>com</strong>pagnies opèrent aux côtés de<br />
STN traditionnelles des pays développés<br />
(voir tableau 1).<br />
Les capacités technologiques et les<br />
<strong>com</strong>pétences de gestion de ces nouvelles<br />
STN s’améliorent rapidement.<br />
«Nous assistons à l’émergence d’une<br />
économie des produits de base plus<br />
variée et plus <strong>com</strong>plexe, ce qui soulève<br />
un certain nombre de questions,<br />
dont certaines, pas des moindres,<br />
portent sur les relations Sud-Sud», a<br />
relevé récemment Supachai Panitchpakdi,<br />
secrétaire général de la CNU-<br />
CED.<br />
Enfin, dans un rapport sur l’investissement<br />
dans le monde <strong>2007</strong>, à paraître<br />
le 16 octobre <strong>2007</strong>, une<br />
évaluation plus détaillée sera présentée<br />
sur les incidences de l’évolution<br />
du rôle des STN dans l’industrie<br />
extractive sur le développement et<br />
les politiques. <br />
Q U E S T I O N S É N É R G É T I Q U E S<br />
Tableau 1. Principales sociétés pétrolières et gazières étrangères opérant<br />
dans certains pays en développement, 2005. (En pourcentage cumulé de la production locale)<br />
HOST COUNTRY<br />
ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />
14<br />
FOREIGN<br />
COMPANY<br />
HOME<br />
ECONOMY<br />
Cumulative<br />
share in<br />
foreign<br />
owned<br />
production<br />
CHINA Royal Dutch Shell United Kingdom/Netherlands 20<br />
Chevron United States 39<br />
British Petroleum United Kingdom 53<br />
ConocoPhillips States United 63<br />
Husky Energy Canada 71<br />
ENI Italy 80<br />
Kuwait Petroleum Kuwait 86<br />
INDONESIA INPEX Japan 47<br />
Total France 62<br />
ExxonMobil United States 72<br />
CNOOC China 78<br />
British Petroleum United Kingdom 82<br />
ConocoPhillips United States 86<br />
PetroChina China 88<br />
ENI Italy 90<br />
Petronas Malaysia 91<br />
ISLAMIC REPUBLIC OF IRAN ENI Italy 29<br />
Statoil Norway 55<br />
LG International Republic of Korea 75<br />
Total France 89<br />
Petronas Malaysia --<br />
KAZAKHSTAN Chevron United States 31<br />
BG Group United Kingdom 47<br />
ENI Italy 62<br />
ExxonMobil United States 73<br />
Lukoil Russian Federation 83<br />
CITIC Group China 88<br />
CNPC China 93<br />
RUSSIAN FEDERATION TNK-BPb Joint venture 69<br />
ENI Italy 83<br />
Sinopec China 87<br />
Fremont Energy United States 89<br />
West Siberian Resources Bermuda 90<br />
SUDAN CNPC China 45<br />
Petronas Malaysia 75<br />
UZBEKISTAN Lukoil Russian Federation 71<br />
VENEZUELA Chevron United States 27<br />
Repsol-YPF Spain 40<br />
Royal Dutch Shell United Kingdom/Netherlands 52<br />
Total France 59<br />
British Petroleum United Kingdom 65<br />
Harvest Natural Resources United States 71<br />
Perenco United Kingdom 77<br />
Petrobras Brazil 83<br />
Anadarko Petroleum United States 87<br />
CNPC China 91<br />
Source: CNUCED, d’après des données fournies par IHS.<br />
a Bunduq Oil est un consortium de la société japonaise United Petroleum Development Company (33,3 %)<br />
et de British Petroleum (33,3 %).<br />
b TNK-BP est une coentreprise 50-50 entre British Petroleum d’une part et Access/Renova et Groupe Alfa<br />
(Fédération de Russie) d’autre part.
MICHELIN ALGÉRIE<br />
NÉCESSITÉ D’UN ENVIRONNEMENT PROPICE<br />
AU DÉVELOPPEMENT INDUSTRIEL<br />
Arrivé en Algérie au mois d’avril 2006, M. Jean Yves Caux, Directeur Général de Michelin<br />
Algérie, nous fait part, dans cet entretien, de sa vision du marché algérien du pneumatique<br />
et de l’environnement dans lequel évolue son entreprise et les contraintes rencontrées<br />
qui risquent de mettre en péril l’outil de production en Algérie.<br />
<strong>Economia</strong> : Absente depuis<br />
1993, Michelin a redémarré<br />
ses activités industrielles en<br />
novembre 2002. Quel bilan<br />
faites-vous de ces 5 années<br />
d’activités ?<br />
Jean Yves CAUX : Effectivement,<br />
Michelin a redémarré en 2002 avec<br />
un grand projet industriel de modernisation<br />
de son usine d’Alger. Avant<br />
1993, l’usine fabriquait des pneus<br />
pour voiture et pour camion. En 2002,<br />
nous avons décidé d’arrêter la fabrication<br />
des pneus pour voiture pour se<br />
spécialiser dans les pneus poids<br />
lourds.<br />
On a investi 40 millions d’euros dans<br />
la modernisation des équipements<br />
existants, et puis l’installation de<br />
nouveaux équipements, ce qui nous a<br />
permis la création de près de 800 emplois.<br />
Aujourd’hui, cette usine fabrique des<br />
pneumatiques poids lourds pour le<br />
marché local, mais aussi pour le marché<br />
international.<br />
Pour ce qui est du bilan qu’on tire de<br />
notre investissement industriel, je dirais<br />
que l’on n’a pas obtenu les résultats<br />
qu’on attendait. En tant<br />
qu’investisseur, le retour sur investissement<br />
n’est pas celui prévu, et donc<br />
on n’a pas atteint nos objectifs en<br />
termes de résultats financiers de nos<br />
opérations.<br />
C’est dû à quoi à votre avis ?<br />
Je pense que cela est dû à plusieurs<br />
facteurs. Il y a peut-être au départ<br />
des raisons internes que nous avons<br />
sous-estimées, des difficultés que<br />
nous avons rencontrées lors de ce redémarrage.<br />
Puis, il y a des problèmes<br />
qui sont liés à la situation des affaires<br />
Entreprises<br />
&Marchés<br />
M. Jean Yves Caux,<br />
Directeur Général de Michelin Algérie<br />
en l’Algérie et aux difficultés rencontrées<br />
dans la mise en œuvre de ce projet.<br />
Premièrement, ce sont les services de<br />
l’Etat. Par exemple, en 2005, les<br />
douanes mettaient 30 jours pour<br />
qu’un conteneur déchargé d’un bateau<br />
sur le port d’Alger arrive à notre<br />
usine à Alger. Aujourd’hui, ce délai<br />
estramenéà8jours, mais notre souhait<br />
est de pouvoir dédouaner en 24h<br />
nos produits et pouvoir exporter en<br />
24h chrono. Il y a aussi les difficultés<br />
liées aux droits de douanes qui sont<br />
appliqués sur nos matières premières,<br />
ou des produits semi-finis qui<br />
nous pénalisent. Les problèmes d’alimentation<br />
électrique. En 2006, on a<br />
ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />
15<br />
eu 46 coupures de courant dans notre<br />
usine d’Alger, et chaque fois ce sont<br />
des équipements qui s’arrêtent et des<br />
produits qui sont mis au rebut. La seconde<br />
raison est la productivité : le<br />
taux d’absentéisme est extrêmement<br />
fort. Notre usine enregistre une<br />
moyenne de 22 personnes absentes de<br />
façon aléatoire chaque jour. De ce<br />
fait, notre entreprise n’atteint pas ses<br />
objectifs. En <strong>com</strong>parant la performance<br />
de l’usine d’Alger par rapport<br />
aux performances que l’on a en Europe,<br />
le coût pour fabriquer un pneumatique<br />
revient 30% moins cher en<br />
Europe par rapport au coût/façon en<br />
Algérie, alors que nous sommes dans<br />
un pays où la main d’œuvre est beaucoup<br />
moins chère, où l’énergie revient<br />
moins chère. Normalement, on devrait<br />
avoir un avantage <strong>com</strong>pétitif<br />
par rapport à l’Europe.<br />
En dehors de ces difficultés<br />
que vous venez de citer, nous<br />
savons aussi que le marché<br />
algérien est dominé par l’informel<br />
et la contrefaçon.<br />
Avec toutes ces contraintes,<br />
quelle est la place de Michelin<br />
Algérie sur le marché algérien<br />
?<br />
La place de Michelin n’est pas au top<br />
du niveau. C’est dommage parce<br />
qu’effectivement l’informel fait beaucoup<br />
de tort aux industriels algériens.<br />
Lorsque vous regardez nos pneumatiques<br />
qui sont fabriqués ici, vous<br />
voyez qu’ils sont directement concurrencés<br />
par le produit chinois. Aujourd’hui,<br />
les produits chinois ont fait<br />
main basse sur l’essentiel des parts<br />
du marché du pneumatique poids<br />
lourd en Algérie.
MICHELIN ALGÉRIE<br />
EN QUELQUES<br />
CHIFFRES<br />
30 juin 1959 : création de la société<br />
Michelin Algérie filiale de Michelin<br />
France.<br />
Mars 1963 : cuisson du premier<br />
pneu. La société produit des pneus<br />
T et PL depuis 1964<br />
Novembre 1993 : cessation de l’activité<br />
industrielle pour des raisons<br />
de sécurité. Jusqu’à la reprise des<br />
activités, 70 personnes assurent la<br />
maintenance et le gardiennage de<br />
l’usine.<br />
2001 : début des études concernant<br />
la possibilité d’une reprise d’une activité<br />
industrielle pour la fabrication<br />
de pneus PL Michelin.<br />
12 août 2002 : annonce de la création<br />
de la société Michelin Algérie,<br />
entreprise de droit algérien<br />
40 millions d’euros : coût de l’investissement<br />
pour le redémarrage et<br />
la modernisation de des équipements<br />
(entre 2002 et <strong>2007</strong>).<br />
Capacité de production : 250.000<br />
enveloppes par an.<br />
50% de production est destinée à<br />
l’exportation.<br />
La masse salariale est de 800 personnes.<br />
La <strong>com</strong>mercialisation<br />
La société Michelin Algérie <strong>com</strong>mercialise<br />
l’ensemble des produits<br />
des différentes marques du<br />
groupes: PL, TC, GC, agro, 2 roues,<br />
avion.<br />
Michelin Algérie dispose d’un réseau<br />
de distribution couvrant l’ensemble<br />
du territoire avec 450<br />
points de vente.<br />
Michelin Algérie livre également<br />
pour les grandes sociétés, ainsi que<br />
le constructeur SNVI pour les véhicules<br />
moteurs, remorques et semi<br />
remorque.<br />
Michelin est le seul fabricant de<br />
pneumatique en Algérie. <br />
Entreprises<br />
&Marchés<br />
<br />
A partir du moment où vous avez un<br />
importateur qui importe des produits<br />
à des prix de dumping et qu’il<br />
va payer la TVA ou les droits de<br />
douanes sur la moitié du coût de la<br />
matière elle-même, cela signifie qu’il<br />
va pénaliser directement tous les<br />
producteurs et investisseurs algériens<br />
qui suivent les lois et respectent<br />
la législation algérienne et à<br />
terme, cette situation peut porter un<br />
coup au développement industriel<br />
en Algérie. Il faut absolument lutter<br />
contre ce fléau et ce, par la mise en<br />
place d’un réseau de distribution de<br />
professionnels, destiné à conseiller<br />
les utilisateurs.<br />
Michelin développe sa notoriété à<br />
travers la qualité des produits qui<br />
sont proposés aux utilisateurs, et<br />
aujourd’hui, on fabrique des pro-<br />
“ En <strong>com</strong>parant la<br />
performance de l’usine<br />
d’Alger par rapport aux<br />
performance que l’on<br />
a en Europe, le coût pour<br />
fabriquer un pneumatique<br />
revient 30% moins cher<br />
en Europe par rapport<br />
au coût/façon en Algérie,<br />
alors que nous sommes<br />
dans un pays où la main<br />
d’œuvre est beaucoup<br />
moins chère,<br />
où l’énergie revient<br />
moins chère.<br />
”<br />
ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />
16<br />
duits que l’on exporte <strong>com</strong>me le 315<br />
80 R 22.5 XZ All Roads qui a été<br />
conçu spécialement pour répondre<br />
aux besoins de la zone. Il permet<br />
d’accroître de 20% le kilométrage<br />
par rapport à l’ancienne génération<br />
importée d’Europe. Nous sommes<br />
fiers de fabriquer ces produits made<br />
in Algérie et d’exporter plus de 50%<br />
de notre production à l’étranger.<br />
Pouvez-vous nous citer d’autres<br />
contraintes que vous<br />
rencontrez en tant qu’industriel<br />
?<br />
Les principales difficultés sur lesquelles<br />
on butte en tant qu’industriel<br />
et investisseur algérien, c’est le<br />
support et l’aide de l’administration<br />
en général. D’abord, au niveau des<br />
droits de douanes appliqués sur les<br />
matières premières et les semi-finis<br />
qui pénalisent notre usine par rapport<br />
aux unités européennes. Quand<br />
vous regardez les usines Michelin en<br />
Espagne, en Italie, en France ou en<br />
Allemagne, etc., toutes ces usines ne<br />
payent pas de droits de douane sur<br />
les matières premières. Nous, par<br />
contre, on paye les droits de douane,<br />
en moyenne 5,9% de plus que toutes<br />
les autres.<br />
Par exemple, pour les tringles métalliques<br />
qui permettent de tenir le<br />
pneu à la roue, on paye 27% de<br />
droits de douanes. Alors que l’importateur<br />
paye pour les produits finis<br />
12% de droits de douane.
Les différentes rencontres que nous<br />
avons eues avec l’administration des<br />
douanes nous rendent optimistes<br />
pour le futur, mais ce qui m’inquiète<br />
c’est la lenteur de l’administration<br />
face aux progrès souhaités par les industriels.<br />
Sur le plan <strong>com</strong>mercial, il y a énormément<br />
de marchés publics en Algérie<br />
qui se font sur la base d’appels d’offres.<br />
Les appels d’offres sont passés<br />
au moins disant, cela veut dire le<br />
moins cher, ça ne veut pas dire le<br />
meilleur, et on aurait intérêt de passer<br />
d’un système de moins disant à un<br />
système de mieux disant pour savoir<br />
quelle est l’entreprise qui apporte la<br />
meilleure valeur ajoutée pour le pays<br />
et pour l’utilisateur. Si on change ces<br />
règles au niveau des appels d’offres,<br />
on fera des progrès importants.<br />
Il faut qu’une concurrence saine et<br />
transparente soit mise en œuvre pour<br />
pouvoir mesurer, apporter et démontrer<br />
tous les avantages d’un produit<br />
Michelin par rapport aux produits<br />
concurrents.<br />
Quelles sont à votre<br />
avis les mesures à<br />
prendre pour lutter<br />
contre les phénomènes<br />
du dumping<br />
et de l’informel ?<br />
Je pense que c’est très important<br />
que l’Etat se<br />
penche sur la lutte contre<br />
l’informel. Et la manière<br />
la plus propice, a mon<br />
avis, est que l’Etat donne<br />
des avantages concurrentiels<br />
aux investisseurs algériens,<br />
en réduisant<br />
globalement les taxes<br />
(douanières, TAP, IRG).<br />
Par exemple, réduire les<br />
taxes douanières sur les<br />
matières premières et les<br />
produits semi-finis pour<br />
favoriser les activités industrielles<br />
de création de richesses et<br />
de plus value. Car, aujourd’hui, la<br />
concurrence est déloyale, certains ne<br />
payent pas toutes les taxes. Autre-<br />
XZ ALL ROADS<br />
UN PNEU DÉVELOPPÉ ET FABRIQUÉ À ALGER<br />
ichelin Algérie fabrique et <strong>com</strong>mercialise, depuis décembre 2006, un nou-<br />
Mveau pneu destiné aux poids lourds. Ce nouveau-né 315 80 R 22.5 XZ ALL<br />
ROADS, fabriqué dans son usine d’Alger, est développé par les ingénieurs de Michelin.<br />
Destiné pour les conditions de roulage d’Afrique et du Moyen-Orient essentiellement,<br />
le nouveau pneu s’affranchit des contraintes thermiques et<br />
procure au transport routier une durée de vie en hausse qui va jusqu’ à 20 %, une<br />
meilleure adhérence sur sols secs et mouillés ainsi qu’une meilleure résistance<br />
aux agressions répétitives grâce à son nouveau mélange de gomme.<br />
La réussite de la fabrication du 315 80 R 22.5 XZ All Roads était un challenge pour<br />
les équipes industrielles et une étape importante dans la vie de cette usine. <br />
Les équipes<br />
industrielles<br />
de Michelin<br />
Algérie à<br />
l’honneur, lors<br />
de la cérémonie<br />
du lancement<br />
du 315 80 R 22.5<br />
XZ ALL ROADS<br />
Marchés<br />
Entreprises<br />
&<br />
ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />
17<br />
ment dit, on n’est pas sur la même<br />
ligne de départ.<br />
En tant que manufacture, cela<br />
nécessite beaucoup de travail<br />
manuel, vous avez besoin de<br />
former votre personnel d’une<br />
manière permanente. Peut-on<br />
avoir une idée sur la part<br />
consacrée à la formation dans<br />
la politique de Michelin<br />
Algérie ?<br />
C’est un créneau très important.<br />
Nous avons, en effet, mis en place des<br />
formations pour nos opérateurs qui<br />
fabriquent les pneumatiques mais,<br />
aussi, développé des formations pour<br />
des spécialistes en mécanique et en<br />
électronique. Michelin Algérie consacre<br />
près de 5% du temps de travail à<br />
la formation. Comme dans tous les<br />
pays, l’administration a établi une loi<br />
pour inciter les industriels à former,<br />
et en disant si vous n’investissez pas<br />
2% du temps de travail en formation,<br />
vouspayez2%detaxessurlessalaires<br />
versés. Et nous, on investit 5%<br />
et on est obligés de payer la taxe,<br />
parce que notre centre de formation<br />
n’est pas agréé, et il est tellement difficile<br />
d’agréer la formation qu’il faudrait<br />
créer une société exactement<br />
<strong>com</strong>me un établissement public, et ça<br />
c’est très pénalisant pour un<br />
industriel.
“ On aurait intérêt<br />
de passer d’un système<br />
de moins disant<br />
à un système de mieux<br />
disant, pour savoir<br />
quelle est l’entreprise<br />
qui apporte la meilleure<br />
valeur ajoutée<br />
pour le pays et pour<br />
l’utilisateur.<br />
Si on change<br />
ces règles, au niveau<br />
des appels d’offres,<br />
on fera des progrès<br />
importants.<br />
”<br />
<br />
Peut-on avoir quelques chiffres<br />
sur votre production actuellement<br />
?<br />
Ce qu’on peut dire, c’est que globalement,<br />
on a créé une usine d’une capacité<br />
maximum de 250.000<br />
enveloppes. Aujourd’hui, on pense<br />
pouvoir atteindre cette pleine capacité<br />
en fin de l’année prochaine.<br />
Y a-t-il d’autre projets d’extension<br />
ou un projet d’expansion<br />
pour votre usine en Algérie,<br />
sachant que c’est la plus petite<br />
usine du groupe ?<br />
Effectivement, cette usine est la plus<br />
petite du groupe Michelin, et je dirais<br />
même qu’elle est trop petite pour être<br />
pérenne et être vraiment <strong>com</strong>pétitive<br />
suivant les normes d’efficacité internationale<br />
dans le pneumatique.<br />
Pour assurer sa pérennité, il faut<br />
qu’elle se développe de façon importante.<br />
Cependant, pour augmenter la<br />
capacité de cette usine, il faut qu’elle<br />
puisse prouver qu’elle réalise ses objectifs<br />
et qu’elle puisse obtenir les<br />
mêmes niveaux de performance et de<br />
productivité que les usines semblables<br />
en Europe. Toutes nos équipes<br />
algériennes, avec nos renforts d’expatriés,<br />
mettent tous du cœur à l’ouvrage<br />
pour atteindre cet objectif. <br />
Entretien réalisé<br />
par Idriss Loubar<br />
Marchés<br />
Entreprises<br />
&<br />
OPÉRATION «FAITES LE PLEIN D’AIR»<br />
LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE<br />
UN ENGAGEMENT FORT DE MICHELIN<br />
L’ opération «Faites le plein d’air», lancée depuis 2005,<br />
est destinée à sensibiliser les automobilistes<br />
à l’importance de la pression des pneumatiques.<br />
Les équipes Michelin s’installent<br />
sur des lieux de passage, équipées<br />
de manomètres, les techniciens<br />
contrôlent les pneus du véhicule,<br />
ajustent la pression en fonction du<br />
type, de la dimension et de la position<br />
des pneumatiques.<br />
En cas de problème apparent sur le<br />
pneu, les techniciens signalent et incitent<br />
le conducteur à y remédier au<br />
plus tôt.<br />
Le bilan de ces opérations durant<br />
lesquelles, les équipes de Michelin<br />
Algérie ont contrôlé les pneumatiques<br />
de plus de 5000 véhicules doit<br />
nous interpeller. En effet, plus de<br />
36% d’entre eux roulaient en sous<br />
gonflage dangereux et très dangereux<br />
(entre -0,5 et plus de -1 bar par<br />
rapport à la pression conseillée). Encore<br />
plus grave, 8% des véhicules<br />
roulaient avec un pneu crevé.<br />
Cette négligence peut avoir de<br />
ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />
18<br />
graves conséquences, car un pneu<br />
sous gonflé entraîne une mauvaise<br />
répartition des pressions au sol et<br />
une modification de la surface de<br />
contact avec <strong>com</strong>me conséquences :<br />
- une diminution de la tenue de<br />
route (diminution de l’adhérence en<br />
virage notamment),<br />
- une augmentation des distances de<br />
freinage sur sol mouillé,<br />
- un risque d’éclatement plus grand,<br />
- une durée de vie des pneumatiques<br />
plus faible,<br />
- une consommation de carburant<br />
plus élevée (augmentation de la résistance<br />
au roulement entraînant<br />
des besoins d’énergie et de carburant<br />
plus importants),<br />
- une diminution du rendement kilométrique<br />
(20% de sous gonflage =<br />
environ 20% de kilomètres en<br />
moins). <br />
I. L.
LE DOSSIER DU MOIS<br />
Il y a cinq ans, le 22 avril 2002,<br />
l’Algérie et l’Union Européenne<br />
signaient un accord d’association<br />
qui est entré en vigueur le 1 er<br />
septembre 2005.<br />
Le 1 er septembre dernier, la 2 e phase<br />
du démantèlement tarifaire des<br />
produits, survenu suite à l’Accord<br />
d’association avec l’Union<br />
Européenne, est entrée en vigueur.<br />
Il s’agit, en fait, d’un contingent<br />
concernant les produits industriels<br />
dans lequel il y a à citer deux listes<br />
concernées et englobant plusieurs<br />
milliers de produits.<br />
ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />
19<br />
Des voix s’élèvent pour remettre en<br />
cause l’opportunité de cet Accord, des<br />
chefs d’entreprise reprochent aux<br />
négociateurs d’avoir fait cavalier seul<br />
et de ne les avoir pas associés alors<br />
qu’ils sont concernés par cet Accord,<br />
d’autres, par contre, proclament que<br />
cet Accord ne sera que bénéfique<br />
pour nos entreprises, mais il faut, tout<br />
de même, patienter quelques années.<br />
<strong>Economia</strong> a jugé, opportun de faire<br />
le point sur cet épineux sujet, en<br />
donnant la parole aux différents<br />
intervenants de la scène<br />
économique. I.L.
ACCORD D’ASSOCIATION AVEC L’UNION<br />
ALGERIE<br />
EUROPÉENNE<br />
L E D O S S I E R D U M O I S<br />
DES AMBITIONS COMMUNES POUR UNE GÉOGRAPHIE EN COMMUN<br />
Par Abdeltif Rebah<br />
De l’autre côté, des produits algériens<br />
prétendant à l’exportation<br />
peuvent, d’ores et déjà, être mis, en<br />
franchise de douane, sur le marché<br />
européen. Il s’agit des dattes, des<br />
figues, des pommes et des oranges.<br />
Cette première phase d’application de<br />
l’Accord soulève, cependant, déjà des<br />
interrogations empreintes de scepticisme<br />
: qu’apporte-t-elle de bénéfique<br />
à l’Algérie? Quelles menaces fait-elle<br />
peser sur ses entreprises… ?<br />
Avec 4 milliards de dollars d’importations<br />
alimentaires annuelles, essentiellement<br />
en provenance de l’Union<br />
Européenne, il faut dire que l’Algérie<br />
apporte indubitablement une pierre<br />
de taille à la construction de l’édifice<br />
<strong>com</strong>mercial de cet Accord qui cible, on<br />
le sait, la mise en place d’une Zone de<br />
Libre Echange (ZLE) à l’horizon 2017.<br />
La question est, bien sûr, celle de la<br />
capacité de l’Algérie à mettre pleinement<br />
à profit la règle de la réciprocité<br />
des avantages ; autrement dit, donner<br />
une impulsion concurrentielle<br />
nouvelle à ses exportations sur le<br />
marché européen. Pour l’Association<br />
des Exportateurs Algériens (Anexal),<br />
la réponse est sans équivoque : «Le<br />
démantèlement tarifaire va profiter à<br />
l’Europe. Il ne faut pas se leurrer,<br />
font-ils observer, car nos exportations<br />
hors hydrocarbures sont insignifiantes».<br />
En clair, et à titre d’illustration,<br />
nos entreprises agroalimentaires<br />
sont désormais soumises à une rude<br />
concurrence sur leur propre marché<br />
sans avoir, pour autant, les atouts nécessaires<br />
pour exploiter l’ouverture<br />
européenne.<br />
ALGERIE<br />
LE DÉFI EUROMÉDITERRANÉEN<br />
Depuis le 1er septembre <strong>2007</strong>, soit deux ans, exactement, après l’entrée en vigueur<br />
de l’accord d’Associationsigné entre l’Union Européenne et l’Algérie,une première liste de produits<br />
européens peut entrer en Algérie en bénéficiant du régime de l’exemption<br />
ou de la réduction des droits de douane, prévu à cet effet.<br />
En font partie, sucre, blé, orge, levure, lait en poudre, soja, margarine, fromages, notamment.<br />
Le Forum des Chefs d’Entreprise<br />
(FCE) a, en revanche, une position<br />
diamétralement opposée : il juge «le<br />
démantèlement tarifaire positif pour<br />
l’industrie nationale», car il devrait se<br />
traduire, selon lui, par un abaissement<br />
du coût des équipements, machines,<br />
pièces de rechange et autres<br />
intrants importés de l’Europe. Ce qui<br />
nous ramène à la question de fond :<br />
<strong>com</strong>ment, en effet, parler de stimulation<br />
des exportations algériennes<br />
sans traiter de leur sous-bassement<br />
essentiel. En d’autres termes, l’appareil<br />
productif algérien est-il en mesure<br />
de se hisser à la hauteur des défis technologiques,<br />
managériaux et autres que<br />
soulève l’insertion de l’économie algérienne<br />
dans ce marché <strong>com</strong>mun euroméditerranéen<br />
qui se profile à grands<br />
pas à l’échéance 2017 ? L’impératif,<br />
car il ne faut pas être dupe, est d’être<br />
<strong>com</strong>pétitif en valeur internationale,<br />
sinon, étant donné les écarts de <strong>com</strong>pétitivité,<br />
la ZLE ne serait profitable<br />
qu’à l’Europe.<br />
L’ÉCONOMIE, LE SOCIAL<br />
ET LE POLITIQUE :<br />
UNE COHÉRENCE S’IMPOSE !<br />
Au cœur du problème, l’incontournable<br />
question des transformations profondes<br />
pour mettre l’économie, le<br />
social et le politique de manière cohérente<br />
au niveau de cet immense challenge.<br />
Plus qu’à simplement affronter<br />
la concurrence, c’est à une véritable<br />
mue que l’Algérie doit se préparer si<br />
elle veut être au rendez-vous du marché<br />
<strong>com</strong>mun.<br />
<br />
ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />
20
En réalité, le futur proche ne présente<br />
guère d’autre alternative à<br />
cette ZLE qui se retrouve au noyau de<br />
tous les dispositifs de politique méditerranéenne<br />
initiés par l’UE (processus<br />
de Barcelone, accords<br />
d’association, politique de voisinage<br />
- PEV, projet d’Union Méditerranéenne).<br />
UNION EUROPÉENNE :<br />
POLITIQUE<br />
MÉDITERRANÉENNE<br />
OU POLITIQUE<br />
DE VOISINAGE ?<br />
Depuis plus d’une décennie, l’Europe,<br />
ou plus exactement, les pays méditerranéens<br />
membres de l’UE tentent de<br />
mettre en place une approche <strong>com</strong>mune<br />
des relations de coopération<br />
avec ceux de la rive Sud de Mare Nostrum.<br />
En novembre1995 a été lancé à Barcelone<br />
le processus de partenariat<br />
euro-méditerranéen visant à faire de<br />
cette région une zone de dialogue,<br />
d’échange et de coopération et dotée<br />
d’un instrument financier : le programme<br />
Meda. 27 pays de l’UE et 10<br />
pays sud-méditerranéens étaient<br />
concernés par ce processus de caractère<br />
régional et multilatéral. Organisé<br />
en novembre 2005 dans la<br />
capitale Catalane pour le 10e anniversaire<br />
du processus de Barcelone, le<br />
Sommet EuroMed se séparera sans<br />
un accord sur la Déclaration dite «vision<br />
<strong>com</strong>mune» incluant une série de<br />
9 engagements liant directement<br />
l’aide de l’UE au progrès des réformes<br />
démocratiques, économiques et politiques<br />
des pays du Sud et sans bilan.<br />
C’est un aveu d’échec. Côté européen,<br />
des observateurs de premier plan<br />
s’interrogent quant à la méthode employée.<br />
Fut-elle la bonne, s’interroge<br />
le président du Medef International,<br />
François Perigot dans un article<br />
d’évaluation des résultats du processus<br />
de Barcelone, publié en 2004.<br />
L’Europe peut-elle prôner le libre<br />
échange tout en maintenant avec sa<br />
politique agricole <strong>com</strong>mune (PAC), un<br />
mécanisme totalement in<strong>com</strong>patible<br />
avec l’OMC et qui ferme la porte aux<br />
UN PROCESSUS<br />
DOULOUREUX, MAIS PROMETTEUR<br />
produits agricoles, principale ressource<br />
des pays sud méditerranéens.<br />
D’autre part, <strong>com</strong>ment imaginer une<br />
ZLE dans laquelle les individus ne<br />
pourront pas circuler librement. Le<br />
représentant du Patronat français<br />
résume les leçons du processus.de<br />
Barcelone. L’Europe doit donner<br />
l’exemple, se garder d’imposer le<br />
dogme libéral sans tenir <strong>com</strong>pte du<br />
contexte d’accueil et «respecter les<br />
spécificités propres à chacun des<br />
pays et qui <strong>com</strong>mandent les formes et<br />
le rythme des réformes nécessaires».<br />
Permettre aux pays sud méditerranéens<br />
d’évoluer à leur rythme ne saurait,<br />
bien entendu, les dispenser de<br />
faire face à leurs propres responsabilités<br />
pour «acclimater le modèle d’économie<br />
de marché et d’initiative privée<br />
au contexte socioculturel et économique<br />
particulier à cette région».<br />
POLITIQUE EUROPÉENNE<br />
DE VOISINAGE :<br />
UNE NOUVELLE APPROCHE<br />
Alors que le processus de Barcelone<br />
est encore en cours, l’UE met au point<br />
une nouvelle approche, la PEV (Politique<br />
Européenne de Voisinage)<br />
qu’elle juxtapose à l’Accord d’association.<br />
Le programme Meda est supprimé<br />
et remplacé par un instrument<br />
de financement de la PEV. Cette nouvelle<br />
initiative est née en 2002 de la<br />
volonté de développer «un espace de<br />
prospérité et de stabilité» aux frontières<br />
de l’UE élargie. Elle concerne<br />
les nouveaux voisins immédiats ou<br />
ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />
21<br />
proches de l’UE. D’abord à l’Est de<br />
l’Europe, la Biélorussie, la Moldavie,<br />
l’Ukraine, la Russie et les pays du<br />
Caucase, ensuite, à la demande de la<br />
France, les pays du Sud de la Méditerranée.<br />
Contrairement au processus<br />
de Barcelone, la PEV repose sur<br />
la base des relations bilatérales de<br />
l’UE avec les 16 pays «frontaliers»<br />
pris un à un, en différenciant les exigences<br />
et les ambitions, selon les dispositions<br />
de chaque partenaire.<br />
Selon la Commissaire européenne<br />
chargée des relations extérieures et<br />
de la PEV, Mme Benita Ferrero-<br />
Waldner, le rythme de l’approfondissement<br />
des relations avec chacun des<br />
voisins de l’UE doit dépendre de leur<br />
capacité à répondre à ses priorités de<br />
politique extérieure reprises dans des<br />
Plans d’action. Ce sont des principes<br />
de différenciation et de conditionnalités.<br />
La dimension politique de cellesci<br />
est ouvertement revendiquée. Il<br />
s’agit de :<br />
renforcer l’Etat de droit, les<br />
structures démocratiques et le<br />
pluralisme politique ;<br />
améliorer le niveau de protection<br />
des droits de l’Homme et des<br />
libertés fondamentales ;<br />
accélérer le développement<br />
économique ;<br />
coopérer plus étroitement dans<br />
le domaine de la politique étrangère<br />
et de la sécurité.
