N° 4 - Octobre 2007 - Economia-dz.com

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23.06.2013 Views

L’ENTREPRISE SE<br />

DOIT DE METTRE<br />

EN OEUVRE DES<br />

MESURES POUR<br />

AMÉLIORER SES<br />

PERFORMANCES,<br />

TANT EN TERMES<br />

DE COÛTS QUE DE<br />

QUALITÉ.<br />

L’ETAT, CET AGENT<br />

RÉGULATEUR, PAR<br />

CONTRE, SE DOIT<br />

DE REPRENDRE<br />

L’INITIATIVE ET<br />

NON PAS CÉDER AU<br />

FAIT ACCOMPLI<br />

IMPOSÉ PAR LE<br />

DIKTAT DE<br />

L’ÉCONOMIE DE<br />

BAZAR ET DE LA<br />

SPÉCULATION.<br />

EDITORIAL Par Idriss Loubar<br />

IL EST TEMPS D’AGIR...<br />

L<br />

’entrée en vigueur de l’Accord<br />

d’association avec l’Union Européenne<br />

en 2005 et le lancement<br />

de la 2e phase du démantèlement<br />

tarifaire des taxes douanière nous<br />

interpelle tous, en tant qu’acteurs<br />

de la scène économique et médiatique.<br />

Les tarifs douaniers ne constituent<br />

plus, de l’avis des spécialistes<br />

de la res economica, les seuls<br />

moyens utilisés pour la protection<br />

des produits locaux, ils sont appelés<br />

à travers le monde à se réduire<br />

progressivement dans le cadre de<br />

l'OMC et à disparaître dans le<br />

cadre des zones de libre échange.<br />

Pour l'Algérie, cet Accord représente,<br />

il faut bien le mettre dans<br />

son contexte, un signal fort en direction,<br />

d’abord des capitales<br />

étrangères sur le plan politique et<br />

diplomatique, et ensuite en direction<br />

des investisseurs étrangers, à<br />

un moment où les opérateurs économiques<br />

étrangers la fuyaient et<br />

où les relations diplomatiques du<br />

pays se détérioraient du fait de la<br />

situation politique et sécuritaire<br />

qui prévalait à l’époque. Il fallait<br />

donc briser l’isolement dans lequel<br />

se trouvait le pays.<br />

Cet Accord doit offrir, avec la future<br />

adhésion de l’Algérie à<br />

l’OMC, de grandes opportunités<br />

pour l’insertion de notre économie<br />

dans l'espace économique mondial,<br />

afin d’accélérer la transition vers<br />

l’économie de marché par l’adop-<br />

ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />

1<br />

tion de règles universelles de gouvernance<br />

économique.<br />

En parallèle, le gouvernement<br />

est censé engager des réformes<br />

économiques de fond permettant<br />

notamment au tissu industriel national<br />

d’être plus <strong>com</strong>pétitif. L’accord,<br />

aussi, prévoit un large<br />

programme de coopération économique<br />

et sociale d’ac<strong>com</strong>pagnement.<br />

Malheureusement, les choses<br />

n’évoluent pas, aujourd’hui, dans<br />

le sens des attentes, tant espérées.<br />

Quand bien même, il est encore<br />

trop tôt pour situer et évaluer les<br />

préjudices subis par la production<br />

nationale, cela signifie-t-il qu’il<br />

faille attendre, encore, quelques<br />

années pour en tirer les conclusions<br />

? Ne serait-il pas juste pour<br />

l'Algérie, de rattraper le retard accumulé<br />

afin d’éviter d’alourdir la<br />

facture et sauver, un tant soit peu,<br />

notre appareil productif ?<br />

Désormais, pour la <strong>com</strong>pétitivité<br />

des produits, à l'intérieur <strong>com</strong>me<br />

à l'extérieur, l’entreprise se doit de<br />

mettre en oeuvre des mesures<br />

pour améliorer ses performances,<br />

tant en termes de coûts que de<br />

qualité.<br />

L’Etat, cet agent régulateur, par<br />

contre, se doit de reprendre l’initiative<br />

et non pas céder au fait ac<strong>com</strong>pli<br />

imposé par le diktat de<br />

l’économie de bazar et de la spéculation.


ECONOMIA<br />

La revue de l’économie et de la finance<br />

ISSN 1112-7694<br />

Dépot légal : 1250-<strong>2007</strong><br />

Une publication mensuelle<br />

de RCM Algérie<br />

Cité Mohammadia – Bt. 11<br />

<strong>N°</strong> 203 - Mohammadia - Alger<br />

Tél. : +213 21 82 35 14/09<br />

Fax : +213 21 82 35 14<br />

E-mail : revueconomia@yahoo.fr<br />

Directeur de la Publication<br />

Idriss Loubar<br />

Rédacteur en Chef<br />

Kamel Aït Bessaï<br />

Rédaction<br />

Kamel Aït Bessaï<br />

Abdeladim Benallegue<br />

Cherif Berkache<br />

Yasmine Ferroukhi<br />

Nordine Grim<br />

Med Cherif Lachichi<br />

Idriss Loubar<br />

Ahmed Mesbah<br />

K. Rabhi<br />

Abdeltif Rebah<br />

M’hamed Rebah<br />

Soufiane Yliès<br />

Création Graphique<br />

Nacer Azzoug<br />

Révision<br />

Abdelmadjid Ben Tchoubane<br />

Publicité et abonnements<br />

Service <strong>com</strong>mercial<br />

RCM Algérie<br />

Flashage<br />

Tramaset<br />

Impression<br />

Printone<br />

Toute reproduction totale ou partielle<br />

d’un ou de plusieurs articles parus<br />

dans cette revue est soumis<br />

à autorisation préalable<br />

de la direction de la publication.<br />

SOMMAIRE<br />

EVENEMENT<br />

ENTREPRISES & MARCHÉS<br />

HAUSSE DES PRIX DES PRODUITS ALIMENTAIRES<br />

VERS LA CRÉATION D'OFFICES PROFESSIONNELS<br />

SECTEUR DE L’ ARTISANAT<br />

VERS LA CRÉATION DE 510.000 EMPLOIS D’ICI 2010<br />

FONDS MONÉTAIRE INTERNATIONAL<br />

DOMINIQUE STRAUSS-KAHN NOMMÉ À LA TÊTE DU FMI<br />

QUESTIONS FINANCIERES<br />

LE CAHIER DE L’INVESTISSEMENT pp 48 à 51<br />

ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />

2<br />

pp4à7<br />

pp8-9<br />

SITUATION ÉCONOMIQUE ET FINANCIÈRE<br />

UNE CROISSANCE DE 5,8% ATTENDUE POUR 2008<br />

BLANCHIMENT D’ARGENT<br />

56 DEMANDES D’ASSISTANCE ENREGISTRÉES<br />

L’ ALGÉRIE DISPOSE DE 174 TONNES D’OR<br />

LES RÉSERVES ALGÉRIENNES DEMEURENT PARMI LES PLUS<br />

IMPORTANTES AU MONDE<br />

QUESTIONS ENERGETIQUES<br />

REMOUS DANS LE MARCHÉ ÉNERGÉTIQUE<br />

L’EUROPE VEUT VERROUILLER L’ACCÈS À SON MARCHÉ<br />

LES RETARDS DANS<br />

LE PROJET GASSI TOUIL SONT CONSIDÉRABLES<br />

SONATRACH ACCUSE REPSOL ET GAS NATURAL<br />

DE DÉFAILLANCE MASSIVE<br />

RESSOURCES ÉNERGÉTIQUES<br />

ET POLITIQUES D’EXPLOITATION<br />

LES PAYS DÉTENTEURS DE RÉSERVES SE REBIFFENT<br />

pp 10 à 14<br />

INTERVIEW AVEC M. JEAN YVES CAUX, D.G. DE MICHELIN ALGÉRIE<br />

NÉCESSITÉ D’UN ENVIRONNEMENT PROPICE AU DÉVELOPPEMENT INDUSTRIEL<br />

OPÉRATION «FAITES LE PLEIN D’AIR»<br />

LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE UN ENGAGEMENT FORT DE MICHELIN<br />

pp15à18<br />

LE PRÉSIDENT DE CEVITAL DÉVOILE TOUT SUR LE MÉGAPROJET CAP 2015<br />

UN INVESTISSEMENT DE 20 MILLIARDS DE DOLLARS<br />

UNITÉ DE VERRE PLAT DE CEVITAL<br />

PREMIÈRES EXPORTATIONS VERS L’EUROPE AVANT FIN <strong>2007</strong>


LE DOSSIER DU MOIS<br />

DES AMBITIONS COMMUNES<br />

POUR UNE GÉOGRAPHIE EN COMMUN<br />

ALGÉRIE : LE DÉFI EUROMÉDITERRANÉEN<br />

M. SAÏD DJELLAB, DIRECTEUR<br />

DE L’ÉVALUATION ET DE LA<br />

RÉGLEMENTATION DU COMMERCE<br />

EXTERIEUR<br />

«IL APPARTIENT AUX OPÉRATEURS<br />

DE SAISIR LES OPPORTUNITÉS OFFERTES»<br />

HOCINE AMER-YAHIA, EX-DIRECTEUR<br />

GÉNÉRAL DE L’INDUSTRIE AU MINISTÈRE<br />

DE L’INDUSTRIE<br />

«IL EST ENCORE TROP TÔT POUR ÉVALUER<br />

LES PRÉJUDICES»<br />

M. MOHAMED CHAMI,<br />

DIRECTEUR GÉNÉRAL DE LA CACI<br />

«LA MENACE NE VIENT PAS DE L’EUROPE»<br />

ENTRETIEN AVEC ZAÏM BENSACI,<br />

PRÉSIDENT DU CNC/PME<br />

«LE DÉFI EST DE CONTRACTER<br />

DE VÉRITABLES ALLIANCES<br />

AVEC LE PARTENAIRE EUROPÉEN»<br />

HABIB YOUSFI, PRÉSIDENT DE LA CGEA<br />

«IL EST INDISPENSABLE DE PROTÉGER<br />

L’OUTIL DE PRODUCTION NATIONAL»<br />

L’ ALGÉRIE DANS LA ZONE DE LIBRE<br />

ÉCHANGE EURO-MEDITERRANEENNE<br />

QUE FAUT-IL ATTENDRE<br />

DE L’ACCORDD’ASSOCIATION ?<br />

LE TRANSPORT INTERMODAL<br />

DANS LE CADRE DE LA ZONE DE LIBRE<br />

ÉCHANGE EURO-MED<br />

FAUT-IL RÉVISER<br />

L’ ACCORD D’ASSOCIATION ?<br />

PAGES 19 À 47<br />

ACCORD D’ASSOCAITION<br />

ENTRE L’ ALGÉRIE ET L’UE<br />

UN PROCESSUS DOULOUREUX,<br />

MAIS PROMETTEUR<br />

AGRICULTURE<br />

PNDAR<br />

DÉRIVES DANS LE BUDGET D’EXÉCUTION<br />

ENVIRONNEMENT<br />

CHANGEMENTS CLIMATIQUES<br />

- LA PRISE DE CONSCIENCE DES ALGÉRIENS<br />

- QUE FAIT L’ ALGÉRIE ?<br />

APRÈS KYOTO, BALI<br />

AUTOMOBILES<br />

FIAT LINEA : DESIGN ÉLÉGANT ALLIÉ AU DYNAMISME<br />

MONDE<br />

FOIRE INTERNATIONALE DE L’ÉLECTRONIQUE<br />

À BERLIN, IFA <strong>2007</strong><br />

DES CONTRATS POUVANT DÉPASSER<br />

LES 2,5 MILLIARDS D’EUROS<br />

ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />

3<br />

pp 55 à 58<br />

RENAULT S’ENGAGE POUR LA QUALITÉ ET LA SÉCURITÉ<br />

PARTICIPATION DE LG ELECTRONICS À IFA <strong>2007</strong><br />

ENCORE DES NOUVEAUTÉS DANS UN MONDE DIGITAL<br />

RAPPORT DE LA COMMISSION DES NATIONS UNIES<br />

LA FUITE DE CAPITAUX COÛTE<br />

400 MILLIARDS DE DOLLARS À L’ AFRIQUE<br />

pp 52 à 54<br />

pp 60 - 61<br />

pp 62 à 64


É V É N E M E N T<br />

HAUSSE DES PRIX DES PRODUITS ALIMENTAIRES<br />

VERS LA CRÉATION D'OFFICES PROFESSIONNELS<br />

Le ministre du Commerce, M. El Hachemi Djaâboub a souligné la nécessité de prendre une série de<br />

mesures, à l'instar de la création d'offices professionnels pour juguler la hausse des prix des produits de<br />

large consommation, tels le lait et la pomme de terre.<br />

M<br />

. Djaâboub a déclaré dans une<br />

rencontre avec la presse, la fin<br />

du mois dernier, que des offices professionnels<br />

devant être créés, à l'image<br />

de l'office algérien interprofessionnels<br />

des céréales (OAIC), auront pour principale<br />

mission d'approvisionner le<br />

marché national en produits de large<br />

consommation à des prix raisonnables,<br />

abstraction faite des cours pratiqués<br />

sur les marchés internationaux.<br />

Cette initiative a <strong>com</strong>mencé à voir le<br />

jour avec la création de l'Office national<br />

professionnel du lait qui veille à<br />

approvisionner les producteurs publics<br />

et privés en quantités suffisantes de<br />

matières premières destinées à la pro-<br />

ADHÉSION DE L’ALGÉRIE À L’OMC<br />

UNE NOUVELLE OFFRE PORTANT<br />

SUR LA RÉDUCTION DES TARIFS DOUANIERS<br />

En marge de cette<br />

rencontre avec la<br />

presse, M. Djaâboub a<br />

abordé le dossier des négociations<br />

pour l'adhésion<br />

de l'Algérie à<br />

l'Organisation mondiale<br />

du <strong>com</strong>merce (OMC). Le<br />

ministre a indiqué que<br />

la partie algérienne a<br />

proposé une nouvelle<br />

offre portant sur la réduction<br />

des tarifs douaniers<br />

pour certains<br />

nouveaux produits, ainsi<br />

que l'ouverture de nouveaux<br />

domaines du secteur<br />

des services à<br />

l'investissement étranger<br />

et la révision des règles<br />

d'origine et ce, suite<br />

aux observations formulées<br />

par l'UE concernant<br />

ces deux points.<br />

La date du 10e round<br />

des négociations sera<br />

fixée en fonction de la<br />

suite que réservera<br />

l'OMC à cette proposition.<br />

Il a mis l'accent, dans ce<br />

contexte, sur la nécessaire<br />

"adhésion de l'Algérie<br />

à l'OMC avant la<br />

finalisation du cycle de<br />

Doha, afin qu'on ne soit<br />

pas appelés à négocier<br />

sur la base de nouvelles<br />

conditions", ce qui signifierait,<br />

a-t-il prévenu,<br />

«l'ajournement encore<br />

une fois de l'adhésion de<br />

l'Algérie à cette organisation<br />

mondiale».<br />

L'Algérie, rappelle-t-on,<br />

est concernée par des<br />

négociations avec 19<br />

pays dans le cadre de<br />

ses démarches d'adhésion<br />

à l'OMC. Elle a<br />

signé jusqu'ici des accords<br />

bilatéraux avec 4<br />

pays et entend, lors du<br />

prochain round,<br />

conclure de nouveaux<br />

accords avec quatre ou<br />

cinq pays.<br />

Concernant la création<br />

de la zone arabe de libre<br />

échange, M. Djaâboub a<br />

précisé que la question<br />

des règles d'origine "demeure<br />

l'obstacle majeur<br />

entravant la concrétisation<br />

de cette zone".<br />

"C'est ainsi que certains<br />

pays (ceux du Golfe particulièrement)<br />

oeuvrent<br />

à alléger les conditions<br />

de ces règles et à réduire<br />

la taxe sur la valeur<br />

ajoutée (TVA) à 40 %<br />

sur les produits de base<br />

importés des pays étrangers,<br />

tandis que d'autres<br />

pays, à leur tête l'Algérie<br />

et les pays du Maghreb<br />

arabe, insistent<br />

sur le respect absolu des<br />

règles d'origine en vigueur",<br />

a-t-il précisé. <br />

ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />

4<br />

duction du lait en sachet et ses<br />

dérivés.<br />

Il a tenu à préciser qu'il ne s'agira pas<br />

de "fonds de <strong>com</strong>mercialisation des<br />

produits concernés mais à garantir un<br />

financement régulier avec une marge<br />

de prix favorable pour l'agriculteur et<br />

le consommateur".<br />

FONDS NATIONAL<br />

DE RÉGULATION DES PRIX<br />

Concernant les solutions proposées<br />

pour faire face à la cherté de la vie, le<br />

ministre a suggéré la création d'un<br />

fonds national de régulation des prix,<br />

chargé de "faire face aux fluctuations<br />

tant positives que négatives des prix<br />

et d'amortir les chocs induits par la<br />

hausse vertigineuse des prix de certains<br />

produits sur les marchés extérieurs".<br />

UN OBSERVATOIRE<br />

DU POUVOIR D'ACHAT<br />

Outre ces propositions, l'idée de la<br />

création d'un observatoire du pouvoir<br />

d'achat vise, en fait, à trouver une solution<br />

à la volatilité des prix à moyen<br />

et long termes, a expliqué le ministre.<br />

S'agissant des prix du blé dur (semoule)<br />

qui ont récemment atteint 5000<br />

DA/quintal, M. Djaâboub a précisé que<br />

"le prix de ce produit a connu son plus<br />

haut prix au niveau des bourses mondiales,<br />

mais devrait, tout de même, reculer<br />

progressivement", assurant que<br />

son département "oeuvre à contenir les<br />

effets de cette hausse en collaboration<br />

avec l'OIAC".<br />

Pour ce qui est de la pomme de terre<br />

dont le prix a connu ces derniers mois<br />

une hausse fulgurante en raison de plusieurs<br />

facteurs, le ministre a indiqué<br />

que "la solution à ce problème nécessite<br />

l'implication de tous les professionnels<br />

concernés par la production et la distribution<br />

de ce produit". <br />

<strong>Economia</strong>


É V É N E M E N T<br />

SECTEUR DE L’ARTISANAT<br />

VERS LA CRÉATION DE 510.000 EMPLOIS D’ICI 2010<br />

Désormais, le 9 novembre sera décrété journée nationale de l’artisanat au cours de laquelle seront<br />

décernés des prix consacrant les meilleurs produits de l’artisanat traditionnel et de l’artisanatd’art<br />

à l’issue d’un concours national organisé par le ministère de la PME et de l’Artisanat.<br />

C’est ce qu’a annoncé le ministre<br />

M. Mustapha Benbada lors de<br />

son intervention au forum d’El<br />

Moudjahid, le 29 septembre dernier,<br />

axée sur «la mise en œuvre du plan<br />

d’action pour le développement durable<br />

de l’artisanat à l’horizon 2010» adopté<br />

par le conseil du gouvernement en juin<br />

2003. La date du 9 novembre coïncidant<br />

avec la journée de vendredi, les<br />

festivités <strong>com</strong>mémoratives seront organisées<br />

le lendemain. L’inauguration<br />

d’un site Internet consacré à l’artisanat<br />

et à la journée nationale d’artisanat est<br />

aussi prévue.<br />

Le ministre a indiqué que l’application<br />

de cette stratégie fait appel à plusieurs<br />

préalables dont l’amélioration des performances<br />

des ressources humaines à<br />

travers un programme soutenu par le<br />

fonds national de promotion des activités<br />

de l’artisanat traditionnel au profit<br />

de 1623 jeunes. Le perfectionnement<br />

des artisans en exercice concerne,<br />

quant à lui, 4730 jeunes alors que 48<br />

formateurs sont formés. Le programme<br />

MEDA est aussi mis à profit, car il prévoit<br />

l’élévation du niveau de performance<br />

de 4000 artisans et de 116<br />

conseillers en formation. En ce qui<br />

concerne la filière de la céramique<br />

d’art, c’est avec l’agence espagnole de<br />

coopération internationale qu’un programme<br />

de formation a été lancé au<br />

profit de 2 artisans tandis que l’agence<br />

de coopération allemande et l’assemblée<br />

permanente des chambres de métiers<br />

organisent des cycles de<br />

perfectionnement à destination de 30<br />

cadres du secteur. Ces actions n’ont pas<br />

Il existe actuellement<br />

31 chambres de l’artisanat<br />

et des métiers et que leur<br />

nombre sera porté<br />

à 48 en 2010 pour<br />

ac<strong>com</strong>pagner<br />

les porteurs de projets<br />

désireux d’investir<br />

dans le secteur.<br />

Concernant<br />

la filière de la<br />

céramique, c’est<br />

avec l’agence<br />

espagnole de<br />

coopération<br />

internationale qu’un<br />

programme de<br />

formation a été<br />

lancé au profit<br />

de 2 artisans<br />

été sans résultats car il a été constaté<br />

la création de 40.451 activités nouvelles<br />

de 2003 à 2006 générant la création<br />

de 80.576 nouveaux emplois.<br />

A juillet <strong>2007</strong>, le nombre total d’activités<br />

exercées sur le terrain s’élève à<br />

116.956 avec 233.912 emplois. En décembre<br />

<strong>2007</strong>, il est prévu, selon le ministre,<br />

la création de 270.000 emplois<br />

alors que l’objectif tracé pour 2010 est<br />

de 510.000 emplois.<br />

IL EXISTE 31 CAM<br />

Toute cette activité est déployée dans<br />

l’espoir de développer les zones rurales<br />

et d’y fixer les populations. Pour encadrer<br />

toute cette activité, le ministre a<br />

indiqué qu’il existe actuellement 31<br />

chambres de l’artisanat et des métiers<br />

et que leur nombre sera porté à 48 en<br />

2010 pour ac<strong>com</strong>pagner les porteurs<br />

de projets désireux d’investir dans le<br />

secteur. Ainsi, l’agencement des salons<br />

d’honneur de la nouvelle aérogare<br />

d’Alger a nécessité, à lui seul, la mobilisation<br />

de 353 artisans. Il est prévu<br />

également sur le plan du développement<br />

des infrastructures, la réalisation<br />

de 89 projets dont 48 maisons de<br />

l’artisanat ainsi que de cinq musées à<br />

Oran, Constantine, Ghardaïa, Tamanrasset,<br />

et Alger. Cinq centres d’estam-<br />

ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />

5<br />

pillage des tapis traditionnels seront<br />

aussi créés pour garantir leur authenticité<br />

et renforcer leur <strong>com</strong>pétitivité<br />

sur le marché. Le ministère a aussi un<br />

plan pour la promotion du produit artisanal<br />

traditionnel et d’art pour son<br />

placement durable aussi bien sur le<br />

marché local qu’extérieur, entre autres,<br />

européen et arabe, selon le ministre.<br />

La modernisation du système<br />

d’information est un autre axe sur lequel<br />

est basé la stratégie du ministère.<br />

Dans ce cadre, un système d’information<br />

adapté aux spécificités de l’artisanat<br />

a été finalisé et sera inauguré lors<br />

des cérémonies <strong>com</strong>mémoratives de la<br />

journée nationale de l’artisanat en novembre<br />

prochain.<br />

Ce système est conçu <strong>com</strong>me un outil<br />

d’analyse apte à restituer en temps<br />

réel les données concernant l’artisanat<br />

et aider à la prise de décision stratégique.<br />

Un des chantiers les plus importants<br />

initiés par la tutelle est celui d’engager<br />

des études relatives à des thèmes<br />

spécifiques de l’artisanat à l’instar de<br />

celles relatives au marché allemand, à<br />

la problématique de l’approvisionnement<br />

en matières premières, au développement<br />

territorial local et à<br />

l’activité informelle. <br />

Ahmed Mesbah


Les privatisations ont rapporté à la mi-mai 2006, quelque 55 milliards de DA<br />

au Trésor public, et que les apports en capital dans le cadre de partenariats et de joint-ventures<br />

ont été estimés à 3 milliards de dollars...<br />

Les résultats encourageants obtenus<br />

par le gouvernement dans le<br />

processus de privatisation l’ont<br />

amené à lancer au début du mois en<br />

cours une nouvelle vague de privatisations.<br />

C'est ainsi que le ministère<br />

de l'Industrie et de la Promotion des<br />

investissements a annoncé récemment<br />

que 13 entreprises publiques seront<br />

prochainement proposées à la<br />

privatisation.<br />

Il s'agit en l'occurrence d'Eniem, dans<br />

le secteur électroménager, d'Electro-<br />

Industries, qui fournit des moteurs<br />

électriques et Enpec, producteur de<br />

batteries de démarrage pour l'industrie<br />

automobile. Ce nouveau lot d'entreprises<br />

à céder <strong>com</strong>prend<br />

également l'EVSM et la Sonatro, spécialisées<br />

dans les travaux routiers; les<br />

fabricants de produits chimiques Enasel,<br />

Alphyt et Aldar. Dans les métiers<br />

de la fonderie, Alfel, Alfet et<br />

Alfon, sont aussi destinés à la vente.<br />

LE PROCESSUS DES<br />

PRIVATISATIONS<br />

COMMENCE À PORTER<br />

SES FRUITS<br />

Après l'opposition de certains syndicats<br />

qui voient dans ces privatisations<br />

un processus précipité et<br />

inconsidéré à l'égard des employés, il<br />

n’en demeure pas moins que le processus<br />

des privatisations <strong>com</strong>mence<br />

à porter ses fruits.<br />

Les privatisations ont rapporté à la<br />

mi-mai 2006, quelque 55 milliards de<br />

DA au Trésor public, et que les apports<br />

en capital dans le cadre de partenariats<br />

et de joint-ventures ont été<br />

estimés à 3 milliards de dollars, l'apport<br />

en modernisation et de transfert<br />

de savoir-faire est certain. Le montant<br />

des dettes rachetées par les repreneurs<br />

était de 32 milliards de DA<br />

tandis que 7.000 nouveaux emplois<br />

É V É N E M E N T<br />

APRÈS LA LEVÉE DE BOUCLIERS DES SYNDICATS<br />

LES PRIVATISATIONS REPRENNENT<br />

Dans le secteur<br />

de l’électroménager<br />

l’Eniem<br />

est également<br />

concerné par<br />

la privatisation.<br />

ont été créés dans les entreprises<br />

déjà privatisées. Aussi, 430 entreprises<br />

ont été privatisées et quelque<br />

300 autres sont candidates à la privatisation.<br />

Les privatisations<br />

ont rapporté à la mi-mai<br />

2006, 55 milliards<br />

de DA au Trésor<br />

public, et les apports en<br />

capital dans<br />

le cadre de partenariats<br />

et de joint-ventures<br />

ont été estimés<br />

à 3 milliards<br />

de dollars, l'apport<br />

en modernisation<br />

et de transfert<br />

de savoir-faire est certain.<br />

ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />

6<br />

LES PORTS SONT AUSSI<br />

CONCERNÉS<br />

PAR OUVERTURE<br />

Le ministère a également précisé que<br />

les entreprises sur la sellette verraient<br />

une ouverture de leur capital<br />

en majorité ou en totalité.<br />

Dans le domaine des transports, c'est<br />

la Société nationale des transports<br />

ferroviaires qui a annoncé l'ouverture<br />

du capital de sa filiale Infrarail.<br />

Par ailleurs, la Société nationale des<br />

tabacs et allumettes (SNTA), intéresse<br />

les investisseurs internationaux,<br />

dont British American Tobacco<br />

et Altadis.<br />

Les ports sont aussi concernés par<br />

cette ouverture et cette modernisation.<br />

Ainsi, Dubai Port World a récemment<br />

émis de nouvelles<br />

propositions au sujet de la prise en<br />

concession du terminal à conteneurs<br />

d'Alger. <br />

<strong>Economia</strong>


É V É N E M E N T<br />

FONDS MONÉTAIRE INTERNATIONAL<br />

DOMINIQUE STRAUSS-KAHN NOMMÉ À LA TÊTE DU FMI<br />

Le Conseil d'administration du FMI a annoncé, dans un <strong>com</strong>muniqué publié en date<br />

du 28 septembre dernier,que M. Dominique Strauss-Kahn, ancien ministre français de l’Economie<br />

et des Finances, est nommé Directeur général du FMI par consensus, pour succéder à M. Rodrigo<br />

de Rato pour un mandat de cinq ans qui prendra effet à partir du 1 er novembre prochain.<br />

Le Conseil du FMI a examiné deux<br />

candidatures au poste de Directeur<br />

général après l’annonce par M. de<br />

Rato, le 28 juin dernier, de son intention<br />

de quitter l'institution en octobre.<br />

La candidature de M. Strauss-Kahn,<br />

de nationalité française, a été présentée<br />

par M. Klaus Stein, administrateur<br />

du FMI pour l'Allemagne, au nom<br />

de l'Union européenne (UE). Celle de<br />

M. Josef Tosovsky, de nationalité<br />

tchèque, ancien Premier ministre et<br />

gouverneur de la banque centrale de<br />

la République tchèque, a été présentée<br />

par M. Alexei Mojine, administrateur<br />

du FMI pour la Russie.<br />

Selon une tradition non écrite, la direction<br />

générale du FMI est assurée<br />

par un Européen et la présidence de la<br />

Banque mondiale par un Américain<br />

depuis la création des deux organismes<br />

internationaux par les accords<br />

de Bretton Woods en juillet 1944.<br />

RÉFORMER LA GOUVER-<br />

NANCE DU FONDS ET FAIRE<br />

ÉVOLUER SA MISSION<br />

Dès sa nomination, Dominique<br />

Strauss-Kahn s'est engagé à "réformer<br />

sans tarder" l'institution pour la rendre<br />

plus représentative et plus présente<br />

dans sa mission de surveillance<br />

économique.<br />

"Fort de la puissante légitimité que<br />

me donne le très large soutien dont j'ai<br />

bénéficié, notamment dans les pays<br />

émergents et les pays à bas revenus,<br />

je suis déterminé à engager sans tarder<br />

les réformes dont le FMI a besoin<br />

pour mettre la stabilité financière au<br />

service des peuples en favorisant la<br />

croissance et l'emploi", a-t-il déclaré<br />

dans un <strong>com</strong>muniqué de presse.<br />

Deux questions fondamentales se posent<br />

: le FMI est-il utile ? Et si oui, estil<br />

légitime ? Ces dernières années, des<br />

voix se sont élevées, notamment dans<br />

les pays en développement, pour répon-<br />

M. Strauss<br />

Kahn a déclaré<br />

«En tant que<br />

candidat de la<br />

réforme, je<br />

chercherai à<br />

placerleFMI<br />

sur une voie lui<br />

permettant de<br />

relever et de<br />

surmonter ses<br />

principaux<br />

défis<br />

Selon une tradition non<br />

écrite, la direction générale<br />

du FMI est assurée<br />

par un Européen et la<br />

présidence de la Banque<br />

mondiale par un Américain<br />

depuis la création des deux<br />

organismes internationaux<br />

par les accords de Bretton<br />

Woods en juillet 1944.<br />

dre non aux deux questions sus cités.<br />

La crédibilité de l'institution a été mise<br />

à mal à l'occasion de la crise asiatique<br />

de 1997 et surtout de la débâcle financière<br />

de l'Argentine en 2001. Des critiques<br />

de fond émanent plus<br />

sérieusement de dirigeants asiatiques<br />

et latino-américains qui ont quelques<br />

bonnes raisons de s'interroger sur le<br />

rôle, la gouvernance, voire les arrièrepensées<br />

géopolitiques du FMI.<br />

IL FAUT AUGMENTER LES<br />

«QUOTES-PARTS»<br />

DES PAYS ÉMERGENTS<br />

La campagne qu’à menée Strauss-<br />

Kahn à travers le monde, depuis la fin<br />

du mois de juillet dernier, lui a permis<br />

de répondre aux critiques sur la légitimité<br />

de l'institution. Le Fonds, a-t-il<br />

plaidé, ne peut plus fonctionner<br />

<strong>com</strong>me si la géographie économique<br />

ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />

7<br />

n'avait pas bougé depuis la fin de la<br />

Seconde Guerre mondiale. Il faudra<br />

donc augmenter les «quotes-parts» des<br />

pays émergents, tels l'Inde, la Chine<br />

et le Brésil, au sein d'une institution<br />

toujours dominée par son premier actionnaire,<br />

les États-Unis. Le message<br />

est bien passé dans les pays en développement,<br />

moins bien en Europe,<br />

puisque le Vieux continent sera forcément<br />

perdant dans cette redistribution<br />

des cartes.<br />

Reste la première question, celle de<br />

l'utilité du FMI. Les pays asiatiques,<br />

Chine en tête, regorgent de liquidités.<br />

L'Argentine a remboursé ses dettes.<br />

Faute de pays à qui prêter ses fonds, le<br />

FMI voit ses revenus baisser ; ses<br />

équipes sont menacées de chômage<br />

technique. Et dans la crise financière<br />

que nous traversons, ce sont les<br />

banques centrales, pas le Fonds, qui<br />

jouent le rôle de pompier.<br />

Le Fonds a, certes, un rôle à jouer,<br />

tant les déséquilibres financiers internationaux<br />

posent des risques économiques<br />

et <strong>com</strong>merciaux majeurs pour<br />

l'économie mondiale. Or, en l'état actuel<br />

de sa dépendance vis-à-vis des<br />

États-Unis, le FMI ne peut l’affirmer.<br />

Dans un article publié par le Wall<br />

Street Journal, en date du 6 septembre<br />

dernier, M. Strauss Kahn a déclaré<br />

: «En tant que candidat de la<br />

réforme, je chercherai à placer le FMI<br />

sur une voie lui permettant de relever<br />

et de surmonter ses principaux défis :<br />

adapter l’institution à un monde en<br />

pleine évolution, et refléter les points<br />

de vue et les besoins de tous ses membres».<br />

Il s’est dit par ailleurs persuadé<br />

que, s'il était nommé, il saurait «trouver<br />

les appuis nécessaires à la mise en<br />

œuvre d’un ambitieux programme de<br />

réformes assurant au FMI de recouvrer<br />

durablement sa pleine pertinence<br />

dans une économie mondiale en rapide<br />

évolution». <br />

Idriss Loubar


Q U E S T I O N S F I N A N C I È R E S<br />

SITUATION ÉCONOMIQUE ET FINANCIÈRE<br />

UNE CROISSANCE DE 5,8% ATTENDUE POUR 2008<br />

Le gouvernement mise sur une croissance<br />

de 5,8% pour l’année 2008. Selon le ministre<br />

des Finances Karim Djoudi, elle devrait<br />

atteindre 5,8 en termes réels (c'est-à-dire sans<br />

l’inflation) et 6,8 % hors hydrocarbures.<br />

Djoudi avait fait cette déclaration lors de la pré-<br />

M. sentation des grandes lignes du projet de loi de Finances<br />

examiné par le gouvernement. Le projet prévoit<br />

notamment des recettes budgétaires en hausse de 5,1% et<br />

des dépenses en hausse de 8,8%. Le budget de fonctionnement<br />

de l'État sera de son côté en hausse de 21,4% en<br />

raison de la hausse annoncée des salaires des fonctionnaires.<br />

M. Djoudi table sur un taux d'inflation de 3% – contre<br />

2,6% en <strong>2007</strong> – et prévoit 26 milliards de dollars d'importations,<br />

en hausse de 10% sur 2006.<br />

L’Algérie devrait également profiter pleinement de la<br />

hausse soutenue des prix du baril de pétrole pour atteindre<br />

cet objectif de croissance. Le budget 2008 a, en effet,<br />

été élaboré <strong>com</strong>me les précédents depuis quatre ans, sur<br />

la base d'un prix du baril de pétrole à 19 dollars, alors qu'il<br />

frôle les 80 dollars actuellement.<br />

La Cellule de Traitement du Renseignement Financier<br />

qui a engagé une série d’actions visant à conforter son<br />

organisation et son mode de fonctionnement a été rendue<br />

destinataire de 56 déclarations de soupçon émanant principalement<br />

d’institutions bancaires et d’une dizaine de demandes<br />

d’assistance émanant d’organismes homologues<br />

étrangers. <br />

L<br />

’encours de la dette publique interne à fin 2006 s’élève<br />

à 1779,7 milliards de dinars, représentant 21,3% du<br />

PIB. Ce ratio était de 32,6% en 1999.<br />

En ce qui concerne la dette publique extérieure qui s’élève<br />

à 878 millions de US à fin 2006, des actions sont engagées<br />

dans le sens de la conversion d’une partie (333,3 millions<br />

de USD) et du remboursement d’une autre partie, (de 100<br />

millions de USD). Le reliquat de la dette <strong>com</strong>merciale extérieure<br />

(entreprises publiques et privées), établie à 4,18 milliards<br />

USD, sera traité par la conversion en prêts bancaires<br />

et/ou par le remboursement par anticipation. <br />

Le budget de<br />

fonctionnement<br />

de l'État sera<br />

de son côté en<br />

hausse de 21,4%<br />

en raison de la<br />

hausse<br />

annoncée des<br />

salaires des<br />

fonctionnaires.<br />

BLANCHIMENT D’ARGENT<br />

56 DEMANDES D’ASSISTANCE ENREGISTRÉES<br />

ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />

8<br />

Selon les spécialistes, cette sous-évaluation du prix du<br />

baril dans le calcul budgétaire est volontaire. Elle a pour<br />

conséquence de minimiser la part théorique de la fiscalité<br />

pétrolière dans les recettes de l'État. Pour sa part, le gouvernement<br />

explique cette méthode par la prudence et par<br />

sa volonté de ne pas se laisser surprendre par un éventuel<br />

effondrement brutal des cours du pétrole. <br />

ELLE REPRÉSENTE 21,3% DU PIB<br />

LA DETTE PUBLIQUE EST DE 1779,7 MILLIARDS DE DINARS


LE CPA DEVRAIT<br />

ÊTRE CÉDÉ À LA FIN<br />

DE L’ANNÉE ET LA BDL<br />

SE PRÉPARE POUR<br />

UNE OUVERTURE<br />

MINORITAIRE<br />

e processus d’ouverture du<br />

Lcapital du Crédit Populaire<br />

d’Algérie (CPA) arrive dans ses<br />

dernières phases après avoir<br />

achevé la phase de "data room".<br />

La prochaine phase sera la réception<br />

des demandes d’amendement<br />

des contrats de la part des<br />

banques, suivie de la remise des<br />

offres techniques et financières<br />

des banques postulantes. A la lumière<br />

de l’expérience du CPA, il<br />

sera procédé à l’ouverture minoritaire<br />

du capital de la Banque<br />

de Développement Local (BDL)<br />

avec transfert de management.<br />

Le 4 septembre dernier, Karim<br />

Djoudi, ministre des Finances,<br />

annonçait que les offres techniques<br />

de six banques étrangères<br />

seraient étudiées début<br />

octobre, et que la décision<br />

concernant la présélection des<br />

candidats serait prononcée pour<br />

une prise de participations à<br />

hauteur de 51% dans le capital<br />

du CPA.<br />

Avec quelque 70 000 clients et un<br />

réseau d'environ 130 agences, le<br />

CPA est une des plus grosses<br />

banques d'Algérie, sur un marché<br />

largement dominé par le secteur<br />

public, qui représente 95%<br />

des valeurs et prêts bancaires.<br />

Les banques françaises BNP Paribas,<br />

Société générale, Crédit<br />

Agricole et Natexis, ainsi que<br />

l'américain Citibank et l'espagnol<br />

Banco Santander ont d'ores<br />

et déjà été présélectionnés. <br />

Q U E S T I O N S F I N A N C I È R E S<br />

L’ ALGÉRIE DISPOSE DE 174 TONNES D’OR<br />

LES RÉSERVES ALGÉRIENNES<br />

DEMEURENT PARMI LES PLUS IMPORTANTES AU MONDE<br />

es réserves en or de l’Algérie<br />

Lsont estimées à 174 tonnes<br />

selon le classement établi par le<br />

Conseil mondial de l’or.<br />

Avec 174 tonnes de réserves en or,<br />

l’Algérie se place à la deuxième<br />

place dans le monde arabe après<br />

le Liban fort de ses 287 tonnes.<br />

L’Algérie a maintenu sa position<br />

lors des trois dernières années et<br />

a même dépassé l’Arabie Saoudite<br />

et les pays du Golfe. En dépit de<br />

cette stabilité, les réserves algériennes<br />

en or demeurent parmi les<br />

plus importantes au monde<br />

d’après le Conseil mondial de l’or<br />

considéré <strong>com</strong>me la plus haute instance en matière d’évaluation du marché de<br />

l’or et des transactions et opérations de vente et d’achat liées à ce métal précieux.<br />

Les réserves en or de l’Algérie sont constituées de l’or déposé à la Banque d’Algérie<br />

qui le gère en vertu de la loi relative à la Monnaie et au Crédit, ainsi que l’or déposé<br />

dans les banques étrangères. <br />

306,8 MILLIARDS DE DINARS LUI SONT RÉSERVÉS<br />

ASSAINISSEMENT FINANCIER DE 407 ENTREPRISES PUBLIQUES<br />

’assainissement financier des entre-<br />

L prises publiques économiques doit<br />

viser, <strong>com</strong>me objectif principal, la relance<br />

des biens d’activités des entreprises<br />

publiques, la priorité sera<br />

accordée aux entreprises viables, avec<br />

perspectives de marché, sur la base<br />

d’une analyse approfondie au cas par<br />

cas. Sur la base de critères et conditions<br />

préalablement déterminés, 407<br />

entreprises, sur un total de 1.002 ont<br />

ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />

9<br />

été considérées éligibles à l’assainissement<br />

financier, les ressources nécessaires<br />

à cet assainissement sont<br />

évaluées à 306,8 milliards de dinars.<br />

En contrepartie de leur assainissement<br />

financier, les entreprises publiques<br />

s’engagent avec l’Etat dans le cadre<br />

d’un contrat pluriannuel, sur l’exécution<br />

d’un plan de redressement pour<br />

atteindre des résultats économiques et<br />

financiers quantifiés. <br />

LUTTE CONTRE LA CORRUPTION<br />

L’ ALGÉRIE RESTE UN MAUVAIS ÉLÈVE<br />

’association Transparency International a rendu public le 26 septembre der-<br />

L nier son indice qui analyse le niveau de corruption dans le secteur public de<br />

180 pays. Le classement <strong>2007</strong> note les différents pays sur une échelle allant de<br />

0 (très corrompus) à 10 (pas du tout corrompus) sur la base de sondages et de<br />

rapports d'institutions indépendantes, <strong>com</strong>me la Banque mondiale et le Forum<br />

économique mondial.<br />

Dans cette étude annuelle, l’Algérie reste un mauvaise élève : elle occupe la 99e<br />

avec un score de 3 points sur 10. Elle est devancée par ces deux voisins, la Tunisie<br />

(61e) et le Maroc (72e) mais arrive largement devant la Libye qui occupe<br />

la 131e place.<br />

La Somalie et le Myanmar obtiennent les notes les plus basses avec 1,4. La note<br />

du Danemark, elle, est passée à 9,4 à égalité avec «les éternels bons élèves, la<br />

Finlande et la Nouvelle- Zélande», note le <strong>com</strong>muniqué de presse Transparency<br />

International.


