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LES PILIERS DE LA TRAITRISE - Scandale-France.org

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Ces émotions cristallisées, ces funambules déguenillés mettaient en<br />

panne mes réacteurs psychiques<br />

et confinaient l’aventurière que j’étais à<br />

enfermer<br />

son idéal dans les cavernes de l’inconscient. Mes épilogues<br />

philanthropiques<br />

sur la cause perdue, celle des enfants disparus étaient<br />

tamisés par le pesant fardeau de l’effroyable désillusion.<br />

Le vocable désillusion, un mot si facile à articuler, quatre syllabes<br />

suffisent<br />

à vêtir ce metteur en scène qui joue si bien la comédie, responsable<br />

de tant de tragédies. On lui décernerait aisément la palme d’or, si toutefois<br />

son rôle était primé au festival de la vie.<br />

La frénésie du retour au pays envahissait tout mon être et me<br />

plongeait dans une sorte de quête de l’immortalité. Il me fallait figer le<br />

temps dans mon esprit vagabond. Les camouflages de résistant, les masques<br />

de l’invincibilité avaient blindé notre émoi dans une armure psychique<br />

imperméable aux émotions. Nous avions refermé les vannes du réservoir<br />

lacrymal, sous peine de réveiller à tout instant, notre pire ennemi, tapi dans<br />

l’ombre, la peur.<br />

L’opération asile politique ne devait pas échouer. Nous étions<br />

allés<br />

au<br />

bout de nous-mêmes, aux confins de l’extrême. Le Révérend Graham a<br />

chargé le<br />

brave David de remettre à mon frère son passeport pour la liberté.<br />

Sa mission doit s’arrêter sur le quai de la gare d’Ipswich.<br />

Les trémolos dans la voix, le résistant de la première heure nous<br />

souhaite bonne chance.<br />

La dernière semaine me paraît interminable à l’Hôtel de la Gare de<br />

Norwich.<br />

Par chance, ce bunker nous met à l’abri des regards indiscrets. La<br />

chambrette<br />

donne sur une arrière-cour lugubre. Trois lits disposés en croix et<br />

un vieux<br />

poste de télévision allumé en permanence campent le décor de la<br />

pièce. La B.B.C. annonce des températures<br />

sibériennes sur la côte Est<br />

américaine.<br />

Avant le grand saut dans l’inconnu, les indigents s’octroieront le<br />

luxe d’ investir leurs derniers pounds dans l’achat de bonnets polaires,<br />

écharpes, gants en laine et bottines pour affronter les frimas de l’hiver. Dans<br />

ce contexte, les soupers seront maigres.<br />

Un sachet familial de madeleines et trois tablettes de chocolat<br />

combleront notre estomac ulcéré par le froid et la privation. De quoi faire<br />

des agapes, si cette ration n’était destinée à nourrir trois personnes et ce, huit<br />

jours durant.<br />

Vendredi 16 janvier 2004, quatre heures du matin, le réveil sonne.<br />

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