Le cyclottigneur n°34 : juin 2012 - Cyclottignies.be
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Nom de l’établissement Adresse et numéro de téléphone Montant du sponsor Signature<br />
Cyclotourisme Ottignies<br />
a.s.b.l.<br />
Bulletin d’information<br />
trimestriel<br />
Juin-juillet-août <strong>2012</strong><br />
Numéro 34<br />
Dans ce numéro :<br />
Editorial 1<br />
L’Etoile morvandelle 2<br />
Sorties “routes” du CTO 3<br />
<strong>Cyclottignies</strong> ASBL :<br />
le nouveau CA<br />
Michelin PR4 4<br />
Gueule de bois 5<br />
Drôme <strong>2012</strong> 6<br />
<strong>Le</strong> coin des lecteurs 9<br />
Photo presse 12<br />
Bar<strong>be</strong>cue CTO<br />
Bois-des-Rêves<br />
10 Juin <strong>2012</strong><br />
4<br />
<strong>Le</strong><br />
Cyclottigneur<br />
<strong>Le</strong> sommet puis le fond, le succès puis<br />
l’oubli. Coup de chance puis déveine.<br />
Haute et basse conjoncture. Après la<br />
pluie le <strong>be</strong>au temps. … Il semble que<br />
l’existence soit rythmée par ces alternances.<br />
Tom (Boonen), pour sûr, savoure sa<br />
gloire retrouvée après deux saisons de<br />
galère. Pendant ce temps, notre Gil<strong>be</strong>rt<br />
(Philippe) peine à grimper dans le classement,<br />
alors qu’il était au faîte de son<br />
art l’an passé.<br />
Un homme<br />
normal qu’on<br />
nommait avec<br />
d é d a i n<br />
« fraise » se<br />
hisse sur le<br />
t r ô n e d e<br />
France. <strong>Le</strong> monarque<br />
en place,<br />
à force d’avoir<br />
trop fait<br />
briller ses ors,<br />
retrouve une<br />
vie ordinaire.<br />
Un temps pluvieux,<br />
froid et maussade nous met le<br />
cœur à zéro depuis le début de l’année.<br />
Et puis arrivent quelques <strong>be</strong>aux jours<br />
radieux d’un printemps quasi fini qui<br />
font remonter le mercure et notre ardeur<br />
à vélo.<br />
C’est Emmanuel (Michiels) qui nous<br />
fait le récit palpitant, à la page 5 et<br />
suivantes, d’une joyeuse bande de gars<br />
venus du Club pour gravir les monts de<br />
Provence. Mais du coup, c’est notre moral<br />
qui tom<strong>be</strong> dans les chaussettes.<br />
« Vous y étiez-vous, vous ? Quelle<br />
chance ! Moi pas ! ».<br />
<strong>Le</strong> Cyclottigneur - Bulletin trimestriel - Cyclotourisme Ottignies a.s.b.l.<br />
Editeur responsable : Léon Detroux, Clos de la Rivière, 22, 1342 Limelette, tél. 010/41.60.04<br />
Rédacteur en chef : Gil<strong>be</strong>rt Wertz, rue Arsène Matton 24, 1325 Chaumont-Gistoux, tél. 010/68.88.29<br />
Adresse courriel : le<strong>cyclottigneur</strong>@skynet.<strong>be</strong> - Site internet : www.cyclottignies.<strong>be</strong><br />
Belgique - België<br />
P.P.-P.B.<br />
1340 OTTIGNIES<br />
BC9444<br />
Bureau de dépôt :<br />
1340 OTTIGNIES<br />
Agréation n°<br />
P405036<br />
Crise économique, dette record, euro<br />
en ballotage, chômage en <strong>be</strong>rme,<br />
réforme des pensions, … Que de statistiques<br />
à la hausse ! Ne baissons pas<br />
les bras : la croissance repartira, comme<br />
toujours (mais quand ?)<br />
<strong>Le</strong> matos cycliste, quant à lui, est<br />
toujours plus aguichant et plus pointu.<br />
Bien sûr, les prix prennent l’ascenseur<br />
alors que notre pouvoir d’achat s’enfonce.<br />
Quant à moi,<br />
j’ai rabaissé<br />
mes ambitions<br />
de modeste<br />
cyclo. J’ai viré<br />
mes grands<br />
braquets, trop<br />
durs à tirer.<br />
<strong>Le</strong>s plateaux<br />
de 52 et 42<br />
ont fait place<br />
à 50 et 40<br />
dents (plus un<br />
30); le pignon<br />
de 11 a été retiré<br />
et un 18 a<br />
été inséré. Du coup, le pédalage gagne<br />
en fluidité et rondeur. La cadence remonte<br />
et la moyenne augmente.<br />
A propos, me direz-vous, pourquoi<br />
donc ce titre en anglais ? Ups and<br />
downs, des hauts et des bas ? L’anglais<br />
doit-il donc prendre le dessus<br />
sur le français ? En fait, l’anglais, ce<br />
n’est souvent que du « old French »<br />
importé de France par Guillaume le<br />
Conquérant dès 1066. Alors, le retour<br />
de l’anglais sur le continent, juste une<br />
suprématie qui chasse l’autre !<br />
Gil<strong>be</strong>rt Wertz<br />
En encart<br />
Liste<br />
des membres
Page 2<br />
Correspondant :<br />
Marc De Ruyck<br />
<strong>Le</strong> Lac de Pannecière<br />
<strong>Le</strong>s Capucins<br />
L’ Etoile morvandelle<br />
Du vendredi 22 au dimanche 24 <strong>juin</strong> <strong>2012</strong><br />
Quatre mousquetaires de notre Club accompagnés de trois jeunes<br />
cyclos vont rallier<br />
Laurent<br />
la<br />
DENIS<br />
Nièvre pour participer<br />
Roger MORTIER<br />
à la septième édition de<br />
cette randonnée cycliste. Notre Club sera donc une nouvelle fois représenté<br />
pour Jean-Pierre cette magnifique HAULOTTE découverte Jean Pol du ROMMIEE Morvan. Il reste encore<br />
des places Eddy disponibles, GERARD mais ne tardez Pierre pas THYES à vous inscrire. Même<br />
si notre délégation sera moins impressionnante que pour l’édition 2011,<br />
Philippe LEYDER Claude SNEESSENS<br />
l’animation sportive et la bonne ambiance seront bien présentes.<br />
Patrick MARSHAL Antoine THOREAU<br />
Voici la liste actuelle des inscrits à l’étoile morvandelle :<br />
Alain MARTIN Marc VERLEYEN<br />