Q U E S T I O N S É N É R G É T I Q U E S<br />

REMOUS DANS LE MARCHÉ ÉNERGÉTIQUE<br />

L’EUROPE VEUT VERROUILLER L’ACCÈS À SON MARCHÉ<br />

Décidé, depuis plus d’unedizaine d’années, le processus d’ouverture progressive<br />

des marchés européens de l’énergie s’est achevé en juillet dernier. Son objectif est d’aboutir<br />

à un marché unique de l’électricité et du gaz, à l’échelle de l’Europe, régi par la loi de l’offre et de la<br />

demande et permettant à la pression concurrentielle d’agir pour faire baisser les prix.<br />

Par Abdeltif Rebah<br />

Cette ouverture remet en question<br />

l’existence des monopoles intégrés<br />

de l’énergie. Les réseaux de<br />

transport électrique et les gazoducs<br />

ne doivent plus être la propriété des<br />

fournisseurs d’électricité ou de gaz<br />

naturel. Comme les industriels, les<br />

particuliers peuvent désormais choisir<br />

leurs fournisseurs. En principe,<br />

devrait-on ajouter, car la démonopolisation<br />

du marché du gaz est rejetée<br />

par 9 pays membres de l’UE : la<br />

France, l’Allemagne, l’Autriche, la<br />

Bulgarie, la Slovaquie, Chypre, la<br />

Grèce, le Luxembourg et la Lettonie.<br />

Les monopoles historiques, EON en<br />

Allemagne, GDF en France, SNAM<br />

en Italie, Distrigaz en Belgique, Gas<br />

Natural en Espagne et Gazunie aux<br />

Pays Bas n’adhèrent pas à l’obligation<br />

de séparer production transport<br />

et <strong>com</strong>mercialisation.<br />

Mais l’aspect le plus controversé de<br />

cette ouverture, en ce qui concerne les<br />

producteurs gaziers, est sans doute le<br />

projet de l’UE de fermer l’accès des<br />

<strong>com</strong>pagnies gazières non européennes<br />

au marché de l’UE. Celle-ci<br />

n’ouvrira ses portes qu’à des sociétés<br />

spécialisées uniquement dans la distribution<br />

ou dans le transport.<br />

L’ ALGÉRIE VEUT DEVENIR<br />

DISTRIBUTEUR SUR<br />

LE MARCHÉ EUROPÉEN<br />

Les producteurs tels Sonatrach ou<br />

Gazprom ne pourraient pas prendre<br />

le contrôle des réseaux de distribution<br />

dans l’UE sans un accord bilatéral<br />

entre le pays concerné et l’UE.<br />

Même pour acquérir une part minoritaire<br />

d’un réseau, il faudra la certification<br />

préalable de l’UE.<br />

Comme la Russie, fournisseur gazier<br />

Pour l’instant,<br />

les seules ventes<br />

directes de gaz<br />

opérées par<br />

Sonatrach sont sur<br />

le marché<br />

britannique<br />

à Grain Island<br />

et c’est du GNL...<br />

n°1 de l’UE, l’Algérie cherche à devenir<br />

distributeur sur le marché européen<br />

en entrant directement en<br />

contact avec le client final. La vente<br />

aux particuliers est réputée la plus<br />

rentable. Sonatrach qui ne veut plus<br />

être un simple pourvoyeur de gaz,<br />

entend prendre une part des juteux<br />

bénéfices dans la distribution et sécuriser<br />

ses débouchés.<br />

Pour l’instant, les seules ventes directes<br />

de gaz opérées par Sonatrach<br />

le sont sur le marché britannique à<br />

Grain Island, c’est du GNL. Mais la<br />

pétro-gazière algérienne a des projets<br />

d’implantation sur les marchés des<br />

Pays-Bas, espagnol, italien, français.<br />

Sonatrach a déjà créé des filiales de<br />

distribution en Espagne <strong>com</strong>me en<br />

ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />

10<br />

Italie et envisage la reprise du distributeur<br />

belge Distrigaz. En Espagne,<br />

pour avoir un accès direct au<br />

marché ibérique du pétrole et du gaz,<br />

le Groupe Sonatrach veut prendre<br />

30% dans le capital de Cepsa, soutenu<br />

par Total, le principal actionnaire<br />

de la 2e <strong>com</strong>pagnie pétrolière<br />

espagnole.<br />

La <strong>com</strong>pagnie algérienne détient 2%<br />

dans le portugais EDP, ce qui lui<br />

ouvre, par là, aussi, l’accès à la distribution<br />

du gaz en Espagne où elle<br />

pourrait écouler, depuis le règlement<br />

du problème de Medgaz avec les autorités<br />

espagnoles, 3 milliards de<br />

m3/an. En Italie, Sonatrach <strong>com</strong>pte,<br />

à partir de 2008, <strong>com</strong>mercialiser directement<br />

2 milliards de m3/an.


L’entreprise algérienne veut également,<br />

distribuer directement son gaz<br />

en France et ce, dès 2010. En 2006,<br />

elle avait signé avec GDF un accord<br />

portant sur la réservation d’une capacité<br />

de regazéification d’un milliard<br />

de m3 sur le terminal de Montoir en<br />

Bretagne. Mais tous ces projets de redéploiement<br />

à l’international risquent<br />

de tomber à l’eau si l’UE<br />

maintient ses verrous pour Sonatrach.<br />

La réaction du ministre algérien de<br />

l’Energie se veut, pour l’instant mesurée.<br />

«Nous ne sommes pas inquiets,<br />

car d’une part, la décision n’est pas<br />

finale et d’autre part, je ne pense pas<br />

qu’elle concerne Sonatrach ou l’Algérie».<br />

Et d’ajouter que «la décision de<br />

Bruxelles est au stade du débat et<br />

lorsqu’on aura un accord et un<br />

consensus de toutes les parties on<br />

évaluera les conséquences positives<br />

ou négatives sur l’activité de Sonatrach».<br />

Si l’Algérie fait-il observer,<br />

permet aux sociétés européennes de<br />

prendre des participations dans son<br />

secteur hydrocarbures, «il n’y a pas de<br />

raison qu’elles ne nous permettent<br />

pas de le faire en Europe».<br />

Quoiqu’il en soit si les 27 pays de l’UE<br />

maintiennent le monopole sur les gazoducs<br />

et la distribution ce seront les<br />

consommateurs qui vont en pâtir, estime<br />

le ministre Algérien.<br />

LA SCÈNE ÉNERGÉTIQUE<br />

EUROPÉENNE<br />

FORTEMENT AGITÉE<br />

Même son de cloche pratiquement<br />

chez les Russes qui, en 2006 déjà,<br />

avertissaient l’UE que «les tentatives<br />

de limiter Gazprom sur le marché européen<br />

et de politiser les questions<br />

gazières ne déboucheraient pas sur<br />

de bons résultats». En réalité, derrière<br />

cette façade de réactions plutôt<br />

sereines, la scène énergétique européenne<br />

apparaît fortement agitée ces<br />

derniers temps. Avec ses projets d’acquisition<br />

d’actifs dans la distribution<br />

dans l’UE, le géant Gazprom est devenu<br />

un véritable cauchemar pour les<br />

Européens qui veulent du gaz mais<br />

sans dépendre de la Russie. Mais<br />

Gazprom poursuit son expansion. Il<br />

vient de prendre le contrôle de l’essentiel<br />

des réserves gazières de Sibé-<br />

Q U E S T I O N S É N É R G É T I Q U E S<br />

Pour avoir un accès<br />

direct au marché<br />

espagnol du pétrole et<br />

du gaz, Sonatrach veut<br />

prendre 30% dans le<br />

capital de Cepsa,<br />

soutenu par Total<br />

qui est le principal<br />

actionnaire<br />

de la 2 e <strong>com</strong>pagnie<br />

pétrolière ibérique<br />

rie orientale et a fait avancer de façon<br />

décisive ses projets d’infrastructure<br />

en Europe balkanique. Dans les pays<br />

consommateurs, <strong>com</strong>me en réaction,<br />

on assiste à de grandes manœuvres<br />

de fusions-acquisitions pour constituer<br />

de grands champions nationaux<br />

dans le secteur de l’énergie. GDF et<br />

Suez ont formé le 1er distributeur de<br />

gaz en Europe qui dispose du plus<br />

grand réseau gazier de l’Union et figure<br />

au second rang pour le stockage<br />

et les terminaux méthaniers. La tendance<br />

est à la concentration des acteurs<br />

plutôt qu’à leur éclatement en «<br />

atomes concurrentiels», suivant le<br />

dogme de la libéralisation, relèvent<br />

les observateurs. Les offres d’alliances<br />

se multiplient, telle celle proposée<br />

à Sonatrach par GDF ou plus<br />

exactement par son principal actionnaire,<br />

le gouvernement français et déclinée<br />

par le Groupe pétro-gazier<br />

algérien. Elle n’était pas, selon Chakib<br />

Khelil, de nature à contribuer à<br />

son développement international qui<br />

revêt pour l’entreprise algérienne un<br />

caractère stratégique. Sonatrach, a-til<br />

tenu à préciser, privilégie les alliances<br />

avec ceux qui lui apportent<br />

«quelque chose en termes de technologie,<br />

de capacités managériales ou de<br />

marchés qui nous intéressent».<br />

Les conflits ouverts qui ont éclaté récemment<br />

entre Sonatrach et ses partenaires<br />

espagnols expriment bien<br />

cette tendance du paysage énergétique<br />

à se muer en arène implacable,<br />

dès que les intérêts divergent.<br />

Souvent feutrés et quasi confidentiels,<br />

les conflits deviennent ouverts<br />

ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />

11<br />

et visibles quoique rarement, en vérité,<br />

clairement lisibles. Ainsi, la renégociation<br />

entamée depuis deux<br />

années, du prix du gaz vendu par Sonatrach<br />

à Gas Natural à travers le<br />

GME n’avance toujours pas. Après<br />

avoir accepté son principe, le gazier<br />

espagnol s’est rétracté. Les prix du<br />

gaz étant indexés sur ceux du brut,<br />

Sonatrach avait demandé à les réviser<br />

en liaison avec la hausse des prix<br />

du pétrole. Cette augmentation de<br />

20%, soit un dollar par mmbtu, devait<br />

se faire en 2 étapes sur une année,<br />

pour en atténuer l’impact sur le<br />

consommateur espagnol.<br />

Les recettes supplémentaires qui en<br />

sont attendues s’élèvent à 150 millions<br />

de dollars/an. En attendant, le<br />

préjudice subi par Sonatrach est estimé<br />

à 300 millions de dollars.<br />

Medgaz, autre situation contentieuse<br />

avec l’Espagne, mais depuis réglée,<br />

«inacceptable» car elle aboutissait à<br />

limiter Sonatrach à ne vendre sur le<br />

marché espagnol que un milliard de<br />

m3/an alors que la part qui lui revient,<br />

eu égard à sa participation<br />

dans Medgaz, est de 3 milliards de<br />

m3.<br />

Dernière péripétie des contentieux<br />

énergétiques Algéro-Espagnols, le<br />

projet de développement de Gassi<br />

Touil conclu en 2004 avec le consortium<br />

espagnol Repsol et Gas Natural,<br />

«le plus important jamais réalisé» et<br />

dont l’entrée en exploitation prévue<br />

pour 2009 va être repoussée à 2012<br />

pour cause de retard.


REMOUS DANS<br />

LE MARCHÉ ÉNERGÉTIQUE<br />

<br />

C’est considérable pour un projet<br />

sur lequel étaient adossés des<br />

engagements <strong>com</strong>merciaux<br />

lourds, souligne la partie algérienne.<br />

Après une année de négociations<br />

et de mises en demeure,<br />

Sonatrach vient d’annoncer la résiliation<br />

du contrat qui la liait<br />

aux <strong>com</strong>pagnies espagnoles Repsol<br />

et Gas Natural, pour «manquements<br />

à leurs obligations<br />

contractuelles». C’est «un fiasco<br />

industriel majeur» pour l’entreprise<br />

algérienne qui demande<br />

plusieurs milliards de dollars<br />

d’indemnités et dénonce «la tonalité<br />

politique gratuite» que certains<br />

milieux officiels en<br />

Espagne tentent de donner à «un<br />

litige purement <strong>com</strong>mercial», insiste-t-on,<br />

du côté algérien.<br />

GAZPROM<br />

ET SONATRACH SOUS<br />

SURVEILLANCE DE L’UE<br />

Il semble bien que les stratégies<br />

de redéploiement européen des<br />

producteurs gaziers majeurs tels<br />

Gazprom et Sonatrach sont soumises<br />

à une très stricte surveillance<br />

de la part de l’UE, tentée à<br />

présent, à la fois par la politique<br />

de Bloc protectionniste et celle<br />

dediviserpourrégner(enmisant,<br />

par exemple sur les outsiders<br />

qatari et demain libyen,<br />

peut-être). Cependant, les investissements<br />

lourds considérables<br />

consentis par les pays gaziers<br />

pour assurer la sécurité de l’approvisionnement<br />

de l’Europe en<br />

font un partenaire stratégique<br />

peu enclin à jouer les seconds<br />

rôles où la force d’appoint, est<br />

modulable à volonté. Pour imposer<br />

un partenariat réellement<br />

équilibré, et éviter de faire les<br />

frais de la libéralisation européenne,<br />

les fournisseurs gaziers<br />

de l’UE et notamment les deux<br />

principaux, la Russie et l’Algérie,<br />

ont tout intérêt à agir ensemble<br />

et à coordonner leurs<br />

efforts. <br />

Abdeltif Rebah<br />

Q U E S T I O N S É N É R G É T I Q U E S<br />

LES RETARDS DANS LE PROJET GASSI TOUIL SONT CONSIDÉRABLES<br />

SONATRACH ACCUSE REPSOL<br />

ET GAS NATURAL DE DÉFAILLANCE MASSIVE<br />

Pour Sonatrach, le conflit avec Repsol et Gas Natural ne concerne que le projet<br />

Gassi Touil. Les deux groupes espagnols seront autorisés dans l’avenirà participer à<br />

l’ensemble des appels d’offres lancés en Algérie sans aucune contrainte.<br />

Le règlement amiable dans le dossier<br />

Gassi Touil entre Sonatrach et les<br />

deux groupes espagnols Repsol et Gas<br />

Natural s’éloigne. Au lendemain des déclarations<br />

du PDG de Repsol qualifiant<br />

notamment de « boutade» les demandes<br />

d’indemnisation algériennes, Sonatrach<br />

maintient sa position. «Repsol cherche à<br />

politiser une affaire qui relève du droit<br />

<strong>com</strong>mercial et contractuel. Il n’y aucune<br />

procédure d’expropriation à son encontre,<br />

mais notre demande d’arbitrage est<br />

purement contractuel. Sonatrach a agi<br />

dans le cadre des règles internationales<br />

: les retards dans le projet Gassi Touil<br />

sont considérables. Ils ne se chiffrent<br />

pas en mois mais en plusieurs années ! Il<br />

s’agit d’une défaillance massive de la<br />

part des deux groupes espagnols», selon<br />

la société nationale des hydrocarbures.<br />

Pour Sonatrach, le conflit avec Repsol et<br />

Gas Natural ne concerne que le projet<br />

Gassi Touil. Les deux groupes espagnols<br />

seront autorisés dans l’avenir à participer<br />

à l’ensemble des appels d’offres lancés<br />

en Algérie sans aucune contrainte.<br />

Dans le cadre de la procédure d’arbitrage,<br />

Sonatrach va demander la Commission<br />

des Nations Unies pour le droit<br />

<strong>com</strong>mercial international (Uncital) de<br />

désigner des experts afin d’estimer les<br />

préjudices causés à la<br />

société nationale des<br />

hydrocarbures par les<br />

nombreux retards dans<br />

Gassi Toul. «Nous allons<br />

demander des indemnités<br />

à hauteur de<br />

pertes causées. Nous<br />

pensons, au regard de<br />

l’importance du projet<br />

et des enjeux, que le<br />

préjudice va dépasser<br />

facilement le milliard<br />

de dollars», selon une<br />

source de la société Sonatrach.<br />

Évoqué il y a quelques<br />

jours, un règlement<br />

amiable du conflit ne<br />

ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />

12<br />

Dans le cadre de la<br />

procédure d’arbitrage,<br />

Sonatrach va demander<br />

à la Commission des<br />

Nations Unies<br />

pour le droit<br />

<strong>com</strong>mercial<br />

international (Uncital)<br />

de désigner<br />

des experts afin d’estimer<br />

les préjudices causés<br />

à la société nationale<br />

des hydrocarbures<br />

dans le projet<br />

Gassi Toul.<br />

semble plus être à l’ordre du jour, à<br />

moins que des négociations politiques<br />

futures entre Alger et Madrid ne parviennent<br />

à débloquer une situation visiblement<br />

<strong>com</strong>pliquée. En attendant, les<br />

cabinets d’avocats des deux parties s’activent.<br />

Dans ce dossier, Sonatrach est<br />

défendu par trois avocats parisiens du<br />

cabinet américain Shearman and Sterling<br />

: Emmanuel Gaillard, Philippe Pinsolle<br />

et Yas Banitatemi. Ce cabinet<br />

fondé à New York en 1873 défend les intérêts<br />

de l’État algérien et de Sonatrach<br />

depuis plus de 40 ans.<br />

SONATRACH<br />

PROPOSE 5,5 MILLIARDS<br />

USD À CEPSA<br />

Par ailleurs, le gouvernement espagnol<br />

a demandé à la Santander de refuser<br />

l’offre de 5,5 milliards d’euros proposée<br />

par Sonatrach pour l’acquisition des<br />

30% du capital détenus par la banque<br />

dans le pétrolier Cepsa. Madrid aurait<br />

suggéré à Santander d’attendre d’autres<br />

offres.<br />

Avec cette décision, le gouvernement espagnol<br />

chercherait à éviter une politisation<br />

de la vente de Cepsa. Il se serait<br />

également montré inquiet par la volonté<br />

d’expansion de Sonatrach en Espagne.<br />

Une volonté qu’il entend freiner en se<br />

basant notamment sur<br />

la dernière re<strong>com</strong>mandation<br />

de la Commission<br />

de Bruxelles<br />

concernant les conditions<br />

d’implantation<br />

des groupes énergétiques<br />

étrangers en<br />

Europe.<br />

Ce serait cette décision<br />

du gouvernement espagnol<br />

qui pourrait expliquer<br />

les réticences de<br />

Santander à présenter<br />

un dossier pour la privatisation<br />

du Crédit Populaire<br />

d’Algérie (CPA). <br />

Kamel Aït Bessaï


Q U E S T I O N S É N É R G É T I Q U E S<br />

RESSOURCES ÉNERGÉTIQUES ET POLITIQUES D’EXPLOITATION<br />

LES PAYS DÉTENTEURS DE RÉSERVES SE REBIFFENT<br />

La concurrence pour les réserves de pétrole et de gaz s’intensifie à mesure qu’apparaissent<br />

de nouvelles sociétés transnationales et que les politiques gouvernementales évoluent.<br />

Les conglomérats du pétrole et du<br />

gaz des pays industrialisés<br />

voient leur marge de manœuvre à<br />

l’étranger s’amenuiser, indique la<br />

CNUCED. Alors que le cours du pétrole<br />

brut se maintient bien au-dessus<br />

des 70 dollars le baril, ces sociétés<br />

transnationales (STN) traditionnelles<br />

perdent de leur pouvoir de négociation<br />

au profit des pays producteurs de<br />

pétrole qui entendent bien exploiter<br />

la hausse de la demande pour capturer<br />

une part plus importante des recettes.<br />

Les STN traditionnelles<br />

doivent aussi faire face à la nouvelle<br />

concurrence des STN du Sud.<br />

LES RÉSERVES RESTANTES<br />

SONT PRINCIPALEMENT<br />

SITUÉES HORS<br />

DU MONDE DÉVELOPPÉ<br />

La consommation, la production et les<br />

réserves mondiales de pétrole et de<br />

gaz font apparaître de larges déséquilibres.<br />

Bien que la demande se soit<br />

accrue de manière particulièrement<br />

rapide dans certains pays d’Asie ces<br />

dernières années, les pays développés<br />

continuent de consommer plus de la<br />

moitié de la production mondiale de<br />

pétroleetdegaz,alorsqu’ilsnesont<br />

à l’origine que d’un quart de la pro-<br />

Les capacités<br />

technologiques et les<br />

<strong>com</strong>pétences de gestion<br />

de ces nouvelles STN<br />

s’améliorent rapidement<br />

et : «Nous assistons à<br />

l’émergence d’une<br />

économie des produits de<br />

base plus variée et plus<br />

<strong>com</strong>plexe,<br />

ce qui soulève un certain<br />

nombre de questions,<br />

dont certaines, pas<br />

des moindres, portent<br />

duction. En outre, ils détiennent<br />

moins de 8 % des réserves mondiales<br />

prouvées restantes. En 2005, sur les<br />

25 premiers pays détenteurs de réserves<br />

prouvées de pétrole et de gaz,<br />

21 étaient des pays en développement<br />

ou en transition.<br />

De plus, la <strong>com</strong>paraison des données<br />

relatives à la production et aux réserves<br />

montre que les ressources des<br />

pays développés s’amenuisent à un<br />

taux moyen 10 fois supérieur à celui<br />

des pays en développement ou en transition.<br />

Cela signifie que les pays industrialisés<br />

vont devenir de plus en plus<br />

tributaires des importations de pétrole<br />

et de gaz en provenance des pays en<br />

développement ou en transition.<br />

MOINS D’ESPACE<br />

POUR LES STN<br />

DES PAYS DÉVELOPPÉS<br />

Pour les STN des pays développés, il<br />

est de plus en plus difficile d’accéder<br />

aux réserves restantes. Certains pays<br />

ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />

13<br />

en développement dotés de larges réserves,<br />

<strong>com</strong>me le Koweït, le Mexique<br />

et l’Arabie saoudite, ne permettent<br />

pas la participation d’entreprises<br />

étrangères à l’extraction de pétrole et<br />

de gaz. D’autres autorisent les investissements<br />

étrangers mais font l’objet<br />

d’embargos appliqués par les pays<br />

d’origine des STN. Par exemple, les<br />

entreprises américaines ne sont pas<br />

autorisées à investir en République<br />

islamique d’Iran ou au Soudan.<br />

En outre, plusieurs pays producteurs<br />

de pétrole et de gaz ont récemment<br />

adopté des mesures pour restreindre<br />

la participation des STN aux activités<br />

d’extraction ou pour redistribuer les<br />

recettes tirées de ces activités.<br />

En Bolivie, la loi sur les hydrocarbures<br />

de 2006 a transféré le contrôle<br />

des ressources à l’État et préparé le<br />

terrain pour la négociation de taux<br />

d’imposition et de redevance plus élevés<br />

avec les investisseurs.<br />

sur les relations Sud-Sud»


En Fédération de Russie, en vertu<br />

de la nouvelle loi sur le sous-sol, qui<br />

devrait entrer en vigueur à la fin de<br />

<strong>2007</strong>, les investisseurs étrangers et<br />

les entreprises russes qui sont détenues<br />

à 50 % ou plus par des étrangers<br />

ne seront pas autorisés à<br />

répondre aux appels d’offres concernant<br />

les gisements stratégiques.<br />

Depuis 2003, le Gouvernement russe<br />

a également renégocié les termes de<br />

presque tous les contrats des STN<br />

concernant le pétrole et le gaz, ce qui<br />

a eu pour conséquence d’accroître la<br />

part des recettes qui revient au Gouvernement<br />

et d’augmenter les taxes<br />

et les redevances.<br />

Au Venezuela, le Gouvernement a<br />

modifié les règles relatives aux<br />

prises de participation et à l’imposition,<br />

pour réduire les intérêts des<br />

<strong>com</strong>pagnies étrangères et accroître<br />

les recettes du Gouvernement.<br />

La concurrence pour les ressources<br />

en pétrole et en gaz s’est encore accentuée<br />

avec l’arrivée de nouveaux<br />

concurrents issus de pays en développement<br />

ou en transition. Les entreprises<br />

CNOOC, CNPC, Sinopec<br />

(Chine), Kuwait Petroleum (Koweït),<br />

Lukoil (Fédération de Russie), Petrobras<br />

(Brésil) et Petronas (Malaisie)<br />

font déjà partie des principaux investisseurs<br />

étrangers dans certains pays<br />

producteurs de pétrole et de gaz. Ces<br />

<strong>com</strong>pagnies opèrent aux côtés de<br />

STN traditionnelles des pays développés<br />

(voir tableau 1).<br />

Les capacités technologiques et les<br />

<strong>com</strong>pétences de gestion de ces nouvelles<br />

STN s’améliorent rapidement.<br />

«Nous assistons à l’émergence d’une<br />

économie des produits de base plus<br />

variée et plus <strong>com</strong>plexe, ce qui soulève<br />

un certain nombre de questions,<br />

dont certaines, pas des moindres,<br />

portent sur les relations Sud-Sud», a<br />

relevé récemment Supachai Panitchpakdi,<br />

secrétaire général de la CNU-<br />

CED.<br />

Enfin, dans un rapport sur l’investissement<br />

dans le monde <strong>2007</strong>, à paraître<br />

le 16 octobre <strong>2007</strong>, une<br />

évaluation plus détaillée sera présentée<br />

sur les incidences de l’évolution<br />

du rôle des STN dans l’industrie<br />

extractive sur le développement et<br />

les politiques. <br />

Q U E S T I O N S É N É R G É T I Q U E S<br />

Tableau 1. Principales sociétés pétrolières et gazières étrangères opérant<br />

dans certains pays en développement, 2005. (En pourcentage cumulé de la production locale)<br />

HOST COUNTRY<br />

ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />

14<br />

FOREIGN<br />

COMPANY<br />

HOME<br />

ECONOMY<br />

Cumulative<br />

share in<br />

foreign<br />

owned<br />

production<br />

CHINA Royal Dutch Shell United Kingdom/Netherlands 20<br />

Chevron United States 39<br />

British Petroleum United Kingdom 53<br />

ConocoPhillips States United 63<br />

Husky Energy Canada 71<br />

ENI Italy 80<br />

Kuwait Petroleum Kuwait 86<br />

INDONESIA INPEX Japan 47<br />

Total France 62<br />

ExxonMobil United States 72<br />

CNOOC China 78<br />

British Petroleum United Kingdom 82<br />

ConocoPhillips United States 86<br />

PetroChina China 88<br />

ENI Italy 90<br />

Petronas Malaysia 91<br />

ISLAMIC REPUBLIC OF IRAN ENI Italy 29<br />

Statoil Norway 55<br />

LG International Republic of Korea 75<br />

Total France 89<br />

Petronas Malaysia --<br />

KAZAKHSTAN Chevron United States 31<br />

BG Group United Kingdom 47<br />

ENI Italy 62<br />

ExxonMobil United States 73<br />

Lukoil Russian Federation 83<br />

CITIC Group China 88<br />

CNPC China 93<br />

RUSSIAN FEDERATION TNK-BPb Joint venture 69<br />

ENI Italy 83<br />

Sinopec China 87<br />

Fremont Energy United States 89<br />

West Siberian Resources Bermuda 90<br />

SUDAN CNPC China 45<br />

Petronas Malaysia 75<br />

UZBEKISTAN Lukoil Russian Federation 71<br />

VENEZUELA Chevron United States 27<br />

Repsol-YPF Spain 40<br />

Royal Dutch Shell United Kingdom/Netherlands 52<br />

Total France 59<br />

British Petroleum United Kingdom 65<br />

Harvest Natural Resources United States 71<br />

Perenco United Kingdom 77<br />

Petrobras Brazil 83<br />

Anadarko Petroleum United States 87<br />

CNPC China 91<br />

Source: CNUCED, d’après des données fournies par IHS.<br />

a Bunduq Oil est un consortium de la société japonaise United Petroleum Development Company (33,3 %)<br />

et de British Petroleum (33,3 %).<br />

b TNK-BP est une coentreprise 50-50 entre British Petroleum d’une part et Access/Renova et Groupe Alfa<br />

(Fédération de Russie) d’autre part.


MICHELIN ALGÉRIE<br />

NÉCESSITÉ D’UN ENVIRONNEMENT PROPICE<br />

AU DÉVELOPPEMENT INDUSTRIEL<br />

Arrivé en Algérie au mois d’avril 2006, M. Jean Yves Caux, Directeur Général de Michelin<br />

Algérie, nous fait part, dans cet entretien, de sa vision du marché algérien du pneumatique<br />

et de l’environnement dans lequel évolue son entreprise et les contraintes rencontrées<br />

qui risquent de mettre en péril l’outil de production en Algérie.<br />

<strong>Economia</strong> : Absente depuis<br />

1993, Michelin a redémarré<br />

ses activités industrielles en<br />

novembre 2002. Quel bilan<br />

faites-vous de ces 5 années<br />

d’activités ?<br />

Jean Yves CAUX : Effectivement,<br />

Michelin a redémarré en 2002 avec<br />

un grand projet industriel de modernisation<br />

de son usine d’Alger. Avant<br />

1993, l’usine fabriquait des pneus<br />

pour voiture et pour camion. En 2002,<br />

nous avons décidé d’arrêter la fabrication<br />

des pneus pour voiture pour se<br />

spécialiser dans les pneus poids<br />

lourds.<br />

On a investi 40 millions d’euros dans<br />

la modernisation des équipements<br />

existants, et puis l’installation de<br />

nouveaux équipements, ce qui nous a<br />

permis la création de près de 800 emplois.<br />

Aujourd’hui, cette usine fabrique des<br />

pneumatiques poids lourds pour le<br />

marché local, mais aussi pour le marché<br />

international.<br />

Pour ce qui est du bilan qu’on tire de<br />

notre investissement industriel, je dirais<br />

que l’on n’a pas obtenu les résultats<br />

qu’on attendait. En tant<br />

qu’investisseur, le retour sur investissement<br />

n’est pas celui prévu, et donc<br />

on n’a pas atteint nos objectifs en<br />

termes de résultats financiers de nos<br />

opérations.<br />

C’est dû à quoi à votre avis ?<br />

Je pense que cela est dû à plusieurs<br />

facteurs. Il y a peut-être au départ<br />

des raisons internes que nous avons<br />

sous-estimées, des difficultés que<br />

nous avons rencontrées lors de ce redémarrage.<br />

Puis, il y a des problèmes<br />

qui sont liés à la situation des affaires<br />

Entreprises<br />

&Marchés<br />

M. Jean Yves Caux,<br />

Directeur Général de Michelin Algérie<br />

en l’Algérie et aux difficultés rencontrées<br />

dans la mise en œuvre de ce projet.<br />

Premièrement, ce sont les services de<br />

l’Etat. Par exemple, en 2005, les<br />

douanes mettaient 30 jours pour<br />

qu’un conteneur déchargé d’un bateau<br />

sur le port d’Alger arrive à notre<br />

usine à Alger. Aujourd’hui, ce délai<br />

estramenéà8jours, mais notre souhait<br />

est de pouvoir dédouaner en 24h<br />

nos produits et pouvoir exporter en<br />

24h chrono. Il y a aussi les difficultés<br />

liées aux droits de douanes qui sont<br />

appliqués sur nos matières premières,<br />

ou des produits semi-finis qui<br />

nous pénalisent. Les problèmes d’alimentation<br />

électrique. En 2006, on a<br />

ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />

15<br />

eu 46 coupures de courant dans notre<br />

usine d’Alger, et chaque fois ce sont<br />

des équipements qui s’arrêtent et des<br />

produits qui sont mis au rebut. La seconde<br />

raison est la productivité : le<br />

taux d’absentéisme est extrêmement<br />

fort. Notre usine enregistre une<br />

moyenne de 22 personnes absentes de<br />

façon aléatoire chaque jour. De ce<br />

fait, notre entreprise n’atteint pas ses<br />

objectifs. En <strong>com</strong>parant la performance<br />

de l’usine d’Alger par rapport<br />

aux performances que l’on a en Europe,<br />

le coût pour fabriquer un pneumatique<br />

revient 30% moins cher en<br />

Europe par rapport au coût/façon en<br />

Algérie, alors que nous sommes dans<br />

un pays où la main d’œuvre est beaucoup<br />

moins chère, où l’énergie revient<br />

moins chère. Normalement, on devrait<br />

avoir un avantage <strong>com</strong>pétitif<br />

par rapport à l’Europe.<br />

En dehors de ces difficultés<br />

que vous venez de citer, nous<br />

savons aussi que le marché<br />

algérien est dominé par l’informel<br />

et la contrefaçon.<br />

Avec toutes ces contraintes,<br />

quelle est la place de Michelin<br />

Algérie sur le marché algérien<br />

?<br />

La place de Michelin n’est pas au top<br />

du niveau. C’est dommage parce<br />

qu’effectivement l’informel fait beaucoup<br />

de tort aux industriels algériens.<br />

Lorsque vous regardez nos pneumatiques<br />

qui sont fabriqués ici, vous<br />

voyez qu’ils sont directement concurrencés<br />

par le produit chinois. Aujourd’hui,<br />

les produits chinois ont fait<br />

main basse sur l’essentiel des parts<br />

du marché du pneumatique poids<br />

lourd en Algérie.


