Gazette des jeunes - CAMEO – Outaouais
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:: DOSSIER<br />
Rêver mieux<br />
Plus ça change, plus c’est pareil : télé, BD et fi lms nous mitraillent d’images de<br />
pitounes et de fi lles qui jouent les seconds rôles, quand elles ne sont pas trop<br />
occupées à se demander quel vernis à ongles porter. L’heure est à la riposte,<br />
même si elle est encore timide.<br />
| par Catherine-Ève Gadoury<br />
es produits culturels n’ont<br />
L jamais été aussi abondants<br />
et faciles d’accès, surtout<br />
pour la jeune génération, née avec une<br />
souris au bout du doigt et le « World<br />
Wide Web » tatoué au cœur. Ce grand<br />
échange culturel cyberspatial est merveilleux<br />
à bien <strong>des</strong> égards. Mais malheureusement,<br />
le fl ot de produits qu’il<br />
engendre transmet encore et toujours<br />
<strong>des</strong> stéréotypes parasites dont on<br />
croyait s’être débarrassés pour de bon.<br />
Force est de constater que les gars<br />
tiennent encore le haut du pavé. On<br />
les retrouve en héros dans nombre de<br />
fi lms, de livres, de <strong>des</strong>sins animés. Ce<br />
sont <strong>des</strong> leaders futés, musclés et courageux.<br />
Les fi lles, elles, les admirent,<br />
patientes, naïves, douces… quand elles<br />
ne sont pas à demi déshabillées en train<br />
de se trémousser dans un vidéoclip à la<br />
limite de l’obscénité.<br />
Attention :<br />
bombardement !<br />
Une petite heure passée devant le téléviseur<br />
peut assurément donner quelques<br />
maux de tête. À MusiquePlus, dans la<br />
téléréalité La Prochaine Pussycat Doll,<br />
de <strong>jeunes</strong> chanteuses très sexy se disputent<br />
une place au sein d’une troupe de<br />
cabaret striptease aujourd’hui convertie<br />
en groupe de chanteuses pop. Des<br />
gars aux gros bras retapent de vieilles<br />
minounes dans Pimp mon char.<br />
38 :: GAZETTE DES FEMMES :: NOV.-DÉC. 2007<br />
Catherine-Ève Gadoury est spécialiste en éducation artistique et<br />
chroniqueuse culturelle pour la radio de Radio-Canada.<br />
Pendant ce temps-là, à Télétoon, le<br />
<strong>des</strong>sin animé Les Bratz nous présente<br />
quatre fi lles totalement obsédées par<br />
leur corps et par le magazine féminin<br />
qu’elles concoctent. Elles nous<br />
accueillent d’ailleurs sur leur site<br />
Internet avec cette réfl exion : « Patiente<br />
un tout petit peu, ça prend du temps<br />
d’être aussi belle ! »<br />
Au dépanneur du coin, les tablettes<br />
débordent de magazines pour adolescentes<br />
où il n’y en a que pour le corps,<br />
l’apparence et les gars : comment<br />
plaire aux garçons en 10 étapes, comment<br />
réussir son maquillage de star…<br />
Que de questions existentielles ! Et<br />
côté pub, les gars ont droit à la totale :<br />
femme nue couverte de sushis « bien<br />
roulés » et déesse aux courbes surréelles<br />
vantant les bienfaits d’une boisson<br />
énergétique glissée dans son slip. Ouf !<br />
Ces modèles laissent pantois, surtout<br />
quand on sait qu’ils sont <strong>des</strong>tinés à<br />
<strong>des</strong> <strong>jeunes</strong> en train de construire leur<br />
identité personnelle et sociale. À l’adolescence,<br />
les marques de vêtements<br />
portées, la musique qui remplit les iPod<br />
et les émissions de télévision regardées<br />
nourrissent le besoin de s’identifi er à<br />
un groupe et participent au développement<br />
de l’individu. Il suffi t de fl âner<br />
devant une école secondaire à la<br />
fi n <strong>des</strong> classes pour voir déambuler de<br />
petits clones <strong>des</strong> Christina Aguilera et<br />
Beyoncé de ce monde.<br />
Cette imitation de l’image laisse supposer<br />
une imitation sexuelle encore<br />
plus préoccupante. Dois-je vraiment<br />
faire ce que je vois à la télévision pour<br />
être aimée, pour être populaire ?<br />
En ce sens, ne faut-il pas s’inquiéter de<br />
certaines mo<strong>des</strong> ? Par exemple, l’avènement<br />
<strong>des</strong> mangas, ces petites ban<strong>des</strong><br />
<strong>des</strong>sinées japonaises violentes et parfois<br />
carrément pornographiques. Les<br />
chiffres de ventes <strong>des</strong> fameux mangas<br />
font sourciller. En France, un adolescent<br />
sur deux âgé de 9 à 13 ans en<br />
lit. Au Québec, le mouvement <strong>–</strong> bien<br />
que plus marginal <strong>–</strong> prend de l’ampleur<br />
et les « mangaphiles » se multiplient.<br />
Que retrouve-t-on plus souvent<br />
qu’autrement dans ces BD ? La sempiternelle<br />
image de la femme-enfant aux<br />
grands yeux ou celle de la femme sexy<br />
aux courbes surdimensionnées prête<br />
à répondre à tous les fantasmes de ses<br />
acolytes masculins. Sans compter la<br />
représentation caricaturale <strong>des</strong> rapports<br />
hommes-femmes qu’on y fait. Et<br />
tout ça se trouve dans la section <strong>jeunes</strong>se<br />
<strong>des</strong> bibliothèques de quartier,<br />
entre Babar et Caillou !<br />
La contre-attaque<br />
Faire disparaître les stéréotypes ne<br />
veut pas dire éliminer les valeurs propres<br />
à l’adolescence : importance de<br />
l’image, de l’amour, de la gang, de<br />
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