LES PILIERS DE LA TRAITRISE - Scandale-France.org
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Devant son insistance, j’évoque à demi-mot les raisons de mon<br />
silence inhabituel, et la presse d’avancer la date de sa venue à Toulouse. Ma<br />
ligne téléphonique sous écoute, par précaution, nous limitons l’usage des<br />
lignes fixes et cellulaires pour laisser dans la confusion les parasites<br />
encombrants du réseau secret qui complotaient déjà au « téléphone arabe ».<br />
Le retour en famille à Saubusse, au cœur de la Chalosse, étant<br />
planifié dans les deux jours qui suivraient, maman laissait avec peine et<br />
raison « Duchesse » notre majestueuse chatte persane, dans la fraîcheur de<br />
ses pénates, avec des gamelles remplies de vivres jusqu’à ras bord et<br />
suffisamment d’eau.<br />
Profitant de cette escale, elle rendrait visite à ma grand-mère<br />
foncièrement allergique aux poils félins.<br />
Pendant ce temps, affairé dans son laboratoire, Phaï continue sans<br />
relâche, la clope au bec, à scanner avec le talent d’un infographiste les<br />
feuillets de mon classeur P.E.S. Notre couple de tourtereaux échange<br />
quelques baisers, et roucoule sur le balcon entre deux courtes pauses café.<br />
Environ toutes les deux heures, je reprends hardiment le relais des<br />
opérations, car l’épais classeur ne compte pas loin de deux cent cinquante<br />
pages, soit l’équivalent d’un copieux roman. Dans cette bulle enfumée,<br />
accolée contre son siège, j’observe ce virtuose du clavier qui d’un clic droit<br />
de souris dirige en chef d’orchestre une chorale d’outils online. Tel un<br />
patineur, il s’élance sur la piste imagée et glisse avec finesse sur les<br />
« Bitmaps » à coup de patins de gomme, puis virevolte sur les masques de<br />
détourage. Loin d’en rester là, le technicien nuance la palette de couleurs sur<br />
la bande chromatique et exécute son triple salto, esquivant dans le virage la<br />
faute de frappe, à petits coups de cliquer glisser copier pour se poser au final<br />
avec brio sur la matrice terminée.<br />
Subitement, le téléphone me ramène à la réalité. Mon braceletmontre<br />
affiche une heure du matin. Nous partons en duo, illico presto à la<br />
rencontre de maman qui réclame ma présence et m’attend, harassée après ce<br />
long voyage, près du pont des Demoiselles. J’aperçois l’Opel de maman<br />
garée en double file près d’un salon de coiffure pour dames. La vitre baissée,<br />
la conductrice fatiguée se désaltère d’une g<strong>org</strong>ée d’eau minérale, entre deux<br />
vaporisations de fines gouttelettes. Je suis quelque part soulagée de pouvoir<br />
enfin m’épancher librement auprès de ma petite mère et lui confie, sans<br />
même lui laisser le temps de souffler, que nous sommes vraisemblablement<br />
sous l’étroite surveillance de services secrets. Par mégarde, j’oublie presque<br />
de lui présenter l’élu de mon cœur.<br />
Phaï.<br />
Après cette entrée en matière, nous regagnons aussitôt le domicile de<br />
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