ALGERIE<br />
ACCORD D’ASSOCIATION AVEC L’UNION EUROPÉENNE<br />
L E D O S S I E R D U M O I S<br />
ALGERIE<br />
LE DÉFI<br />
EUROMÉDITERRANÉEN<br />
<br />
La PEV doit, selon ses promoteurs,<br />
offrir «une perspective de participation<br />
progressive au marché intérieur,<br />
non sans avoir, au préalable ‘’homogénéisé<br />
les standards’’ et un partenariat<br />
de mobilité» que chaque pays<br />
membre mettra en œuvre selon ses<br />
possibilités. Toutefois, si la Tunisie,<br />
l’Egypte ou le Liban, par exemple, ont<br />
conclu des Plans d’action dans le<br />
cadre de cette PEV et si le Maroc revendique,<br />
quant à lui, «un statut<br />
avancé», l’Algérie, pour sa part, n’y a<br />
pas souscrit. Selon son ambassadeur<br />
à Bruxelles, Halim Benatallah, «l’Algérie<br />
préfère, pour le moment concentrer<br />
ses efforts sur la mise en<br />
application de l’Accord d’association<br />
fait sur mesure. Cet accord, selon le<br />
diplomate algérien, s’avère tout à fait<br />
satisfaisant pour l’Algérie. Pourquoi<br />
donc, estime-t-il, dans ce cas se disperser<br />
et se <strong>com</strong>pliquer la vie avec un<br />
nouveau plan d’action de la PEV qui<br />
serait tout à fait redondant».<br />
LA PEV NE PRÉVOIT PAS<br />
L’ ADHÉSION À L’UE<br />
La PEV peut aboutir à une intégration<br />
au marché intérieur de l’Europe.<br />
Le processus de Barcelone, c’était la<br />
possible perspective, à très long<br />
terme, du rattachement des 10 pays<br />
à l’UE ou la création d’une Union Méditerranéenne.<br />
C’est précisément cette UM qui ambitionne<br />
d’apporter la vision à long<br />
Si la Tunisie, l’Egypte<br />
ou le Liban ont conclu<br />
des Plans d’action dans<br />
le cadre de la PEV<br />
et si le Maroc revendique<br />
un statut avancé, l’Algérie n’y<br />
a même pas souscrit.<br />
ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />
22<br />
terme qui manquerait à la fois à la<br />
PEV et au processus de Barcelone.<br />
Pour Hubert Védrine, chargé par le<br />
Président français Nicholas Sarkozy<br />
de rédiger un rapport sur «la France<br />
et la mondialisation», l’idée est porteuse<br />
d’avenir. Cette union «entre<br />
méditerranéens» n’est pas paternaliste,<br />
c’est une proposition intéressante,<br />
mais «la Commission et le<br />
Parlement européens sont contre ce<br />
projet», selon l’ex-ministre des AE de<br />
Lionel Jospin.<br />
La politique méditerranéenne de l’UE<br />
ne semble pas à une re<strong>com</strong>position<br />
près, le temps peut être pour les pays<br />
de la rive Sud, dont l’Algérie, d’opérer<br />
les mises à niveau et les adaptations<br />
qu’elle ne manquera pas de requérir.<br />
S’il est, évidemment, vain de chercher<br />
le partenariat qui nous irait «<strong>com</strong>me<br />
une bague au doigt», il est bon de garder<br />
à l’esprit que le partenariat authentique<br />
vaut autant par ce qu’on y<br />
apporte que par ce qu’on y reçoit. <br />
A. R.<br />
Oui, je m’abonne à ECONOMIA<br />
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Eurl RCMA<br />
Cité Mohammadia<br />
Bt. 11 - <strong>N°</strong> 203<br />
Mohammadia<br />
Alger
UN PROCESSUS<br />
DOULOUREUX, MAIS PROMETTEUR<br />
M. SAÏD DJELLAB, DIRECTEUR DE L’ÉVALUATION ET DE LA RÉGLEMENTATION DU COMMERCE<br />
EXTÉRIEUR AU MINISTÈRE DU COMMERCE ET L’UN DES NÉGOCIATEURS DE L’ACCORD D’ASSOCIATION AVEC L’UE.<br />
«IL APPARTIENT AUX OPÉRATEURS<br />
DE SAISIR LES OPPORTUNITÉS OFFERTES»<br />
On n’a pas fini, depuis deux ans,<br />
de les accabler de tous<br />
les maux et les difficultés auxquelles<br />
se heurte, aujourd’hui,<br />
les entreprises algériennes ;<br />
que ces entraves soient liées ou<br />
non à l’application<br />
de l’Accord d’association.<br />
L’ accusation est double.<br />
On leur reproche d’abord,<br />
d’avoir fait cavalier seul,<br />
lors des négociations en n’associant<br />
pas les premiers concernés par cet<br />
Accord, à savoir<br />
les chefs d’entreprise.<br />
On les accuse ensuite<br />
de n’avoir pas suffisamment<br />
défendu l’outil de production<br />
nationale, en prêtant<br />
le flanc aux différents<br />
démantèlements tarifaires.<br />
Eux, ce sont les négociateurs<br />
algériens de l’Accord<br />
d’association. Nous avons<br />
rencontré l’un d’eux qui explique à<br />
<strong>Economia</strong> <strong>com</strong>ment ces<br />
négociations ont été menées et à<br />
quelle logique obéissent leurs<br />
options. Il s’agit de<br />
M. Saïd Djellab, actuel<br />
directeur de l’évaluation<br />
et de la réglementation du<br />
<strong>com</strong>merce extérieur<br />
au ministère du Commerce.<br />
M. Saïd Djellab<br />
En entamant notre discussion par<br />
le volet des importations, M.<br />
Djellab aborde d’emblée, le raisonnement<br />
des négociateurs sur les niveaux<br />
de démantèlements tarifaires<br />
accordés à l’UE, à <strong>com</strong>mencer par les<br />
produits agricoles et agroalimentaires<br />
et ce, à une époque où le PNDA<br />
(Plan de national de développement<br />
agricole) venait d’être lancé. «Nous<br />
étions face à une Europe protectrice<br />
de son agriculture à coups de subventions<br />
et on avait besoin, par ailleurs,<br />
d’une période de maturité du PNDA<br />
pour baser nos négociations sur ses<br />
résultats avant d’amorcer la libéralisation.<br />
C’est pour cela que nous avons<br />
opté pour une libéralisation partielle<br />
et tout le processus de libéralisation<br />
a été reporté à 2010». La démarche a<br />
été d’abord de faire un état des lieux<br />
sur l’ensemble des importations en<br />
provenance de l’Europe. Des contingents<br />
en franchise des droits de<br />
douane ont été accordés à 0% sur des<br />
produits qui étaient initialement à<br />
5% et pour lesquels l’Algérie est importateur<br />
net de l’UE. C’est le cas<br />
pour le sucre, le blé dur, le blé tendre,<br />
ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />
23<br />
la poudre de lait et les huiles. M. Djellab<br />
simule une situation pour expliquer<br />
: «Si nos importations sont de 1<br />
million de tonnes par exemple sur<br />
l’un de ces produits, il s’agissait d’accorder<br />
un contingent de 300.000<br />
tonnes en exonération des droits de<br />
douane de façon à ce que ces importations<br />
soient <strong>com</strong>plémentaires à la<br />
production nationale et ne peuvent en<br />
aucun cas la concurrencer». Il précise<br />
que dans ce cas qu’il n’y a pas concurrence,<br />
mais plutôt perte au niveau de<br />
la fiscalité que l’Etat supporte au profit<br />
à la fois de l’importateur et du<br />
consommateur avec, <strong>com</strong>me effet espéré,<br />
une baisse des prix. «Chose qui<br />
n’a pas été constatée sur le marché<br />
intérieur (…). Cela est dû au fait qu’il<br />
ne s’agit pas de produits finis et que<br />
ces produits étaient déjà au départ<br />
faiblement taxés, à peine à 5%, mis à<br />
part le sucre qui était à 30%», relèvet-il.<br />
Pour ce dernier produit, c’est la<br />
faiblesse de la quantité importée en<br />
contingent qui est mise en cause par<br />
notre interlocuteur puisqu’elle ne représente<br />
que 12% du besoin du marché<br />
national.
ALGERIE<br />
ACCORD D’ASSOCIATION AVEC L’UNION EUROPÉENNE<br />
L E D O S S I E R D U M O I S<br />
«IL APPARTIENT AUX OPÉRATEURS<br />
DE SAISIR LES OPPORTUNITÉS OFFERTES»<br />
M. Djellab évoque que «la démarche<br />
a été tout autre concernant des produits<br />
industriels parce que c’est là où<br />
il est question de protéger l’outil de<br />
production nationale» tout en établissant<br />
une programmation de démantèlement<br />
pour arriver à 0% de droits<br />
de douanes sur 12 ans (de 2005 à<br />
2017). C’est ce qui est appelé «libéralisation<br />
programmée». «Pour cela,<br />
nous disposons de deux instruments<br />
pour protéger le marché. Nous pouvons<br />
avoir recours à la période de<br />
convergence qui est une période de<br />
transition accordée à l’outil de production,<br />
mais aussi à la progressivité<br />
de réduction des droits de douanes»,<br />
tient-il à préciser.<br />
Pour le premier instrument, il s’agit<br />
de reporter le démantèlement de<br />
quelques années, en dépit de l’entrée<br />
en vigueur de l’Accord, de façon à arriver<br />
quand même à 0% en 2017.<br />
«C’est-à-dire au lieu de <strong>com</strong>mencer à<br />
un temps T, nous <strong>com</strong>mençons à T+5.<br />
Donc, nous donnons cinq ans à la filière<br />
pour se préparer au démantèlement»,<br />
explique-t-il. On l’aura<br />
<strong>com</strong>pris, quel que soit le temps accordé,<br />
nous devons arriver à 0% en<br />
2017 et donc l’ensemble du démantèlement<br />
ne s’étalera plus que sur sept<br />
ans au lieu douze ans. «Nous pouvons<br />
<strong>com</strong>mencer à T+3 ou T+8. Nous, nous<br />
avons opté pour trois périodes de<br />
transition. Il y a d’abord, les produits<br />
qui ne nécessitent aucune transition<br />
et donc passent à 0% dès septembre<br />
2005 sans être contingentés et leur<br />
importation est en quantités illimitées.<br />
Il s’agit de tout ce qui a trait aux<br />
matières premières et équipements<br />
que nous ne produisons pas et dont a<br />
besoin notre outil de production, l’objectif<br />
recherché étant la baisse des<br />
prix du produit fini censé gagner<br />
aussi en <strong>com</strong>pétitivité».<br />
La deuxième liste soumise au démantèlement<br />
tarifaire concerne les produits<br />
industriels fabriqués<br />
localement. Il va sans dire que cela<br />
exige une mise à niveau de nos producteurs.<br />
«Pour cette catégorie, dit-il,<br />
nous avons négocié pour un démantèlement<br />
sur sept ans à partir de la<br />
mise en œuvre de l’Accord». C’est<br />
ainsi que la deuxième vague de démantèlement<br />
sur les produits indus-<br />
“ Pour un produit<br />
fini qui était,<br />
jusque-là à 30%,<br />
il se trouve à 24%<br />
à partir de septembre <strong>2007</strong>.<br />
Il sera à 21%<br />
en 2008, à 18%<br />
en 2009, à 12% en 2010<br />
à et à 0% en 2012.<br />
L’opérateur aura ainsi<br />
bénéficié déjà<br />
de deux ans de différé<br />
ainsi que cette<br />
progressivité<br />
dans le démantèlement<br />
pour avoir<br />
le temps de se<br />
mettre à niveau<br />
”<br />
triels est entrée en vigueur à partir<br />
de septembre <strong>2007</strong> au lieu de septembre<br />
2005. «Et c’est là que rentre en<br />
jeu le deuxième instrument de protection<br />
du marché qui s’inscrit dans la<br />
négociation de la progressivité de réduction<br />
des droits de douane», rappelle<br />
M. Saïd Djellab.<br />
«Pour un produit fini qui était,<br />
jusque-là à 30%, il se trouve à 24% à<br />
partir de septembre <strong>2007</strong>. Il sera à<br />
21% en 2008, à 18% en 2009, à 12%<br />
en 2010 à et à 0% en 2012. L’opérateur<br />
aura ainsi bénéficié déjà de deux<br />
ans de différé ainsi que cette progressivité<br />
dans le démantèlement pour<br />
ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />
24<br />
avoir le temps de se mettre à niveau»,<br />
explique M. Djellab faisant remarquer<br />
que ce temps est accordé à la fois<br />
à l’opérateur et à l’administration appelée<br />
pour sa part à ac<strong>com</strong>pagner les<br />
entreprises dans le programme de<br />
mise à niveau.<br />
LA RÉPONSE AUX CHEFS<br />
D’ENTREPRISE<br />
Sur la question de la non-consultation<br />
évoquée par les chefs d’entreprise,<br />
M. Djellab répond qu’il «a y eu<br />
consultation des opérateurs et nous<br />
avons pris en charge leurs préoccupations<br />
en termes de délais et de progressivité<br />
de réduction des droits de<br />
douanes. En plus, nous avons écarté<br />
tous les produits jugés sensibles pour<br />
la production. Là, il ne s’agit que des<br />
produits moyennement sensibles où<br />
la dégressivité est étalée sur sept ans<br />
avant d’arriver au 0%».<br />
Réfutant l’accusation de n’avoir pas<br />
suffisamment défendu l’intérêt du<br />
marché algérien, M. Djellab rappelle<br />
que les négociateurs ont refusé, pour<br />
des produits qui sont à 30%, la période<br />
de sept ans pour arriver au démantèlement<br />
total et ont exigé plutôt<br />
douze ans. Il s’agit de tout ce qui est<br />
produit fini industriel (véhicules,<br />
équipements fabriqués en Algérie,<br />
électroménagers, etc.).<br />
«Aujourd’hui, à partir de septembre<br />
<strong>2007</strong>, vous pouvez importer par<br />
exemple votre véhicule ou appareil<br />
électroménager de l’UE à 27% au lieu<br />
de 30%. Tous les produits finis de la<br />
liste 2 sont à désormais 27%. Ils seront<br />
à 12% en 2012, ceci dans une logique<br />
de donner plus de temps à<br />
l’opérateur et aux pouvoirs publics<br />
pour mettre en oeuvre une politique<br />
adéquate pour les ac<strong>com</strong>pagner. C’est<br />
là le double souci des négociateurs qui<br />
a été pris en charge dans les textes»,<br />
renchérit notre interlocuteur.
LA FAIBLESSE<br />
DE NOS EXPORTATIONS<br />
MISE EN CAUSE<br />
Dans le volet exportation, il est évoqué<br />
d’abord, les produits industriels,<br />
même si leurs quantités restent insignifiantes,<br />
qui passent directement à<br />
0% sans négociations à la faveur de<br />
l’Accord. C’est là où, de l’avis de M.<br />
Djellab, nous pouvons développer la<br />
sous-traitance en s’intégrant dans un<br />
réseau international. «C’est-à-dire<br />
qu’une petite entreprise qui fabrique<br />
une pièce dont a besoin la firme européenne,<br />
peut rentrer à 0% sur le marché<br />
européen. Un avantage dont il<br />
faut profiter, notamment dans les industries<br />
pétrochimiques».<br />
Pour les produits agricoles et agroalimentaires,<br />
nous avons <strong>com</strong>mencé par<br />
obtenir une liste de 138 produits agricoles<br />
que nous pouvons mettre sans limitation<br />
sur le marché européen à 0%<br />
de droits de douanes (haricots verts,<br />
choux, navets, carottes, asperges, etc.).<br />
Septembre 2005 : matières premières<br />
(articles 9-1)<br />
Les marchandises immédiatement exonérées<br />
le 1er septembre 2005, (matières<br />
premières soit 23% de nos<br />
importations de l’UE (annexe 2).<br />
Septembre <strong>2007</strong> – 2012 : biens<br />
d’équipements (articles 9-2)<br />
L’accord prévoit, en effet, que les droits<br />
de douanes et les taxes d’effet équivalent<br />
sur les autres produits industriels<br />
(annexe 3) soient éliminés progressivement<br />
deux années après l’entrée en vi-<br />
N : Année<br />
de l’entrée<br />
en vigueur<br />
de l’accord<br />
Septembre 2005<br />
Les droits<br />
et taxes<br />
sont ramenés<br />
à 90%<br />
du droit de<br />
base<br />
Les droits<br />
et taxes<br />
sont ramenés<br />
à 80%<br />
du droit de<br />
base<br />
N+2<br />
Les droits et taxes<br />
sont ramenés à<br />
80% du droit de<br />
base<br />
Les droits<br />
et taxes<br />
sont ramenés<br />
à 70%<br />
du droit de<br />
base<br />
Les droits<br />
et taxes<br />
sont ramenés<br />
à 60%<br />
du droit de<br />
base<br />
UN PROCESSUS<br />
DOULOUREUX, MAIS PROMETTEUR<br />
Nous constatons que, depuis septembre<br />
2005, nous n’avons rien exporté de<br />
tout cela. C’est là, une première liste<br />
que nous avons négociée. Sur une<br />
deuxième liste <strong>com</strong>posée de produits<br />
cultivés localement, nos partenaires<br />
européens ont préféré nous accorder<br />
des exonérations par contingents.<br />
C’est le cas de la pomme de terre, des<br />
fraises, de l’huile de tournesol, des<br />
concentrés de tomate et des vins, notamment».<br />
«Pour la pomme de terre, sur un<br />
contingent de 5.000 tonnes, ce qui est<br />
déjà très peu, nous n’avons jamais dépassé<br />
un niveau des exportations de<br />
120 tonnes à 130 tonnes. Il y a pourtant<br />
l’avantage que si nous atteignons<br />
les 5.000 tonnes, nous pouvons demander<br />
plus pour augmenter nos quotas<br />
à n’importe quel moment. Il y a<br />
aussi des produits qui sont en franchise<br />
douanière sous quantité de références<br />
et non pas sous quotas.<br />
C’est-à-dire que ce sont des produits<br />
où nous pouvons dépasser la quantité<br />
Calendrier du démantèlement tarifaire<br />
gueur, selon un schéma bien déterminé.<br />
En clair, l’accord prévoit un démantèlement<br />
progressif des tarifs douaniers. Il<br />
était ainsi attendu qu’à partir de cette<br />
année, les droits et taxes de certains<br />
produits soient ramenés à 80% du droit<br />
de base.<br />
Ils seront de l’ordre de 70% trois années<br />
après l’entrée en application de<br />
l’Accord de 60% à la quatrième année,<br />
40% à la cinquième année avant d’atteindre<br />
les 20% lors de la sixième<br />
année, puis à disparaître après sept<br />
N+3<br />
Les droits et taxes<br />
sont ramenés à<br />
70% du droit de<br />
base<br />
Les droits<br />
et taxes<br />
sont ramenés<br />
à 50%<br />
du droit de<br />
base<br />
N+4<br />
Les droits et taxes<br />
sont ramenés à<br />
60% du droit de<br />
base<br />
Les droits<br />
et taxes<br />
sont ramenés<br />
à 40%<br />
du droit de<br />
base<br />
ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />
25<br />
Les droits et taxes<br />
sont ramenés à<br />
40% du droit de<br />
base<br />
Les droits<br />
et taxes<br />
sont ramenés<br />
à 30%<br />
du droit de<br />
base<br />
N+5<br />
de référence, à moins que nos partenaires<br />
européens constatent que ce dépassement<br />
perturbe leur production.<br />
En ce moment-là, ils sont en droit de<br />
déclencher des négociations pour<br />
transformer la quantité de référence<br />
en quotas», relève le négociateur précisant<br />
que «déjà les quotas accordés par<br />
l’Europe à l’Algérie pour les produits<br />
agricoles n’ont pas été exploités. Pour<br />
l’agroalimentaire, en revanche, nous<br />
avons exporté sous quotas le couscous<br />
et les pâtes alimentaires».<br />
Côté bilan, M. Said Djellab estime<br />
qu’en dehors du constat établi, il trop<br />
tôt pour juger les conséquences réelles<br />
de l’Accord sur le marché, sauf peutêtre<br />
de dire que c’est grâce à l’Accord<br />
que l’Europe a, dans le meilleurs des<br />
cas, maintenu sa part sur le marché<br />
algérien, alors que notre balance <strong>com</strong>merciale<br />
demeure déséquilibrée en faveur<br />
de l’Europe du fait que nos<br />
opérateurs n’ont pas encore profité des<br />
opportunités offertes. <br />
Yasmine Ferroukhi<br />
ans de l’application en vigueur.<br />
Cette disposition concerne quelque<br />
1095 articles industriels.<br />
Septembre <strong>2007</strong>- 2017 : produits<br />
finis (articles 9-3)<br />
Graduellement sur 10 ans, 02 ans<br />
après l’entrée en vigueur de l’accord,<br />
chaque droit et taxe diminuent de 10%<br />
par an (à partir de 90% du droit de<br />
base) pour 24% de nos importations de<br />
produits finis en provenance de l’UE<br />
(autre que les produits des annexes 2<br />
et 3 de l’accord). <br />
Les droits<br />
et taxes<br />
sont ramenés<br />
à 20%<br />
du droit de<br />
base<br />
N+6<br />
Les droits et taxes<br />
sont ramenés à<br />
20% du droit de<br />
base<br />
Les droits<br />
et taxes<br />
sont ramenés<br />
à 10%<br />
du droit de<br />
base<br />
Les droits<br />
et taxes<br />
sont ramenés<br />
à 5% du<br />
droit de<br />
base<br />
N+7<br />
Les droits et taxes<br />
sont ramenés à<br />
0% du droit de<br />
base<br />
N+2 N+3 N+4 N+5 N+6 N+7 N+8 N+2 N+9 N+10 N+11<br />
Les droits<br />
et taxes<br />
sont ramenés<br />
à 0% du<br />
droit de<br />
base
ALGERIE<br />
ACCORD D’ASSOCIATION AVEC L’UNION EUROPÉENNE<br />
L E D O S S I E R D U M O I S<br />
HOCINE AMER-YAHIA, EX-DIRECTEUR GÉNÉRAL DE L’INDUSTRIE AU MINISTÈRE DE L’INDUSTRIE<br />
«IL EST ENCORE TROP TÔT POUR ÉVALUER LES PRÉJUDICES»<br />
Ayant fréquenté pendant plusieurs années les arcanes du ministère de l’Industrie, M. Hocine Amer-Yahia, consultant<br />
international, a été conseiller lors des négociations de l’Accord d’association avec l’Union européenne.<br />
<strong>Economia</strong> n’a pas hésité à recueillir son témoignage durant cette période.<br />
Quelles étaient les conditions de<br />
négociations de l'Accord au plan<br />
de la situation économique et sécuritaire<br />
de l'Algérie ?<br />
La négociation n’a pas été assortie, à<br />
proprement parler, de conditions tant<br />
au plan économique qu’au plan sécuritaire.<br />
Le projet de l’Accord d’association<br />
est une sorte de plate-forme<br />
standard proposée aux douze pays de<br />
la rive sud de la Méditerranée, à<br />
charge ensuite de l’adapter à la situation<br />
socio-économique et politique de<br />
chaque pays.<br />
Il faut, cependant, souligner que jamais<br />
l’Algérie n’a eu autant besoin de<br />
négocier et de signer un accord de cette<br />
envergure à un moment où les opérateurs<br />
économiques étrangers la<br />
fuyaient et où les relations diplomatiques<br />
du pays s’effritaient du fait de<br />
la situation politique et sécuritaire qui<br />
prévalait. Il fallait donc un projet fort<br />
pour l’aider à sortir de son isolement<br />
forcé.<br />
En termes de conditions, il faut cependant<br />
rappeler que l’Union Européenne<br />
a signifié à l’Algérie l’impératif d’engager<br />
les négociations afin notamment<br />
d’introduire progressivement la réciprocité<br />
en matière d’exonération de<br />
droits de douane.<br />
En effet, l’Algérie, <strong>com</strong>me la Tunisie et<br />
le Maroc, bénéficiait depuis 1976 d’un<br />
régime préférentiel qui lui permettait<br />
d’exporter ses produits industriels en<br />
franchise de droits de douane.<br />
Il est vrai aussi que l’Algérie, en mettant<br />
en avant la prépondérance de ses<br />
importations à partir de l’Europe, a<br />
fait admettre l’introduction dans l’Accord<br />
d’une disposition en matière de<br />
lutte contre le terrorisme.<br />
Enfin, l’Accord prévoit un large programme<br />
de coopération économique et<br />
sociale d’ac<strong>com</strong>pagnement de l’Algérie<br />
dont l’instrument principal de mise en<br />
œuvre est connu sous le nom de<br />
MEDA.<br />
Quelle lecture faites-vous des<br />
critiques persistantes du patronat<br />
vis-à-vis de l'Accord concernant<br />
notamment la crainte de<br />
voir les entreprises algériennes<br />
disparaître ?<br />
La négociation de l’Accord a été principalement<br />
menée par les représentants<br />
des différents départements ministériels,<br />
qui recueillaient les propositions<br />
de démantèlement tarifaire auprès des<br />
opérateurs économiques. De ce fait, le<br />
patronat qui n’a pas été un acteur direct<br />
dans ces négociations ne rate pas<br />
l’occasion, chaque fois que la production<br />
nationale est menacée par la<br />
concurrence des produits européens, à<br />
Jamais l’Algérie<br />
n’a eu autant besoin<br />
de négocier<br />
et de signer<br />
un accord de cette<br />
envergure à un moment<br />
où les opérateurs<br />
économiques étrangers<br />
la fuyaient.<br />
s’insurger contre le fait qu’il n’a pas été<br />
associé aux négociations en matière de<br />
démantèlement tarifaire.<br />
En réalité, il est encore trop tôt pour<br />
situer et évaluer les préjudices subis<br />
par la production nationale sachant<br />
que seuls les produits bruts ont connu<br />
jusque-là un démantèlement immédiat<br />
et total des droits de douane, ce qui, au<br />
contraire, peut favoriser la production<br />
nationale du fait de la réduction des<br />
coûts des intrants qui s’ensuit. Par<br />
contre, les biens de consommation et<br />
autres produits finis connaîtront, à<br />
partir de cette année seulement, un démantèlement<br />
graduel, selon le cas, sur<br />
ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />
26<br />
5 et 10 ans. En matière de produits<br />
agro-industriels, la mécanique du démantèlement<br />
tarifaire n’est pas applicable.<br />
Seules des concessions<br />
(réduction tarifaire totale ou partielle,<br />
contingentement) sont négociées entre<br />
les deux parties. Certaines concessions,<br />
<strong>com</strong>me c’est le cas du sucre, ont<br />
fait l’objet de vives critiques, faisant<br />
craindre aux producteurs nationaux la<br />
concurrence de produits européens qui<br />
bénéficieraient, par ailleurs, de subventions.<br />
La totalité des dispositions de<br />
l'Accord ne seront appliquées<br />
qu'une dizaine d'années après<br />
son entrée en vigueur. Pensezvous<br />
que les entreprises algériennes<br />
auront opéré leur mise<br />
à niveau à cette date ?<br />
L’objectif de la mise à niveau est précisément<br />
de préparer la production nationale<br />
à une plus grande concurrence<br />
de produits étrangers, du fait notamment<br />
de l’instauration progressive<br />
d’une zone de libre échange avec<br />
l’Union Européenne qui <strong>com</strong>pte aujourd’hui<br />
27 pays membres et constitue<br />
l’un des plus grands marchés du<br />
monde.<br />
La mise à niveau pourrait permettre à<br />
l’Algérie de s’insérer dans cet espace.<br />
Force est de constater que le projet de<br />
mise à niveau en Algérie n’a pas bénéficié<br />
d’une volonté politique forte<br />
<strong>com</strong>me cela a été le cas en Tunisie par<br />
exemple.<br />
A ce jour, il n’y a pas un projet suffisamment<br />
intégré et structuré qui pourrait<br />
placer les entreprises nationales<br />
dans une dynamique et une démarche<br />
continues de progrès en leur offrant,<br />
par ailleurs, un environnement institutionnel<br />
et réglementaire plus favorable<br />
et des services d’appui plus<br />
performants. <br />
Entretien réalisé<br />
par Ahmed Mesbah
UN PROCESSUS<br />
DOULOUREUX, MAIS PROMETTEUR<br />
M. MOHAMED CHAMI, DIRECTEUR GÉNÉRAL<br />
DE LA CHAMBRE ALGÉRIENNE DE COMMERCE ET D’INDUSTRIE À ÉCONOMIA<br />
«LA MENACE NE VIENT PAS DE L’EUROPE»<br />
Deux ans après l’entrée en vigueur de l’Accord d’association avec l’Union européenne,<br />
seule une douzaine de requêtes émanant d’entreprises algériennes ont été déposées au niveau de la Commission<br />
technique de suivi de la mise en œuvre de la zone de libre échange. Elles évoquent des préjudices inhérents<br />
à la mise en application de l’Accord d’association. Selon M. Mohamed Chami, directeur général de la CACI<br />
(Chambre algérienne de <strong>com</strong>merce et d’industrie), également président de ladite Commission,<br />
seules quatre d’entre eles ont été jugées recevables ; les contraintes évoquées par les autres entreprises<br />
plaignantes n’ayant pas de lien direct avec l’accord en lui-même. Ecoutons-le…<br />
<strong>Economia</strong> : Deux ans après<br />
l’entrée en vigueur de l’Accord<br />
d’association entre l’Algérie et<br />
l’Union européenne, <strong>com</strong>bien<br />
de requêtes la <strong>com</strong>mission a-telle<br />
reçu ?<br />
M. Chami : Très peu. A peine une<br />
douzaine, dont seulement quatre ont<br />
été jugées recevables par la Commission.<br />
La plupart d’entre elles évoquent<br />
plutôt des facteurs qui, certes<br />
sont à l’origine de pertes de marchés,<br />
mais qui, en réalité, n’ont aucun lien<br />
avec le démantèlement tarifaire.<br />
Leurs difficultés sont souvent liées<br />
plutôt à la concurrence déloyale provenant<br />
de régions autres que l’Europe.<br />
Quels sont les critères de recevabilité<br />
?<br />
Les critères sont simples. Il faut que<br />
le plaignant prouve clairement que la<br />
perte du marché ou les difficultés rencontrées<br />
sont directement liées à l’application<br />
de l’Accord d’association.<br />
On remarque, d’abord, qu’il y a très<br />
peu de requêtes déposées, et seulement<br />
le quart en relation directe avec<br />
l’application de l’Accord. S’agit-il d’absence<br />
d’effet réel ou de manque d’information<br />
de nos opérateurs<br />
économiques ?<br />
Il est vrai que beaucoup d’entreprises<br />
n’ont pas pu prouver le lien direct de<br />
cause à effet avec l’Accord en question.<br />
Je dois rappeler aussi l’autre<br />
rôle de la Commission, celui de sensibiliser<br />
les entreprises, de <strong>com</strong>muniquer,<br />
de vulgariser, d’organiser des<br />
M. Mohamed Chami, directeur<br />
général de la<br />
Chambre algérienne<br />
de <strong>com</strong>merce d’industrie.<br />
Il est également président<br />
de la Commission technique<br />
de suivi de la mise en œuvre de<br />
la zone de libre échange<br />
“ Tous les<br />
membres<br />
de la Commission<br />
sont appelés à plus<br />
de sensibilisation...<br />
l’Accord prévoit<br />
la prise de mesures<br />
de sauvegarde<br />
de la production<br />
nationale...<br />
”<br />
rencontres dans ce sens. Cela in<strong>com</strong>be<br />
également aux autres acteurs<br />
membres de la Commission dont les<br />
organisations patronales qui se vantent<br />
de représenter un grand nombre<br />
d’adhérents. Tous les membres de la<br />
Commission sont appelés à plus de<br />
sensibilisation parce que visiblement<br />
beaucoup d’entreprises ignorent qu’il<br />
existe cette voie de recours et que<br />
l’Accord prévoit la prise de mesures<br />
de sauvegarde de la production<br />
nationale.<br />
ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />
27<br />
Pour notre part, en tant que Chambre<br />
de <strong>com</strong>merce, nous lançons des<br />
diffusions à travers nos supports en<br />
direction des entreprises au même<br />
titre, d’ailleurs, que les autres membres<br />
de la Commission dont le ministère<br />
du Commerce, celui de<br />
l’Industrie et de la Promotion des investissements,<br />
celui de la Petite et<br />
Moyenne Entreprise et l’Artisanat,<br />
Algex (Agence algérienne de promotion<br />
des exportations), les Douanes<br />
algériennes, entre autres.