Jean-Marc MOERMANS Gil<strong>be</strong>rt WERTZ<br />
Laurent DENIS Marc DE RUYCK<br />
Jean-Pierre HAULOTTE Mathieu DE RUYCK, le fils<br />
Jean Pol ROMMIEE Grégory DE VALCK, le filleul<br />
Vincent JADINON<br />
Pour compléter son inscription, chaque participant veillera à s'acquitter<br />
du montant de 170,00 € (acompte à déduire) à régler avant le 10<br />
<strong>juin</strong> <strong>2012</strong> sur le compte du Cyclotourisme FFCT Nièvre suivant :<br />
FR76 1027 8025 2400 02035 760181<br />
En outre, pour ceux que cela intéresse, une réservation a été prise<br />
pour la nuitée du jeudi 21 <strong>juin</strong>, à l’hôtel de la Poste à Vauclaix situé<br />
à 15 km de la base de Baye (tél. 0033/386227138), au prix de 60<br />
€ par personne en chambre double et demi-pension (hors boissons).<br />
D’autre part, pour la nuitée du dimanche 24 juillet, pour ceux qui ne<br />
souhaitent pas rentrer immédiatement, ils trouveront sur la route des<br />
vins de Bourgogne, de nombreuses petites au<strong>be</strong>rges pour reposer<br />
leurs mollets endoloris. Certains ont déjà pris une réservation à l’hôtel<br />
« <strong>Le</strong>s Capucins » à Avallon, soit à environ 25 km de Nevers.<br />
<strong>Le</strong> montant de ces nuitées sera réglé sur place par chaque participant,<br />
majoré des boissons personnelles éventuelles.
Sorties “route” du CTO<br />
0 Heure de départ suivant calendrier<br />
0 De 60 km à 95 km suivant calendrier<br />
0 De 70 km à 95 km<br />
0 Départ de la Gare d’Ottignies<br />
0 Départ de la Gare d’Ottignies<br />
0 De 50 km à 75 km<br />
0 Départ de l’église de Limelette<br />
0 Pendant la période hivernale uniquement<br />
0 De 60 km à 85 km<br />
0 Départ de la Gare d’Ottignies<br />
Page 3
Page 4<br />
Correspondant :<br />
Léon Detroux<br />
Essayeur :<br />
Gil<strong>be</strong>rt Wertz<br />
<strong>Cyclottignies</strong> ASBL: le nouveau CA<br />
L'assemblée générale du <strong>Cyclottignies</strong>-ASBL du 15 janvier <strong>2012</strong> a élu douze<br />
personnes qui font désormais partie du conseil d'administration pour un mandat<br />
de quatre années conformément à nos statuts.<br />
<strong>Le</strong>s élus sont (par ordre alphabétique) : Roger Contempré, Al<strong>be</strong>rt Derue, Léon<br />
Detroux, Alain Lallouette, Laurent DENIS Philippe <strong>Le</strong>yder, Stéphan Roger MORTIER Mathy, Stéphane Metens,<br />
Michel Pirsoul, Marc<br />
Jean-Pierre<br />
Sneessens,<br />
HAULOTTE<br />
François Vanden<strong>be</strong>rg,<br />
Jean Pol ROMMIEE<br />
Marc Verleyen et<br />
Gil<strong>be</strong>rt Wertz.<br />
Eddy GERARD Pierre THYES<br />
Qu'il me soit d'abord permis de les remercier chaleureusement au nom de<br />
Philippe LEYDER Claude SNEESSENS<br />
tous les membres de notre club sportif. Ce sont eux qui le feront vivre par<br />
leurs propositions, Patrick leurs MARSHAL décisions et surtout Antoine par leur THOREAU investissement.<br />
Alain MARTIN Marc VERLEYEN<br />
Lors de sa première réunion du 10 février <strong>2012</strong>, ce nouveau conseil d'administration<br />
a élu le président, Jean-Marc le MOERMANS vice-président, Gil<strong>be</strong>rt le secrétaire WERTZ et le trésorier de<br />
<strong>Cyclottignies</strong>-ASBL.<br />
Président : Léon Detroux.<br />
Vice-Président : Roger Contempré.<br />
Secrétaire : François Vanden<strong>be</strong>rg.<br />
Trésorier : Marc Verleyen.<br />
Michelin PRO4<br />
Depuis quelques années, je monte des pneus de marque Schwal<strong>be</strong> sur mon fidèle<br />
Ciöcc. Schwal<strong>be</strong>: avec un nom comme celui-là (en allemand « hirondelle »),<br />
on ne peut que voler. Et c’est vrai que le modèle Stelvio m’a donné entière satisfaction<br />
pendant une dizaine de milliers de kilomètres.<br />
<strong>Le</strong> nouveau modèle, l’Ultremo, n’étant pas au-dessus de tout soupçon, j’ai décidé<br />
de me tourner vers un autre modèle d’une autre marque. Après quelques recherches,<br />
je découvre la nouvelle gamme de pneus de route MICHELIN PRO4,<br />
lancée très récemment (été 2011).<br />
La gamme se décline vers une performance toujours accrue:<br />
MICHELIN PRO4 Endurance<br />
MICHELIN PRO4 Service Course<br />
MICHELIN PRO4 Comp Service Course<br />
MICHELIN PRO4 Comp Limited Service Course<br />
Sur le site du manufacturier (www.michelin.com), les différents modèles sont<br />
décrits avec toutes leurs vertus nouvelles. <strong>Le</strong>s performances du nouveau pneu<br />
résultent notamment d’une bande de roulement bi-gomme pour offrir une longévité<br />
accrue, améliorer l’adhérence en prise d’angle ainsi que sur sol mouillé. <strong>Le</strong><br />
pneu se signale aussi par une résistance accrue aux agressions.<br />
Ayant fait l’acquisition d’une paire de PRO4 Endurance chez Moving, j’ai pu effectuer<br />
quelques randonnées ainsi monté (taille 700x23c). Ce qui frappe de<br />
prime abord c’est la finesse du pneu. Une fois en selle, le pneu se montre<br />
confortable (avec chambres à air en latex et une pression de 7 kg). <strong>Le</strong> pneu<br />
s’emmène facilement, donnant une impression de légèreté et de précision. Après<br />
quelques sorties, la gomme du pneu apparaît impeccable, sans la moindre coupure<br />
ni anicroche.<br />
Voilà qui est très prometteur !
