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LES PILIERS DE LA TRAITRISE - Scandale-France.org

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<strong>LES</strong> AFFRES <strong>DE</strong> <strong>LA</strong> PRECARITE<br />

De l’Angleterre, je ramènerai une carte-postale en guise de souvenir<br />

retraçant les itinéraires empruntés à la conquête désespérée d’un Home, d’un<br />

sanctuaire inviolable. Après le débarquement s’annonçait la dureté des<br />

temps. La recherche d’un toit constituait sans équivoque le point névralgique<br />

de nos préoccupations. Nous étions tombés à l’eau par la faute d’un complot,<br />

et l’Angleterre nous tirerait du ruisseau. Les affres de la précarité hanteraient<br />

notre esprit tout le long de notre marche effrénée sur les berges de la Tamise.<br />

Harwich symbolisait le point de chute. A Colchester nous trouverions un<br />

point d’ancrage. Nous ne connaîtrons pas le sort cruel des sans-abris logés<br />

sur les trottoirs à ciel ouvert au cœur de la cité royale, au milieu d’une foule<br />

bigarrée, dans cette mixité sociale à l’anglaise.<br />

Dans cette île exiguë, nous nous octroierons le droit d’être nousmêmes.<br />

Glissés dans la peau de clandestins, nous nous fondrons dans la ville<br />

intra-muros de Londres qui abrite dans sa cité tentaculaire, sa Chinatown<br />

grouillante et colorée, ses quartiers d’immigrants, et ses londoniens<br />

d’adoption. Les promenades de pairesse en calèche, les excellentes tables et<br />

les attractions des vieilles pierres resteraient une référence dans les guides du<br />

routard. Nous ne côtoierons pas les célèbres pubs de l’époque Victorienne où<br />

les hommes d’affaires sérieux et cravatés étanchent leur soif autour d’un<br />

double scotch, pas plus que nos mères ne connaîtront les promenades dans<br />

les poumons de Londres, les jardins botaniques.<br />

Le tourisme et l’hôtellerie de standing ne profiteraient pas de nos<br />

devises. Nous ne pouvions faire face aux locations exorbitantes, au coût de<br />

la vie et des transports ferroviaires. La charrette des exilés frappée par une<br />

mesure de disgrâce traînait sa roulotte chargée de chagrin, des épaves du<br />

naufrage, éparpillés aux quatre vents, à la recherche d’une épaule amicale,<br />

d’une oreille attentive. Epargnés par la mort, nous guettions un no man’s<br />

land. Notre épiderme n’était pas scabieux, et pourtant nous vivions tels des<br />

lépreux intouchables, agglutinés devant la porte de la charité.<br />

Terrifiés à l’idée de devoir nous terrer, nous nous heurtions à la<br />

misère. Frappés par le bannissement, nous ne jouissions plus de nos droits de<br />

citoyens du monde libre. Privés de la liberté d’expression, de circulation, du<br />

droit au logement et à la santé nous devions de surcroît supporter l’avanie et<br />

survivre dans des conditions précaires.<br />

Nous n’étions pas vaccinés contre l’épidémie endémique de<br />

l’indifférence.<br />

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