LES PILIERS DE LA TRAITRISE - Scandale-France.org
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D’un naturel défiant, l’air gauche et à la fois touchant, cet épicurien<br />
aux yeux aigue-marine, âgé de 43 ans, tout en contradiction, avec lequel je<br />
partageais ma vie depuis trois années, exerçait la profession de médecin<br />
généraliste, au cœur de la ville de Pau, chef-lieu du Béarn.<br />
Ce Zeus énigmatique, ce notable égocentrique, se délectait dans la<br />
pingrerie qui le caractérisait si bien. Je me laissais pourtant bercer par sa<br />
douceur et sa gentillesse candide, mais je souffrais de sa désinvolture et de<br />
son indifférence à l’égard de mes ennuis de santé. Dans son univers<br />
clinquant du luxe et de la bourgeoisie, l’apparat prenait toute la place. Le<br />
faste, le tape-à-l’œil, et « les dîners de cons » étaient <strong>org</strong>anisés cycliquement,<br />
autour d’une conférence médicale, aux frais de la princesse, à l’Hôtel du<br />
Palais de Biarritz ou au centre de Thalassothérapie d’Hendaye, par des<br />
laboratoires pharmaceutiques dont il était prescripteur. Il arborait comme<br />
une décoration, dans le milieu médical si hermétique à la <strong>France</strong> d’en bas, sa<br />
voiture de frime, un 4 X 4 TOYOTA dernier cri. Le tout brillait d’un éclat<br />
tapageur, y compris l’appartement acheté dans un chic quartier commerçant,<br />
hissé comme un étendard au troisième étage d’un immeuble de la fin du<br />
XVIII ème siècle, non classé monument historique, à son grand dam.<br />
La fenêtre de la cuisine donnait sur le palais de justice où près de la<br />
cathédrale gothique, j’entendais roucouler les pigeons autour de la fontaine.<br />
La superficialité de cette vie mondaine m’insupportait mais mon<br />
désir de plénitude amoureuse me voilait volontiers cet aspect futile et<br />
l’amour aveugle conduisait le carrosse de mes espoirs, fondés sur l’unique<br />
objet de mon désir, mon fiancé. Tous les soirs, Bruno révisait sa comptabilité<br />
en bon petit commerçant comme une leçon d’école qu’il devait réciter à<br />
haute et audible voix devant un jury composé de sa cupide famille<br />
embourgeoisée et de sa fiancée qui lui servait de greffier. Ce gourmand,<br />
s’attardait tel un écolier à compter et recompter ses bonbons, ses sucres<br />
d’<strong>org</strong>e, et dégustait les pièces de monnaie dans la lucarne de ses papilles<br />
optiques telles les célèbres « Coucougnettes », friandises béarnaises en<br />
mémoire au bon vieil Henri IV.<br />
Ce fin gourmet, cet ogre d’avarice dissimulait dans un coffret, un<br />
plumier en bois de chêne, ses liasses de billets qu’il enfouissait dans un rituel<br />
burlesque, enfermées à double tour dans un tiroir secret, les oubliettes de son<br />
coffre-fort. Dans son salon d’époque austère mais de bon goût, des meubles<br />
Louis XV le Bien-Aimé, chinés à la brocante, habillaient avec élégance et<br />
majesté cette pièce lumineuse où nous aimions converser, le samedi soir,<br />
devant un apéritif sucré-salé, qui reflétait une facette de notre intimité. Les<br />
secrets d’alcôve emplissaient de passion, dans la volupté, ce petit nid douillet<br />
harmonieusement couvé par l’effusion de nos baisers amoureux. Sur l’aile<br />
gauche, un imposant petit musée de souvenirs narrait ses épopées et<br />
expéditions tous azimuts.<br />
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