ALGERIE<br />
ACCORD D’ASSOCIATION AVEC L’UNION EUROPÉENNE<br />
L E D O S S I E R D U M O I S<br />
QU’EST-CE QUE LA COMMISSION<br />
TECHNIQUE DE SUIVI DE LA MISE EN ŒUVRE<br />
DE LA ZONE DE LIBRE ÉCHANGE ?<br />
La Commission technique de suivi de la mise en œuvre de la zone de<br />
libre échange entre l’Algérie et l’Union européenne a été créée par le<br />
ministère du Commerce et installée le 23 août 2005. Elle est présidée par<br />
le directeur général de la CACI (Chambre algérienne de <strong>com</strong>merce et d’industrie)<br />
et est <strong>com</strong>posée des représentants des administrations d’institutions<br />
étatiques et de ceux des organisations patronales.<br />
Elle a pour mission d’assurer la diffusion et la vulgarisation du contenu<br />
économique des dispositions liées à la zone de libre échange, d’assurer la<br />
concertation entre l’administration et les opérateurs économiques dans<br />
l’évaluation et le suivi de la mise en œuvre du régime des préférences, notamment<br />
pour les produits agricoles et agroalimentaires, de recenser et<br />
examiner les requêtes des opérateurs économiques liées à la mise en œuvre<br />
du régime des préférences, de mettre à la disposition du Comité permanent<br />
chargé du suivi et de la mise en œuvre de l’Accord d’association, et présidé<br />
par le ministère des Affaires étrangères, les requêtes des entreprises dûment<br />
étudiées.<br />
La Commission a également pour rôle de suivre le fonctionnement du dispositif<br />
de préférences tarifaires et de formuler toutes mesures d’amélioration<br />
dans ce domaine. Il lui revient, enfin, de collecter et d’analyser les<br />
données sur les flux <strong>com</strong>merciaux entre l’Algérie et les pays de l’Union Européenne.<br />
LES ADMINISTRATIONS CENTRALES REPRÉSENTÉES AU SEIN DE LA COMMISSION<br />
Ministère des Affaires Etrangères<br />
Ministère des Finances<br />
Ministère de l’industrie et de la Promotion de l'Investissement<br />
Ministère du Commerce<br />
Ministère de la Petite et Moyenne Entreprise et de l'Artisanat<br />
Ministère de l'Agriculture et du Développement Rural<br />
Ministère de la Pêche et des Ressources Halieutiques<br />
Agence Algérienne de Promotion du Commerce Extérieur<br />
Direction Générale des Douanes<br />
Chambre Algérienne de Commerce et d'Industrie<br />
Chambre Nationale d'Agriculture<br />
Chambre Algérienne d'Aquaculture et de la Pêche.<br />
LES ORGANISATIONS PATRONALES SIÉGEANT À LA COMMISSION<br />
La Confédération Algérienne du Patronat (CAP)<br />
La Confédération des Industriels et des Producteurs Algériens (CIPA)<br />
La Confédération Générale des Opérateurs Economiques Algériens (CGEOA)<br />
La Confédération Nationale du Patronat Algérien (CNPA)<br />
Savoir et Vouloir Entreprendre / Association des Femmes Chefs d'Entreprises<br />
(SEVE)<br />
L’Union Nationale des Entrepreneurs Publics (UNEP)<br />
Le Forum des Chefs d'Entreprises (FCE)<br />
Le Club des Entrepreneurs et Industriels de la Mitidja (CEIMI)<br />
L’Union Général des Commerçants et Artisans Algériens (UGCAA). <br />
ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />
28<br />
<br />
Mais cela reste insuffisant si les organisations<br />
patronales ne s’impliquent<br />
pas davantage.<br />
Sur les quatre requêtes jugées<br />
recevables, il y a celle de l’entreprise<br />
publique Fertial et<br />
qui, semble-t-il, a posé un sérieux<br />
problème…<br />
Effectivement, Fertial a été victime<br />
d’une mesure anti-dumping appliquée<br />
sur ses produits exportés en<br />
Europe par les Européens. Ces derniers<br />
considèrent que ses produits<br />
sont subventionnés à travers le prix<br />
avantageux du gaz appliqué sur le<br />
marché intérieur. Nous avons défendu<br />
la cause de cette entreprise en<br />
prouvant qu’il n’est pas question de<br />
dumping dans ce cas et que le gaz<br />
étant un avantage <strong>com</strong>paratif.<br />
Toutes les entreprises en Algérie,<br />
qu’elles relèvent du secteur public ou<br />
privé ou sont des sociétes étrangères<br />
bénéficient du même niveau de prix,<br />
et tous les produits issus de la production<br />
du gaz et du pétrole doivent<br />
nous conférer cette possibilité de vendre<br />
moins cher. Nous avons déposé<br />
une plainte et la question est maintenant<br />
sérieusement prise en charge<br />
au plus haut niveau. Ça prendra<br />
peut-être un peu de temps mais je<br />
peux vous affirmer que la procédure<br />
est en bonne voie.<br />
Et pour les autres requêtes ?<br />
Oui, parmi les premiers problèmes<br />
qui ont été soulevés, celui intéressant<br />
les deux producteurs algériens de<br />
sucre, à savoir l’Enasucre et Cevital.<br />
Les deux soulèvent surtout le problème<br />
de réciprocité avec les Européens<br />
affirmant qu’il y a risque sur la<br />
production nationale.
C’est-à-dire que nous avons accordé,<br />
dans le cadre de l’Accord, un contingent<br />
de 150.000 tonnes que les Européens<br />
nous vendent en exonération<br />
des droits et taxes. Nous importons,<br />
entre sucre roux et sucre blanc, environ<br />
1 million de tonnes pour couvrir<br />
les besoins nationaux, alors que nous<br />
ne produisons que 500.000 à 600.000<br />
tonnes.<br />
Cevital, par exemple, qui fait les<br />
deux, importe du sucre roux qu’il raffine<br />
et du sucre blanc raffiné. Il considère<br />
que les négociateurs n’ont pas<br />
suffisamment défendu le camp Algérie<br />
et que le principe de réciprocité n’a<br />
pas été respecté dans ce cas. Comme<br />
l’entreprise <strong>com</strong>pte aller vers l’exportation<br />
du sucre pour l’Europe tout en<br />
étant moins cher sur le marché européen,<br />
elle rencontre d’ores et déjà un<br />
problème au niveau du tarif douanier<br />
du fait que les Européens considèrent<br />
que la production algérienne de sucre<br />
ne lui confère pas la nationalité algérienne,<br />
et donc ne bénéficie pas des<br />
mêmes avantages tarifaires que le<br />
produit européen exporté vers l’Algérie.<br />
La raison avancée par les Européens<br />
est justifiée par le faut que le<br />
produit ne subit pas localement une<br />
transformation substantielle et donc,<br />
les conditions tarifaires ne changent<br />
pas en application de la nomenclature<br />
de Bruxelles qui classe les produits<br />
avec précision en une succession de<br />
numéros, dont l’identifiant numérique<br />
appelé le tarif douanier. Donc,<br />
vous <strong>com</strong>prenez que plus une économie<br />
est diversifiée, plus on a de positions<br />
tarifaires. Quand vous importez<br />
du sucre, le produit est désigné par<br />
huit chiffres. Les quatre premiers<br />
sont les mêmes alors que les quatre<br />
restants indiquent s’il s’agit de sucre<br />
roux, du sucre issu de la betterave ou<br />
de la canne à sucre, ou alors il s’agit<br />
de sucre raffiné, etc. La nomenclature<br />
précise qu’on ne peut pas conférer la<br />
nationalité au produit s’il n’a pas subi<br />
de «transformation substantielle» qui<br />
lui fait changer de position tarifaire.<br />
Ce qui confère la nationalité, c’est la<br />
production totalement locale, <strong>com</strong>me<br />
UN PROCESSUS<br />
DOULOUREUX, MAIS PROMETTEUR<br />
NOS EXPORTATIONS<br />
INSIGNIFIANTES VERS L’UE EN <strong>2007</strong><br />
Les exportations algériennes hors hydrocarbures vers l’UE ont enregistré,<br />
pour les cinq premiers mois de <strong>2007</strong>, une hausse à peine de 1,1%.<br />
Les exportations européennes vers l’Algérie, elles, stagnent. Le démantèlement<br />
tarifaire a ainsi tout juste permis à l’Europe de maintenir le niveau de<br />
ses exportations vers l’Algérie. Contrairement à ce qui était attendu, le marché<br />
algérien n’est pas inondé de produits européens et on y trouve beaucoup<br />
plus de produits plutôt asiatiques moins chers, mais présentant des risque<br />
de contrefaçon, voire de santé publique. Le souci des importateurs algériens<br />
est celui de vendre et vont donc chercher les produits pas chers en Chine,<br />
en l’Inde et, depuis peu, en Amérique latine. <br />
Y. F.<br />
c’est le cas pour les produits entièrement<br />
crus tels que la datte par<br />
exemple.<br />
La requête des producteurs de sucre<br />
nationaux a connu deux phases. La<br />
première est de dire que le produit algérien<br />
n’est pas accepté en Europe à<br />
cause du refus des Européens de lui<br />
conférer la nationalité algérienne et<br />
donc ne bénéficie pas de la réciprocité.<br />
Le sucre blanc que nous produisons<br />
est fait à partir du sucre roux<br />
importé du Brésil. On dit que c’est un<br />
produit transformé en Algérie, mais<br />
il est plutôt brésilien qu’algérien. Cevital<br />
affirme qu’il le produit ici et qu’il<br />
mérite d’être protégé, ce qui est défendable.<br />
La deuxième chose, nos producteurs<br />
de sucre considèrent que le fait d’accorder<br />
un contingent de 150.000<br />
tonnes de sucre aux Européens en<br />
exonération de droits et taxes consti-<br />
“ Nous importons,<br />
entre sucre roux et sucre<br />
blanc, environ 1 million<br />
de tonnes pour couvrir<br />
les besoins nationaux,<br />
alors que nous<br />
ne produisons<br />
que 500.000<br />
à 600.000 tonnes.<br />
”<br />
ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />
29<br />
tue une menace pour la production<br />
nationale, ce qui ne peut pas l’être vu<br />
les besoins du marché national et le<br />
niveau de la production nationale.<br />
Ces importations ne menacent pas<br />
l’activité mais peuvent créer des problèmes<br />
de prix, pas plus.<br />
Finalement, <strong>com</strong>ment la requête<br />
des producteurs de sucre<br />
a-t-elle été jugée ?<br />
Défendable, mais non recevable du<br />
fait qu’elle soit d’une part effectivement<br />
liée à la mise en œuvre de l’Accord<br />
d’association, mais d’autre part,<br />
l’importation du sucre européen ne<br />
constitue pas une menace pour l’activité<br />
et la production nationale.<br />
Il y a eu aussi la requête des<br />
producteurs de margarine...<br />
Oui, ils sont plusieurs d’ailleurs, dont<br />
Cevital. Ils posent, dans une même<br />
requête, un problème de position tarifaire.<br />
En Algérie, la margarine est<br />
considérée <strong>com</strong>me étant un produit<br />
agricole. Pour les Européens, c’est un<br />
produit agricole transformé et est<br />
donc assujetti aux droits de douane.<br />
Leur requête a été jugée recevable<br />
par la Commission et nous travaillons<br />
à les protéger parce que cette situation<br />
constitue réellement une menace<br />
pour leur activité d’autant qu’il s’agit<br />
d’importantes installations. Les autres<br />
requêtes n’ont rien à voir avec<br />
l’Accord.
ALGERIE<br />
ACCORD D’ASSOCIATION AVEC L’UNION EUROPÉENNE<br />
L E D O S S I E R D U M O I S<br />
M. MOHAMED CHAMI À ÉCONOMIA<br />
«LA MENACE NE VIENT PAS DE L’EUROPE»<br />
Et pour le cas de Bimo ?<br />
Celle-là a été jugée recevable parce<br />
qu’elle est directement liée à l’Accord<br />
d’association. Le problème se pose<br />
<strong>com</strong>me suit : lorsque les Européens<br />
importent de la fève de cacao, ils ont<br />
0% de droits de douane. Ils l’a transforment<br />
pour fabriquer du beurre de<br />
cacao ou de la poudre de cacao, les<br />
deux produits étant destinés aux chocolatiers.<br />
Lorsque M. Hamoudi de<br />
l’entreprise BIMO importe la fève de<br />
cacao, il paye 5% de droits de douane.<br />
En produisant le même produit avec<br />
la même transformation, les Européens<br />
ont déjà 5% de gain par rapport<br />
à cette entreprise algérienne, ce qui<br />
n’est pas juste. La solution à la préoccupation<br />
de M. Hamoudi est soit celle<br />
d’imposer aux Européens les 5% de<br />
droits de douane, soit de les supprimer<br />
sur les importations de M. Hamoudi.<br />
Nous avons trouvé plus juste<br />
d’exonérer cet opérateur de la taxe.<br />
Pourquoi ? D’abord, parce qu’il est le<br />
seul à produire dans cette activité.<br />
Ensuite, il est le seul exportateur de<br />
beurre et de poudre de cacao de qualité.<br />
Aussi, ses importations de la fève<br />
de cacao ne servent qu’à ses propres<br />
industries puisqu’il est le seul utilisateur<br />
et il ne s’agit pas d’un produit <strong>com</strong>estible<br />
en l’état. Donc, pas d’autres<br />
destinations ou autres activités. Il n’y<br />
a donc aucun risque à exonérer cet<br />
opérateur. Des cas de cette catégorie,<br />
nous cherchons plutôt à les traiter<br />
entre nous. On ne peut pas imposer<br />
aux Européens de mettre 5% de<br />
droits de douane sur leurs importations.<br />
C’est un cas qui a mérité l’attention<br />
de la Commission, mais dont<br />
le traitement ne saurait tarder à<br />
trouver une solution ici.<br />
L’Accord d’association prévoit<br />
le recours à des mesures de<br />
sauvegarde de la production<br />
nationale (article 24), des mesures<br />
<strong>com</strong>pensatoires (article<br />
23) et des mesures anti-dumping<br />
(article 22). Y a-t-il eu des<br />
cas où il fallait avoir recours<br />
à ces mesures ?<br />
24 CONTINGENTS<br />
NON ENCORE ENTAMÉS EN <strong>2007</strong><br />
Durant les deux années écoulées, tous les contingents accordés<br />
par l’Union européenne en exonération des droits<br />
et taxes n’ont pas été consommés, selon le témoignage du président<br />
de la Commission technique de suivi de la mise en<br />
œuvre de la zone de libre échange, M. Mohamed Chami. «Certains<br />
sont partiellement épuisés, d’autres pas du tout entamés<br />
et personne ne s’y est intéressé (…) Les produits qui ont fait<br />
l’objet de mésaccord sont ceux frappés de fortes taxes, soit à<br />
raison de 30% et plus. Pour l’année en cours, 24 contingents<br />
n’ont pas du tout été entamés». Y. F.<br />
ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />
30<br />
Non, aucun. En fait, on applique le<br />
droit anti-dumping lorsqu’on considère<br />
que le produit a été subventionné<br />
de l’autre côté. C’est ce qu’ont<br />
fait les Européens pour les produits<br />
de Fertial. Pour ce qui nous concerne,<br />
ce cas ne s’est pas encore posé à nous.<br />
D’aucuns estiment que l’Accord<br />
d’association a, jusque-là,<br />
profité plus à l’Europe qu’à<br />
l’Algérie parce que les barrières<br />
imposées à nos exportateurs<br />
ne sont plus les taxes<br />
douanières mais les normes de<br />
qualité. Qu’en pensez-vous ?<br />
Ecoutez, l’Europe est un marché ouvert<br />
et vous pouvez exporter ce que<br />
vous voulez. On ne peut pas dire que<br />
les Européens nous dressent des barrières<br />
parce qu’ils protègent leurs<br />
consommateurs. C’est à nous de nous<br />
adapter et nous mettre à niveau. Les<br />
normes européennes n’ont pas empêché<br />
les Chinois d’investir le marché<br />
européen. Et puis, laissez-moi vous<br />
dire que la menace ne peut pas venir<br />
de l’Europe puisque nous avons aujourd’hui<br />
sur le marché plus de produits<br />
asiatiques qu’européens en<br />
dépit du démantèlement tarifaire.<br />
Ceci avec tous les risques de la<br />
contrefaçon, voire des problèmes de<br />
santé publique. <br />
Interview réalisée<br />
par Yasmine Ferroukhi
LE SUCRE VENDU PAR L’EUROPE EST-IL EUROPÉEN ?<br />
D ans<br />
UN PROCESSUS<br />
DOULOUREUX, MAIS PROMETTEUR<br />
le cadre de la Politique agricole <strong>com</strong>mune (PAC), la production de la betterave<br />
à sucre est subventionnée par l’Europe qui finance ses agriculteurs et<br />
ses industries agricoles. La production de sucre coûte cher et le prix de revient de<br />
la tonne tourne autour de 1.000 dollars, alors qu’elle est cédée entre 300 et 350 dollars.<br />
Ce qui revient à dire que le sucre importé d’Europe est à la base subventionné.<br />
Sur un autre plan, l’Europe produit du sucre à la base de la betterave à sucre produite<br />
localement, mais aussi à partir de la canne à sucre importée et qu’elle transforme,<br />
ce qui ne lui confère plus la nationalité européenne. Seulement, on ne sait<br />
pas dans quelles proportions le sucre raffiné vendu à l’Algérie est-il issu de la betterave<br />
à sucre ou de la canne à sucre pour décider ensuite de sa nationalité. C’est<br />
à ce niveau que Cevital pose le problème de réciprocité puisque le sucre transformé<br />
en Algérie, pouvant être moins cher sur le marché européen, ne jouit pas de la nationalité<br />
algérienne et ne bénéficie donc pas des avantages tarifaires.<br />
Pour certains observateurs, l’Europe souffre d’un excédent de production en sucre<br />
et l’industrie du sucre y est appelée à disparaître à terme. Il est aussi considéré que<br />
le contingent de 150.000 tonnes acheté par l’Algérie a été une faveur accordée antérieurement<br />
à la mise en œuvre de l’Accord par les négociateurs algériens. Pour<br />
cela, on estime que le grand perdant dans cette affaire, ce ne sont ni les producteurs<br />
algériens de sucre, ni le consommateur, mais plutôt le Trésor public privé de droits<br />
de douanes sur environ 15% des besoins du marché national de sucre. <br />
L e<br />
A u<br />
DÉMANTÈLEMENT TARIFAIRE<br />
LES DOUANES PRIVÉES D’UN MANQUE À GAGNER<br />
démantèlement tarifaire entamé, début du mois, ampute les douanes de<br />
rentrées fiscales évaluées à près de 45 milliards de dinars par an.<br />
Aussi, contrairement à ce qui était attendu, les échanges <strong>com</strong>merciaux entre l’Algérie<br />
et l’Union européenne ont baissé de près de 10% au profit plutôt des pays<br />
asiatiques, «la France, particulièrement affectée voit sa part de marché en Algérie<br />
descendre sous la barre des 20% durant le premier semestre 207», a indiqué,<br />
début du mois de septembre, Le Quotidien d’Oran. La même source ajoute qu’il<br />
y a deux ans, «l'Algérie importait 66 % de ses besoins d'Europe. Aujourd'hui, ce<br />
taux avoisine les 54 % malgré la baisse des tarifs douaniers». Une baisse qui profite<br />
à la Chine, à la Turquie et à Dubaï. «Ces pays ont augmenté de 20 % par an<br />
leur <strong>com</strong>merce avec l'Algérie». Le FCE fait remarquer que «les prix des produits<br />
asiatiques sont inférieurs de 30 % par rapport aux produits fabriqués en Europe»<br />
en raison notamment du renchérissement de l’euro «de 36% par rapport au dollar,<br />
monnaie de la zone Asie». Il se va sans dire que les bas prix des produits asiatiques<br />
de large consommation sont de moindre qualité, vendus sans garanties, ni<br />
service après-vente et les droits du consommateur se trouvent ainsi bafoués. C’est<br />
aussi un climat favorisant fortement les risques de la contrefaçon et le développement<br />
du secteur informel. Ce sont-là les arguments avancés par le FCE qui<br />
plaide la réussite de l’Accord d’association avec l’UE. <br />
LE FCE FAVORABLE À L’ACCORD D’ASSOCIATION<br />
lendemain du passage à la deuxième phase du démantèlement tarifaire,<br />
début du mois de septembre <strong>2007</strong>, le Forum des chefs d’entreprises (FCE) a<br />
estimé, par la voix de son président Réda Hamiani, qu’au contraire «le démantèlement<br />
va profiter aux producteurs algériens», estimant que cette phase, qui<br />
concerne désormais, les machines industrielles, les pièces de rechange, «va permettre<br />
à nos industriels de renouveler leur outil de production et se préparer à<br />
la suppression des barrières douanières pour les produits de large consommation<br />
qui sera effective à partir de 2012». M. Hamiani a appelé les opérateurs économiques<br />
«à se préparer au démantèlement tarifaire progressif», indiquant qu’il<br />
«reste trois ou cinq ans pour réagir positivement au démantèlement tarifaire pour<br />
les produits de large consommation qui sera dur à supporter par les producteurs<br />
qui ne se sont pas préparés». <br />
ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />
31<br />
Le Comité Permanent<br />
de la préparation et du suivi<br />
de la mise en œuvre de l’Accord<br />
d’Association entre l’Algérie<br />
et l’Union Européenne<br />
1-Création du Comité<br />
Le <strong>com</strong>ité a été créé par décision du Monsieur<br />
le Chef du Gouvernement n° 08 du 30 décembre<br />
2004<br />
Il est présidé par le Ministère des affaires<br />
étrangères (Direction Générale Europe)<br />
Installé le 12 janvier 2005<br />
2- Les membres du <strong>com</strong>ité<br />
Sont membres du <strong>com</strong>ité, les représentants des<br />
administrations centrales, institutions et organisations<br />
patronales et professionnelles suivantes<br />
:<br />
ministère de l’Intérieur et des collectivités locales<br />
;<br />
ministère de la Justice<br />
ministère des Finances<br />
ministère de l’Energie et des Mines ;<br />
ministère du Commerce ;<br />
ministère de l’Agriculture et du Développement<br />
rural ;<br />
ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques<br />
;<br />
ministère de la Petite et Moyenne Entreprise<br />
et de l’Artisanat ;<br />
ministère du Travail et de la sécurité sociale<br />
;<br />
ministère de l’Emploi et de la Solidarité nationale<br />
;<br />
ministère de l’Industrie et de la promotion<br />
des investissements ;<br />
ministère délégué chargé de la Planification<br />
;<br />
Banque d’Algérie ;<br />
Conseil de la concurrence ;<br />
Direction générale des douanes ;<br />
Agences algérienne de promotion du <strong>com</strong>merce<br />
extérieur (Algex)<br />
Chambre nationale du <strong>com</strong>merce et de l’industrie<br />
;<br />
Office national des statistiques ;<br />
Agence nationale de la promotion du <strong>com</strong>merce<br />
extérieur ;<br />
3- Missions du Comité<br />
Est chargé notamment :<br />
de faire assurer la diffusion et la vulgarisation<br />
du contenu économique des dispositions<br />
liées à la zone de libre échange<br />
d’assurer la concertation entre l’administration<br />
et les opérateurs économiques dans l’évaluation<br />
et le suivi de la mise en œuvre du<br />
régime des préférences à l’importation.<br />
de recenser et examiner les requêtes des opérateurs<br />
économiques, liées à la mise en œuvre<br />
du régime des préférences dans le cadre des dispositions<br />
prévues par l’Accord d’association.
