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Gazette des jeunes - CAMEO – Outaouais

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En plus du cas de Silva, l’intervenante<br />

évoque l’exemple de cette jeune<br />

Haïtienne à qui les parents ont interdit<br />

de fréquenter la Maison <strong>des</strong> <strong>jeunes</strong>.<br />

« Son futur époux est déjà choisi…<br />

Elle semble se résigner. D’un autre<br />

côté, elle m’a dit qu’elle préférait continuer<br />

à aller à l’école et avoir la possibilité<br />

de travailler. En Haïti, on pourrait<br />

l’enfermer à la maison, alors qu’ici, elle<br />

est obligée d’aller à l’école. Pour elle, il<br />

s’agit d’une petite victoire, d’une semiliberté.<br />

»<br />

En fait, les règles plus strictes <strong>des</strong><br />

familles <strong>des</strong> communautés culturelles<br />

constituent souvent un moyen<br />

de défense contre les « assauts » de<br />

la société nord-américaine : drogue,<br />

hypersexualisation, cyberviolence,<br />

cybersexe, instabilité <strong>des</strong> <strong>jeunes</strong> hommes<br />

dans les relations amoureuses.<br />

« Ce n’est pas nécessairement lié à la<br />

religion, c’est plutôt une question de<br />

valeurs », soutient Maysoun Faouri,<br />

directrice de l’organisme Concertation<br />

Femme à Montréal et vice-présidente<br />

de la Table de concertation <strong>jeunes</strong>se de<br />

Bordeaux-Cartierville. « Les parents<br />

craignent tout ce qui peut éloigner les<br />

<strong>jeunes</strong> de leurs étu<strong>des</strong>. Après tout, ces<br />

familles ont émigré dans le but d’améliorer<br />

le sort de leurs enfants. Je crois<br />

qu’elles seraient peut-être moins sévères<br />

si elles étaient dans leur pays d’origine,<br />

où tous ces “dangers” ne sont pas<br />

aussi présents », poursuit-elle.<br />

Non au culte de la<br />

beauté…<br />

L’hypersexualisation <strong>des</strong> <strong>jeunes</strong>, surexposée<br />

dans les médias, compte parmi<br />

ces « perversions » de notre société<br />

contre lesquelles les parents issus <strong>des</strong><br />

communautés culturelles veulent protéger<br />

leur progéniture… et plus particulièrement<br />

leurs fi lles.<br />

« C’est vrai que les gars choisissent les<br />

fi lles pour leur apparence, leur corps<br />

mince… » croit Silva. Saia (prénom<br />

fi ctif), d’origine roumaine, perçoit<br />

déjà cette pression sur les <strong>jeunes</strong> femmes<br />

« qui doivent être sexy ». Pourtant,<br />

elle n’a que 13 ans et réside au Québec<br />

avec sa famille depuis seulement deux<br />

ans. Selon elle, ce culte de la minceur<br />

et de la beauté est loin d’être aussi<br />

fort dans son pays. Fadilla partage cet<br />

avis : « La vision de la beauté est différente,<br />

du moins chez nous au Liban;<br />

ce n’est pas nécessairement le corps qui<br />

domine. »<br />

Alors que le mariage<br />

est en chute libre au<br />

Québec, les ados néoquébécois<br />

<strong>–</strong> fi lles et<br />

garçons <strong>–</strong> interrogés par<br />

la <strong>Gazette</strong> <strong>des</strong> femmes<br />

ont affi rmé à l’unanimité<br />

qu’ils souhaitaient se<br />

marier et avoir <strong>des</strong><br />

enfants.<br />

Même si les <strong>jeunes</strong> immigrantes de<br />

Bordeaux-Cartierville semblent s’opposer<br />

à cette domination <strong>des</strong> apparences,<br />

les adolescents <strong>des</strong> deux sexes<br />

se conforment habituellement aux<br />

valeurs et aux habitu<strong>des</strong> adoptées par<br />

leurs pairs, croit pour sa part la directrice<br />

de Concertation Femme, « et ce,<br />

peu importe leur culture ».<br />

… mais oui au mariage<br />

Il y a cependant une tendance québécoise<br />

que ne suivront peut-être pas<br />

les <strong>jeunes</strong> immigrants. Alors que le<br />

mariage est en chute libre au Québec,<br />

les ados <strong>–</strong> fi lles et garçons <strong>–</strong> interrogés<br />

