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LES PILIERS DE LA TRAITRISE - Scandale-France.org

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emmitouflés dans nos panoplies douillettes aux allures de corbeaux, nous<br />

manquions de glisser sur la neige fondue, tant la semelle de nos souliers était<br />

devenue lisse.<br />

Par souci d’économie, nous empruntions préférentiellement les<br />

lignes d’autobus régionales sur les longues distances, le tiroir-caisse presque<br />

à sec.<br />

Ces hôpitaux aux façades ternes, aux murs décrépis ressemblaient<br />

davantage à des mouroirs. Les obligeantes infirmières qui y officiaient<br />

étaient coiffées d’une cornette et portaient la blouse blanche<br />

cérémonieusement. Nous galopions à travers les campagnes fleuries, les<br />

villages d’Essex, et quittions ces hospices à la sauvette, sans laisser notre<br />

véritable adresse. Lorsque l’on se retrouve démuni de tout, privé de soins<br />

élémentaires et de traitements médicaux vitaux dans le cas de maman, le<br />

crime de lèse-majesté est moins condamnable que la privation d’assistance<br />

infligée à ma mère devenue suppliciée.<br />

Mon dos me faisait terriblement souffrir mais je ne pouvais<br />

décemment envisager un rapatriement sanitaire ni même une hospitalisation<br />

sur le sol anglais. Subissant le sort peu enviable des opprimés, jouissant de<br />

surcroît du statut de sans papier, noyé dans le vide juridique, seuls les<br />

guérisseurs chinois auraient pu m’être accessibles pour atténuer<br />

sporadiquement mes douleurs. Mais là encore, l’argent était un frein.<br />

Un dimanche, chez la famille TIDBURRY, alors que John la pressait<br />

de partir à l’église, extenuée, maman dégringola de l’escalier en colimaçon<br />

et se fit une entorse à la cheville. Maman boitillait, son pied violacé<br />

présentait sans équivoque une déchirure ligamentaire. A défaut de bénéficier<br />

d’un diagnostic médical, je m’évertuais à panser sa blessure et bander sa<br />

cheville avec la trousse à pharmacie de secours. Malgré la précarité sanitaire,<br />

sa blessure a trouvé le moyen de guérir. La déshérence de ces hôpitaux<br />

charitables liée à notre envol vers les Etats-Unis au début de l’année 2004,<br />

mêlée à l’effet magique de la distorsion du temps et d’une succession<br />

frénétique d’évènements occulteront partiellement une des facettes du<br />

désespoir.<br />

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