23.06.2013 Views

Gazette des jeunes - CAMEO – Outaouais

Gazette des jeunes - CAMEO – Outaouais

Gazette des jeunes - CAMEO – Outaouais

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Tu as un devoir à remettre demain, tu<br />

le remets. On leur martèle ce discours.<br />

Il n’y a pas de raccourci possible,<br />

donc. Si tu veux faire un apprentissage<br />

intellectuel, tu dois t’arrêter,<br />

te concentrer, mémoriser…<br />

Oui, et ce qui est frappant <strong>–</strong> c’est<br />

d’ailleurs une perception assez répandue<br />

au sein du personnel scolaire, notre<br />

dernière recherche le démontre <strong>–</strong>, c’est<br />

que bien <strong>des</strong> gens considèrent que les<br />

fi lles utilisent cette stratégie parce<br />

qu’elles sont dociles. C’est renversant.<br />

Ça c’est un stéréotype.<br />

Comment expliquer cette attitude<br />

du personnel scolaire ?<br />

On a vérifi é d’où viennent les « croyances<br />

» <strong>des</strong> professeurs. On s’est rendu<br />

compte que leur principale source de<br />

renseignements, ce sont les médias.<br />

Et que trouve-t-on dans les médias<br />

en ce moment ? Le discours <strong>des</strong><br />

masculinistes.<br />

La deuxième source d’information<br />

<strong>des</strong> professeurs, c’est l’observation<br />

en classe. Mais s’ils ont déjà une idée<br />

préconçue…<br />

Comment expliquez-vous la facilité<br />

avec laquelle le discours <strong>des</strong> masculinistes<br />

circule au Québec ?<br />

Il y a <strong>des</strong> hommes qui ont décidé de<br />

prendre l’offensive, qui ont évalué que<br />

c’était possible de le faire. C’est un backlash.<br />

Et les médias ont diffusé les prétentions<br />

masculinistes en disant que<br />

c’était nouveau. Des hommes qui parlent,<br />

c’était nouveau. Comme si cela<br />

n’avait pas toujours existé. Enfi n, les<br />

médias ont dit qu’ils agissaient dans<br />

un souci d’objectivité…<br />

Tout cela crée une telle ambiance<br />

dans la société que vous vous dites<br />

inquiet pour les fi lles.<br />

Oui. Parce que quand on entend que<br />

le problème <strong>des</strong> décrocheurs est lié au<br />

manque de modèles masculins ou à la<br />

mixité et qu’on fait face à <strong>des</strong> propositions<br />

comme celles d’ajouter <strong>des</strong> activités<br />

sportives à l’école ou de séparer<br />

les garçons <strong>des</strong> fi lles, on ne peut pas<br />

répondre seulement : « Non, ce n’est<br />

pas une voie prometteuse. » On est<br />

obligé de démontrer que ça ne tient pas<br />

la route, ce qui est long. Conséquence ?<br />

Pendant ce temps-là, on ne fait pas ce<br />

que l’on devrait faire, c’est-à-dire <strong>des</strong><br />

programmes adaptés.<br />

Selon vous, quels gestes faudrait-il<br />

poser pour aider les garçons et les<br />

fi lles qui risquent de décrocher ?<br />

Je suggère trois pistes. La première :<br />

une intervention contre les stéréotypes<br />

masculins et féminins. Les fi lles sont<br />

fortes, mais ce sera quoi dans 10 ans si<br />

on ne continue pas à les encourager ?<br />

Cesser de soutenir les fi lles n’est pas<br />

une façon de réduire les écarts entre<br />

elles et les garçons. Il y a dans cette<br />

lutte contre les préjugés un gain à faire<br />

sur le plan scolaire mais aussi sur le<br />

plan social. Si l’on souhaite avoir <strong>des</strong><br />

gens équilibrés et ouverts dans notre<br />

société, je pense qu’on doit poursuivre<br />

ce qu’on a commencé, en jetant un<br />

regard critique sur les stéréotypes.<br />

La deuxième piste, c’est la lecture. On sait<br />

depuis longtemps que plus les jeu nes<br />

lisent, mieux ils réussissent à l’école.<br />

Une découverte encore plus importante<br />

est que la lecture peut renverser<br />

l’effet de l’appartenance à un milieu<br />

pauvre. Même si le facteur socioéconomique<br />

reste déterminant pour la réussite<br />

scolaire, la lecture est une avenue<br />

royale pour surmonter cet obstacle-là.<br />

Lors d’une expérience menée récemment<br />

dans un milieu multiethnique<br />

défavorisé, le taux de réussite <strong>des</strong> élèves<br />

était de 95 % après trois ans de lecture<br />

fréquente, et l’écart entre les garçons et<br />

les fi lles avait disparu.<br />

Enfi n, la troisième avenue est l’autonomie.<br />

Être autonome, ça s’apprend.<br />

On peut éduquer les <strong>jeunes</strong> à ça. On les<br />

éduque en leur donnant <strong>des</strong> responsabilités,<br />

en étant exigeant, sans passedroits.<br />

En leur disant que <strong>des</strong> efforts, il<br />

faut en faire. Que plus t’en fais, plus ça<br />

va être facile, et que plus tu vas aimer<br />

ça. On le voit chez les fi lles du secondaire.<br />

Elles aiment faire leurs travaux.<br />

Chez les garçons, on doit contrer la<br />

culture du jeu extrêmement présente<br />

qui s’oppose à l’effort. ::<br />

Mélanie Cantin<br />

Jean-Claude St-Amant, un professeur qui<br />

défi e le discours ambiant avec les résultats<br />

de ses recherches.<br />

:: GAZETTE DES FEMMES :: NOV.-DÉC. 2007 27

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!