MICHELIN ALGÉRIE<br />

EN QUELQUES<br />

CHIFFRES<br />

30 juin 1959 : création de la société<br />

Michelin Algérie filiale de Michelin<br />

France.<br />

Mars 1963 : cuisson du premier<br />

pneu. La société produit des pneus<br />

T et PL depuis 1964<br />

Novembre 1993 : cessation de l’activité<br />

industrielle pour des raisons<br />

de sécurité. Jusqu’à la reprise des<br />

activités, 70 personnes assurent la<br />

maintenance et le gardiennage de<br />

l’usine.<br />

2001 : début des études concernant<br />

la possibilité d’une reprise d’une activité<br />

industrielle pour la fabrication<br />

de pneus PL Michelin.<br />

12 août 2002 : annonce de la création<br />

de la société Michelin Algérie,<br />

entreprise de droit algérien<br />

40 millions d’euros : coût de l’investissement<br />

pour le redémarrage et<br />

la modernisation de des équipements<br />

(entre 2002 et <strong>2007</strong>).<br />

Capacité de production : 250.000<br />

enveloppes par an.<br />

50% de production est destinée à<br />

l’exportation.<br />

La masse salariale est de 800 personnes.<br />

La <strong>com</strong>mercialisation<br />

La société Michelin Algérie <strong>com</strong>mercialise<br />

l’ensemble des produits<br />

des différentes marques du<br />

groupes: PL, TC, GC, agro, 2 roues,<br />

avion.<br />

Michelin Algérie dispose d’un réseau<br />

de distribution couvrant l’ensemble<br />

du territoire avec 450<br />

points de vente.<br />

Michelin Algérie livre également<br />

pour les grandes sociétés, ainsi que<br />

le constructeur SNVI pour les véhicules<br />

moteurs, remorques et semi<br />

remorque.<br />

Michelin est le seul fabricant de<br />

pneumatique en Algérie. <br />

Entreprises<br />

&Marchés<br />

<br />

A partir du moment où vous avez un<br />

importateur qui importe des produits<br />

à des prix de dumping et qu’il<br />

va payer la TVA ou les droits de<br />

douanes sur la moitié du coût de la<br />

matière elle-même, cela signifie qu’il<br />

va pénaliser directement tous les<br />

producteurs et investisseurs algériens<br />

qui suivent les lois et respectent<br />

la législation algérienne et à<br />

terme, cette situation peut porter un<br />

coup au développement industriel<br />

en Algérie. Il faut absolument lutter<br />

contre ce fléau et ce, par la mise en<br />

place d’un réseau de distribution de<br />

professionnels, destiné à conseiller<br />

les utilisateurs.<br />

Michelin développe sa notoriété à<br />

travers la qualité des produits qui<br />

sont proposés aux utilisateurs, et<br />

aujourd’hui, on fabrique des pro-<br />

“ En <strong>com</strong>parant la<br />

performance de l’usine<br />

d’Alger par rapport aux<br />

performance que l’on<br />

a en Europe, le coût pour<br />

fabriquer un pneumatique<br />

revient 30% moins cher<br />

en Europe par rapport<br />

au coût/façon en Algérie,<br />

alors que nous sommes<br />

dans un pays où la main<br />

d’œuvre est beaucoup<br />

moins chère,<br />

où l’énergie revient<br />

moins chère.<br />

”<br />

ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />

16<br />

duits que l’on exporte <strong>com</strong>me le 315<br />

80 R 22.5 XZ All Roads qui a été<br />

conçu spécialement pour répondre<br />

aux besoins de la zone. Il permet<br />

d’accroître de 20% le kilométrage<br />

par rapport à l’ancienne génération<br />

importée d’Europe. Nous sommes<br />

fiers de fabriquer ces produits made<br />

in Algérie et d’exporter plus de 50%<br />

de notre production à l’étranger.<br />

Pouvez-vous nous citer d’autres<br />

contraintes que vous<br />

rencontrez en tant qu’industriel<br />

?<br />

Les principales difficultés sur lesquelles<br />

on butte en tant qu’industriel<br />

et investisseur algérien, c’est le<br />

support et l’aide de l’administration<br />

en général. D’abord, au niveau des<br />

droits de douanes appliqués sur les<br />

matières premières et les semi-finis<br />

qui pénalisent notre usine par rapport<br />

aux unités européennes. Quand<br />

vous regardez les usines Michelin en<br />

Espagne, en Italie, en France ou en<br />

Allemagne, etc., toutes ces usines ne<br />

payent pas de droits de douane sur<br />

les matières premières. Nous, par<br />

contre, on paye les droits de douane,<br />

en moyenne 5,9% de plus que toutes<br />

les autres.<br />

Par exemple, pour les tringles métalliques<br />

qui permettent de tenir le<br />

pneu à la roue, on paye 27% de<br />

droits de douanes. Alors que l’importateur<br />

paye pour les produits finis<br />

12% de droits de douane.


Les différentes rencontres que nous<br />

avons eues avec l’administration des<br />

douanes nous rendent optimistes<br />

pour le futur, mais ce qui m’inquiète<br />

c’est la lenteur de l’administration<br />

face aux progrès souhaités par les industriels.<br />

Sur le plan <strong>com</strong>mercial, il y a énormément<br />

de marchés publics en Algérie<br />

qui se font sur la base d’appels d’offres.<br />

Les appels d’offres sont passés<br />

au moins disant, cela veut dire le<br />

moins cher, ça ne veut pas dire le<br />

meilleur, et on aurait intérêt de passer<br />

d’un système de moins disant à un<br />

système de mieux disant pour savoir<br />

quelle est l’entreprise qui apporte la<br />

meilleure valeur ajoutée pour le pays<br />

et pour l’utilisateur. Si on change ces<br />

règles au niveau des appels d’offres,<br />

on fera des progrès importants.<br />

Il faut qu’une concurrence saine et<br />

transparente soit mise en œuvre pour<br />

pouvoir mesurer, apporter et démontrer<br />

tous les avantages d’un produit<br />

Michelin par rapport aux produits<br />

concurrents.<br />

Quelles sont à votre<br />

avis les mesures à<br />

prendre pour lutter<br />

contre les phénomènes<br />

du dumping<br />

et de l’informel ?<br />

Je pense que c’est très important<br />

que l’Etat se<br />

penche sur la lutte contre<br />

l’informel. Et la manière<br />

la plus propice, a mon<br />

avis, est que l’Etat donne<br />

des avantages concurrentiels<br />

aux investisseurs algériens,<br />

en réduisant<br />

globalement les taxes<br />

(douanières, TAP, IRG).<br />

Par exemple, réduire les<br />

taxes douanières sur les<br />

matières premières et les<br />

produits semi-finis pour<br />

favoriser les activités industrielles<br />

de création de richesses et<br />

de plus value. Car, aujourd’hui, la<br />

concurrence est déloyale, certains ne<br />

payent pas toutes les taxes. Autre-<br />

XZ ALL ROADS<br />

UN PNEU DÉVELOPPÉ ET FABRIQUÉ À ALGER<br />

ichelin Algérie fabrique et <strong>com</strong>mercialise, depuis décembre 2006, un nou-<br />

Mveau pneu destiné aux poids lourds. Ce nouveau-né 315 80 R 22.5 XZ ALL<br />

ROADS, fabriqué dans son usine d’Alger, est développé par les ingénieurs de Michelin.<br />

Destiné pour les conditions de roulage d’Afrique et du Moyen-Orient essentiellement,<br />

le nouveau pneu s’affranchit des contraintes thermiques et<br />

procure au transport routier une durée de vie en hausse qui va jusqu’ à 20 %, une<br />

meilleure adhérence sur sols secs et mouillés ainsi qu’une meilleure résistance<br />

aux agressions répétitives grâce à son nouveau mélange de gomme.<br />

La réussite de la fabrication du 315 80 R 22.5 XZ All Roads était un challenge pour<br />

les équipes industrielles et une étape importante dans la vie de cette usine. <br />

Les équipes<br />

industrielles<br />

de Michelin<br />

Algérie à<br />

l’honneur, lors<br />

de la cérémonie<br />

du lancement<br />

du 315 80 R 22.5<br />

XZ ALL ROADS<br />

Marchés<br />

Entreprises<br />

&<br />

ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />

17<br />

ment dit, on n’est pas sur la même<br />

ligne de départ.<br />

En tant que manufacture, cela<br />

nécessite beaucoup de travail<br />

manuel, vous avez besoin de<br />

former votre personnel d’une<br />

manière permanente. Peut-on<br />

avoir une idée sur la part<br />

consacrée à la formation dans<br />

la politique de Michelin<br />

Algérie ?<br />

C’est un créneau très important.<br />

Nous avons, en effet, mis en place des<br />

formations pour nos opérateurs qui<br />

fabriquent les pneumatiques mais,<br />

aussi, développé des formations pour<br />

des spécialistes en mécanique et en<br />

électronique. Michelin Algérie consacre<br />

près de 5% du temps de travail à<br />

la formation. Comme dans tous les<br />

pays, l’administration a établi une loi<br />

pour inciter les industriels à former,<br />

et en disant si vous n’investissez pas<br />

2% du temps de travail en formation,<br />

vouspayez2%detaxessurlessalaires<br />

versés. Et nous, on investit 5%<br />

et on est obligés de payer la taxe,<br />

parce que notre centre de formation<br />

n’est pas agréé, et il est tellement difficile<br />

d’agréer la formation qu’il faudrait<br />

créer une société exactement<br />

<strong>com</strong>me un établissement public, et ça<br />

c’est très pénalisant pour un<br />

industriel.


“ On aurait intérêt<br />

de passer d’un système<br />

de moins disant<br />

à un système de mieux<br />

disant, pour savoir<br />

quelle est l’entreprise<br />

qui apporte la meilleure<br />

valeur ajoutée<br />

pour le pays et pour<br />

l’utilisateur.<br />

Si on change<br />

ces règles, au niveau<br />

des appels d’offres,<br />

on fera des progrès<br />

importants.<br />

”<br />

<br />

Peut-on avoir quelques chiffres<br />

sur votre production actuellement<br />

?<br />

Ce qu’on peut dire, c’est que globalement,<br />

on a créé une usine d’une capacité<br />

maximum de 250.000<br />

enveloppes. Aujourd’hui, on pense<br />

pouvoir atteindre cette pleine capacité<br />

en fin de l’année prochaine.<br />

Y a-t-il d’autre projets d’extension<br />

ou un projet d’expansion<br />

pour votre usine en Algérie,<br />

sachant que c’est la plus petite<br />

usine du groupe ?<br />

Effectivement, cette usine est la plus<br />

petite du groupe Michelin, et je dirais<br />

même qu’elle est trop petite pour être<br />

pérenne et être vraiment <strong>com</strong>pétitive<br />

suivant les normes d’efficacité internationale<br />

dans le pneumatique.<br />

Pour assurer sa pérennité, il faut<br />

qu’elle se développe de façon importante.<br />

Cependant, pour augmenter la<br />

capacité de cette usine, il faut qu’elle<br />

puisse prouver qu’elle réalise ses objectifs<br />

et qu’elle puisse obtenir les<br />

mêmes niveaux de performance et de<br />

productivité que les usines semblables<br />

en Europe. Toutes nos équipes<br />

algériennes, avec nos renforts d’expatriés,<br />

mettent tous du cœur à l’ouvrage<br />

pour atteindre cet objectif. <br />

Entretien réalisé<br />

par Idriss Loubar<br />

Marchés<br />

Entreprises<br />

&<br />

OPÉRATION «FAITES LE PLEIN D’AIR»<br />

LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE<br />

UN ENGAGEMENT FORT DE MICHELIN<br />

L’ opération «Faites le plein d’air», lancée depuis 2005,<br />

est destinée à sensibiliser les automobilistes<br />

à l’importance de la pression des pneumatiques.<br />

Les équipes Michelin s’installent<br />

sur des lieux de passage, équipées<br />

de manomètres, les techniciens<br />

contrôlent les pneus du véhicule,<br />

ajustent la pression en fonction du<br />

type, de la dimension et de la position<br />

des pneumatiques.<br />

En cas de problème apparent sur le<br />

pneu, les techniciens signalent et incitent<br />

le conducteur à y remédier au<br />

plus tôt.<br />

Le bilan de ces opérations durant<br />

lesquelles, les équipes de Michelin<br />

Algérie ont contrôlé les pneumatiques<br />

de plus de 5000 véhicules doit<br />

nous interpeller. En effet, plus de<br />

36% d’entre eux roulaient en sous<br />

gonflage dangereux et très dangereux<br />

(entre -0,5 et plus de -1 bar par<br />

rapport à la pression conseillée). Encore<br />

plus grave, 8% des véhicules<br />

roulaient avec un pneu crevé.<br />

Cette négligence peut avoir de<br />

ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />

18<br />

graves conséquences, car un pneu<br />

sous gonflé entraîne une mauvaise<br />

répartition des pressions au sol et<br />

une modification de la surface de<br />

contact avec <strong>com</strong>me conséquences :<br />

- une diminution de la tenue de<br />

route (diminution de l’adhérence en<br />

virage notamment),<br />

- une augmentation des distances de<br />

freinage sur sol mouillé,<br />

- un risque d’éclatement plus grand,<br />

- une durée de vie des pneumatiques<br />

plus faible,<br />

- une consommation de carburant<br />

plus élevée (augmentation de la résistance<br />

au roulement entraînant<br />

des besoins d’énergie et de carburant<br />

plus importants),<br />

- une diminution du rendement kilométrique<br />

(20% de sous gonflage =<br />

environ 20% de kilomètres en<br />

moins). <br />

I. L.


LE DOSSIER DU MOIS<br />

Il y a cinq ans, le 22 avril 2002,<br />

l’Algérie et l’Union Européenne<br />

signaient un accord d’association<br />

qui est entré en vigueur le 1 er<br />

septembre 2005.<br />

Le 1 er septembre dernier, la 2 e phase<br />

du démantèlement tarifaire des<br />

produits, survenu suite à l’Accord<br />

d’association avec l’Union<br />

Européenne, est entrée en vigueur.<br />

Il s’agit, en fait, d’un contingent<br />

concernant les produits industriels<br />

dans lequel il y a à citer deux listes<br />

concernées et englobant plusieurs<br />

milliers de produits.<br />

ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />

19<br />

Des voix s’élèvent pour remettre en<br />

cause l’opportunité de cet Accord, des<br />

chefs d’entreprise reprochent aux<br />

négociateurs d’avoir fait cavalier seul<br />

et de ne les avoir pas associés alors<br />

qu’ils sont concernés par cet Accord,<br />

d’autres, par contre, proclament que<br />

cet Accord ne sera que bénéfique<br />

pour nos entreprises, mais il faut, tout<br />

de même, patienter quelques années.<br />

<strong>Economia</strong> a jugé, opportun de faire<br />

le point sur cet épineux sujet, en<br />

donnant la parole aux différents<br />

intervenants de la scène<br />

économique. I.L.


ACCORD D’ASSOCIATION AVEC L’UNION<br />

ALGERIE<br />

EUROPÉENNE<br />

L E D O S S I E R D U M O I S<br />

DES AMBITIONS COMMUNES POUR UNE GÉOGRAPHIE EN COMMUN<br />

Par Abdeltif Rebah<br />

De l’autre côté, des produits algériens<br />

prétendant à l’exportation<br />

peuvent, d’ores et déjà, être mis, en<br />

franchise de douane, sur le marché<br />

européen. Il s’agit des dattes, des<br />

figues, des pommes et des oranges.<br />

Cette première phase d’application de<br />

l’Accord soulève, cependant, déjà des<br />

interrogations empreintes de scepticisme<br />

: qu’apporte-t-elle de bénéfique<br />

à l’Algérie? Quelles menaces fait-elle<br />

peser sur ses entreprises… ?<br />

Avec 4 milliards de dollars d’importations<br />

alimentaires annuelles, essentiellement<br />

en provenance de l’Union<br />

Européenne, il faut dire que l’Algérie<br />

apporte indubitablement une pierre<br />

de taille à la construction de l’édifice<br />

<strong>com</strong>mercial de cet Accord qui cible, on<br />

le sait, la mise en place d’une Zone de<br />

Libre Echange (ZLE) à l’horizon 2017.<br />

La question est, bien sûr, celle de la<br />

capacité de l’Algérie à mettre pleinement<br />

à profit la règle de la réciprocité<br />

des avantages ; autrement dit, donner<br />

une impulsion concurrentielle<br />

nouvelle à ses exportations sur le<br />

marché européen. Pour l’Association<br />

des Exportateurs Algériens (Anexal),<br />

la réponse est sans équivoque : «Le<br />

démantèlement tarifaire va profiter à<br />

l’Europe. Il ne faut pas se leurrer,<br />

font-ils observer, car nos exportations<br />

hors hydrocarbures sont insignifiantes».<br />

En clair, et à titre d’illustration,<br />

nos entreprises agroalimentaires<br />

sont désormais soumises à une rude<br />

concurrence sur leur propre marché<br />

sans avoir, pour autant, les atouts nécessaires<br />

pour exploiter l’ouverture<br />

européenne.<br />

ALGERIE<br />

LE DÉFI EUROMÉDITERRANÉEN<br />

Depuis le 1er septembre <strong>2007</strong>, soit deux ans, exactement, après l’entrée en vigueur<br />

de l’accord d’Associationsigné entre l’Union Européenne et l’Algérie,une première liste de produits<br />

européens peut entrer en Algérie en bénéficiant du régime de l’exemption<br />

ou de la réduction des droits de douane, prévu à cet effet.<br />

En font partie, sucre, blé, orge, levure, lait en poudre, soja, margarine, fromages, notamment.<br />

Le Forum des Chefs d’Entreprise<br />

(FCE) a, en revanche, une position<br />

diamétralement opposée : il juge «le<br />

démantèlement tarifaire positif pour<br />

l’industrie nationale», car il devrait se<br />

traduire, selon lui, par un abaissement<br />

du coût des équipements, machines,<br />

pièces de rechange et autres<br />

intrants importés de l’Europe. Ce qui<br />

nous ramène à la question de fond :<br />

<strong>com</strong>ment, en effet, parler de stimulation<br />

des exportations algériennes<br />

sans traiter de leur sous-bassement<br />

essentiel. En d’autres termes, l’appareil<br />

productif algérien est-il en mesure<br />

de se hisser à la hauteur des défis technologiques,<br />

managériaux et autres que<br />

soulève l’insertion de l’économie algérienne<br />

dans ce marché <strong>com</strong>mun euroméditerranéen<br />

qui se profile à grands<br />

pas à l’échéance 2017 ? L’impératif,<br />

car il ne faut pas être dupe, est d’être<br />

<strong>com</strong>pétitif en valeur internationale,<br />

sinon, étant donné les écarts de <strong>com</strong>pétitivité,<br />

la ZLE ne serait profitable<br />

qu’à l’Europe.<br />

L’ÉCONOMIE, LE SOCIAL<br />

ET LE POLITIQUE :<br />

UNE COHÉRENCE S’IMPOSE !<br />

Au cœur du problème, l’incontournable<br />

question des transformations profondes<br />

pour mettre l’économie, le<br />

social et le politique de manière cohérente<br />

au niveau de cet immense challenge.<br />

Plus qu’à simplement affronter<br />

la concurrence, c’est à une véritable<br />

mue que l’Algérie doit se préparer si<br />

elle veut être au rendez-vous du marché<br />

<strong>com</strong>mun.<br />

<br />

ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />

20


En réalité, le futur proche ne présente<br />

guère d’autre alternative à<br />

cette ZLE qui se retrouve au noyau de<br />

tous les dispositifs de politique méditerranéenne<br />

initiés par l’UE (processus<br />

de Barcelone, accords<br />

d’association, politique de voisinage<br />

- PEV, projet d’Union Méditerranéenne).<br />

UNION EUROPÉENNE :<br />

POLITIQUE<br />

MÉDITERRANÉENNE<br />

OU POLITIQUE<br />

DE VOISINAGE ?<br />

Depuis plus d’une décennie, l’Europe,<br />

ou plus exactement, les pays méditerranéens<br />

membres de l’UE tentent de<br />

mettre en place une approche <strong>com</strong>mune<br />

des relations de coopération<br />

avec ceux de la rive Sud de Mare Nostrum.<br />

En novembre1995 a été lancé à Barcelone<br />

le processus de partenariat<br />

euro-méditerranéen visant à faire de<br />

cette région une zone de dialogue,<br />

d’échange et de coopération et dotée<br />

d’un instrument financier : le programme<br />

Meda. 27 pays de l’UE et 10<br />

pays sud-méditerranéens étaient<br />

concernés par ce processus de caractère<br />

régional et multilatéral. Organisé<br />

en novembre 2005 dans la<br />

capitale Catalane pour le 10e anniversaire<br />

du processus de Barcelone, le<br />

Sommet EuroMed se séparera sans<br />

un accord sur la Déclaration dite «vision<br />

<strong>com</strong>mune» incluant une série de<br />

9 engagements liant directement<br />

l’aide de l’UE au progrès des réformes<br />

démocratiques, économiques et politiques<br />

des pays du Sud et sans bilan.<br />

C’est un aveu d’échec. Côté européen,<br />

des observateurs de premier plan<br />

s’interrogent quant à la méthode employée.<br />

Fut-elle la bonne, s’interroge<br />

le président du Medef International,<br />

François Perigot dans un article<br />

d’évaluation des résultats du processus<br />

de Barcelone, publié en 2004.<br />

L’Europe peut-elle prôner le libre<br />

échange tout en maintenant avec sa<br />

politique agricole <strong>com</strong>mune (PAC), un<br />

mécanisme totalement in<strong>com</strong>patible<br />

avec l’OMC et qui ferme la porte aux<br />

UN PROCESSUS<br />

DOULOUREUX, MAIS PROMETTEUR<br />

produits agricoles, principale ressource<br />

des pays sud méditerranéens.<br />

D’autre part, <strong>com</strong>ment imaginer une<br />

ZLE dans laquelle les individus ne<br />

pourront pas circuler librement. Le<br />

représentant du Patronat français<br />

résume les leçons du processus.de<br />

Barcelone. L’Europe doit donner<br />

l’exemple, se garder d’imposer le<br />

dogme libéral sans tenir <strong>com</strong>pte du<br />

contexte d’accueil et «respecter les<br />

spécificités propres à chacun des<br />

pays et qui <strong>com</strong>mandent les formes et<br />

le rythme des réformes nécessaires».<br />

Permettre aux pays sud méditerranéens<br />

d’évoluer à leur rythme ne saurait,<br />

bien entendu, les dispenser de<br />

faire face à leurs propres responsabilités<br />

pour «acclimater le modèle d’économie<br />

de marché et d’initiative privée<br />

au contexte socioculturel et économique<br />

particulier à cette région».<br />

POLITIQUE EUROPÉENNE<br />

DE VOISINAGE :<br />

UNE NOUVELLE APPROCHE<br />

Alors que le processus de Barcelone<br />

est encore en cours, l’UE met au point<br />

une nouvelle approche, la PEV (Politique<br />

Européenne de Voisinage)<br />

qu’elle juxtapose à l’Accord d’association.<br />

Le programme Meda est supprimé<br />

et remplacé par un instrument<br />

de financement de la PEV. Cette nouvelle<br />

initiative est née en 2002 de la<br />

volonté de développer «un espace de<br />

prospérité et de stabilité» aux frontières<br />

de l’UE élargie. Elle concerne<br />

les nouveaux voisins immédiats ou<br />

ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />

21<br />

proches de l’UE. D’abord à l’Est de<br />

l’Europe, la Biélorussie, la Moldavie,<br />

l’Ukraine, la Russie et les pays du<br />

Caucase, ensuite, à la demande de la<br />

France, les pays du Sud de la Méditerranée.<br />

Contrairement au processus<br />

de Barcelone, la PEV repose sur<br />

la base des relations bilatérales de<br />

l’UE avec les 16 pays «frontaliers»<br />

pris un à un, en différenciant les exigences<br />

et les ambitions, selon les dispositions<br />

de chaque partenaire.<br />

Selon la Commissaire européenne<br />

chargée des relations extérieures et<br />

de la PEV, Mme Benita Ferrero-<br />

Waldner, le rythme de l’approfondissement<br />

des relations avec chacun des<br />

voisins de l’UE doit dépendre de leur<br />

capacité à répondre à ses priorités de<br />

politique extérieure reprises dans des<br />

Plans d’action. Ce sont des principes<br />

de différenciation et de conditionnalités.<br />

La dimension politique de cellesci<br />

est ouvertement revendiquée. Il<br />

s’agit de :<br />

renforcer l’Etat de droit, les<br />

structures démocratiques et le<br />

pluralisme politique ;<br />

améliorer le niveau de protection<br />

des droits de l’Homme et des<br />

libertés fondamentales ;<br />

accélérer le développement<br />

économique ;<br />

coopérer plus étroitement dans<br />

le domaine de la politique étrangère<br />

et de la sécurité.


ALGERIE<br />

ACCORD D’ASSOCIATION AVEC L’UNION EUROPÉENNE<br />

L E D O S S I E R D U M O I S<br />

ALGERIE<br />

LE DÉFI<br />

EUROMÉDITERRANÉEN<br />

<br />

La PEV doit, selon ses promoteurs,<br />

offrir «une perspective de participation<br />

progressive au marché intérieur,<br />

non sans avoir, au préalable ‘’homogénéisé<br />

les standards’’ et un partenariat<br />

de mobilité» que chaque pays<br />

membre mettra en œuvre selon ses<br />

possibilités. Toutefois, si la Tunisie,<br />

l’Egypte ou le Liban, par exemple, ont<br />

conclu des Plans d’action dans le<br />

cadre de cette PEV et si le Maroc revendique,<br />

quant à lui, «un statut<br />

avancé», l’Algérie, pour sa part, n’y a<br />

pas souscrit. Selon son ambassadeur<br />

à Bruxelles, Halim Benatallah, «l’Algérie<br />

préfère, pour le moment concentrer<br />

ses efforts sur la mise en<br />

application de l’Accord d’association<br />

fait sur mesure. Cet accord, selon le<br />

diplomate algérien, s’avère tout à fait<br />

satisfaisant pour l’Algérie. Pourquoi<br />

donc, estime-t-il, dans ce cas se disperser<br />

et se <strong>com</strong>pliquer la vie avec un<br />

nouveau plan d’action de la PEV qui<br />

serait tout à fait redondant».<br />

LA PEV NE PRÉVOIT PAS<br />

L’ ADHÉSION À L’UE<br />

La PEV peut aboutir à une intégration<br />

au marché intérieur de l’Europe.<br />

Le processus de Barcelone, c’était la<br />

possible perspective, à très long<br />

terme, du rattachement des 10 pays<br />

à l’UE ou la création d’une Union Méditerranéenne.<br />

C’est précisément cette UM qui ambitionne<br />

d’apporter la vision à long<br />

Si la Tunisie, l’Egypte<br />

ou le Liban ont conclu<br />

des Plans d’action dans<br />

le cadre de la PEV<br />

et si le Maroc revendique<br />

un statut avancé, l’Algérie n’y<br />

a même pas souscrit.<br />

ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />

22<br />

terme qui manquerait à la fois à la<br />

PEV et au processus de Barcelone.<br />

Pour Hubert Védrine, chargé par le<br />

Président français Nicholas Sarkozy<br />

de rédiger un rapport sur «la France<br />

et la mondialisation», l’idée est porteuse<br />

d’avenir. Cette union «entre<br />

méditerranéens» n’est pas paternaliste,<br />

c’est une proposition intéressante,<br />

mais «la Commission et le<br />

Parlement européens sont contre ce<br />

projet», selon l’ex-ministre des AE de<br />

Lionel Jospin.<br />

La politique méditerranéenne de l’UE<br />

ne semble pas à une re<strong>com</strong>position<br />

près, le temps peut être pour les pays<br />

de la rive Sud, dont l’Algérie, d’opérer<br />

les mises à niveau et les adaptations<br />

qu’elle ne manquera pas de requérir.<br />

S’il est, évidemment, vain de chercher<br />

le partenariat qui nous irait «<strong>com</strong>me<br />

une bague au doigt», il est bon de garder<br />

à l’esprit que le partenariat authentique<br />

vaut autant par ce qu’on y<br />

apporte que par ce qu’on y reçoit. <br />

A. R.<br />

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Mohammadia<br />

Alger


UN PROCESSUS<br />

DOULOUREUX, MAIS PROMETTEUR<br />

M. SAÏD DJELLAB, DIRECTEUR DE L’ÉVALUATION ET DE LA RÉGLEMENTATION DU COMMERCE<br />

EXTÉRIEUR AU MINISTÈRE DU COMMERCE ET L’UN DES NÉGOCIATEURS DE L’ACCORD D’ASSOCIATION AVEC L’UE.<br />

«IL APPARTIENT AUX OPÉRATEURS<br />

DE SAISIR LES OPPORTUNITÉS OFFERTES»<br />

On n’a pas fini, depuis deux ans,<br />

de les accabler de tous<br />

les maux et les difficultés auxquelles<br />

se heurte, aujourd’hui,<br />

les entreprises algériennes ;<br />

que ces entraves soient liées ou<br />

non à l’application<br />

de l’Accord d’association.<br />

L’ accusation est double.<br />

On leur reproche d’abord,<br />

d’avoir fait cavalier seul,<br />

lors des négociations en n’associant<br />

pas les premiers concernés par cet<br />

Accord, à savoir<br />

les chefs d’entreprise.<br />

On les accuse ensuite<br />

de n’avoir pas suffisamment<br />

défendu l’outil de production<br />

nationale, en prêtant<br />

le flanc aux différents<br />

démantèlements tarifaires.<br />

Eux, ce sont les négociateurs<br />

algériens de l’Accord<br />

d’association. Nous avons<br />

rencontré l’un d’eux qui explique à<br />

<strong>Economia</strong> <strong>com</strong>ment ces<br />

négociations ont été menées et à<br />

quelle logique obéissent leurs<br />

options. Il s’agit de<br />

M. Saïd Djellab, actuel<br />

directeur de l’évaluation<br />

et de la réglementation du<br />

<strong>com</strong>merce extérieur<br />

au ministère du Commerce.<br />

M. Saïd Djellab<br />

En entamant notre discussion par<br />

le volet des importations, M.<br />

Djellab aborde d’emblée, le raisonnement<br />

des négociateurs sur les niveaux<br />

de démantèlements tarifaires<br />

accordés à l’UE, à <strong>com</strong>mencer par les<br />

produits agricoles et agroalimentaires<br />

et ce, à une époque où le PNDA<br />

(Plan de national de développement<br />

agricole) venait d’être lancé. «Nous<br />

étions face à une Europe protectrice<br />

de son agriculture à coups de subventions<br />

et on avait besoin, par ailleurs,<br />

d’une période de maturité du PNDA<br />

pour baser nos négociations sur ses<br />

résultats avant d’amorcer la libéralisation.<br />

C’est pour cela que nous avons<br />

opté pour une libéralisation partielle<br />

et tout le processus de libéralisation<br />

a été reporté à 2010». La démarche a<br />

été d’abord de faire un état des lieux<br />

sur l’ensemble des importations en<br />

provenance de l’Europe. Des contingents<br />

en franchise des droits de<br />

douane ont été accordés à 0% sur des<br />

produits qui étaient initialement à<br />

5% et pour lesquels l’Algérie est importateur<br />

net de l’UE. C’est le cas<br />

pour le sucre, le blé dur, le blé tendre,<br />

ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />

23<br />

la poudre de lait et les huiles. M. Djellab<br />

simule une situation pour expliquer<br />

: «Si nos importations sont de 1<br />

million de tonnes par exemple sur<br />

l’un de ces produits, il s’agissait d’accorder<br />

un contingent de 300.000<br />

tonnes en exonération des droits de<br />

douane de façon à ce que ces importations<br />

soient <strong>com</strong>plémentaires à la<br />

production nationale et ne peuvent en<br />

aucun cas la concurrencer». Il précise<br />

que dans ce cas qu’il n’y a pas concurrence,<br />

mais plutôt perte au niveau de<br />

la fiscalité que l’Etat supporte au profit<br />

à la fois de l’importateur et du<br />

consommateur avec, <strong>com</strong>me effet espéré,<br />

une baisse des prix. «Chose qui<br />

n’a pas été constatée sur le marché<br />

intérieur (…). Cela est dû au fait qu’il<br />

ne s’agit pas de produits finis et que<br />

ces produits étaient déjà au départ<br />

faiblement taxés, à peine à 5%, mis à<br />

part le sucre qui était à 30%», relèvet-il.<br />

Pour ce dernier produit, c’est la<br />

faiblesse de la quantité importée en<br />

contingent qui est mise en cause par<br />

notre interlocuteur puisqu’elle ne représente<br />

que 12% du besoin du marché<br />

national.


ALGERIE<br />

ACCORD D’ASSOCIATION AVEC L’UNION EUROPÉENNE<br />

L E D O S S I E R D U M O I S<br />

«IL APPARTIENT AUX OPÉRATEURS<br />

DE SAISIR LES OPPORTUNITÉS OFFERTES»<br />

M. Djellab évoque que «la démarche<br />

a été tout autre concernant des produits<br />

industriels parce que c’est là où<br />

il est question de protéger l’outil de<br />

production nationale» tout en établissant<br />

une programmation de démantèlement<br />

pour arriver à 0% de droits<br />

de douanes sur 12 ans (de 2005 à<br />

2017). C’est ce qui est appelé «libéralisation<br />

programmée». «Pour cela,<br />

nous disposons de deux instruments<br />

pour protéger le marché. Nous pouvons<br />

avoir recours à la période de<br />

convergence qui est une période de<br />

transition accordée à l’outil de production,<br />

mais aussi à la progressivité<br />

de réduction des droits de douanes»,<br />

tient-il à préciser.<br />

Pour le premier instrument, il s’agit<br />

de reporter le démantèlement de<br />

quelques années, en dépit de l’entrée<br />

en vigueur de l’Accord, de façon à arriver<br />

quand même à 0% en 2017.<br />

«C’est-à-dire au lieu de <strong>com</strong>mencer à<br />

un temps T, nous <strong>com</strong>mençons à T+5.<br />

Donc, nous donnons cinq ans à la filière<br />

pour se préparer au démantèlement»,<br />

explique-t-il. On l’aura<br />

<strong>com</strong>pris, quel que soit le temps accordé,<br />

nous devons arriver à 0% en<br />

2017 et donc l’ensemble du démantèlement<br />

ne s’étalera plus que sur sept<br />

ans au lieu douze ans. «Nous pouvons<br />

<strong>com</strong>mencer à T+3 ou T+8. Nous, nous<br />

avons opté pour trois périodes de<br />

transition. Il y a d’abord, les produits<br />

qui ne nécessitent aucune transition<br />

et donc passent à 0% dès septembre<br />

2005 sans être contingentés et leur<br />

importation est en quantités illimitées.<br />

Il s’agit de tout ce qui a trait aux<br />

matières premières et équipements<br />

que nous ne produisons pas et dont a<br />

besoin notre outil de production, l’objectif<br />

recherché étant la baisse des<br />

prix du produit fini censé gagner<br />

aussi en <strong>com</strong>pétitivité».<br />

La deuxième liste soumise au démantèlement<br />

tarifaire concerne les produits<br />

industriels fabriqués<br />

localement. Il va sans dire que cela<br />

exige une mise à niveau de nos producteurs.<br />

«Pour cette catégorie, dit-il,<br />

nous avons négocié pour un démantèlement<br />

sur sept ans à partir de la<br />

mise en œuvre de l’Accord». C’est<br />

ainsi que la deuxième vague de démantèlement<br />

sur les produits indus-<br />

“ Pour un produit<br />

fini qui était,<br />

jusque-là à 30%,<br />

il se trouve à 24%<br />

à partir de septembre <strong>2007</strong>.<br />

Il sera à 21%<br />

en 2008, à 18%<br />

en 2009, à 12% en 2010<br />

à et à 0% en 2012.<br />

L’opérateur aura ainsi<br />

bénéficié déjà<br />

de deux ans de différé<br />

ainsi que cette<br />

progressivité<br />

dans le démantèlement<br />

pour avoir<br />

le temps de se<br />

mettre à niveau<br />

”<br />

triels est entrée en vigueur à partir<br />

de septembre <strong>2007</strong> au lieu de septembre<br />

2005. «Et c’est là que rentre en<br />

jeu le deuxième instrument de protection<br />

du marché qui s’inscrit dans la<br />

négociation de la progressivité de réduction<br />

des droits de douane», rappelle<br />

M. Saïd Djellab.<br />

«Pour un produit fini qui était,<br />

jusque-là à 30%, il se trouve à 24% à<br />

partir de septembre <strong>2007</strong>. Il sera à<br />

21% en 2008, à 18% en 2009, à 12%<br />

en 2010 à et à 0% en 2012. L’opérateur<br />

aura ainsi bénéficié déjà de deux<br />

ans de différé ainsi que cette progressivité<br />

dans le démantèlement pour<br />

ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />

24<br />

avoir le temps de se mettre à niveau»,<br />

explique M. Djellab faisant remarquer<br />

que ce temps est accordé à la fois<br />

à l’opérateur et à l’administration appelée<br />

pour sa part à ac<strong>com</strong>pagner les<br />

entreprises dans le programme de<br />

mise à niveau.<br />

LA RÉPONSE AUX CHEFS<br />

D’ENTREPRISE<br />

Sur la question de la non-consultation<br />

évoquée par les chefs d’entreprise,<br />

M. Djellab répond qu’il «a y eu<br />

consultation des opérateurs et nous<br />

avons pris en charge leurs préoccupations<br />

en termes de délais et de progressivité<br />

de réduction des droits de<br />

douanes. En plus, nous avons écarté<br />

tous les produits jugés sensibles pour<br />

la production. Là, il ne s’agit que des<br />

produits moyennement sensibles où<br />

la dégressivité est étalée sur sept ans<br />

avant d’arriver au 0%».<br />

Réfutant l’accusation de n’avoir pas<br />

suffisamment défendu l’intérêt du<br />

marché algérien, M. Djellab rappelle<br />

que les négociateurs ont refusé, pour<br />

des produits qui sont à 30%, la période<br />

de sept ans pour arriver au démantèlement<br />

total et ont exigé plutôt<br />

douze ans. Il s’agit de tout ce qui est<br />

produit fini industriel (véhicules,<br />

équipements fabriqués en Algérie,<br />

électroménagers, etc.).<br />

«Aujourd’hui, à partir de septembre<br />

<strong>2007</strong>, vous pouvez importer par<br />

exemple votre véhicule ou appareil<br />

électroménager de l’UE à 27% au lieu<br />

de 30%. Tous les produits finis de la<br />

liste 2 sont à désormais 27%. Ils seront<br />

à 12% en 2012, ceci dans une logique<br />

de donner plus de temps à<br />

l’opérateur et aux pouvoirs publics<br />

pour mettre en oeuvre une politique<br />

adéquate pour les ac<strong>com</strong>pagner. C’est<br />

là le double souci des négociateurs qui<br />

a été pris en charge dans les textes»,<br />

renchérit notre interlocuteur.


