Gazette des jeunes - CAMEO – Outaouais

AU BOUT DE SOI
Certains auraient tout arrêté.
Pas Valérie Grand’Maison. Malgré qu’elle souffre
d’une maladie dégénérative, cette athlète a choisi
de vivre sa passion : la natation. À l’écoute de son
intuition, elle a persévéré dans ce sport qui lui
procure un immense sentiment de réalisation.
Date de naissance : Le 12 octobre 1988 à Sherbrooke.
Famille : Deux frères aînés et un frère cadet.
Études : Sciences de la nature au Collège André-Grasset
à Montréal.
Sport : Fait ses débuts en natation à l’âge de 9 ans avec le
Club aquatique de Montréal (CAMO).
Découverte inquiétante : Alors qu’elle est âgée de 5 ans,
les médecins lui diagnostiquent une dégénérescence
maculaire. Cette maladie, qui frappe habituellement les
personnes âgées, entraîne une diminution graduelle de la
vision centrale pouvant conduire jusqu’à la cécité. Sa vue se
dégrade tranquillement. À 12 ans, ses médecins lui disent
que le sport est un facteur de risque.
Événements tragiques : Quelques mois plus tard, elle
participe à un 200 m papillon qui tourne au cauchemar.
L’effort fourni altère sérieusement sa vue, au point où elle ne
voit plus rien à sa sortie de l’eau. Au bout de quelques jours,
sa vision revient, mais son œil droit est considérablement
affecté. Son état semble se stabiliser quelque temps.
Elle continue l’entraînement. À 15 ans, le pire survient de
nouveau. Après une courte sieste au soleil, elle se réveille
la vue totalement brouillée. La vision de son œil gauche
devient très faible. La mort dans l’âme, elle décide
d’arrêter la natation.
Nouvel élan : L’entraîneur de son club, Pierre Lamy, lui parle
du programme SWAD (Swimmer with a disability – « Nageur
ayant un handicap ») et l’encourage à recommencer à nager
en vue des Jeux du Canada de l’été 2005. Après réflexion,
Valérie accepte. Elle recommence la compétition et rafle
tout aux Jeux du Canada, puis aux Championnats de l’Est.
Honneurs : Médaille d’argent aux Jeux du Commonwealth
en 2006. Cinq médailles d’or, une d’argent et une de bronze
aux Championnats du monde de Durban, en Afrique du
Sud, en 2006. Records du monde en 2006 au 100 m
et au 400 m libre.
Passions : Le dépassement de soi, les voyages.
Ambition : Devenir physiothérapeute et
travailler avec des gens handicapés.
Qualités : Déterminée, disciplinée, persévérante, travaillante.
Défauts : Comme l’exige la vie d’athlète, égoïste,
orgueilleuse, entêtée.
Petit plaisir : Dormir sans avoir à programmer son
réveille-matin.
Rythme de vie : S’entraîne de 22 à 24 heures par semaine
– séances en piscine, musculation et étirements –
en plus d’aller à l’école.
Réflexion : Lorsqu’on lui demande pourquoi elle a continué
la natation en sachant que ça constituait un facteur de
risque, elle répond qu’il n’était pas certain que l’arrêt de
l’entraînement freinerait la progression de la maladie. « Par
conséquent, pourquoi me priver d’une activité qui me
permet de m’épanouir ? La natation m’apporte
beaucoup plus que le risque ! »
Rôle des parents : Conscients des risques, mais voyant à
quel point le sport était important pour leur fille, ils l’ont
laissée prendre ses décisions et l’ont soutenue
dans ses choix.
Philosophie de vie : Go with the flow, qu’elle traduit par
« il faut aller où le vent nous mène ».
Prochaine grande compétition : Les Jeux paralympiques
de Pékin en septembre 2008. On suivra ses performances
pour voir où le flow la mènera… F.S.L.
:: GAZETTE DES FEMMES :: NOV.-DÉC. 2007 13
Alain Roberge / La Presse