Alimentation<br />
Gueule de bois<br />
C’est connu, les cyclos ont un gros carbu. C’est vrai qu’avec tous<br />
ces kilomètres que l’on sue, il faut régulièrement faire le plein. Et<br />
puis quand on descend de sa machine, l’envie est grande de marquer<br />
l’arrivée par quelque bonne bière.<br />
Chacun sait que l’alcool, au-delà d’une consommation modérée,<br />
n’est bon ni pour le sport ni pour la santé. Mais bon, le gosier offre<br />
une si <strong>be</strong>lle pente. Alors pour les quelques descendeurs talentueux<br />
de notre Club, voici quelques conseils pour remonter en selle au<br />
plus vite.<br />
Visez la banane. Elle trône souvent sur les tables de ravitaille-<br />
ment. Sa haute teneur en magnésium réduit le mal de tête en détendant<br />
les vaisseaux sanguins. <strong>Le</strong>s sucres qu’elle contient<br />
(fructose, glucose et sucrose) donnent un coup de fouet à l’organisme.<br />
Ajoutez une cuiller de miel. Il contient lui aussi <strong>be</strong>aucoup de<br />
fructose qui attaque l’alcool. Il est une source de potassium et de<br />
sodium qui aident à combattre les toxines de l’alcool.<br />
Prenez un bain: lors d’une overdose, il importe de se débarrasser<br />
le plus vite possible des substances nocives. Environ un tiers de<br />
celles-ci sont éliminées par la peau. Un bain chaud ou une<br />
douche-vapeur donneront le coup de pouce bienvenu. Si vous ajoutez<br />
une cuiller de wasabi (racine japonaise), le processus en sera<br />
accéléré.<br />
Ruez-vous sur les hydrates de carbone. La sensation de<br />
manque se combat en ingurgitant ceux-ci. Ils aident aussi en ramenant<br />
des acides aminés dans le système sanguin.<br />
Pensez aux tomates: elles sont riches en vitamines, en miné-<br />
raux, en enzymes. Ce sont justement les substances que l’alcool a<br />
emportées. En sus, les tomates contiennent du fructose utile à l’élimination<br />
des matières nocives.<br />
Et puis un truc encore: mettez du poivre, du sucre et du citron<br />
dans un verre de jus de tomates pour un effet rapide.<br />
Evidemment, de l’eau! <strong>Le</strong> meilleur remède sous la main, ça reste<br />
l’eau du Château-la-Pompe. Surtout si vous pensez en boire<br />
régulièrement entre les verres d’alcool. Buvez-en aussi avant d’aller<br />
dormir et le lendemain, copieusement...<br />
Auteur :<br />
Gil<strong>be</strong>rt Wertz<br />
Page 5
Page 6<br />
Auteur :<br />
Emmanuel Michiels<br />
DRÔME <strong>2012</strong><br />
Voici un petit mot sur notre périple en Drôme du 8 au 13 mai <strong>2012</strong>. Si d’aventure cela vous tente, n’hésitez pas<br />
à vous renseigner pour l’an prochain.<br />
Depuis quelques années, une douzaine d’entre nous aime se retrouver à la fin du printemps pour une petite semaine<br />
dédicacée à notre passion du vélo. Evidemment, on rêve de terrains de jeux et d’une météo à faire pâlir<br />
d’envie tout cyclo brabançon. Tout cela sous le sceau du bon esprit et à budget raisonnable.<br />
On en rêve<br />
Cette semaine-là, on l’attend tous avec impatience et on la prépare avec ardeur.<br />
Comme au club, l’ambiance y est relax et solidaire, mais je n’irais pas sans y être<br />
correctement préparé par respect pour chacun de mes co-routiers et puis parce<br />
que sinon, l’exigence des parcours en ferait une galère. Alors les dimanches matins<br />
au Club, le spinning en hiver et les rendez-vous qu’on se fixe, sans exclusive,<br />
via le forum du club sont autant d’occasions de progresser, de se jauger et de<br />
s’amuser.<br />
Après quelques séjours dans les Vosges, l’année dernière, nous sommes allés plus<br />
loin en Drôme pour y chercher plus de soleil. Ce dernier nous avait pourtant boudés,<br />
mais comme on est têtu, on a remis cela. C’est finalement à Buis les Baronnies<br />
que Renaud Derue et Alain Lalouette, qui organisent le séjour avec enthousiasme,<br />
bonne humeur et <strong>be</strong>aucoup de sérieux, plantent finalement notre camp<br />
de base. Là, on est au pied du géant de Provence, le mythique Ventoux. La tonalité<br />
est donnée. Ce sera sportif !<br />
Comme chaque année, l’effectif tourne; certains laissent leur place à d’autres. En <strong>2012</strong>,<br />
le groupe s’est largement renouvelé en accueillant quatre nouveaux venus sur les onze<br />
engagés. Parmi les anciens Alain Lalouette, Renaud Derue, Jean-Claude Cordier (le Montois),<br />
Marc Sneessens, Patrick Marchal et Patrick Vandergheynst et Emmanuel Michiels<br />
sont au rendez-vous, Bertrand ayant été empêché en dernière minute n’a pas pu accompagner.<br />
Dommage ! Philippe <strong>Le</strong>yder, Mario Ricard, Frédéric Laurent et Marc <strong>Le</strong>fèvre apportent<br />
le sang neuf. Ça va être tout bon.<br />
Et puis fin avril, Renaud envoie les parcours. Mazette ! Quatre jours, six cents kilomètres<br />
et dix milles mètres de dénivelé. Là, je suis un peu fébrile. <strong>Le</strong> programme est<br />
sportif. Merci Renaud, Alain et JC pour ces traces de fous. Suis-je prêt ? Pas de panique,<br />
j’ai fait ce qu’il faut pour que ça se passe bien, même si c’est un mois plus tôt<br />
cette année.<br />
On y est<br />
1. Laragne-Montéglin – la mise en bouche<br />
<strong>Le</strong> grand moment est arrivé. Ce mardi 8 mai, nous nous sommes donné rendez-vous<br />
au gîte du Saint-Julien. C’est une exploitation d’oliviers, d’abricotiers<br />
et un spot de grimpeurs (les vrais, ceux avec la magnésie et les piolets).<br />
Il nous offrira aussi 2 kilomètres de côtes pour final de chaque sortie.<br />
<strong>Le</strong> site est magnifique, le gîte est sobre et confortable. Sa patronne<br />
est accueillante. Il pleut.<br />