LA FAIBLESSE<br />

DE NOS EXPORTATIONS<br />

MISE EN CAUSE<br />

Dans le volet exportation, il est évoqué<br />

d’abord, les produits industriels,<br />

même si leurs quantités restent insignifiantes,<br />

qui passent directement à<br />

0% sans négociations à la faveur de<br />

l’Accord. C’est là où, de l’avis de M.<br />

Djellab, nous pouvons développer la<br />

sous-traitance en s’intégrant dans un<br />

réseau international. «C’est-à-dire<br />

qu’une petite entreprise qui fabrique<br />

une pièce dont a besoin la firme européenne,<br />

peut rentrer à 0% sur le marché<br />

européen. Un avantage dont il<br />

faut profiter, notamment dans les industries<br />

pétrochimiques».<br />

Pour les produits agricoles et agroalimentaires,<br />

nous avons <strong>com</strong>mencé par<br />

obtenir une liste de 138 produits agricoles<br />

que nous pouvons mettre sans limitation<br />

sur le marché européen à 0%<br />

de droits de douanes (haricots verts,<br />

choux, navets, carottes, asperges, etc.).<br />

Septembre 2005 : matières premières<br />

(articles 9-1)<br />

Les marchandises immédiatement exonérées<br />

le 1er septembre 2005, (matières<br />

premières soit 23% de nos<br />

importations de l’UE (annexe 2).<br />

Septembre <strong>2007</strong> – 2012 : biens<br />

d’équipements (articles 9-2)<br />

L’accord prévoit, en effet, que les droits<br />

de douanes et les taxes d’effet équivalent<br />

sur les autres produits industriels<br />

(annexe 3) soient éliminés progressivement<br />

deux années après l’entrée en vi-<br />

N : Année<br />

de l’entrée<br />

en vigueur<br />

de l’accord<br />

Septembre 2005<br />

Les droits<br />

et taxes<br />

sont ramenés<br />

à 90%<br />

du droit de<br />

base<br />

Les droits<br />

et taxes<br />

sont ramenés<br />

à 80%<br />

du droit de<br />

base<br />

N+2<br />

Les droits et taxes<br />

sont ramenés à<br />

80% du droit de<br />

base<br />

Les droits<br />

et taxes<br />

sont ramenés<br />

à 70%<br />

du droit de<br />

base<br />

Les droits<br />

et taxes<br />

sont ramenés<br />

à 60%<br />

du droit de<br />

base<br />

UN PROCESSUS<br />

DOULOUREUX, MAIS PROMETTEUR<br />

Nous constatons que, depuis septembre<br />

2005, nous n’avons rien exporté de<br />

tout cela. C’est là, une première liste<br />

que nous avons négociée. Sur une<br />

deuxième liste <strong>com</strong>posée de produits<br />

cultivés localement, nos partenaires<br />

européens ont préféré nous accorder<br />

des exonérations par contingents.<br />

C’est le cas de la pomme de terre, des<br />

fraises, de l’huile de tournesol, des<br />

concentrés de tomate et des vins, notamment».<br />

«Pour la pomme de terre, sur un<br />

contingent de 5.000 tonnes, ce qui est<br />

déjà très peu, nous n’avons jamais dépassé<br />

un niveau des exportations de<br />

120 tonnes à 130 tonnes. Il y a pourtant<br />

l’avantage que si nous atteignons<br />

les 5.000 tonnes, nous pouvons demander<br />

plus pour augmenter nos quotas<br />

à n’importe quel moment. Il y a<br />

aussi des produits qui sont en franchise<br />

douanière sous quantité de références<br />

et non pas sous quotas.<br />

C’est-à-dire que ce sont des produits<br />

où nous pouvons dépasser la quantité<br />

Calendrier du démantèlement tarifaire<br />

gueur, selon un schéma bien déterminé.<br />

En clair, l’accord prévoit un démantèlement<br />

progressif des tarifs douaniers. Il<br />

était ainsi attendu qu’à partir de cette<br />

année, les droits et taxes de certains<br />

produits soient ramenés à 80% du droit<br />

de base.<br />

Ils seront de l’ordre de 70% trois années<br />

après l’entrée en application de<br />

l’Accord de 60% à la quatrième année,<br />

40% à la cinquième année avant d’atteindre<br />

les 20% lors de la sixième<br />

année, puis à disparaître après sept<br />

N+3<br />

Les droits et taxes<br />

sont ramenés à<br />

70% du droit de<br />

base<br />

Les droits<br />

et taxes<br />

sont ramenés<br />

à 50%<br />

du droit de<br />

base<br />

N+4<br />

Les droits et taxes<br />

sont ramenés à<br />

60% du droit de<br />

base<br />

Les droits<br />

et taxes<br />

sont ramenés<br />

à 40%<br />

du droit de<br />

base<br />

ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />

25<br />

Les droits et taxes<br />

sont ramenés à<br />

40% du droit de<br />

base<br />

Les droits<br />

et taxes<br />

sont ramenés<br />

à 30%<br />

du droit de<br />

base<br />

N+5<br />

de référence, à moins que nos partenaires<br />

européens constatent que ce dépassement<br />

perturbe leur production.<br />

En ce moment-là, ils sont en droit de<br />

déclencher des négociations pour<br />

transformer la quantité de référence<br />

en quotas», relève le négociateur précisant<br />

que «déjà les quotas accordés par<br />

l’Europe à l’Algérie pour les produits<br />

agricoles n’ont pas été exploités. Pour<br />

l’agroalimentaire, en revanche, nous<br />

avons exporté sous quotas le couscous<br />

et les pâtes alimentaires».<br />

Côté bilan, M. Said Djellab estime<br />

qu’en dehors du constat établi, il trop<br />

tôt pour juger les conséquences réelles<br />

de l’Accord sur le marché, sauf peutêtre<br />

de dire que c’est grâce à l’Accord<br />

que l’Europe a, dans le meilleurs des<br />

cas, maintenu sa part sur le marché<br />

algérien, alors que notre balance <strong>com</strong>merciale<br />

demeure déséquilibrée en faveur<br />

de l’Europe du fait que nos<br />

opérateurs n’ont pas encore profité des<br />

opportunités offertes. <br />

Yasmine Ferroukhi<br />

ans de l’application en vigueur.<br />

Cette disposition concerne quelque<br />

1095 articles industriels.<br />

Septembre <strong>2007</strong>- 2017 : produits<br />

finis (articles 9-3)<br />

Graduellement sur 10 ans, 02 ans<br />

après l’entrée en vigueur de l’accord,<br />

chaque droit et taxe diminuent de 10%<br />

par an (à partir de 90% du droit de<br />

base) pour 24% de nos importations de<br />

produits finis en provenance de l’UE<br />

(autre que les produits des annexes 2<br />

et 3 de l’accord). <br />

Les droits<br />

et taxes<br />

sont ramenés<br />

à 20%<br />

du droit de<br />

base<br />

N+6<br />

Les droits et taxes<br />

sont ramenés à<br />

20% du droit de<br />

base<br />

Les droits<br />

et taxes<br />

sont ramenés<br />

à 10%<br />

du droit de<br />

base<br />

Les droits<br />

et taxes<br />

sont ramenés<br />

à 5% du<br />

droit de<br />

base<br />

N+7<br />

Les droits et taxes<br />

sont ramenés à<br />

0% du droit de<br />

base<br />

N+2 N+3 N+4 N+5 N+6 N+7 N+8 N+2 N+9 N+10 N+11<br />

Les droits<br />

et taxes<br />

sont ramenés<br />

à 0% du<br />

droit de<br />

base


ALGERIE<br />

ACCORD D’ASSOCIATION AVEC L’UNION EUROPÉENNE<br />

L E D O S S I E R D U M O I S<br />

HOCINE AMER-YAHIA, EX-DIRECTEUR GÉNÉRAL DE L’INDUSTRIE AU MINISTÈRE DE L’INDUSTRIE<br />

«IL EST ENCORE TROP TÔT POUR ÉVALUER LES PRÉJUDICES»<br />

Ayant fréquenté pendant plusieurs années les arcanes du ministère de l’Industrie, M. Hocine Amer-Yahia, consultant<br />

international, a été conseiller lors des négociations de l’Accord d’association avec l’Union européenne.<br />

<strong>Economia</strong> n’a pas hésité à recueillir son témoignage durant cette période.<br />

Quelles étaient les conditions de<br />

négociations de l'Accord au plan<br />

de la situation économique et sécuritaire<br />

de l'Algérie ?<br />

La négociation n’a pas été assortie, à<br />

proprement parler, de conditions tant<br />

au plan économique qu’au plan sécuritaire.<br />

Le projet de l’Accord d’association<br />

est une sorte de plate-forme<br />

standard proposée aux douze pays de<br />

la rive sud de la Méditerranée, à<br />

charge ensuite de l’adapter à la situation<br />

socio-économique et politique de<br />

chaque pays.<br />

Il faut, cependant, souligner que jamais<br />

l’Algérie n’a eu autant besoin de<br />

négocier et de signer un accord de cette<br />

envergure à un moment où les opérateurs<br />

économiques étrangers la<br />

fuyaient et où les relations diplomatiques<br />

du pays s’effritaient du fait de<br />

la situation politique et sécuritaire qui<br />

prévalait. Il fallait donc un projet fort<br />

pour l’aider à sortir de son isolement<br />

forcé.<br />

En termes de conditions, il faut cependant<br />

rappeler que l’Union Européenne<br />

a signifié à l’Algérie l’impératif d’engager<br />

les négociations afin notamment<br />

d’introduire progressivement la réciprocité<br />

en matière d’exonération de<br />

droits de douane.<br />

En effet, l’Algérie, <strong>com</strong>me la Tunisie et<br />

le Maroc, bénéficiait depuis 1976 d’un<br />

régime préférentiel qui lui permettait<br />

d’exporter ses produits industriels en<br />

franchise de droits de douane.<br />

Il est vrai aussi que l’Algérie, en mettant<br />

en avant la prépondérance de ses<br />

importations à partir de l’Europe, a<br />

fait admettre l’introduction dans l’Accord<br />

d’une disposition en matière de<br />

lutte contre le terrorisme.<br />

Enfin, l’Accord prévoit un large programme<br />

de coopération économique et<br />

sociale d’ac<strong>com</strong>pagnement de l’Algérie<br />

dont l’instrument principal de mise en<br />

œuvre est connu sous le nom de<br />

MEDA.<br />

Quelle lecture faites-vous des<br />

critiques persistantes du patronat<br />

vis-à-vis de l'Accord concernant<br />

notamment la crainte de<br />

voir les entreprises algériennes<br />

disparaître ?<br />

La négociation de l’Accord a été principalement<br />

menée par les représentants<br />

des différents départements ministériels,<br />

qui recueillaient les propositions<br />

de démantèlement tarifaire auprès des<br />

opérateurs économiques. De ce fait, le<br />

patronat qui n’a pas été un acteur direct<br />

dans ces négociations ne rate pas<br />

l’occasion, chaque fois que la production<br />

nationale est menacée par la<br />

concurrence des produits européens, à<br />

Jamais l’Algérie<br />

n’a eu autant besoin<br />

de négocier<br />

et de signer<br />

un accord de cette<br />

envergure à un moment<br />

où les opérateurs<br />

économiques étrangers<br />

la fuyaient.<br />

s’insurger contre le fait qu’il n’a pas été<br />

associé aux négociations en matière de<br />

démantèlement tarifaire.<br />

En réalité, il est encore trop tôt pour<br />

situer et évaluer les préjudices subis<br />

par la production nationale sachant<br />

que seuls les produits bruts ont connu<br />

jusque-là un démantèlement immédiat<br />

et total des droits de douane, ce qui, au<br />

contraire, peut favoriser la production<br />

nationale du fait de la réduction des<br />

coûts des intrants qui s’ensuit. Par<br />

contre, les biens de consommation et<br />

autres produits finis connaîtront, à<br />

partir de cette année seulement, un démantèlement<br />

graduel, selon le cas, sur<br />

ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />

26<br />

5 et 10 ans. En matière de produits<br />

agro-industriels, la mécanique du démantèlement<br />

tarifaire n’est pas applicable.<br />

Seules des concessions<br />

(réduction tarifaire totale ou partielle,<br />

contingentement) sont négociées entre<br />

les deux parties. Certaines concessions,<br />

<strong>com</strong>me c’est le cas du sucre, ont<br />

fait l’objet de vives critiques, faisant<br />

craindre aux producteurs nationaux la<br />

concurrence de produits européens qui<br />

bénéficieraient, par ailleurs, de subventions.<br />

La totalité des dispositions de<br />

l'Accord ne seront appliquées<br />

qu'une dizaine d'années après<br />

son entrée en vigueur. Pensezvous<br />

que les entreprises algériennes<br />

auront opéré leur mise<br />

à niveau à cette date ?<br />

L’objectif de la mise à niveau est précisément<br />

de préparer la production nationale<br />

à une plus grande concurrence<br />

de produits étrangers, du fait notamment<br />

de l’instauration progressive<br />

d’une zone de libre échange avec<br />

l’Union Européenne qui <strong>com</strong>pte aujourd’hui<br />

27 pays membres et constitue<br />

l’un des plus grands marchés du<br />

monde.<br />

La mise à niveau pourrait permettre à<br />

l’Algérie de s’insérer dans cet espace.<br />

Force est de constater que le projet de<br />

mise à niveau en Algérie n’a pas bénéficié<br />

d’une volonté politique forte<br />

<strong>com</strong>me cela a été le cas en Tunisie par<br />

exemple.<br />

A ce jour, il n’y a pas un projet suffisamment<br />

intégré et structuré qui pourrait<br />

placer les entreprises nationales<br />

dans une dynamique et une démarche<br />

continues de progrès en leur offrant,<br />

par ailleurs, un environnement institutionnel<br />

et réglementaire plus favorable<br />

et des services d’appui plus<br />

performants. <br />

Entretien réalisé<br />

par Ahmed Mesbah


UN PROCESSUS<br />

DOULOUREUX, MAIS PROMETTEUR<br />

M. MOHAMED CHAMI, DIRECTEUR GÉNÉRAL<br />

DE LA CHAMBRE ALGÉRIENNE DE COMMERCE ET D’INDUSTRIE À ÉCONOMIA<br />

«LA MENACE NE VIENT PAS DE L’EUROPE»<br />

Deux ans après l’entrée en vigueur de l’Accord d’association avec l’Union européenne,<br />

seule une douzaine de requêtes émanant d’entreprises algériennes ont été déposées au niveau de la Commission<br />

technique de suivi de la mise en œuvre de la zone de libre échange. Elles évoquent des préjudices inhérents<br />

à la mise en application de l’Accord d’association. Selon M. Mohamed Chami, directeur général de la CACI<br />

(Chambre algérienne de <strong>com</strong>merce et d’industrie), également président de ladite Commission,<br />

seules quatre d’entre eles ont été jugées recevables ; les contraintes évoquées par les autres entreprises<br />

plaignantes n’ayant pas de lien direct avec l’accord en lui-même. Ecoutons-le…<br />

<strong>Economia</strong> : Deux ans après<br />

l’entrée en vigueur de l’Accord<br />

d’association entre l’Algérie et<br />

l’Union européenne, <strong>com</strong>bien<br />

de requêtes la <strong>com</strong>mission a-telle<br />

reçu ?<br />

M. Chami : Très peu. A peine une<br />

douzaine, dont seulement quatre ont<br />

été jugées recevables par la Commission.<br />

La plupart d’entre elles évoquent<br />

plutôt des facteurs qui, certes<br />

sont à l’origine de pertes de marchés,<br />

mais qui, en réalité, n’ont aucun lien<br />

avec le démantèlement tarifaire.<br />

Leurs difficultés sont souvent liées<br />

plutôt à la concurrence déloyale provenant<br />

de régions autres que l’Europe.<br />

Quels sont les critères de recevabilité<br />

?<br />

Les critères sont simples. Il faut que<br />

le plaignant prouve clairement que la<br />

perte du marché ou les difficultés rencontrées<br />

sont directement liées à l’application<br />

de l’Accord d’association.<br />

On remarque, d’abord, qu’il y a très<br />

peu de requêtes déposées, et seulement<br />

le quart en relation directe avec<br />

l’application de l’Accord. S’agit-il d’absence<br />

d’effet réel ou de manque d’information<br />

de nos opérateurs<br />

économiques ?<br />

Il est vrai que beaucoup d’entreprises<br />

n’ont pas pu prouver le lien direct de<br />

cause à effet avec l’Accord en question.<br />

Je dois rappeler aussi l’autre<br />

rôle de la Commission, celui de sensibiliser<br />

les entreprises, de <strong>com</strong>muniquer,<br />

de vulgariser, d’organiser des<br />

M. Mohamed Chami, directeur<br />

général de la<br />

Chambre algérienne<br />

de <strong>com</strong>merce d’industrie.<br />

Il est également président<br />

de la Commission technique<br />

de suivi de la mise en œuvre de<br />

la zone de libre échange<br />

“ Tous les<br />

membres<br />

de la Commission<br />

sont appelés à plus<br />

de sensibilisation...<br />

l’Accord prévoit<br />

la prise de mesures<br />

de sauvegarde<br />

de la production<br />

nationale...<br />

”<br />

rencontres dans ce sens. Cela in<strong>com</strong>be<br />

également aux autres acteurs<br />

membres de la Commission dont les<br />

organisations patronales qui se vantent<br />

de représenter un grand nombre<br />

d’adhérents. Tous les membres de la<br />

Commission sont appelés à plus de<br />

sensibilisation parce que visiblement<br />

beaucoup d’entreprises ignorent qu’il<br />

existe cette voie de recours et que<br />

l’Accord prévoit la prise de mesures<br />

de sauvegarde de la production<br />

nationale.<br />

ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />

27<br />

Pour notre part, en tant que Chambre<br />

de <strong>com</strong>merce, nous lançons des<br />

diffusions à travers nos supports en<br />

direction des entreprises au même<br />

titre, d’ailleurs, que les autres membres<br />

de la Commission dont le ministère<br />

du Commerce, celui de<br />

l’Industrie et de la Promotion des investissements,<br />

celui de la Petite et<br />

Moyenne Entreprise et l’Artisanat,<br />

Algex (Agence algérienne de promotion<br />

des exportations), les Douanes<br />

algériennes, entre autres.


ALGERIE<br />

ACCORD D’ASSOCIATION AVEC L’UNION EUROPÉENNE<br />

L E D O S S I E R D U M O I S<br />

QU’EST-CE QUE LA COMMISSION<br />

TECHNIQUE DE SUIVI DE LA MISE EN ŒUVRE<br />

DE LA ZONE DE LIBRE ÉCHANGE ?<br />

La Commission technique de suivi de la mise en œuvre de la zone de<br />

libre échange entre l’Algérie et l’Union européenne a été créée par le<br />

ministère du Commerce et installée le 23 août 2005. Elle est présidée par<br />

le directeur général de la CACI (Chambre algérienne de <strong>com</strong>merce et d’industrie)<br />

et est <strong>com</strong>posée des représentants des administrations d’institutions<br />

étatiques et de ceux des organisations patronales.<br />

Elle a pour mission d’assurer la diffusion et la vulgarisation du contenu<br />

économique des dispositions liées à la zone de libre échange, d’assurer la<br />

concertation entre l’administration et les opérateurs économiques dans<br />

l’évaluation et le suivi de la mise en œuvre du régime des préférences, notamment<br />

pour les produits agricoles et agroalimentaires, de recenser et<br />

examiner les requêtes des opérateurs économiques liées à la mise en œuvre<br />

du régime des préférences, de mettre à la disposition du Comité permanent<br />

chargé du suivi et de la mise en œuvre de l’Accord d’association, et présidé<br />

par le ministère des Affaires étrangères, les requêtes des entreprises dûment<br />

étudiées.<br />

La Commission a également pour rôle de suivre le fonctionnement du dispositif<br />

de préférences tarifaires et de formuler toutes mesures d’amélioration<br />

dans ce domaine. Il lui revient, enfin, de collecter et d’analyser les<br />

données sur les flux <strong>com</strong>merciaux entre l’Algérie et les pays de l’Union Européenne.<br />

LES ADMINISTRATIONS CENTRALES REPRÉSENTÉES AU SEIN DE LA COMMISSION<br />

Ministère des Affaires Etrangères<br />

Ministère des Finances<br />

Ministère de l’industrie et de la Promotion de l'Investissement<br />

Ministère du Commerce<br />

Ministère de la Petite et Moyenne Entreprise et de l'Artisanat<br />

Ministère de l'Agriculture et du Développement Rural<br />

Ministère de la Pêche et des Ressources Halieutiques<br />

Agence Algérienne de Promotion du Commerce Extérieur<br />

Direction Générale des Douanes<br />

Chambre Algérienne de Commerce et d'Industrie<br />

Chambre Nationale d'Agriculture<br />

Chambre Algérienne d'Aquaculture et de la Pêche.<br />

LES ORGANISATIONS PATRONALES SIÉGEANT À LA COMMISSION<br />

La Confédération Algérienne du Patronat (CAP)<br />

La Confédération des Industriels et des Producteurs Algériens (CIPA)<br />

La Confédération Générale des Opérateurs Economiques Algériens (CGEOA)<br />

La Confédération Nationale du Patronat Algérien (CNPA)<br />

Savoir et Vouloir Entreprendre / Association des Femmes Chefs d'Entreprises<br />

(SEVE)<br />

L’Union Nationale des Entrepreneurs Publics (UNEP)<br />

Le Forum des Chefs d'Entreprises (FCE)<br />

Le Club des Entrepreneurs et Industriels de la Mitidja (CEIMI)<br />

L’Union Général des Commerçants et Artisans Algériens (UGCAA). <br />

ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />

28<br />

<br />

Mais cela reste insuffisant si les organisations<br />

patronales ne s’impliquent<br />

pas davantage.<br />

Sur les quatre requêtes jugées<br />

recevables, il y a celle de l’entreprise<br />

publique Fertial et<br />

qui, semble-t-il, a posé un sérieux<br />

problème…<br />

Effectivement, Fertial a été victime<br />

d’une mesure anti-dumping appliquée<br />

sur ses produits exportés en<br />

Europe par les Européens. Ces derniers<br />

considèrent que ses produits<br />

sont subventionnés à travers le prix<br />

avantageux du gaz appliqué sur le<br />

marché intérieur. Nous avons défendu<br />

la cause de cette entreprise en<br />

prouvant qu’il n’est pas question de<br />

dumping dans ce cas et que le gaz<br />

étant un avantage <strong>com</strong>paratif.<br />

Toutes les entreprises en Algérie,<br />

qu’elles relèvent du secteur public ou<br />

privé ou sont des sociétes étrangères<br />

bénéficient du même niveau de prix,<br />

et tous les produits issus de la production<br />

du gaz et du pétrole doivent<br />

nous conférer cette possibilité de vendre<br />

moins cher. Nous avons déposé<br />

une plainte et la question est maintenant<br />

sérieusement prise en charge<br />

au plus haut niveau. Ça prendra<br />

peut-être un peu de temps mais je<br />

peux vous affirmer que la procédure<br />

est en bonne voie.<br />

Et pour les autres requêtes ?<br />

Oui, parmi les premiers problèmes<br />

qui ont été soulevés, celui intéressant<br />

les deux producteurs algériens de<br />

sucre, à savoir l’Enasucre et Cevital.<br />

Les deux soulèvent surtout le problème<br />

de réciprocité avec les Européens<br />

affirmant qu’il y a risque sur la<br />

production nationale.


C’est-à-dire que nous avons accordé,<br />

dans le cadre de l’Accord, un contingent<br />

de 150.000 tonnes que les Européens<br />

nous vendent en exonération<br />

des droits et taxes. Nous importons,<br />

entre sucre roux et sucre blanc, environ<br />

1 million de tonnes pour couvrir<br />

les besoins nationaux, alors que nous<br />

ne produisons que 500.000 à 600.000<br />

tonnes.<br />

Cevital, par exemple, qui fait les<br />

deux, importe du sucre roux qu’il raffine<br />

et du sucre blanc raffiné. Il considère<br />

que les négociateurs n’ont pas<br />

suffisamment défendu le camp Algérie<br />

et que le principe de réciprocité n’a<br />

pas été respecté dans ce cas. Comme<br />

l’entreprise <strong>com</strong>pte aller vers l’exportation<br />

du sucre pour l’Europe tout en<br />

étant moins cher sur le marché européen,<br />

elle rencontre d’ores et déjà un<br />

problème au niveau du tarif douanier<br />

du fait que les Européens considèrent<br />

que la production algérienne de sucre<br />

ne lui confère pas la nationalité algérienne,<br />

et donc ne bénéficie pas des<br />

mêmes avantages tarifaires que le<br />

produit européen exporté vers l’Algérie.<br />

La raison avancée par les Européens<br />

est justifiée par le faut que le<br />

produit ne subit pas localement une<br />

transformation substantielle et donc,<br />

les conditions tarifaires ne changent<br />

pas en application de la nomenclature<br />

de Bruxelles qui classe les produits<br />

avec précision en une succession de<br />

numéros, dont l’identifiant numérique<br />

appelé le tarif douanier. Donc,<br />

vous <strong>com</strong>prenez que plus une économie<br />

est diversifiée, plus on a de positions<br />

tarifaires. Quand vous importez<br />

du sucre, le produit est désigné par<br />

huit chiffres. Les quatre premiers<br />

sont les mêmes alors que les quatre<br />

restants indiquent s’il s’agit de sucre<br />

roux, du sucre issu de la betterave ou<br />

de la canne à sucre, ou alors il s’agit<br />

de sucre raffiné, etc. La nomenclature<br />

précise qu’on ne peut pas conférer la<br />

nationalité au produit s’il n’a pas subi<br />

de «transformation substantielle» qui<br />

lui fait changer de position tarifaire.<br />

Ce qui confère la nationalité, c’est la<br />

production totalement locale, <strong>com</strong>me<br />

UN PROCESSUS<br />

DOULOUREUX, MAIS PROMETTEUR<br />

NOS EXPORTATIONS<br />

INSIGNIFIANTES VERS L’UE EN <strong>2007</strong><br />

Les exportations algériennes hors hydrocarbures vers l’UE ont enregistré,<br />

pour les cinq premiers mois de <strong>2007</strong>, une hausse à peine de 1,1%.<br />

Les exportations européennes vers l’Algérie, elles, stagnent. Le démantèlement<br />

tarifaire a ainsi tout juste permis à l’Europe de maintenir le niveau de<br />

ses exportations vers l’Algérie. Contrairement à ce qui était attendu, le marché<br />

algérien n’est pas inondé de produits européens et on y trouve beaucoup<br />

plus de produits plutôt asiatiques moins chers, mais présentant des risque<br />

de contrefaçon, voire de santé publique. Le souci des importateurs algériens<br />

est celui de vendre et vont donc chercher les produits pas chers en Chine,<br />

en l’Inde et, depuis peu, en Amérique latine. <br />

Y. F.<br />

c’est le cas pour les produits entièrement<br />

crus tels que la datte par<br />

exemple.<br />

La requête des producteurs de sucre<br />

nationaux a connu deux phases. La<br />

première est de dire que le produit algérien<br />

n’est pas accepté en Europe à<br />

cause du refus des Européens de lui<br />

conférer la nationalité algérienne et<br />

donc ne bénéficie pas de la réciprocité.<br />

Le sucre blanc que nous produisons<br />

est fait à partir du sucre roux<br />

importé du Brésil. On dit que c’est un<br />

produit transformé en Algérie, mais<br />

il est plutôt brésilien qu’algérien. Cevital<br />

affirme qu’il le produit ici et qu’il<br />

mérite d’être protégé, ce qui est défendable.<br />

La deuxième chose, nos producteurs<br />

de sucre considèrent que le fait d’accorder<br />

un contingent de 150.000<br />

tonnes de sucre aux Européens en<br />

exonération de droits et taxes consti-<br />

“ Nous importons,<br />

entre sucre roux et sucre<br />

blanc, environ 1 million<br />

de tonnes pour couvrir<br />

les besoins nationaux,<br />

alors que nous<br />

ne produisons<br />

que 500.000<br />

à 600.000 tonnes.<br />

”<br />

ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />

29<br />

tue une menace pour la production<br />

nationale, ce qui ne peut pas l’être vu<br />

les besoins du marché national et le<br />

niveau de la production nationale.<br />

Ces importations ne menacent pas<br />

l’activité mais peuvent créer des problèmes<br />

de prix, pas plus.<br />

Finalement, <strong>com</strong>ment la requête<br />

des producteurs de sucre<br />

a-t-elle été jugée ?<br />

Défendable, mais non recevable du<br />

fait qu’elle soit d’une part effectivement<br />

liée à la mise en œuvre de l’Accord<br />

d’association, mais d’autre part,<br />

l’importation du sucre européen ne<br />

constitue pas une menace pour l’activité<br />

et la production nationale.<br />

Il y a eu aussi la requête des<br />

producteurs de margarine...<br />

Oui, ils sont plusieurs d’ailleurs, dont<br />

Cevital. Ils posent, dans une même<br />

requête, un problème de position tarifaire.<br />

En Algérie, la margarine est<br />

considérée <strong>com</strong>me étant un produit<br />

agricole. Pour les Européens, c’est un<br />

produit agricole transformé et est<br />

donc assujetti aux droits de douane.<br />

Leur requête a été jugée recevable<br />

par la Commission et nous travaillons<br />

à les protéger parce que cette situation<br />

constitue réellement une menace<br />

pour leur activité d’autant qu’il s’agit<br />

d’importantes installations. Les autres<br />

requêtes n’ont rien à voir avec<br />

l’Accord.


ALGERIE<br />

ACCORD D’ASSOCIATION AVEC L’UNION EUROPÉENNE<br />

L E D O S S I E R D U M O I S<br />

M. MOHAMED CHAMI À ÉCONOMIA<br />

«LA MENACE NE VIENT PAS DE L’EUROPE»<br />

Et pour le cas de Bimo ?<br />

Celle-là a été jugée recevable parce<br />

qu’elle est directement liée à l’Accord<br />

d’association. Le problème se pose<br />

<strong>com</strong>me suit : lorsque les Européens<br />

importent de la fève de cacao, ils ont<br />

0% de droits de douane. Ils l’a transforment<br />

pour fabriquer du beurre de<br />

cacao ou de la poudre de cacao, les<br />

deux produits étant destinés aux chocolatiers.<br />

Lorsque M. Hamoudi de<br />

l’entreprise BIMO importe la fève de<br />

cacao, il paye 5% de droits de douane.<br />

En produisant le même produit avec<br />

la même transformation, les Européens<br />

ont déjà 5% de gain par rapport<br />

à cette entreprise algérienne, ce qui<br />

n’est pas juste. La solution à la préoccupation<br />

de M. Hamoudi est soit celle<br />

d’imposer aux Européens les 5% de<br />

droits de douane, soit de les supprimer<br />

sur les importations de M. Hamoudi.<br />

Nous avons trouvé plus juste<br />

d’exonérer cet opérateur de la taxe.<br />

Pourquoi ? D’abord, parce qu’il est le<br />

seul à produire dans cette activité.<br />

Ensuite, il est le seul exportateur de<br />

beurre et de poudre de cacao de qualité.<br />

Aussi, ses importations de la fève<br />

de cacao ne servent qu’à ses propres<br />

industries puisqu’il est le seul utilisateur<br />

et il ne s’agit pas d’un produit <strong>com</strong>estible<br />

en l’état. Donc, pas d’autres<br />

destinations ou autres activités. Il n’y<br />

a donc aucun risque à exonérer cet<br />

opérateur. Des cas de cette catégorie,<br />

nous cherchons plutôt à les traiter<br />

entre nous. On ne peut pas imposer<br />

aux Européens de mettre 5% de<br />

droits de douane sur leurs importations.<br />

C’est un cas qui a mérité l’attention<br />

de la Commission, mais dont<br />

le traitement ne saurait tarder à<br />

trouver une solution ici.<br />

L’Accord d’association prévoit<br />

le recours à des mesures de<br />

sauvegarde de la production<br />

nationale (article 24), des mesures<br />

<strong>com</strong>pensatoires (article<br />

23) et des mesures anti-dumping<br />

(article 22). Y a-t-il eu des<br />

cas où il fallait avoir recours<br />

à ces mesures ?<br />

24 CONTINGENTS<br />

NON ENCORE ENTAMÉS EN <strong>2007</strong><br />

Durant les deux années écoulées, tous les contingents accordés<br />

par l’Union européenne en exonération des droits<br />

et taxes n’ont pas été consommés, selon le témoignage du président<br />

de la Commission technique de suivi de la mise en<br />

œuvre de la zone de libre échange, M. Mohamed Chami. «Certains<br />

sont partiellement épuisés, d’autres pas du tout entamés<br />

et personne ne s’y est intéressé (…) Les produits qui ont fait<br />

l’objet de mésaccord sont ceux frappés de fortes taxes, soit à<br />

raison de 30% et plus. Pour l’année en cours, 24 contingents<br />

n’ont pas du tout été entamés». Y. F.<br />

ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />

30<br />

Non, aucun. En fait, on applique le<br />

droit anti-dumping lorsqu’on considère<br />

que le produit a été subventionné<br />

de l’autre côté. C’est ce qu’ont<br />

fait les Européens pour les produits<br />

de Fertial. Pour ce qui nous concerne,<br />

ce cas ne s’est pas encore posé à nous.<br />

D’aucuns estiment que l’Accord<br />

d’association a, jusque-là,<br />

profité plus à l’Europe qu’à<br />

l’Algérie parce que les barrières<br />

imposées à nos exportateurs<br />

ne sont plus les taxes<br />

douanières mais les normes de<br />

qualité. Qu’en pensez-vous ?<br />

Ecoutez, l’Europe est un marché ouvert<br />

et vous pouvez exporter ce que<br />

vous voulez. On ne peut pas dire que<br />

les Européens nous dressent des barrières<br />

parce qu’ils protègent leurs<br />

consommateurs. C’est à nous de nous<br />

adapter et nous mettre à niveau. Les<br />

normes européennes n’ont pas empêché<br />

les Chinois d’investir le marché<br />

européen. Et puis, laissez-moi vous<br />

dire que la menace ne peut pas venir<br />

de l’Europe puisque nous avons aujourd’hui<br />

sur le marché plus de produits<br />

asiatiques qu’européens en<br />

dépit du démantèlement tarifaire.<br />

Ceci avec tous les risques de la<br />

contrefaçon, voire des problèmes de<br />

santé publique. <br />

Interview réalisée<br />

par Yasmine Ferroukhi


LE SUCRE VENDU PAR L’EUROPE EST-IL EUROPÉEN ?<br />

D ans<br />

UN PROCESSUS<br />

DOULOUREUX, MAIS PROMETTEUR<br />

le cadre de la Politique agricole <strong>com</strong>mune (PAC), la production de la betterave<br />

à sucre est subventionnée par l’Europe qui finance ses agriculteurs et<br />

ses industries agricoles. La production de sucre coûte cher et le prix de revient de<br />

la tonne tourne autour de 1.000 dollars, alors qu’elle est cédée entre 300 et 350 dollars.<br />

Ce qui revient à dire que le sucre importé d’Europe est à la base subventionné.<br />

Sur un autre plan, l’Europe produit du sucre à la base de la betterave à sucre produite<br />

localement, mais aussi à partir de la canne à sucre importée et qu’elle transforme,<br />

ce qui ne lui confère plus la nationalité européenne. Seulement, on ne sait<br />

pas dans quelles proportions le sucre raffiné vendu à l’Algérie est-il issu de la betterave<br />

à sucre ou de la canne à sucre pour décider ensuite de sa nationalité. C’est<br />

à ce niveau que Cevital pose le problème de réciprocité puisque le sucre transformé<br />

en Algérie, pouvant être moins cher sur le marché européen, ne jouit pas de la nationalité<br />

algérienne et ne bénéficie donc pas des avantages tarifaires.<br />

Pour certains observateurs, l’Europe souffre d’un excédent de production en sucre<br />

et l’industrie du sucre y est appelée à disparaître à terme. Il est aussi considéré que<br />

le contingent de 150.000 tonnes acheté par l’Algérie a été une faveur accordée antérieurement<br />

à la mise en œuvre de l’Accord par les négociateurs algériens. Pour<br />

cela, on estime que le grand perdant dans cette affaire, ce ne sont ni les producteurs<br />

algériens de sucre, ni le consommateur, mais plutôt le Trésor public privé de droits<br />

de douanes sur environ 15% des besoins du marché national de sucre. <br />

L e<br />

A u<br />

DÉMANTÈLEMENT TARIFAIRE<br />

LES DOUANES PRIVÉES D’UN MANQUE À GAGNER<br />

démantèlement tarifaire entamé, début du mois, ampute les douanes de<br />

rentrées fiscales évaluées à près de 45 milliards de dinars par an.<br />

Aussi, contrairement à ce qui était attendu, les échanges <strong>com</strong>merciaux entre l’Algérie<br />

et l’Union européenne ont baissé de près de 10% au profit plutôt des pays<br />

asiatiques, «la France, particulièrement affectée voit sa part de marché en Algérie<br />

descendre sous la barre des 20% durant le premier semestre 207», a indiqué,<br />

début du mois de septembre, Le Quotidien d’Oran. La même source ajoute qu’il<br />

y a deux ans, «l'Algérie importait 66 % de ses besoins d'Europe. Aujourd'hui, ce<br />

taux avoisine les 54 % malgré la baisse des tarifs douaniers». Une baisse qui profite<br />

à la Chine, à la Turquie et à Dubaï. «Ces pays ont augmenté de 20 % par an<br />

leur <strong>com</strong>merce avec l'Algérie». Le FCE fait remarquer que «les prix des produits<br />

asiatiques sont inférieurs de 30 % par rapport aux produits fabriqués en Europe»<br />

en raison notamment du renchérissement de l’euro «de 36% par rapport au dollar,<br />

monnaie de la zone Asie». Il se va sans dire que les bas prix des produits asiatiques<br />

de large consommation sont de moindre qualité, vendus sans garanties, ni<br />

service après-vente et les droits du consommateur se trouvent ainsi bafoués. C’est<br />

aussi un climat favorisant fortement les risques de la contrefaçon et le développement<br />

du secteur informel. Ce sont-là les arguments avancés par le FCE qui<br />

plaide la réussite de l’Accord d’association avec l’UE. <br />

LE FCE FAVORABLE À L’ACCORD D’ASSOCIATION<br />

lendemain du passage à la deuxième phase du démantèlement tarifaire,<br />

début du mois de septembre <strong>2007</strong>, le Forum des chefs d’entreprises (FCE) a<br />

estimé, par la voix de son président Réda Hamiani, qu’au contraire «le démantèlement<br />

va profiter aux producteurs algériens», estimant que cette phase, qui<br />

concerne désormais, les machines industrielles, les pièces de rechange, «va permettre<br />

à nos industriels de renouveler leur outil de production et se préparer à<br />

la suppression des barrières douanières pour les produits de large consommation<br />

qui sera effective à partir de 2012». M. Hamiani a appelé les opérateurs économiques<br />

«à se préparer au démantèlement tarifaire progressif», indiquant qu’il<br />

«reste trois ou cinq ans pour réagir positivement au démantèlement tarifaire pour<br />

les produits de large consommation qui sera dur à supporter par les producteurs<br />

qui ne se sont pas préparés». <br />

ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />

31<br />

Le Comité Permanent<br />

de la préparation et du suivi<br />

de la mise en œuvre de l’Accord<br />

d’Association entre l’Algérie<br />

et l’Union Européenne<br />

1-Création du Comité<br />

Le <strong>com</strong>ité a été créé par décision du Monsieur<br />

le Chef du Gouvernement n° 08 du 30 décembre<br />

2004<br />

Il est présidé par le Ministère des affaires<br />

étrangères (Direction Générale Europe)<br />

Installé le 12 janvier 2005<br />

2- Les membres du <strong>com</strong>ité<br />

Sont membres du <strong>com</strong>ité, les représentants des<br />

administrations centrales, institutions et organisations<br />

patronales et professionnelles suivantes<br />

:<br />

ministère de l’Intérieur et des collectivités locales<br />

;<br />

ministère de la Justice<br />

ministère des Finances<br />

ministère de l’Energie et des Mines ;<br />

ministère du Commerce ;<br />

ministère de l’Agriculture et du Développement<br />

rural ;<br />

ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques<br />

;<br />

ministère de la Petite et Moyenne Entreprise<br />

et de l’Artisanat ;<br />

ministère du Travail et de la sécurité sociale<br />

;<br />

ministère de l’Emploi et de la Solidarité nationale<br />

;<br />

ministère de l’Industrie et de la promotion<br />

des investissements ;<br />

ministère délégué chargé de la Planification<br />

;<br />

Banque d’Algérie ;<br />

Conseil de la concurrence ;<br />

Direction générale des douanes ;<br />

Agences algérienne de promotion du <strong>com</strong>merce<br />

extérieur (Algex)<br />

Chambre nationale du <strong>com</strong>merce et de l’industrie<br />

;<br />

Office national des statistiques ;<br />

Agence nationale de la promotion du <strong>com</strong>merce<br />

extérieur ;<br />

3- Missions du Comité<br />

Est chargé notamment :<br />

de faire assurer la diffusion et la vulgarisation<br />

du contenu économique des dispositions<br />

liées à la zone de libre échange<br />

d’assurer la concertation entre l’administration<br />

et les opérateurs économiques dans l’évaluation<br />

et le suivi de la mise en œuvre du<br />

régime des préférences à l’importation.<br />

de recenser et examiner les requêtes des opérateurs<br />

économiques, liées à la mise en œuvre<br />

du régime des préférences dans le cadre des dispositions<br />

prévues par l’Accord d’association.