ALGERIE<br />
ACCORD D’ASSOCIATION AVEC L’UNION EUROPÉENNE<br />
L E D O S S I E R D U M O I S<br />
ENTRETIEN AVEC ZAÏM BENSACI, PRÉSIDENT DU CONSEIL NATIONAL CONSULTATIF/PME<br />
«LE DÉFI EST DE CONTRACTER DE VÉRITABLES<br />
ALLIANCES AVEC LE PARTENAIRE EUROPÉEN»<br />
M. Zaïm Bensaci est président<br />
du Conseil National Consultatif<br />
pour la promotion<br />
de la PME (CNC/PME.<br />
Cet organe consultatif, est chargé<br />
de promouvoir le dialogue et la<br />
concertation entre les PME et leurs<br />
associations professionnelles d’une<br />
part et les pouvoirs publics d’autre<br />
part. Il nous fait part,<br />
dans cet entretien, de son<br />
analyse sur les premiers résultats<br />
de la mise en vigueur de l’Accord<br />
d’association avec l’UE.<br />
<strong>Economia</strong> : Vous étiez, parmi<br />
ceux qui s’étaient montrés favorables<br />
à l’annonce de la<br />
mise en vigueur de l’Accord<br />
d’association avec l’Union Européenne.<br />
Qu’en est-il aujourd’hui<br />
de votre optimisme ?<br />
Zaïm Bensaci : Certes, notre ambition<br />
au départ était que l’accord d’association<br />
allait ouvrir des perspectives prometteuses<br />
pour nos entreprises et<br />
aboutir à un déclic chez nos entrepreneurs,<br />
c'est-à-dire à un changement<br />
radical des méthodes de gestion.<br />
Force est de constater que cela ne<br />
s’est pas produit jusqu’à présent et<br />
cela est dû, peut-être pour une bonne<br />
part, à une sorte d’impréparation de<br />
nos entreprises aux implications d’un<br />
tel accord. Il n’y a pas eu suffisamment<br />
de travail de sensibilisation de<br />
nos entreprises dont les efforts,<br />
menés pour accroître d’une manière<br />
effective nos capacités concurrentielles,<br />
paraissent nettement en décalage<br />
par rapport aux exigences de<br />
l’Accord d’association. C’est toute une<br />
M. Zaïm<br />
Bensaci,<br />
Président du<br />
Conseil<br />
national<br />
consultatif<br />
pour la<br />
promotion<br />
des PME<br />
(CNC/PME)<br />
pédagogie du changement qui semble<br />
avoir fait défaut et aujourd’hui, hélas,<br />
nombre d’opérateurs <strong>com</strong>prennent<br />
mieux, parce que à leur détriment et<br />
a posteriori, l’importance du processus<br />
inauguré par l’Accord d’association.<br />
Est-ce à dire que mon optimisme<br />
s’est totalement effiloché ? Non, cer-<br />
“ Pour les produits<br />
concernés par l’Accord<br />
d’association,<br />
j’ai pu noter une baisse<br />
sensible des exportations<br />
algériennes hors<br />
hydrocarbures vers<br />
l’UE (80 millions de dollars<br />
US au cours du premier<br />
trimestre <strong>2007</strong><br />
contre 157 millions<br />
de dollars US)<br />
pour la même période<br />
de l’année 2006,<br />
soit une diminution<br />
de 52,1 %)<br />
”<br />
ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />
32<br />
tainement pas ! Mais je reste<br />
conscient qu’il reste beaucoup à faire<br />
pour que l’Accord d’association puisse<br />
être considéré <strong>com</strong>me une opportunité<br />
pour nos entreprises.<br />
Selon vous, cela signifie-t-il le<br />
résultat d’un manque d’agressivité<br />
<strong>com</strong>merciale de la part<br />
des entreprises algériennes ?<br />
Oui, en partie. Mais il ne faut pas<br />
perdre de vue que l’internationalisation<br />
des activités des entreprises est<br />
un processus exigeant et qui nécessite<br />
par-dessus tout un réel apprentissage.<br />
Cela n’a pas été le cas. Mais cette<br />
question est maintenant reléguée par<br />
la nécessité et l’urgence de contracter<br />
avec le partenaire européen de véritables<br />
alliances stratégiques, notamment<br />
en matière de délocalisation et<br />
de sous-traitance. L’enjeu pour l’Algérie<br />
est de vite diversifier sa production<br />
et ses exportations vers les<br />
secteurs dynamiques de la demande<br />
mondiale.
Peut-on parler franchement<br />
de retombées négatives de l’accord<br />
?<br />
Pour les produits concernés par l’accord<br />
d’association, j’ai pu noter une<br />
baisse sensible des exportations algériennes<br />
hors hydrocarbures vers l’UE<br />
(80 millions de dollars US au cours du<br />
premier trimestre <strong>2007</strong> contre 157<br />
millions de dollars US) pour la même<br />
période de l’année 2006, soit une diminution<br />
de 52,1 %), alors que les importations<br />
ne cessent d’augmenter<br />
quant à elles (+ 3 % au premier trimestre<br />
<strong>2007</strong> par rapport à la même<br />
période en 2006 et un montant de<br />
3,06 milliards de dollars US sur un<br />
montant global d’importations de<br />
quelque 5,8 milliards de dollars US).<br />
Ce sont les produits bénéficiant de<br />
préférences tarifaires et représentant<br />
“ Il me parait<br />
indispensable<br />
que les pouvoirs publics<br />
mettent en œuvre<br />
les mesures<br />
d’ac<strong>com</strong>pagnement<br />
des processus<br />
de changement<br />
qui sont en cours<br />
ou qui se profilent...<br />
”<br />
près de 50 % du total des importations<br />
qui ont eu la faveur des importateurs,<br />
contrairement aux autres<br />
produits qui, eux, ont connu une légère<br />
baisse de l’ordre de 1,79 milliard<br />
de dollars US soit - 0,79 % toujours<br />
durant les mêmes périodes considérées.<br />
Ces résultats condamnent-ils<br />
pour autant l’accord d’association ou<br />
au contraire, ne sont-ils pas révélateurs<br />
plutôt d’une appréciation insuffisante<br />
par la partie algérienne des<br />
répercussions du démantèlement tarifaire<br />
sur nos entreprises ? Il me<br />
semble surtout que nos entreprises<br />
n’ont pas appréhendé tel qu’il se doit<br />
les retombées de cet accord et n’ont<br />
pas pris en considération les précautions.<br />
C’est pourquoi, l’expérience ré-<br />
UN PROCESSUS<br />
DOULOUREUX, MAIS PROMETTEUR<br />
«Pour les produits<br />
concernés par<br />
l’Accord<br />
d’association, j’ai pu<br />
noter une baisse sensible<br />
des<br />
exportations<br />
algériennes hors<br />
hydrocarbures<br />
vers l’UE»<br />
cente doit nous servir à envisager<br />
l’avenir avec plus de prudence et imposer<br />
que le travail de prospective intègre,<br />
dès à présent, la nécessité<br />
d’harmoniser les engagements contenus<br />
dans cet accord avec ceux des autres<br />
accords internationaux, en<br />
vigueur ou à venir, et de bien appréhender<br />
leurs répercussions sur nos<br />
entreprises. De même qu’il me parait<br />
indispensable que les pouvoirs publics<br />
mettent en œuvre les mesures<br />
d’ac<strong>com</strong>pagnement des processus de<br />
changement qui sont en cours ou qui<br />
se profilent. En effet, si le programme<br />
national de mise à niveau implique<br />
au premier chef les entreprises industrielles,<br />
les administrations publiques<br />
sont, elles, tout autant<br />
interpellées. Ce n’est qu’à cette condition<br />
que l’Accord d’association ne sera<br />
plus vécu <strong>com</strong>me une fatalité, sinon<br />
<strong>com</strong>me une opportunité de mettre nos<br />
entreprises dans un sentier de croissance,<br />
notamment à travers une politique<br />
de partenariat international<br />
efficace.<br />
Après le processus de Barcelone,<br />
voilà maintenant que<br />
les Européens proposent la<br />
PEV, la Politique européenne<br />
de voisinage. Quelle lecture<br />
faites-vous de cette nouvelle<br />
initiative ?<br />
Selon ses initiateurs, cette politique<br />
consiste à réviser les relations de l’UE<br />
après son élargissement à vingt-cinq<br />
Etats membres avec les pays tiers et<br />
ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />
33<br />
d’établir avec eux un dialogue politique<br />
bilatéral. C’est un peu l’esprit<br />
du processus de Barcelone avec sa notion<br />
de prospérité partagée. Je crois<br />
<strong>com</strong>prendre, aussi que l’UE promet,<br />
à travers ce projet, un accès plus facile<br />
au marché européen pour les<br />
pays de la rive sud de la Méditerranée.<br />
Echaudé par l’expérience du processus<br />
de Barcelone, je ne peux être<br />
que prudent pour ne pas dire sceptique.<br />
Mais laissons venir les choses<br />
et ne condamnons pas à l’avance un<br />
projet dont nous ne connaissons pas<br />
encore les véritables contours.<br />
Votre prudence semble excessive...<br />
Vous savez, les récentes mesures protectionnistes<br />
prises par la Commission<br />
européenne visant quasiment à<br />
interdire à une <strong>com</strong>pagnie <strong>com</strong>me la<br />
Sonatrach de s’impliquer en Europe<br />
dans la distribution d’énergie, me paraissent<br />
aujourd’hui contradictoires<br />
avec les principes de la PEV que vous<br />
évoquez. Vous <strong>com</strong>prenez alors que<br />
ma prudence est légitime. Mettre en<br />
adéquation des déclarations d’intention<br />
avec des pratiques au quotidien,<br />
c’est cela que nous attendons de nos<br />
partenaires européens. <br />
Entretien réalisé<br />
par Mohamed-Chérif Lachichi
ALGERIE<br />
ACCORD D’ASSOCIATION AVEC L’UNION EUROPÉENNE<br />
L E D O S S I E R D U M O I S<br />
STATISTIQUES DES ECHANGES EXTERIEURS DE L’ALGERIE AVEC<br />
L’UNION EUROPEENNE DANS LE CADRE DE L’ACCORD D’ASSOCIATION<br />
Comme le montre le tableau ci-après, les importations d’origine Union Européenne<br />
représentent une part de 54% du volume global des importations algériennes durant la période<br />
des huit premiers mois de l’année <strong>2007</strong>.<br />
Dans le cadre des échanges extérieurs<br />
de l’Algérie avec l’UE, une<br />
légère progression des opérations<br />
d’importation a été enregistrée durant<br />
la même période pour atteindre<br />
une proportion de plus de 14%. Cette<br />
évolution s’explique essentiellement<br />
par la mise en oeuvre de l’Accord d’association<br />
de l’Algérie avec l’UE en<br />
septembre 2005.<br />
En effet, les échanges extérieurs enregistrés<br />
durant les huit premiers<br />
mois <strong>2007</strong> dans le cadre de l’Accord<br />
d’association, montre une augmentation<br />
qui avoisine les 24% soit une valeur<br />
de 741 millions de dollars US par<br />
rapport à la même période de l’année<br />
2006.<br />
ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />
34<br />
Cette augmentation est caractérisée<br />
essentiellement par l’évolution des<br />
importations des produits industriels<br />
de plus de 17%, soit 358 millions de<br />
dollars US, et des produits relevant<br />
du protocole 2 avec une augmentation<br />
de l’ordre de 39%, soit l’équivalant de<br />
359 millions de dollars US. <br />
(*) Produits industriels relevant de<br />
l'annexe 2 de l'Accord d'Association<br />
Algérie-UE<br />
(**) Produits agricoles relevant du<br />
protocole 2 du même Accord<br />
(***) Produits de la pêche relevant<br />
du protocole 4 du même Accord<br />
(****) Produits agricoles transformés<br />
relevant du protocole 5 du<br />
même Accord<br />
ETAT COMPARATIF DES EXPORTATIONS<br />
DES PRODUITSHORS HYDROCARBURES VERS L’UNION EUROPEENNE<br />
Contrairement aux importations, les exportations hors hydrocarbures réalisées dans le cadre de cet Accord ont affiché<br />
une légère diminution de 3,24% entre les périodes des huit premiers mois (<strong>2007</strong>/2006). <br />
(*) Produits agricoles relevant<br />
des chapitres (1 à 24)<br />
(**) Produits industriels relevant<br />
des chapitres (25 à 97) sauf<br />
hydrocarbures
UN PROCESSUS<br />
DOULOUREUX, MAIS PROMETTEUR<br />
HABIB YOUSFI, PRÉSIDENT DE LA CGEA<br />
«IL EST INDISPENSABLE DE PROTÉGER L’OUTIL<br />
DE PRODUCTION NATIONAL»<br />
Avant l’entrée en vigueur de l’association avec l’Union, européenne, les patrons ont exprimé<br />
des réserves relatives au fait que les produits européens seraient susceptibles d’envahir le marché<br />
national et remettre en cause l’écoulement du produit national.<br />
La Confédération générale des entrepreneurs<br />
algériens est l’une<br />
des organisations patronales qui<br />
continuent d’agiter cet étendard qui<br />
résume leur crainte. Son président,<br />
Habib Yousfi, nous a indiqué que son<br />
organisation a, à plusieurs reprises,<br />
demandé des mesures pour sauvegarder<br />
l’outil de production nationale.<br />
Les entrepreneurs ne peuvent, à eux<br />
seuls, consentir cet effort car il y va<br />
d’une démarche relevant de la législation.<br />
«C’EST AU GOUVERNEMENT<br />
DE PRENDRE<br />
DES MESURES...»<br />
Habib Yousfi rappelle que les demandes<br />
du patronat ont été transmises<br />
au gouvernement à plusieurs<br />
reprises et ce, à l’occasion des rencontres<br />
bipartites, tripartites et autres<br />
rencontres. C’est au gouvernement de<br />
prendre des mesures pour que l’économie<br />
nationale soit protégée, a-t-il<br />
dit.<br />
Or, il est à constater que le patronat<br />
est naturellement adepte du libéralisme,<br />
mais il est moins enthousiaste<br />
lorsqu’il s’agit de l’ouverture des frontières<br />
et de la liberté de la circulation<br />
des marchandises. Pourquoi ? Les<br />
producteurs locaux ont l’habitude<br />
d’évoluer dans un marché protégé.<br />
L’intervention de l’Etat dans la<br />
sphère de l’économie est, dans ce cas,<br />
bénéfique au patronat et elle est souhaitable,<br />
sous prétexte de protection<br />
de l’outil de production nationale. M.<br />
Yousfi estime, par ailleurs, que cette<br />
protection est plutôt nécessaire pour<br />
procéder à la mise à niveau de l’entreprise<br />
algérienne. C’est dans ce sens<br />
que l’Accord d’association ne produit<br />
«Sans le marché<br />
national,<br />
il est inutile<br />
de parler<br />
d’œuvre<br />
de relance<br />
économique.»<br />
ses pleins effets que douze ans après<br />
son entrée en vigueur.<br />
Or, même la mise à niveau est mal<br />
assimilée par nombre de patrons<br />
d’entreprises algériennes, l’assimilant<br />
davantage à un financement<br />
sans contrepartie de l’entreprise.<br />
D’autres mécanismes sont prévus<br />
pour permettre aux patrons lésés par<br />
les clauses de l’Accord d’association,<br />
<strong>com</strong>me les requêtes qui sont examinées<br />
par une <strong>com</strong>mission. Des clauses<br />
de sauvegarde sont prévues, effectivement,<br />
y <strong>com</strong>pris dans le texte de l’accord.<br />
Même avec ces garanties, Habib<br />
Yousfi estime que l’ouverture des<br />
frontières est opérée à sens unique.<br />
L’argument de cette affirmation réside<br />
dans le fait que les exportations<br />
européennes sont les plus fortes vers<br />
l’Algérie qui n’exporte, soulignons le,<br />
que les hydrocarbures. Ce sont ces<br />
analyses qui font craindre au patronat<br />
la perte du marché national. Sans<br />
ce marché national, il est inutile,<br />
ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />
35<br />
selon notre interlocuteur, de parler<br />
d’œuvre de relance économique.<br />
COUVRIR D’ABORD<br />
LE MARCHÉ NATIONAL...<br />
En parlant de marché national,<br />
Habib Yousfi est conscient que les entreprises<br />
algériennes n’ont en réalité,<br />
qu’un marché régional. Même les Européens<br />
ont indiqué à plusieurs reprises<br />
que les producteurs locaux<br />
doivent d’abord couvrir le marché national<br />
avant de songer à exporter. Or,<br />
Yousfi met explique que certaines entreprises<br />
sont en quête de survie et<br />
non de recherche d’expansion.<br />
Alors, <strong>com</strong>me l’indiquent des sources<br />
de la <strong>com</strong>mission de suivi de la mise<br />
en œuvre de la zone de libre change<br />
entre l’Algérie et l’Union européenne,<br />
les discussions sur l’accord d’association<br />
mettent en relief les griefs sur la<br />
législation économique algérienne<br />
sans aucun lien avec les dispositions<br />
de l’accord. <br />
Ahmed Mesbah
ALGERIE<br />
ACCORD D’ASSOCIATION AVEC L’UNION EUROPÉENNE<br />
L E D O S S I E R D U M O I S<br />
L’ ALGERIE DANS LA ZONE DE LIBRE ECHANGE EURO-MEDITERRANEENNE<br />
QUE FAUT-IL ATTENDRE DE l’ACCORD D’ASSOCIATION ?<br />
Au regard des résultats des cinq premières années d’adhésion à l’espace économique<br />
euro-méditerranéen, l’ Algérie n’ a, à l’évidence, pas encore tiré profit de ce partenariat sur lequel<br />
étaient pourtant fondés beaucoup d’espoirs.<br />
Par Nordine GRIM<br />
L<br />
’Accord d’association avec l’Union<br />
européenne signé par le chef<br />
d’Etat algérien le 22 Avril 2002 à Valence<br />
et l’ordonnance approuvée un<br />
peu plus tard par le parlement algérien,<br />
avaient pourtant suffisamment<br />
bien balisé le cadre d’une coopération<br />
exemplaire allant au-delà d’un simple<br />
partenariat <strong>com</strong>mercial. Il s’agissait<br />
certes, d’œuvrer à l’essor économique<br />
mutuel, mais également, de travailler<br />
au mieux être des Algériens, en les aidant,<br />
notamment, à démocratiser<br />
leur mode gouvernance et à circuler<br />
plus librement à travers les pays signataires<br />
de l’accord.<br />
Si aucune avancée n’a, à l’évidence,<br />
été enregistrée dans ces deux domaines<br />
auxquels étaient tout particulièrement<br />
sensibles les Algériens,<br />
prêts à faire de douloureuses concessions,<br />
en échange d’une aide effective<br />
à la libre circulation des personnes et<br />
à la démocratisation de leur pays, il<br />
n’en demeure pas moins que sur le<br />
plan économique, la mise en œuvre<br />
du processus d’adhésion a quelque<br />
peu progressé, mais pas du tout à<br />
l’avantage de l’économie algérienne.<br />
LE DÉMANTÈLEMENT<br />
TARIFAIRE ET FISCAL<br />
FRAGILISE LES ENTREPRISES<br />
Les démantèlements tarifaire et fiscal<br />
effectués par les administrations<br />
douanière et fiscale algériennes en<br />
application de l’Accord visant à créer<br />
une zone de libre échange entre les<br />
pays des deux rives de la Méditerranée,<br />
a contribué beaucoup plus à fragiliser<br />
les entreprises déjà très<br />
fortement laminées par les ajustements<br />
structurels des années 90 et la<br />
concurrence déloyale qui s’est massivement<br />
installée en Algérie à l’aune<br />
L’outil national de<br />
production qui<br />
bénéficiait de<br />
certains avantages<br />
<strong>com</strong>merciaux, s’est<br />
vu subtilisé<br />
d’importantes parts<br />
du marché par des<br />
entreprises<br />
étrangères<br />
d’une libéralisation débridée du <strong>com</strong>merce<br />
extérieur. Le préjudice subi<br />
par les entreprises algériennes est<br />
d’autant important qu’elles n’étaient<br />
pas préparées à affronter des sociétés<br />
européennes beaucoup plus performantes,<br />
de surcroît, déterminées à ne<br />
pas laisser «les nouveaux venus» leur<br />
ravir des parts de marché. Ce risque<br />
de <strong>com</strong>pétition inégale entre les<br />
firmes modernes européennes et<br />
celles, beaucoup plus archaïques, du<br />
sud de la Méditerranée, avait pourtant<br />
été évoqué dans l’accord cadre de<br />
Barcelone, qui prévoyait de ne pas<br />
laisser un partenaire <strong>com</strong>me l’Algérie,<br />
seul face à la logique du libre<br />
échange. L’Union européenne devait,<br />
à titre d’exemple, ac<strong>com</strong>pagner le processus<br />
de démantèlement tarifaire<br />
qui lui est exigé, en accordant aux entreprises<br />
algériennes des mesures<br />
d’appui multiformes, destinées à<br />
amortir le choc de l’ouverture. Au<br />
ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />
36<br />
terme du processus de démantèlement<br />
qui a déjà affecté, totalement ou<br />
partiellement, plus de 3000 produits<br />
depuis le lancement de la première<br />
opération de démantèlement en septembre<br />
2005, force est de constater<br />
que l’Union européenne n’a pas, ou en<br />
tous cas très peu, tenu ses engagements<br />
en matière de soutien aux entreprises<br />
algériennes, très peu<br />
nombreuses d’ailleurs, à avoir bénéficié<br />
des aides à la modernisation et à<br />
la mise à niveau promises. L’outil national<br />
de production qui bénéficiait localement<br />
de certains avantages<br />
<strong>com</strong>merciaux, s’est vu subtilisé d’importantes<br />
parts du marché local par<br />
des entreprises étrangères, sans pour<br />
autant être en mesure de les <strong>com</strong>penser<br />
par des débouchés extérieurs que<br />
très peu d’entreprises ont la chance<br />
de conquérir, eu égard à la <strong>com</strong>pétition<br />
inégale constatée au niveau des<br />
marchés internationaux.<br />
<br />
Le risque de <strong>com</strong>pétition inégale entre les firmes<br />
modernes européennes et celles, archaïques, du sud, avait<br />
pourtant été évoqué dans l’accord cadre de Barcelone, qui<br />
prévoyait de ne pas laisser un partenaire <strong>com</strong>me l’Algérie,<br />
seul face à la logique du libre échange.
Les chefs d’entreprise, à travers leur<br />
association, le Forum des chefs d’entreprise,<br />
ont souvent exprimé des ressentiments<br />
à l’égard de l’Union<br />
européenne accusée de ne pas avoir<br />
tenu ses engagements contractuels,<br />
notamment, en matière d’aide pour la<br />
mise à niveau, mais aussi et surtout,<br />
à l’égard des négociateurs algériens<br />
qui n’ont même pas pris la peine de<br />
les associer aux pourparlers, alors<br />
qu’ils sont les premiers concernés, par<br />
les retombées économiques et <strong>com</strong>merciales<br />
de l’accord. Ils n’ont du<br />
reste pas hésité à accuser ces négociateurs<br />
d’avoir, à certains égards, fait<br />
preuve de naïveté en acceptant de démanteler,<br />
aussi vite et aussi massivement,<br />
la protection douanière dont<br />
bénéficiaient les entreprises algériennes<br />
qui n’avaient pu se maintenir<br />
qu’à la faveur de cette protection. On<br />
a, dit-on, offert sur un plateau, tous<br />
les segments intéressants du marché<br />
intérieur, autour desquels pouvaient<br />
se mouvoir et se développer les entreprises<br />
algériennes qui n’ont et, n’auront<br />
pour longtemps encore, que le<br />
marché autochtone, de 32 millions de<br />
consommateurs, <strong>com</strong>me débouché.<br />
LA CRAINTE<br />
D’UNE CASSURE...<br />
Ils redoutent une casse sans précédent<br />
de l’outil national de production<br />
du reste largement entamée par les<br />
ajustements structurels et les restructurations<br />
fait dans la hâte dans<br />
les années quatre-vingt et quatrevingt-dix.<br />
C’est un jugement que ne<br />
partagent évidemment pas les pouvoirs<br />
publics concernés qui, à l’instar<br />
du ministre de l’Industrie et de la<br />
Promotion de l’Investissement, rétorque<br />
en affirmant à l’occasion d’une<br />
UN PROCESSUS<br />
DOULOUREUX, MAIS PROMETTEUR<br />
conférence organisée par le Club Excellence<br />
Management, ne connaître<br />
aucun pays au monde qui ait été économiquement,<br />
ni même politiquement,<br />
fragilisé par son adhésion à la<br />
zone de libre échange euro-méditerranénne,<br />
mais qu’il connaît par contre<br />
des pays, parmi lesquels nos voisins<br />
maghrébins, qui en ont tiré grandement<br />
profit. Le choc et les désagréments,<br />
subis par certaines<br />
entreprises ne seraient que le prix à<br />
payer par le <strong>com</strong>mencement du processus,<br />
les pays qui s’y engagent gagnent<br />
en retour, d’intéressantes<br />
retombées, parmi lesquelles, l’émergence<br />
d’authentiques firmes, capables<br />
de tirer leur épingle du jeu, de la<br />
concurrence sans frontières.<br />
DES OBJECTIFS DÉJÀ<br />
ATTEINTS PAR LES TUNISIENS<br />
ET MAROCAINS<br />
Bien conduite, l’adhésion de l’Algérie<br />
à la zone de libre échange pourrait se<br />
traduire positivement par un surcroît<br />
d’investissements directs étrangers<br />
(IDE), l’amélioration de notre système<br />
bancaire, la mise à niveau de<br />
nos entreprises et, pourquoi pas,<br />
l’émergence à terme d’un secteur<br />
privé performant. De tels objectifs ont<br />
été largement atteints par nos voisins<br />
tunisiens et marocains qui avaient<br />
conclu bien avant nous, respectivement<br />
en 1995 et en 1996, le même accord.<br />
Et, notre ministre de conclure<br />
en substance, ne pas <strong>com</strong>prendre<br />
pourquoi l’Algérie devrait échouer là<br />
où des pays, moins bien lotis que le<br />
nôtre, ont réussi. C’est évidemment<br />
une appréciation exagérément optimiste<br />
d’un homme politique qui a le<br />
devoir de défendre l’action de son gouvernement.<br />
C’est à l’évidence un<br />
Bien conduite, l’adhésion de l’Algérie à la zone<br />
de libre échange pourrait se traduire positivement<br />
par un surcroît d’investissements directs étrangers (IDE),<br />
l’amélioration de notre système bancaire,<br />
la mise à niveau de nos entreprises et, pourquoi<br />
pas, l’émergence à terme d’un secteur privé performant.<br />
ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />
37<br />
point de vue qui n’est malheureusement<br />
valable que pour les pays qui<br />
disposent d’un Etat fort, capable d’assumer<br />
ses missions de régulation<br />
(concurrence, lutte contre la contrefaçon<br />
et l’informel, outils de l’économie<br />
de marché mis en place, etc.), de mettre<br />
en œuvre des réformes, de les<br />
faire appliquer et, bien entendu, de<br />
veiller à l’application des engagements<br />
contractuels envers l’Algérie,<br />
pris par les organismes supranationaux,<br />
<strong>com</strong>me l’Union européenne et<br />
l’OMC.<br />
UN CONSTAT DÉCEVANT<br />
En l’absence de retombées positives et<br />
palpables sur le fonctionnement général<br />
de l’économie, le chef d’entreprise<br />
algérien, tout <strong>com</strong>me le simple citoyen,<br />
ne peut se faire une opinion sur les retombées<br />
positives ou négatives de l’accord<br />
d’association, qu’en fonction de ses<br />
conséquences sur le vécu quotidien. Vu<br />
sous cet angle, le constat est pour le<br />
moins décevant. Le démantèlement tarifaire<br />
et fiscal (baisse de la TVA) qui a<br />
affecté de nombreux produits importés<br />
et fabriqués localement, n’a pas <strong>com</strong>me<br />
promis, engendré des baisses de prix.<br />
Bien au contraire, tous les articles<br />
d’importation ont vu leurs prix augmenter<br />
et, il en est de même, pour les<br />
produits locaux usinés à partir d’inputs<br />
importés. L’envolée de l’euro, l’augmentation<br />
des prix de certaines matières<br />
premières au niveau mondial, l’inflation<br />
auraient largement <strong>com</strong>pensé les<br />
baisses de prix attendues du démantèlement<br />
tarifaire. Quand bien même elle<br />
serait objective, cette conjonction de<br />
facteurs, ne suffit pas à convaincre les<br />
chefs d’entreprise, encore moins les citoyens<br />
ordinaires, de ces envolées de<br />
prix, qui mettent à rude épreuve leur<br />
pouvoir d’achat, sans qu’ils ne soient<br />
pour autant sûrs d’être payés en retour<br />
par un futur mieux être.<br />
Pour bon nombre de nos chefs d’entreprise,<br />
les démantèlements tarifaires ont<br />
beaucoup fragilisé les entreprises qui<br />
évoluaient avec une certaine aisance<br />
sur le marché local. Les marchandises<br />
étrangères, notamment asiatiques,<br />
créent une concurrence à laquelle ils ne<br />
pourront jamais faire face.
