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LES PILIERS DE LA TRAITRISE - Scandale-France.org

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Nous traversons les longs couloirs de l’aéroport sous le regard des<br />

badauds.<br />

L’escorte nous conduit tous trois dans une camionnette grise, que<br />

dis-je, un<br />

fourgon cellulaire. Devant des hommes en armes nous attendent.<br />

Nous pénétrons dans une salle d’attente spacieuse ou une pelletée<br />

d’officiers contrôle les titres de séjour des étrangers. Avec maman, nous<br />

subirons<br />

le même sort que mon frère. A peine arrivées, les chaînes, les<br />

menottes<br />

sont déroulées comme un tapis rouge sang. Le sang de l’innocence<br />

enchaînée, privée de sa liberté si précieuse allait couler dans les veines de<br />

notre conscience et dignité humaine salies, meurtries, torturées.<br />

Le gardien nous somme de nous asseoir. Les bracelets claquent sur<br />

nos poignets et nos chevilles. J’entends encore le bruit des chaînes qui<br />

s’entrechoquent. Je souffre le martyre de voir ma mère, mon frère, mon<br />

sang, avilis. A la réflexion, « la Métamorphose » de Kafka<br />

me semble bien<br />

dérisoire.<br />

La douleur morale dépasse de loin la souffrance physique et la<br />

transcende<br />

au-delà des frontières du respect de l’individu, par dessus les<br />

barrières juridiques de la dignité humaine.<br />

Nous sommes désormais réduits en esclavage, bannis du droit<br />

d’exister. Notre condition humaine est annihilée. Le cœur brisé, la g<strong>org</strong>e<br />

serrée, nos yeux se croisent et l’intensité du regard brûlant d’une fièvre de<br />

désespoir, suffit à exprimer la haine, la rage, l’inexplicable, le tourment qui<br />

nous emporte dans son tourbillon de vagues folles s’émoussant à nos pieds<br />

devenus prisonniers. J’aurai envie de hurler notre innocence, devant ce<br />

troupeau<br />

d’officiers qui exécutent leur tâche, sans état d’âme, sans daigner<br />

nous regarder,<br />

comme si soudainement, nous étions devenus des forçats,<br />

qu’ils menaient au bagne.<br />

Je ne comprends pas ce qu’il nous arrive. Le ciel<br />

nous est subitement<br />

tombé<br />

sur la tête. Nous demandons la protection américaine et nous<br />

obtenons<br />

en échange le mépris de nos droits d’êtres humains. L’humiliation<br />

est totale.<br />

C’est alors qu’un binôme se charge de la sale besogne.<br />

L’officier masculin au visage bouffi souligné par de grosses bajoues<br />

de chien de chasse m’ordonne de me lever. Certainement marqué par les<br />

comédies musicales de Broadway, « Cette danseuse<br />

ridicule » bat la semelle<br />

en<br />

mesure sur le dallage. D’un regard foudroyant, il me fait signe d’avancer<br />

vers le bureau. Je parviens difficilement à synchroniser mes pas, et laisse<br />

traîner mes bottines entravées par les chaînes, à la cadence d’une tortue<br />

piétinant le sol, jusqu’au comptoir de mes bourreaux. Ils déblayent la valise<br />

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