ALGERIE<br />

ACCORD D’ASSOCIATION AVEC L’UNION EUROPÉENNE<br />

L E D O S S I E R D U M O I S<br />

ENTRETIEN AVEC ZAÏM BENSACI, PRÉSIDENT DU CONSEIL NATIONAL CONSULTATIF/PME<br />

«LE DÉFI EST DE CONTRACTER DE VÉRITABLES<br />

ALLIANCES AVEC LE PARTENAIRE EUROPÉEN»<br />

M. Zaïm Bensaci est président<br />

du Conseil National Consultatif<br />

pour la promotion<br />

de la PME (CNC/PME.<br />

Cet organe consultatif, est chargé<br />

de promouvoir le dialogue et la<br />

concertation entre les PME et leurs<br />

associations professionnelles d’une<br />

part et les pouvoirs publics d’autre<br />

part. Il nous fait part,<br />

dans cet entretien, de son<br />

analyse sur les premiers résultats<br />

de la mise en vigueur de l’Accord<br />

d’association avec l’UE.<br />

<strong>Economia</strong> : Vous étiez, parmi<br />

ceux qui s’étaient montrés favorables<br />

à l’annonce de la<br />

mise en vigueur de l’Accord<br />

d’association avec l’Union Européenne.<br />

Qu’en est-il aujourd’hui<br />

de votre optimisme ?<br />

Zaïm Bensaci : Certes, notre ambition<br />

au départ était que l’accord d’association<br />

allait ouvrir des perspectives prometteuses<br />

pour nos entreprises et<br />

aboutir à un déclic chez nos entrepreneurs,<br />

c'est-à-dire à un changement<br />

radical des méthodes de gestion.<br />

Force est de constater que cela ne<br />

s’est pas produit jusqu’à présent et<br />

cela est dû, peut-être pour une bonne<br />

part, à une sorte d’impréparation de<br />

nos entreprises aux implications d’un<br />

tel accord. Il n’y a pas eu suffisamment<br />

de travail de sensibilisation de<br />

nos entreprises dont les efforts,<br />

menés pour accroître d’une manière<br />

effective nos capacités concurrentielles,<br />

paraissent nettement en décalage<br />

par rapport aux exigences de<br />

l’Accord d’association. C’est toute une<br />

M. Zaïm<br />

Bensaci,<br />

Président du<br />

Conseil<br />

national<br />

consultatif<br />

pour la<br />

promotion<br />

des PME<br />

(CNC/PME)<br />

pédagogie du changement qui semble<br />

avoir fait défaut et aujourd’hui, hélas,<br />

nombre d’opérateurs <strong>com</strong>prennent<br />

mieux, parce que à leur détriment et<br />

a posteriori, l’importance du processus<br />

inauguré par l’Accord d’association.<br />

Est-ce à dire que mon optimisme<br />

s’est totalement effiloché ? Non, cer-<br />

“ Pour les produits<br />

concernés par l’Accord<br />

d’association,<br />

j’ai pu noter une baisse<br />

sensible des exportations<br />

algériennes hors<br />

hydrocarbures vers<br />

l’UE (80 millions de dollars<br />

US au cours du premier<br />

trimestre <strong>2007</strong><br />

contre 157 millions<br />

de dollars US)<br />

pour la même période<br />

de l’année 2006,<br />

soit une diminution<br />

de 52,1 %)<br />

”<br />

ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />

32<br />

tainement pas ! Mais je reste<br />

conscient qu’il reste beaucoup à faire<br />

pour que l’Accord d’association puisse<br />

être considéré <strong>com</strong>me une opportunité<br />

pour nos entreprises.<br />

Selon vous, cela signifie-t-il le<br />

résultat d’un manque d’agressivité<br />

<strong>com</strong>merciale de la part<br />

des entreprises algériennes ?<br />

Oui, en partie. Mais il ne faut pas<br />

perdre de vue que l’internationalisation<br />

des activités des entreprises est<br />

un processus exigeant et qui nécessite<br />

par-dessus tout un réel apprentissage.<br />

Cela n’a pas été le cas. Mais cette<br />

question est maintenant reléguée par<br />

la nécessité et l’urgence de contracter<br />

avec le partenaire européen de véritables<br />

alliances stratégiques, notamment<br />

en matière de délocalisation et<br />

de sous-traitance. L’enjeu pour l’Algérie<br />

est de vite diversifier sa production<br />

et ses exportations vers les<br />

secteurs dynamiques de la demande<br />

mondiale.


Peut-on parler franchement<br />

de retombées négatives de l’accord<br />

?<br />

Pour les produits concernés par l’accord<br />

d’association, j’ai pu noter une<br />

baisse sensible des exportations algériennes<br />

hors hydrocarbures vers l’UE<br />

(80 millions de dollars US au cours du<br />

premier trimestre <strong>2007</strong> contre 157<br />

millions de dollars US) pour la même<br />

période de l’année 2006, soit une diminution<br />

de 52,1 %), alors que les importations<br />

ne cessent d’augmenter<br />

quant à elles (+ 3 % au premier trimestre<br />

<strong>2007</strong> par rapport à la même<br />

période en 2006 et un montant de<br />

3,06 milliards de dollars US sur un<br />

montant global d’importations de<br />

quelque 5,8 milliards de dollars US).<br />

Ce sont les produits bénéficiant de<br />

préférences tarifaires et représentant<br />

“ Il me parait<br />

indispensable<br />

que les pouvoirs publics<br />

mettent en œuvre<br />

les mesures<br />

d’ac<strong>com</strong>pagnement<br />

des processus<br />

de changement<br />

qui sont en cours<br />

ou qui se profilent...<br />

”<br />

près de 50 % du total des importations<br />

qui ont eu la faveur des importateurs,<br />

contrairement aux autres<br />

produits qui, eux, ont connu une légère<br />

baisse de l’ordre de 1,79 milliard<br />

de dollars US soit - 0,79 % toujours<br />

durant les mêmes périodes considérées.<br />

Ces résultats condamnent-ils<br />

pour autant l’accord d’association ou<br />

au contraire, ne sont-ils pas révélateurs<br />

plutôt d’une appréciation insuffisante<br />

par la partie algérienne des<br />

répercussions du démantèlement tarifaire<br />

sur nos entreprises ? Il me<br />

semble surtout que nos entreprises<br />

n’ont pas appréhendé tel qu’il se doit<br />

les retombées de cet accord et n’ont<br />

pas pris en considération les précautions.<br />

C’est pourquoi, l’expérience ré-<br />

UN PROCESSUS<br />

DOULOUREUX, MAIS PROMETTEUR<br />

«Pour les produits<br />

concernés par<br />

l’Accord<br />

d’association, j’ai pu<br />

noter une baisse sensible<br />

des<br />

exportations<br />

algériennes hors<br />

hydrocarbures<br />

vers l’UE»<br />

cente doit nous servir à envisager<br />

l’avenir avec plus de prudence et imposer<br />

que le travail de prospective intègre,<br />

dès à présent, la nécessité<br />

d’harmoniser les engagements contenus<br />

dans cet accord avec ceux des autres<br />

accords internationaux, en<br />

vigueur ou à venir, et de bien appréhender<br />

leurs répercussions sur nos<br />

entreprises. De même qu’il me parait<br />

indispensable que les pouvoirs publics<br />

mettent en œuvre les mesures<br />

d’ac<strong>com</strong>pagnement des processus de<br />

changement qui sont en cours ou qui<br />

se profilent. En effet, si le programme<br />

national de mise à niveau implique<br />

au premier chef les entreprises industrielles,<br />

les administrations publiques<br />

sont, elles, tout autant<br />

interpellées. Ce n’est qu’à cette condition<br />

que l’Accord d’association ne sera<br />

plus vécu <strong>com</strong>me une fatalité, sinon<br />

<strong>com</strong>me une opportunité de mettre nos<br />

entreprises dans un sentier de croissance,<br />

notamment à travers une politique<br />

de partenariat international<br />

efficace.<br />

Après le processus de Barcelone,<br />

voilà maintenant que<br />

les Européens proposent la<br />

PEV, la Politique européenne<br />

de voisinage. Quelle lecture<br />

faites-vous de cette nouvelle<br />

initiative ?<br />

Selon ses initiateurs, cette politique<br />

consiste à réviser les relations de l’UE<br />

après son élargissement à vingt-cinq<br />

Etats membres avec les pays tiers et<br />

ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />

33<br />

d’établir avec eux un dialogue politique<br />

bilatéral. C’est un peu l’esprit<br />

du processus de Barcelone avec sa notion<br />

de prospérité partagée. Je crois<br />

<strong>com</strong>prendre, aussi que l’UE promet,<br />

à travers ce projet, un accès plus facile<br />

au marché européen pour les<br />

pays de la rive sud de la Méditerranée.<br />

Echaudé par l’expérience du processus<br />

de Barcelone, je ne peux être<br />

que prudent pour ne pas dire sceptique.<br />

Mais laissons venir les choses<br />

et ne condamnons pas à l’avance un<br />

projet dont nous ne connaissons pas<br />

encore les véritables contours.<br />

Votre prudence semble excessive...<br />

Vous savez, les récentes mesures protectionnistes<br />

prises par la Commission<br />

européenne visant quasiment à<br />

interdire à une <strong>com</strong>pagnie <strong>com</strong>me la<br />

Sonatrach de s’impliquer en Europe<br />

dans la distribution d’énergie, me paraissent<br />

aujourd’hui contradictoires<br />

avec les principes de la PEV que vous<br />

évoquez. Vous <strong>com</strong>prenez alors que<br />

ma prudence est légitime. Mettre en<br />

adéquation des déclarations d’intention<br />

avec des pratiques au quotidien,<br />

c’est cela que nous attendons de nos<br />

partenaires européens. <br />

Entretien réalisé<br />

par Mohamed-Chérif Lachichi


ALGERIE<br />

ACCORD D’ASSOCIATION AVEC L’UNION EUROPÉENNE<br />

L E D O S S I E R D U M O I S<br />

STATISTIQUES DES ECHANGES EXTERIEURS DE L’ALGERIE AVEC<br />

L’UNION EUROPEENNE DANS LE CADRE DE L’ACCORD D’ASSOCIATION<br />

Comme le montre le tableau ci-après, les importations d’origine Union Européenne<br />

représentent une part de 54% du volume global des importations algériennes durant la période<br />

des huit premiers mois de l’année <strong>2007</strong>.<br />

Dans le cadre des échanges extérieurs<br />

de l’Algérie avec l’UE, une<br />

légère progression des opérations<br />

d’importation a été enregistrée durant<br />

la même période pour atteindre<br />

une proportion de plus de 14%. Cette<br />

évolution s’explique essentiellement<br />

par la mise en oeuvre de l’Accord d’association<br />

de l’Algérie avec l’UE en<br />

septembre 2005.<br />

En effet, les échanges extérieurs enregistrés<br />

durant les huit premiers<br />

mois <strong>2007</strong> dans le cadre de l’Accord<br />

d’association, montre une augmentation<br />

qui avoisine les 24% soit une valeur<br />

de 741 millions de dollars US par<br />

rapport à la même période de l’année<br />

2006.<br />

ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />

34<br />

Cette augmentation est caractérisée<br />

essentiellement par l’évolution des<br />

importations des produits industriels<br />

de plus de 17%, soit 358 millions de<br />

dollars US, et des produits relevant<br />

du protocole 2 avec une augmentation<br />

de l’ordre de 39%, soit l’équivalant de<br />

359 millions de dollars US. <br />

(*) Produits industriels relevant de<br />

l'annexe 2 de l'Accord d'Association<br />

Algérie-UE<br />

(**) Produits agricoles relevant du<br />

protocole 2 du même Accord<br />

(***) Produits de la pêche relevant<br />

du protocole 4 du même Accord<br />

(****) Produits agricoles transformés<br />

relevant du protocole 5 du<br />

même Accord<br />

ETAT COMPARATIF DES EXPORTATIONS<br />

DES PRODUITSHORS HYDROCARBURES VERS L’UNION EUROPEENNE<br />

Contrairement aux importations, les exportations hors hydrocarbures réalisées dans le cadre de cet Accord ont affiché<br />

une légère diminution de 3,24% entre les périodes des huit premiers mois (<strong>2007</strong>/2006). <br />

(*) Produits agricoles relevant<br />

des chapitres (1 à 24)<br />

(**) Produits industriels relevant<br />

des chapitres (25 à 97) sauf<br />

hydrocarbures


UN PROCESSUS<br />

DOULOUREUX, MAIS PROMETTEUR<br />

HABIB YOUSFI, PRÉSIDENT DE LA CGEA<br />

«IL EST INDISPENSABLE DE PROTÉGER L’OUTIL<br />

DE PRODUCTION NATIONAL»<br />

Avant l’entrée en vigueur de l’association avec l’Union, européenne, les patrons ont exprimé<br />

des réserves relatives au fait que les produits européens seraient susceptibles d’envahir le marché<br />

national et remettre en cause l’écoulement du produit national.<br />

La Confédération générale des entrepreneurs<br />

algériens est l’une<br />

des organisations patronales qui<br />

continuent d’agiter cet étendard qui<br />

résume leur crainte. Son président,<br />

Habib Yousfi, nous a indiqué que son<br />

organisation a, à plusieurs reprises,<br />

demandé des mesures pour sauvegarder<br />

l’outil de production nationale.<br />

Les entrepreneurs ne peuvent, à eux<br />

seuls, consentir cet effort car il y va<br />

d’une démarche relevant de la législation.<br />

«C’EST AU GOUVERNEMENT<br />

DE PRENDRE<br />

DES MESURES...»<br />

Habib Yousfi rappelle que les demandes<br />

du patronat ont été transmises<br />

au gouvernement à plusieurs<br />

reprises et ce, à l’occasion des rencontres<br />

bipartites, tripartites et autres<br />

rencontres. C’est au gouvernement de<br />

prendre des mesures pour que l’économie<br />

nationale soit protégée, a-t-il<br />

dit.<br />

Or, il est à constater que le patronat<br />

est naturellement adepte du libéralisme,<br />

mais il est moins enthousiaste<br />

lorsqu’il s’agit de l’ouverture des frontières<br />

et de la liberté de la circulation<br />

des marchandises. Pourquoi ? Les<br />

producteurs locaux ont l’habitude<br />

d’évoluer dans un marché protégé.<br />

L’intervention de l’Etat dans la<br />

sphère de l’économie est, dans ce cas,<br />

bénéfique au patronat et elle est souhaitable,<br />

sous prétexte de protection<br />

de l’outil de production nationale. M.<br />

Yousfi estime, par ailleurs, que cette<br />

protection est plutôt nécessaire pour<br />

procéder à la mise à niveau de l’entreprise<br />

algérienne. C’est dans ce sens<br />

que l’Accord d’association ne produit<br />

«Sans le marché<br />

national,<br />

il est inutile<br />

de parler<br />

d’œuvre<br />

de relance<br />

économique.»<br />

ses pleins effets que douze ans après<br />

son entrée en vigueur.<br />

Or, même la mise à niveau est mal<br />

assimilée par nombre de patrons<br />

d’entreprises algériennes, l’assimilant<br />

davantage à un financement<br />

sans contrepartie de l’entreprise.<br />

D’autres mécanismes sont prévus<br />

pour permettre aux patrons lésés par<br />

les clauses de l’Accord d’association,<br />

<strong>com</strong>me les requêtes qui sont examinées<br />

par une <strong>com</strong>mission. Des clauses<br />

de sauvegarde sont prévues, effectivement,<br />

y <strong>com</strong>pris dans le texte de l’accord.<br />

Même avec ces garanties, Habib<br />

Yousfi estime que l’ouverture des<br />

frontières est opérée à sens unique.<br />

L’argument de cette affirmation réside<br />

dans le fait que les exportations<br />

européennes sont les plus fortes vers<br />

l’Algérie qui n’exporte, soulignons le,<br />

que les hydrocarbures. Ce sont ces<br />

analyses qui font craindre au patronat<br />

la perte du marché national. Sans<br />

ce marché national, il est inutile,<br />

ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />

35<br />

selon notre interlocuteur, de parler<br />

d’œuvre de relance économique.<br />

COUVRIR D’ABORD<br />

LE MARCHÉ NATIONAL...<br />

En parlant de marché national,<br />

Habib Yousfi est conscient que les entreprises<br />

algériennes n’ont en réalité,<br />

qu’un marché régional. Même les Européens<br />

ont indiqué à plusieurs reprises<br />

que les producteurs locaux<br />

doivent d’abord couvrir le marché national<br />

avant de songer à exporter. Or,<br />

Yousfi met explique que certaines entreprises<br />

sont en quête de survie et<br />

non de recherche d’expansion.<br />

Alors, <strong>com</strong>me l’indiquent des sources<br />

de la <strong>com</strong>mission de suivi de la mise<br />

en œuvre de la zone de libre change<br />

entre l’Algérie et l’Union européenne,<br />

les discussions sur l’accord d’association<br />

mettent en relief les griefs sur la<br />

législation économique algérienne<br />

sans aucun lien avec les dispositions<br />

de l’accord. <br />

Ahmed Mesbah


ALGERIE<br />

ACCORD D’ASSOCIATION AVEC L’UNION EUROPÉENNE<br />

L E D O S S I E R D U M O I S<br />

L’ ALGERIE DANS LA ZONE DE LIBRE ECHANGE EURO-MEDITERRANEENNE<br />

QUE FAUT-IL ATTENDRE DE l’ACCORD D’ASSOCIATION ?<br />

Au regard des résultats des cinq premières années d’adhésion à l’espace économique<br />

euro-méditerranéen, l’ Algérie n’ a, à l’évidence, pas encore tiré profit de ce partenariat sur lequel<br />

étaient pourtant fondés beaucoup d’espoirs.<br />

Par Nordine GRIM<br />

L<br />

’Accord d’association avec l’Union<br />

européenne signé par le chef<br />

d’Etat algérien le 22 Avril 2002 à Valence<br />

et l’ordonnance approuvée un<br />

peu plus tard par le parlement algérien,<br />

avaient pourtant suffisamment<br />

bien balisé le cadre d’une coopération<br />

exemplaire allant au-delà d’un simple<br />

partenariat <strong>com</strong>mercial. Il s’agissait<br />

certes, d’œuvrer à l’essor économique<br />

mutuel, mais également, de travailler<br />

au mieux être des Algériens, en les aidant,<br />

notamment, à démocratiser<br />

leur mode gouvernance et à circuler<br />

plus librement à travers les pays signataires<br />

de l’accord.<br />

Si aucune avancée n’a, à l’évidence,<br />

été enregistrée dans ces deux domaines<br />

auxquels étaient tout particulièrement<br />

sensibles les Algériens,<br />

prêts à faire de douloureuses concessions,<br />

en échange d’une aide effective<br />

à la libre circulation des personnes et<br />

à la démocratisation de leur pays, il<br />

n’en demeure pas moins que sur le<br />

plan économique, la mise en œuvre<br />

du processus d’adhésion a quelque<br />

peu progressé, mais pas du tout à<br />

l’avantage de l’économie algérienne.<br />

LE DÉMANTÈLEMENT<br />

TARIFAIRE ET FISCAL<br />

FRAGILISE LES ENTREPRISES<br />

Les démantèlements tarifaire et fiscal<br />

effectués par les administrations<br />

douanière et fiscale algériennes en<br />

application de l’Accord visant à créer<br />

une zone de libre échange entre les<br />

pays des deux rives de la Méditerranée,<br />

a contribué beaucoup plus à fragiliser<br />

les entreprises déjà très<br />

fortement laminées par les ajustements<br />

structurels des années 90 et la<br />

concurrence déloyale qui s’est massivement<br />

installée en Algérie à l’aune<br />

L’outil national de<br />

production qui<br />

bénéficiait de<br />

certains avantages<br />

<strong>com</strong>merciaux, s’est<br />

vu subtilisé<br />

d’importantes parts<br />

du marché par des<br />

entreprises<br />

étrangères<br />

d’une libéralisation débridée du <strong>com</strong>merce<br />

extérieur. Le préjudice subi<br />

par les entreprises algériennes est<br />

d’autant important qu’elles n’étaient<br />

pas préparées à affronter des sociétés<br />

européennes beaucoup plus performantes,<br />

de surcroît, déterminées à ne<br />

pas laisser «les nouveaux venus» leur<br />

ravir des parts de marché. Ce risque<br />

de <strong>com</strong>pétition inégale entre les<br />

firmes modernes européennes et<br />

celles, beaucoup plus archaïques, du<br />

sud de la Méditerranée, avait pourtant<br />

été évoqué dans l’accord cadre de<br />

Barcelone, qui prévoyait de ne pas<br />

laisser un partenaire <strong>com</strong>me l’Algérie,<br />

seul face à la logique du libre<br />

échange. L’Union européenne devait,<br />

à titre d’exemple, ac<strong>com</strong>pagner le processus<br />

de démantèlement tarifaire<br />

qui lui est exigé, en accordant aux entreprises<br />

algériennes des mesures<br />

d’appui multiformes, destinées à<br />

amortir le choc de l’ouverture. Au<br />

ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />

36<br />

terme du processus de démantèlement<br />

qui a déjà affecté, totalement ou<br />

partiellement, plus de 3000 produits<br />

depuis le lancement de la première<br />

opération de démantèlement en septembre<br />

2005, force est de constater<br />

que l’Union européenne n’a pas, ou en<br />

tous cas très peu, tenu ses engagements<br />

en matière de soutien aux entreprises<br />

algériennes, très peu<br />

nombreuses d’ailleurs, à avoir bénéficié<br />

des aides à la modernisation et à<br />

la mise à niveau promises. L’outil national<br />

de production qui bénéficiait localement<br />

de certains avantages<br />

<strong>com</strong>merciaux, s’est vu subtilisé d’importantes<br />

parts du marché local par<br />

des entreprises étrangères, sans pour<br />

autant être en mesure de les <strong>com</strong>penser<br />

par des débouchés extérieurs que<br />

très peu d’entreprises ont la chance<br />

de conquérir, eu égard à la <strong>com</strong>pétition<br />

inégale constatée au niveau des<br />

marchés internationaux.<br />

<br />

Le risque de <strong>com</strong>pétition inégale entre les firmes<br />

modernes européennes et celles, archaïques, du sud, avait<br />

pourtant été évoqué dans l’accord cadre de Barcelone, qui<br />

prévoyait de ne pas laisser un partenaire <strong>com</strong>me l’Algérie,<br />

seul face à la logique du libre échange.


Les chefs d’entreprise, à travers leur<br />

association, le Forum des chefs d’entreprise,<br />

ont souvent exprimé des ressentiments<br />

à l’égard de l’Union<br />

européenne accusée de ne pas avoir<br />

tenu ses engagements contractuels,<br />

notamment, en matière d’aide pour la<br />

mise à niveau, mais aussi et surtout,<br />

à l’égard des négociateurs algériens<br />

qui n’ont même pas pris la peine de<br />

les associer aux pourparlers, alors<br />

qu’ils sont les premiers concernés, par<br />

les retombées économiques et <strong>com</strong>merciales<br />

de l’accord. Ils n’ont du<br />

reste pas hésité à accuser ces négociateurs<br />

d’avoir, à certains égards, fait<br />

preuve de naïveté en acceptant de démanteler,<br />

aussi vite et aussi massivement,<br />

la protection douanière dont<br />

bénéficiaient les entreprises algériennes<br />

qui n’avaient pu se maintenir<br />

qu’à la faveur de cette protection. On<br />

a, dit-on, offert sur un plateau, tous<br />

les segments intéressants du marché<br />

intérieur, autour desquels pouvaient<br />

se mouvoir et se développer les entreprises<br />

algériennes qui n’ont et, n’auront<br />

pour longtemps encore, que le<br />

marché autochtone, de 32 millions de<br />

consommateurs, <strong>com</strong>me débouché.<br />

LA CRAINTE<br />

D’UNE CASSURE...<br />

Ils redoutent une casse sans précédent<br />

de l’outil national de production<br />

du reste largement entamée par les<br />

ajustements structurels et les restructurations<br />

fait dans la hâte dans<br />

les années quatre-vingt et quatrevingt-dix.<br />

C’est un jugement que ne<br />

partagent évidemment pas les pouvoirs<br />

publics concernés qui, à l’instar<br />

du ministre de l’Industrie et de la<br />

Promotion de l’Investissement, rétorque<br />

en affirmant à l’occasion d’une<br />

UN PROCESSUS<br />

DOULOUREUX, MAIS PROMETTEUR<br />

conférence organisée par le Club Excellence<br />

Management, ne connaître<br />

aucun pays au monde qui ait été économiquement,<br />

ni même politiquement,<br />

fragilisé par son adhésion à la<br />

zone de libre échange euro-méditerranénne,<br />

mais qu’il connaît par contre<br />

des pays, parmi lesquels nos voisins<br />

maghrébins, qui en ont tiré grandement<br />

profit. Le choc et les désagréments,<br />

subis par certaines<br />

entreprises ne seraient que le prix à<br />

payer par le <strong>com</strong>mencement du processus,<br />

les pays qui s’y engagent gagnent<br />

en retour, d’intéressantes<br />

retombées, parmi lesquelles, l’émergence<br />

d’authentiques firmes, capables<br />

de tirer leur épingle du jeu, de la<br />

concurrence sans frontières.<br />

DES OBJECTIFS DÉJÀ<br />

ATTEINTS PAR LES TUNISIENS<br />

ET MAROCAINS<br />

Bien conduite, l’adhésion de l’Algérie<br />

à la zone de libre échange pourrait se<br />

traduire positivement par un surcroît<br />

d’investissements directs étrangers<br />

(IDE), l’amélioration de notre système<br />

bancaire, la mise à niveau de<br />

nos entreprises et, pourquoi pas,<br />

l’émergence à terme d’un secteur<br />

privé performant. De tels objectifs ont<br />

été largement atteints par nos voisins<br />

tunisiens et marocains qui avaient<br />

conclu bien avant nous, respectivement<br />

en 1995 et en 1996, le même accord.<br />

Et, notre ministre de conclure<br />

en substance, ne pas <strong>com</strong>prendre<br />

pourquoi l’Algérie devrait échouer là<br />

où des pays, moins bien lotis que le<br />

nôtre, ont réussi. C’est évidemment<br />

une appréciation exagérément optimiste<br />

d’un homme politique qui a le<br />

devoir de défendre l’action de son gouvernement.<br />

C’est à l’évidence un<br />

Bien conduite, l’adhésion de l’Algérie à la zone<br />

de libre échange pourrait se traduire positivement<br />

par un surcroît d’investissements directs étrangers (IDE),<br />

l’amélioration de notre système bancaire,<br />

la mise à niveau de nos entreprises et, pourquoi<br />

pas, l’émergence à terme d’un secteur privé performant.<br />

ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />

37<br />

point de vue qui n’est malheureusement<br />

valable que pour les pays qui<br />

disposent d’un Etat fort, capable d’assumer<br />

ses missions de régulation<br />

(concurrence, lutte contre la contrefaçon<br />

et l’informel, outils de l’économie<br />

de marché mis en place, etc.), de mettre<br />

en œuvre des réformes, de les<br />

faire appliquer et, bien entendu, de<br />

veiller à l’application des engagements<br />

contractuels envers l’Algérie,<br />

pris par les organismes supranationaux,<br />

<strong>com</strong>me l’Union européenne et<br />

l’OMC.<br />

UN CONSTAT DÉCEVANT<br />

En l’absence de retombées positives et<br />

palpables sur le fonctionnement général<br />

de l’économie, le chef d’entreprise<br />

algérien, tout <strong>com</strong>me le simple citoyen,<br />

ne peut se faire une opinion sur les retombées<br />

positives ou négatives de l’accord<br />

d’association, qu’en fonction de ses<br />

conséquences sur le vécu quotidien. Vu<br />

sous cet angle, le constat est pour le<br />

moins décevant. Le démantèlement tarifaire<br />

et fiscal (baisse de la TVA) qui a<br />

affecté de nombreux produits importés<br />

et fabriqués localement, n’a pas <strong>com</strong>me<br />

promis, engendré des baisses de prix.<br />

Bien au contraire, tous les articles<br />

d’importation ont vu leurs prix augmenter<br />

et, il en est de même, pour les<br />

produits locaux usinés à partir d’inputs<br />

importés. L’envolée de l’euro, l’augmentation<br />

des prix de certaines matières<br />

premières au niveau mondial, l’inflation<br />

auraient largement <strong>com</strong>pensé les<br />

baisses de prix attendues du démantèlement<br />

tarifaire. Quand bien même elle<br />

serait objective, cette conjonction de<br />

facteurs, ne suffit pas à convaincre les<br />

chefs d’entreprise, encore moins les citoyens<br />

ordinaires, de ces envolées de<br />

prix, qui mettent à rude épreuve leur<br />

pouvoir d’achat, sans qu’ils ne soient<br />

pour autant sûrs d’être payés en retour<br />

par un futur mieux être.<br />

Pour bon nombre de nos chefs d’entreprise,<br />

les démantèlements tarifaires ont<br />

beaucoup fragilisé les entreprises qui<br />

évoluaient avec une certaine aisance<br />

sur le marché local. Les marchandises<br />

étrangères, notamment asiatiques,<br />

créent une concurrence à laquelle ils ne<br />

pourront jamais faire face.


