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Gazette des jeunes - CAMEO – Outaouais

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Pourtant, les voyages que font ces ados en quête de sensations<br />

fortes ne sont pas de tout repos. Il y a <strong>des</strong> digues à<br />

construire, <strong>des</strong> populations à soigner, <strong>des</strong> champs à cultiver,<br />

<strong>des</strong> orphelins à aimer. « Nous, on a aidé <strong>des</strong> enfants<br />

âgés de 3 à 12 ans dans <strong>des</strong> bidonvilles en banlieue de Lima,<br />

au Pérou. On a joué avec eux, on a fabriqué <strong>des</strong> marionnettes<br />

et on leur a raconté <strong>des</strong> légen<strong>des</strong> », raconte Alexandre<br />

Legault, pionnier chez les scouts de Sainte-Catherinede-Sienne,<br />

qui est parti en Amérique latine au printemps<br />

dernier.<br />

Mission : s’ouvrir au monde<br />

Non, vraiment, rien à voir avec le tourisme kid kodak de<br />

ceux qui se la coulent douce dans les îles grecques ou mangent<br />

dans les meilleurs bistros de Paris. Ici, ce qu’on veut<br />

vivre, c’est la misère. Coucher dans <strong>des</strong> huttes de boue et<br />

de paille, vivre dans <strong>des</strong> camps sans électricité ni eau courante,<br />

marcher <strong>des</strong> heures jusqu’à l’orphelinat à 42 degrés<br />

à l’ombre, se débrouiller dans une langue que l’on baragouine.<br />

Mais pourquoi prendre plaisir à se donner tant de<br />

mal ? « Je pense que c’est<br />

parce qu’on entend<br />

tellement parler<br />

de ce qui se passe<br />

ailleurs. La pauvreté,<br />

la misère… On veut<br />

voir ça de nos propres<br />

yeux, connaître<br />

la réalité de ces gens et<br />

se faire une meilleure<br />

idée. Après ça, t’es<br />

plus criti que face au<br />

monde qui t’entoure »,<br />

explique Geneviève<br />

Guérin-Bergeron, étudiante<br />

au Cégep de<br />

Saint-Hyacinthe.<br />

Critique, cette jeune<br />

collégienne intéressée<br />

par l’histoire l’est devenue<br />

malgré elle, après avoir séjourné au Mali l’été<br />

dernier dans <strong>des</strong> conditions plutôt diffi ciles. Ses<br />

trois semaines à vivre dans une famille polygame<br />

de 10 enfants, à dormir dans une hutte infestée de chauvesouris,<br />

à se laver au seau et à suer au champ du matin au<br />

soir n’ont pas manqué de la remuer intérieurement. Et de<br />

lui ouvrir les yeux.<br />

« J’étais révoltée. Comment les femmes pouvaient-elles<br />

tolérer la polygamie ? Elles m’ont expliqué qu’avec toutes les<br />

tâches ménagères qu’elles ont à faire en plus de s’occuper <strong>des</strong><br />

enfants et de cultiver le mil, une deuxième femme dans la<br />

famille amène un certain soutien », avance Geneviève qui,<br />

lors de son séjour, a construit <strong>des</strong> diguettes contre l’érosion<br />

et donné <strong>des</strong> ateliers dans les écoles sur les effets du<br />

déboisement.<br />

Dans ce village de brousse du sud du Mali où l’excision<br />

est encore pratiquée, les femmes lui étaient apparues sans<br />

recours et sans voix. « Mais, fi nalement, elles arrivent toujours<br />

à faire valoir leur point de vue dans les prises de décision.<br />

Leurs maris ne leur donnent simplement pas toujours<br />

le crédit », remarque la jeune femme qui est aussi violoniste.<br />

« Ça ne fait que 12 ans que l’éducation est obligatoire dans<br />

ce village. Avec le temps, l’écart va arrêter de se creuser. »<br />

En novembre 2006, Andréanne Nault a travaillé bénévolement<br />

auprès d’orphelins en Haïti lors d’un stage de solidarité<br />

internationale organisé par la Polyvalente Le Boisé de<br />

Victoriaville. Durant son séjour de deux semaines à Godey,<br />

elle a été étonnée de la grande place qu’occupent les femmes<br />

dans la société haïtienne. « Là-bas, elles travaillent autant<br />

que les hommes [aux champs]. Ce n’est pas parce que tu es<br />

une femme que tu ne peux pas faire <strong>des</strong> choses d’homme »,<br />

affi rme la jeune rouquine de 17 ans qui fait un<br />

DEP en cuisine. Elle a cependant été choquée<br />

par la façon dont les hommes considéraient<br />

les femmes et<br />

par les regards qu’ils<br />

leur adressaient. « La<br />

sexualité semble très<br />

forte là-bas. Ce n’est<br />

pas pour rien qu’il y<br />

a autant de sida. »<br />

N’empêche, tout bon<br />

choc culturel amène<br />

du positif, croit-elle.<br />

Côtoyer autant de<br />

pauvreté et de dénuement<br />

l’a dégoûtée de<br />

l’hyperconsommation<br />

<strong>des</strong> sociétés du Nord.<br />

D’ailleurs, le vrai « choc », c’est à son retour qu’elle l’a vécu.<br />

« C’était Noël. Je me rendais compte que les cadeaux à<br />

200 $, je n’en avais pas besoin. J’aurais préféré avoir l’argent<br />

et faire un chèque à un organisme », lance Andréanne dans<br />

un cri du cœur. « Je suis écœurée de la société de consommation.<br />

On est trop capitalistes. J’ai le goût de revenir à la<br />

base et de vivre avec peu. Nos grands-parents vivaient heureux<br />

avec beaucoup moins. »<br />

Geneviève Guérin-Bergeron<br />

Geneviève Guérin-Bergeron<br />

lors de son séjour « à la<br />

dure » au Mali et quelques<br />

habitants du village qui l’ont<br />

accueillie.<br />

:: GAZETTE DES FEMMES :: NOV.-DÉC. 2007 45

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