On s’installe, on prend l’apéro, on rigole. On n’a pas tardé à trouver le<br />
tempo. J’adore. Demain on sera à vélo.<br />
Mercredi matin à 9 heures, le petit déjeuner est rapidement derrière nous, on démarre pour 150 kilomètres<br />
qui nous mèneront vers Laragne-Montéglin dans les Hautes-Alpes par le joli col de Perty perché à 1302 mètres.<br />
Il fait encore humide, mais c’est sûr on rentrera sous le soleil pour laver les bécanes.<br />
Cela part vite sous l’impulsion de Marc. En fait, Marc L. a décidé de jouer au dynamiteur-dynamité tout au long<br />
de nos six cents kilomètres. Je me souviens encore de son « Viens ! Je te ramène sur Alain » qu’il me lança dans<br />
le dernier kilomètre du séjour alors que ma langue empêchait les rayons de ma roue de tourner». Au pied du col<br />
de Perty, Frédéric entraîné par sa fougue, décide de faire son apprentissage de la montagne à toute vitesse.<br />
On ne le reverra qu’au sommet cinq cents mètres plus haut. L’équipée s’étire, chacun prend son rythme. C’est le<br />
premier col et quel plaisir de renouer avec la grimpette. On se rappelle cependant qu’il faut gérer. On est sans<br />
pression. On s’attend naturellement tous en haut avant de basculer dans le brouillard vers Laragne-Montéglin<br />
pour le déjeuner. Encore une petite bosse à effacer et nous y voilà. Nous y retrouvons le soleil. Il ne nous quittera<br />
plus du séjour. La pause de midi qui est d’usage nous fait du bien même si pour spécialité locale nous nous<br />
contenterons de panini et de Coca-Cola.
DRÔME <strong>2012</strong><br />
2. Saint-Nazaire-le-Désert – le sérieux<br />
1. Laragne-Montéglin – la mise en bouche (suite)<br />
Jeudi, en route vers Saint Nazaire le Désert ! On rentre dans le vif du sujet, et<br />
le groupe prend des couleurs. En effet, on y compte le maillot jaune, le champion<br />
de Suisse, du Luxembourg, de Finlande et le champion du monde. Tous semblent<br />
avoir bien récupéré, pourtant le départ se fera à une allure plus modeste<br />
que la veille. Quelqu’un a dû lester les bidons de Marc. Il est vrai qu’aujourd’hui,<br />
c’est le gros morceau confectionné par Renaud et Alain avec six cols et 3200<br />
mètres de dénivelé annoncés sur 150 kilomètres. On commence d’entrée par le<br />
col d’Ey et ses six kilomètres entre 5% et 7%. Nous constituons rapidement un<br />
gruppetto à cinq tandis que devant les cadors se dérouillent. Arrivé au sommet<br />
(716m), une mer de nuage cache la vallée. Nous y plongeons pour en ressortir<br />
dans le col de la Valouse (739 m). <strong>Le</strong> col de <strong>Le</strong>scou (819m) se profile déjà. <strong>Le</strong>s<br />
anciens le reconnaissent bien. Ils l’ont descendu dans le froid sous un déluge de<br />
grêle et l’orage l’année d’avant. À mi-pente, une ruine dans lesquels certains<br />
avaient trouvé refuge donne l’occasion d’esquisser un sourire ou de lancer une<br />
blague, pèlerin joyeux transformant un mauvais moment en un bon souvenir. <strong>Le</strong><br />
col de Muse (932m) enchaîne le précédent et sa descente technique vers Saint<br />
Nazaire le Désert permet à Jean-Claude d’exprimer tout son talent de pilotage.<br />
Beau et impressionnant !<br />
et il me donne la fierté de finir sur ses talons. Je m’en contente bien,<br />
c’est pas si mal. Tandis que le regroupement s’opère au sommet, Mario et<br />
moi fonçons pour réserver le resto avant qu’il ne ferme. Il est 14 heures,<br />
on a 100 km dans les jam<strong>be</strong>s et un petit creux à l’estomac. La descente<br />
sur La Motte-Chalancon est <strong>be</strong>lle et ouverte. On se fait plaisir. A table<br />
aussi on se fait plaisir, et la dame blanche sur les ravioles se paiera aussi<br />
sec pour Renaud, JC et moi. <strong>Le</strong> péché de gourmandise ne s’accommode<br />
décidément pas du sérieux col de Sou<strong>be</strong>yran (994m) qui nous fera flirter<br />
une dernière fois de la journée avec les 1000 m d’altitude. On retrouvera<br />
le col d’Ey par son troisième versant avant de rentrer sur Buis. Quelle<br />
<strong>be</strong>lle journée ! Vive l’apéro et l’EPO, comprenez Eau Pastis Olive. Il n’y a<br />
déjà plus d’anciens et de nouveaux, mais un bon groupe où chacun a trouvé<br />
sa place.<br />
Auteur :<br />
Emmanuel Michiels<br />
Page 7<br />
Rassasiés, nous entamons le chemin du retour en remontant les <strong>be</strong>lles gorges de la<br />
Méouges et son défilé. Il serpente le long du torrent. Nous continuons à nous élever.<br />
Nous sommes arrêtés quelques minutes cernés par un troupeau de moutons en transhumance.<br />
<strong>Le</strong> col de Macuègne nous reconduira au-dessus de mille mètres d’altitude (1068<br />
m). Dès le pied, je vois inexorablement les autres prendre les devants si bien qu’après<br />
quelques virages, je distingue encore vaguement Alain, Frédéric, Marc, Patrick, Jean-<br />
Claude, Patrick et les autres qui ont mis le turbo. <strong>Le</strong>ur coup de pédale est <strong>be</strong>au à voir.<br />
Au col, nous avons cent vingt bornes dans les pattes et dix neuf cents mètres de dénivelé<br />
positif. Mes sensations sont moins bonnes et le petit col des Aires épuisera mes<br />
batteries pour la journée. Vivement l’apéro et ses chips ! L’apéro, c’est sur la terrasse<br />
et c’est du ricard (sauf pour Mario qui est tombé dedans quand il était petit). <strong>Le</strong> repas<br />
est pris ensemble autour d’une seule grande table rustique. On y mange bien au gîte.<br />
Jusqu’ici tout va bien, mais le thermomètre grimpe et la fontaine de<br />
Saint Nazaire est salvatrice. Il ne faut pourtant pas perdre de temps si<br />
