Gazette des jeunes - CAMEO – Outaouais

Louise Bilodeau
ransformer, le temps d’un
T numéro, la Gazette des femmes
en Gazette des jeunes, vu
le succès remporté l’an dernier par la
Gazette des fi lles, voilà le défi qu’a lancé
la direction du Conseil du statut de
la femme à l’équipe de la Gazette au
milieu de l’été. Le projet nous a emballées,
mais le délai pour le réaliser nous
semblait court. Quoi dire ? Et surtout,
comment le dire ?
Ma nouvelle adjointe, Paule Belleau,
a fait un travail de fouille remarquable.
Elle a déposé une pile de documents
tous plus intéressants les uns
que les autres sur mon bureau, me laissant
le plaisir de démêler tout cela.
Rapidement, des thèmes ont retenu
mon attention. Certains, je le savais,
allaient séduire, comme la mode et les
projets humanitaires dans le monde.
Et d’autres, de prime abord plus sévères,
comme l’école et les stéréotypes,
devraient bénéfi cier d’un traitement
original si je voulais qu’ils soient lus.
Tandis que se dessinait le numéro
dans ma tête, j’ai donné rendez-vous
à ma nièce Laurence, 16 ans. Dismoi,
Laurence, qui es-tu et que penses-tu
? Non, je ne lui ai pas dit ça… Je
l’aurais fait fuir. On a causé bouquins,
télé, camp d’été. Et j’ai observé ses
yeux immenses qui percent la vie, ses
mots, ses gestes qui refl ètent sa créativité,
ainsi que la moue et le sourire qui
alternent, selon ses émotions. Je pensais
: que deviendra-t-elle ? Mais surtout,
qui deviendra-t-elle ?
Revenue au bureau, j’ai appelé les pigistes.
J’ai été agréablement surprise par
leur enthousiasme à l’égard des jeunes
et à l’idée de leur parler de trucs
importants. L’angle de traitement du
numéro est alors apparu clairement :
aller au bout de soi.
Aller au bout de soi, c’est le rêve de tout
le monde. Mais pour aller au bout de
soi, il faut commencer par être soi.
Et ça, c’est tout un contrat. Très tôt à
la maison, puis à la garderie et enfi n
à l’école, on est soit épaulé dans sa
découverte de soi-même, soit freiné ou
fortement infl uencé. Avec les années
s’ajoutent les amis, qui ont rarement
un penchant pour la différence. Puis
il y a la télévision, la publicité. Si on a
confi ance en soi, on navigue bien dans
cet univers complexe. On choisit ce qui
nous ressemble et on s’ouvre à ce qui
nous attire. Sinon, on devient ce qui
plaît aux autres et on se perd de vue.
Être soi ne devrait pas être un défi .
Pourtant, combien de femmes et
d’hommes de 40 et 50 ans font bas cu ler
:: ÉDITORIAL
Dis-moi
Laurence
Aller au bout de soi,
c’est le rêve de tout le
monde. Mais pour aller
au bout de soi, il faut
commencer par être
soi. Et ça, c’est tout
un contrat.
leur vie et celle de toute leur famille
parce qu’ils ne savent plus qui ils sont ?
Ils ont manqué de courage pour s’affi rmer
quand il le fallait. Ils ont choisi le
confort plutôt que la vérité.
Tout au long de mon enfance, de mon
adolescence puis de ma vie adulte, j’ai
dérangé et bien souvent j’ai été seule,
mais c’était plus fort que moi. Il fallait
que je sois moi. Parce qu’instinctivement,
je me disais qu’au bout de moi,
il y avait le bonheur. Aujourd’hui, tous
les psys le disent. Il n’y a pas d’échappatoire.
Pour être véritablement heureux,
il faut être soi partout, tout le
temps, dans tout ce qu’on fait.
Alors il me reste à te dire à toi, Laurence,
et à toutes les fi lles et tous les gars de
ton âge : soyez authentiques. Pour vous
d’abord et pour ceux qui vous entourent
ensuite. Cela leur donnera peutêtre
le courage d’être eux-mêmes.
Faites confi ance à la vie, comme Valérie
et Simon que je vous invite à découvrir
dans notre chronique Portraits.
Et exprimez-vous ! Que ce soit par la
création, comme Lara, Perle et Simon
de Mire EnScène, ou par un engagement
social, comme Pierre-Alexandre,
Mélanie, Alexandre, Chuo, Geneviève,
Andréanne, Élizabeth, Hugo, Anna,
Simon, Julien, Marie-Ève, Myriam et
Christine, qui ont choisi de donner
temps et énergie pour créer un monde
meilleur. ::
Hélène Sarrasin
Rédactrice en chef
:: GAZETTE DES FEMMES :: NOV.-DÉC. 2007 3