ALGERIE<br />

ACCORD D’ASSOCIATION AVEC L’UNION EUROPÉENNE<br />

L E D O S S I E R D U M O I S<br />

QUE FAUT-IL ATTENDRE DE l’ACCORD D’ASSOCIATION ?<br />

<br />

Pour preuve, les entreprises européennes<br />

incapables de concurrencer<br />

les produits chinois, en dépit de leur<br />

excellente performance productive.<br />

En Algérie, le constat déjà alarmant,<br />

a toutes les chances de s’aggraver au<br />

gré des démantèlements tarifaires<br />

qui seront effectués progressivement.<br />

A moins d’une mise à niveau dont bénéficieraient<br />

plus d’un millier d’entreprises<br />

algériennes durant les toutes<br />

prochaines années, il y a peu de<br />

chance pour que s’enclenche une dynamique<br />

d’exportations hors hydrocarbures<br />

qui changerait<br />

significativement les données du <strong>com</strong>merce<br />

extérieur algérien outrageusement<br />

dominé par les exportations<br />

d’hydrocarbures.<br />

L’ATTIRANCE<br />

DES IDE N’A PAS SUIVI<br />

L’attraction des investissements directs<br />

étrangers qui devait résulter de<br />

l’accord d’association, mais surtout,<br />

de la promptitude du gouvernement<br />

algérien à procéder aux démantèlements<br />

tarifaires programmés, n’a<br />

également pas suivi, affirment les<br />

chefs d’entreprises qui constatent<br />

que, hors mis le secteur des hydrocarbures,<br />

les IDE n’ont guère excédé<br />

5OO millions par an, en moyenne, au<br />

cours de ces cinq dernières années.<br />

Des investissements très insuffisants,<br />

de surcroît, destinés beaucoup plus à<br />

doper l’économie de bazar (produits<br />

importés vendus en l’état) qu’à insuffler<br />

une dynamique à l’économie productive.<br />

A ce propos, une étude sur<br />

les impacts macro-économiques et<br />

sectoriels, publiée en janvier 2003 par<br />

la société internationale de Conseil<br />

Sema Schlumberger, avait déjà bien<br />

cerné les difficultés qui attendent<br />

l’économie algérienne en général et<br />

les entreprises en particulier, du fait<br />

de la mise en œuvre de cet accord.<br />

L’étude en question conclut textuellement<br />

que «l’accord d’association et en<br />

particulier la mise en application du<br />

processus de démantèlement tarifaire<br />

aura très vraisemblablement un impact<br />

négatif sur l’économie algérienne,<br />

du moins dans le cours terme,<br />

d’autant que l’augmentation des exportations<br />

des produits algériens vers<br />

l’Europe résultant de l’accord d’association<br />

sera vraisemblablement très<br />

faible».<br />

La mise en œuvre de l’accord étant récente<br />

et son application graduelle, il<br />

est évidemment trop tôt pour arrêter<br />

un bilan exhaustif de ses répercussions,<br />

aussi bien négatives que positives,<br />

sur l’économie, les entreprises<br />

et les Algériens en général. Il est, toutefois,<br />

certain que si les entreprise locales<br />

venaient à être livrées à la<br />

concurrence étrangère sans prépara-<br />

En Algérie, le constat déjà<br />

alarmant, a toutes<br />

les chances de<br />

s’aggraver au gré des<br />

démantèlements<br />

tarifaires. A moins d’une<br />

mise à niveau dont<br />

bénéficieraient plus<br />

d’un millier d’entreprises<br />

algériennes, il y a peu de<br />

chance pour que s’enclenche<br />

une dynamique d’exportations<br />

hors hydrocarbures.<br />

tion préalable, très peu d’entre elles<br />

en réchapperaient. Peu performantes<br />

et empêtrées dans d’inextricables problèmes<br />

de sureffectifs, les entreprises<br />

algériennes, notamment celles du secteur<br />

public, auront en effet, peu de<br />

chance de survivre. C’est pourquoi<br />

d’aucuns pensent qu’à l’horizon 2010,<br />

la concurrence internationale aura<br />

très largement laminé le secteur public<br />

algérien pour ne laisser place<br />

qu’à quelques entreprises, qui émergeront<br />

d’ici là.<br />

Il reste, enfin, à s’interroger sur la fi-<br />

ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />

38<br />

nalité de cet accord qui instaure le<br />

libre circulation des marchandises,<br />

mais qui restreint la liberté de ceux<br />

qui les produisent, empêchés par<br />

leurs partenaires européens, de circuler<br />

librement dans leurs pays. Il s’agit<br />

là d’une véritable discrimination qui<br />

peut faire légitiment penser que cet<br />

accord, <strong>com</strong>me du reste tous les accords<br />

associant des pays développés<br />

aux pays émergents, obéissent beaucoup<br />

plus à une logique de domination<br />

qu’à une logique de coopération.<br />

UN MAGHREB INCAPABLE<br />

DE S’UNIR POUR RIPOSTER...<br />

Cette logique de domination trouve<br />

aussi, de bonnes raisons de s’appliquer<br />

aux pays du Maghreb incapables<br />

de s’unir pour riposter d’une seule<br />

voix aux velléités de domination. Un<br />

bon accord d’association étant par définition<br />

un partenariat basé sur un<br />

bon équilibre entre les concessions et<br />

les contreparties que s’octroient les<br />

parties négociantes pour préserver<br />

leurs intérêts mutuels. Les Algériens,<br />

tenus dans le secret des négociations,<br />

s’interrogent sur la nature de ces<br />

contreparties que les négociateurs<br />

sont censés avoir arraché en contrepartie<br />

de tout ce qu’il ont concédé aux<br />

Européens. Des subventions serontelles<br />

accordées par l’Union européenne<br />

pour <strong>com</strong>penser les manques<br />

à gagner budgétaires résultant du démantèlement<br />

tarifaire ? En contrepartie<br />

de l’ouverture de son marché<br />

aux entreprises européennes, l’Algérie<br />

a-t-elle la certitude de faire bénéficier<br />

ses entreprises d’actions<br />

précises et rapides quant à une mise<br />

à niveau ? Quelles sont les engagements<br />

précis de l’Union européenne<br />

en matière de facilitation de la circulation<br />

des personnes dans son espace<br />

? Quels sont ses engagements en matière<br />

de promotion de la démocratie et<br />

des droits de l’Homme dans notre<br />

pays ? Que reçoit l’Algérie en échange<br />

de sa collaboration dans la lutte antiterroriste<br />

engagée par l’Europe ? Autant<br />

de questions que les Algériens se<br />

posent autour de cet accord conclu et<br />

mis en œuvre, sans concertation. <br />

N. G.


ALGERIE<br />

ACCORD D’ASSOCIATION AVEC L’UNION EUROPÉENNE<br />

L E D O S S I E R D U M O I S<br />

LE TRANSPORT INTERMODAL DANS LE CADRE<br />

DE LA ZONE DE LIBRE ÉCHANGE EURO-MED<br />

Par Abdeladim Benallegue<br />

L’ étendue géographique<br />

du pays et la dépendance de<br />

son économie des échanges<br />

<strong>com</strong>merciaux extérieurs<br />

confèrent au secteur des<br />

transports un rôle déterminant<br />

en matière d’intégration socioéconomique,<br />

tant au plan<br />

national qu’international. Ce rôle<br />

est d’autant plus important qu’il<br />

doit répondre aux exigences<br />

de l’économie de marché<br />

nouvellement introduite et à la<br />

création d’une zone de libre<br />

échange autour du bassin<br />

Méditerranéen.<br />

L’ ALGÉRIE<br />

CARREFOUR<br />

DES ÉCHANGES<br />

A l’échelle d’un pays ou d’une région,<br />

et plus largement encore dans les<br />

échanges internationaux, les questions<br />

liées aux systèmes de transport<br />

et de <strong>com</strong>munications occupent une<br />

place centrale et l’intégration économique<br />

du pays à l’environnement<br />

mondial ne saurait se concevoir sans<br />

un système performant.<br />

Au plan des échanges internationaux,<br />

un tel réseau favorise les exportations<br />

et participe activement aux<br />

chaînes logistiques des approvisionnements,<br />

tout en offrant les facilitations<br />

nécessaires à l’implantation des<br />

investissements directs étrangers. De<br />

fait, la décision d’orientation des flux<br />

d’Investissements Directs Etrangers<br />

(IDE) vers un pays ou une région est<br />

généralement subordonnée à la disponibilité,<br />

au niveau de développement<br />

et à l’accessibilité des<br />

infrastructures et des services et,<br />

plus généralement, de la logistique.<br />

La position de l’Algérie, centrale au<br />

Maghreb, au carrefour des échanges<br />

euro-africains et arabes, ne la laisse<br />

pas indifférente aux mutations régionales<br />

et internationales dues à la globalisation.<br />

Cette démarche s’intègre dans le<br />

cadre du développement durable des<br />

relations Nord-Sud et Est-Ouest, notamment<br />

par la mise en place des investissements<br />

en infrastructures.<br />

L’importance de l’Algérie ressort également<br />

de la densité des échanges en<br />

volume qui représentent 40 % des<br />

opérations de transports entre<br />

l’Union Européenne et ses partenaires<br />

du Sud et de l’Est de la Méditerranée,<br />

notamment en raison des<br />

hydrocarbures.<br />

ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />

40<br />

LA DÉMARCHE<br />

GLOBALE D’INTÉGRATION<br />

DES RÉSEAUX DE TRANSPORT<br />

La démarche globale d’intégration<br />

des réseaux de transport des pays<br />

partenaires méditerranéens au réseau<br />

européen a été lancée en application<br />

de la Déclaration de Barcelone<br />

de Novembre 1995 et présentée lors<br />

de la conférence pan-européenne des<br />

transports qui s’est tenue à Helsinki<br />

en juin 1997.<br />

Le mandat politique fixé à Barcelone<br />

pour le secteur des transports tient<br />

en quelques points clés tels que les infrastructures,<br />

l’organisation des opérations<br />

de transport, la liberté de<br />

prestations de services de transport<br />

international et enfin, la sécurité et<br />

le respect de l’environnement.<br />

Le partenariat euro-méditerrannéen<br />

apporte, ainsi, une dimension multilatérale<br />

et globale aux relations au<br />

sein de la région. Le cadre de coopération<br />

dans le secteur des transports est<br />

basé sur l’intégration des réseaux<br />

afin de permettre la création d’un espace<br />

dans lequel les personnes et les<br />

biens circuleront plus facilement.


Des objectifs plus spécifiques sont définis<br />

pour les infrastructures de<br />

transport, soit l’interconnexion des<br />

réseaux nationaux d’infrastructures<br />

de transport dans tous les pays<br />

concernés pour créer des réseaux<br />

multimodaux et inter opérables.<br />

Pour ce faire, il est nécessaire que la<br />

planification de ces réseaux de transport<br />

multimodaux tienne <strong>com</strong>pte des<br />

flux réels et prévus de marchandises<br />

et de passagers et que les réseaux<br />

soient cohérents et coordonnés. D’une<br />

façon générale, les politiques soussectorielles<br />

qui sont mises en œuvre<br />

doivent tenir <strong>com</strong>pte des impératifs<br />

découlant de l’Accord d’association<br />

conclu avec l’Union Européenne, notamment<br />

en termes de mise en place<br />

de la zone de libre échange et des<br />

connexions intra-maghrébines et<br />

euro-maghrébines, pour en maximiser<br />

les avantages par le parachèvement<br />

d’un espace de «transport<br />

<strong>com</strong>mun multimodal sans heurt»<br />

dans toute la région euro-méditerranéenne.<br />

EN TERMES<br />

D’INFRASTRUCTURES : MISE<br />

EN PLACE D’UN CORRIDOR<br />

Compte tenu des perspectives de<br />

croissance du trafic inter-maghrébin<br />

et de la projection des échanges euroméditerranéens,<br />

cela a induit la nécessité<br />

de développer la mise en place<br />

d’un corridor de transport de grande<br />

capacité, (passagers et marchandises).<br />

Ce corridor multimodal transmaghrébin<br />

et ses deux principales<br />

<strong>com</strong>posantes ferroviaire et autoroutière<br />

a été retenu <strong>com</strong>me l'un des corridors<br />

principaux pour la<br />

Méditerranée occidentale et les possibilités<br />

de cabotage maritime. Ce corridor<br />

permet de relier entre elles les<br />

grandes agglomérations. Un certain<br />

nombre de branchements perpendiculaires<br />

permettent de le relier également<br />

aux grands points d'échange,<br />

assurant ainsi la desserte des grands<br />

pôles par les ports.<br />

Ce corridor a pris la forme d’un axe<br />

ferroviaire/autoroutier de grande capacité<br />

aussi bien pour les passagers.<br />

A ce titre, le réseau maghrébin,<br />

UN PROCESSUS<br />

DOULOUREUX, MAIS PROMETTEUR<br />

constitué d’une ligne connectant les<br />

trois pays, (Algérie, Tunisie et Maroc)<br />

et desservant la plupart des ports et<br />

des zones d’habitat et d’activités importantes<br />

de la région, a été retenu<br />

dans le cadre des corridors de transport<br />

euro-méditerranéens. La réalisation<br />

de la liaison fixe à travers le<br />

détroit de Gibraltar permettra son interconnexion<br />

au réseau européen via<br />

l’Espagne.<br />

Alors que les bases<br />

de la zone de libre échange<br />

euro-méditerranéenne<br />

se mettent progressivement<br />

en place, la mise<br />

à niveau des systèmes<br />

de transport dans<br />

les pays de la rive<br />

Sud de la Méditerranée<br />

apparaît de<br />

ce fait plus que jamais<br />

prioritaire.<br />

Le programme d’action, en matière<br />

d’infrastructure portuaire porte également<br />

sur un ensemble de mesures<br />

de renforcement, de reconstruction et<br />

d’aménagement. Un schéma national<br />

de développement de ces infrastructures<br />

a été élaboré pour intégrer les<br />

évolutions futures du trafic notamment<br />

dans le cadre euro-méditerranéen.<br />

Depuis la Conférence de Barcelone,<br />

un large consensus a vu le jour en Algérie<br />

: la réforme des transports fait<br />

partie intégrante des ajustements<br />

ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />

41<br />

économiques au niveau national ainsi<br />

que de la coopération intergouvernementale<br />

au niveau régional.<br />

La réforme du secteur des transports<br />

constitue ainsi la base de promotion<br />

de l’environnement attractif pour l’investissement<br />

notamment privé. Elle<br />

a porté sur trois points fondamentaux<br />

: l’adaptation du cadre institutionnel,<br />

législatif et réglementaire, afin de<br />

supprimer les entraves à la libre prestation<br />

de services de transport et de<br />

moderniser la gestion des flux de trafic,<br />

le rapprochement des normes et le<br />

contrôle de leur application par les<br />

autorités nationales, afin d’éviter les<br />

distorsions de concurrence et l’amélioration<br />

de l’interface des services de<br />

transport avec les autres secteurs.<br />

Les conditions de réussite de cette démarche<br />

résident essentiellement<br />

dans l’accélération du rythme des réformes<br />

entreprises – cadre institutionnel,<br />

législatif notamment –, la<br />

redéfinition du rôle de l’Etat (désengagement)<br />

et la correction des déséquilibres<br />

structurels hérités du<br />

passé. D’où la nécessité d’une action<br />

à la fois réformatrice et structurelle<br />

dans le domaine des systèmes et réseaux<br />

de transports.<br />

EN TERMES OPÉRATIONNEL :<br />

RATTRAPAGE<br />

ET MISE À NIVEAU<br />

DU SYSTÈME ALGÉRIEN<br />

Cette démarche s’est caractérisée par<br />

la restructuration de l’économie des<br />

transports et des réformes profondes<br />

dans le sens de la démonopolisation<br />

et de la libéralisation des activités de<br />

transport. Il s’agissait, en fait, de passage<br />

d’une régulation publique à une<br />

régulation par le marché par l’adoption<br />

de nouvelles règles de fonctionnement<br />

du marché des transports par<br />

la création de fonction et de métiers<br />

de <strong>com</strong>missionnaires de transport en<br />

tant qu’organisateur du marché, la<br />

prise en <strong>com</strong>pte de la préoccupation<br />

du développement du transport international<br />

et la mise en place des outils,<br />

mécanismes et procédures devant faciliter<br />

la circulation des marchandises.


ALGERIE<br />

ACCORD D’ASSOCIATION AVEC L’UNION EUROPÉENNE<br />

L E D O S S I E R D U M O I S<br />

LE TRANSPORT<br />

INTERMODAL<br />

DANS LE CADRE<br />

DE LA ZONE DE LIBRE<br />

ÉCHANGE EURO-MED<br />

Ces actions positives de libération des<br />

énergies et des initiatives dans ce domaine<br />

n’ont qu’un impact limité sur<br />

le transport routier international qui<br />

demeure encore très marginal au niveau<br />

des échanges extérieurs. Cette<br />

situation est due en particulier à la<br />

structure du <strong>com</strong>merce extérieur dominé<br />

par les opérations d’import/export<br />

transitant par la voie maritime,<br />

à travers les ports. Le transport maritime<br />

occupe à ce titre une place largement<br />

prépondérante.<br />

Il est noté, par ailleurs, que le passage<br />

de la régulation administrative<br />

à la régulation économique ne s’est<br />

pas ac<strong>com</strong>pagné de mesures de soutien<br />

et d’adaptation aux nouvelles<br />

exigences, la formation professionnelle<br />

dans le domaine des activités de<br />

transport n’a pas fait l’objet d’un programme<br />

spécifique adapté à la nouvelle<br />

conjoncture, le<br />

contrôle du respect de la réglementation<br />

n’a pas été<br />

institué de manière objective,<br />

rigoureuse et continue,<br />

l’investissement dans les<br />

transports de marchandises,<br />

en particulier international,<br />

n’a pas bénéficié<br />

de mesures incitatives pouvant<br />

permettre son développement,<br />

les entreprises<br />

de transport routier présentent<br />

des insuffisances importantes<br />

en matière de<br />

taille et de structures des<br />

coûts, problèmes accentués<br />

par des coûts élevés des<br />

passages maritimes et portuaires.<br />

Les trafics engendrés par le<br />

<strong>com</strong>merce extérieur avec<br />

l’Europe constituent la majeure<br />

partie des mouve-<br />

ments internationaux. Ils sont couverts<br />

par différents textes juridiques<br />

à portée internationale tels que la<br />

Convention de transport international<br />

par route (TIR) à laquelle l’Algérie<br />

a adhéré, il y a une vingtaine<br />

d’années sans l’avoir appliquée à ce<br />

jour.<br />

L’Algérie est également concernée<br />

par les conventions européennes réglementant<br />

les opérations de transport<br />

dans le cas où elle déciderait<br />

d’introduire ses véhicules sur le territoire<br />

des pays de cette zone en matière<br />

de législation sociale (âge des<br />

conducteurs, temps de conduite), l’obtention<br />

des autorisations d’accès frontalier<br />

et de circulation sous le couvert<br />

de convention bilatérale ou de droit<br />

<strong>com</strong>mun, la dotation des véhicules<br />

d’équipements de contrôle et de suivi<br />

de leur d’évolution, la documentation<br />

d’ac<strong>com</strong>pagnement à présenter aux<br />

réquisitions des autorités et enfin,<br />

d’appareillage de contrôle embarqué.<br />

Le transport routier international en<br />

<strong>com</strong>plément des traversées maritimes<br />

ne connaît pas particulièrement<br />

de développement et<br />

d’encouragement de la part des pouvoirs<br />

publics au niveau national.<br />

Même si les procédures à l’export sont<br />

L’absence de véritables entreprises<br />

de transport de marchandises dotées<br />

de personnels qualifiés pouvant s’occuper<br />

de transport international a induit<br />

une concurrence déloyale de la part<br />

des opérateurs étrangers mieux<br />

structurés et maîtrisant largement<br />

la chaîne des transports.<br />

ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />

42<br />

plus souples qu’à l’import, il reste que<br />

les opérations de transport routier international<br />

sont soumises à de nombreuses<br />

contraintes.<br />

LE TRANSPORT MULTIMODAL<br />

ET LA CHAÎNE LOGISTIQUE<br />

ENTRE LES DEUX RIVES<br />

DE LA MÉDITERRANÉE<br />

Ce type de transport est peu développé.<br />

Il est quasiment nul pour les<br />

transports intérieurs. Cette situation<br />

est le résultat de l’absence d’une vision<br />

globale :<br />

- pas de normalisation des unités de<br />

charge aux ports, aéroports et gares<br />

ferroviaires ;<br />

méconnaissance des avantages que<br />

procure le transport de bout en bout<br />

par les importateurs qui continuent à<br />

confier dans la majorité des cas le<br />

transport de leurs marchandises aux<br />

fournisseurs ;<br />

faible réglementation des métiers<br />

des intervenants de la chaîne multimodale<br />

;<br />

faibles dessertes ferroviaires des<br />

ports ;<br />

insuffisante conteneurisation des<br />

marchandises conteneurisables ;<br />

engorgement des ports et absence<br />

de fluidité de la circulation<br />

routière dans les hinterlands<br />

;<br />

sous-exploitation des<br />

équipements de traitement<br />

du fret international dans<br />

les gares routières et ferroviaires<br />

;<br />

insuffisantes informatisations<br />

des documents et procédures<br />

;<br />

incohérence des programmes<br />

de travail entre<br />

les différents intervenants<br />

de la chaîne de transport ;<br />

absence de capacité de ré-<br />

ception extra-portuaire<br />

(port-sec) ;<br />

absence de motivation et<br />

de <strong>com</strong>pétence des différents<br />

maillons de la chaîne<br />

(notamment les <strong>com</strong>missionnaires<br />

et autres auxiliaires).<br />

<br />

A. B.


UN PROCESSUS<br />

DOULOUREUX, MAIS PROMETTEUR<br />

MISE EN PLACE D’UN CADRE OPÉRATIONNEL DE COOPÉRATION DANS LA RÉGION<br />

LES ACTIONS ET INSTRUMENTS<br />

DE RÉÉQUILIBRAGE<br />

Par Abdeladim Benallegue<br />

La mise en place d’un cadre<br />

opérationnel de coopération<br />

dans la région<br />

méditerranéenne nécessite,<br />

avant tout, un certain nombre<br />

d’actions devant contribuer<br />

à lever les contraintes, mais aussi<br />

mettre en place des instruments<br />

de rééquilibrage des relations<br />

d’affaires entre les deux<br />

rives de la Méditerranée.<br />

Les actions et les instruments de<br />

rééquilibrage portent sur les éléments<br />

suivants :<br />

développer des plates-formes logistiques<br />

multimodales au sein des pays<br />

maghrébins en intégrant les technologies<br />

les plus performantes en matière<br />

de transport, de manutention,<br />

de stockage, et massifier les flux sur<br />

quelques nœuds (plates-formes principales<br />

ou HUB) soigneusement sélectionnées<br />

et judicieusement localisées<br />

pour dégager les ports et garantir une<br />

meilleure fluidité lors du passage portuaire<br />

;<br />

mettre en place des centres logistiques<br />

extra-portuaires et encourager<br />

les ports maghrébins à développer<br />

leurs plates-formes logistiques extraportuaires<br />

pour se positionner par<br />

rapport aux concurrents notamment<br />

les opérateurs internationaux qui<br />

s’installent progressivement dans<br />

chacun des pays et instaurent une pénétration<br />

du marché de plus en plus<br />

offensive ;<br />

mettre en place un cadre juridique<br />

devant permettre d’avoir un interlocuteur<br />

unique responsable de l’exécution<br />

de l’ensemble des opérations<br />

physiques de bout en bout ;<br />

adopter des conditions uniformes<br />

d’assurances devant couvrir les opé-<br />

rateurs de transport ;<br />

harmoniser les systèmes d’échanges<br />

de données informatiques entre les différents<br />

intervenants (douanes, chargeurs,<br />

transporteurs, banquier,…) ;<br />

normaliser les équipements (conteneurs,<br />

palettes, wagons, véhicules, ) ;<br />

créer des entreprises de transport<br />

international de marchandises dotées<br />

de matériel normalisé et de personnels<br />

<strong>com</strong>pétents, réglementer la profession<br />

et encadrer le respect des<br />

règles ;<br />

encourager le regroupement des entreprises<br />

de transport international<br />

afin d’améliorer leur <strong>com</strong>pétitivité,<br />

accroître leur part de marché et faciliter<br />

leur établissement en Europe ;<br />

développer le partenariat entre les<br />

entreprises algériennes et européennes<br />

permettant de faciliter l’accès<br />

au réseau international de<br />

transport ;<br />

développer des services auxiliaires<br />

notamment les assurances spécialisées<br />

dans le transport international<br />

de marchandises particulièrement de<br />

bout en bout, afin de pouvoir offrir<br />

des produits intégrés à des prix <strong>com</strong>pétitifs<br />

;<br />

encourager le recours aux services<br />

de bureaux de vérification professionnelle<br />

pour contrôler la cargaison et<br />

les spécifications techniques des équi-<br />

ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />

43<br />

pements ;<br />

améliorer le <strong>com</strong>portement des principaux<br />

acteurs de la chaîne notamment<br />

la douane ainsi que les aconiers<br />

par une meilleure organisation des<br />

opérations de manutention et des rendements<br />

du traitement de la marchandise<br />

lors du passage portuaire ;<br />

renforcer le rôle du transport ferroviaire<br />

dans la chaîne de transport<br />

porte-à-porte pour réduire les coûts,<br />

pour limiter l’engorgement des infrastructures<br />

routières et autoroutières<br />

et atténuer les problèmes d’environnement<br />

;<br />

inciter les clients industriels et gros<br />

chargeurs à s’installer dans des zones<br />

accessibles par chemin de fer pour être<br />

facilement desservis par ce mode ;<br />

développer un réseau d’infrastructures<br />

intégrées euro-med pour l’amélioration<br />

de l’efficacité du transport<br />

multimodal au niveau régional ;<br />

promouvoir la formation dans le domaine<br />

des transports notamment<br />

multimodal pour une meilleure reconnaissance<br />

de la capacité professionnelle<br />

en Europe des opérateurs de la<br />

rive sud ;<br />

créer et généraliser une spécialité<br />

de transport international de marchandises<br />

au sein des établissements<br />

de formation aux métiers de transport<br />

;<br />

procéder à la formation et au recyclage<br />

des conducteurs des pays de la<br />

rive Sud pour faciliter leur circulation<br />

en Europe et leur permettre d’assurer<br />

les activités à valeur ajoutée annexes<br />

au transport telles que les procédures<br />

douanières, les relations avec les<br />

clients, la recherche de cargaison<br />

pour le parcours à vide ;<br />

harmoniser l’ensemble du cadre juridique<br />

relatif au transport multimodal<br />

euro-maghrébin.<br />

créer, équiper et doter un Institut<br />

de recherche en transport. <br />

A. B.


ALGERIE<br />

ACCORD D’ASSOCIATION AVEC L’UNION EUROPÉENNE<br />

L E D O S S I E R D U M O I S<br />

C H R O N I Q U E<br />

L<br />

’Accord d’association conclu entre l’Algérie et l’Union<br />

Européenne est-il apprécié, de ce côté-ci de la Méditerranée,<br />

à la mesure des enjeux qu’il implique ?<br />

La Méditerranée, grand carrefour <strong>com</strong>mercial, économique,<br />

depuis au moins les <strong>com</strong>ptoirs phéniciens, le demeure<br />

même si elle n’est plus le centre du monde, le seul<br />

centre du monde, le seul centre <strong>com</strong>mercial – sans jeu de<br />

mots – du monde.<br />

Aussi, c’est tout naturellement que les relations économiques<br />

et autres s’organisent dans une région où les<br />

échanges sont aussi denses que le bassin méditerranéen.<br />

L’Algérie est l’un des pays majeurs de la Méditerranée<br />

occidentale, de la Méditerranée. Pas seulement pour son<br />

étendue géographique et<br />

son caractère stratégique<br />

Ce que<br />

les Algériens ne<br />

peuvent<br />

ac<strong>com</strong>plir à l’aide<br />

de savoir-faire<br />

technologique<br />

est <strong>com</strong>pensé<br />

d’une certaine<br />

manière par<br />

ce que la nature<br />

leur offre<br />

et qui n’attend<br />

qu’à être<br />

exploitée.<br />

du point de vue politique,<br />

mais aussi pour sa position<br />

géostratégique en relation<br />

à l’économie, avec un terrain<br />

encore en jachère, tout<br />

un continent, l’Afrique,<br />

dans lequel l’Algérie pénètre<br />

en profondeur. Ajoutées<br />

ses immenses ressources<br />

minières et ses énormes<br />

potentialités économiques<br />

et financières, l’Algérie est<br />

loin d’être la pauvre ménagère<br />

qui craint le boucher<br />

en même temps qu’elle salive<br />

sur sa marchandise.<br />

Elle a connu pareille situation<br />

au moment des discussions<br />

(tout au plus car il ne<br />

peut s’agir de négociations<br />

lorsque l’on se trouve en<br />

position de faiblesse) pour<br />

la signature de l’Accord<br />

d’association. Précédées de la période de vaches maigres<br />

qui avait pour nom ‘‘FMI’’ et ‘‘cessation de paiement’’.<br />

Aujourd’hui, la donne a totalement changé, en faveur de<br />

l’Algérie, avec des réserves de change avoisinant les cent<br />

milliards de dollars et des recettes pétrolières et gazières<br />

au-delà des espérances qui continuent d’être engrangées.<br />

Et c’est forte de cette situation que Sonatrach ambitionne<br />

de pénétrer le marché européen malgré le protectionnisme<br />

anachronique et paradoxal de la part des précurseurs du<br />

capitalisme et parrains de l’économie de marché !<br />

La présente agressivité économique de Sonatrach est salvatrice<br />

; l’Etat est en devoir de négocier l’accès de la <strong>com</strong>-<br />

EN... JE<br />

ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />

44<br />

pagnie nationale au marché européen. Faut-il pour autant<br />

que les hydrocarbures restent l’atout unique à battre<br />

bien qu’ils soient un atout de premier ordre dans un<br />

monde où les ressources énergétiques sont source d’or et<br />

de pouvoir ?<br />

L’Algérie possède d’autres ressources non négligeables,<br />

négligées. Elle n’est pas, bien entendu, en mesure de vendre<br />

des machines et de l’infrastructure aux Européens ;<br />

pas même des produits de PME. Loin lelabel de la chemise<br />

Redman et la chaussure Sonipec, elle ne peut prétendre<br />

concurrencer, y <strong>com</strong>pris sur le marché local,<br />

l’industrie européenne de l’habillement, de son côté mise<br />

en difficulté par le produit de Chine en Europe-même !<br />

Ce que les Algériens ne peuvent ac<strong>com</strong>plir à l’aide de savoir-faire<br />

technologique est <strong>com</strong>pensé d’une certaine manière<br />

par ce que la nature leur offre et qui n’attend qu’à<br />

être exploitée. Dans l’agriculture et le tourisme. Si une<br />

industrie peut être prometteuse, c’est bien dans ces secteurs-là<br />

qu’elle peut se développer et prospérer : l’artisanat<br />

et la fabrication d’articles liés au produit touristique<br />

; l’industrie agroalimentaire, avec des produits de base<br />

disponibles et de qualité, entre la datte, les raisins, les<br />

agrumes et d’autres fruits, la tomate, l’olive. A l’état naturel,<br />

conservés, semi transformés ou transformés, ces<br />

produits trouveront leur place sur le marché extérieur,<br />

voire labellisés pour leur qualité et pouvant aller jusqu’à<br />

être étiquetés produit unique <strong>com</strong>me pour la datte.<br />

Toutefois, avant d’en arriver là, avant d’avoir une production<br />

prête à l’exportation et avant de négocier son placement<br />

sur le marché européen, est en attente de la part<br />

de l’Etat tout un travail d’incitation et de régulation en<br />

vue du développement de cette industrie agroalimentaire.<br />

Pour que la datte algérienne ne passe plus par la<br />

Tunisie et passe pour un produit tunisien avec un label<br />

recherché sur le marché européen et produit de luxe de<br />

par le monde.<br />

Au-delà de ce qui peut apparaître <strong>com</strong>me un <strong>com</strong>merce<br />

ordinaire, les enjeux de l’Accord d’association entre l’Algérie<br />

et l’Union Européenne sont grands pour les économies<br />

des parties engagées, pour des résultats et<br />

dividendes à la fois immédiats et qui s’inscriront dans le<br />

temps. Mais, il faudra garder à l’esprit – et en tenir<br />

<strong>com</strong>pte – que dans ‘‘enjeux’’ il y a ‘‘jeux’’, jeux du marché<br />

qui n’obéit qu’au gain, et que la partie n’est guère gagnée<br />

d’avance. Ensuite, dans ‘‘jeux’’ il y a ‘‘je’’. Et le jeu ici<br />

consiste à avancer pions et atouts en sachant ce que je<br />

veux et ce que je peux ! <br />

Chérif Berkache


Des voix s’élèvent dans les milieux<br />

économiques pour remettre en<br />

cause l’opportunité de cet Accord et,<br />

d’une manière générale, tout le processus<br />

de mise en place de la zone de<br />

libre échange Algérie-Europe dans<br />

l’attente de l’adhésion de l’Algérie à<br />

l’OMC.<br />

Il est légitime, effectivement, de s’interroger<br />

sur le bénéfice que pourrait<br />

tirer notre pays de ce processus,<br />

conduisant à un démantèlement total<br />

de nos barrières douanières, à un moment<br />

où notre marché intérieur est<br />

envahi par les produits étrangers et<br />

où nos entreprises industrielles publiques<br />

et privées perdent constamment<br />

des parts de marché au profit de<br />

l’import/import et du bazar.<br />

Dans le même temps, il est illusoire<br />

de croire que ce processus de démantèlement<br />

va permettre à nos entreprises<br />

de développer leurs<br />

exportations, en raison de la faiblesse<br />

extrême de leur <strong>com</strong>pétitivité, et d’un<br />

environnement d’affaires totalement<br />

défavorable et même opposé à une logique<br />

d’exportation.<br />

Dans ce contexte, il est intéressant de<br />

se poser la question suivante: quels<br />

sont les tenants et les aboutissants<br />

de cet Accord d‘association ?<br />

Pour la partie européenne, les enjeux<br />

sont clairs : cet Accord d’association<br />

entre dans le cadre de la politique<br />

méditerranéenne de la CE et vise :<br />

Sur le plan politique :<br />

créer une zone de stabilité politique<br />

sur le front sud de l’Europe, les instruments<br />

étant encore en cours d’élaboration<br />

: processus de Barcelone,<br />

Politique européenne de voisinage<br />

(PEV), et plus récemment projet<br />

d’Union méditerranéenne.<br />

UN PROCESSUS<br />

DOULOUREUX, MAIS PROMETTEUR<br />

FAUT-IL RÉVISER L’ACCORD D’ASSOCIATION ?<br />

L’ entrée en vigueur depuis le 1er septembre <strong>2007</strong> de la 2e phase du démantèlement tarifaire,<br />

selon les dispositions de l’article 9 de l’Accord, visant les articles industriels,<br />

a relancé le débat sur les conditions, les avantages et inconvénients.<br />

Sur le plan économique :<br />

assurer un débouché protégé sur les<br />

produits européens ;<br />

créer les conditions d’une croissance<br />

économique durable sur le front<br />

sud, perçu prioritairement <strong>com</strong>me<br />

une barrière contre l’immigration<br />

massive, dont le plus gros reste à<br />

venir;<br />

garantir ses approvisionnements<br />

énergétiques.<br />

Il est légitime,<br />

effectivement, de s’interroger<br />

sur le bénéfice que pourrait<br />

tirer notre pays<br />

de ce processus,<br />

conduisant<br />

à un démantèlement<br />

total de nos barrières<br />

douanières, à un moment<br />

où notre marché intérieur<br />

est envahi par<br />

la production étrangère.<br />

ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />

45<br />

Pour l’Algérie :<br />

Sur le plan politique, l’Algérie visait<br />

plusieurs objectifs :<br />

s’arrimer politiquement et institutionnellement<br />

au bloc euro-méditerranéen,<br />

dans le but de définir un<br />

modèle politique <strong>com</strong>mun, à la différence<br />

de tout projet d’Etat théocratique<br />

ou dictatorial archaïque et<br />

notamment, par le fait que l’Accord<br />

<strong>com</strong>porte des clauses de modernisation,<br />

non seulement de l’appareil économique<br />

algérien, mais aussi des<br />

dispositions dans les domaines institutionnel<br />

et juridique ;<br />

briser (au moment des négociations)<br />

l’isolement politique dans lequel<br />

se trouvait le pays.<br />

Sur le plan économique :<br />

accélérer la transition vers l’économie<br />

de marché par l’adoption de règles<br />

universelles de gouvernance<br />

économique «imposées» par l’Accord<br />

d’association,


faciliter les IDE en provenance<br />

d’Europe, les IDE étant perçus<br />

<strong>com</strong>me un facteur objectif de modernisation<br />

du tissu économique et industriel,<br />

particulièrement dans une<br />

perspective de réduction de la dépendance<br />

vis-à-vis de l’exportation des<br />

hydrocarbures bruts ;<br />

garantir des débouchés d’exportation<br />

aux produits algériens, industriels<br />

agricoles ou issus de la pêche.<br />

Il apparaît bien que l’accord d’association<br />

reste totalement pertinent de<br />

par ses objectifs, mais qu’il est déséquilibré<br />

sur le plan économique.<br />

Peut-on, dès lors, reprocher aux négociateurs<br />

algériens d’avoir mal négocié<br />

cet accord ? Ou d’y avoir carrément<br />

bradé l’intérêt national ?<br />

PLUSIEURS NUANCES<br />

S’IMPOSENT<br />

1. Pour le moment, les enquêtes et<br />

études menées par divers organismes<br />

nationaux et internationaux (notamment,<br />

les études de filière de<br />

EDPME) font ressortir que la production<br />

nationale est concurrencée par<br />

les produits asiatiques plutôt que par<br />

les produits européens. Il faudra attendre<br />

trois à quatre mois pour évaluer<br />

les conséquences du<br />

démantèlement sur les produits industriels<br />

engagé en septembre <strong>2007</strong>.<br />

L’adhésion de l’Algérie à l’OMC ne<br />

fera qu’accentuer cet avantage en fa-<br />

veur des produits asiatiques (voir encadré).<br />

2. Le démantèlement tarifaire sur les<br />

matières premières, effectif depuis le<br />

1er septembre 2005, aurait dû avantager<br />

la production nationale, mais<br />

son effet a été quasiment annulé par<br />

les tendances haussières des marchés<br />

mondiaux et par l’envolée de l’euro.<br />

3. La signature de l’accord d’association<br />

ne fait que préfigurer l’adhésion<br />

de l’Algérie à l’OMC. Le cadre des<br />

conditionnalités économiques est le<br />

même. En parallèle, le gouvernement<br />

est censé engager des réformes économiques<br />

de fond permettant notam-<br />

Table des évolutions des importations<br />

de l’Algérie en provenance des groupes<br />

géographiques Europe et Asie<br />

SOURCE : DOUANES<br />

ALGERIE<br />

ACCORD D’ASSOCIATION AVEC L’UNION EUROPÉENNE<br />

L E D O S S I E R D U M O I S<br />

U = USD 2005 2006 ÉVOLUTION<br />

EUROPE 12 648 550 592 13 390 817 208 6 %<br />

ASIE 3 565 305 649 4 055 731 359 14 %<br />

On constate bien que la croissance des échanges se fait au profit de<br />

l’Asie de manière deux fois plus rapide qu’avec l’Europe, malgré la mise<br />

en œuvre de la première vague de démantèlement tarifaire avec l’Europe<br />

en septembre 2005. Ce qui est visible sur le marché algérien, car<br />

les importations en provenance d’Asie touchent surtout les biens de<br />

consommation directe par les ménages. Il faudra être attentif à ces évolutions<br />

au cours du T4 <strong>2007</strong> et de 2008.<br />

ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />

46<br />

ment au tissu industriel national<br />

d’être «tiré vers le haut». On se doit<br />

de constater que les réformes sont<br />

soit en stand-by, soit qu’elles avancent<br />

à pas <strong>com</strong>ptés.<br />

Ainsi, et à titre indicatif, dans le désordre<br />

on peut citer :<br />

le retard dans la mise à niveau des<br />

normes et règlements techniques nationaux<br />

en vue de leur harmonisation<br />

avec les normes internationales.<br />

D’une manière générale, l’Algérie ne<br />

dispose pas de système de normalisation<br />

opérationnel, au moment où les<br />

barrières douanières sont remplacées<br />

par les barrières normatives et réglementaires.<br />

Cette situation pénalise<br />

autant l’exportateur algérien que le<br />

marché national qui assiste au déversement<br />

des produits «poubelles» de<br />

l’industrie mondiale ;<br />

l’absence de garanties sur la propriété<br />

industrielle et intellectuelle et<br />

indigence dans la lutte effective<br />

contre la contrefaçon ;<br />

le coût élevé des facteurs de production.<br />

A l’opposé de ce que l’on peut<br />

croire, produire en Algérie coûte plus<br />

cher, non pas en raison du coût nominal<br />

des facteurs, mais en raison des<br />

coûts cachés. Par exemple, l’énergie<br />

est moins chère, mais les coupures de<br />

courant fréquentes, la main-d’œuvre<br />

est moins chère (relativement), mais<br />

faiblement productive, les coûts cachés<br />

de transaction, notamment sur<br />

la chaîne logistique sont élevés ;<br />

le loyer effectif de l’argent est élevé,<br />

notamment en raison des coûts cachés<br />

dus aux délais de réponse des<br />

banques, et l’absence de prise de<br />

risque économique de ces dernières.<br />

L’offre de financement de l’économie<br />

reste inférieure à la demande, et le<br />

système bancaire reste globalement<br />

archaïque, donc coûteux ;<br />

le circuit export est décourageant<br />

de bureaucratie ;