on veut déjeuner à La Motte-Chalancon. C’est encore à <strong>be</strong>lle distance et<br />
voilà que se dresse devant nous l’ascension du col de Chamauche (1037<br />
m). Il est irrégulier et il pointe des pourcentages élevés entre 8% et<br />
12%. Ses 6 km à 7,7% de moyenne (données perso) font mal, mais c’est le<br />
terrain de jeu rêvé de Patrick Marchal et Marc Sneessens. Patrick s’envole,<br />
Marc insiste tandis qu’Alain s’accroche à Marc de toute sa force de<br />
caractère. C’est une <strong>be</strong>lle passe d’armes. Bravo Pat, chapeau les gars !<br />
Frédéric lui poursuit sont apprentissage à toute vitesse de la montagne<br />
(et plus de la montagne à toute vitesse). Il passe à la trappe cette fois
Page 8<br />
Auteur :<br />
Emmanuel Michiels<br />
DRÔME <strong>2012</strong><br />
3. <strong>Le</strong> Mont Ventoux – l’épouvantail chauve<br />
Vendredi, la journée d’hier laisse des traces. <strong>Le</strong>s jam<strong>be</strong>s se font sentir. Ça va aller, il<br />
n’y a que trois ascensions au programme. <strong>Le</strong> col d’Aulan à 845 m, le col de l’Homme<br />
Mort à 1212 m et le Mont Ventoux à 1912 m soit 142 km et 2900 m à gravir. Il fait<br />
<strong>be</strong>au et chaud, on ira au dessus et Mario, Renaud et Frédéric vont accrocher le mont<br />
chauve à leur palmarès. Vous souvenez-vous de la première fois que vous avez gravi le<br />
Ventoux ?<br />
La satisfaction et la fierté qu’on éprouve au sommet de cet épouvantail du cyclisme.<br />
Pour moi c’est aussi une première, car je ne l’ai jamais monté par Sault. <strong>Le</strong>s premiers<br />
kilomètres de la journée se font à un train de sénateur. C’est drôle, les locaux sont<br />
encore en long et k-way tandis que nous sommes tous en court. La descente de la vallée<br />
du Toulourenc est magnifique. <strong>Le</strong> col de l’Homme Mort est longue et sans grande<br />
difficulté. Nous déjeunons à Sault. Et là, certains jouent l’intox avant l’ascension. JC<br />
et Renaud s’enfilent des frites tandis que Pat VDG vide un demi de bière. <strong>Le</strong>s paris<br />
sont lancés qui sera le premier au dessus. Alain se déleste de la pression en nommant<br />
ses 2 favoris. En fait, il affine sa stratégie.<br />
Ça part à fond. Marc L. lance Alain. C’est là qu’il doit attaquer s’il veut battre les<br />
grimpeurs, il doit les lâcher avant le chalet Reynard. Un peu d’inattention des grimpeurs<br />
et voilà Alain parti pour un numéro solo. Il a les jam<strong>be</strong>s, mais il a aussi la tête<br />
le Gaumais. Combien a-t-il payer Marc? Nous ne le saurons sans doute jamais, mais il<br />
nous a fait un sacré numéro. Il arrive au sommet en 1 heure 22. Bravo ! S’il y a une<br />
performance, c’est qu’il y a de la compétition. Patrick M. et Marc S. ont poussé Alain<br />
à se surpasser et pour ma part Patrick VDG m’a emmené de longs kilomètres, mais au<br />
final sa bière a fait la différence et lui a donné le petit plus qui m’a manqué. Quoi qu’il<br />
en soit, nous sommes restés là pour applaudir le dernier d’entre nous dont l’effort<br />
est au moins aussi <strong>be</strong>au et dur que le nôtre. On a bien mérité un verre à Malaucène<br />
après une <strong>be</strong>lle descente. De retour au gîte, on garde le rythme et l’EPO est salvateur.<br />
Pat VDG se tape dare-dare une diagonale française pour tenir les portes ouvertes<br />
du vélo électrique samedi matin à Wavre. Il sera à temps. Nous, nous refaisons<br />
la journée. L’ambiance est décontractée. On rigole bien et on embête un malheureux<br />
scorpion égaré sur la terrasse.<br />
4. <strong>Le</strong>s Gorges de la Nesque – Entre Air Canada et Canadair<br />
Samedi, dernier jour, ceux qui ont bien géré vont sortir du bois. Après un petit passage<br />
touristique par Vaison-la-Romaine, enfin quelques kilomètres de plat le long de la<br />
route des vins. Beaume de Venise prendra trois des nôtres. Nos trois œnologues détournés<br />
par Bacchus et ses démons ont disparu dans les caves. Nous continuons. <strong>Le</strong><br />
point d’orgue de la journée est l’ascension des gorges de la Nesque. On s’arrête à<br />
Bédoin pour déjeuner. Il fait de plus en plus chaud. Nous nous engouffrons dans les<br />
gorges à toutes allures. Nous y retrouvons le Mario des libres en Brabant. Mieux il se<br />
transforme en Air Canada faisant éclater le groupe, tandis que derrière, Philippe aurait<br />
lui préféré être arrosé par un Canadair. La chaleur l’accable et fait ressortir son<br />
<strong>be</strong>l accent wallon : « Fé t’chaud hein Philippe !» Deux heures plus tard, la dernière<br />
sortie s’achève avec 156 km au compteur pour 1950 m de dénivelé. Il y a du chamois<br />
au menu ce soir-là. On partira tôt demain matin, mais on fête encore. <strong>Le</strong>s œnologues<br />
ont quitté les caves pour nous rapporter quelques bonnes bouteilles.<br />
Vivement l’année prochaine<br />
<strong>Le</strong> bilan est très positif. Tout le monde a pu s’adonner à sa passion du vélo dans des<br />
conditions optimales et une ambiance mêlée de sportivité, d’humour et de bon esprit.<br />
Chacun s’y est plu. <strong>Le</strong>s écarts créés dans les ascensions étaient gommés aux<br />
sommets et au soleil dans une atmosphère sereine où chacun terminait sous les encouragements<br />
des autres. <strong>Le</strong>s soirées menées au rythme de l’apéro récompensaient<br />
nos efforts et nous délassaient sous le signe de l’humour. Bref une terrible semaine<br />
de vélo entre copains. Merci à chacun pour le bon esprit et en particulier à nos<br />
deux organisateurs Alain et Renaud qui possèdent d’évidence les clés de la réussite<br />
d’un tel voyage. Vivement la prochaine virée en 2013 !