ALGERIE<br />
ACCORD D’ASSOCIATION AVEC L’UNION EUROPÉENNE<br />
L E D O S S I E R D U M O I S<br />
QUE FAUT-IL ATTENDRE DE l’ACCORD D’ASSOCIATION ?<br />
<br />
Pour preuve, les entreprises européennes<br />
incapables de concurrencer<br />
les produits chinois, en dépit de leur<br />
excellente performance productive.<br />
En Algérie, le constat déjà alarmant,<br />
a toutes les chances de s’aggraver au<br />
gré des démantèlements tarifaires<br />
qui seront effectués progressivement.<br />
A moins d’une mise à niveau dont bénéficieraient<br />
plus d’un millier d’entreprises<br />
algériennes durant les toutes<br />
prochaines années, il y a peu de<br />
chance pour que s’enclenche une dynamique<br />
d’exportations hors hydrocarbures<br />
qui changerait<br />
significativement les données du <strong>com</strong>merce<br />
extérieur algérien outrageusement<br />
dominé par les exportations<br />
d’hydrocarbures.<br />
L’ATTIRANCE<br />
DES IDE N’A PAS SUIVI<br />
L’attraction des investissements directs<br />
étrangers qui devait résulter de<br />
l’accord d’association, mais surtout,<br />
de la promptitude du gouvernement<br />
algérien à procéder aux démantèlements<br />
tarifaires programmés, n’a<br />
également pas suivi, affirment les<br />
chefs d’entreprises qui constatent<br />
que, hors mis le secteur des hydrocarbures,<br />
les IDE n’ont guère excédé<br />
5OO millions par an, en moyenne, au<br />
cours de ces cinq dernières années.<br />
Des investissements très insuffisants,<br />
de surcroît, destinés beaucoup plus à<br />
doper l’économie de bazar (produits<br />
importés vendus en l’état) qu’à insuffler<br />
une dynamique à l’économie productive.<br />
A ce propos, une étude sur<br />
les impacts macro-économiques et<br />
sectoriels, publiée en janvier 2003 par<br />
la société internationale de Conseil<br />
Sema Schlumberger, avait déjà bien<br />
cerné les difficultés qui attendent<br />
l’économie algérienne en général et<br />
les entreprises en particulier, du fait<br />
de la mise en œuvre de cet accord.<br />
L’étude en question conclut textuellement<br />
que «l’accord d’association et en<br />
particulier la mise en application du<br />
processus de démantèlement tarifaire<br />
aura très vraisemblablement un impact<br />
négatif sur l’économie algérienne,<br />
du moins dans le cours terme,<br />
d’autant que l’augmentation des exportations<br />
des produits algériens vers<br />
l’Europe résultant de l’accord d’association<br />
sera vraisemblablement très<br />
faible».<br />
La mise en œuvre de l’accord étant récente<br />
et son application graduelle, il<br />
est évidemment trop tôt pour arrêter<br />
un bilan exhaustif de ses répercussions,<br />
aussi bien négatives que positives,<br />
sur l’économie, les entreprises<br />
et les Algériens en général. Il est, toutefois,<br />
certain que si les entreprise locales<br />
venaient à être livrées à la<br />
concurrence étrangère sans prépara-<br />
En Algérie, le constat déjà<br />
alarmant, a toutes<br />
les chances de<br />
s’aggraver au gré des<br />
démantèlements<br />
tarifaires. A moins d’une<br />
mise à niveau dont<br />
bénéficieraient plus<br />
d’un millier d’entreprises<br />
algériennes, il y a peu de<br />
chance pour que s’enclenche<br />
une dynamique d’exportations<br />
hors hydrocarbures.<br />
tion préalable, très peu d’entre elles<br />
en réchapperaient. Peu performantes<br />
et empêtrées dans d’inextricables problèmes<br />
de sureffectifs, les entreprises<br />
algériennes, notamment celles du secteur<br />
public, auront en effet, peu de<br />
chance de survivre. C’est pourquoi<br />
d’aucuns pensent qu’à l’horizon 2010,<br />
la concurrence internationale aura<br />
très largement laminé le secteur public<br />
algérien pour ne laisser place<br />
qu’à quelques entreprises, qui émergeront<br />
d’ici là.<br />
Il reste, enfin, à s’interroger sur la fi-<br />
ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />
38<br />
nalité de cet accord qui instaure le<br />
libre circulation des marchandises,<br />
mais qui restreint la liberté de ceux<br />
qui les produisent, empêchés par<br />
leurs partenaires européens, de circuler<br />
librement dans leurs pays. Il s’agit<br />
là d’une véritable discrimination qui<br />
peut faire légitiment penser que cet<br />
accord, <strong>com</strong>me du reste tous les accords<br />
associant des pays développés<br />
aux pays émergents, obéissent beaucoup<br />
plus à une logique de domination<br />
qu’à une logique de coopération.<br />
UN MAGHREB INCAPABLE<br />
DE S’UNIR POUR RIPOSTER...<br />
Cette logique de domination trouve<br />
aussi, de bonnes raisons de s’appliquer<br />
aux pays du Maghreb incapables<br />
de s’unir pour riposter d’une seule<br />
voix aux velléités de domination. Un<br />
bon accord d’association étant par définition<br />
un partenariat basé sur un<br />
bon équilibre entre les concessions et<br />
les contreparties que s’octroient les<br />
parties négociantes pour préserver<br />
leurs intérêts mutuels. Les Algériens,<br />
tenus dans le secret des négociations,<br />
s’interrogent sur la nature de ces<br />
contreparties que les négociateurs<br />
sont censés avoir arraché en contrepartie<br />
de tout ce qu’il ont concédé aux<br />
Européens. Des subventions serontelles<br />
accordées par l’Union européenne<br />
pour <strong>com</strong>penser les manques<br />
à gagner budgétaires résultant du démantèlement<br />
tarifaire ? En contrepartie<br />
de l’ouverture de son marché<br />
aux entreprises européennes, l’Algérie<br />
a-t-elle la certitude de faire bénéficier<br />
ses entreprises d’actions<br />
précises et rapides quant à une mise<br />
à niveau ? Quelles sont les engagements<br />
précis de l’Union européenne<br />
en matière de facilitation de la circulation<br />
des personnes dans son espace<br />
? Quels sont ses engagements en matière<br />
de promotion de la démocratie et<br />
des droits de l’Homme dans notre<br />
pays ? Que reçoit l’Algérie en échange<br />
de sa collaboration dans la lutte antiterroriste<br />
engagée par l’Europe ? Autant<br />
de questions que les Algériens se<br />
posent autour de cet accord conclu et<br />
mis en œuvre, sans concertation. <br />
N. G.
ALGERIE<br />
ACCORD D’ASSOCIATION AVEC L’UNION EUROPÉENNE<br />
L E D O S S I E R D U M O I S<br />
LE TRANSPORT INTERMODAL DANS LE CADRE<br />
DE LA ZONE DE LIBRE ÉCHANGE EURO-MED<br />
Par Abdeladim Benallegue<br />
L’ étendue géographique<br />
du pays et la dépendance de<br />
son économie des échanges<br />
<strong>com</strong>merciaux extérieurs<br />
confèrent au secteur des<br />
transports un rôle déterminant<br />
en matière d’intégration socioéconomique,<br />
tant au plan<br />
national qu’international. Ce rôle<br />
est d’autant plus important qu’il<br />
doit répondre aux exigences<br />
de l’économie de marché<br />
nouvellement introduite et à la<br />
création d’une zone de libre<br />
échange autour du bassin<br />
Méditerranéen.<br />
L’ ALGÉRIE<br />
CARREFOUR<br />
DES ÉCHANGES<br />
A l’échelle d’un pays ou d’une région,<br />
et plus largement encore dans les<br />
échanges internationaux, les questions<br />
liées aux systèmes de transport<br />
et de <strong>com</strong>munications occupent une<br />
place centrale et l’intégration économique<br />
du pays à l’environnement<br />
mondial ne saurait se concevoir sans<br />
un système performant.<br />
Au plan des échanges internationaux,<br />
un tel réseau favorise les exportations<br />
et participe activement aux<br />
chaînes logistiques des approvisionnements,<br />
tout en offrant les facilitations<br />
nécessaires à l’implantation des<br />
investissements directs étrangers. De<br />
fait, la décision d’orientation des flux<br />
d’Investissements Directs Etrangers<br />
(IDE) vers un pays ou une région est<br />
généralement subordonnée à la disponibilité,<br />
au niveau de développement<br />
et à l’accessibilité des<br />
infrastructures et des services et,<br />
plus généralement, de la logistique.<br />
La position de l’Algérie, centrale au<br />
Maghreb, au carrefour des échanges<br />
euro-africains et arabes, ne la laisse<br />
pas indifférente aux mutations régionales<br />
et internationales dues à la globalisation.<br />
Cette démarche s’intègre dans le<br />
cadre du développement durable des<br />
relations Nord-Sud et Est-Ouest, notamment<br />
par la mise en place des investissements<br />
en infrastructures.<br />
L’importance de l’Algérie ressort également<br />
de la densité des échanges en<br />
volume qui représentent 40 % des<br />
opérations de transports entre<br />
l’Union Européenne et ses partenaires<br />
du Sud et de l’Est de la Méditerranée,<br />
notamment en raison des<br />
hydrocarbures.<br />
ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />
40<br />
LA DÉMARCHE<br />
GLOBALE D’INTÉGRATION<br />
DES RÉSEAUX DE TRANSPORT<br />
La démarche globale d’intégration<br />
des réseaux de transport des pays<br />
partenaires méditerranéens au réseau<br />
européen a été lancée en application<br />
de la Déclaration de Barcelone<br />
de Novembre 1995 et présentée lors<br />
de la conférence pan-européenne des<br />
transports qui s’est tenue à Helsinki<br />
en juin 1997.<br />
Le mandat politique fixé à Barcelone<br />
pour le secteur des transports tient<br />
en quelques points clés tels que les infrastructures,<br />
l’organisation des opérations<br />
de transport, la liberté de<br />
prestations de services de transport<br />
international et enfin, la sécurité et<br />
le respect de l’environnement.<br />
Le partenariat euro-méditerrannéen<br />
apporte, ainsi, une dimension multilatérale<br />
et globale aux relations au<br />
sein de la région. Le cadre de coopération<br />
dans le secteur des transports est<br />
basé sur l’intégration des réseaux<br />
afin de permettre la création d’un espace<br />
dans lequel les personnes et les<br />
biens circuleront plus facilement.
Des objectifs plus spécifiques sont définis<br />
pour les infrastructures de<br />
transport, soit l’interconnexion des<br />
réseaux nationaux d’infrastructures<br />
de transport dans tous les pays<br />
concernés pour créer des réseaux<br />
multimodaux et inter opérables.<br />
Pour ce faire, il est nécessaire que la<br />
planification de ces réseaux de transport<br />
multimodaux tienne <strong>com</strong>pte des<br />
flux réels et prévus de marchandises<br />
et de passagers et que les réseaux<br />
soient cohérents et coordonnés. D’une<br />
façon générale, les politiques soussectorielles<br />
qui sont mises en œuvre<br />
doivent tenir <strong>com</strong>pte des impératifs<br />
découlant de l’Accord d’association<br />
conclu avec l’Union Européenne, notamment<br />
en termes de mise en place<br />
de la zone de libre échange et des<br />
connexions intra-maghrébines et<br />
euro-maghrébines, pour en maximiser<br />
les avantages par le parachèvement<br />
d’un espace de «transport<br />
<strong>com</strong>mun multimodal sans heurt»<br />
dans toute la région euro-méditerranéenne.<br />
EN TERMES<br />
D’INFRASTRUCTURES : MISE<br />
EN PLACE D’UN CORRIDOR<br />
Compte tenu des perspectives de<br />
croissance du trafic inter-maghrébin<br />
et de la projection des échanges euroméditerranéens,<br />
cela a induit la nécessité<br />
de développer la mise en place<br />
d’un corridor de transport de grande<br />
capacité, (passagers et marchandises).<br />
Ce corridor multimodal transmaghrébin<br />
et ses deux principales<br />
<strong>com</strong>posantes ferroviaire et autoroutière<br />
a été retenu <strong>com</strong>me l'un des corridors<br />
principaux pour la<br />
Méditerranée occidentale et les possibilités<br />
de cabotage maritime. Ce corridor<br />
permet de relier entre elles les<br />
grandes agglomérations. Un certain<br />
nombre de branchements perpendiculaires<br />
permettent de le relier également<br />
aux grands points d'échange,<br />
assurant ainsi la desserte des grands<br />
pôles par les ports.<br />
Ce corridor a pris la forme d’un axe<br />
ferroviaire/autoroutier de grande capacité<br />
aussi bien pour les passagers.<br />
A ce titre, le réseau maghrébin,<br />
UN PROCESSUS<br />
DOULOUREUX, MAIS PROMETTEUR<br />
constitué d’une ligne connectant les<br />
trois pays, (Algérie, Tunisie et Maroc)<br />
et desservant la plupart des ports et<br />
des zones d’habitat et d’activités importantes<br />
de la région, a été retenu<br />
dans le cadre des corridors de transport<br />
euro-méditerranéens. La réalisation<br />
de la liaison fixe à travers le<br />
détroit de Gibraltar permettra son interconnexion<br />
au réseau européen via<br />
l’Espagne.<br />
Alors que les bases<br />
de la zone de libre échange<br />
euro-méditerranéenne<br />
se mettent progressivement<br />
en place, la mise<br />
à niveau des systèmes<br />
de transport dans<br />
les pays de la rive<br />
Sud de la Méditerranée<br />
apparaît de<br />
ce fait plus que jamais<br />
prioritaire.<br />
Le programme d’action, en matière<br />
d’infrastructure portuaire porte également<br />
sur un ensemble de mesures<br />
de renforcement, de reconstruction et<br />
d’aménagement. Un schéma national<br />
de développement de ces infrastructures<br />
a été élaboré pour intégrer les<br />
évolutions futures du trafic notamment<br />
dans le cadre euro-méditerranéen.<br />
Depuis la Conférence de Barcelone,<br />
un large consensus a vu le jour en Algérie<br />
: la réforme des transports fait<br />
partie intégrante des ajustements<br />
ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />
41<br />
économiques au niveau national ainsi<br />
que de la coopération intergouvernementale<br />
au niveau régional.<br />
La réforme du secteur des transports<br />
constitue ainsi la base de promotion<br />
de l’environnement attractif pour l’investissement<br />
notamment privé. Elle<br />
a porté sur trois points fondamentaux<br />
: l’adaptation du cadre institutionnel,<br />
législatif et réglementaire, afin de<br />
supprimer les entraves à la libre prestation<br />
de services de transport et de<br />
moderniser la gestion des flux de trafic,<br />
le rapprochement des normes et le<br />
contrôle de leur application par les<br />
autorités nationales, afin d’éviter les<br />
distorsions de concurrence et l’amélioration<br />
de l’interface des services de<br />
transport avec les autres secteurs.<br />
Les conditions de réussite de cette démarche<br />
résident essentiellement<br />
dans l’accélération du rythme des réformes<br />
entreprises – cadre institutionnel,<br />
législatif notamment –, la<br />
redéfinition du rôle de l’Etat (désengagement)<br />
et la correction des déséquilibres<br />
structurels hérités du<br />
passé. D’où la nécessité d’une action<br />
à la fois réformatrice et structurelle<br />
dans le domaine des systèmes et réseaux<br />
de transports.<br />
EN TERMES OPÉRATIONNEL :<br />
RATTRAPAGE<br />
ET MISE À NIVEAU<br />
DU SYSTÈME ALGÉRIEN<br />
Cette démarche s’est caractérisée par<br />
la restructuration de l’économie des<br />
transports et des réformes profondes<br />
dans le sens de la démonopolisation<br />
et de la libéralisation des activités de<br />
transport. Il s’agissait, en fait, de passage<br />
d’une régulation publique à une<br />
régulation par le marché par l’adoption<br />
de nouvelles règles de fonctionnement<br />
du marché des transports par<br />
la création de fonction et de métiers<br />
de <strong>com</strong>missionnaires de transport en<br />
tant qu’organisateur du marché, la<br />
prise en <strong>com</strong>pte de la préoccupation<br />
du développement du transport international<br />
et la mise en place des outils,<br />
mécanismes et procédures devant faciliter<br />
la circulation des marchandises.