pas de réforme du foncier industriel<br />

qui reste rare (en zones attractives,<br />

c’est à dire a proximité des ports) et<br />

cher, alors qu’il est quasiment gratuit<br />

sur d’autres pays <strong>com</strong>parables, et que<br />

40% du parc foncier industriel existant<br />

sont en jachère dans l’attente de<br />

mesures opérationnelles (notamment<br />

la liquidation des entreprises publiques<br />

en cessation d’activité et récupération<br />

des terrains attribués et non<br />

utilisés ou détournés de leur vocation<br />

industrielle) ;<br />

la fiscalité d’entreprise lourde et<br />

peu équitable entre producteurs et<br />

importateur ;<br />

l’absence de règles de gouvernance<br />

d’entreprise (y <strong>com</strong>pris l’absence<br />

d’équité entre les secteurs publics et<br />

privés), ce qui constitue un facteur de<br />

méfiance des investisseurs étrangers<br />

face à des projets de partenariat. Lesquelles<br />

règles devraient être impulsées<br />

par les opérateurs économiques<br />

algériens eux-mêmes.<br />

Au final, le déséquilibre dans la <strong>com</strong>posante<br />

économique de l’Accord d’association<br />

est réel, mais imputable au<br />

retard dans les réformes économiques<br />

que se doit d’engager la partie algérienne.<br />

Pour autant doit-on continuer à faire<br />

essouffler notre appareil productif,<br />

pour cause de retard dans les réformes,<br />

et conduire à la mise en friche<br />

de l’outil industriel national ou sa<br />

prise de contrôle par le capital étranger<br />

?<br />

Il est intéressant de constater que<br />

l’Accord d’association permet des<br />

pauses, ainsi que des séquences<br />

d’évaluation.<br />

Article 9 (paragraphe 4) : en cas<br />

de difficultés graves pour un produit<br />

donné, le calendrier établi (….) peut<br />

être révisé d’un <strong>com</strong>mun accord...<br />

Article 11 (paragraphe 1) : des mesures<br />

exceptionnelles de durée limitée<br />

qui dérogent aux dispositions de<br />

l’article 9 peuvent être prises par l’Algérie<br />

sous forme de droits de douane<br />

majorés ou rétablis. ( …). Ces mesures<br />

sont appliquées pour une pé-<br />

UN PROCESSUS<br />

DOULOUREUX, MAIS PROMETTEUR<br />

Nos entreprises<br />

industrielles<br />

publiques et privées<br />

perdent constamment<br />

des parts de marché<br />

au profit de<br />

l’import/import<br />

et du bazar...<br />

riode n‘excédant pas cinq ans à moins<br />

qu’une durée plus longue ne soit autorisée<br />

par le <strong>com</strong>ité d’association.<br />

Paragraphe 2 : par dérogation aux<br />

dispositions du paragraphe 1, le <strong>com</strong>ité<br />

d’association peut, en tenant<br />

<strong>com</strong>pte des difficultés liées à la création<br />

d’une nouvelle industrie - à titre<br />

exceptionnel - autoriser l’Algérie à<br />

maintenir les mesures déjà prises en<br />

vertu du paragraphe 1, pour une période<br />

maximale de trois ans, au-delà<br />

de la période de transition (article 6).<br />

Il serait judicieux dans ces conditions<br />

d’envisager effectivement une pause<br />

dans le processus de démantèlement<br />

tarifaire couplée à un train de réformes<br />

économiques vitales et urgentes<br />

et ce, durant une période<br />

limitée, quitte à aller plus vite ultérieurement.<br />

Durant cette pause, des<br />

mesures transitoires de protection de<br />

la production nationale (ne touchant<br />

Doit-on continuer<br />

à faire essouffler notre<br />

appareil productif,<br />

pour cause de retard dans<br />

les réformes, et conduire<br />

à la mise en friche de l’outil<br />

industriel national<br />

ou sa prise de contrôle<br />

par le capital étranger ?<br />

ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />

47<br />

pas obligatoirement aux aspects tarifs<br />

douaniers) peuvent être prises<br />

<strong>com</strong>me par exemple ;<br />

l’introduction d’un différentiel de<br />

TVA entre les produits nationaux et<br />

les produits finis importés pour la revente<br />

en l’état (bien que cette disposition<br />

s’oppose à l’article 20 de<br />

l‘accord) ;<br />

L’introduction d’un moratoire fiscal<br />

pour les produits industriels locaux ;<br />

La prise d’un train de mesures économiques<br />

à même de diminuer les<br />

coût des facteurs de production en Algérie.<br />

Les experts doutent, cependant, de la<br />

capacité des pouvoirs publics actuels<br />

de mener ces réformes, à la fois pour<br />

des raisons de <strong>com</strong>pétences dans l’administration<br />

actuelle et pour des raisons<br />

d’intérêts économiques, les<br />

cercles de décisions apparaissant<br />

<strong>com</strong>me plus liés à l’économie de bazar<br />

qu’à la sphère productive !<br />

Ces mêmes experts re<strong>com</strong>mandent<br />

dans ces conditions la voie dure :<br />

pousser aux réformes par la pression<br />

externe, à travers le capital international.<br />

Alors, dans ce cas là, y a-t-il une autre<br />

voie pour conduire des réformes à la<br />

mesure des enjeux actuels et futurs ? <br />

K. Rabhi


LE CAHIER DE L’INVESTISSEMENT<br />

LE PRÉSIDENT DE CEVITAL DÉVOILE TOUT SUR LE MÉGAPROJET<br />

CAP 2015 LORS D’UNE CONFÉRENCE DE PRESSE<br />

UN INVESTISSEMENT DE 20 MILLIARDS DE DOLLARS<br />

Le président du groupe Cevital,<br />

M. Issad Rebrab, a véritablement<br />

créé la surprise en dévoilant,<br />

lors de sa conférence de presse<br />

du 5 septembre dernier, tous les<br />

détails sur son mégaprojet baptisé<br />

Cap 2015. L’annonce a d’aileurs<br />

suscité des réactions pour le moins<br />

mitigées, entre scepticisme<br />

et fascination. L’homme très serein<br />

qui se prête volontiers aux objectifs<br />

des appareils photos, voit grand.<br />

Très grand. Sa quiétude affichée<br />

fait dire à certains qu’il a tous<br />

les feux verts des pouvoirs publics.<br />

D’autres, au contraire, jettent<br />

le doute et craignent<br />

un scénario Khalifa bis.<br />

Dans tous les cas, l’homme qui<br />

semble jouir actuellement du ferme<br />

soutien du président<br />

de la République lui-même,<br />

et fasciné par l’exemple de ses<br />

partenaires sud-coréens devenus<br />

des géants de l’industrie,<br />

a choisi de tirer sa réussite<br />

à partir de son pays en injectant<br />

les fonds de son groupe dans<br />

des projets structurants<br />

créateurs d’emplois et susceptibles<br />

de sortir progressivement<br />

l’Algérie de la dépendance<br />

du marché énergétique.<br />

M. Rebrab :<br />

«J’ai visité plusieurs<br />

pays dans le monde,<br />

notamment ceux du<br />

Sud-est asiatique et<br />

j’ai constaté que tous<br />

les grands groupes<br />

ont d’abord construit<br />

des ports avant de<br />

développer<br />

des industries...»<br />

Le projet consiste en un ensemble<br />

de <strong>com</strong>plexes industriels aussi<br />

nombreux que divers d’un coût global<br />

de pas moins de 20 milliards de dollars.<br />

Point de départ, la création d’un<br />

hub portuaire sur le site de Cap Djenet,<br />

situé dans la wilaya de Boumerdès,<br />

au centre du pays. Le site sera,<br />

au départ, d’une superficie de 1 500<br />

hectares dont 30% gagnés sur la mer<br />

pour s’étendre ensuite à 5 000 hectares.<br />

Un autre pas dans la vie du<br />

groupe Cevital qui n’existe que depuis<br />

1998 et qui connaît une croissance<br />

moyenne de 50% annuellement<br />

tendant ainsi à se hisser progressivement<br />

au rang des grands groupes internationaux.<br />

Il s’agit de projets<br />

structurants en mesure de créer<br />

quelque 100.000 emplois directs et 1<br />

million d’autres indirects ainsi que<br />

plusieurs milliers de PME/PMI. On<br />

<strong>com</strong>pte aussi sur ce projet pour multiplier<br />

par 30 le niveau actuel des exportations<br />

algériennes hors<br />

hydrocarbures, à savoir atteindre les<br />

30 milliards de dollars à l’horizon<br />

2030, avant d’être passé par 15 milliards<br />

de dollars à l’horizon 2015. Le<br />

tout sans aucune pollution, promet le<br />

patron de Cevital, qui argumente que<br />

les procédés techniques par lesquels<br />

seront réalisés ces projets permettent<br />

une préservation maximale de l’environnement.<br />

Le conférencier a précisé<br />

ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />

48<br />

qu’il est recherché à travers ce niveau<br />

des exportations hors hydrocarbures<br />

ambitionné de mettre notre pays à<br />

l’abri des fluctuations des prix du pétrole.<br />

«Il est plus que temps que notre<br />

pays sorte du cercle vicieux de n’exporter<br />

que des hydrocarbures», a fait<br />

remarqué M. Rebrab avant d’ajouter<br />

que «d’ici 2010, Cevital sera le<br />

deuxième exportateur après Sonatrach<br />

et le premier exportateur hors<br />

hydrocarbures à travers les produits<br />

que nous sommes en train de développer<br />

actuellement».<br />

POURQUOI<br />

INVESTIR DANS UN PORT ?<br />

«Construire un port, il est vrai, n’est<br />

pas notre métier», a fait remarquer<br />

M. Rebrab avant le pourquoi de cette<br />

démarche, savoir le choix d’un port<br />

pour développer des projets industriels.<br />

«Un port est simplement un<br />

poumon économique», a-t-il dit. «Nous<br />

n’avons absolument rien inventé. J’ai<br />

visité plusieurs pays dans le monde,<br />

notamment ceux du Sud-est asiatique<br />

et j’ai constaté que tous les grands<br />

groupes ont d’abord construit des<br />

ports avant de développer des industries<br />

parce que la préservation de la<br />

qualité des grandes masses de produits<br />

industriels passe par un minimum<br />

de déplacement.


Plus les produits sont déplacés, plus<br />

ils subissent des altérations et moins<br />

ils sont <strong>com</strong>pétitifs à l’exportation<br />

(…). Il s’agira de millions de tonnes<br />

de produits à déplacer et les infrastructures<br />

routières et ferroviaires<br />

existantes non seulement ne peuvent<br />

supporter tous ces volumes, mais il se<br />

trouve que chaque tonne déplacée a<br />

un coût. Si on cherche à être <strong>com</strong>pétitifs<br />

au niveau international, il faut<br />

toujours essayer de réduire ses coûts,<br />

et donc se placer dans un port qui réponde<br />

à l’activité industrielle», a-t-il<br />

expliqué à l’assistance. Le coût du<br />

transport des produits industriels<br />

reste en effet très élevé. «De Singapour<br />

à Hong-Kong, soit sur quelque 7<br />

000 km, le transport par mer coûte<br />

500 dollars par container. De Marseille<br />

à Alger (800 km), on paye le<br />

double : 1 000 dollars le container», at-il<br />

précisé avant d’évoquer les coûts<br />

engendrés par les surestaries et les<br />

bateaux restés en rade en raison des<br />

faibles capacités des ports actuels.<br />

«Cela coûte à l’Algérie 45 000 dollars<br />

par jour pour chaque navire». Or,<br />

pour faire des économies sur le transport,<br />

il faut recourir à «des navires de<br />

grands tonnage qui nécessitent de<br />

grands ports en eau profonde . L’orateur<br />

s’est efforcé d’expliquer clairemer<br />

le but recherché à travers cette<br />

démarche. «Encore une fois, notre ob-<br />

“ Nous avons fait<br />

une étude de la côte<br />

algérienne et nous n’avons<br />

pas trouvé de meilleurs sites.<br />

Pour les grands<br />

ports <strong>com</strong>me pour<br />

les grands barrages,<br />

il est rare de trouver<br />

les bons sites.<br />

Les Chinois ont délocalisé<br />

30 millions<br />

d’habitants pour<br />

faire un grand<br />

barrage.<br />

”<br />

LE CAHIER DE L’INVESTISSEMENT<br />

EVOLUTION DU GROUPE CEVITAL<br />

1971 : Prise de participation dans une société de construction métallique «SOCO-<br />

MEG»<br />

1975 : Création de la société PROFILOR<br />

1979 : Reprise de la société SOTECOM<br />

1984 : Reprise de la société SACM d’Oran<br />

1985 : Création de la société ENALUX<br />

1986 : Création de la société Nord Metal spécialisée dans la fabrication de grillage<br />

et toile de tamis et création de la société METALLOR pour la fabrication des<br />

tubes en acier<br />

1988 : Création de la société METAL SIDER<br />

1991 : Reprise des activités d’IBM en Algérie avec la création de JBM et création<br />

du quotidien Liberté<br />

1992 : Reprise des activités de Rank Xerox avec la création de CBS<br />

1995 : Création de la société Agro Grain spécialisé dans l’importation et la distribution<br />

de produit agro-alimentaire<br />

1997 : Création de Hyundai Motors Algérie pour la distribution des véhicules<br />

Hyundai.<br />

1998 : Création de la société Cevital Spa (raffinerie d’huile alimentaire, margarinerie,<br />

raffinerie de sucre, silos portuaires et terminale de déchargement et rechargement<br />

portuaire)<br />

2005 : Lancement de 5 projets (nouvelle raffinerie de sucre, 2 centrales électriques,<br />

unité d’eau minérale, 1 ligne de verre plat, 2 unités de fabrication de<br />

bâtiment préfabriqué en béton)<br />

<strong>2007</strong> : Mise en place d’une organisation en holding et divisions autonomes. <br />

jectif n’est pas de posséder un port.<br />

Nous <strong>com</strong>ptons, d’ailleurs, le réaliser<br />

pour le donner à l’Etat à terme sous<br />

forme de BOT ou à des gestionnaires<br />

spécialisés. Notre premier objectif<br />

reste la réalisation des <strong>com</strong>plexes industriels<br />

pour en faire un grand pôle<br />

industriel pour notre pays». Rappelant<br />

le retard de développement économique<br />

accusé par notre pays pour<br />

les raisons que tout le monde connaît,<br />

il a fait remarquer que plusieurs pays<br />

arabes sont en train de développer<br />

des projets similaires en vue d’être<br />

concurrentiels sur le marché international<br />

dans le cadre de la mondialisation.<br />

«C’est ce que sont en train de<br />

développer actuellement nos frères<br />

marocains. Les Tunisiens ont l’intention<br />

aussi de construire un port industriel<br />

de moindre taille au niveau<br />

de Hammamet Sud, les Egyptiens<br />

sont également en train de le faire».<br />

POURQUOI<br />

CAP DJENET ?<br />

Le conférencier a expliqué qu’en dehors<br />

du port de Mers El-Kebir (Oran)<br />

ou de celui de Djendjen (Jijel), il<br />

n’existe aucun autre port qui puisse<br />

accueillir des navires de grand tonnage<br />

et qui a un tirant d’eau de 20<br />

mètres de profondeur. Pour le port de<br />

Djendjen, les surfaces sont limitées<br />

pour développer les différents <strong>com</strong>-<br />

ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />

49<br />

plexes. Le port de Cap Djenet se présente<br />

<strong>com</strong>me un site stratégique pour<br />

plusieurs raisons. «Il sera relié à l’autoroute<br />

est-ouest par une autoroute<br />

distante de moins de 15 km, relié<br />

aussi à la voie ferrée à moins 15 km<br />

aussi et se trouvera à moins de 20 minutes<br />

de l’aéroport d’Alger». Ceci en<br />

plus du fait qu’il s’agit d’un site vierge<br />

où il n’y aura pas de population à déplacer<br />

et « les surfaces existent». Le<br />

président de Cevital a toutefois rappelé<br />

que l’idée ne date pas d’aujourd’hui<br />

pour l’Algérie. «Nous<br />

n’avons absolument rien inventé, le<br />

port devait être réalisé dans les années<br />

70. Malheureusement, il n’a pu<br />

être réalisé vu les difficultés qu’a rencontrées<br />

notre pays».<br />

EN QUOI<br />

CONSISTE LE MÉGAPROJET<br />

CAP 2015 ?<br />

C’est une synergie d’un ensemble de<br />

<strong>com</strong>plexes industriels situés sur le site<br />

du port de Cap Djenet qui sera de ce<br />

fait transformé en hub portuaire. Le<br />

président de Cevital a indiqué qu’il ne<br />

citera que cinq à sept projets dans<br />

l’immédiat, essentiellement dans le<br />

domaine de la pétrochimie et le raffinage<br />

du pétrole. Il s’agit de :


une plate forme logistique de<br />

grande taille qui servira pour le dispatching<br />

des produits issus des différents<br />

<strong>com</strong>plexes sur les autres ports<br />

algériens mais aussi européens et<br />

africains destinés à l’exportation ;<br />

un <strong>com</strong>plexe sidérurgique de 10<br />

millions de tonnes d’acier, soit une capacité<br />

qui fait dix fois celle du <strong>com</strong>plexe<br />

d’El Hadjar actuellement avec<br />

utilisation des technologies de dernière<br />

génération et n’occasionnant<br />

aucune pollution, selon M. Rebrab.<br />

30% à 40% de cet acier seront transformés<br />

sur place dans les futurs chantiers<br />

navals ;<br />

un <strong>com</strong>plexe de chantiers navals<br />

pour la construction de grands navires<br />

et qui va alimenter l’usine de fabrication<br />

de containers et le <strong>com</strong>plexe<br />

automobile ;<br />

usine de construction automobile<br />

d’une capacité de 250 000 véhicules<br />

par an dont 100 000 seront destinés<br />

à l’exportation. «Nous allons mettre<br />

en concurrence de grands constructeurs<br />

dont des Européens, des Américains<br />

et des Sud-coréens», a précisé le<br />

conférencier ;<br />

tout autour de ces <strong>com</strong>plexes va se<br />

développer une multitude de petites<br />

et moyennes entreprises qui vont développer<br />

de la sous-traitance pour les<br />

besoins des <strong>com</strong>plexes et transformer<br />

une partie de leurs produits ;<br />

un <strong>com</strong>plexe d’aluminium d’une capacité<br />

de 400 000 tonnes au départ,<br />

puis 760 000 tonnes pour arriver à 1<br />

250 000 tonnes à terme. Une partie<br />

de l’aluminium produit sera destinée<br />

à l’exportation, alors que qu’une autre<br />

sera transformée sur place pour mettre<br />

à profit les coûts avantageux de<br />

l’énergie, créer des postes d’emplois et<br />

de la valeur ajoutée.<br />

La transformation servira aux autres<br />

<strong>com</strong>plexes dont celui de la construction<br />

automobile pour la carrosserie<br />

sachant que de nos jours un véhicule<br />

renferme au moins quelque 135 kilos<br />

d’aluminium. Le produit servira en<br />

outre, selon l’orateur, à la fabrication<br />

des câbles électriques pour le transport<br />

de l’électricité haute tension.<br />

LE CAHIER DE L’INVESTISSEMENT<br />

une unité de dessalement de l’eau<br />

de mer ;<br />

deux ou trois centrales électriques.<br />

COMMENT LE RÉALISER<br />

ET AVEC QUI ?<br />

20 milliards de dollars, c’est le coût de<br />

Cap 2015. «Si vous me demandez si<br />

nous disposons de ces fonds, je vous<br />

dirai, non je n’ai pas tout cet argent.<br />

Mais nous avons des partenaires, de<br />

grands armateurs de renommée mondiale<br />

qui sont intéressés et prêts à<br />

s’impliquer». Par s’impliquer, il faut<br />

entendre mettre la main à la poche.<br />

«Non seulement ils sont partants<br />

pour nous ac<strong>com</strong>pagner au plan technologique,<br />

mais aussi pour ramener<br />

des financements», a fait savoir le<br />

conférencier. Qui sont-ils ? Deux<br />

noms seront cités, le Danois Maersk<br />

Sealand et le Suisse MSC (Mediterranean<br />

Shipping Company), à côté d’autres<br />

opérateurs du sud-est asiatique.<br />

«Nous sommes actuellement en négociations<br />

avec plusieurs partenaires,<br />

des leaders mondiaux, chacun dans<br />

sa spécialité et ils sont partants», a-til<br />

rassuré.<br />

Mais de l’avis du tribun, «aujourd’hui,<br />

il n’y a pas de difficulté à trouver des<br />

fonds au niveau mondial et il y a<br />

même des surliquidités. La seule<br />

chose que cherchent les banques internationales<br />

est de placer leur argent,<br />

développer les activités mais<br />

dans des projets structurants dont<br />

elles sont sûres qu’ils vont dégager<br />

des profits pour se faire rembourser<br />

(…) Nous n’avons absolument aucun<br />

problème pour mobiliser les moyens<br />

“ Les pouvoirs<br />

publics ne seront<br />

que positifs parce que<br />

je ne vois pas de<br />

gouvernants qui n’aiment<br />

pas leur pays. Il s’agit de<br />

projets structurants qui<br />

vont créer des emplois,<br />

développer sensiblement<br />

les exportations<br />

hors hydrocarbures<br />

et attirer<br />

plus d’IDE.<br />

”<br />

ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />

50<br />

financiers en «project financing »,<br />

c’est-à-dire que c’est projet lui-même<br />

qui garantit les banques ».<br />

Nous avons reçu des grandes banques<br />

qui nous ont assuré de nous ac<strong>com</strong>pagner<br />

en même temps avec ces leaders<br />

mondiaux pour le transfert technologique<br />

(…) C’est vous dire que le mégaprojet<br />

Cap 2015 est aujourd’hui<br />

une réalité», a rassuré le président de<br />

Cevital. <br />

Yasmine Ferroukhi<br />

BRÈVES<br />

ISOFOTON<br />

Isofoton (Espagne) - Equipements électriques<br />

& électroniques : Leader mondial<br />

dans le photovoltaïque, l’espagnol s'associe<br />

à 50/50 à l'ENIE pour produire des<br />

panneaux solaires, 48 millions US$ sur 5<br />

ans.<br />

ACCIONA<br />

Acciona + SNC Lavalin - BTP, immobilier,<br />

transport, services délégués :<br />

Ces groupes détiennent ensemble<br />

51% de la société qui créera sous<br />

contrat BOT de 134 millions d'euros<br />

une usine de désalinisation.<br />

BOUJEBEL<br />

Boujebel / Médis (Tunisie) - Médicaments<br />

: Le groupe prend 50% du capital du laboratoire<br />

algérien Inpha à l'occasion d'une<br />

augmentation de capital de 1,5 million<br />

d'euros.<br />

REPSOL<br />

Repsol-YPF + Gas Natural (Espagne)<br />

- Energie : Andalous LNG, JV avec la<br />

Sonatrach détenue à 80% par Repsol-YPF-Gas<br />

Natural, investira 3 milliards<br />

US$ dans une nouvelle usine<br />

de GNL.<br />

ALGÉRIE<br />

Algérie - Payahi / TPR (Tunisie) - Métallurgie<br />

et recyclage : Tunisie Profilés Aluminium,<br />

filiale du groupe tunisien<br />

Payahi, fait construire une usine autour<br />

d'Alger.<br />

CHINA<br />

China Geo Engineering (Chine) -<br />

Verre, céramique, minéraux, bois,<br />

papier : La société chinoise China<br />

Geo Engineering décroche des<br />

contrats de prospection minière.


C<br />

’est dans une démarche d’internationalisation<br />

du groupe que<br />

Cevital a procédé, le 9 septembre dernier,<br />

à l’inauguration officielle de l’entrée<br />

en production de son unité de<br />

production du verre plat située au<br />

sein de son <strong>com</strong>plexe industriel de<br />

Larbaâ dans la wilaya de Blida. MFG<br />

(Mediterranean Flot Glass), puisque<br />

c’est d’elle qu’il s’agit, représente un<br />

investissement majeur pour le groupe<br />

d’un montant total de 72 milliards de<br />

dinars, soit 100 millions de dollars, financé<br />

à 75% sur fonds propres. Cette<br />

unité produit actuellement 600 tonnes<br />

de verre plat par jour, soit 180. 000<br />

tonnes par an, destinés aux besoins<br />

du marché national pour divers secteurs<br />

à savoir, le bâtiment, l’automobile,<br />

l’ameublement et l’industrie.<br />

30% DE LA CAPACITÉ D’UNE<br />

SEULE LIGNE COUVRE<br />

LE MARCHÉ NATIONAL<br />

Lors de son point de presse, le président<br />

de Cevital, M. Issad Rebrab, a<br />

indiqué que 30% de la capacité d’une<br />

seule ligne de production couvrent<br />

déjà les 100% du besoin du marché<br />

national estimé actuellement à 70<br />

000 tonnes de verre par an. Un besoin<br />

appelé à croître avec la croissance notamment<br />

du secteur du bâtiment.<br />

70% de cette production seront mis,<br />

cette année, sur les marchés maghrébin<br />

et européen faisant passer ainsi<br />

l’Algérie d’une position de pays importateur<br />

à celle d’exportateur du<br />

produit. Pour cela, une filiale de <strong>com</strong>mercialisation<br />

est actuellement en<br />

cours de création en Europe.<br />

La gamme de produit du verre clair<br />

va d’une épaisseur de 2 à 19 mm en<br />

passant par toutes les épaisseurs demandées<br />

par le marché. Quant aux<br />

LE CAHIER DE L’INVESTISSEMENT<br />

LE GROUPE CEVITAL INAUGURE L’ENTRÉE EN PRODUCTION DE L’UNITÉ DE VERRE PLAT DE LARBAÂ<br />

PREMIÈRES EXPORTATIONS<br />

VERS L’EUROPE AVANT FIN <strong>2007</strong><br />

Le <strong>com</strong>plexe industriel de Larbaâ qui s’étale sur 30 hectares avait été inauguré, le 28 mai dernier,<br />

par le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika. Il <strong>com</strong>prend, outre l’unité de production<br />

du verre plat, une unité de production d’éléments préfabriqués en béton dénommée CEVICO<br />

(Cevital construction), ainsi qu’une unité de montage de remorques, ACTS.<br />

L’unité produit<br />

actuellement 600<br />

tonnes de verre<br />

plat par jour, soit<br />

180. 000 tonnes par<br />

an, destinés aux<br />

besoins du marché<br />

national.<br />

dimensions des plateaux de verre,<br />

emballés ou en vrac, elles sont de<br />

1,605m x 2,10m (1/2 DLF), 3,21m x<br />

2,25m (DLF) à 6m x 3,21m (PLF).<br />

L’ambition ne s’arrête pas là<br />

puisqu’avant la fin de l’année en<br />

cours, sera lancée la construction<br />

d’une deuxième ligne de production,<br />

puis une troisième prévue pour 2009<br />

pour arriver au minimum à cinq<br />

lignes de production avant 2015 et atteindre<br />

une capacité de plus de 1 000<br />

000 de tonnes par an. Le but étant de<br />

<strong>com</strong>pter parmi les dix premiers producteurs<br />

de verre plat dans le monde.<br />

Nous avons en outre appris que le<br />

chantier de construction de MFG qui<br />

a démarré en novembre 2005, a nécessité<br />

la mobilisation de plusieurs<br />

milliers d’ouvriers et de techniciens<br />

de différentes nationalités. Aussi,<br />

l’essentiel des équipements mis en<br />

œuvre <strong>com</strong>ptent parmi les meilleurs<br />

disponibles sur le marché mondial<br />

provenant de pays européens dont<br />

l’Allemagne, la France, le Royaume<br />

Uni mais aussi des Etats-Unis. MFG,<br />

ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />

51<br />

filiale à 100% de Cevital, emplois<br />

pour le moment 375 personnes en<br />

plus de plusieurs experts techniques<br />

étrangers.<br />

IGNE COUVRE<br />

LE MARCHÉ<br />

Il est évident que le marché européen<br />

exige des normes de qualité très<br />

stricte que MFG tient à respecter par<br />

la mise en place d’un système d’assurance<br />

qualité ISO 9001.<br />

A noter que le <strong>com</strong>plexe industriel de<br />

Larbaâ qui s’étale sur 30 hectares<br />

avait été inauguré, le 28 mai dernier,<br />

par le président de la République, M.<br />

Abdelaziz Bouteflika. Il <strong>com</strong>prend,<br />

outre l’unité de production du verre<br />

plat, une unité de production d’éléments<br />

préfabriqués en béton dénommée<br />

CEVICO (Cevital construction),<br />

ainsi qu’une unité de montage de remorques,<br />

ACTS. Celle-ci assure pour<br />

sa part le montage de remorques spéciales<br />

pour le transport des plateaux<br />

de verre destinés à l’Europe. <br />

Y. F.


A G R I C U L T U R E<br />

PLAN NATIONAL DE DÉVELOPPEMENT AGRICOLE ET RURAL<br />

DÉRIVES DANS LE BUDGET D’EXÉCUTION<br />

On s’accorde à soutenir<br />

au ministère de l’Agriculture<br />

que 240 milliards de dinars algériens<br />

ont été engagés depuis la mise en<br />

œuvre du Plan national de<br />

développement agricole et rural<br />

(PNDAR) en 2001 et ce, jusqu’à<br />

décembre 2006. D’autres sources<br />

avancent le chiffre de 300 MDA<br />

injectés au titre de ce même<br />

programme. Sur le terrain, il a été fait<br />

constat que le montant des projets<br />

réalisés réellement a atteint<br />

les 154 MDA. Un total révélé par<br />

l’actuel secrétaire général<br />

de ce département<br />

ministériel au cours de l’une<br />

de ses interventions devant<br />

les médias. Une question dès lors<br />

s’impose : où est passée<br />

la différence entre argent engagé<br />

par l’Etat et argent réellement<br />

investi dans des projets<br />

entrant dans le cadre<br />

de la mise en œuvre du PNDA ?<br />

ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />

52<br />

Avec un tel écart on peut se demander<br />

<strong>com</strong>ment il a été possible de<br />

puiser illégalement de l’argent destiné<br />

à la mise œuvre du PNDAR. Certes,<br />

des garde-fous ont été dressés tout au<br />

début du lancement de l’ambitieux<br />

programme pour dissuader les exploitants<br />

agricoles qui voyaient dans cette<br />

nouvelle politique agricole un moyen<br />

de se sucrer sur le dos de l’Etat. En<br />

d’autres termes, tout projet entrant le<br />

cadre strict du PNDAR, et après examen<br />

du dossier déposé par le ou les exploitant<br />

(s) d’une parcelle agricole,<br />

recevait l’aval de financement par la<br />

Direction des Services Agricoles<br />

(DSA). Avec cette nouveauté très spécifique<br />

au secteur, il est à relever que<br />

le payement se faisait après service.<br />

En clair, l’entreprise réalisatrice du<br />

projet ou les fournisseurs d’équipements<br />

agricoles se faisaient payer une<br />

fois que le délégué agricole, chargé du<br />

suivi du dossier ait contrôlé de visu<br />

qu’effectivement des travaux ont été<br />

effectués et des équipements ont été<br />

installés, et c’est seulement à cette<br />

condition que le ou les prestataire (s)<br />

empoche (ent) son ou leur dû.<br />

LES GARDE-FOUS<br />

N’ONT PAS EMPÊCHÉ<br />

L’INDÉLICATESSE<br />

Une démarche que l’on peut qualifier<br />

de légitime à partir du moment où<br />

dans le passé, de l’argent octroyé aux<br />

fellahs pour leur besoin d’exploitation<br />

a vite changé de direction.


1D’ailleurs, des exemples de ce genre<br />

sont légion. Et ce sont des milliards<br />

de dinars de crédit qui n’ont jamais<br />

été remboursés. On <strong>com</strong>prend, dès<br />

lors, pourquoi le ministère de l’Agriculture<br />

a opté pour la formule suivante:<br />

payement après service, pour<br />

éviter toute dérive. On rappellera<br />

également que dans les premières années<br />

de l’application du PNDA qui est<br />

devenu par la suite le PNDAR, beaucoup<br />

de prestataires de services,<br />

sinon la majorité se sont plaints de la<br />

lenteur de leur payement et considéraient<br />

parfois que le délai était trop<br />

long, mettant ainsi à mal leur budget<br />

de fonctionnement, ce qui parfois<br />

les a pénalisés lourdement au point<br />

où ils se retrouvent contraints de ralentir<br />

considérablement leurs activités<br />

professionnelles. Dans nombre de<br />

cas, ils n’ont pas jugé bon d’investir<br />

dans les gros marchés, sinon de<br />

consentir des efforts pour un projet de<br />

moindre envergure.<br />

LA SURFACTURATION,<br />

UN MOYEN DE SE SUCRER<br />

SANS TROP DE RISQUES<br />

A partir de ces entraves, dont le ministère<br />

de l’Agriculture a eu vent, il en est<br />

ressorti une directive dudit département<br />

ministériel invitant les organismes<br />

payeurs ainsi que les DSA<br />

d’accélérer le payement des prestations<br />

des services ac<strong>com</strong>plis. Il est vrai<br />

que des améliorations ont été enregistrées<br />

sur le terrain du recouvrement,<br />

sauf que cela n’a pas empêché des<br />

prestataires du secteur de l’agriculture<br />

sans scrupules et agissant de<br />

connivence avec des exploitants agricoles<br />

davantage enclins à gagner de<br />

l’argent facile, de gonfler considérablement<br />

les factures de leurs prestations<br />

et des prix de vente des équipements<br />

nécessaires à la concrétisation de projets<br />

d’exploitation de périmètres agricoles.<br />

A titre d’exemple, il a été<br />

constaté que des forages ont été exécutés<br />

à des prix dépassant tout entendement.<br />

Des moteurs pompes installés<br />

et payés rubis sur l’ongle, mais qui<br />

n’ont été mis en service que le temps<br />

de voir le délégué agricole signer le PV<br />

d’attestation de service fait.<br />

Outres des plants de vignes, d’arbres<br />

fruitiers, d’oliviers et autres arbres<br />

A G R I C U L T U R E<br />

Arbres fruitiers et<br />

autres arbres<br />

rustiques sont<br />

livrés<br />

à des prix<br />

dépassant<br />

le double.<br />

Le systèmes<br />

d’irrigation au<br />

goutte à goutte a<br />

connu, lui<br />

aussi, des<br />

surfacturations...<br />

rustiques livrés à des prix dépassant<br />

quelquefois le double de leur prix réel<br />

sur le marché, les systèmes d’irrigation<br />

au goutte à goutte ont connu, eux<br />

aussi, des surfacturations. Dans ce<br />

même chapitre de la fourberie, la liste<br />

est longue, occasionnant des pertes<br />

d’argent considérables qui auraient<br />

dû être mis à profit par de vrais exploitants<br />

agricoles cherchant avant<br />

Devant ces détournements<br />

à répétition, des directeurs<br />

de DSA sont montés<br />

au créneau<br />

pour débusquer<br />

tous les fraudeurs...<br />

ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />

53<br />

tout à développer leurs activités et<br />

non pas à chercher qui du prestataire<br />

le plus véreux pour partager, à parts<br />

bien sûr disproportionnées (le gros du<br />

butin revenant aux prestataires de<br />

service) l’argent issu de la surfacturation.<br />

COMPLICITÉS<br />

ET AUTRES DÉRIVES<br />

Si plusieurs cas de duplicité ont été<br />

mis au jour et leurs auteurs traduits<br />

en justice, il n’en reste pas moins que<br />

de nombreuses autres dérives n’ont<br />

pu être mis à nu et ce, faute de<br />

contrôle assidu ou par la <strong>com</strong>plicité<br />

de responsables censés suivre à lettre<br />

l’exécution d’un projet agricole soutenu<br />

par le budget du PNDAR.<br />

Devant ces détournements à répétition,<br />

des directeurs de DSA sont montés<br />

au créneau pour débusquer tous<br />

les fraudeurs. Dans les wilayas à vocation<br />

essentiellement agricole, les<br />

responsables du secteur de l’agriculture<br />

sont conscients que la mission<br />

fondamentale à l’heure actuelle<br />

consiste à mener des opérations<br />

d’évaluation et de contrôle de tous les<br />

projets soutenus par l’Etat.