<strong>Le</strong> coin des lecteurs<br />
<br />
<br />
Comment nommez-vous la chère compagne … ou le cher compagnon, complices<br />
obligés de vos escapades sur deux roues : bicyclette ? Vélo ? bé-cane … voire le<br />
très branché bike ? Peut-être pensez-vous que ces termes s’équivalent et<br />
peuvent sans grand dommage s’employer l’un pour l’autre ? Eh bien, détrompez-<br />
vous ! Pour vous en convaincre, je ferai appel à deux écrivains René FALLET et<br />
Philippe DELERM, qui se sont penchés sur cette grande question métaphysique.<br />
Philippe Delerm, d’abord. J’ai déjà eu l’occasion de vous présenter l’ auteur du<br />
texte « Tour de France » (n° 23 de notre revue), extrait du recueil « La pre-<br />
mière gorgée de bière et autres plaisirs minuscules. Récits » (Gallimard, 1997;<br />
réédition France loisirs 1998). Je propose à votre lecture le texte consacré à<br />
la distinction, aussi franche que subtile, faite par Delerm entre « vélo » et<br />
« bicyclette ». On retrouvera ici la finesse et la légèreté qui font le charme de<br />
son écriture. Il s’agit d’un « plaisir minuscule », mais pour Delerm, que serait la<br />
vie sans ces « plaisirs » dont la futilité n’est qu’apparente.<br />
La bicyclette et le vélo<br />
C’est le contraire du vélo, la bicyclette. Une silhouette profilée mauve fluo dévale à<br />
soixante-dix à l’heure : c’est du vélo. Deux lycéennes côte à côte traversent un pont à<br />
Bruges : c’est de la bicyclette. L’écart peut se réduire. Michel Audiard en knickers et<br />
chaussettes hautes s’arrête pour boire un blanc sec au comptoir d’un bistro : c’est du<br />
vélo. Un adolescent en jeans descend de sa monture, un bouquin à la main, et prend une<br />
menthe à l’eau à la terrasse : c’est de la bicyclette. On est d’un camp ou bien de l’autre.<br />
Il y a une frontière. <strong>Le</strong>s lourds routiers ont <strong>be</strong>au jouer du guidon renversé : c’est de la<br />
bicyclette. <strong>Le</strong>s demi-course ont <strong>be</strong>au fourbir leurs garde-boue : c’est du vélo. Il vaut<br />
mieux ne pas feindre, et assumer sa race. On porte au fond de soi la perfection noire<br />
d’une bicyclette hollandaise, une écharpe flottant sur l’épaule. Ou bien on rêve d’un vélo<br />
de course si léger : le bruissement de la chaîne glisserait comme un vol d’a<strong>be</strong>ille. A bicyclette,<br />
on est un piéton en puissance, flâneur de venelles, dégustateur du journal sur un<br />
banc. A vélo, on ne s’arrête pas : moulé jusqu’aux genoux dans une combinaison néospatiale,<br />
on ne pourrait marcher qu’en canard, et on ne marche pas.<br />
C’est la lenteur et la vitesse ? Peut-être. Il y a pourtant des moulineurs à bicyclette très<br />
efficaces et des petits pépés à vélo bien tranquilles. Alors, lourdeur contre légèreté ? Davantage.<br />
Rêve d’envol d’un côté, de l’autre familiarité appuyée avec le sol. Et puis…<br />
Opposition de tout. <strong>Le</strong>s couleurs. Au vélo l’orange métallisé, le vert pomme granny, et<br />
pour la bicyclette le marron terne, le blanc cassé, le rouge mat. Matières et formes aussi.<br />
A qui l’ampleur, la laine, le velours, les jupes écossaises ? A l’autre l’ajusté dans tous<br />
les synthétiques.<br />
On naît bicyclette ou vélo, c’est presque politique. Mais les vélos doivent renoncer à<br />
cette part d’eux-mêmes pour aimer - car on n’est amoureux qu’à bicyclette.<br />
Philippe Delerm<br />
Auteur :<br />
André Cloespin<br />
Philippe Delerm<br />
La bicyclette bleue<br />
Page 9
Page 10<br />
Auteur :<br />
André Cloespin<br />
<strong>Le</strong> coin des lecteurs<br />
Je vous propose maintenant de mettre le texte de Delerm en parallèle avec<br />
celui de René Fallet.<br />
Bien avant l’auteur de « La première gorgée de bière », René Fallet, passionné<br />
de vélo, avait abordé ce thème en 1973, dans son essai consacré au cyclisme.<br />
Avec la verve qui était sa marque de fabrique, Fallet y exprimait tout son amour<br />
pour la petite reine (« <strong>Le</strong> vélo », éditions Julliard, 1973 ; réédité chez Denoël en<br />
1992, avec d’amusantes illustrations de René Blachon, caricaturiste de grand talent<br />
auprès de L’ Equipe – hélas récemment décédé).<br />
Quelques mots d’abord à propos de René Fallet (1927-1983). Ce fils de cheminot,<br />