ALGERIE<br />
ACCORD D’ASSOCIATION AVEC L’UNION EUROPÉENNE<br />
L E D O S S I E R D U M O I S<br />
LE TRANSPORT<br />
INTERMODAL<br />
DANS LE CADRE<br />
DE LA ZONE DE LIBRE<br />
ÉCHANGE EURO-MED<br />
Ces actions positives de libération des<br />
énergies et des initiatives dans ce domaine<br />
n’ont qu’un impact limité sur<br />
le transport routier international qui<br />
demeure encore très marginal au niveau<br />
des échanges extérieurs. Cette<br />
situation est due en particulier à la<br />
structure du <strong>com</strong>merce extérieur dominé<br />
par les opérations d’import/export<br />
transitant par la voie maritime,<br />
à travers les ports. Le transport maritime<br />
occupe à ce titre une place largement<br />
prépondérante.<br />
Il est noté, par ailleurs, que le passage<br />
de la régulation administrative<br />
à la régulation économique ne s’est<br />
pas ac<strong>com</strong>pagné de mesures de soutien<br />
et d’adaptation aux nouvelles<br />
exigences, la formation professionnelle<br />
dans le domaine des activités de<br />
transport n’a pas fait l’objet d’un programme<br />
spécifique adapté à la nouvelle<br />
conjoncture, le<br />
contrôle du respect de la réglementation<br />
n’a pas été<br />
institué de manière objective,<br />
rigoureuse et continue,<br />
l’investissement dans les<br />
transports de marchandises,<br />
en particulier international,<br />
n’a pas bénéficié<br />
de mesures incitatives pouvant<br />
permettre son développement,<br />
les entreprises<br />
de transport routier présentent<br />
des insuffisances importantes<br />
en matière de<br />
taille et de structures des<br />
coûts, problèmes accentués<br />
par des coûts élevés des<br />
passages maritimes et portuaires.<br />
Les trafics engendrés par le<br />
<strong>com</strong>merce extérieur avec<br />
l’Europe constituent la majeure<br />
partie des mouve-<br />
ments internationaux. Ils sont couverts<br />
par différents textes juridiques<br />
à portée internationale tels que la<br />
Convention de transport international<br />
par route (TIR) à laquelle l’Algérie<br />
a adhéré, il y a une vingtaine<br />
d’années sans l’avoir appliquée à ce<br />
jour.<br />
L’Algérie est également concernée<br />
par les conventions européennes réglementant<br />
les opérations de transport<br />
dans le cas où elle déciderait<br />
d’introduire ses véhicules sur le territoire<br />
des pays de cette zone en matière<br />
de législation sociale (âge des<br />
conducteurs, temps de conduite), l’obtention<br />
des autorisations d’accès frontalier<br />
et de circulation sous le couvert<br />
de convention bilatérale ou de droit<br />
<strong>com</strong>mun, la dotation des véhicules<br />
d’équipements de contrôle et de suivi<br />
de leur d’évolution, la documentation<br />
d’ac<strong>com</strong>pagnement à présenter aux<br />
réquisitions des autorités et enfin,<br />
d’appareillage de contrôle embarqué.<br />
Le transport routier international en<br />
<strong>com</strong>plément des traversées maritimes<br />
ne connaît pas particulièrement<br />
de développement et<br />
d’encouragement de la part des pouvoirs<br />
publics au niveau national.<br />
Même si les procédures à l’export sont<br />
L’absence de véritables entreprises<br />
de transport de marchandises dotées<br />
de personnels qualifiés pouvant s’occuper<br />
de transport international a induit<br />
une concurrence déloyale de la part<br />
des opérateurs étrangers mieux<br />
structurés et maîtrisant largement<br />
la chaîne des transports.<br />
ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />
42<br />
plus souples qu’à l’import, il reste que<br />
les opérations de transport routier international<br />
sont soumises à de nombreuses<br />
contraintes.<br />
LE TRANSPORT MULTIMODAL<br />
ET LA CHAÎNE LOGISTIQUE<br />
ENTRE LES DEUX RIVES<br />
DE LA MÉDITERRANÉE<br />
Ce type de transport est peu développé.<br />
Il est quasiment nul pour les<br />
transports intérieurs. Cette situation<br />
est le résultat de l’absence d’une vision<br />
globale :<br />
- pas de normalisation des unités de<br />
charge aux ports, aéroports et gares<br />
ferroviaires ;<br />
méconnaissance des avantages que<br />
procure le transport de bout en bout<br />
par les importateurs qui continuent à<br />
confier dans la majorité des cas le<br />
transport de leurs marchandises aux<br />
fournisseurs ;<br />
faible réglementation des métiers<br />
des intervenants de la chaîne multimodale<br />
;<br />
faibles dessertes ferroviaires des<br />
ports ;<br />
insuffisante conteneurisation des<br />
marchandises conteneurisables ;<br />
engorgement des ports et absence<br />
de fluidité de la circulation<br />
routière dans les hinterlands<br />
;<br />
sous-exploitation des<br />
équipements de traitement<br />
du fret international dans<br />
les gares routières et ferroviaires<br />
;<br />
insuffisantes informatisations<br />
des documents et procédures<br />
;<br />
incohérence des programmes<br />
de travail entre<br />
les différents intervenants<br />
de la chaîne de transport ;<br />
absence de capacité de ré-<br />
ception extra-portuaire<br />
(port-sec) ;<br />
absence de motivation et<br />
de <strong>com</strong>pétence des différents<br />
maillons de la chaîne<br />
(notamment les <strong>com</strong>missionnaires<br />
et autres auxiliaires).<br />
<br />
A. B.
UN PROCESSUS<br />
DOULOUREUX, MAIS PROMETTEUR<br />
MISE EN PLACE D’UN CADRE OPÉRATIONNEL DE COOPÉRATION DANS LA RÉGION<br />
LES ACTIONS ET INSTRUMENTS<br />
DE RÉÉQUILIBRAGE<br />
Par Abdeladim Benallegue<br />
La mise en place d’un cadre<br />
opérationnel de coopération<br />
dans la région<br />
méditerranéenne nécessite,<br />
avant tout, un certain nombre<br />
d’actions devant contribuer<br />
à lever les contraintes, mais aussi<br />
mettre en place des instruments<br />
de rééquilibrage des relations<br />
d’affaires entre les deux<br />
rives de la Méditerranée.<br />
Les actions et les instruments de<br />
rééquilibrage portent sur les éléments<br />
suivants :<br />
développer des plates-formes logistiques<br />
multimodales au sein des pays<br />
maghrébins en intégrant les technologies<br />
les plus performantes en matière<br />
de transport, de manutention,<br />
de stockage, et massifier les flux sur<br />
quelques nœuds (plates-formes principales<br />
ou HUB) soigneusement sélectionnées<br />
et judicieusement localisées<br />
pour dégager les ports et garantir une<br />
meilleure fluidité lors du passage portuaire<br />
;<br />
mettre en place des centres logistiques<br />
extra-portuaires et encourager<br />
les ports maghrébins à développer<br />
leurs plates-formes logistiques extraportuaires<br />
pour se positionner par<br />
rapport aux concurrents notamment<br />
les opérateurs internationaux qui<br />
s’installent progressivement dans<br />
chacun des pays et instaurent une pénétration<br />
du marché de plus en plus<br />
offensive ;<br />
mettre en place un cadre juridique<br />
devant permettre d’avoir un interlocuteur<br />
unique responsable de l’exécution<br />
de l’ensemble des opérations<br />
physiques de bout en bout ;<br />
adopter des conditions uniformes<br />
d’assurances devant couvrir les opé-<br />
rateurs de transport ;<br />
harmoniser les systèmes d’échanges<br />
de données informatiques entre les différents<br />
intervenants (douanes, chargeurs,<br />
transporteurs, banquier,…) ;<br />
normaliser les équipements (conteneurs,<br />
palettes, wagons, véhicules, ) ;<br />
créer des entreprises de transport<br />
international de marchandises dotées<br />
de matériel normalisé et de personnels<br />
<strong>com</strong>pétents, réglementer la profession<br />
et encadrer le respect des<br />
règles ;<br />
encourager le regroupement des entreprises<br />
de transport international<br />
afin d’améliorer leur <strong>com</strong>pétitivité,<br />
accroître leur part de marché et faciliter<br />
leur établissement en Europe ;<br />
développer le partenariat entre les<br />
entreprises algériennes et européennes<br />
permettant de faciliter l’accès<br />
au réseau international de<br />
transport ;<br />
développer des services auxiliaires<br />
notamment les assurances spécialisées<br />
dans le transport international<br />
de marchandises particulièrement de<br />
bout en bout, afin de pouvoir offrir<br />
des produits intégrés à des prix <strong>com</strong>pétitifs<br />
;<br />
encourager le recours aux services<br />
de bureaux de vérification professionnelle<br />
pour contrôler la cargaison et<br />
les spécifications techniques des équi-<br />
ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />
43<br />
pements ;<br />
améliorer le <strong>com</strong>portement des principaux<br />
acteurs de la chaîne notamment<br />
la douane ainsi que les aconiers<br />
par une meilleure organisation des<br />
opérations de manutention et des rendements<br />
du traitement de la marchandise<br />
lors du passage portuaire ;<br />
renforcer le rôle du transport ferroviaire<br />
dans la chaîne de transport<br />
porte-à-porte pour réduire les coûts,<br />
pour limiter l’engorgement des infrastructures<br />
routières et autoroutières<br />
et atténuer les problèmes d’environnement<br />
;<br />
inciter les clients industriels et gros<br />
chargeurs à s’installer dans des zones<br />
accessibles par chemin de fer pour être<br />
facilement desservis par ce mode ;<br />
développer un réseau d’infrastructures<br />
intégrées euro-med pour l’amélioration<br />
de l’efficacité du transport<br />
multimodal au niveau régional ;<br />
promouvoir la formation dans le domaine<br />
des transports notamment<br />
multimodal pour une meilleure reconnaissance<br />
de la capacité professionnelle<br />
en Europe des opérateurs de la<br />
rive sud ;<br />
créer et généraliser une spécialité<br />
de transport international de marchandises<br />
au sein des établissements<br />
de formation aux métiers de transport<br />
;<br />
procéder à la formation et au recyclage<br />
des conducteurs des pays de la<br />
rive Sud pour faciliter leur circulation<br />
en Europe et leur permettre d’assurer<br />
les activités à valeur ajoutée annexes<br />
au transport telles que les procédures<br />
douanières, les relations avec les<br />
clients, la recherche de cargaison<br />
pour le parcours à vide ;<br />
harmoniser l’ensemble du cadre juridique<br />
relatif au transport multimodal<br />
euro-maghrébin.<br />
créer, équiper et doter un Institut<br />
de recherche en transport. <br />
A. B.
ALGERIE<br />
ACCORD D’ASSOCIATION AVEC L’UNION EUROPÉENNE<br />
L E D O S S I E R D U M O I S<br />
C H R O N I Q U E<br />
L<br />
’Accord d’association conclu entre l’Algérie et l’Union<br />
Européenne est-il apprécié, de ce côté-ci de la Méditerranée,<br />
à la mesure des enjeux qu’il implique ?<br />
La Méditerranée, grand carrefour <strong>com</strong>mercial, économique,<br />
depuis au moins les <strong>com</strong>ptoirs phéniciens, le demeure<br />
même si elle n’est plus le centre du monde, le seul<br />
centre du monde, le seul centre <strong>com</strong>mercial – sans jeu de<br />
mots – du monde.<br />
Aussi, c’est tout naturellement que les relations économiques<br />
et autres s’organisent dans une région où les<br />
échanges sont aussi denses que le bassin méditerranéen.<br />
L’Algérie est l’un des pays majeurs de la Méditerranée<br />
occidentale, de la Méditerranée. Pas seulement pour son<br />
étendue géographique et<br />
son caractère stratégique<br />
Ce que<br />
les Algériens ne<br />
peuvent<br />
ac<strong>com</strong>plir à l’aide<br />
de savoir-faire<br />
technologique<br />
est <strong>com</strong>pensé<br />
d’une certaine<br />
manière par<br />
ce que la nature<br />
leur offre<br />
et qui n’attend<br />
qu’à être<br />
exploitée.<br />
du point de vue politique,<br />
mais aussi pour sa position<br />
géostratégique en relation<br />
à l’économie, avec un terrain<br />
encore en jachère, tout<br />
un continent, l’Afrique,<br />
dans lequel l’Algérie pénètre<br />
en profondeur. Ajoutées<br />
ses immenses ressources<br />
minières et ses énormes<br />
potentialités économiques<br />
et financières, l’Algérie est<br />
loin d’être la pauvre ménagère<br />
qui craint le boucher<br />
en même temps qu’elle salive<br />
sur sa marchandise.<br />
Elle a connu pareille situation<br />
au moment des discussions<br />
(tout au plus car il ne<br />
peut s’agir de négociations<br />
lorsque l’on se trouve en<br />
position de faiblesse) pour<br />
la signature de l’Accord<br />
d’association. Précédées de la période de vaches maigres<br />
qui avait pour nom ‘‘FMI’’ et ‘‘cessation de paiement’’.<br />
Aujourd’hui, la donne a totalement changé, en faveur de<br />
l’Algérie, avec des réserves de change avoisinant les cent<br />
milliards de dollars et des recettes pétrolières et gazières<br />
au-delà des espérances qui continuent d’être engrangées.<br />
Et c’est forte de cette situation que Sonatrach ambitionne<br />
de pénétrer le marché européen malgré le protectionnisme<br />
anachronique et paradoxal de la part des précurseurs du<br />
capitalisme et parrains de l’économie de marché !<br />
La présente agressivité économique de Sonatrach est salvatrice<br />
; l’Etat est en devoir de négocier l’accès de la <strong>com</strong>-<br />
EN... JE<br />
ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />
44<br />
pagnie nationale au marché européen. Faut-il pour autant<br />
que les hydrocarbures restent l’atout unique à battre<br />
bien qu’ils soient un atout de premier ordre dans un<br />
monde où les ressources énergétiques sont source d’or et<br />
de pouvoir ?<br />
L’Algérie possède d’autres ressources non négligeables,<br />
négligées. Elle n’est pas, bien entendu, en mesure de vendre<br />
des machines et de l’infrastructure aux Européens ;<br />
pas même des produits de PME. Loin lelabel de la chemise<br />
Redman et la chaussure Sonipec, elle ne peut prétendre<br />
concurrencer, y <strong>com</strong>pris sur le marché local,<br />
l’industrie européenne de l’habillement, de son côté mise<br />
en difficulté par le produit de Chine en Europe-même !<br />
Ce que les Algériens ne peuvent ac<strong>com</strong>plir à l’aide de savoir-faire<br />
technologique est <strong>com</strong>pensé d’une certaine manière<br />
par ce que la nature leur offre et qui n’attend qu’à<br />
être exploitée. Dans l’agriculture et le tourisme. Si une<br />
industrie peut être prometteuse, c’est bien dans ces secteurs-là<br />
qu’elle peut se développer et prospérer : l’artisanat<br />
et la fabrication d’articles liés au produit touristique<br />
; l’industrie agroalimentaire, avec des produits de base<br />
disponibles et de qualité, entre la datte, les raisins, les<br />
agrumes et d’autres fruits, la tomate, l’olive. A l’état naturel,<br />
conservés, semi transformés ou transformés, ces<br />
produits trouveront leur place sur le marché extérieur,<br />
voire labellisés pour leur qualité et pouvant aller jusqu’à<br />
être étiquetés produit unique <strong>com</strong>me pour la datte.<br />
Toutefois, avant d’en arriver là, avant d’avoir une production<br />
prête à l’exportation et avant de négocier son placement<br />
sur le marché européen, est en attente de la part<br />
de l’Etat tout un travail d’incitation et de régulation en<br />
vue du développement de cette industrie agroalimentaire.<br />
Pour que la datte algérienne ne passe plus par la<br />
Tunisie et passe pour un produit tunisien avec un label<br />
recherché sur le marché européen et produit de luxe de<br />
par le monde.<br />
Au-delà de ce qui peut apparaître <strong>com</strong>me un <strong>com</strong>merce<br />
ordinaire, les enjeux de l’Accord d’association entre l’Algérie<br />
et l’Union Européenne sont grands pour les économies<br />
des parties engagées, pour des résultats et<br />
dividendes à la fois immédiats et qui s’inscriront dans le<br />
temps. Mais, il faudra garder à l’esprit – et en tenir<br />
<strong>com</strong>pte – que dans ‘‘enjeux’’ il y a ‘‘jeux’’, jeux du marché<br />
qui n’obéit qu’au gain, et que la partie n’est guère gagnée<br />
d’avance. Ensuite, dans ‘‘jeux’’ il y a ‘‘je’’. Et le jeu ici<br />
consiste à avancer pions et atouts en sachant ce que je<br />
veux et ce que je peux ! <br />
Chérif Berkache
Des voix s’élèvent dans les milieux<br />
économiques pour remettre en<br />
cause l’opportunité de cet Accord et,<br />
d’une manière générale, tout le processus<br />
de mise en place de la zone de<br />
libre échange Algérie-Europe dans<br />
l’attente de l’adhésion de l’Algérie à<br />
l’OMC.<br />
Il est légitime, effectivement, de s’interroger<br />
sur le bénéfice que pourrait<br />
tirer notre pays de ce processus,<br />
conduisant à un démantèlement total<br />
de nos barrières douanières, à un moment<br />
où notre marché intérieur est<br />
envahi par les produits étrangers et<br />
où nos entreprises industrielles publiques<br />
et privées perdent constamment<br />
des parts de marché au profit de<br />
l’import/import et du bazar.<br />
Dans le même temps, il est illusoire<br />
de croire que ce processus de démantèlement<br />
va permettre à nos entreprises<br />
de développer leurs<br />
exportations, en raison de la faiblesse<br />
extrême de leur <strong>com</strong>pétitivité, et d’un<br />
environnement d’affaires totalement<br />
défavorable et même opposé à une logique<br />
d’exportation.<br />
Dans ce contexte, il est intéressant de<br />
se poser la question suivante: quels<br />
sont les tenants et les aboutissants<br />
de cet Accord d‘association ?<br />
Pour la partie européenne, les enjeux<br />
sont clairs : cet Accord d’association<br />
entre dans le cadre de la politique<br />
méditerranéenne de la CE et vise :<br />
Sur le plan politique :<br />
créer une zone de stabilité politique<br />
sur le front sud de l’Europe, les instruments<br />
étant encore en cours d’élaboration<br />
: processus de Barcelone,<br />
Politique européenne de voisinage<br />
(PEV), et plus récemment projet<br />
d’Union méditerranéenne.<br />
UN PROCESSUS<br />
DOULOUREUX, MAIS PROMETTEUR<br />
FAUT-IL RÉVISER L’ACCORD D’ASSOCIATION ?<br />
L’ entrée en vigueur depuis le 1er septembre <strong>2007</strong> de la 2e phase du démantèlement tarifaire,<br />
selon les dispositions de l’article 9 de l’Accord, visant les articles industriels,<br />
a relancé le débat sur les conditions, les avantages et inconvénients.<br />
Sur le plan économique :<br />
assurer un débouché protégé sur les<br />
produits européens ;<br />
créer les conditions d’une croissance<br />
économique durable sur le front<br />
sud, perçu prioritairement <strong>com</strong>me<br />
une barrière contre l’immigration<br />
massive, dont le plus gros reste à<br />
venir;<br />
garantir ses approvisionnements<br />
énergétiques.<br />
Il est légitime,<br />
effectivement, de s’interroger<br />
sur le bénéfice que pourrait<br />
tirer notre pays<br />
de ce processus,<br />
conduisant<br />
à un démantèlement<br />
total de nos barrières<br />
douanières, à un moment<br />
où notre marché intérieur<br />
est envahi par<br />
la production étrangère.<br />
ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />
45<br />
Pour l’Algérie :<br />
Sur le plan politique, l’Algérie visait<br />
plusieurs objectifs :<br />
s’arrimer politiquement et institutionnellement<br />
au bloc euro-méditerranéen,<br />
dans le but de définir un<br />
modèle politique <strong>com</strong>mun, à la différence<br />
de tout projet d’Etat théocratique<br />
ou dictatorial archaïque et<br />
notamment, par le fait que l’Accord<br />
<strong>com</strong>porte des clauses de modernisation,<br />
non seulement de l’appareil économique<br />
algérien, mais aussi des<br />
dispositions dans les domaines institutionnel<br />
et juridique ;<br />
briser (au moment des négociations)<br />
l’isolement politique dans lequel<br />
se trouvait le pays.<br />
Sur le plan économique :<br />
accélérer la transition vers l’économie<br />
de marché par l’adoption de règles<br />
universelles de gouvernance<br />
économique «imposées» par l’Accord<br />
d’association,
faciliter les IDE en provenance<br />
d’Europe, les IDE étant perçus<br />
<strong>com</strong>me un facteur objectif de modernisation<br />
du tissu économique et industriel,<br />
particulièrement dans une<br />
perspective de réduction de la dépendance<br />
vis-à-vis de l’exportation des<br />
hydrocarbures bruts ;<br />
garantir des débouchés d’exportation<br />
aux produits algériens, industriels<br />
agricoles ou issus de la pêche.<br />
Il apparaît bien que l’accord d’association<br />
reste totalement pertinent de<br />
par ses objectifs, mais qu’il est déséquilibré<br />
sur le plan économique.<br />
Peut-on, dès lors, reprocher aux négociateurs<br />
algériens d’avoir mal négocié<br />
cet accord ? Ou d’y avoir carrément<br />
bradé l’intérêt national ?<br />
PLUSIEURS NUANCES<br />
S’IMPOSENT<br />
1. Pour le moment, les enquêtes et<br />
études menées par divers organismes<br />
nationaux et internationaux (notamment,<br />
les études de filière de<br />
EDPME) font ressortir que la production<br />
nationale est concurrencée par<br />
les produits asiatiques plutôt que par<br />
les produits européens. Il faudra attendre<br />
trois à quatre mois pour évaluer<br />
les conséquences du<br />
démantèlement sur les produits industriels<br />
engagé en septembre <strong>2007</strong>.<br />
L’adhésion de l’Algérie à l’OMC ne<br />
fera qu’accentuer cet avantage en fa-<br />
veur des produits asiatiques (voir encadré).<br />
2. Le démantèlement tarifaire sur les<br />
matières premières, effectif depuis le<br />
1er septembre 2005, aurait dû avantager<br />
la production nationale, mais<br />
son effet a été quasiment annulé par<br />
les tendances haussières des marchés<br />
mondiaux et par l’envolée de l’euro.<br />
3. La signature de l’accord d’association<br />
ne fait que préfigurer l’adhésion<br />
de l’Algérie à l’OMC. Le cadre des<br />
conditionnalités économiques est le<br />
même. En parallèle, le gouvernement<br />
est censé engager des réformes économiques<br />
de fond permettant notam-<br />
Table des évolutions des importations<br />
de l’Algérie en provenance des groupes<br />
géographiques Europe et Asie<br />
SOURCE : DOUANES<br />
ALGERIE<br />
ACCORD D’ASSOCIATION AVEC L’UNION EUROPÉENNE<br />
L E D O S S I E R D U M O I S<br />
U = USD 2005 2006 ÉVOLUTION<br />
EUROPE 12 648 550 592 13 390 817 208 6 %<br />
ASIE 3 565 305 649 4 055 731 359 14 %<br />
On constate bien que la croissance des échanges se fait au profit de<br />
l’Asie de manière deux fois plus rapide qu’avec l’Europe, malgré la mise<br />
en œuvre de la première vague de démantèlement tarifaire avec l’Europe<br />
en septembre 2005. Ce qui est visible sur le marché algérien, car<br />
les importations en provenance d’Asie touchent surtout les biens de<br />
consommation directe par les ménages. Il faudra être attentif à ces évolutions<br />
au cours du T4 <strong>2007</strong> et de 2008.<br />
ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />
46<br />
ment au tissu industriel national<br />
d’être «tiré vers le haut». On se doit<br />
de constater que les réformes sont<br />
soit en stand-by, soit qu’elles avancent<br />
à pas <strong>com</strong>ptés.<br />
Ainsi, et à titre indicatif, dans le désordre<br />
on peut citer :<br />
le retard dans la mise à niveau des<br />
normes et règlements techniques nationaux<br />
en vue de leur harmonisation<br />
avec les normes internationales.<br />
D’une manière générale, l’Algérie ne<br />
dispose pas de système de normalisation<br />
opérationnel, au moment où les<br />
barrières douanières sont remplacées<br />
par les barrières normatives et réglementaires.<br />
Cette situation pénalise<br />
autant l’exportateur algérien que le<br />
marché national qui assiste au déversement<br />
des produits «poubelles» de<br />
l’industrie mondiale ;<br />
l’absence de garanties sur la propriété<br />
industrielle et intellectuelle et<br />
indigence dans la lutte effective<br />
contre la contrefaçon ;<br />
le coût élevé des facteurs de production.<br />
A l’opposé de ce que l’on peut<br />
croire, produire en Algérie coûte plus<br />
cher, non pas en raison du coût nominal<br />
des facteurs, mais en raison des<br />
coûts cachés. Par exemple, l’énergie<br />
est moins chère, mais les coupures de<br />
courant fréquentes, la main-d’œuvre<br />
est moins chère (relativement), mais<br />
faiblement productive, les coûts cachés<br />
de transaction, notamment sur<br />
la chaîne logistique sont élevés ;<br />
le loyer effectif de l’argent est élevé,<br />
notamment en raison des coûts cachés<br />
dus aux délais de réponse des<br />
banques, et l’absence de prise de<br />
risque économique de ces dernières.<br />
L’offre de financement de l’économie<br />
reste inférieure à la demande, et le<br />
système bancaire reste globalement<br />
archaïque, donc coûteux ;<br />
le circuit export est décourageant<br />
de bureaucratie ;
pas de réforme du foncier industriel<br />
qui reste rare (en zones attractives,<br />
c’est à dire a proximité des ports) et<br />
cher, alors qu’il est quasiment gratuit<br />
sur d’autres pays <strong>com</strong>parables, et que<br />
40% du parc foncier industriel existant<br />
sont en jachère dans l’attente de<br />
mesures opérationnelles (notamment<br />
la liquidation des entreprises publiques<br />
en cessation d’activité et récupération<br />
des terrains attribués et non<br />
utilisés ou détournés de leur vocation<br />
industrielle) ;<br />
la fiscalité d’entreprise lourde et<br />
peu équitable entre producteurs et<br />
importateur ;<br />
l’absence de règles de gouvernance<br />
d’entreprise (y <strong>com</strong>pris l’absence<br />
d’équité entre les secteurs publics et<br />
privés), ce qui constitue un facteur de<br />
méfiance des investisseurs étrangers<br />
face à des projets de partenariat. Lesquelles<br />
règles devraient être impulsées<br />
par les opérateurs économiques<br />
algériens eux-mêmes.<br />
Au final, le déséquilibre dans la <strong>com</strong>posante<br />
économique de l’Accord d’association<br />
est réel, mais imputable au<br />
retard dans les réformes économiques<br />
que se doit d’engager la partie algérienne.<br />
Pour autant doit-on continuer à faire<br />
essouffler notre appareil productif,<br />
pour cause de retard dans les réformes,<br />
et conduire à la mise en friche<br />
de l’outil industriel national ou sa<br />
prise de contrôle par le capital étranger<br />
?<br />
Il est intéressant de constater que<br />
l’Accord d’association permet des<br />
pauses, ainsi que des séquences<br />
d’évaluation.<br />
Article 9 (paragraphe 4) : en cas<br />
de difficultés graves pour un produit<br />
donné, le calendrier établi (….) peut<br />
être révisé d’un <strong>com</strong>mun accord...<br />
Article 11 (paragraphe 1) : des mesures<br />
exceptionnelles de durée limitée<br />
qui dérogent aux dispositions de<br />
l’article 9 peuvent être prises par l’Algérie<br />
sous forme de droits de douane<br />
majorés ou rétablis. ( …). Ces mesures<br />
sont appliquées pour une pé-<br />
UN PROCESSUS<br />
DOULOUREUX, MAIS PROMETTEUR<br />
Nos entreprises<br />
industrielles<br />
publiques et privées<br />
perdent constamment<br />
des parts de marché<br />
au profit de<br />
l’import/import<br />
et du bazar...<br />
riode n‘excédant pas cinq ans à moins<br />
qu’une durée plus longue ne soit autorisée<br />
par le <strong>com</strong>ité d’association.<br />
Paragraphe 2 : par dérogation aux<br />
dispositions du paragraphe 1, le <strong>com</strong>ité<br />
d’association peut, en tenant<br />
<strong>com</strong>pte des difficultés liées à la création<br />
d’une nouvelle industrie - à titre<br />
exceptionnel - autoriser l’Algérie à<br />
maintenir les mesures déjà prises en<br />
vertu du paragraphe 1, pour une période<br />
maximale de trois ans, au-delà<br />
de la période de transition (article 6).<br />
Il serait judicieux dans ces conditions<br />
d’envisager effectivement une pause<br />
dans le processus de démantèlement<br />
tarifaire couplée à un train de réformes<br />
économiques vitales et urgentes<br />
et ce, durant une période<br />
limitée, quitte à aller plus vite ultérieurement.<br />
Durant cette pause, des<br />
mesures transitoires de protection de<br />
la production nationale (ne touchant<br />
Doit-on continuer<br />
à faire essouffler notre<br />
appareil productif,<br />
pour cause de retard dans<br />
les réformes, et conduire<br />
à la mise en friche de l’outil<br />
industriel national<br />
ou sa prise de contrôle<br />
par le capital étranger ?<br />
ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />
47<br />
pas obligatoirement aux aspects tarifs<br />
douaniers) peuvent être prises<br />
<strong>com</strong>me par exemple ;<br />
l’introduction d’un différentiel de<br />
TVA entre les produits nationaux et<br />
les produits finis importés pour la revente<br />
en l’état (bien que cette disposition<br />
s’oppose à l’article 20 de<br />
l‘accord) ;<br />
L’introduction d’un moratoire fiscal<br />
pour les produits industriels locaux ;<br />
La prise d’un train de mesures économiques<br />
à même de diminuer les<br />
coût des facteurs de production en Algérie.<br />
Les experts doutent, cependant, de la<br />
capacité des pouvoirs publics actuels<br />
de mener ces réformes, à la fois pour<br />
des raisons de <strong>com</strong>pétences dans l’administration<br />
actuelle et pour des raisons<br />
d’intérêts économiques, les<br />
cercles de décisions apparaissant<br />
<strong>com</strong>me plus liés à l’économie de bazar<br />
qu’à la sphère productive !<br />
Ces mêmes experts re<strong>com</strong>mandent<br />
dans ces conditions la voie dure :<br />
pousser aux réformes par la pression<br />
externe, à travers le capital international.<br />
Alors, dans ce cas là, y a-t-il une autre<br />
voie pour conduire des réformes à la<br />
mesure des enjeux actuels et futurs ? <br />
K. Rabhi
LE CAHIER DE L’INVESTISSEMENT<br />
LE PRÉSIDENT DE CEVITAL DÉVOILE TOUT SUR LE MÉGAPROJET<br />
CAP 2015 LORS D’UNE CONFÉRENCE DE PRESSE<br />
UN INVESTISSEMENT DE 20 MILLIARDS DE DOLLARS<br />
Le président du groupe Cevital,<br />
M. Issad Rebrab, a véritablement<br />
créé la surprise en dévoilant,<br />
lors de sa conférence de presse<br />
du 5 septembre dernier, tous les<br />
détails sur son mégaprojet baptisé<br />
Cap 2015. L’annonce a d’aileurs<br />
suscité des réactions pour le moins<br />
mitigées, entre scepticisme<br />
et fascination. L’homme très serein<br />
qui se prête volontiers aux objectifs<br />
des appareils photos, voit grand.<br />
Très grand. Sa quiétude affichée<br />
fait dire à certains qu’il a tous<br />
les feux verts des pouvoirs publics.<br />
D’autres, au contraire, jettent<br />
le doute et craignent<br />
un scénario Khalifa bis.<br />
Dans tous les cas, l’homme qui<br />
semble jouir actuellement du ferme<br />
soutien du président<br />
de la République lui-même,<br />
et fasciné par l’exemple de ses<br />
partenaires sud-coréens devenus<br />
des géants de l’industrie,<br />
a choisi de tirer sa réussite<br />
à partir de son pays en injectant<br />
les fonds de son groupe dans<br />
des projets structurants<br />
créateurs d’emplois et susceptibles<br />
de sortir progressivement<br />
l’Algérie de la dépendance<br />
du marché énergétique.<br />
M. Rebrab :<br />
«J’ai visité plusieurs<br />
pays dans le monde,<br />
notamment ceux du<br />
Sud-est asiatique et<br />
j’ai constaté que tous<br />
les grands groupes<br />
ont d’abord construit<br />
des ports avant de<br />
développer<br />
des industries...»<br />
Le projet consiste en un ensemble<br />
de <strong>com</strong>plexes industriels aussi<br />
nombreux que divers d’un coût global<br />
de pas moins de 20 milliards de dollars.<br />
Point de départ, la création d’un<br />
hub portuaire sur le site de Cap Djenet,<br />
situé dans la wilaya de Boumerdès,<br />
au centre du pays. Le site sera,<br />
au départ, d’une superficie de 1 500<br />
hectares dont 30% gagnés sur la mer<br />
pour s’étendre ensuite à 5 000 hectares.<br />
Un autre pas dans la vie du<br />
groupe Cevital qui n’existe que depuis<br />
1998 et qui connaît une croissance<br />
moyenne de 50% annuellement<br />
tendant ainsi à se hisser progressivement<br />
au rang des grands groupes internationaux.<br />
Il s’agit de projets<br />
structurants en mesure de créer<br />
quelque 100.000 emplois directs et 1<br />
million d’autres indirects ainsi que<br />
plusieurs milliers de PME/PMI. On<br />
<strong>com</strong>pte aussi sur ce projet pour multiplier<br />
par 30 le niveau actuel des exportations<br />
algériennes hors<br />
hydrocarbures, à savoir atteindre les<br />
30 milliards de dollars à l’horizon<br />
2030, avant d’être passé par 15 milliards<br />
de dollars à l’horizon 2015. Le<br />
tout sans aucune pollution, promet le<br />
patron de Cevital, qui argumente que<br />
les procédés techniques par lesquels<br />
seront réalisés ces projets permettent<br />
une préservation maximale de l’environnement.<br />
Le conférencier a précisé<br />
ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />
48<br />
qu’il est recherché à travers ce niveau<br />
des exportations hors hydrocarbures<br />
ambitionné de mettre notre pays à<br />
l’abri des fluctuations des prix du pétrole.<br />
«Il est plus que temps que notre<br />
pays sorte du cercle vicieux de n’exporter<br />
que des hydrocarbures», a fait<br />
remarqué M. Rebrab avant d’ajouter<br />
que «d’ici 2010, Cevital sera le<br />
deuxième exportateur après Sonatrach<br />
et le premier exportateur hors<br />
hydrocarbures à travers les produits<br />
que nous sommes en train de développer<br />
actuellement».<br />
POURQUOI<br />
INVESTIR DANS UN PORT ?<br />
«Construire un port, il est vrai, n’est<br />
pas notre métier», a fait remarquer<br />
M. Rebrab avant le pourquoi de cette<br />
démarche, savoir le choix d’un port<br />
pour développer des projets industriels.<br />
«Un port est simplement un<br />
poumon économique», a-t-il dit. «Nous<br />
n’avons absolument rien inventé. J’ai<br />
visité plusieurs pays dans le monde,<br />
notamment ceux du Sud-est asiatique<br />
et j’ai constaté que tous les grands<br />
groupes ont d’abord construit des<br />
ports avant de développer des industries<br />
parce que la préservation de la<br />
qualité des grandes masses de produits<br />
industriels passe par un minimum<br />
de déplacement.
Plus les produits sont déplacés, plus<br />
ils subissent des altérations et moins<br />
ils sont <strong>com</strong>pétitifs à l’exportation<br />
(…). Il s’agira de millions de tonnes<br />
de produits à déplacer et les infrastructures<br />
routières et ferroviaires<br />
existantes non seulement ne peuvent<br />
supporter tous ces volumes, mais il se<br />
trouve que chaque tonne déplacée a<br />
un coût. Si on cherche à être <strong>com</strong>pétitifs<br />
au niveau international, il faut<br />
toujours essayer de réduire ses coûts,<br />
et donc se placer dans un port qui réponde<br />
à l’activité industrielle», a-t-il<br />
expliqué à l’assistance. Le coût du<br />
transport des produits industriels<br />
reste en effet très élevé. «De Singapour<br />
à Hong-Kong, soit sur quelque 7<br />
000 km, le transport par mer coûte<br />
500 dollars par container. De Marseille<br />
à Alger (800 km), on paye le<br />
double : 1 000 dollars le container», at-il<br />
précisé avant d’évoquer les coûts<br />
engendrés par les surestaries et les<br />
bateaux restés en rade en raison des<br />
faibles capacités des ports actuels.<br />
«Cela coûte à l’Algérie 45 000 dollars<br />
par jour pour chaque navire». Or,<br />
pour faire des économies sur le transport,<br />
il faut recourir à «des navires de<br />
grands tonnage qui nécessitent de<br />
grands ports en eau profonde . L’orateur<br />
s’est efforcé d’expliquer clairemer<br />
le but recherché à travers cette<br />
démarche. «Encore une fois, notre ob-<br />
“ Nous avons fait<br />
une étude de la côte<br />
algérienne et nous n’avons<br />
pas trouvé de meilleurs sites.<br />
Pour les grands<br />
ports <strong>com</strong>me pour<br />
les grands barrages,<br />
il est rare de trouver<br />
les bons sites.<br />
Les Chinois ont délocalisé<br />
30 millions<br />
d’habitants pour<br />
faire un grand<br />
barrage.<br />
”<br />
LE CAHIER DE L’INVESTISSEMENT<br />
EVOLUTION DU GROUPE CEVITAL<br />
1971 : Prise de participation dans une société de construction métallique «SOCO-<br />
MEG»<br />
1975 : Création de la société PROFILOR<br />
1979 : Reprise de la société SOTECOM<br />
1984 : Reprise de la société SACM d’Oran<br />
1985 : Création de la société ENALUX<br />
1986 : Création de la société Nord Metal spécialisée dans la fabrication de grillage<br />
et toile de tamis et création de la société METALLOR pour la fabrication des<br />
tubes en acier<br />
1988 : Création de la société METAL SIDER<br />
1991 : Reprise des activités d’IBM en Algérie avec la création de JBM et création<br />
du quotidien Liberté<br />
1992 : Reprise des activités de Rank Xerox avec la création de CBS<br />
1995 : Création de la société Agro Grain spécialisé dans l’importation et la distribution<br />
de produit agro-alimentaire<br />
1997 : Création de Hyundai Motors Algérie pour la distribution des véhicules<br />
Hyundai.<br />
1998 : Création de la société Cevital Spa (raffinerie d’huile alimentaire, margarinerie,<br />
raffinerie de sucre, silos portuaires et terminale de déchargement et rechargement<br />
portuaire)<br />
2005 : Lancement de 5 projets (nouvelle raffinerie de sucre, 2 centrales électriques,<br />
unité d’eau minérale, 1 ligne de verre plat, 2 unités de fabrication de<br />
bâtiment préfabriqué en béton)<br />
<strong>2007</strong> : Mise en place d’une organisation en holding et divisions autonomes. <br />
jectif n’est pas de posséder un port.<br />
Nous <strong>com</strong>ptons, d’ailleurs, le réaliser<br />
pour le donner à l’Etat à terme sous<br />
forme de BOT ou à des gestionnaires<br />
spécialisés. Notre premier objectif<br />
reste la réalisation des <strong>com</strong>plexes industriels<br />
pour en faire un grand pôle<br />
industriel pour notre pays». Rappelant<br />
le retard de développement économique<br />
accusé par notre pays pour<br />
les raisons que tout le monde connaît,<br />
il a fait remarquer que plusieurs pays<br />
arabes sont en train de développer<br />
des projets similaires en vue d’être<br />
concurrentiels sur le marché international<br />
dans le cadre de la mondialisation.<br />
«C’est ce que sont en train de<br />
développer actuellement nos frères<br />
marocains. Les Tunisiens ont l’intention<br />
aussi de construire un port industriel<br />
de moindre taille au niveau<br />
de Hammamet Sud, les Egyptiens<br />
sont également en train de le faire».<br />
POURQUOI<br />
CAP DJENET ?<br />
Le conférencier a expliqué qu’en dehors<br />
du port de Mers El-Kebir (Oran)<br />
ou de celui de Djendjen (Jijel), il<br />
n’existe aucun autre port qui puisse<br />
accueillir des navires de grand tonnage<br />
et qui a un tirant d’eau de 20<br />
mètres de profondeur. Pour le port de<br />
Djendjen, les surfaces sont limitées<br />
pour développer les différents <strong>com</strong>-<br />
ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />
49<br />
plexes. Le port de Cap Djenet se présente<br />
<strong>com</strong>me un site stratégique pour<br />
plusieurs raisons. «Il sera relié à l’autoroute<br />
est-ouest par une autoroute<br />
distante de moins de 15 km, relié<br />
aussi à la voie ferrée à moins 15 km<br />
aussi et se trouvera à moins de 20 minutes<br />
de l’aéroport d’Alger». Ceci en<br />
plus du fait qu’il s’agit d’un site vierge<br />
où il n’y aura pas de population à déplacer<br />
et « les surfaces existent». Le<br />
président de Cevital a toutefois rappelé<br />
que l’idée ne date pas d’aujourd’hui<br />
pour l’Algérie. «Nous<br />
n’avons absolument rien inventé, le<br />
port devait être réalisé dans les années<br />
70. Malheureusement, il n’a pu<br />
être réalisé vu les difficultés qu’a rencontrées<br />
notre pays».<br />
EN QUOI<br />
CONSISTE LE MÉGAPROJET<br />
CAP 2015 ?<br />
C’est une synergie d’un ensemble de<br />
<strong>com</strong>plexes industriels situés sur le site<br />
du port de Cap Djenet qui sera de ce<br />
fait transformé en hub portuaire. Le<br />
président de Cevital a indiqué qu’il ne<br />
citera que cinq à sept projets dans<br />
l’immédiat, essentiellement dans le<br />
domaine de la pétrochimie et le raffinage<br />
du pétrole. Il s’agit de :
une plate forme logistique de<br />
grande taille qui servira pour le dispatching<br />
des produits issus des différents<br />
<strong>com</strong>plexes sur les autres ports<br />
algériens mais aussi européens et<br />
africains destinés à l’exportation ;<br />
un <strong>com</strong>plexe sidérurgique de 10<br />
millions de tonnes d’acier, soit une capacité<br />
qui fait dix fois celle du <strong>com</strong>plexe<br />
d’El Hadjar actuellement avec<br />
utilisation des technologies de dernière<br />
génération et n’occasionnant<br />
aucune pollution, selon M. Rebrab.<br />
30% à 40% de cet acier seront transformés<br />
sur place dans les futurs chantiers<br />
navals ;<br />
un <strong>com</strong>plexe de chantiers navals<br />
pour la construction de grands navires<br />
et qui va alimenter l’usine de fabrication<br />
de containers et le <strong>com</strong>plexe<br />
automobile ;<br />
usine de construction automobile<br />
d’une capacité de 250 000 véhicules<br />
par an dont 100 000 seront destinés<br />
à l’exportation. «Nous allons mettre<br />
en concurrence de grands constructeurs<br />
dont des Européens, des Américains<br />
et des Sud-coréens», a précisé le<br />
conférencier ;<br />
tout autour de ces <strong>com</strong>plexes va se<br />
développer une multitude de petites<br />
et moyennes entreprises qui vont développer<br />
de la sous-traitance pour les<br />
besoins des <strong>com</strong>plexes et transformer<br />
une partie de leurs produits ;<br />
un <strong>com</strong>plexe d’aluminium d’une capacité<br />
de 400 000 tonnes au départ,<br />
puis 760 000 tonnes pour arriver à 1<br />
250 000 tonnes à terme. Une partie<br />
de l’aluminium produit sera destinée<br />
à l’exportation, alors que qu’une autre<br />
sera transformée sur place pour mettre<br />
à profit les coûts avantageux de<br />
l’énergie, créer des postes d’emplois et<br />
de la valeur ajoutée.<br />
La transformation servira aux autres<br />
<strong>com</strong>plexes dont celui de la construction<br />
automobile pour la carrosserie<br />
sachant que de nos jours un véhicule<br />
renferme au moins quelque 135 kilos<br />
d’aluminium. Le produit servira en<br />
outre, selon l’orateur, à la fabrication<br />
des câbles électriques pour le transport<br />
de l’électricité haute tension.<br />
LE CAHIER DE L’INVESTISSEMENT<br />
une unité de dessalement de l’eau<br />
de mer ;<br />
deux ou trois centrales électriques.<br />
COMMENT LE RÉALISER<br />
ET AVEC QUI ?<br />
20 milliards de dollars, c’est le coût de<br />
Cap 2015. «Si vous me demandez si<br />
nous disposons de ces fonds, je vous<br />
dirai, non je n’ai pas tout cet argent.<br />
Mais nous avons des partenaires, de<br />
grands armateurs de renommée mondiale<br />
qui sont intéressés et prêts à<br />
s’impliquer». Par s’impliquer, il faut<br />
entendre mettre la main à la poche.<br />
«Non seulement ils sont partants<br />
pour nous ac<strong>com</strong>pagner au plan technologique,<br />
mais aussi pour ramener<br />
des financements», a fait savoir le<br />
conférencier. Qui sont-ils ? Deux<br />
noms seront cités, le Danois Maersk<br />
Sealand et le Suisse MSC (Mediterranean<br />
Shipping Company), à côté d’autres<br />
opérateurs du sud-est asiatique.<br />
«Nous sommes actuellement en négociations<br />
avec plusieurs partenaires,<br />
des leaders mondiaux, chacun dans<br />
sa spécialité et ils sont partants», a-til<br />
rassuré.<br />
Mais de l’avis du tribun, «aujourd’hui,<br />
il n’y a pas de difficulté à trouver des<br />
fonds au niveau mondial et il y a<br />
même des surliquidités. La seule<br />
chose que cherchent les banques internationales<br />
est de placer leur argent,<br />
développer les activités mais<br />
dans des projets structurants dont<br />
elles sont sûres qu’ils vont dégager<br />
des profits pour se faire rembourser<br />
(…) Nous n’avons absolument aucun<br />
problème pour mobiliser les moyens<br />
“ Les pouvoirs<br />
publics ne seront<br />
que positifs parce que<br />
je ne vois pas de<br />
gouvernants qui n’aiment<br />
pas leur pays. Il s’agit de<br />
projets structurants qui<br />
vont créer des emplois,<br />
développer sensiblement<br />
les exportations<br />
hors hydrocarbures<br />
et attirer<br />
plus d’IDE.<br />
”<br />
ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />
50<br />
financiers en «project financing »,<br />
c’est-à-dire que c’est projet lui-même<br />
qui garantit les banques ».<br />
Nous avons reçu des grandes banques<br />
qui nous ont assuré de nous ac<strong>com</strong>pagner<br />
en même temps avec ces leaders<br />
mondiaux pour le transfert technologique<br />
(…) C’est vous dire que le mégaprojet<br />
Cap 2015 est aujourd’hui<br />
une réalité», a rassuré le président de<br />
Cevital. <br />
Yasmine Ferroukhi<br />
BRÈVES<br />
ISOFOTON<br />
Isofoton (Espagne) - Equipements électriques<br />
& électroniques : Leader mondial<br />
dans le photovoltaïque, l’espagnol s'associe<br />
à 50/50 à l'ENIE pour produire des<br />
panneaux solaires, 48 millions US$ sur 5<br />
ans.<br />
ACCIONA<br />
Acciona + SNC Lavalin - BTP, immobilier,<br />
transport, services délégués :<br />
Ces groupes détiennent ensemble<br />
51% de la société qui créera sous<br />
contrat BOT de 134 millions d'euros<br />
une usine de désalinisation.<br />
BOUJEBEL<br />
Boujebel / Médis (Tunisie) - Médicaments<br />
: Le groupe prend 50% du capital du laboratoire<br />
algérien Inpha à l'occasion d'une<br />
augmentation de capital de 1,5 million<br />
d'euros.<br />
REPSOL<br />
Repsol-YPF + Gas Natural (Espagne)<br />
- Energie : Andalous LNG, JV avec la<br />
Sonatrach détenue à 80% par Repsol-YPF-Gas<br />
Natural, investira 3 milliards<br />
US$ dans une nouvelle usine<br />
de GNL.<br />
ALGÉRIE<br />
Algérie - Payahi / TPR (Tunisie) - Métallurgie<br />
et recyclage : Tunisie Profilés Aluminium,<br />
filiale du groupe tunisien<br />
Payahi, fait construire une usine autour<br />
d'Alger.<br />
CHINA<br />
China Geo Engineering (Chine) -<br />
Verre, céramique, minéraux, bois,<br />
papier : La société chinoise China<br />
Geo Engineering décroche des<br />
contrats de prospection minière.