Selon le département du ministère de<br />

l’Agriculture chargé du suivi et de<br />

l’évaluation de la mise en œuvre du<br />

PNDAR, 1.500 exploitations agricoles<br />

sur 6000 ont été contrôlées non sans<br />

reconnaître que l’opération a révélé<br />

des cas suspects. Devant cet état de<br />

fait, le ministère de l’Agriculture<br />

vient d’ordonner aux DSA de ne plus<br />

traiter de dossier de projet agricole, et<br />

tout traitement administratif en rapport<br />

avec le PNDAR est, pour l’instant<br />

gelé.<br />

REVOIR LA COPIE<br />

EN MATIÈRE DE FINANCE<br />

Est-ce à dire qu’il est mis fin à l’exécution<br />

du Plan national de développement<br />

agricole et rural ou bien<br />

serait-ce là une mesure conjoncturelle<br />

pour donner le temps aux décideurs<br />

de revoir leur copie en matière de soutien<br />

financier accordé par l’Etat aux<br />

travailleurs de la terre qui sollicitent<br />

le financement de leur projets. Apparemment,<br />

la deuxième hypothèse est<br />

la plus plausible. Et pour preuve, il<br />

est projeté que la mise en œuvre du<br />

A G R I C U L T U R E<br />

1.500 exploitations<br />

agricoles<br />

sur 6000 ont été<br />

contrôlées,<br />

l’opération<br />

a révélé<br />

des cas suspects.<br />

PNDAR à l’horizon 2014 va permettre<br />

d’accroître l’investissement dans<br />

les zones rurales et les exploitations<br />

agricoles pour près de 150 milliards<br />

DA par an nécessitant une incitation<br />

financière publique de 73 milliards de<br />

DA.<br />

Les investissements seront orientés à<br />

hauteur de 54 % vers la modernisation<br />

des exploitations agricoles et les<br />

entreprises de services, le reste, soit<br />

46 %, sera consacré au développement<br />

socio-économique des ménages<br />

ruraux, la protection des ressources<br />

naturelles et au développement durable<br />

des territoires ruraux. Pour peu<br />

que le terrain de la concrétisation de<br />

ces ambitieux objectifs soit défriché<br />

de ses acteurs mal intentionnés, et<br />

que les règles d’aide soient bien<br />

définies. <br />

Soufiane Yliès


ENVIRONNEMENT<br />

CHANGEMENTS<br />

CLIMATIQUES<br />

LA PRISE<br />

DE CONSCIENCE<br />

DES ALGERIENS<br />

Quand le climat intervenait par caprices sur les cultures et faisait chuter les<br />

productions agricoles entraînant un surenchérissement des prix des fruits et<br />

légumes au marché et le mécontentement des consommateurs, il y avait toujours<br />

l’espoir que la saison suivante serait meilleure, selon l’alternance «bon an, mal<br />

an». Depuis quelques années, si le climat fausse les calculs, c’est, disent les experts,<br />

à cause de son dérèglement dû aux gaz à effet de serre qui ont provoqué des changements<br />

inquiétants. Les paysans continuent d’imputer les contre-performances de<br />

leur production au climat mais certains parmi eux <strong>com</strong>mencent à saisir qu’il s’agit<br />

moins de caprices que de changements profonds auxquels il faudra s’adapter en permanence.<br />

En 2006, des céréaliculteurs ont décidé de retarder de plusieurs semaines la campagne<br />

labours semailles parce que le climat n’était pas au rendez vous. En <strong>2007</strong>, un<br />

opérateur a été jusqu’à expliquer la cherté des fruits durant le ramadhan par le fait<br />

qu’il n’y a pas eu d’été. Vrai ou faux, le plus significatif est cette récurrence dans<br />

l’évocation du facteur climatique qui semble devenir le déterminant principal ou,<br />

plutôt, un élément d’incertitude absolue dans le secteur de l’agriculture. <br />

ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />

55


LA PRISE DE CONSCIENCE<br />

DES ALGERIENS<br />

<br />

Sans doute insensibles au<br />

phénomène de la fonte des<br />

glaces qui a été le thème de la<br />

journée mondiale de l’environnement,<br />

le 5 juin dernier, les<br />

Algériens sont, naturellement,<br />

plus attentifs aux effets<br />

du climat qui sont plus<br />

proches de leur vie quotidienne<br />

surtout lorsqu’ils touchent<br />

à leur alimentation. Il<br />

faut rappeler que la neige<br />

n’est, en dehors des cimes,<br />

qu’accessoirement présente<br />

dans notre paysage dominé<br />

plutôt par le désert. Mais les<br />

familiers des sommets des<br />

montagnes – dans l’Ouarsenis,<br />

le Djurdjura ou du côté de<br />

Tlemcen – ont certainement<br />

constaté, <strong>com</strong>me l’ont relevé<br />

les experts, que la neige<br />

tombe moins souvent. Par<br />

contre, les canicules se font<br />

plus fréquentes et il ne faut<br />

pas être spécialiste du climat<br />

pour en faire l’observation ni<br />

attendre de voir une série significative<br />

pour croire ceux<br />

qui prédisent que, dans notre<br />

pays, les températures vont<br />

augmenter de quelques degrés<br />

dans cette première moitié du<br />

siècle. Les plus pessimistes<br />

s’appuient sur les modèles<br />

météorologiques qui prévoient<br />

une hausse de température de<br />

3 à 6 degrés, entraînant le déplacement<br />

des zones climatiques.<br />

Leur verdict est<br />

effrayant : sous cette hypothèse,<br />

l’Algérie pourrait être<br />

entièrement couverte par le<br />

désert.<br />

LA PLANÈTE PAIE POUR<br />

DES ACTES COMMIS<br />

PAR LES GROS<br />

POLLUEURS<br />

Les problèmes globaux de l’environnement,<br />

dont font partie<br />

les changement climatiques,<br />

sont ainsi : toute la planète<br />

paie pour des actes <strong>com</strong>mis<br />

principalement par quelques<br />

pays gros pollueurs. La part<br />

E N V I R O N N E M E N T<br />

de l’Algérie dans l’émission<br />

des gaz à effet de serre, responsables<br />

des changements<br />

climatiques, est plutôt faible,<br />

mais sa vulnérabilité à leur<br />

impact est alarmante. Il ne<br />

s’agit pas seulement de la<br />

gymnastique à laquelle seront<br />

contraints les paysans pour<br />

suivre le cycle des saisons<br />

sous l’influence des changements<br />

climatiques. Le rendement<br />

dans l’agriculture s’en<br />

Les plus pessimistes<br />

s’appuient<br />

sur les modèles<br />

météorologiques<br />

qui prévoient<br />

une hausse de<br />

température<br />

de 3 à 6 degrés,<br />

entraînant le<br />

déplacement<br />

des zones<br />

climatiques.<br />

ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />

56<br />

Les familiers<br />

des sommets ont constaté<br />

que la neige<br />

se fait de plus en plus rare.<br />

ressentira forcément. L’impact<br />

sur l’agriculture est également<br />

dû à la réduction de la<br />

pluviométrie qui affecterait en<br />

même temps les ressources<br />

hydriques. Des secteurs industriels<br />

en pâtiraient.<br />

UNE MONTÉE<br />

DU NIVEAU<br />

DE LA MÉDITERRANÉE<br />

Les spécialistes parlent aussi<br />

d’une montée du niveau de la<br />

Méditerranée qui fragiliserait<br />

l’infrastructure littorale et<br />

portuaire. Quant aux violents<br />

orages, l’épisode de novembre<br />

2001 à Bab el Oued nous a<br />

renseignés sur les dégâts catastrophiques<br />

qu’ils peuvent<br />

causer. Les modifications<br />

dans le climat pourraient, diton,<br />

provoquer des maladies<br />

contagieuses nouvelles.<br />

En fait, il faut être Al Gore<br />

pour décrire, dans le menu détail<br />

et avec pédagogie, par<br />

l’image et par le son, ce que<br />

sera le pays si le système d’activités<br />

économiques qui domine<br />

le monde n’est pas<br />

remplacé pour limiter l’émission<br />

de gaz à effet de serre et<br />

sauver la Terre en danger. <br />

M’hamed Rebah


Face à cette perspective<br />

apocalyptique, que fait<br />

l’Algérie ? Notre pays a ratifié<br />

la Convention-cadre sur les<br />

changements climatiques qui<br />

avait été signée en juin 1992<br />

et a <strong>com</strong>mencé à remplir les<br />

engagements qui en découlent<br />

notamment par l’élaboration<br />

de son plan national de<br />

lutte contre les gaz à effet de<br />

serre et la création de<br />

l’Agence nationale des changements<br />

climatiques qui est<br />

l’instrument de conception et<br />

de mise en œuvre de la politique<br />

nationale en la matière.<br />

Le plan national a pour objet<br />

l’atténuation des émissions<br />

de gaz à effet de serre et<br />

l’adaptation pour limiter les<br />

effets des changements climatiques<br />

sur les ressources<br />

naturelles et le développement<br />

socio-économique. Il envisage<br />

l’aménagement du<br />

bassin versant du Hodna et<br />

des plantations forestières et<br />

E N V I R O N N E M E N T<br />

CHANGEMENTS CLIMATIQUES<br />

QUE FAIT L’ALGÉRIE ?<br />

Reboisement<br />

massif et nouvelles<br />

infrastructures<br />

agricoles :<br />

Plusieurs mésures<br />

à prendre dans les<br />

meilleurs délais.<br />

Les pouvoirs publics ont la volonté de développer<br />

les énergies renouvelables et de maîtriser<br />

les consommations énergétiques.<br />

fruitières dans certaines<br />

zones pour la séquestration<br />

du dioxyde de carbone.<br />

DES MESURES<br />

DANS LES SECTEURS<br />

VULNÉRABLES<br />

Le plan national énonce les<br />

mesures à prendre dans les<br />

secteurs particulièrement<br />

vulnérables pour réaliser des<br />

actions d’adaptation : agriculture<br />

(reboisement massif,<br />

nouvelles infrastructures et<br />

pratiques agricoles, calendrier,…),<br />

eau (dessalement<br />

d’eau de mer, réutilisation<br />

des eaux usées épurées dans<br />

l’agriculture et l’industrie),<br />

énergie (récupération des gaz<br />

torchés des puits de pétrole,<br />

développement de l’utilisation<br />

du gaz pour l’industrie et<br />

les besoins domestiques, traitement<br />

des rejets industriels<br />

et des boues de forage, mise à<br />

niveau des centrales électriques,<br />

développement des<br />

ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />

57<br />

réseaux de carburants peu<br />

polluants), industrie (amélioration<br />

de l’efficacité énergétique<br />

dans le secteur<br />

industriel).<br />

Dans le secteur de l’énergie,<br />

un projet d’un montant de<br />

100 millions de dollars, réalisé<br />

par Sonatrach et British<br />

Petroleum, doit permettre de<br />

réduire d’un million de<br />

tonnes les émissions de gaz à<br />

effet de serre de l’Algérie<br />

grâce à un projet d’enfouissement<br />

sous 1.500 m dans le<br />

périmètre d’In Salah du<br />

dioxyde de carbone rejeté par<br />

les champs d’hydrocarbures<br />

(deux autres projets de ce<br />

type sont opérationnels au<br />

Canada et dans la mer du<br />

Nord, au large de la côte norvégienne).<br />

Les techniques de<br />

piégeage et de stockage du<br />

dioxyde de carbone permettent<br />

de piéger ce gaz, de<br />

l'acheminer dans des canalisations<br />

et de l'injecter dans<br />

des formations géologiques.<br />

SONATRACH :<br />

LE RECOURS<br />

AU MÉCANISME<br />

DE DÉVELOPPEMENT<br />

PROPRE<br />

La Sonatrach a d’autres projets<br />

d’un montant global de<br />

220 millions de dollars,<br />

jusqu’en <strong>2007</strong>, pour réduire le<br />

taux de torchage de gaz lié à<br />

la production pétrolière à<br />

moins de 7 % et rendre possible<br />

l’élimination totale du torchage<br />

à <strong>com</strong>pter de 2010 par<br />

le recours notamment au Mécanisme<br />

de développement<br />

propre.


E N V I R O N N E M E N T<br />

CHANGEMENTS<br />

CLIMATIQUES<br />

QUE FAIT<br />

L’ALGÉRIE ?<br />

<br />

Les pouvoirs publics ont la<br />

volonté de développer les<br />

énergies renouvelables et de<br />

maîtriser les consommations<br />

énergétiques. Promulguée en<br />

1999, la loi relative à la maîtrise<br />

de l'énergie a pour objectif<br />

d’améliorer l’efficacité<br />

énergétique et de favoriser<br />

l’atténuation de l'impact du<br />

système énergétique sur l'environnement<br />

et la réduction<br />

des émissions de gaz à effet<br />

de serre. Cette loi a été suivie<br />

de celle sur les énergies renouvelables<br />

et le décret de diversification<br />

des coûts des<br />

énergies renouvelables.<br />

L’ ALGÉRIE A RATIFIÉ<br />

LE PROTOCOLE<br />

DE KYOTO EN 2004<br />

L’Algérie a ratifié également,<br />

en avril 2004, le Protocole de<br />

Kyoto qui ne lui impose aucune<br />

obligation mais peut la<br />

faire bénéficier du Mécanisme<br />

de développement propre,<br />

institué par le protocole,<br />

qui permet aux pays industrialisés<br />

de financer des projets<br />

de réduction des<br />

émissions dans les pays en<br />

développement, par l’introduction<br />

de technologies propres,<br />

qui répondent aux<br />

conditions d’un développement<br />

durable, moyennant un<br />

partage des crédits de pollution<br />

découlant de cette réduction.<br />

L’autorité nationale<br />

désignée, prévue par l’article<br />

12 du protocole de Kyoto, a<br />

été mise en place. Sa mission<br />

consiste à faire le tri dans les<br />

projets éligibles aux mécanismes<br />

du développement<br />

propre. Elle est constituée<br />

des représentants de plusieurs<br />

ministères. <br />

M’hamed Rebah<br />

La Conférence de Bali est censée produire<br />

un calendrier de négociations qui conduiraient fin 2009<br />

à un accord pour accélérer les réductions des émissions<br />

de gaz à effet de serre.<br />

Du 3 au 14 décembre à<br />

Bali, en Indonésie, les<br />

Nations unies organisent une<br />

conférence internationale sur<br />

les changements climatiques<br />

pour lancer les négociations –<br />

qui seront longues et délicates,<br />

prévoit le secrétaire général<br />

des Nations unies, Ban<br />

Ki-moon – sur un nouveau<br />

pacte appelé à succéder au<br />

protocole de Kyoto (élaboré<br />

en décembre 1997), qui expire<br />

en 2012. Les pays en développement,<br />

notamment l'Inde et<br />

la Chine, aux pays développés<br />

dans la lutte contre les<br />

émissions de gaz à effet de<br />

serre, seront associés à l’accord<br />

qui en sortira.<br />

BAN KI-MOON<br />

A DEMANDÉ UN PRO-<br />

GRÈS SUBSTANTIEL<br />

La Conférence de Bali est<br />

censée produire un calendrier<br />

de négociations qui conduiraient<br />

fin 2009 à un accord<br />

pour accélérer et accentuer<br />

les réductions des émissions<br />

ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />

58<br />

APRÈS<br />

KYOTO, BALI<br />

de gaz à effet de serre. Une<br />

fois ratifié, ce qui devrait<br />

prendre deux ans, l'accord<br />

succèdera à la première<br />

phase du Protocole de Kyoto,<br />

qui expire fin 2012.<br />

Le 24 septembre dernier, lors<br />

du sommet inédit à l'ONU<br />

sur le climat, les Européens<br />

ont appelé à réduire de moitié<br />

d'ici à 2050 les émissions de<br />

gaz à effet de serre. La<br />

Grande-Bretagne a affirmé<br />

que la Conférence de Bali devrait<br />

adopter un objectif de<br />

réduction des émissions de<br />

ces gaz "d'au moins 50%" des<br />

niveaux de 1990 d'ici à 2050.<br />

Ban Ki-moon a demandé un<br />

progrès substantiel à Bali et<br />

a appelé les dirigeants du<br />

monde à une action immédiate<br />

: "le changement climatique<br />

et la réponse que nous y<br />

apporterons définiront notre<br />

époque et détermineront l'héritage<br />

global que nous laisserons<br />

aux générations<br />

futures". <br />

M‘h. R.


A U T O M O B I L E<br />

IVAL LANCE LA FIAT LINEA DANS LE NOUVEAU SHOW ROOM DE HYDRA<br />

DESIGN ÉLÉGANT ALLIÉ AU DYNAMISME<br />

Cette deuxième structure dans<br />

l’Algérois, après celle de Caroubier<br />

qui a nécessité une dizaine de<br />

milliards de centimes, est dotée d’un<br />

show room édifié aux normes internationales<br />

conçu par le groupe en prenant<br />

en considération la charte et la<br />

signalétique du constructeur Fiat,<br />

avec un grand parking autour réservé<br />

aux visiteurs. Mais l’événement a été<br />

choisi aussi pour le lancement officiel<br />

de la nouvelle Fiat Linea, un modèle<br />

très prisé en Europe actuellement,<br />

réalisé par Fiat Auto et Tofas dans le<br />

cadre du partenariat paritaire ; présentée<br />

déjà une de ça en Turquie, la<br />

Linea est une berline du segment «C»<br />

qui allie fonctionnalité et plaisir de<br />

conduite avec un rapport qualité/prix<br />

très <strong>com</strong>pétitif.<br />

Ce produit est d’une excellente esthétique,<br />

la Fiat Linea quatre portes, caractérisée<br />

par des dimensions<br />

généreuses, qui la situent en tête de<br />

son segment ; elle mesure 4,56 m de<br />

longueur, 1,73 m de largeur et 1,5 m<br />

de hauteur, avec un empattement de<br />

2,6 m et un coffre à bagages de 500<br />

litres.<br />

UNE TECHNOLOGIE<br />

SOPHISTIQUÉE POUR LA SÉCURITÉ<br />

Côté motorisation, la Linea doit son<br />

tempérament brillant à un moteur<br />

qui allie performance élevée, consommation<br />

réduite et respect de l’environnement<br />

(ils sont tous euro 4) et<br />

une consommation de 6,3 l par 100<br />

km en cycle mixte.<br />

La gamme destinée au marché algérien<br />

<strong>com</strong>prendra un moteur à essence<br />

(1.4 8V de 77cw), un turbo diesel (1.3<br />

multijet 16V de 90 cw) avec turbine à<br />

géométrie variable, accouplés à des<br />

boites de vitesses mécaniques à cinq<br />

rapport. La Fiat Linea offre un style<br />

original, une mécanique évoluée et<br />

fiable,un confort et des qualités de reprise<br />

garanties.<br />

Rubrique animée par Hafid Beg.<br />

C’est vrai que le bonheur ne vient jamais seul. En inaugurant sa nouvelle structure de vente<br />

à Hydra sur les hauteurs d’Alger , le groupe IVAL, représentant exclusif de Fiat en Algérie, entend conférer<br />

à la marque italienne sa place qui lui sied dans notre pays.<br />

La Fiat Linea<br />

est fabriquée à<br />

l’usine turque<br />

de Bursa,<br />

le constructeur<br />

prévoit<br />

l’immatriculation<br />

de 60.000<br />

unités/ an.<br />

En matière de sécurité, Linea a bénéficié<br />

de la technologie la plus sophistiquée<br />

pour une sécurité active et<br />

passive ; avec ABS le plus évolué intégrant<br />

un correcteur électronique de<br />

freinage EBD, 6 airbags smart 2, capable<br />

d’adapter automatiquement les<br />

paramètres d’activation en fonction<br />

La Fiat Linea<br />

quatre portes, caractérisée<br />

par des dimensions<br />

généreuses,<br />

qui la situent en tête<br />

de son segment ;<br />

elle mesure 4,56 m<br />

de longueur, 1,73 m de<br />

largeur et 1,5 m<br />

de hauteur,<br />

avec un empattement<br />

de 2,6 m et un coffre<br />

à bagages<br />

de 500 litres.<br />

ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />

60<br />

de la violence de l’impact. Pour ce qui<br />

est de la sécurité, Linea, équipée<br />

aussi de ceintures avant munies d’enrouleurs<br />

de prétensionneurs et de limiteur<br />

de charge, et les<br />

«window-bags» qui sont des coussins<br />

qui descendent le long de vitres pour<br />

protéger la tête des occupants en cas<br />

de collision, disponible en option. Ce<br />

sont là en synthèse, les atouts majeurs<br />

de la Fiat Linea qui entend<br />

jouer un rôle de premier plan dans<br />

son segment «C», où se mesurent les<br />

grands constructeurs du monde.<br />

LA FIAT LINEA<br />

À 1.170.000 DA<br />

La Fiat Linea est fabriquée à l’usine<br />

turque de Bursa, le constructeur prévoit<br />

l’immatriculation de 60.000 unités/<br />

an. Elle sera aussi produite au<br />

Brésil, Inde, Chine et Russie. Ce modèle<br />

est proposé en Algérie avec un<br />

prix (rationnel) de 1.170.000 DA,<br />

pour le groupe Ival qui <strong>com</strong>pte beaucoup<br />

sur les qualités pour doper ses<br />

ventes au cours de la fin de l’exercice<br />

<strong>2007</strong>.


A U T O M O B I L E<br />

UN INVESTISSEMENT DE 2 MILLIARDS DE DINARS POUR LE NOUVEAU MAGASIN CENTRAL<br />

RENAULT S’ENGAGE POUR LA QUALITÉ ET LA SÉCURITÉ<br />

Le constructeur français<br />

Renault a procédé<br />

le mois dernier<br />

à l’inauguration de son<br />

nouveau magasin central<br />

de pièces de rechange,<br />

au cœur de la Mitidja,<br />

avec un coût d’investissement<br />

qui avoisine les deux<br />

milliards de dinars.<br />

Une première dans le<br />

marché national, cette<br />

nouvelle structure se situe à<br />

Tessala El Merdja sur l’autoroute<br />

Alger-Blida, avec<br />

une superficie globale de<br />

l’ordre de 15.000 m² dotée<br />

de plus de vingt mille références<br />

dans le but de garantir<br />

la qualité de la pièce<br />

Renault et Dacia sur le<br />

marché et permettre aussi à<br />

l’avenir une disponibilité<br />

permanente. Signalons, au<br />

LA NOUVELLE LAGUNA : LUXE ET PUISSANCE<br />

R<br />

enault a présenté sa nouvelle Laguna au cours de la<br />

deuxième semaine de septembre à l’hôtel Sofitel, un<br />

model qui se place dans l’univers du haut de gamme, mais<br />

qui ne sera <strong>com</strong>mercialisé qu’au début de l’exercice 2008 en<br />

Algérie. Laguna a été conçue pour figurer dans le top 3 du<br />

segment de haut de gamme en matière de qualité produit.<br />

La nouvelle Laguna apporte d’avantage un niveau de sécurité<br />

de confort au meilleur niveau de la catégorie ; <strong>com</strong>me<br />

elle fait partie des jokers incontournable du haut de gamme<br />

que <strong>com</strong>pte proposer à l’avenir proche le constructeur français<br />

pour atteindre les ventes de deux cents mille unités de<br />

cette catégorie à l’horizon 2010.<br />

Elle est équipée d’un moteur de 2 l avec 16 soupapes E développant<br />

145 cw de puissance, et pourra <strong>com</strong>pter des motorisations<br />

diesel associées à une boite à vitesse automatique<br />

proactive à 6 rapports avec une isolation renforcée entre la<br />

motorisation et l’habitacle de haut niveau. Laguna intègre<br />

de nouvelles technologies de pointe et un ensemble de prestations<br />

de premiers ordres. On peut citer le frein parking<br />

automatique, carte Renault main libre, le GPS, …<br />

Elle est parmi les huit modèles de haut de gamme qu’ambitionne<br />

le constructeur de lancer dans cadre du plan<br />

«contrat 2009» pour regagner les parts du marché perdus en<br />

Europe ces deux dernières années et poursuivre le développement<br />

à l’international. <br />

ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />

61<br />

passage, ce que le directeur<br />

Général de Renault Algérie<br />

nous a dévoilé au début de<br />

l’exercice <strong>2007</strong>, cet important<br />

investissement qui permettra<br />

davantage à faire<br />

barrage à la pièce contre-<br />

LECHIFFRE<br />

faite, qui constitue un fléau<br />

dangereux en matière de la<br />

sécurité routière où les accidents<br />

entraînent plus de<br />

trois mille décès annuellement.<br />

En attendant le lancement<br />

du projet du centre national<br />

de formation, Renault affiche<br />

ses ambitions visant la<br />

satisfaction en permanence<br />

des besoins de la clientèle<br />

algérienne, qui ne cesse de<br />

grandir. Ceci nécessite sûrement<br />

des projets de grande<br />

envergure pour le développement<br />

de la filiale du<br />

constructeur, dans un marché<br />

prometteur en pleine<br />

progression. <br />

CHEVROLET EN PREMIÈRE POSITION<br />

Chevrolet a créé la surprise en devenant leader des<br />

meilleures ventes des véhicules de tourisme, AVEO<br />

se propulse en tête des ventes par modèles, tous segments<br />

confondus cette année, avec 11.221 unités vendues<br />

à la fin août. Ce modèle est sans conteste, la valeur sûre<br />

de la marque américaine. AVEO est suivie à la deuxième<br />

place par le Hilux de Toyota, un cheval de bataille du premier<br />

constructeur mondial sur le marché algérien, par<br />

contre, la micro citadine de Hyundai se positionne en 3e<br />

place des ventes au huitième mois de l’exercice <strong>2007</strong> avec<br />

des ventes qui dépassent les sept mille unités et Dacia<br />

Logan qui se maintient dans le top five avec une conquête<br />

qui se rapproche de sept mille nouveaux clients suivie<br />

d’un model de la maison mère (Renault) Clio classic qui<br />

fait dans la continuité de la réussite avec plus de six mille<br />

nouvelles immatriculations.


MONDE<br />

FOIRE INTERNATIONALE DE L’ÉLECTRONIQUE À BERLIN, IFA <strong>2007</strong><br />

DES CONTRATS<br />

POUVANT DÉPASSER<br />

LES 2,5 MILLIARDS D’EUROS<br />

De notre envoyée spéciale à Berlin<br />

Yasmine Ferroukhi<br />

Inaugurée par le ministre fédéral<br />

de l’Economie allemand, M. Michael<br />

Glos, en présence du président<br />

du parlement européen, Hans Gert<br />

Pöttering, et quelque 600 invités VIP,<br />

la IFA <strong>2007</strong> a connu cette année encore<br />

un franc succès avec une participation<br />

record avec plus de 1.170<br />

exposants venant de 32 pays, 250.000<br />

visiteurs et pas moins de 7.000 journalistes.<br />

Comme indiqué par le ministre,<br />

«la numérisation est à la base<br />

de toutes les évolutions». Ce qui a caractérisé<br />

l’édition de cette année<br />

reste la télévision à haute définition<br />

(HDTV) et la télévision interactive<br />

sur Internet (IPTV).<br />

LA PLUS GRANDE<br />

ET LA PLUS ANCIENNE FOIRE<br />

D’ALLEMAGNE ET D’EUROPE<br />

Dans une rencontre avec quelques<br />

journalistes de la presse algérienne,<br />

les organisateurs de l’évènement, à<br />

savoir GFU (Gesllschaft Fûr Unterhaltungs-und),<br />

ont tenu à souligner<br />

qu’il s’agit en effet, de «la plus grande<br />

foire d’Allemagne et d’Europe». Elle<br />

est également la plus ancienne<br />

puisqu’elle existe depuis 1924 pour<br />

présenter régulièrement les dernières<br />

avancées technologiques, tel<br />

que précisé par M. Roland M. Stehle,<br />

chargé des relations avec la presse à<br />

GFU. Ce dernier a rappelé au passage<br />

que c’est lors de la foire de 1932<br />

que la radio auto a été présentée pour<br />

la première fois au public, de même<br />

que la TV couleur en 1976. Cela a été<br />

aussi le cas, plus tard, pour le disque<br />

<strong>com</strong>pact (CD) ainsi que pour les produits<br />

vidéo de haute définition HD<br />

(high definition).<br />

<br />

ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />

62<br />

Comme annoncé dans notre précédente<br />

édition, la Foire internationale de<br />

l’électronique, IFA <strong>2007</strong>, s’est tenue dans<br />

la capitale de la République fédérale<br />

d’Allemagne du 31 août au 5 septembre<br />

derniers dans sa 47e édition.<br />

PARTICIPATION DE LG ELECTRONICS À IFA <strong>2007</strong> DE BERLIN<br />

ENCORE DES NOUVEAUTÉS<br />

DANS UN MONDE DIGITAL<br />

A l’instar de ses concurrents, LG Electronics a également eu son<br />

mot à dire lors de cette grandiose manifestation qu’est la IFA <strong>2007</strong> en<br />

dévoilant ses dernières innovations dotées de la plus haute technologie<br />

et alliant l’utilité à l’élégance. Objectif de sa présence à Berlin, attirer<br />

une nouvelle catégorie de clientèle, les riches d’Europe. C’est ce<br />

que nous a déclaré M. Tae Bong Kim, vice-président de LG Electronics<br />

Design Center. Les produits phares dévoilés lors de l’exposition déclinent<br />

en deux catégories, les «Design Art» et les «leaders des industries<br />

technologiques».


M. Roland a, par ailleurs, précisé que<br />

«le marché de l’électronique est actuellement<br />

en pleine expansion en Allemagne<br />

et pourrait atteindre cette<br />

année les 23 milliards d’euros avec<br />

une tendance pour les produits à<br />

usage domestique».<br />

SIGNATURE DE CONTRATS<br />

AVEC DES STARS<br />

Pour mieux attirer le public vers cette<br />

foire, les organisateurs n’ont pas hésité<br />

à signer plusieurs contrats avec<br />

des stars de la chanson et autres célébrités<br />

pour donner une véritable ambiance<br />

de fête à l’évènement.<br />

Interrogé sur le chiffre d’affaires de<br />

l’entreprise organisatrice, notre hôte<br />

déclare qu’il tourne autour de 160<br />

millions d’euros et s’est vu multiplier<br />

par cinq durant les cinq dernières années.<br />

Quant à la valeur des contrats<br />

que la IFA 2006 a permis de signer<br />

entre opérateurs, elle est de 2,5 mil-<br />

DES TÉLÉVISEURS LCD<br />

ART ET TECHNOLOGIE<br />

ans la première catégo-<br />

Drie, on a pu apprécier sur<br />

place les écrans d’affichage à<br />

cristaux liquides, dits LCD,<br />

avec des supports sous forme<br />

annulaire conférant un look<br />

des plus modernes. La ligne<br />

<strong>com</strong>porte des hauts parleurs<br />

couverts d’un film spécial les<br />

tenant hors de vue sans pour<br />

autant affecter la qualité du<br />

son. Ces téléviseurs HD offre<br />

une vive vision grâce au moteur<br />

XD exclusif de LG avec<br />

un taux de contraste permettant<br />

une gamme de couleurs<br />

plus variée.<br />

Grâce à la technologie dite<br />

«Intelligent Eye» incorporée<br />

pour optimiser l'éclat et le<br />

contraste, les téléspectateurs<br />

peuvent apprécier une meilleure<br />

qualité d’image sans affecter<br />

leurs yeux.<br />

Autre nouveauté, dans les<br />

Home cinema cette fois, la<br />

forme des haut-parleurs en<br />

verre de champagne avec une<br />

grande conversion (HDMI<br />

1080p) et doté d’un Simplink<br />

permettant au téléviseur<br />

d’être <strong>com</strong>patible avec un<br />

grand nombre d’équipements<br />

numériques. <br />

MONDE<br />

liards d’euros. Il est attendu que cette<br />

barre soit largement dépassée pour<br />

cette édition <strong>2007</strong> vu le nombre de<br />

participants.<br />

Une virée à travers les différents et<br />

immenses stands des géants mondiaux<br />

de l’électronique, mais aussi<br />

des moins connus, nous a plongés<br />

dans un monde fascinant où tout devient<br />

possible et simple. Les nombreux<br />

exposants se sont surpassés en<br />

innovations, que ce soit dans la caté-<br />

vient de dévoiler son<br />

LGdernier Smartphone à<br />

grande vitesse HSDPA, plus<br />

connu sous l’appellation LG-<br />

KS20 à l’occasion de l’IFA <strong>2007</strong>.<br />

Les Smartphones ont ainsi<br />

capté l'attention des visiteurs<br />

de l’exposition, dont le LG-<br />

KS20 équipé de Windows 6, eu<br />

égard à ses hautes capacités<br />

mobiles via Internet. Son<br />

écran tactile et son interface<br />

<strong>com</strong>plète lui confèrent, entre<br />

autres, une capacité de téléchargement<br />

supérieure de 3.6<br />

Mbps.<br />

Ainsi, en raison d’une plus<br />

large utilisation d’Internet, la<br />

technologie HSPDA est à son<br />

tour de plus en plus demandée<br />

et LG se place en leader mondial<br />

de la technologie 3G (troisième<br />

génération des mobiles<br />

ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />

63<br />

gorie des produits audio, vidéo et hi<br />

fi, ou encore dans le domaine des applications<br />

émergentes telles que la réception<br />

TV sur radio téléphones et<br />

systèmes de navigation automobiles.<br />

Parmi les exposants, il y a lieu de<br />

citer Philips, Sharp, Sony, Astra,<br />

Deutsche Tele<strong>com</strong> Laboratories, Daewoo,<br />

Panasonic, Casio, JVC, LG Electronics,<br />

Samsung et Toshiba.<br />

Enfin, parmi les innovations, le public<br />

a pu apprécier le téléviseur à<br />

haute définition LCD, le plus fin au<br />

monde avec une épaisseur de 20 mm<br />

seulement. <br />

Y. F.<br />

LES NOUVEAUX SMARTPHONES LG<br />

ENRICHISSENT L’EXPÉRIENCE<br />

MOBILE VIA INTERNET<br />

intégrant le son et l’image interactive).<br />

Cela permet diverses<br />

options dont le<br />

téléchargement de musique,<br />

de vidéo clips ou encore<br />

consulter les mails, etc. Aussi,<br />

la capacité de grande vitesse<br />

rend possible les appels visuels.<br />

Le téléphone est également<br />

équipé d’une panoplie d’autres<br />

caractéristiques avancées<br />

telles que la reconnaissance de<br />

l’écriture, la connectivité Wi-<br />

Fi, une mémoire interne<br />

128MB, un support pour mémoire<br />

externe MicroSD et<br />

Bluetooth 2.0. Il est actionné<br />

par le logiciel de Windows Mobile®<br />

6 signé Microsoft. Le LG-<br />

KS20 sera disponible en<br />

Europe à partir du mois d'octobre<br />

prochain. <br />

TÉLÉVISEURS PAUSE & PLAY AVEC DVR INTÉGRÉ<br />

Les téléviseurs Pause & Play équipés d’un DVR digital 160-gygabyte et d’un double tuner<br />

ont la capacité de mémoriser jusqu’à 48 heures et 10 minutes de programmation numérique<br />

de haute qualité ou bien jusqu’à 86 heures et 20 minutes de programmation numérique<br />

de qualité standard. Le double tuner numérique constitue l’autre caractéristique<br />

fascinante qui permet aux téléspectateurs de regarder un programme tout en enregistrant<br />

un autre. En plus de vanter leur look soigné, ces téléviseurs sont également très faciles<br />

à utiliser.


MONDE<br />

SELON LE RAPPORT DE LA COMMISSION DES NATIONS UNIES<br />

LA FUITE DE CAPITAUX<br />

COÛTE 400 MILLIARDS DE DOLLARS À L’AFRIQUE<br />

La fuite des capitaux des pays africains depuis leur indépendance, 400 milliards USD en 30 ans.<br />

Elle représente près de deux fois la dette du continent, selon le rapport de l'agence de l'ONU pour le<br />

<strong>com</strong>merce et le développement (Cnuced) qui a appelé les Africains à puiser dans leurs ressources propres.<br />

Au moins 400 milliards de dollars<br />

ont quitté les pays africains depuis<br />

que ceux-ci ont <strong>com</strong>mencé à s'endetter<br />

au milieu des années 1970, a<br />

calculé un expert de la Conférence<br />

des Nations unies pour le <strong>com</strong>merce<br />

et le développement (Cnuced), Samuel<br />

Gayi. Ce montant représente<br />

près du double de la dette africaine<br />

(215 milliards), a observé M. Gayi devant<br />

la presse à Genève.<br />

"L'Afrique est créancière nette du<br />

reste du monde", a ajouté l'économiste<br />

en présentant le rapport annuel<br />

de la Cnuced sur "le<br />

Développement économique en<br />

Afrique".<br />

Entre 1991 et 2004, la fuite des capitaux<br />

a représenté chaque année en<br />

moyenne, 13 milliards de dollars, "soit<br />

un pourcentage vertigineux de 7,6%<br />

du produit intérieur brut (PIB) annuel"<br />

du continent, relève la Cnuced.<br />

Pour la seule année 2003, les sorties<br />

de capitaux auraient atteint les 30<br />

milliards USD.<br />

Dans certains cas, c'est la dette ellemême<br />

qui aurait fourni les fonds pour<br />

les sorties de capitaux, note le<br />

rapport.<br />

LES PAYS AFRICAINS<br />

PRIVÉS DE RESSOURCES<br />

"La fuite des capitaux continue de<br />

priver les pays africains d'une quantité<br />

considérable de ressources pour<br />

l'investissement", déplorent ses auteurs.<br />

"Si ces ressources étaient allouées<br />

à des investissements<br />

productifs, elles permettraient de<br />

créer des emplois et de fournir des revenus<br />

à de larges segments de la population",<br />

estime la Cnuced.<br />

Afin de "stopper cette hémorragie financière",<br />

la Cnuced suggère aux<br />

gouvernements africains d'envisager<br />

La Cnuced plaide<br />

pour une<br />

réglementation<br />

moins rigide du<br />

marché du travail,<br />

afin qu'un plus<br />

grand nombre de<br />

travailleurs sortent<br />

du secteur informel.<br />

une amnistie temporaire sur le rapatriement<br />

de capitaux "sans poser de<br />

questions" sur l'origine des fonds.<br />

"Les pays africains pourraient renverser<br />

le mouvement de fuite des capitaux<br />

s'ils créaient suffisamment de<br />

possibilités d'investissement qui puis-<br />

Entre 1991 et 2004,<br />

la fuite des capitaux a représenté<br />

chaque année en<br />

moyenne, 13 milliards<br />

de dollars, "soit un<br />

pourcentage vertigineux<br />

de 7,6% du produit intérieur<br />

brut (PIB) annuel"<br />

du continent...<br />

sent intéresser leurs ressortissants<br />

vivant à l'étranger", selon le rapport.<br />

Plus généralement, l'organisme onusien<br />

appelle à "mobiliser les ressources<br />

financières intérieures<br />

cachées des pays africains".<br />

La Cnuced suggère ainsi de "formaliser"<br />

le secteur informel afin d'élargir<br />

l'assiette fiscale. Elle appelle à réduire<br />

par exemple des frais de créa-<br />

ECONOMIAOCTOBRE<strong>2007</strong><br />

64<br />

tion d'entreprise "particulièrement<br />

onéreux en Afrique" <strong>com</strong>me l'ont fait<br />

"spectaculairement" l'Ethiopie ou la<br />

Guinée Equatoriale.<br />

La Cnuced plaide aussi pour une réglementation<br />

moins rigide du marché<br />

du travail, afin qu'un plus grand<br />

nombre de travailleurs sortent du<br />

secteur informel.<br />

La part de l'économie cachée par rapport<br />

au PIB atteint 45% en moyenne,<br />

mais elle varie considérablement d'un<br />

Etat à un autre, s'inscrivant à 58% en<br />

Tanzanie contre 28% seulement en<br />

Afrique du Sud.<br />

En conséquence, les recettes fiscales<br />

ne représentent que 16% du PIB en<br />

Afrique, soit la moitié de la moyenne<br />

des pays de l'Organisation pour la<br />

coopération et le développement économiques<br />

(OCDE).<br />

La perception des impôts est "difficile"<br />

reconnaît la Cnuced, qui y voit<br />

pudiquement le reflet de "la médiocre<br />

légitimité accordée à l'Etat". "Les impôts<br />

ne sont pas généralement perçus<br />

<strong>com</strong>me servant à améliorer la prestation<br />

des services publics", remarquent<br />

les auteurs du rapport.

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