enfant de la banlieue parisienne, quitte l’école à quinze ans, dès l’obtention<br />
du certificat d’études, et exerce ensuite les boulots les plus divers. Malgré son<br />
abandon de l’école, le jeune René manifeste un goût évident pour l’écriture, passion<br />
qu’il cultive avec talent à ses moments perdus. Après la guerre et la démobilisation<br />
en 1945, Fallet publie son premier recueil de poèmes. Il est repéré par<br />
Blaise Cendrars qui le fait entrer à Libération comme critique littéraire En 46,<br />
il connait la réussite dès son premier roman (Banlieue sud-est). Un certain public<br />
plutôt de gauche apprécie sa li<strong>be</strong>rté de ton, sa gouaille, son amour des gens de la<br />
banlieue. Sa rencontre avec Georges Brassens le fera entrer dans le fameux cénacle<br />
qui regroupe les amis fidèles du chanteur-poète (Jacques Brel, Georges<br />
Moustaki, Guy Béart, Marcel Amont, Lino Ventura, Jean Carmet et bien<br />
d’autres). Fallet décède en 83, deux ans après Brassens, auquel il a consacré un<br />
ouvrage (Brassens, Denoël 1972). Fallet laisse derrière lui plus de 20 romans,<br />
des essais, des poèmes, des articles de critique littéraire. Plusieurs de ses romans<br />
sont adaptés au cinéma : <strong>Le</strong>s vieux de la vieille, Paris au mois d’août , <strong>Le</strong><br />
<strong>be</strong>aujolais nouveau est arrivé, Porte des Lilas, La soupe aux choux etc.<br />
René Fallet a toujours été un passionné de cyclisme. Qui ne l’était à l’époque en<br />
banlieue ? On parle bien ici de la banlieue des années d’avant et de l’immédiate<br />
après-guerre ! Cependant, l’âge venant, plutôt accro de la cigarette et du <strong>be</strong>aujolais,<br />
Fallet développa peu à peu une pratique du vélo plus proche de la philosophie<br />
épicurienne que de l’ascétisme sportif, tout en restant un amoureux inconditionnel<br />
de la <strong>be</strong>lle mécanique (le texte que je vous propose ne laisser planer<br />
aucun doute à ce sujet !). <strong>Le</strong> tabac et l’alcool auront hélas prématurément raison<br />
de sa santé.<br />
Avec des copains cyclos, il créa une compétition, les Boucles de la Besbre dont<br />
les points du règlement les plus particuliers étaient : interdiction des échappées,<br />
désignation à l’avance du vainqueur et obligation de ravitaillement dans les<br />
bistrots situés le long du parcours. Mais, prestige oblige, pas question de participer<br />
avec une quelconque bécane ! L’acteur Jean Carmet (plus de 200 films !) et<br />
l’inoubliable dialoguiste des Tontons flingueurs, Michel Audiard, tous deux cyclistes<br />
occasionnels, mais dans le genre « sérieux », ont, parmi bien d’autres,<br />
participé à cette drôle de course, qui eut lieu de 1968 à 1976. C’était l’époque<br />
d’Eddy ! <strong>Le</strong>s cadres étaient en acier à raccords ; à l’entrainement, on s’ équipait<br />
d’une casquette de laine, d’un pantalon golf et de hauts bas à carreaux; en hiver,<br />
on bourrait ses « cyclistes » de papier journal pour ne pas rentrer avec des engelures<br />
aux pieds ou on les recouvrait de vieilles chaussettes (<strong>be</strong>lle invention,<br />
tout de même, ces botillons en néoprène !) Lors d’une interview télévisée, je me<br />
souviens que Michel Audiard avait répondu au journaliste qui lui demandait si le<br />
cyclisme était un sport exigeant : « Oh, vous savez, à quinze à l’heure, on admire<br />
le paysage, à trente, on admire ses cuisses » Du pur Audiard !<br />
Venons-en à la controverse qui nous occupe aujourd’hui : vélo ou bicyclette ?<br />
Entre Delerm et Fallet, il y a certes proximité de pensée sur la question et on<br />
pourrait facilement retrouver du Fallet chez Delerm, avec cette manière subtile<br />
d’évoquer les sensations. Cependant, l’écriture de Fallet apparait plus élaborée,<br />
le vocabulaire plus recherché et, surtout, le ton est plus tranchant, l’ humour<br />
plus rude ... Ceux qui connaissent un peu l’œuvre et la manière de ce grand<br />
tendre savent qu’il ne faut pas trop le prendre au premier degré … C’est qu’il<br />
pouvait difficilement résister à un bon mot, à une phrase-choc, et s’ amusait<br />
<strong>be</strong>aucoup de ses propres outrances littéraires.
