23.06.2013 Views

LES PILIERS DE LA TRAITRISE - Scandale-France.org

LES PILIERS DE LA TRAITRISE - Scandale-France.org

LES PILIERS DE LA TRAITRISE - Scandale-France.org

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

élevé à coups de canne et de bâton, nourri au lait de biquette, au saucisson et<br />

à l’aïoli, dans la maison de l’oncle paternel, un personnage inspiré de<br />

Germinal, tiré tout droit du roman de Zola.<br />

Le ton quelquefois acerbe, il ravivait les chansons basques de son<br />

grand-père, le poète, en mémoire duquel, les villageois avaient érigé une<br />

statue, sur un piédestal planté au cœur du village qui rappelait le Colosse de<br />

Rhodes.<br />

Bruno turlutait les odes du patriarche vénérable dans un dialecte à<br />

peine audible et ses iris d’un bleu émouvant lui conféraient une gaucherie<br />

attendrissante et presque infantile.<br />

Son attachement aux valeurs morales, dont il attribuait le mérite à<br />

ses parents, instituteurs de campagne, nous avait installé dans une<br />

confortable complicité romanesque à la fois utopique et idéaliste. Ses<br />

parents, ces gardiens prétentieux des armoiries familiales veillaient<br />

scrupuleusement au grain, à la notoriété et se plaisaient à redorer à la<br />

moindre festivité le blason du fils de bonne famille. Ils étaient follement<br />

tombés amoureux de l’image séduisante du paraître si bien qu’ils avaient<br />

perdu en chemin le maître de leur âme, le guide indispensable<br />

d’apprentissage du bonheur. L’Education Nationale les avait certes formés<br />

au savoir, à la culture, mais les lacunes s’accumulaient dans les matières<br />

humaines, quelques cours de soutien et de rattrapage s’imposaient en matière<br />

d’éducation, de code de conduite, d’humilité et de civisme.<br />

La transmission d’amour ne figurait vraisemblablement pas au<br />

programme du C.A.P.E.S. et l’on ne leur décernerait sûrement pas le prix<br />

d’excellence en éducation parentale.<br />

Une transfusion d’amour, voilà le remède qui aurait soigné le fiston,<br />

cet homme enfant, à la fois mature et frêle, l’enfant roi. En bon Saint-<br />

Bernard, j’avais reniflé intuitivement les souffrances psychologiques<br />

émanant de son enfance, et je pansais les blessures de celui que j’aimais<br />

jusqu’à ce que les plaies suppurantes cicatrisent. Sa fragilité m’insufflait une<br />

intense compassion et lorsque, au cours d’une séance d’hypnose, je<br />

découvris avec stupeur l’insolite secret qu’il cachait depuis des années, je<br />

compris pour la première fois sa nature profonde. Je décelais derrière ce roc<br />

impassible un bourgeonnement d’amour sincère et véritable s’éclore et se<br />

ramifier dans mes bras mais qui croissait maladroitement faute de tendresse<br />

maternelle. Une relation punitive s’était instaurée dans cette famille qui avait<br />

le don de corriger les défauts en maniant lestement les armes de<br />

l’humiliation et de la peur, sur leur vulnérable rejeton. Les effets désastreux<br />

de cette éducation devaient rejaillir sur notre cocon d’amour et malgré la<br />

passion intemporelle que je lui vouais, il m’était souvent difficile de porter<br />

sur mes frêles épaules le fardeau de cette enfance et adolescence brisées.<br />

34

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!