C<br />
’est dans une démarche d’internationalisation<br />
du groupe que<br />
Cevital a procédé, le 9 septembre dernier,<br />
à l’inauguration officielle de l’entrée<br />
en production de son unité de<br />
production du verre plat située au<br />
sein de son <strong>com</strong>plexe industriel de<br />
Larbaâ dans la wilaya de Blida. MFG<br />
(Mediterranean Flot Glass), puisque<br />
c’est d’elle qu’il s’agit, représente un<br />
investissement majeur pour le groupe<br />
d’un montant total de 72 milliards de<br />
dinars, soit 100 millions de dollars, financé<br />
à 75% sur fonds propres. Cette<br />
unité produit actuellement 600 tonnes<br />
de verre plat par jour, soit 180. 000<br />
tonnes par an, destinés aux besoins<br />
du marché national pour divers secteurs<br />
à savoir, le bâtiment, l’automobile,<br />
l’ameublement et l’industrie.<br />
30% DE LA CAPACITÉ D’UNE<br />
SEULE LIGNE COUVRE<br />
LE MARCHÉ NATIONAL<br />
Lors de son point de presse, le président<br />
de Cevital, M. Issad Rebrab, a<br />
indiqué que 30% de la capacité d’une<br />
seule ligne de production couvrent<br />
déjà les 100% du besoin du marché<br />
national estimé actuellement à 70<br />
000 tonnes de verre par an. Un besoin<br />
appelé à croître avec la croissance notamment<br />
du secteur du bâtiment.<br />
70% de cette production seront mis,<br />
cette année, sur les marchés maghrébin<br />
et européen faisant passer ainsi<br />
l’Algérie d’une position de pays importateur<br />
à celle d’exportateur du<br />
produit. Pour cela, une filiale de <strong>com</strong>mercialisation<br />
est actuellement en<br />
cours de création en Europe.<br />
La gamme de produit du verre clair<br />
va d’une épaisseur de 2 à 19 mm en<br />
passant par toutes les épaisseurs demandées<br />
par le marché. Quant aux<br />
LE CAHIER DE L’INVESTISSEMENT<br />
LE GROUPE CEVITAL INAUGURE L’ENTRÉE EN PRODUCTION DE L’UNITÉ DE VERRE PLAT DE LARBAÂ<br />
PREMIÈRES EXPORTATIONS<br />
VERS L’EUROPE AVANT FIN <strong>2007</strong><br />
Le <strong>com</strong>plexe industriel de Larbaâ qui s’étale sur 30 hectares avait été inauguré, le 28 mai dernier,<br />
par le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika. Il <strong>com</strong>prend, outre l’unité de production<br />
du verre plat, une unité de production d’éléments préfabriqués en béton dénommée CEVICO<br />
(Cevital construction), ainsi qu’une unité de montage de remorques, ACTS.<br />
L’unité produit<br />
actuellement 600<br />
tonnes de verre<br />
plat par jour, soit<br />
180. 000 tonnes par<br />
an, destinés aux<br />
besoins du marché<br />
national.<br />
dimensions des plateaux de verre,<br />
emballés ou en vrac, elles sont de<br />
1,605m x 2,10m (1/2 DLF), 3,21m x<br />
2,25m (DLF) à 6m x 3,21m (PLF).<br />
L’ambition ne s’arrête pas là<br />
puisqu’avant la fin de l’année en<br />
cours, sera lancée la construction<br />
d’une deuxième ligne de production,<br />
puis une troisième prévue pour 2009<br />
pour arriver au minimum à cinq<br />
lignes de production avant 2015 et atteindre<br />
une capacité de plus de 1 000<br />
000 de tonnes par an. Le but étant de<br />
<strong>com</strong>pter parmi les dix premiers producteurs<br />
de verre plat dans le monde.<br />
Nous avons en outre appris que le<br />
chantier de construction de MFG qui<br />
a démarré en novembre 2005, a nécessité<br />
la mobilisation de plusieurs<br />
milliers d’ouvriers et de techniciens<br />
de différentes nationalités. Aussi,<br />
l’essentiel des équipements mis en<br />
œuvre <strong>com</strong>ptent parmi les meilleurs<br />
disponibles sur le marché mondial<br />
provenant de pays européens dont<br />
l’Allemagne, la France, le Royaume<br />
Uni mais aussi des Etats-Unis. MFG,<br />
ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />
51<br />
filiale à 100% de Cevital, emplois<br />
pour le moment 375 personnes en<br />
plus de plusieurs experts techniques<br />
étrangers.<br />
IGNE COUVRE<br />
LE MARCHÉ<br />
Il est évident que le marché européen<br />
exige des normes de qualité très<br />
stricte que MFG tient à respecter par<br />
la mise en place d’un système d’assurance<br />
qualité ISO 9001.<br />
A noter que le <strong>com</strong>plexe industriel de<br />
Larbaâ qui s’étale sur 30 hectares<br />
avait été inauguré, le 28 mai dernier,<br />
par le président de la République, M.<br />
Abdelaziz Bouteflika. Il <strong>com</strong>prend,<br />
outre l’unité de production du verre<br />
plat, une unité de production d’éléments<br />
préfabriqués en béton dénommée<br />
CEVICO (Cevital construction),<br />
ainsi qu’une unité de montage de remorques,<br />
ACTS. Celle-ci assure pour<br />
sa part le montage de remorques spéciales<br />
pour le transport des plateaux<br />
de verre destinés à l’Europe. <br />
Y. F.
A G R I C U L T U R E<br />
PLAN NATIONAL DE DÉVELOPPEMENT AGRICOLE ET RURAL<br />
DÉRIVES DANS LE BUDGET D’EXÉCUTION<br />
On s’accorde à soutenir<br />
au ministère de l’Agriculture<br />
que 240 milliards de dinars algériens<br />
ont été engagés depuis la mise en<br />
œuvre du Plan national de<br />
développement agricole et rural<br />
(PNDAR) en 2001 et ce, jusqu’à<br />
décembre 2006. D’autres sources<br />
avancent le chiffre de 300 MDA<br />
injectés au titre de ce même<br />
programme. Sur le terrain, il a été fait<br />
constat que le montant des projets<br />
réalisés réellement a atteint<br />
les 154 MDA. Un total révélé par<br />
l’actuel secrétaire général<br />
de ce département<br />
ministériel au cours de l’une<br />
de ses interventions devant<br />
les médias. Une question dès lors<br />
s’impose : où est passée<br />
la différence entre argent engagé<br />
par l’Etat et argent réellement<br />
investi dans des projets<br />
entrant dans le cadre<br />
de la mise en œuvre du PNDA ?<br />
ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />
52<br />
Avec un tel écart on peut se demander<br />
<strong>com</strong>ment il a été possible de<br />
puiser illégalement de l’argent destiné<br />
à la mise œuvre du PNDAR. Certes,<br />
des garde-fous ont été dressés tout au<br />
début du lancement de l’ambitieux<br />
programme pour dissuader les exploitants<br />
agricoles qui voyaient dans cette<br />
nouvelle politique agricole un moyen<br />
de se sucrer sur le dos de l’Etat. En<br />
d’autres termes, tout projet entrant le<br />
cadre strict du PNDAR, et après examen<br />
du dossier déposé par le ou les exploitant<br />
(s) d’une parcelle agricole,<br />
recevait l’aval de financement par la<br />
Direction des Services Agricoles<br />
(DSA). Avec cette nouveauté très spécifique<br />
au secteur, il est à relever que<br />
le payement se faisait après service.<br />
En clair, l’entreprise réalisatrice du<br />
projet ou les fournisseurs d’équipements<br />
agricoles se faisaient payer une<br />
fois que le délégué agricole, chargé du<br />
suivi du dossier ait contrôlé de visu<br />
qu’effectivement des travaux ont été<br />
effectués et des équipements ont été<br />
installés, et c’est seulement à cette<br />
condition que le ou les prestataire (s)<br />
empoche (ent) son ou leur dû.<br />
LES GARDE-FOUS<br />
N’ONT PAS EMPÊCHÉ<br />
L’INDÉLICATESSE<br />
Une démarche que l’on peut qualifier<br />
de légitime à partir du moment où<br />
dans le passé, de l’argent octroyé aux<br />
fellahs pour leur besoin d’exploitation<br />
a vite changé de direction.
1D’ailleurs, des exemples de ce genre<br />
sont légion. Et ce sont des milliards<br />
de dinars de crédit qui n’ont jamais<br />
été remboursés. On <strong>com</strong>prend, dès<br />
lors, pourquoi le ministère de l’Agriculture<br />
a opté pour la formule suivante:<br />
payement après service, pour<br />
éviter toute dérive. On rappellera<br />
également que dans les premières années<br />
de l’application du PNDA qui est<br />
devenu par la suite le PNDAR, beaucoup<br />
de prestataires de services,<br />
sinon la majorité se sont plaints de la<br />
lenteur de leur payement et considéraient<br />
parfois que le délai était trop<br />
long, mettant ainsi à mal leur budget<br />
de fonctionnement, ce qui parfois<br />
les a pénalisés lourdement au point<br />
où ils se retrouvent contraints de ralentir<br />
considérablement leurs activités<br />
professionnelles. Dans nombre de<br />
cas, ils n’ont pas jugé bon d’investir<br />
dans les gros marchés, sinon de<br />
consentir des efforts pour un projet de<br />
moindre envergure.<br />
LA SURFACTURATION,<br />
UN MOYEN DE SE SUCRER<br />
SANS TROP DE RISQUES<br />
A partir de ces entraves, dont le ministère<br />
de l’Agriculture a eu vent, il en est<br />
ressorti une directive dudit département<br />
ministériel invitant les organismes<br />
payeurs ainsi que les DSA<br />
d’accélérer le payement des prestations<br />
des services ac<strong>com</strong>plis. Il est vrai<br />
que des améliorations ont été enregistrées<br />
sur le terrain du recouvrement,<br />
sauf que cela n’a pas empêché des<br />
prestataires du secteur de l’agriculture<br />
sans scrupules et agissant de<br />
connivence avec des exploitants agricoles<br />
davantage enclins à gagner de<br />
l’argent facile, de gonfler considérablement<br />
les factures de leurs prestations<br />
et des prix de vente des équipements<br />
nécessaires à la concrétisation de projets<br />
d’exploitation de périmètres agricoles.<br />
A titre d’exemple, il a été<br />
constaté que des forages ont été exécutés<br />
à des prix dépassant tout entendement.<br />
Des moteurs pompes installés<br />
et payés rubis sur l’ongle, mais qui<br />
n’ont été mis en service que le temps<br />
de voir le délégué agricole signer le PV<br />
d’attestation de service fait.<br />
Outres des plants de vignes, d’arbres<br />
fruitiers, d’oliviers et autres arbres<br />
A G R I C U L T U R E<br />
Arbres fruitiers et<br />
autres arbres<br />
rustiques sont<br />
livrés<br />
à des prix<br />
dépassant<br />
le double.<br />
Le systèmes<br />
d’irrigation au<br />
goutte à goutte a<br />
connu, lui<br />
aussi, des<br />
surfacturations...<br />
rustiques livrés à des prix dépassant<br />
quelquefois le double de leur prix réel<br />
sur le marché, les systèmes d’irrigation<br />
au goutte à goutte ont connu, eux<br />
aussi, des surfacturations. Dans ce<br />
même chapitre de la fourberie, la liste<br />
est longue, occasionnant des pertes<br />
d’argent considérables qui auraient<br />
dû être mis à profit par de vrais exploitants<br />
agricoles cherchant avant<br />
Devant ces détournements<br />
à répétition, des directeurs<br />
de DSA sont montés<br />
au créneau<br />
pour débusquer<br />
tous les fraudeurs...<br />
ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />
53<br />
tout à développer leurs activités et<br />
non pas à chercher qui du prestataire<br />
le plus véreux pour partager, à parts<br />
bien sûr disproportionnées (le gros du<br />
butin revenant aux prestataires de<br />
service) l’argent issu de la surfacturation.<br />
COMPLICITÉS<br />
ET AUTRES DÉRIVES<br />
Si plusieurs cas de duplicité ont été<br />
mis au jour et leurs auteurs traduits<br />
en justice, il n’en reste pas moins que<br />
de nombreuses autres dérives n’ont<br />
pu être mis à nu et ce, faute de<br />
contrôle assidu ou par la <strong>com</strong>plicité<br />
de responsables censés suivre à lettre<br />
l’exécution d’un projet agricole soutenu<br />
par le budget du PNDAR.<br />
Devant ces détournements à répétition,<br />
des directeurs de DSA sont montés<br />
au créneau pour débusquer tous<br />
les fraudeurs. Dans les wilayas à vocation<br />
essentiellement agricole, les<br />
responsables du secteur de l’agriculture<br />
sont conscients que la mission<br />
fondamentale à l’heure actuelle<br />
consiste à mener des opérations<br />
d’évaluation et de contrôle de tous les<br />
projets soutenus par l’Etat.
Selon le département du ministère de<br />
l’Agriculture chargé du suivi et de<br />
l’évaluation de la mise en œuvre du<br />
PNDAR, 1.500 exploitations agricoles<br />
sur 6000 ont été contrôlées non sans<br />
reconnaître que l’opération a révélé<br />
des cas suspects. Devant cet état de<br />
fait, le ministère de l’Agriculture<br />
vient d’ordonner aux DSA de ne plus<br />
traiter de dossier de projet agricole, et<br />
tout traitement administratif en rapport<br />
avec le PNDAR est, pour l’instant<br />
gelé.<br />
REVOIR LA COPIE<br />
EN MATIÈRE DE FINANCE<br />
Est-ce à dire qu’il est mis fin à l’exécution<br />
du Plan national de développement<br />
agricole et rural ou bien<br />
serait-ce là une mesure conjoncturelle<br />
pour donner le temps aux décideurs<br />
de revoir leur copie en matière de soutien<br />
financier accordé par l’Etat aux<br />
travailleurs de la terre qui sollicitent<br />
le financement de leur projets. Apparemment,<br />
la deuxième hypothèse est<br />
la plus plausible. Et pour preuve, il<br />
est projeté que la mise en œuvre du<br />
A G R I C U L T U R E<br />
1.500 exploitations<br />
agricoles<br />
sur 6000 ont été<br />
contrôlées,<br />
l’opération<br />
a révélé<br />
des cas suspects.<br />
PNDAR à l’horizon 2014 va permettre<br />
d’accroître l’investissement dans<br />
les zones rurales et les exploitations<br />
agricoles pour près de 150 milliards<br />
DA par an nécessitant une incitation<br />
financière publique de 73 milliards de<br />
DA.<br />
Les investissements seront orientés à<br />
hauteur de 54 % vers la modernisation<br />
des exploitations agricoles et les<br />
entreprises de services, le reste, soit<br />
46 %, sera consacré au développement<br />
socio-économique des ménages<br />
ruraux, la protection des ressources<br />
naturelles et au développement durable<br />
des territoires ruraux. Pour peu<br />
que le terrain de la concrétisation de<br />
ces ambitieux objectifs soit défriché<br />
de ses acteurs mal intentionnés, et<br />
que les règles d’aide soient bien<br />
définies. <br />
Soufiane Yliès
ENVIRONNEMENT<br />
CHANGEMENTS<br />
CLIMATIQUES<br />
LA PRISE<br />
DE CONSCIENCE<br />
DES ALGERIENS<br />
Quand le climat intervenait par caprices sur les cultures et faisait chuter les<br />
productions agricoles entraînant un surenchérissement des prix des fruits et<br />
légumes au marché et le mécontentement des consommateurs, il y avait toujours<br />
l’espoir que la saison suivante serait meilleure, selon l’alternance «bon an, mal<br />
an». Depuis quelques années, si le climat fausse les calculs, c’est, disent les experts,<br />
à cause de son dérèglement dû aux gaz à effet de serre qui ont provoqué des changements<br />
inquiétants. Les paysans continuent d’imputer les contre-performances de<br />
leur production au climat mais certains parmi eux <strong>com</strong>mencent à saisir qu’il s’agit<br />
moins de caprices que de changements profonds auxquels il faudra s’adapter en permanence.<br />
En 2006, des céréaliculteurs ont décidé de retarder de plusieurs semaines la campagne<br />
labours semailles parce que le climat n’était pas au rendez vous. En <strong>2007</strong>, un<br />
opérateur a été jusqu’à expliquer la cherté des fruits durant le ramadhan par le fait<br />
qu’il n’y a pas eu d’été. Vrai ou faux, le plus significatif est cette récurrence dans<br />
l’évocation du facteur climatique qui semble devenir le déterminant principal ou,<br />
plutôt, un élément d’incertitude absolue dans le secteur de l’agriculture. <br />
ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />
55
LA PRISE DE CONSCIENCE<br />
DES ALGERIENS<br />
<br />
Sans doute insensibles au<br />
phénomène de la fonte des<br />
glaces qui a été le thème de la<br />
journée mondiale de l’environnement,<br />
le 5 juin dernier, les<br />
Algériens sont, naturellement,<br />
plus attentifs aux effets<br />
du climat qui sont plus<br />
proches de leur vie quotidienne<br />
surtout lorsqu’ils touchent<br />
à leur alimentation. Il<br />
faut rappeler que la neige<br />
n’est, en dehors des cimes,<br />
qu’accessoirement présente<br />
dans notre paysage dominé<br />
plutôt par le désert. Mais les<br />
familiers des sommets des<br />
montagnes – dans l’Ouarsenis,<br />
le Djurdjura ou du côté de<br />
Tlemcen – ont certainement<br />
constaté, <strong>com</strong>me l’ont relevé<br />
les experts, que la neige<br />
tombe moins souvent. Par<br />
contre, les canicules se font<br />
plus fréquentes et il ne faut<br />
pas être spécialiste du climat<br />
pour en faire l’observation ni<br />
attendre de voir une série significative<br />
pour croire ceux<br />
qui prédisent que, dans notre<br />
pays, les températures vont<br />
augmenter de quelques degrés<br />
dans cette première moitié du<br />
siècle. Les plus pessimistes<br />
s’appuient sur les modèles<br />
météorologiques qui prévoient<br />
une hausse de température de<br />
3 à 6 degrés, entraînant le déplacement<br />
des zones climatiques.<br />
Leur verdict est<br />
effrayant : sous cette hypothèse,<br />
l’Algérie pourrait être<br />
entièrement couverte par le<br />
désert.<br />
LA PLANÈTE PAIE POUR<br />
DES ACTES COMMIS<br />
PAR LES GROS<br />
POLLUEURS<br />
Les problèmes globaux de l’environnement,<br />
dont font partie<br />
les changement climatiques,<br />
sont ainsi : toute la planète<br />
paie pour des actes <strong>com</strong>mis<br />
principalement par quelques<br />
pays gros pollueurs. La part<br />
E N V I R O N N E M E N T<br />
de l’Algérie dans l’émission<br />
des gaz à effet de serre, responsables<br />
des changements<br />
climatiques, est plutôt faible,<br />
mais sa vulnérabilité à leur<br />
impact est alarmante. Il ne<br />
s’agit pas seulement de la<br />
gymnastique à laquelle seront<br />
contraints les paysans pour<br />
suivre le cycle des saisons<br />
sous l’influence des changements<br />
climatiques. Le rendement<br />
dans l’agriculture s’en<br />
Les plus pessimistes<br />
s’appuient<br />
sur les modèles<br />
météorologiques<br />
qui prévoient<br />
une hausse de<br />
température<br />
de 3 à 6 degrés,<br />
entraînant le<br />
déplacement<br />
des zones<br />
climatiques.<br />
ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />
56<br />
Les familiers<br />
des sommets ont constaté<br />
que la neige<br />
se fait de plus en plus rare.<br />
ressentira forcément. L’impact<br />
sur l’agriculture est également<br />
dû à la réduction de la<br />
pluviométrie qui affecterait en<br />
même temps les ressources<br />
hydriques. Des secteurs industriels<br />
en pâtiraient.<br />
UNE MONTÉE<br />
DU NIVEAU<br />
DE LA MÉDITERRANÉE<br />
Les spécialistes parlent aussi<br />
d’une montée du niveau de la<br />
Méditerranée qui fragiliserait<br />
l’infrastructure littorale et<br />
portuaire. Quant aux violents<br />
orages, l’épisode de novembre<br />
2001 à Bab el Oued nous a<br />
renseignés sur les dégâts catastrophiques<br />
qu’ils peuvent<br />
causer. Les modifications<br />
dans le climat pourraient, diton,<br />
provoquer des maladies<br />
contagieuses nouvelles.<br />
En fait, il faut être Al Gore<br />
pour décrire, dans le menu détail<br />
et avec pédagogie, par<br />
l’image et par le son, ce que<br />
sera le pays si le système d’activités<br />
économiques qui domine<br />
le monde n’est pas<br />
remplacé pour limiter l’émission<br />
de gaz à effet de serre et<br />
sauver la Terre en danger. <br />
M’hamed Rebah
Face à cette perspective<br />
apocalyptique, que fait<br />
l’Algérie ? Notre pays a ratifié<br />
la Convention-cadre sur les<br />
changements climatiques qui<br />
avait été signée en juin 1992<br />
et a <strong>com</strong>mencé à remplir les<br />
engagements qui en découlent<br />
notamment par l’élaboration<br />
de son plan national de<br />
lutte contre les gaz à effet de<br />
serre et la création de<br />
l’Agence nationale des changements<br />
climatiques qui est<br />
l’instrument de conception et<br />
de mise en œuvre de la politique<br />
nationale en la matière.<br />
Le plan national a pour objet<br />
l’atténuation des émissions<br />
de gaz à effet de serre et<br />
l’adaptation pour limiter les<br />
effets des changements climatiques<br />
sur les ressources<br />
naturelles et le développement<br />
socio-économique. Il envisage<br />
l’aménagement du<br />
bassin versant du Hodna et<br />
des plantations forestières et<br />
E N V I R O N N E M E N T<br />
CHANGEMENTS CLIMATIQUES<br />
QUE FAIT L’ALGÉRIE ?<br />
Reboisement<br />
massif et nouvelles<br />
infrastructures<br />
agricoles :<br />
Plusieurs mésures<br />
à prendre dans les<br />
meilleurs délais.<br />
Les pouvoirs publics ont la volonté de développer<br />
les énergies renouvelables et de maîtriser<br />
les consommations énergétiques.<br />
fruitières dans certaines<br />
zones pour la séquestration<br />
du dioxyde de carbone.<br />
DES MESURES<br />
DANS LES SECTEURS<br />
VULNÉRABLES<br />
Le plan national énonce les<br />
mesures à prendre dans les<br />
secteurs particulièrement<br />
vulnérables pour réaliser des<br />
actions d’adaptation : agriculture<br />
(reboisement massif,<br />
nouvelles infrastructures et<br />
pratiques agricoles, calendrier,…),<br />
eau (dessalement<br />
d’eau de mer, réutilisation<br />
des eaux usées épurées dans<br />
l’agriculture et l’industrie),<br />
énergie (récupération des gaz<br />
torchés des puits de pétrole,<br />
développement de l’utilisation<br />
du gaz pour l’industrie et<br />
les besoins domestiques, traitement<br />
des rejets industriels<br />
et des boues de forage, mise à<br />
niveau des centrales électriques,<br />
développement des<br />
ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />
57<br />
réseaux de carburants peu<br />
polluants), industrie (amélioration<br />
de l’efficacité énergétique<br />
dans le secteur<br />
industriel).<br />
Dans le secteur de l’énergie,<br />
un projet d’un montant de<br />
100 millions de dollars, réalisé<br />
par Sonatrach et British<br />
Petroleum, doit permettre de<br />
réduire d’un million de<br />
tonnes les émissions de gaz à<br />
effet de serre de l’Algérie<br />
grâce à un projet d’enfouissement<br />
sous 1.500 m dans le<br />
périmètre d’In Salah du<br />
dioxyde de carbone rejeté par<br />
les champs d’hydrocarbures<br />
(deux autres projets de ce<br />
type sont opérationnels au<br />
Canada et dans la mer du<br />
Nord, au large de la côte norvégienne).<br />
Les techniques de<br />
piégeage et de stockage du<br />
dioxyde de carbone permettent<br />
de piéger ce gaz, de<br />
l'acheminer dans des canalisations<br />
et de l'injecter dans<br />
des formations géologiques.<br />
SONATRACH :<br />
LE RECOURS<br />
AU MÉCANISME<br />
DE DÉVELOPPEMENT<br />
PROPRE<br />
La Sonatrach a d’autres projets<br />
d’un montant global de<br />
220 millions de dollars,<br />
jusqu’en <strong>2007</strong>, pour réduire le<br />
taux de torchage de gaz lié à<br />
la production pétrolière à<br />
moins de 7 % et rendre possible<br />
l’élimination totale du torchage<br />
à <strong>com</strong>pter de 2010 par<br />
le recours notamment au Mécanisme<br />
de développement<br />
propre.