par la <strong>Gazette</strong> <strong>des</strong> femmes ont<br />

affi rmé à l’unanimité qu’ils souhaitaient<br />

se marier et avoir <strong>des</strong> enfants.<br />

« Mais pas dès l’âge de 18 ans, précise<br />

l’anthropologue Josiane Le Gall. Ils et<br />

elles veulent d’abord préparer leur avenir,<br />

avoir une carrière. La cohabitation<br />

hors mariage est toutefois exclue pour<br />

la plupart d’entre eux et ils cherchent<br />

également un conjoint de la même religion<br />

et de la même origine, bien qu’ils<br />

accordent moins d’importance à ces<br />

deux critères. »<br />

Les ados seront fort probablement<br />

confrontés aux exigences de leurs<br />

parents lorsque l’heure <strong>des</strong> choix<br />

aura sonné en ce qui a trait aux épousailles,<br />

soutient l’intervenante sociale<br />

Geneviève Morand. Saia, chrétienne<br />

orthodoxe, admet que son père s’oppose<br />

au fait qu’elle épouse éventuellement<br />

un Noir ou un musulman.<br />

« Mais ça ne m’empêche pas d’avoir<br />

un chum, alors ça ne me dérange pas<br />

trop », ajoute-t-elle. Ses camara<strong>des</strong><br />

mentionnent qu’ils ne ressentent pas<br />

de pressions parentales de cet ordre.<br />

Ils avouent cependant qu’ils risquent<br />

d’être montrés du doigt par les membres<br />

de leur famille élargie s’ils s’écartent<br />

du chemin que leurs parents<br />

avaient imaginé pour eux.<br />

Et l’égalité <strong>des</strong> sexes, dont les Québé cois<br />

d’origine décrient souvent l’absence<br />

dans certains pays ? Pour Geneviève<br />

Morand, « c’est important de jaser avec<br />

les fi lles <strong>des</strong> luttes que les femmes ont<br />

faites chez nous pour que nous en arrivions<br />

là où nous sommes ».<br />

Wallid affi rme sans hésiter qu’il<br />

compte bien prendre la cuisine en<br />

charge et partager le reste <strong>des</strong> tâches<br />

ménagères avec sa tendre moitié. Les<br />

autres ados de Bordeaux-Cartierville<br />

abondent dans le même sens et soulignent<br />

l’importance du respect mutuel<br />

et de la confi ance dans la relation de<br />

couple.<br />

Déchirés par leur double culture, les<br />

ados néo-québécois en quête du grand<br />

amour ? Probablement pas. Tout en<br />

adoptant de nombreuses valeurs québécoises,<br />

« beaucoup de ces <strong>jeunes</strong><br />

ont encore <strong>des</strong> contacts avec leur pays<br />

d’origine, par exemple en s’y rendant<br />

pendant l’été. Ils épousent même parfois<br />

une personne de leur origine. Ils<br />

ne vivent pas nécessairement une crise<br />

d’identité », estime Mme Le Gall.<br />

Malgré les chagrins que peuvent parfois<br />

causer les étincelles entre les cultures,<br />

un grand nombre de ces <strong>jeunes</strong> s’approprient<br />

le meilleur <strong>des</strong> deux univers<br />

pour façonner leur petit bonheur… ::<br />

:: GAZETTE DES FEMMES :: NOV.-DÉC. 2007 37

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