Gazette des jeunes - CAMEO – Outaouais
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p<br />
Antoine : Quelqu’un qui dit que les bonnes notes<br />
sont cool, c’est souvent juste pour ne pas perdre la<br />
face.<br />
Pierre-Antoine : La question de départ, c’est :<br />
« Est-ce que l’on s’encourage ? » Je dirais qu’on ne<br />
s’encourage pas en disant : « Let’s go, t’es bon ! »<br />
Mais on peut dire à un chum : « C’est le fun ce que<br />
tu veux faire plus tard. »<br />
Philippe : J’avais un ami qui prenait de la drogue.<br />
C’est un autre facteur qui joue dans le décrochage.<br />
J’essayais de le raisonner. Il se plaignait qu’il<br />
n’avait pas de bonnes notes, mais il en prenait tous<br />
les jours.<br />
La drogue, c’est un problème…<br />
Antoine : Ça peut avoir un effet sur la réussite. Ça<br />
t’amène à <strong>des</strong> soirées et pendant ce temps-là, tu<br />
n’es pas à ton étude. Ça n’aide pas.<br />
Philippe : Il y en a qui en prennent le matin ou le<br />
midi. Il y a une différence entre en prendre le soir<br />
et la fi n de semaine et en prendre le jour à l’école.<br />
Autant les fi lles que les garçons ?<br />
Sarah : Non, <strong>des</strong> gars surtout.<br />
Marie-Philippe : Les gars sont plus téméraires. Ils<br />
essayent plus de trucs.<br />
Philippe : Une gang de fi lles et une gang de gars,<br />
c’est bien différent.<br />
Marie-Philippe et Sara : Ça dépend de la gang. ::<br />
Réflexions en marge<br />
par Jean-Claude St-Amant<br />
Chercheur en éducation, Jean-Claude St-Amant fait partie du<br />
groupe d’experts à l’origine du Centre de recherche et d’intervention<br />
sur la réussite scolaire (CRIRES). Il a participé à divers<br />
travaux de la Chaire d’étude Claire-Bonenfant sur la condition<br />
<strong>des</strong> femmes. Il vient de publier Les Garçons et l’école.<br />
Les garçons et les fi lles qui réussissent présentent plusieurs points<br />
communs, et la table ronde en fait ressortir quelques-uns. Les <strong>jeunes</strong><br />
s’y entendent en effet facilement sur quatre façons d’arriver au<br />
succès : adopter une attitude favorable à l’école (« venir à l’école<br />
pour réussir », comme ils le laissent entendre), fournir les efforts<br />
nécessaires (« y mettre le temps et l’énergie »), prendre en charge<br />
sa scolarisation (« gérer ses affaires ») et se projeter dans l’avenir<br />
(« avoir un but »). Et contrairement à l’impression qui pourrait<br />
se dégager de leurs propos, ces caractéristiques sont repérables<br />
aussi chez les fi lles et les garçons du primaire qui ont du succès à<br />
l’école.<br />
Mais cette non-différence entre les garçons et les fi lles ne doit<br />
pas faire oublier l’effet de la socialisation selon le sexe. Par exemple,<br />
quelle réaction une fi lle et un gars auront-ils devant une note<br />
moins satisfaisante ? « Essayer d’en rire » (Antoine) ou « capoter<br />
» (Marie-Philippe) ? Et où une « bonne note » se situe-t-elle ?<br />
À 75 % (Pierre-Antoine) ou à 96 % (Marie-Philippe) ? Les fi lles sont<br />
en général plus exigeantes envers elles-mêmes et plus conscientes<br />
<strong>des</strong> enjeux liés à une scolarisation réussie.<br />
On peut aussi percevoir <strong>des</strong> différences sexuelles construites par<br />
la société dans les embûches scolaires que mentionnent les <strong>jeunes</strong>.<br />
Dans certains groupes masculins, « étudier, c’est pas cool ».<br />
Prendre de la drogue serait une affaire de « gars surtout ». Enfi n, le<br />
« chandail bedaine » symbolise le retour de stéréotypes que l’on<br />
croyait disparus et qui menacent les acquis scolaires <strong>des</strong> fi lles. ::