E N V I R O N N E M E N T<br />
CHANGEMENTS<br />
CLIMATIQUES<br />
QUE FAIT<br />
L’ALGÉRIE ?<br />
<br />
Les pouvoirs publics ont la<br />
volonté de développer les<br />
énergies renouvelables et de<br />
maîtriser les consommations<br />
énergétiques. Promulguée en<br />
1999, la loi relative à la maîtrise<br />
de l'énergie a pour objectif<br />
d’améliorer l’efficacité<br />
énergétique et de favoriser<br />
l’atténuation de l'impact du<br />
système énergétique sur l'environnement<br />
et la réduction<br />
des émissions de gaz à effet<br />
de serre. Cette loi a été suivie<br />
de celle sur les énergies renouvelables<br />
et le décret de diversification<br />
des coûts des<br />
énergies renouvelables.<br />
L’ ALGÉRIE A RATIFIÉ<br />
LE PROTOCOLE<br />
DE KYOTO EN 2004<br />
L’Algérie a ratifié également,<br />
en avril 2004, le Protocole de<br />
Kyoto qui ne lui impose aucune<br />
obligation mais peut la<br />
faire bénéficier du Mécanisme<br />
de développement propre,<br />
institué par le protocole,<br />
qui permet aux pays industrialisés<br />
de financer des projets<br />
de réduction des<br />
émissions dans les pays en<br />
développement, par l’introduction<br />
de technologies propres,<br />
qui répondent aux<br />
conditions d’un développement<br />
durable, moyennant un<br />
partage des crédits de pollution<br />
découlant de cette réduction.<br />
L’autorité nationale<br />
désignée, prévue par l’article<br />
12 du protocole de Kyoto, a<br />
été mise en place. Sa mission<br />
consiste à faire le tri dans les<br />
projets éligibles aux mécanismes<br />
du développement<br />
propre. Elle est constituée<br />
des représentants de plusieurs<br />
ministères. <br />
M’hamed Rebah<br />
La Conférence de Bali est censée produire<br />
un calendrier de négociations qui conduiraient fin 2009<br />
à un accord pour accélérer les réductions des émissions<br />
de gaz à effet de serre.<br />
Du 3 au 14 décembre à<br />
Bali, en Indonésie, les<br />
Nations unies organisent une<br />
conférence internationale sur<br />
les changements climatiques<br />
pour lancer les négociations –<br />
qui seront longues et délicates,<br />
prévoit le secrétaire général<br />
des Nations unies, Ban<br />
Ki-moon – sur un nouveau<br />
pacte appelé à succéder au<br />
protocole de Kyoto (élaboré<br />
en décembre 1997), qui expire<br />
en 2012. Les pays en développement,<br />
notamment l'Inde et<br />
la Chine, aux pays développés<br />
dans la lutte contre les<br />
émissions de gaz à effet de<br />
serre, seront associés à l’accord<br />
qui en sortira.<br />
BAN KI-MOON<br />
A DEMANDÉ UN PRO-<br />
GRÈS SUBSTANTIEL<br />
La Conférence de Bali est<br />
censée produire un calendrier<br />
de négociations qui conduiraient<br />
fin 2009 à un accord<br />
pour accélérer et accentuer<br />
les réductions des émissions<br />
ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />
58<br />
APRÈS<br />
KYOTO, BALI<br />
de gaz à effet de serre. Une<br />
fois ratifié, ce qui devrait<br />
prendre deux ans, l'accord<br />
succèdera à la première<br />
phase du Protocole de Kyoto,<br />
qui expire fin 2012.<br />
Le 24 septembre dernier, lors<br />
du sommet inédit à l'ONU<br />
sur le climat, les Européens<br />
ont appelé à réduire de moitié<br />
d'ici à 2050 les émissions de<br />
gaz à effet de serre. La<br />
Grande-Bretagne a affirmé<br />
que la Conférence de Bali devrait<br />
adopter un objectif de<br />
réduction des émissions de<br />
ces gaz "d'au moins 50%" des<br />
niveaux de 1990 d'ici à 2050.<br />
Ban Ki-moon a demandé un<br />
progrès substantiel à Bali et<br />
a appelé les dirigeants du<br />
monde à une action immédiate<br />
: "le changement climatique<br />
et la réponse que nous y<br />
apporterons définiront notre<br />
époque et détermineront l'héritage<br />
global que nous laisserons<br />
aux générations<br />
futures". <br />
M‘h. R.
A U T O M O B I L E<br />
IVAL LANCE LA FIAT LINEA DANS LE NOUVEAU SHOW ROOM DE HYDRA<br />
DESIGN ÉLÉGANT ALLIÉ AU DYNAMISME<br />
Cette deuxième structure dans<br />
l’Algérois, après celle de Caroubier<br />
qui a nécessité une dizaine de<br />
milliards de centimes, est dotée d’un<br />
show room édifié aux normes internationales<br />
conçu par le groupe en prenant<br />
en considération la charte et la<br />
signalétique du constructeur Fiat,<br />
avec un grand parking autour réservé<br />
aux visiteurs. Mais l’événement a été<br />
choisi aussi pour le lancement officiel<br />
de la nouvelle Fiat Linea, un modèle<br />
très prisé en Europe actuellement,<br />
réalisé par Fiat Auto et Tofas dans le<br />
cadre du partenariat paritaire ; présentée<br />
déjà une de ça en Turquie, la<br />
Linea est une berline du segment «C»<br />
qui allie fonctionnalité et plaisir de<br />
conduite avec un rapport qualité/prix<br />
très <strong>com</strong>pétitif.<br />
Ce produit est d’une excellente esthétique,<br />
la Fiat Linea quatre portes, caractérisée<br />
par des dimensions<br />
généreuses, qui la situent en tête de<br />
son segment ; elle mesure 4,56 m de<br />
longueur, 1,73 m de largeur et 1,5 m<br />
de hauteur, avec un empattement de<br />
2,6 m et un coffre à bagages de 500<br />
litres.<br />
UNE TECHNOLOGIE<br />
SOPHISTIQUÉE POUR LA SÉCURITÉ<br />
Côté motorisation, la Linea doit son<br />
tempérament brillant à un moteur<br />
qui allie performance élevée, consommation<br />
réduite et respect de l’environnement<br />
(ils sont tous euro 4) et<br />
une consommation de 6,3 l par 100<br />
km en cycle mixte.<br />
La gamme destinée au marché algérien<br />
<strong>com</strong>prendra un moteur à essence<br />
(1.4 8V de 77cw), un turbo diesel (1.3<br />
multijet 16V de 90 cw) avec turbine à<br />
géométrie variable, accouplés à des<br />
boites de vitesses mécaniques à cinq<br />
rapport. La Fiat Linea offre un style<br />
original, une mécanique évoluée et<br />
fiable,un confort et des qualités de reprise<br />
garanties.<br />
Rubrique animée par Hafid Beg.<br />
C’est vrai que le bonheur ne vient jamais seul. En inaugurant sa nouvelle structure de vente<br />
à Hydra sur les hauteurs d’Alger , le groupe IVAL, représentant exclusif de Fiat en Algérie, entend conférer<br />
à la marque italienne sa place qui lui sied dans notre pays.<br />
La Fiat Linea<br />
est fabriquée à<br />
l’usine turque<br />
de Bursa,<br />
le constructeur<br />
prévoit<br />
l’immatriculation<br />
de 60.000<br />
unités/ an.<br />
En matière de sécurité, Linea a bénéficié<br />
de la technologie la plus sophistiquée<br />
pour une sécurité active et<br />
passive ; avec ABS le plus évolué intégrant<br />
un correcteur électronique de<br />
freinage EBD, 6 airbags smart 2, capable<br />
d’adapter automatiquement les<br />
paramètres d’activation en fonction<br />
La Fiat Linea<br />
quatre portes, caractérisée<br />
par des dimensions<br />
généreuses,<br />
qui la situent en tête<br />
de son segment ;<br />
elle mesure 4,56 m<br />
de longueur, 1,73 m de<br />
largeur et 1,5 m<br />
de hauteur,<br />
avec un empattement<br />
de 2,6 m et un coffre<br />
à bagages<br />
de 500 litres.<br />
ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />
60<br />
de la violence de l’impact. Pour ce qui<br />
est de la sécurité, Linea, équipée<br />
aussi de ceintures avant munies d’enrouleurs<br />
de prétensionneurs et de limiteur<br />
de charge, et les<br />
«window-bags» qui sont des coussins<br />
qui descendent le long de vitres pour<br />
protéger la tête des occupants en cas<br />
de collision, disponible en option. Ce<br />
sont là en synthèse, les atouts majeurs<br />
de la Fiat Linea qui entend<br />
jouer un rôle de premier plan dans<br />
son segment «C», où se mesurent les<br />
grands constructeurs du monde.<br />
LA FIAT LINEA<br />
À 1.170.000 DA<br />
La Fiat Linea est fabriquée à l’usine<br />
turque de Bursa, le constructeur prévoit<br />
l’immatriculation de 60.000 unités/<br />
an. Elle sera aussi produite au<br />
Brésil, Inde, Chine et Russie. Ce modèle<br />
est proposé en Algérie avec un<br />
prix (rationnel) de 1.170.000 DA,<br />
pour le groupe Ival qui <strong>com</strong>pte beaucoup<br />
sur les qualités pour doper ses<br />
ventes au cours de la fin de l’exercice<br />
<strong>2007</strong>.
A U T O M O B I L E<br />
UN INVESTISSEMENT DE 2 MILLIARDS DE DINARS POUR LE NOUVEAU MAGASIN CENTRAL<br />
RENAULT S’ENGAGE POUR LA QUALITÉ ET LA SÉCURITÉ<br />
Le constructeur français<br />
Renault a procédé<br />
le mois dernier<br />
à l’inauguration de son<br />
nouveau magasin central<br />
de pièces de rechange,<br />
au cœur de la Mitidja,<br />
avec un coût d’investissement<br />
qui avoisine les deux<br />
milliards de dinars.<br />
Une première dans le<br />
marché national, cette<br />
nouvelle structure se situe à<br />
Tessala El Merdja sur l’autoroute<br />
Alger-Blida, avec<br />
une superficie globale de<br />
l’ordre de 15.000 m² dotée<br />
de plus de vingt mille références<br />
dans le but de garantir<br />
la qualité de la pièce<br />
Renault et Dacia sur le<br />
marché et permettre aussi à<br />
l’avenir une disponibilité<br />
permanente. Signalons, au<br />
LA NOUVELLE LAGUNA : LUXE ET PUISSANCE<br />
R<br />
enault a présenté sa nouvelle Laguna au cours de la<br />
deuxième semaine de septembre à l’hôtel Sofitel, un<br />
model qui se place dans l’univers du haut de gamme, mais<br />
qui ne sera <strong>com</strong>mercialisé qu’au début de l’exercice 2008 en<br />
Algérie. Laguna a été conçue pour figurer dans le top 3 du<br />
segment de haut de gamme en matière de qualité produit.<br />
La nouvelle Laguna apporte d’avantage un niveau de sécurité<br />
de confort au meilleur niveau de la catégorie ; <strong>com</strong>me<br />
elle fait partie des jokers incontournable du haut de gamme<br />
que <strong>com</strong>pte proposer à l’avenir proche le constructeur français<br />
pour atteindre les ventes de deux cents mille unités de<br />
cette catégorie à l’horizon 2010.<br />
Elle est équipée d’un moteur de 2 l avec 16 soupapes E développant<br />
145 cw de puissance, et pourra <strong>com</strong>pter des motorisations<br />
diesel associées à une boite à vitesse automatique<br />
proactive à 6 rapports avec une isolation renforcée entre la<br />
motorisation et l’habitacle de haut niveau. Laguna intègre<br />
de nouvelles technologies de pointe et un ensemble de prestations<br />
de premiers ordres. On peut citer le frein parking<br />
automatique, carte Renault main libre, le GPS, …<br />
Elle est parmi les huit modèles de haut de gamme qu’ambitionne<br />
le constructeur de lancer dans cadre du plan<br />
«contrat 2009» pour regagner les parts du marché perdus en<br />
Europe ces deux dernières années et poursuivre le développement<br />
à l’international. <br />
ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />
61<br />
passage, ce que le directeur<br />
Général de Renault Algérie<br />
nous a dévoilé au début de<br />
l’exercice <strong>2007</strong>, cet important<br />
investissement qui permettra<br />
davantage à faire<br />
barrage à la pièce contre-<br />
LECHIFFRE<br />
faite, qui constitue un fléau<br />
dangereux en matière de la<br />
sécurité routière où les accidents<br />
entraînent plus de<br />
trois mille décès annuellement.<br />
En attendant le lancement<br />
du projet du centre national<br />
de formation, Renault affiche<br />
ses ambitions visant la<br />
satisfaction en permanence<br />
des besoins de la clientèle<br />
algérienne, qui ne cesse de<br />
grandir. Ceci nécessite sûrement<br />
des projets de grande<br />
envergure pour le développement<br />
de la filiale du<br />
constructeur, dans un marché<br />
prometteur en pleine<br />
progression. <br />
CHEVROLET EN PREMIÈRE POSITION<br />
Chevrolet a créé la surprise en devenant leader des<br />
meilleures ventes des véhicules de tourisme, AVEO<br />
se propulse en tête des ventes par modèles, tous segments<br />
confondus cette année, avec 11.221 unités vendues<br />
à la fin août. Ce modèle est sans conteste, la valeur sûre<br />
de la marque américaine. AVEO est suivie à la deuxième<br />
place par le Hilux de Toyota, un cheval de bataille du premier<br />
constructeur mondial sur le marché algérien, par<br />
contre, la micro citadine de Hyundai se positionne en 3e<br />
place des ventes au huitième mois de l’exercice <strong>2007</strong> avec<br />
des ventes qui dépassent les sept mille unités et Dacia<br />
Logan qui se maintient dans le top five avec une conquête<br />
qui se rapproche de sept mille nouveaux clients suivie<br />
d’un model de la maison mère (Renault) Clio classic qui<br />
fait dans la continuité de la réussite avec plus de six mille<br />
nouvelles immatriculations.
MONDE<br />
FOIRE INTERNATIONALE DE L’ÉLECTRONIQUE À BERLIN, IFA <strong>2007</strong><br />
DES CONTRATS<br />
POUVANT DÉPASSER<br />
LES 2,5 MILLIARDS D’EUROS<br />
De notre envoyée spéciale à Berlin<br />
Yasmine Ferroukhi<br />
Inaugurée par le ministre fédéral<br />
de l’Economie allemand, M. Michael<br />
Glos, en présence du président<br />
du parlement européen, Hans Gert<br />
Pöttering, et quelque 600 invités VIP,<br />
la IFA <strong>2007</strong> a connu cette année encore<br />
un franc succès avec une participation<br />
record avec plus de 1.170<br />
exposants venant de 32 pays, 250.000<br />
visiteurs et pas moins de 7.000 journalistes.<br />
Comme indiqué par le ministre,<br />
«la numérisation est à la base<br />
de toutes les évolutions». Ce qui a caractérisé<br />
l’édition de cette année<br />
reste la télévision à haute définition<br />
(HDTV) et la télévision interactive<br />
sur Internet (IPTV).<br />
LA PLUS GRANDE<br />
ET LA PLUS ANCIENNE FOIRE<br />
D’ALLEMAGNE ET D’EUROPE<br />
Dans une rencontre avec quelques<br />
journalistes de la presse algérienne,<br />
les organisateurs de l’évènement, à<br />
savoir GFU (Gesllschaft Fûr Unterhaltungs-und),<br />
ont tenu à souligner<br />
qu’il s’agit en effet, de «la plus grande<br />
foire d’Allemagne et d’Europe». Elle<br />
est également la plus ancienne<br />
puisqu’elle existe depuis 1924 pour<br />
présenter régulièrement les dernières<br />
avancées technologiques, tel<br />
que précisé par M. Roland M. Stehle,<br />
chargé des relations avec la presse à<br />
GFU. Ce dernier a rappelé au passage<br />
que c’est lors de la foire de 1932<br />
que la radio auto a été présentée pour<br />
la première fois au public, de même<br />
que la TV couleur en 1976. Cela a été<br />
aussi le cas, plus tard, pour le disque<br />
<strong>com</strong>pact (CD) ainsi que pour les produits<br />
vidéo de haute définition HD<br />
(high definition).<br />
<br />
ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />
62<br />
Comme annoncé dans notre précédente<br />
édition, la Foire internationale de<br />
l’électronique, IFA <strong>2007</strong>, s’est tenue dans<br />
la capitale de la République fédérale<br />
d’Allemagne du 31 août au 5 septembre<br />
derniers dans sa 47e édition.<br />
PARTICIPATION DE LG ELECTRONICS À IFA <strong>2007</strong> DE BERLIN<br />
ENCORE DES NOUVEAUTÉS<br />
DANS UN MONDE DIGITAL<br />
A l’instar de ses concurrents, LG Electronics a également eu son<br />
mot à dire lors de cette grandiose manifestation qu’est la IFA <strong>2007</strong> en<br />
dévoilant ses dernières innovations dotées de la plus haute technologie<br />
et alliant l’utilité à l’élégance. Objectif de sa présence à Berlin, attirer<br />
une nouvelle catégorie de clientèle, les riches d’Europe. C’est ce<br />
que nous a déclaré M. Tae Bong Kim, vice-président de LG Electronics<br />
Design Center. Les produits phares dévoilés lors de l’exposition déclinent<br />
en deux catégories, les «Design Art» et les «leaders des industries<br />
technologiques».
M. Roland a, par ailleurs, précisé que<br />
«le marché de l’électronique est actuellement<br />
en pleine expansion en Allemagne<br />
et pourrait atteindre cette<br />
année les 23 milliards d’euros avec<br />
une tendance pour les produits à<br />
usage domestique».<br />
SIGNATURE DE CONTRATS<br />
AVEC DES STARS<br />
Pour mieux attirer le public vers cette<br />
foire, les organisateurs n’ont pas hésité<br />
à signer plusieurs contrats avec<br />
des stars de la chanson et autres célébrités<br />
pour donner une véritable ambiance<br />
de fête à l’évènement.<br />
Interrogé sur le chiffre d’affaires de<br />
l’entreprise organisatrice, notre hôte<br />
déclare qu’il tourne autour de 160<br />
millions d’euros et s’est vu multiplier<br />
par cinq durant les cinq dernières années.<br />
Quant à la valeur des contrats<br />
que la IFA 2006 a permis de signer<br />
entre opérateurs, elle est de 2,5 mil-<br />
DES TÉLÉVISEURS LCD<br />
ART ET TECHNOLOGIE<br />
ans la première catégo-<br />
Drie, on a pu apprécier sur<br />
place les écrans d’affichage à<br />
cristaux liquides, dits LCD,<br />
avec des supports sous forme<br />
annulaire conférant un look<br />
des plus modernes. La ligne<br />
<strong>com</strong>porte des hauts parleurs<br />
couverts d’un film spécial les<br />
tenant hors de vue sans pour<br />
autant affecter la qualité du<br />
son. Ces téléviseurs HD offre<br />
une vive vision grâce au moteur<br />
XD exclusif de LG avec<br />
un taux de contraste permettant<br />
une gamme de couleurs<br />
plus variée.<br />
Grâce à la technologie dite<br />
«Intelligent Eye» incorporée<br />
pour optimiser l'éclat et le<br />
contraste, les téléspectateurs<br />
peuvent apprécier une meilleure<br />
qualité d’image sans affecter<br />
leurs yeux.<br />
Autre nouveauté, dans les<br />
Home cinema cette fois, la<br />
forme des haut-parleurs en<br />
verre de champagne avec une<br />
grande conversion (HDMI<br />
1080p) et doté d’un Simplink<br />
permettant au téléviseur<br />
d’être <strong>com</strong>patible avec un<br />
grand nombre d’équipements<br />
numériques. <br />
MONDE<br />
liards d’euros. Il est attendu que cette<br />
barre soit largement dépassée pour<br />
cette édition <strong>2007</strong> vu le nombre de<br />
participants.<br />
Une virée à travers les différents et<br />
immenses stands des géants mondiaux<br />
de l’électronique, mais aussi<br />
des moins connus, nous a plongés<br />
dans un monde fascinant où tout devient<br />
possible et simple. Les nombreux<br />
exposants se sont surpassés en<br />
innovations, que ce soit dans la caté-<br />
vient de dévoiler son<br />
LGdernier Smartphone à<br />
grande vitesse HSDPA, plus<br />
connu sous l’appellation LG-<br />
KS20 à l’occasion de l’IFA <strong>2007</strong>.<br />
Les Smartphones ont ainsi<br />
capté l'attention des visiteurs<br />
de l’exposition, dont le LG-<br />
KS20 équipé de Windows 6, eu<br />
égard à ses hautes capacités<br />
mobiles via Internet. Son<br />
écran tactile et son interface<br />
<strong>com</strong>plète lui confèrent, entre<br />
autres, une capacité de téléchargement<br />
supérieure de 3.6<br />
Mbps.<br />
Ainsi, en raison d’une plus<br />
large utilisation d’Internet, la<br />
technologie HSPDA est à son<br />
tour de plus en plus demandée<br />
et LG se place en leader mondial<br />
de la technologie 3G (troisième<br />
génération des mobiles<br />
ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />
63<br />
gorie des produits audio, vidéo et hi<br />
fi, ou encore dans le domaine des applications<br />
émergentes telles que la réception<br />
TV sur radio téléphones et<br />
systèmes de navigation automobiles.<br />
Parmi les exposants, il y a lieu de<br />
citer Philips, Sharp, Sony, Astra,<br />
Deutsche Tele<strong>com</strong> Laboratories, Daewoo,<br />
Panasonic, Casio, JVC, LG Electronics,<br />
Samsung et Toshiba.<br />
Enfin, parmi les innovations, le public<br />
a pu apprécier le téléviseur à<br />
haute définition LCD, le plus fin au<br />
monde avec une épaisseur de 20 mm<br />
seulement. <br />
Y. F.<br />
LES NOUVEAUX SMARTPHONES LG<br />
ENRICHISSENT L’EXPÉRIENCE<br />
MOBILE VIA INTERNET<br />
intégrant le son et l’image interactive).<br />
Cela permet diverses<br />
options dont le<br />
téléchargement de musique,<br />
de vidéo clips ou encore<br />
consulter les mails, etc. Aussi,<br />
la capacité de grande vitesse<br />
rend possible les appels visuels.<br />
Le téléphone est également<br />
équipé d’une panoplie d’autres<br />
caractéristiques avancées<br />
telles que la reconnaissance de<br />
l’écriture, la connectivité Wi-<br />
Fi, une mémoire interne<br />
128MB, un support pour mémoire<br />
externe MicroSD et<br />
Bluetooth 2.0. Il est actionné<br />
par le logiciel de Windows Mobile®<br />
6 signé Microsoft. Le LG-<br />
KS20 sera disponible en<br />
Europe à partir du mois d'octobre<br />
prochain. <br />
TÉLÉVISEURS PAUSE & PLAY AVEC DVR INTÉGRÉ<br />
Les téléviseurs Pause & Play équipés d’un DVR digital 160-gygabyte et d’un double tuner<br />
ont la capacité de mémoriser jusqu’à 48 heures et 10 minutes de programmation numérique<br />
de haute qualité ou bien jusqu’à 86 heures et 20 minutes de programmation numérique<br />
de qualité standard. Le double tuner numérique constitue l’autre caractéristique<br />
fascinante qui permet aux téléspectateurs de regarder un programme tout en enregistrant<br />
un autre. En plus de vanter leur look soigné, ces téléviseurs sont également très faciles<br />
à utiliser.
MONDE<br />
SELON LE RAPPORT DE LA COMMISSION DES NATIONS UNIES<br />
LA FUITE DE CAPITAUX<br />
COÛTE 400 MILLIARDS DE DOLLARS À L’AFRIQUE<br />
La fuite des capitaux des pays africains depuis leur indépendance, 400 milliards USD en 30 ans.<br />
Elle représente près de deux fois la dette du continent, selon le rapport de l'agence de l'ONU pour le<br />
<strong>com</strong>merce et le développement (Cnuced) qui a appelé les Africains à puiser dans leurs ressources propres.<br />
Au moins 400 milliards de dollars<br />
ont quitté les pays africains depuis<br />
que ceux-ci ont <strong>com</strong>mencé à s'endetter<br />
au milieu des années 1970, a<br />
calculé un expert de la Conférence<br />
des Nations unies pour le <strong>com</strong>merce<br />
et le développement (Cnuced), Samuel<br />
Gayi. Ce montant représente<br />
près du double de la dette africaine<br />
(215 milliards), a observé M. Gayi devant<br />
la presse à Genève.<br />
"L'Afrique est créancière nette du<br />
reste du monde", a ajouté l'économiste<br />
en présentant le rapport annuel<br />
de la Cnuced sur "le<br />
Développement économique en<br />
Afrique".<br />
Entre 1991 et 2004, la fuite des capitaux<br />
a représenté chaque année en<br />
moyenne, 13 milliards de dollars, "soit<br />
un pourcentage vertigineux de 7,6%<br />
du produit intérieur brut (PIB) annuel"<br />
du continent, relève la Cnuced.<br />
Pour la seule année 2003, les sorties<br />
de capitaux auraient atteint les 30<br />
milliards USD.<br />
Dans certains cas, c'est la dette ellemême<br />
qui aurait fourni les fonds pour<br />
les sorties de capitaux, note le<br />
rapport.<br />
LES PAYS AFRICAINS<br />
PRIVÉS DE RESSOURCES<br />
"La fuite des capitaux continue de<br />
priver les pays africains d'une quantité<br />
considérable de ressources pour<br />
l'investissement", déplorent ses auteurs.<br />
"Si ces ressources étaient allouées<br />
à des investissements<br />
productifs, elles permettraient de<br />
créer des emplois et de fournir des revenus<br />
à de larges segments de la population",<br />
estime la Cnuced.<br />
Afin de "stopper cette hémorragie financière",<br />
la Cnuced suggère aux<br />
gouvernements africains d'envisager<br />
La Cnuced plaide<br />
pour une<br />
réglementation<br />
moins rigide du<br />
marché du travail,<br />
afin qu'un plus<br />
grand nombre de<br />
travailleurs sortent<br />
du secteur informel.<br />
une amnistie temporaire sur le rapatriement<br />
de capitaux "sans poser de<br />
questions" sur l'origine des fonds.<br />
"Les pays africains pourraient renverser<br />
le mouvement de fuite des capitaux<br />
s'ils créaient suffisamment de<br />
possibilités d'investissement qui puis-<br />
Entre 1991 et 2004,<br />
la fuite des capitaux a représenté<br />
chaque année en<br />
moyenne, 13 milliards<br />
de dollars, "soit un<br />
pourcentage vertigineux<br />
de 7,6% du produit intérieur<br />
brut (PIB) annuel"<br />
du continent...<br />
sent intéresser leurs ressortissants<br />
vivant à l'étranger", selon le rapport.<br />
Plus généralement, l'organisme onusien<br />
appelle à "mobiliser les ressources<br />
financières intérieures<br />
cachées des pays africains".<br />
La Cnuced suggère ainsi de "formaliser"<br />
le secteur informel afin d'élargir<br />
l'assiette fiscale. Elle appelle à réduire<br />
par exemple des frais de créa-<br />
ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />
64<br />
tion d'entreprise "particulièrement<br />
onéreux en Afrique" <strong>com</strong>me l'ont fait<br />
"spectaculairement" l'Ethiopie ou la<br />
Guinée Equatoriale.<br />
La Cnuced plaide aussi pour une réglementation<br />
moins rigide du marché<br />
du travail, afin qu'un plus grand<br />
nombre de travailleurs sortent du<br />
secteur informel.<br />
La part de l'économie cachée par rapport<br />
au PIB atteint 45% en moyenne,<br />
mais elle varie considérablement d'un<br />
Etat à un autre, s'inscrivant à 58% en<br />
Tanzanie contre 28% seulement en<br />
Afrique du Sud.<br />
En conséquence, les recettes fiscales<br />
ne représentent que 16% du PIB en<br />
Afrique, soit la moitié de la moyenne<br />
des pays de l'Organisation pour la<br />
coopération et le développement économiques<br />
(OCDE).<br />
La perception des impôts est "difficile"<br />
reconnaît la Cnuced, qui y voit<br />
pudiquement le reflet de "la médiocre<br />
légitimité accordée à l'Etat". "Les impôts<br />
ne sont pas généralement perçus<br />
<strong>com</strong>me servant à améliorer la prestation<br />
des services publics", remarquent<br />
les auteurs du rapport.