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LES PILIERS DE LA TRAITRISE - Scandale-France.org

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de ce havre de prières, nous retrouverions un temps la paix. Nous fûmes<br />

hébergés les premiers temps sous les toits charitables de trois familles<br />

chrétiennes, logés, nourris, blanchis. Ne doit-on pas y voir la main de Dieu ?<br />

Matin, midi et soir, nous mangions à notre faim et dormions à l’abri du froid<br />

glacial. Je rends grâce à Dieu de nous avoir envoyé ces cœurs magnanimes.<br />

A tour de rôle, les familles nous invitaient à leur table. Nous avions<br />

l’immense privilège d’être hébergés par des familles qui se dépensaient sans<br />

compter pour assurer nos besoins primaires. Une espèce noble en voie<br />

d’extinction dans ce monde où l’égoïsme le dispute à la lâcheté collective.<br />

Les trois familles se répartissaient les charges. Les femmes<br />

s’installaient chez le pasteur tandis que les deux hommes du groupe<br />

dormaient provisoirement sur des lits de camp chez les TIDBURRY.<br />

Au lieu de couler des jours paisibles au sein de sa demeure landaise,<br />

à l’ombre d’un pin parasol, au bord de l’océan tonifiant, maman frottait les<br />

parquets, époussetait les meubles chez la famille STEVENS, mijotait les<br />

petits-plats, repassait et lavait à la main nos vieux habits chiffonnés. De<br />

lavandière, ma mère s’improvisait repasseuse et lingère. En un mot, maman<br />

était au service de la charitable maison d’accueil. J’avais le cœur serré de la<br />

voir besogner comme une boniche du matin au soir, même si aucune<br />

exigence ne lui était imposée.<br />

Chez la famille TIDBURRY, la vraie magie de cette maison se<br />

trouvait dans les assiettes. John était ingénieur à la retraite. En dehors de<br />

sermons occasionnellement prêchés à la paroisse, la pâtisserie fait partie de<br />

son passe temps favori. A l’occasion, John coiffait volontiers la toque du<br />

chef et veillait scrupuleusement à me remplumer. Il était difficile de résister<br />

à la douceur de ses puddings ou de ne pas craquer à la vue de génoises<br />

fourrées avec un zeste d’orange. D’entrée de jeu, le ton était donné. Dans la<br />

salle de séjour trônait un mobilier ancestral, le buffet reg<strong>org</strong>eait d’un<br />

vaisselier raffiné datant du début du siècle. Les portraits de famille accrochés<br />

sur chaque pan de mur du coin salon revêtaient l’air solennel d’une<br />

procession en route pour l’Abbaye de Westminster. Un vrai petit musée qui<br />

semblait entretenir la nostalgie de la dernière génération qui a pris son envol.<br />

Beryl, l’épouse de John dégage la prestance hiératique de la Reine<br />

mère. C’est une dame aimable, à la coiffure bien ordonnée, aux robes de bon<br />

goût, à la fois simple et raffinée tout comme le mobilier de sa maison au<br />

charme d’antan. Même avec une loupe, on ne trouverait pas un brin de<br />

poussière dans son logis. Couturière de métier, Beryl a des doigts de fée.<br />

Malgré son âge avancé, elle reste sensible aux petits détails<br />

vestimentaires. Une ravissante broche dorée épinglée sur sa robe suffit à<br />

embellir ce petit bout de femme pas plus haute que trois pommes. Pimpante<br />

à souhait, elle se pare de ses plus belles toilettes pour assister au culte le<br />

dimanche matin.<br />

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