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LES PILIERS DE LA TRAITRISE - Scandale-France.org

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<strong>LES</strong> SANGLOTS LONGS <strong>DE</strong>S VIOLONS <strong>DE</strong> L’AUTOMNE…<br />

Après la parution de ce premier article à sensation, qui annonçait<br />

une des plus grande chasse à l’homme dans l’Histoire de <strong>France</strong>, nous étions<br />

contraints de nous barricader chez les familles chrétiennes et redoublerions<br />

de prudence lors de nos déplacements. Notre équipement basique n’était<br />

adapté ni à la marche ni aux intempéries. Les chemins accidentés, les guetsapens<br />

latents, la cavale des innocents,<br />

l’instinct de survie, nous avaient f<strong>org</strong>é<br />

paradoxalement<br />

un moral d’acier capable de surmonter des épreuves<br />

psychologiques indicibles.<br />

Sous un manteau de neige ou un ciel moutonneux, je partais de ville<br />

en ville avec mon frère et Phaï, fréquemment, je claudiquais à force d’user<br />

mes semelles sur les lacets du bitume. Dans le quartier asiatique de Soho,<br />

le<br />

fief<br />

des restaurateurs chinois, je me souviens avoir rasé les murs de Denmark<br />

Street,<br />

après une longue nuit d’épouvante passée dans un cybercafé, c’était le<br />

27 octobre 2003. Un travail acharné comparable<br />

au labeur des mineurs de<br />

fond pour sortir au petit matin de ce gouffre enfumé, la tête sur les genoux,<br />

les yeux cernés, d’un ton bistre, centrifugés par l’exténuation, imitant la<br />

rotation d’une toupie.<br />

Je ne voudrais pas me remémorer cette horrible nuit d’hiver à<br />

Londres, les rues étaient désertes, la température glaciale, éclairés par les<br />

réverbères, nous errions de métro en métro, de lumières criardes en lumières<br />

glauques, jusqu’à l’heure redoutée où tous les pubs fermaient leur porte.<br />

Nous n’avions nul endroit<br />

où nous réfugier, je toussais comme une<br />

poitrinaire,<br />

notre bas de laine se mourrait d’argent. Cependant, nous nous<br />

accordions<br />

le luxe de rêver à un sommeil princier dans une chambre d’hôte,<br />

pour<br />

tenir le coup.<br />

Par<br />

miracle, nous trouverons une épicerie ouverte 24 heures sur 24. Debout<br />

devant<br />

le distributeur de boissons, je réchauffais mes mains gelées autour<br />

d’un<br />

godet en plastique empli d’un ersatz de café fumant. Au bout de la rue,<br />

nous<br />

fûmes saisis de stupeur par la présence insolite d’un renard solitaire en<br />

quête<br />

de victuailles.<br />

L’animal sauvage fouinait dans les poubelles peu ragoûtantes d’une<br />

sandwicherie<br />

grecque. A la vue de nos tenues d’épouvantail l’animal effrayé<br />

fait<br />

volte face et disparaît dans le frog londonien. Un pavillon arc-en-ciel<br />

flottait<br />

en façade de la sandwicherie exotique. A l’abri du froid, installés au<br />

coude à coude, dans cette pièce étriquée, avec une perspective plongeante<br />

sur un tournebroche, nous nous tapissions au fond de la salle.<br />

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