<strong>Le</strong> coin des lecteurs<br />
LE VELO (extraits du chapitre 1 er )<br />
Avant toute chose, il me faut préciser, et le plus catégoriquement du monde, qu’en aucun<br />
cas le vélo n’est une bicyclette.<br />
Rien de commun.<br />
Rien à voir.<br />
Rien à faire.<br />
La bicyclette, les amateurs de vélo sont formels sur ce point, injustes s’il le faut, odieux<br />
jusqu’au racisme, la bicyclette n’est pas un vélo.<br />
Ce n’est pas là jouer sur les mots. On ne joue plus. « Joue pas avec mes cuisses », gouaille<br />
le populaire. Exact. Nos cuisses ne jouent pas avec la bicyclette. Elles l’ignorent avec<br />
super<strong>be</strong> du haut de leurs fémurs.<br />
La bicyclette, c’est la bécane tordue du facteur, du biclou rouillé du curé, la charrue de la<br />
grand-mère, la sœur jumelle de sa machine à coudre. La bicyclette, c’est le percheron<br />
couronné, le véhicule utilitaire. En raccourci violent, le tracteur auprès du bolide de formule<br />
1.<br />
On la reconnaît sans mal, la gueuse, à sa grosse selle camuse à ressorts, à ses garde-boue,<br />
à ses porte-bagages, à ses pneus d’arrosage, à sa sonnette, à sa lanterne et, surtout, à son<br />
guidon informe de toutes sortes, sauf la noble, dite « de course ».<br />
Ce guidon « à la papa », je me retiens de ne pas le traiter d’infâme, d’ignominieux. Somme<br />
toute, non, je ne me retiens pas. Cet objet ridicule et laid me répugne. Je le hais, avec<br />
ses révoltantes poignées de caoutchouc, encore plus atroces depuis qu’elles sont de plastique…<br />
La bicyclette, pour un cycliste, n’est qu’une chose, un truc, un machin méprisable. Bicyclette<br />
et vélo, ce n’est pas du tout blanc bonnet et bonnet blanc. C’est cabane à lapin et<br />
château de Chambord , boîte de pâtée Ronron et Soufflé de Langouste à la Lyonnaise de<br />
Paul Bocuse….<br />
<strong>Le</strong> vélo est <strong>be</strong>au de nature, d’essence, de naissance. S’il ne l’était pas, il serait … ce que<br />
vous savez déjà : une bicyclette ! ….<br />
Voyez ce cadre, ce trapèze volant, cette géométrie gratuite que ne souille pas l’injure de<br />
la sacoche, la verrue du garde-boue, de cet utile qui n’est que superflu. Ce cadre aux<br />
membres fins de longue danseuse noire…<br />
Voyez ces pédales déliées, ces cale-pieds que l’étroitesse défend de l’intrusion de la charentaise<br />
du maroufle (1), de la botte du terrassier, du croquenot ( 2), du sabot ou de la galoche.<br />
On ne saurait resserrer leurs courroies que sur des escarpins de sport…<br />
<strong>Le</strong> cale-pied, c’est déjà l’étrier, déjà l’aile de Mercure. C’est un des plus nobles gestes du<br />
cycliste que celui qu’il effectue en se penchant à gauche, puis à droite, pour se brider les<br />
pieds, s’attacher en quelque sorte à son vélo, n’être plus avec lui qu’un couple et un acte<br />
d’amour…<br />
Cette solennité accomplie, le vélo ne peut plus demeurer immobile, le vélo part, l’aigle<br />
déploie ses ailes.<br />
Avant de le suivre, regardez-le encore. Voyez ces roues de charme, les dentelles de Bruges<br />
de leurs rayons, longs doigts de pianiste que gantent les boyaux sombres et durs…<br />
A quelque chose malheur est bon et il est excellent, en l’occurrence, d’avoir tristement<br />
pioché sur une bicyclette pour apprécier à sa valeur la volupté de pédaler sur un vélo …<br />
<strong>Le</strong> simple fait de rouler sur des boyaux entre à mon sens pour plus que moitié dans ce<br />
plaisir des dieux. <strong>Le</strong> boyau glisse sur la route, tel un patin à glace … la sensation est de<br />
velours, l’impression de soie et de joie. De la truffe sous la langue, du baiser sur les<br />
lèvres, du vosne-romanée dans la tête, du printemps tout au long de la jam<strong>be</strong> …<br />
Notes<br />
(1) : maroufle = personnage grossier<br />
(2) croquenot = grosse godasse<br />
Auteur :<br />
René Fallet<br />
Page 11<br />
A la lecture de ces textes, sans doute réagirez-vous en protestant : ne nage-t-on (ne roule-t-on) pas là en plein subjectivisme<br />
? Sans doute , et c’est ce qui en fait le charme. Mais chacun conviendra, sans pouvoir nécessairement l’exprimer<br />
clairement, qu’il y a effectivement, dans la différence entre les deux termes, « quelque chose » , un « je ne sais quoi », qui<br />
marque comme une frontière entre deux façons de vivre, peut-être deux conceptions de l’existence… C’est presque toute la<br />
question de notre rapport aux « objets » qui se pose ici. Luc de Brabandère et Stanislas Deprez, philosophes des sciences,<br />
écrivent à cet égard : « On peut se demander si l’opposition entre objet ( ndlr : par exemple, un vélo ou … une bicyclette) et<br />
sujet (ndlr : le cycliste) ne devrait pas s’effacer au profit du mélange entre les deux pôles. Une nuit, le philosophe taoïste<br />
Zhuangzi rêva qu’il était un papillon volant de fleur en fleur. Au réveil, il se demanda : suis-je un homme qui a rêvé qu’il était<br />
un papillon ou un papillon en train de rêver qu’il était un homme ? A moins qu’il ne soit l’un et l’autre … Peut-être vaut-il la<br />
peine de voir le sujet humain non plus comme une essence définie une fois pour toutes mais comme un processus, une relation,<br />
le produit sans cesse recommencé d’assemblages entre le moi, des artéfacts (ndlr : les objets qu’il crée), des animaux<br />
et d’autres humains… » ( La Libre Belgique du 18 oct 2011, rubrique « philosophie (6/30). En deux mots : « Objet versus<br />
sujet »).<br />
En vous laissant méditer sur ces savantes paroles, je voudrais terminer l’article par une petite remarque. A la lecture de<br />
ces textes, surtout celui de Fallet, on se rend compte à quel point ont évolué les canons esthétiques qui président à la<br />
conception des vélos. <strong>Le</strong>s « Colnago » du temps d’Eddy, avec leurs raccord ajourés et leurs émaillages magnifiques, constituaient<br />
le fin du fin en matière d’esthétique. Ils paraissent aujourd’hui bien « ringards » à côté des vélos actuels : monocoques<br />
carbone, roues à jantes hautes ou « lenticulaires », tu<strong>be</strong>s alu surdimensionnés soudés façon plombier… Et les<br />
boyaux, les « siffeurs » d’autrefois, supplantés par des pneus qui se la jouent boyaux mais qui ont une souplesse … de<br />
tuyaux d’arrosage ? A la vue de ces « progrès », Fallet doit plus que certainement se retourner dans sa tom<strong>be</strong> …<br />
A plus tard pour d’autres découvertes littéraires. André Cloespin
Page 12<br />
Photo presse :<br />
Alain Lallouette<br />
DRÔME <strong>2012</strong>